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Critiques de Nathacha Appanah (1057)
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Le ciel par-dessus le toit

Après avoir été envoûté par l'excellent Tropique de la violence, il me fallait absolument réitérer l'expérience de la poétique écriture de Nathacha Appanah. C'est donc avec joie que j'ai accueilli, grâce à Lecteurs.com, ce livre dans ma bibliothèque. Alors que le livre précédent m'avait totalement bouleversé, laissant une trace indélébile dans mon parcours de lectrice, Le ciel par-dessus le toit ne m'a pas laissé indifférente, mais presque. Pourquoi ? Le fond pourtant intéressant, genèse d'une famille brisée, a peut-être été supplanté par une forme trop lyrique. Malgré la curiosité qu'inspire cette famille dysfonctionnelle amenant à l'incarcération d'un des leur, je ne me suis pas attaché à leur histoire où bien si, mais seulement à celle d'un seul personnage. C'est donc un rendez-vous manqué pour moi, mais peut-être pas pour vous...!



Il était une fois Eliette, jolie petite fille au teint de porcelaine. Eliette, c'est la petite poupée talentueuse de ses parents, celle qui chante pour la famille, les voisins, les amis et collègues. Et puis la petite fille grandie, et à onze ans, on a plus forcément envie de faire ce que les parents attendent de nous. Alors qu'elle s’apprête à monter sur scène pour la représentation annuelle dans l'usine où ses parents travaillent, survient un incident. Jean ou Gérard, elle ne sait plus, cet homme qui la connaît pourtant, l'embrasse et lui intime de se taire. Les digues sont rompues, Eliette n'est plus, Phénix est née.



Désormais adulte et mère de deux enfants, Loup et Paloma, Phénix jouit d'une liberté sans précédent. Maîtresse de sa vie et de ses envies, elle ne fera pas subir à ses enfants les fantasmes refoulés des parents sur leur progéniture. Les démonstrations d'amour, très peu pour elle. Mais comment se construire, quand l'affection d'une mère n'a d'apparence qu'un visage froid et fermé ? Alors que cette famille semble aujourd'hui brisée, l'incarcération de Loup, dix-sept ans, prend la tournure d'un séisme. Qu'a donc fait Loup ? Comment ce garçon pas tout à fait homme, à la sensibilité particulière, peut-il s'adapter au monde brutal de la prison ? Cet événement, éloignera-t-il encore plus les membres de la tribu ou au contraire, les rapprochera-t-il ?



Roman littéraire en tout point, Le ciel par-dessus le toit pose de véritables questions de société. En dressant avec finesse le portrait d'une famille complexe, Nathacha Appanah, interroge les schémas reproductifs du carcan familial. Ne sommes-nous que les projections de nos parents ou au contraire, le poids de leurs fantasmes nous façonnent-ils à devenir l'opposé ? Ainsi, l'auteure rompt le fil de l'enfance pour exposer le visage de la transition, celui du changement et de l'affirmation de soi, qu'il soit d'une volonté propre ou non, comme Eliette/Phénix.



A cette introduction de l'enfance, la romancière y poursuit son raisonnement en abordant, cette fois-ci, une nouvelle forme de rupture, l'incarcération des mineurs. Avec justesse, elle pose la question de l'enfermement comme punition, solution privilégiée d'un système qui ne sait pas, ou ne veut pas faire autrement. Lisez plutôt ces quelques phrases criantes de vérité :







"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu'il n'avait pas trouvé mieux que l'empêchement, l'éloignement, la privation, la restriction, l'enfermement, et un tas de choses qui n'existent qu'entre les murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c'est-à-dire des gens qui filent droit.

Ce pays avait heureusement fermé ces prisons-là, abattu les murs, promis juré qu'il ne construirait plus ces lieux barbares où les enfants ne pouvaient ni rire, ni sangloter. (...)

Plus tard, parce que toujours ont existé les enfants récalcitrants, les enfants malheureux, les enfants étranges, les enfants terribles, les enfants qui font des choses terribles, les enfants tristes, les enfants stupides (...), ce pays a trouvé d'autres moyens pour les guérir, les redresser, les corriger, les observer, afin qu'ils deviennent des adultes à peu près corrects, c'est-à-dire des gens qui pourraient aller se promener dans des jardins, sous un ciel ouvert, bleu et calme.



Mais toujours et encore, il y a les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent, qui protègent et qui ne guérissent pas les cœurs. "



Malgré des thèmes qui m'ont totalement touché, l'écriture poétique et parfois distante ont fait naître en moi un sentiment d'ennui. Peu empathique envers les personnages, je n'ai d'exception que celui d'Eliette/Phénix qui m'a intrigué, touché par le mystère de cette femme froide à la complexité apparente.



Émouvant, certes, ce roman m'a toutefois laissé sur ma faim, dommage ! Merci à Lecteurs.com pour cette expérience littéraire.



Quelle pâtisserie représente-t-elle le mieux ce livre ? Réponse sur le blog !
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Le ciel par-dessus le toit

Une sensation d'étrangeté et de plaisir face à l'écriture de Nathacha Appanah. Une écriture qui m'a emportée de pages en pages. Il y de la poésie et du rythme, son écriture touche l'âme. Pour narrer un récit familial triste, elle trouve des mots, des sensations qui en disent suffisamment et pas trop. C'est l'histoire d'Eliette qui devient Phenix après l'incendie qu'elle déclenche et met fin à son enfance abîmée, son enfance-objet. Comment aimer être mère, comment savoir aimer? Paloma et Loup ses enfants sont les héritiers de l'histoire maternelle. Jeune adulte, Paloma s'affranchit d'un héritage lourd alors que loup est encore trop jeune pour partir et elle promet de revenir le chercher. Loup avant sa majorité tentera de la rejoindre en voiture dans cette cité de C., dans le nord (Caen??), ce qui le mènera en prison. Et nous, lecteurs sommes témoins de ces brisures, ces enfermements physiques et psychologiques mais aussi d'un amour filial et maternel qui résiste et semble renaitre avec les évènements.
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La noce d'Anna

Une belle écriture pour ce roman où une femme, le jour du mariage de sa fille, fait le bilan de sa vie. J’ai trouvé excellent le premier baiser avec un homme de la noce sur le texte de la chanson ‘Le tourbillon de la vie’. Finesse, analyse de la vie, déracinement, etc.



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Tropique de la violence

Samedi dernier j’ai regardé l’émission Échappées belles qui ce jour là était consacrée à Mayotte, ce confetti volcanique au cœur de l’océan indien (voilà, vous saurez tout sur ma life). Dans la foulée, j’ai achevé ma lecture du Tropique de la violence dont l’histoire se situe précisément sur cette île.

Eh bien je vous le dis tout de go, j’ai eu du mal à faire le lien dans ma tête entre les images de carte postale exotique de l’émission, l’extraordinaire lagon, le monde vert de la mangrove perché au-dessus de l’eau et la réalité brute décrite par Nathacha Appanah dans son roman. Pas moyen de percuter, comment est-ce possible ? Il y en a un des deux qui ment, forcément !



Mais en fait non. Tout est vrai. C’est ça le pire peut-être, ce contraste incroyable entre l’effroyable beauté et l'effroyable brutalité. Tropique de la violence c'est l'enfer au paradis. Littéralement. La barrière de corail, les eaux turquoises, la végétation luxuriante, on n’en parle pas dans le livre. Ici les plages servent plutôt au débarquement des "kwassa kwassa" plein à craquer de migrants qui risquent leurs vies pour gagner ce petit bout de France où ils espèrent une vie meilleure. Au lieu de quoi ils se retrouvent dans un bidonville surnommé Gaza (ça veut tout dire non ?) : sordide, misérable et surtout, ultra violent. Et peuplé de jeunes livrés à eux-mêmes abandonnés par leurs parents arrivés clandestinement des autres îles des Comores et qui préfèrent - quand ils se font arrêter - déclarer ne pas avoir d’enfants pour éviter que ceux-ci soient expulsés.

On ne sait pas vraiment si c’est une bonne idée, à choisir entre la peste et le choléra, je pense moi que ces enfants seraient mieux avec leurs parents malgré tout, d’où qu’ils viennent, quelle que soit la situation. Mais bon, d’un autre côté si ces gens font ça c’est qu’ils doivent avoir de bonnes raisons, je pense qu’on ne peut pas comprendre quand on ne le vit pas.



Au fil des pages on découvre des choses de plus en plus horribles, la vie de Moïse est à pleurer, tout simplement, celles des autres, y compris Bruce et sa bande, sont tristes à pleurer aussi. Ce livre est magnifique mais attention, il ouvre les yeux et arrache le cœur. Je suis peut-être complètement à côté de la plaque, mais j’ai l’impression que de tout ça, on n’en parle pas des masses. Et pourtant, Mayotte est une poudrière qui concentre bon nombre de problématiques dont on parle beaucoup en cette période de blabla électoraux : déplacement de population, urgence écologique, identité culturelle et religieuse, pauvreté, illettrisme, bref une île bourrée de défis pour le monde politique. A bon entendeur...



L’écriture de Nathacha Appanah est sans concession mais elle ne tombe jamais dans le voyeurisme, le misérabilisme ou la diatribe politique, au contraire, elle est juste, pleine d’humanité, et elle s’efface derrière les voix de ces personnages qui nous racontent chacun son histoire. Un roman polyphonique donc, pour une île polyphonique, on ne pouvait pas imaginer mieux.

Pour conclure j’ai envie de dire que c’est une lecture qui file une (vraie) claque mais dont on ne doit pas faire l’économie.
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Tropique de la violence

Voilà un livre qui dénonce ou dévoile ce qui se passe en France, à Mayotte plus précisément, mais qui le sait ou s’en soucie ? La misère règne, les enfants sont livrés à eux-mêmes, les infrastructures sont déplorables. L’hygiène, la santé, l’emploi, le logement, tous ces facteurs indicateurs socio-économiques sont au plus mal, et classeraient cette île comme pays « sous-développé » et pourtant c’est la France.



L’auteur par les voix de plusieurs personnages, dont certains viennent de métropole, peut nous dépeindre le contraste, l’étonnement de découvrir et constater l’état alarmant de cette population.

J’ai beaucoup aimé cette construction polyphonique, avoir plusieurs facettes de cette vie au quotidien, entre les « blancs » venus à Mayotte pour y vivre ou juste de passage pour une mission, et ceux qui sont originaires. Beaucoup de sujets sensibles, et l’histoire est touchante, comment la vie d’un enfant peut basculer vers un abîme sans fin.

C’est assez difficile de parler de ce livre car il faut le ressentir plus que le lire, mais Mayotte n’est pas l’île paradisiaque que peut vendre les agences touristiques, oui c’est la France, oui ils ont une masse de population qui est dans une grande misère, une foule de réfugiés qui aggrave la situation, et non on n’entend jamais rien en métropole de ces cas dramatiques, de cette population laissée pour compte. Il faut savoir que Mayotte a la plus forte densité de population de la France outre-mer.

Un livre touchant, avec une écriture agréable et originale, c’est mon 2ème livre de cette auteure et sûrement pas le dernier.

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Blue Bay Palace

Un agréable moment de lecture avec ce court roman, un des premiers, de Nathacha Appanah. Ce n'est sûrement pas son meilleur, mais il a déjà quelques belles qualités.



Le fond de l'histoire est finalement assez classique voire banal. Nous sommes sur la côte est de l'île Maurice, très fréquentée par les touristes étrangers. Maya, 19 ans à peine, née d'une famille pauvre de Blue Bay, tombe follement amoureuse de Dave, jeune homme de famille aisée de Mahébourg, la ville riche distante de quelques kilomètres. Entre eux, c'est le coup de foudre, la passion des âmes, des coeurs et des corps, Maya est subjuguée par les sensations nées de ce premier amour.

Mais la différence de classe sociale est un problème sur cette île encore imprégnée de l'influence indienne avec son système des castes.

Maya va en faire les frais, lorsqu'elle découvre stupéfaite que son amour vient de se marier, bien qu'il dise en être malheureux. Folle de jalousie, elle a la haine de la salope (elle ne la nomme pas autrement) qui lui a volé son chéri et projette de se venger. D'abord, elle va reprendre une liaison journalière, cette fois clandestine, avec Dave...

Pourtant, rien ne sera jamais plus comme avant, quelque chose est cassé, dans cette chambre d'hôtel où ils se retrouvent Maya se perd dans un puits sans fond d'amour mécanique et bestial, où la tendresse n'est plus qu'une sensation lointaine d'un passé heureux.

Alors Maya ira au bout de sa logique furieuse pour accomplir son funeste dessein.



Le thème n'est pas d'une originalité extraordinaire, et on pourrait presque avoir du mal à saisir comment une fille accédant à peine à l'âge adulte devient barrée à ce point de son roméo au point de commettre l'irréparable...Notre héroïne est bien naïve. Mais elle est aussi délurée, déterminée, avide d'expériences, de liberté, de vie, et on sent que l'auteur aime son personnage féminin, emblématique de son île natale. Car l'île Maurice est le sujet principal, finalement. Nathacha Appanah la dépeint comme saturée de chaleur et de couleurs, les plantes et fleurs sont très présentes, avec les fameux flamboyants en vedette. On sent comme un regret quant à l'invasion touristique, mais aussi une lucidité, car ils font vivre ce petit bout de terre lointaine et tout le monde en profite plus ou moins.

Il y a surtout deux mondes bien distincts, ceux des riches propriétaires d'hôtels et autres commerçants, et ceux des pauvres petits ouvriers et pêcheurs, qui finalement les servent. le mélange est difficile, les histoires d'amour interdites et périlleuses dans un système où les mariages sont encore souvent arrangés.



Un roman de bonne tenue qui donne envie d'approfondir l'univers généreux et chaleureux, mais aussi pervers et violent, de Nathacha Appanah.

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La mémoire délavée

Natacha Happanah nous transporte sur l’île Maurice avec un récit sur ses origines, l’histoire de ses triaïeux arrivés des Indes, de leur village natal de Rangapelle, pour y être employés, plutôt exploités comme engagés. A leur arrivée ils sont affublés d’un numéro d’identification puis affectés dans une plantation.

L’engagisme a remplacé l’esclavagisme après l’abolition.

Une traversée de l’exil, un récit poignant, entre un monde perdu et un monde moderne, d’une authenticité avec ses blessures, ses secrets. La délicatesse, la sensibilité, la pudeur de son écriture qui laisse entrevoir l’amour qu’elle porte à ses grands-parents.

Un livre qui met en lumière un pan de l’histoire méconnue, une remontée au fil du temps, de l’intime, le livre est également parsemé de magnifiques photographies, une très belle lecture comme toujours avec cette auteure.
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La mémoire délavée



Cherchant a mieux connaître l'histoire intime de sa famille Nathacha Appanah nous entraîne dans un long voyage historique et géographique. Dans ce récit elle remonte jusqu'en 1872 lorsque ses aieux quittent le sud de l'Inde pour venir travailler dans les champs de canne à sucre de l'île Maurice.



Le premier chapitre est envoutant et nous embarque dans une réflexion poétique sur les migrations et sur l'écriture qui virevolte comme les étourneaux se rassemblant en fin de journée.

"C'est à la tombée du jour qu'ils apparaissent. C'est à la tombée du jour que nous sommes les plus vulnérables. Il y a ces minutes étranges, gris-bleu, glissantes, quand le soleil s'en va et quelque chose venu du fond des âges remonte et se rappelle à nous. Une peur, une intranquillité, une fragilité. Nous pressons le pas, nos coeurs sont plus lourds et nos enfants pleurent sans raison. A la tombée du jour, j'arrête d'écrire et je me rends compte combien cette chose entrprise il y a quelques mois m'échappe. Cette chose, je dis. Cette chose, comme si elle existait quelque part, cette chose tel un objet. Cette chose m'échappe, je dis. Elle n'est ni ici ni là. Cette chose, c'est un récit sur mes grands-parents et je ne l'ai pas encore trouvée aujourd'hui, à l'heure où s'agitent les étourneaux."



Questions sur la forme mais aussi sur la transmission intergénérationnelle durant tout ce récit l'auteure va s'intéresser à la question de la mémoire.

Mémoire historique et officielle qui par des données factuelles consignées dans des fiches administratives renseigne, témoigne mais déshumanise.

"Les archives ne sont pas le reflet exact de l'histoire, elles sont perméables aux confusions, aux anachronismes, elles sont influencées par le contexte de ces prises de documentation, les errreurs humaines, le temps qui passe et qui délave, le hasard d'un dossier qui se mélange à un autre, une photo qui se décolle et qui glisse. C'est une mémoire imparfaite."

L'autrice se tourne alors vers les récits familiaux, les souvenirs incertains des uns et des autres. Mais, ces récits oraux forment eux aussi une mémoire subjective et Nathacha Appanah éprouve les limites et la fragilité de l'oralité.

"Des récits formés par des demi-vérités, des sélections, des morceaux choisis, des moments enjolivés, des pans abandonnés."



Le récit est l'entrelacement de toutes ces données. Connaître ses origines, tenter de comprendre ceux qui l'ont précédée. Créer sa propre histoire familiale sans trahir, sans trop dévoiler non plus et l'inscrire dans l'Histoire, tel est le pari réussi de Natthacha Appanah. Pour cela toujours elle questionne l'acte d'écriture. Elle s'interroge sur le choix d'une phrase, d'une formulation, sur son impact.



Ce récit très poétique, hommage puissant et plein de tendresse à sa famille, à ses aïeux et surtout à ses grands parents dignes et discrets, présents mais jamais envahissants est un gros coup de coeur.

Tout m'a attiré et convaincu dans ce livre, l'objet au si beau papier glacé, les illustrations historiques ou personnelles, la délicatesse de la forme, l'hommage aux ancètres, les questionnements sur la mémoire, la transmission de l'histoire familiale de génération en génération, et l'écriture subtile et poétique de l'auteure.



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La mémoire délavée

Le premier roman de Nathacha Appanah, Les rochers de Poudre d'Or, date d'il y a 20 ans. Elle y racontait le destin des Indiens qui ont traversé l'océan, après la fin de l'esclavage, des "engagés" dont le dur labeur allait s'effectuer dans les champs de cannes à sucre de l'île Maurice. Avec La mémoire délavée, l'autrice, descendante de cette communauté d'exilés, rend hommage aux travailleurs oubliés et revisite son histoire familiale. L'écrivaine abandonne la fiction, pour cette fois-ci, sans doute parce qu'elle a besoin, à 50 ans, de revenir à ses origines, en explorant l'Histoire, malgré le peu de traces qui existe sur ses aïeux venus d'un petit village indien, en 1872. Son grand-père, qu'elle a eu le temps de connaître, a été le dernier à travailler dans les champs de canne et elle dresse de cet homme un portrait tendre et sensible. C'est une jeune Nathacha que l'on découvre aussi dans La mémoire délavée, la Mauricienne puis celle qui, installée en France et devenue romancière, n'a jamais été éloignée par le cœur de son île natale. Le livre n'a pas valeur d'autobiographie, l'autrice est sans doute bien trop pudique pour en livrer davantage sur elle, mais de passeuse de mémoire, aussi bien personnelle que collective, cette mémoire qui ne se transmet guère plus aujourd'hui par l'oralité. Les qualités d'écriture, délicatesse et fluidité, des romans de Nathacha Appanah se retrouvent entièrement dans ce livre dont la brièveté constitue la seule frustration.
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La mémoire délavée

L'auteure raconte l'histoire de ses grand-parents.

Ça commence par l'engagisme indien.

En 1872, ils partent de Rangapalle pour embarquer à Madras, direction l'ïle Maurice.

Elle s'interroge sur leur résistance pour entreprendre et mener à bien un tel voyage.



Fascinée par les vols d'étourneaux, elle cherche les bons mots comme ils cherchent leur direction, traquant le bon dessin, la bonne forme.

Des photos illustrent l'histoire, dont des vols d'étourneaux.

Les premières pages décrivent superbement ce processus d'écriture.
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Le ciel par-dessus le toit

« Le ciel est, par-dessus le toit,

Si bleu, si calme ! » (Verlaine)



C’est l’histoire d’une famille abîmée, cabossée, et au cœur de ce drame se mêlent la culpabilité, les manques éducatifs, la rébellion, l’absence de tendresse et d’explication, la violence des silences, la solitude, l’enfermement – le dedans, le dehors…



« La beauté la tendresse et l’imagination s’envolent à travers la fenêtre (…)

J’aimerais tant (…) Un ciel une étoile un rêve ».



Loup, adolescent de 17 ans, se retrouve en prison, il a été arrêté alors qu’il conduisait, sans permis, une voiture.



Un prénom de prédateur pour un être doux et sensible qui porte sur les choses un regard profond, différent, une vision poétique.



On rencontre ensuite la mère aujourd’hui dénommée Phénix, lourd de sens, à l’enfance adulée, mise en scène, que l’on découvrira sous un autre prénom, un vécu de trop-plein transformé en haine, en attitude marginale provoquant une cascade de dysfonctionnement.



Loup, son fils adolescent se retrouve désemparé lorsque sa sœur aînée quitte le domicile familial.

Par le regard levé vers le ciel, parviendra-t-il à s’affranchir de l’enfermement…



Une noirceur poétique latente imprègne le roman.

Comme une chape dramatique de tristesse qui s’abat sur les personnages et étouffe, obstrue l’espoir d’apercevoir un bout de ciel bleu, un faible rayon de lumière libérateur cherchant à percer, avec peine et souffrance.



Comment l’amour porté à ses enfants peut-il être perçu ?



Le même évènement vécu sous différentes perspectives résonne de façons plurielles.



« C’est étrange parfois comment l’esprit résiste à la chimie et à l’alcool, c’est curieux comme rien ne peut l’empêcher de tourner, de mélanger souvenirs et désirs, peurs et joies, ciel et mer ».



*



Alors que j’ai aimé, dans ma découverte de l’auteure, « Rien ne t’appartient » je reste déçue de mon ressenti sur « Le ciel par-dessus le toit ». Difficile à expliquer, d’autant que l’écriture de Nathacha Appanah me plaît.

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Tropique de la violence

A 24 ans, Marie quitte sa vallée obscure et sa mère qu'elle ne supporte plus pour terminer ses études d'infirmière dans une grande ville. C'est là qu'un jour elle rencontre Chamsidine. Il est infirmier...ils se marient et partent vivre à Mayotte d'où Cham est originaire.

Là-bas dans cette île paradisiaque, Marie découvre la misère et la détresse humaine.

Après des débuts prometteurs, le jeune couple bat de l'aile. Marie ne peut pas avoir d'enfants, elle devient aigrie et jalouse. Ils se séparent...

Un jour une jeune mère débarque dans l'île et abandonne son bébé. Marie l'adopte et le surnomme Moïse.

C'est un enfant adorable. Mais avec l'adolescence arrivent les tourments : il rejette ses origines, en veut à Marie de l'avoir adopté, quitte le collège et a de mauvaises fréquentations. C'est alors que Marie meurt subitement.

Le lecteur va alors suivre le quotidien du jeune homme devenu orphelin, sa fuite hors de la maison de son enfance, son acceptation dans un gang de la ville, le quartier surnommé "Gaza"dont le chef, Bruce n'est lui-même qu'un gamin...mais la violence et la rage qui régissent leurs relations, les mèneront jusqu'au drame.

Ni Stéphane qui pourtant tentera de le sortir de là, ni plus tard Olivier, le jeune policier ne pourront le sauver...



L'auteur donne la parole tour à tour à chacun des personnages, chacun nous racontant de son propre point de vue, le même événement.

Si le début bien sûr permet à Marie de s'exprimer, les 2/3 du roman nous donnent le ressenti de Moïse, puis celui de Bruce qui voit en Moïse, un enfant de blanc puisqu'il a été élevé par une blanche.



Ce qui m'a surpris dans ce roman, c'est qu'il ne laisse aucun espoir. Pourtant je n'ai pas regretté ma lecture.

Olivier voit son désir de protéger les enfants, anéanti ; Stéphane l'éducateur repart en France et le lecteur ne saura rien de la vie de Cham qui a reconnu l'enfant, mais ne s'en occupera jamais même de loin, alors qu'il sait bien que Marie est morte.

Il m'a donné la sensation qu'il n'y a pas d'espoir possible pour sortir un jour de cette violence...et que c'est elle qui prime dans cette île française oubliée.

La jeunesse de Mayotte, trop livrée à elle-même, serait-elle perdue à jamais ?

Prix du roman France Télévisions 2017

Prix Fémina des Lycéens 2016




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Une année lumière

Recueil de textes courts publiés hebdomadairement dans le journal La Croix. Le fil rouge à mon sens reste l’écriture par elle-même, ce qu’elle apporte, qu’est ce que l’écriture, quel texte pour le lectorat etc… je qualifierai presque ce recueil d’essai tant l’auteure nous fait part de son vécu avec les mots , la difficulté de se faire reconnaître et de vivre de son écriture.

Elle se dévoile aussi grandement par son propre vécu avec son enfance, son île etc… c’est très intéressant. Elle nous offre sa vision du monde à sa façon, ça reste discret, timide mais juste.

J’ai beaucoup apprécié et je pense que je lirai cette auteure différemment maintenant.

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Tropique de la violence

Quelle claque, ce livre ! Je viens de le terminer et je me sens bouleversée, retournée, touchée au cœur, complètement soufflée par ce que j’ai découvert.

Bien sûr j’avais lu des critiques positives à son sujet et justement, j’en attendais beaucoup ! Et franchement, ce que j’ai lu a dépassé toutes mes espérances : c’est un livre très fort et qui évoque dans une langue à la fois crue et poétique une réalité sociale déchirante : l’extrême pauvreté pour ne pas dire la misère et tout ce qu’elle entraîne avec elle que subissent de nombreux habitants et notamment les enfants et les adolescents du plus jeune département français : l’île de Mayotte dans l’océan Indien. Violence, délinquance, prostitution, meurtres, trafics de drogue et souffrances en tous genres, vies gâchées et perdues parce qu’il est impossible de se construire quand on est livré à la rue…

Un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire …

Dans ce roman polyphonique, c’est tout d’abord la voix de Marie que l’on entend et qui raconte qu’à vingt-trois ans, elle a quitté la vallée de son enfance pour préparer un diplôme d’infirmière. Elle mène une vie malheureuse et terne jusqu’à ce qu’elle rencontre le beau Chamsidine. A vingt-sept ans, elle se marie puis part à Mayotte. Le pays est magnifique et sent si bon. Elle est légère et espère porter rapidement un enfant. A trente ans, rien n’est venu et le beau Cham la quitte pour une autre.

Deux ans plus tard, une clandestine attend avec un enfant emmailloté dans le hall de l’hôpital où Marie travaille. Elle est arrivée sur la plage de Bandrakouni par le kwassa sanitaire : elle montre les yeux de l’enfant. Il a un œil noir et un œil vert. Pour la mère, il est maudit : c’est un bébé du djinn, il va lui porter malheur. Le temps de préparer un biberon, Marie revient et trouve la chaise vide. La mère est partie, lui laissant l’enfant qu’elle adoptera et appellera Moïse.

Chaque jour avec Moïse est un moment de grâce : ils jouent, font des pique-niques, lisent L’enfant et la rivière, écoutent Barbara. Leur chien Bosco les accompagne. Evidemment, cette belle histoire, vous vous en doutez, va mal tourner…

C’est en prison que l’on retrouve Moïse, c’est de la prison qu’il va raconter son terrible parcours, comment il est devenu la loque qu’il est maintenant, comment un nommé Bruce, le chef du ghetto, celui qui s’appelait Ismaël Saïd quand il était un petit garçon et qu’il avait encore un nom, en a fait son esclave, sa bête…

Le ghetto ? Oui, Mayotte n’est pas une île « où l’on joue du matin au soir » sous les bougainvillées, les frangipaniers et les manguiers qui embaument au soleil.

Un quartier s’appelle Kaweni, pardon, « Gaza »: « c’est un bidonville, c’est un ghetto, un dépotoir, un gouffre, une favela, c’est un immense camp de clandestins à ciel ouvert, c’est une énorme poubelle fumante que l’on voit de loin. Gaza c’est un no man’s land violent où les bandes de gamins shootés au chimique font la loi. Gaza c’est Cape Town, c’est Calcutta, c’est Rio. Gaza c’est Mayotte, Gaza c’est la France. » Et l’on sent que ça va craquer parce que les gens ont faim, parce que les enfants plutôt que d’aller à l’école volent, rackettent et deviennent fous de drogues, parce qu’il n’y a aucun avenir pour eux ni pour personne.

Et l’on ne peut même pas leur en vouloir, même aux pires : ils vivent l’enfer sur terre dans l’indifférence la plus totale. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, n’ont plus de nom, ne sont plus rien. C’est Olivier, le flic, qui dit cela. Il ajoute encore : « Depuis le temps qu’on prédit la guerre, qu’on guette le bruit des armes à feu et les cris des bêtes sauvages. Depuis le temps qu’il y a des articles, des reportages, des rapports, des missions, des visites, des pétitions, des pamphlets, des lois, des campagnes, des grèves, des manifestations, des émeutes, des promesses. Depuis le temps. »

C’est étrange comme j’ai l’impression, ces derniers temps, de lire des livres qui semblent vouloir nous dire de faire attention, que tous ces gens privés de tout risquent de nous renvoyer à la figure, à tout moment, leur souffrance et leur haine. Je pense entre autres au magnifique 14 juillet d’Eric Vuillard et aux Nouvelles métropoles du désir d’Eric Chauvier.

Et à ces gens là, ne leur dites pas que Mayotte, c’est la France, ils vous répondraient comme le fait Bruce en crachant par terre : « En France il y a des gens qui vivent toute leur vie dans les bois ? En France les gens mettent des grilles de fer à leurs fenêtres comme ça ? En France les gens chient et jettent leurs ordures dans les ravines comme ça ? »

Même Stéphane, le bénévole de l’ONG, regrettait un peu de n’être pas parti en Haïti, au Sri Lanka ou au Bangladesh. Il pensait que partir à Mayotte, c’était un peu facile, limite « tourisme », il aurait aimé un truc un peu plus « chaud ». Il a à peine osé en croire ses yeux lorsqu’il a découvert le bidonville et s’est même demandé s’il serait à la hauteur, lui qui n’en a pas cru ses oreilles quand on lui a dit « que les équipements de l’île ont été conçus pour deux cent mille habitants mais qu’officieusement il y aurait presque quatre cent mille personnes sur l’île. »

Alors, il a pensé que ça allait exploser, que ça ne pouvait être autrement.

« Le pire est à venir » dira Marie… et elle a sûrement raison… « ce pays ressemble à une poussière incandescente et je sais qu’il suffira d’un rien pour qu’il s’embrase. »



Un grand livre, puissant, éblouissant, violent et juste qui dénonce, à travers les voix de ce véritable chœur tragique, dans une langue fascinante de poésie, de sensualité et de cruauté, l’enfer de cette île « en trompe-l’œil », où la beauté est un leurre, un pauvre cache-misère qui ne dissimule plus rien.

Fort, très fort !



Bravo, Madame Appanah, de tout cœur, bravo !


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Tropique de la violence

Mayotte, un territoire oublié de la République ? Sous les tropiques tout n'est pas que mer, ciel et soleil. Déjà avec Gisèle Pineau on le savait pour ce qui concerne la Guadeloupe par exemple, mais ici on est carrément en terre inconnue. Dans l'océan indien, Mayotte un havre d'espérances pour des milliers et des milliers de comoriens, malgaches et africains, qui accostent clandestinement en France. Et ces filles-mères, ces bandes de jeunes garçons qui se retrouvent sans familles, sans repères, livrés à la nature sauvage et cruelle des bandes, de la drogue et de la rapine.



Et puis quelques blancs, des muzungus, qui travaillent ici, comme Marie, cette infirmière dévouée qui côtoie cette violence. Marie qui recueillera cet enfant, Moïse, et lui donnera amour et éducation. Mais cela suffit-il à forger une identité ? Un œil marron et un œil vert, une peau noire et une âme blanche.



Et puis un policier ou un éducateur. Mais que peuvent-ils dans cet engrenage de violence quotidienne ?



Natacha Appanah maîtrise le sujet, la forme et la lettre. C'est vif, c'est cruel. C'est un choc ! Bravo !
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Rien ne t'appartient

Un titre qui claque comme un coup de fouet et un début de roman qui nous noie comme un naufragé oublié en pleine mer. Le lecteur échoue dans la marasme d’une héroïne endeuillée par la perte de son mari et au milieu des ordures dont elle laisse son appartement jonché. Tara ploie sous le chagrin, s’écroule sous les coups du désespoir mais se laisse surtout engloutir par les flots de souvenirs que le deuil semble avoir libérés. Le barrage de sa mémoire a cédé libérant les fantômes du passé qui viennent s’asseoir face à elle qui passe ses jours prostrée sur son canapé. Le garçon est là, mutique mais le regard fixe. Bientôt la petite fille le rejoint dansante et virevoltante. Et Tara cède. On n’est pas sûr de comprendre son geste. Un roman ne peut décemment pas s’ouvrir sur la fin tragique de son héroïne. Mais Nathacha Appanah assume pleinement son choix de trame romanesque et nous abandonne sur la berge, indécis. Elle cisèle sa plume pour nous pousser encore plus près de Tara jusqu’à entendre son dernier souffle. Et là, le visage tendu vers ses derniers mots, la voix de Vijaya vient nous cueillir, joyeuse et pétillante pour raconter les soleils qui illuminent son enfance : ses parents, la danse, la lumière douce et chaude de la liberté dans un pays lointain où pourtant naître fille est une malédiction. Le charme opère. Vijaya nous prend par la main et nous conduit sur le chemin qui sillonne son enfance bientôt noyée dans un bain de sang. Son père n’a pas voulu écouter les recommandations des voisins et il va en payer le prix. C’est la première leçon que la petite Vijaya n’oubliera jamais : apprendre à taire ce qui ne doit pas être dit, ce que les autres ne peuvent pas savoir. La seconde leçon, la plus cuisante, c’est la vieille Amma qui la lui donnera quand elle l’accueillera, elle, « la fille gâchée ».

J’ai aimé l’équilibre fragile que construit Nathacha Appanah dans ce récit où elle nous conduit au bord du désespoir pour nous en sauver au dernier moment dans une écriture sensuelle et souple comme une liane à laquelle nous raccrocher pour nous permettre d’aller jusqu’au bout de cette destinée de femme meurtrie. Une lecture envoûtante par la puissance de son souffle et de sa poésie toute en finesse et en retenue qui m’a séduite et émue et me fera plonger sans retenue dans les autres romans de cette autrice.
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Rien ne t'appartient

Encore un roman choc de Nathacha Appanah.

On entre directement dans la peau souffrante, en crise, d'une jeune femme en deuil récent. Une sorte de folie l'habite et son beau-fils découvre en plus de l'état de son appartement un autre nom que le sien froissé dans une poubelle.

On part avec elle à la recherche de ses souvenirs d'une vie avant celle-ci, en Asie, dans un climat de terreur pour sa famille opposante, puis recueillie par un couple peu aimant qui la cède enfin à un refuge de filles "gâchées" où elle trouve une autre fille à aider. Puis c'est le tsunami qui arrive et emporte tout. Un mari sauveur surgit.

La succession de traumatismes et de deuils, le mensonge comme moyen de survie, l'impossible résilience dans ces univers pas vraiment adaptés à la vie qui sont le lot de bien des femmes ici sur cette terre.

La description poétique, sensuelle de l'état de psychologique de l'héroïne au cours de ses vies successives est un véritable exploit à saluer.

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Le ciel par-dessus le toit

Le roman commence par un texte écrit par Loup, 17 ans, écrou 16587, maison d'arrêt.

Comment est-il arrivé là?

Puis le deuxième chapitre s'écrit comme un conte, assez noir quand même, et l'on comprend que Loup, auquel sa mère a donné un nom de bête sauvage, est finalement le plus doux des garçons, perdu depuis que Paloma, sa grande soeur, a quitté le domicile.

Dans cette famille rétrécie, les liens sont meurtris, les gestes contraints, la parole impossible.

Au fur et à mesure des pages, le passé se révèle: la mère ( Eliette, puis Phenix) a du s'extraire des liens parentaux pour se construire, et s'endurcir. Paloma a fui l'emprise familiale, et Loup est à la recherche d'une identité.

C'est un beau livre sur l'attachement familial, sur l'opportunité de renouer des liens, à travers un drame, à travers la souffrance.
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Rien ne t'appartient

Je connaissais Natacha Appanah uniquement de renom. Ces derniers livres avaient fait plusieurs heureux parmi les blogueurs et je me devais de comprendre un tel enthousiasme.



On suit le destin de Tara qui voit son passé tourmenté remonter à la surface. Même s’il fait référence à une région et une époque, « Rien ne t’appartient » n’est pas un roman historique. L’autrice ne rentre jamais dans les détails des évènements. Le lecteur est placé dans l’esprit de l’héroïne et est confronté avec elle au destin de ces femmes. Le déroulement du drame n’est pas décrit. Il se vit par les sensations et les émotions qu’ont ressenti les actrices et devient alors universel.



La beauté de la langue et la magie des mots opèrent parfaitement afin de nous imprégner de l’atmosphère. J’ai lu cette histoire d’une seule traite et je pense que c’est la meilleure façon de percevoir sa puissance. La maîtrise de la plume de l’écrivaine lui permet de taper fort en très peu de mots. J’ai vécu ces pages comme une expérience, un transfert dans un autre corps.



Ce texte de Natacha Appanah justifie que l’on élève la littérature au rang d’art. Elle m’a tout bonnement époustouflé. J’ai ressenti la force de la désillusion dans mes tripes. A la sortie de cette plongée, je n’ai qu’un seul mot à la bouche « Whaou ! ». Je sais que l’argument est léger mais il résume bien mon humeur à la fermeture de ce court récit.



Bien que j’aurais volontiers accepté quelques pages de plus pour le plaisir de lecture, je suis ravi d’avoir suivi les conseils des amis de la blogosphère et d’avoir découvert cette autrice. Ce court roman à l’écriture charnelle est une ode au combat des femmes dans le monde et au dépassement de soi. Une chose est sûre, je n’en resterai pas là avec Natacha Appanah !
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Rien ne t'appartient

L'écriture de Nathacha Appanah est toujours aussi belle. L'accès à Rien ne t'appartient n'est cependant pas si évident, avec cette femme qui perd le sens de la réalité et revoit les fantômes de son passé avant de rejoindre l'ombre. Il n'y a que peu de moments de bonheur dans cette histoire divisée en deux parties, le parcours de vie d'une orpheline qui deviendra veuve et affronte un tsunami dans son pays natal déchiré par la guerre (le Sri Lanka ?). Le splendide style de la romancière d'origine mauricienne aide à combler les trous narratifs même si on peut se poser la question du choix de l'écrivaine de ne retenir pratiquement que la permanence du malheur dans ce destin d'une héroïne qui portera deux noms différents, comme pour marquer la fracture entre deux pans d'existence. Rien ne t'appartient est d'une tristesse absolue, d'une noirceur presque constante, avec quelques éclaircies heureuses mais Nathacha Appanah a décidé de privilégier le côté sombre d'une vie, sans doute comme un hommage à toutes celles qui ont été victimes de la folie et de la violence des hommes, qui transforment le paradis insouciant de l'enfance en un enfer cruel. L'écriture élégante, sensuelle et sinueuse de l'autrice est un régal, comme elle l'était dans Tropique de la violence ou Le ciel par-dessus le toit. Rien ne t'appartient est peut-être un ton en dessous mais c'est une affaire d'appréciation personnelle et ne remet pas en cause l'intérêt porté à cette romancière sensible et sensorielle.
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