Le titre
Un oxymore! Soit le rapprochement de deux termes au sens éloigné. De quoi attirer les curieux! Et puis, la légèreté de l'être, pour tout qui a déjà pu l'éprouver a quelque chose de grisant, non? Bref, on a envie de savoir ce qui se cache derrière ce titre... Et on fonce lire le quatrième de couverture. (wouah la transition ici ^^)
Le quatrième de couverture
"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas? Une inscription: Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven? Un homme morose à l'invraisemblable crinière qui prononce d'une voix sombre: Es muss sein! Qu'est-il resté de Franz? Une inscription: Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli."
La couverture
Sur l'édition que je possède, il s'agit d'une oeuvre de Picasso: Portrait de jeune fille. Bien sûr, je me suis renseignée sur ce tableau et le site du Centre Pompidou m'apprend qu'il a été peint en 1914 et qu'il représente Eva Gouel, la compagne de Picasso à l'époque et dont il était très épris. Le problème, c'est que, sous ce titre, j'ai trouvé une autre oeuvre, du coup je suis toute perdue. Je ne connais absolument pas le travail de Picasso. Si un curieux veut éclairer nos lanternes, qu'il laisse un commentaire ci-dessous *bouteille à la mer*
L'histoire
Nous suivons la vie, les réflexions personnelles, les sentiments intimes de quatre personnages, principalement à Prague dans les années 1960-1970:
- Tomas, médecin aux prises avec le régime communiste, amoureux de Tereza à qui il est incapable de rester fidèle physiquement plus d'une semaine d'affilée.
- Tereza, amoureuse de Tomas, elle ne partage pas son besoin de libertinage et ses nuits s'en trouvent hantées par la jalousie qu'elle tente de refouler la journée.
- Sabina, artiste-peintre, maîtresse au long cours de Tomas qui jamais ne se pose, prise dans une sorte de fuite en avant, cherchant une forme de griserie dans l'extrême et insoutenable légèreté de l'être.
- Franz, marié, que dis-je, enchaîné à une psychologiquement immonde Marie-Claude, amant et amoureux de Sabina devant l'Eternel.
Le livre est difficile à résumer tant on voyage entre différents pôles:
- les quatre héros,
- l'amour, la philosophie et la politique,
- l'âme et le corps,
- les sentiments intimes et les faits.
Mais on ne se perd pas pour autant, l'auteur a ce talent là, c'est indéniable. Il intervient également en son nom en cours de récit, le plus naturellement du monde il nous donnes des précisions sur ses personnages. J'ai beaucoup aimé le procédé car ses interventions se fondent parfaitement dans le récit, sans couper brusquement l'intrigue.
Tereza représente la pesanteur, Sabina la légèreté extrême. Ni l'une ni l'autre n'est réellement heureuse ou apaisée d'après moi. Du moins, c'est ma lecture. Ni l'une ni l'autre ne parvient à atteindre l'équilibre. Tomas et Franz ne sont pas plus apaisés non plus car ils subissent aussi tous les deux ce qu'ils sont sans en jouir réellement, mais là aussi il s'agit de ma propre lecture. L'insoutenable légèreté de l'être est une oeuvre initiatique, philosophique, qui nous renvoie chacun à nous-mêmes, à nos propres sentiments, il doit y en avoir autant de lectures que de lecteurs...
Je pense que ce livre, soit on s'y accroche et il nous fait planer, soit il nous tombe des mains. Vous aurez compris que, personnellement, il m'a fait planer. Les sentiments des personnages m'ont bouleversé, je pense qu'ils m'ont tous parlé car, à eux quatre, ils rassemblent sans doute la complexité qui peut traverser un seul être. J'ai préféré la liberté de Sabina à l'enfermement de Tereza, mais avec ce regret pour elle qu'elle ne puisse trouver la légèreté sans le côté insoutenable et qu'elle ne puisse se poser sur le long terme auprès d'un ou plusieurs hommes. Une autre force de l'histoire réside sans doute dans le fait que je n'ai pas pris parti, je n'ai pas jugé, pas donné tort ou raison, mais accepté chaque personnage comme il était, dans toute sa singularité. Il n'y a pas des personnages qui ont raison ou tort, il y a des personnages avec leurs singularités et qui font de leur mieux pour faire avec.
S'il fallait résumer le message du livre, c'est peut-être que la vie est un paradoxe. Mais également qu'elle est question de choix... Ce livre m'a en tous les cas plongée dans une abîme de réflexions et d'introspection et je pense que je le relirai rien que pour cet aspect-là.
Retrouvez l'intégralité de l'article sur www.mesmotsenblog.blogspot.be
Lien :
http://mesmotsenblog.blogspo..