Tokyo est un roman qui m’attire depuis longtemps, tant par le sujet que par un côté sulfureux que la rumeur lui colle. J’entendais tellement dire que c’était un roman difficile, qui décrivait des atrocités, qu’il était insoutenable qu’il m’attirait et en même temps me repoussait. Peu de romans ont une telle réputation que je m’imaginais les pires choses à son sujet, des pages et des pages de scènes que j’aurais du mal à lire, que je devrais passer. La curiosité a été la plus forte et Canel a répondu à mes attendes en me l’offrant dans le cadre du swap Frissons en N/B Pourtant, là encore, il aura fallu attendre une lecture commune pour que j’ose l’entamer.
Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Grey, une jeune fille anglaise qui a vécu éloignée de tout ce qui peut nuire au bon développement d’un esprit sain, a pourtant été enfermée dans un hôpital psychiatrique suite à la lecture d’un épisode particulier de l’invasion japonaise à Nankin en 1937. Mais ses parents nient qu’une telle lecture ait jamais été faite et les médecins la traitent comme une affabulatrice, perverse qui plus est. Quand enfin, elle peut sortir, elle décide de se consacrer à la recherche universitaire sur l’épisode de Nankin et, enfin, trouvant un maigre indice qu’une vidéo puisse exister sur le sujet, part à Tokyo.
Sur place, le professeur chinois sensé posséder le film refuse de lui parler. Grey se retrouve alors sans ressources financières, face à ses démons. Elle rencontre un jeune américain, Jason, qui lui propose un logement dans une maison délabrée et un emploi dans un bar à hôtesses. Grey prend alors ses marques et poursuit sa quête, sans se douter du danger dans laquelle elle risque de la plonger.
Comment expliquer mon début de lecture ? Je m’attendais tant à découvrir l’horreur absolue que j’ai longtemps lu, presque la peur au ventre, tournant les pages, guettant ces passages si terribles ! Cela rend la lecture un peu désagréable finalement, car on croit toujours se retrouver face à des scènes qu’on pense ne pas pouvoir supporter et qui n’arrivent jamais. Surtout que la première partie du roman m’a paru un peu lente, peu palpitante.
Par contre, quand enfin le suspense arrive, que le rythme s’accélère, qu’on comprend un peu ce qui se passe, je me suis retrouvée happée par l’histoire de Grey, à la fois par son passé, m’interrogeant sur ses cicatrices mais aussi par ce qui se déroule à Tokyo. Qui est ce vieillard en fauteuil ? Qu’a-t-il à voir avec Nankin ? Et la nurse ? Est-elle vraiment une femme ?
Et l’histoire de Shi Chongming, ce survivant de Nankin ? Quelle est cette curieuse demande qu’il a faite à Grey ?
Je n’ai plus pu lâcher ce roman jusqu’à la fin. Mo Hayder mélange plusieurs histoires qui se croisent pour finir par se rejoindre à la fin, dans une révélation, bien sûr horrible. Mais quelle image de chochotte est-ce que je donne aux lecteurs de ce blog ? Car j’avoue que si oui, certaines scènes sont atroces, jamais je n’ai trouvé cela insoutenable. Je pense que beaucoup doivent me penser plus sensible que je ne le suis. Je n’aime pas lire des récits de maladie, ni de cruauté sur les animaux, mais je ne suis pas spécialement sensible dans les thrillers.
J’ai adoré l’écriture, la construction et l’originalité de ce roman. Alors même si il met du temps à démarrer, une fois mis en route, il est d’une excellente facture. Mo Hayder se sert d’une vérité historique pour écrire une fiction dont la chute m’a époustouflée. Les personnages, complexes psychologiquement, pèsent lourd dans la balance. Dont Grey, dont les blessures à vif ne s’apaiseront qu’avec la résolution de l’énigme. Mais aussi Jason, Shi Chongming et les autres. Sans oublier la tenancière du bar, si passionnée par Marylin Monroe qu’elle a eu recours à de la chirurgie esthétique pour lui ressembler.
Lien :
http://www.chaplum.com/tokyo..