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Citations de Mikhaïl Boulgakov (524)


Cette tête était très belle, de cette beauté étrange, triste et attirante à la fois, des fins de races authentiques et très anciennes. Beauté qui résidait aussi dans les yeux vairons ombragés de longs cils, au regard insolent. Le nez était aquilin, la lèvre orgueilleuse, le front blanc et pur, sans signes particuliers. Cependant, un coin de la bouche s'abaissait d'un air chagrin, et surtout, le menton était taillé obliquement, comme si un sculpteur, en modelant cette noble figure, avait eu soudain l'idée saugrenue d'en enlever un morceau et de laisser ce visage viril avec un petit menton féminin tout à fait incongru.
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Au déclin d’une chaude journée de printemps, sur la promenade de l’Étang du Patriarche, apparurent deux citoyens.
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À ce moment, un affreux bruissement d’air déchiré, qui se rapprochait rapidement, se fit entendre derrière Marguerite. Peu à peu, à ce sifflement d’obus, se joignit – déjà perceptible à des kilomètres de distance – un rire de femme. Marguerite tourna la tête et vit un objet sombre, de forme compliquée, qui la rattrapait. À mesure qu’il gagnait du terrain, l’objet se dessinait avec plus de netteté, et bientôt, Marguerite put voir que c’était quelque chose qui volait, chevauchant une monture. Enfin, l’objet ralentit sa course en arrivant à la hauteur de Marguerite, et celle-ci reconnut Natacha.
Elle était nue, complètement échevelée, et elle avait pour monture un gros pourceau, qui serrait entre ses sabots de devant un porte-documents, tandis que ses pattes de derrière battaient l’air avec acharnement. De temps à autre, un pince-nez qui avait glissé de son groin et qui volait à côté de lui au bout de son cordon, jetait des reflets de lune, tandis qu’un chapeau tressautait sur sa tête et glissait parfois sur ses yeux. En l’examinant plus soigneusement, Marguerite reconnut dans ce pourceau Nikolaï Ivanovitch, et son rire sonore retentit au-dessus de la forêt, se mêlant au rire de Natacha.
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Nicanor Ivanovitch Bossoï, président de l'association des locataires de l'immeuble situé au n° 302 bis, rue Sadovaïa à Moscou, où avait vécu le défunt Berlioz, était accablé des pires tracas. (...)
La nouvelle de la mort de Berlioz [s'était répandue] dans toute la maison avec une vitesse quasi surnaturelle, et le jeudi, dès sept heures du matin, des gens commencèrent à téléphoner à Bossoï. puis à se présenter en personne avec des demandes leur donnant droit, prétendaient-ils, au logement du défunt. En l'espace de deux heures, le nombre de demandes qui furent ainsi présentées à Nicanor Ivanovitch s'éleva à trente-deux.
On y trouvait de tout : supplications, menaces, histoires sordides, délations, promesses de prendre toutes les réparations à son compte, déclarations comme quoi on était logé dans des conditions d'étroitesse intolérable, ou comme quoi il était impossible de vivre plus longtemps en promiscuité avec des bandits. Entre autres, on y trouva la description, d'une puissance artistique saisissante, d'un vol de raviolis, fourrés directement dans la poche d'un veston, à l'appartement 31, deux promesses de suicide, et un aveu de grossesse secrète.
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- Je vous prie de me délivrer un certificat, dit Nikolaï Ivanovitch d'un air hagard, mais avec insistance, - un certificat indiquant où j'ai passé la nuit précédente.
- Pour quoi faire ? demanda sévèrement le chat.
- Pour faire que je veux le présenter à la milice, et à ma femme, dit fermement Nikolaï Ivanovitch.
- Habituellement, nous ne donnons pas de certificat, répondit le chat, renfrogné. Mais pour vous, soit, nous allons faire une exception.
Avant que Nikolaï Ivanovitch ait eu le temps de se remettre, Hella, toujours nue, était assise devant une machine à écrire et le chat dictait.
"Il est certifié par la présente que le porteur de ladite, Nikolaï Ivanovitch, a passé la nuit indiquée à un bal chez Satan, pour lequel il a été recruté en qualité de moyen de transport..." Hella ajoute, entre parenthèses, "pourceau". "Signé - Béhémoth."
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- Il est mort ? Vous l' avez tué ou seulement blessé ?
- lachvine me répondit, en souriant de son étrange petit sourire
- Oh! n'ayez crainte. J'ai tué. Croyez-en mon expérience de chirurgien. »
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"En quoi réside le mécanisme du sommeil ?... Je l’ai lu jadis dans un livre de physiologie... mais c’est un machin pas clair... je ne comprends pas ce que veut dire le sommeil... comment les cellules du cerveau s’endorment-elles ?! Comprends pas, soit dit entre nous."
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A voir leurs trognes, on les croirait nourris à la bouillie Hercule;
(Mon aimée n'a pas de trogne !)
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L’amour a surgi devant nous comme un assassin peut surgir de sous la terre dans une ruelle et il nous a frappés tous les deux. Comme on peut être frappé par la foudre, comme on peut être frappé par un poignard ! Après, cela dit, elle m’a affirmé que ce n’était pas comme ça, que ça faisait longtemps que nous nous aimions, sans nous connaître, sans nous être jamais vus, et qu’elle vivait avec un autre homme…
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Dans le vaste champ d'action qui s'ouvre aux écrivains de langue russe, j'étais le seul loup de la littérature. On m'a conseillé de me teindre le poil. Conseil inepte. Qu'un loup soit teint ou tondu, il ne ressemble pas à un caniche.
Et c'est bien en loup qu'on m'a traité.
Mais savez-vous que même les betes sauvages savent ce qu'est la fatigue? La bête sauvage a fait savoir qu'elle avait cessé d'être un loup, dêtre un homme de lettres. Parlons net, c'est de la lacheté.
La cause de ma maladie, il faut la chercher dans les années de persécution que j'ai vécues et dans le silence qui s'en est suivi.

Lettre de Boulgakov à Staline
30 mai 1931
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J'ai peur qu'il n'y ait pas chez nous de littérature authentique tant que l'on persistera à voir dans le demos russe un enfant dont il importe de proteger l'innocence. J'ai peur qu'il n'y ait pas chez nous de littérature authentique tant que nous ne serons pas guéris de cet espèce de nouveau catholiscisme qui, non moins que l'ancien, s'effraie de toute parole hérétique. Et si cette maladie est incurable, j'ai peur que la littérature russe n'ait pour seul et unique avenir que son passé.
J'ai peur, Zamiatine, 1921.
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- Je ne fais pas le guignol, je ne touche à personne, je répare mon réchaud, dit le chat en fronçant les sourcils d'un air hostile. Et je juge de mon devoir de vous avertir que la race des chats est antique et intouchable.
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Parmi d’autres, un voyageur convenablement vêtu, portant une petite valise de fibre, descendit de la voiture 9, un wagon de première classe réservé. Ce voyageur n’était autre que l’oncle du défunt Berlioz, Maximilien Andreïevitch Poplavski, économiste-planificateur, qui habitait à Kiev, dans l’ancienne rue de l’Institut. L’arrivée de Maximilien Andreïevitch avait pour cause directe un télégramme, qu’il avait reçu l’avant-veille, tard dans la soirée, et ainsi libellé :
VIENS D’AVOIR TÊTE COUPÉE PAR TRAMWAY AU PATRIARCHE
OBSÈQUES VENDREDI 15 HEURES VIENS — BERLIOZ
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N'arrivant pas à lever les mains, je griffonne mes pensées au crayon. Elles sont pures et fières. Je suis heureux pour quelques heures. Le sommeil m'attend. Au-dessus de moi, la lune entourée d'un halo. Rien ne me fait peur après la piqûre.
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Il serait très bon que les médecins aient la possibilité d'essayer sur eux-mêmes de nouveaux médicaments. Ils auraient une tout autre idée de leur mode d'agir.
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Les bons esprits l'ont relevé de longue date, le bonheur est comme la santé : lorsqu'il est là, on ne le remarque pas. Mais que passent les années, il vous revient en mémoire, et de quelle façon !
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La vie ? Quelle dérision !
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– Que le diable m’emporte… Cela faisait cinq années que j’étais là, à extirper des hypophyses des cerveaux… Vous savez quel travail j’ai fait, c’est inconcevable pour l’intelligence. Et voilà que, maintenant, la question se pose : à quoi bon ? Pour transformer un beau jour le plus adorable des chiens en une ordure à vous faire dresser les cheveux sur la tête.

– C’est quelque chose d’extraordinaire.

– Entièrement d’accord avec vous. Voilà, docteur, ce qui arrive lorsque le chercheur, au lieu de suivre à tâtons un chemin parallèle à celui de la nature, viole la question et soulève le rideau : tiens, le voilà, ton Bouboulov, et bon appétit !

– Philippe Philippovitch, mais si c’était le cerveau de Spinoza ?

– Oui ! jappa Philippe Philippovitch. Oui ! À condition que le chien n’ait pas la malchance de crever sous mon bistouri. Or, vous avez vu de quel genre d’opération il s’agissait. En un mot, moi, Philippe Transfigouratov, je n’ai jamais rien accompli de plus difficile de ma vie. Il est possible de greffer l’hypophyse de Spinoza ou de quelque autre farceur du même style et de concocter à partir d’un chien un être supérieur. Mais pourquoi diable ? Voilà la question. Expliquez moi, je vous prie, pourquoi l’on devrait fabriquer artificiellement des Spinoza alors que n’importe quelle bonne femme peut en produire un n’importe quand. Après tout, la dame Lomonossov n’a t elle pas accouché de son illustre rejeton à Kholmogory ? Docteur, l’humanité s’en occupe elle même, et du fait de l’évolution, produit obstinément chaque année, sur fond de toutes sortes d’ordures, des dizaines de génies transcendants, qui seront les ornements de la planète. Maintenant vous comprenez, docteur, pourquoi j’ai dénigré vos conclusions au sujet de l’histoire de la maladie de Bouboulov. Ma découverte, que vous admirez tant, ne vaut pas un sou… Pas d’objections, Ivan Arnoldovitch, j’ai déjà compris. Je ne parle jamais en l’air, vous le savez parfaitement. D’un point de vue théorique, c’est intéressant. Bon, d’accord. Les physiologistes seront fous de joie.
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Ainsi parlait Marguerite, marchant avec le maître en direction de leur maison éternelle, et le maître avait l'impression que les paroles de Marguerite coulaient comme courait le murmure du ruisseau qu'ils avaient laissé derrière eux, et la mémoire du maître, une mémoire inquiète, percée de mille aiguilles, commençait à s'éteindre. Quelqu'un était en train de rendre au maître sa liberté, comme il venait, lui-même, de rendre sa liberté au héros qu'il avait créé. Ce héros s'était éloigné dans l'abîme - il s'en était allé sans retour, pardonné dans la nuit du dimanche, le fils du roi-astrologue, le cruel et cinquième procurateur de Judée, le chevalier Ponce Pilate.
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Le maître et Marguerite virent l'aurore promise. Elle commençait là, juste après la lune de minuit. Le maître s'avançait avec son amie dans l’éclat des premiers rayons du matin par un petit pont de pierre couvert de mousse. Ils le traversèrent. Le ruisseau resta derrière les amants fidèles et, eux, ils marchaient sur un chemin sablonneux.

- Écoute l'absence de bruit, disait Marguerite au maître, et le sable bruissait sous ses pieds nus, écoute et jouis de ce qu'on ne t'a pas donné de ton vivant, le silence. Regarde, là, devant toi, ta maison éternelle, celle qui t'a été offerte en récompense. Je vois déjà la fenêtre vénitienne et la vigne vierge qui monte jusqu'au toit. Voici ta maison, voici ta maison éternelle. Je sais que, le soir, tu recevras la visite de ceux que tu aimes, de ceux à qui tu t'intéresses et qui ne t'inquiéteront pas. Ils vont jouer, ils vont chanter pour toi, tu verras cette lumière qu'il y aura dans la chambre quand on allume les bougies. Tu t'endormiras quand tu auras mis ton éternel vieux bonnet usé, et tu t'endormiras le sourire aux lèvres. Le sommeil te donnera des forces, tes pensées seront pleines de sagesse. Et jamais plus tu ne pourras me chasser. C'est moi qui veillerai sur ton sommeil.
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