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Critiques de Nathacha Appanah (1057)
Le ciel par-dessus le toit

"Le ciel par-dessus le toit", est un écrit, atypique, un écrit différent de ce qu'on a l'habitude de lire, qui, comme c'est souvent le cas avec les textes à la forme inhabituelle, peut plaire ou déplaire, divise, et peut parfois désarçonner.

Pour ma part, "Le ciel par-dessus le toit", ne m'a pas plu. Vraiment pas plu.

Je n'ai pas aimé le style de l'auteure, que j'ai trouvé d'une grande banalité, même s'il se veut sans doute poétique. Ce n'est sans doute pas le genre de poésie, que je goûte et que j'aime.

J'ai trouvé dans cette écriture, beaucoup de caractéristiques, du style, de nombre d'écrivains actuels, qui me lasse et m'agace de plus en plus. Non seulement, personnellement, je ne trouve pas ce style, particulièrement intéressant, mais on le retrouve, chez tant d'écrivains, que c'en est très lassant, et qu'il me semble de plus en plus, qu'il existe une forme de conformisme stylistique, dans la littérature du XXIème siècle. Je déteste les conformismes-et, plus encore, les conformismes, dans les arts. Ce style se caractérise, par l'usage du présent ( puisque l'on suppose, que le lecteur, est incapable, de lire un livre, écrit avec un autre temps ), l'utilisation de phrases non verbales et de nombreuses répétitions. O retrouve toutes ses caractéristiques, dans le style de Natacha Appanah.

Les personnages, et l'histoire, ne sont pas assez développés, ils auraient dû, je pense, être un peu plus approfondis. Il est sans cesse question d'eux, mais jamais, ils ne m'ont semblé être, autre chose, que des pantins, manipulés, par l'auteur, qui n'ont pas d'existence propre, qui ne sont pas des êtres, de chair et d'âme, comme, doivent ou devraient l'être, tous les grands personnages de fiction littéraire.

Je pense aussi, qu'une meilleure contextualisation, n'aurait pas fait de mal au récit, qui en souffre largement. L'histoire, en particulier, en est affaiblie, à mes yeux.

J'avoue avoir du mal, à concevoir, que l'on puisse aimer ce texte de Natacha Appanah, car, je ne vois pas, pour quelles raisons, l'apprécierait-on. J'ai longtemps cherché, la poésie cachée, dans ce livre, mais, j'ai eu beau cherché, je ne l'ai pas trouvé. Sans doute, ce texte est-il trop atypique, pour moi ?
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Tropique de la violence

Dans l'île française de Mayotte, sous les tropiques, règne la violence. Et la misère.

Là tous les jours débarquent des migrants qui viendront s'entasser dans le bidonville surnommé Gaza.

Ainsi arriva le bébé Moïse qui fut adopté, élevé,éduqué par une infirmière blanche. A la mort de cette dernière, le jeune garçon de 15 ans, livré à la rue, se soumet, comme les autres gamins, au chef de gang, Bruce. Souffrances et sévices.

La parole est donnée tout à tour aux différents protagonistes, adolescents et adultes. On comprend ainsi le parcours de chacun et surtout on appréhende le fossé des mentalités qui sépare les blancs venus du continent et les habitants de l'île.

Bien écrit, sans pathos, à lire si ce roman vous a échappé à sa parution.
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Tropique de la violence

Par essence, un livre qui parle de Mayotte est rare. C'est un peu comme les reportages s'intéressant à l'île, ou bien ils la décrivent sur son beau coté ou alors on ne voit que l'aspect noir. Ce roman a choisi la violence et la misère pour toile de fonds, à l'excès. Effectivement ici, 50 bidonvilles, tout ne peut être rose. "Gaza" est maintenant dépassé par "Dubai" à KOUNGOU.

J'ai bien accroché le premier chapitre, avec l'histoire de Marie, infirmière; les descriptions et les lieux familiers de Mamoudzou et de Petite terre. Mais ensuite la spirale de noirceur nous met mal à l'aise, on sait que l'histoire ne finira pas bien et on est pressé d'en finir.

Mayotte, comme elle le cite rapidement, est aussi l'un des plus beau lagon du monde. Espérons que le succès de ce livre attirera un peu les regards de métropole pour ce petit caillou oublié de tous au milieu de l'Océan indien et pourtant département français.
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Tropique de la violence

Je ne connaissais pas encore la belle plume de Nathacha Appanah que j’avais découverte en mars 2015 quand elle a présenté son roman En attendant demain à la Grande Librairie sur France 5.



Nathacha Appanah est à la fois journaliste et romancière mauricienne. Née en 1973 à l’île Maurice, elle est arrivée en France il y a dix-huit ans. Le dernier frère l’a révélée au grand public. Mais après son quatrième roman, elle n’a pas pu écrire pendant trois ans : une panne d’inspiration peut-être.

Voici qu’arrive pour cette rentrée littéraire de septembre son septième livre coup de poing qui porte en épigraphe, deux lignes de L’enfant et la rivière d’Henri Bosco.

« - « Là ? demandai-je.

- Là, me répondit Gatzo. C’est un beau pays ».

Et suivent vingt-trois chapitres d’une écriture fluide consacrés à cinq personnages principaux : Marie, Moïse, Bruce, Stéphane et Olivier. Il n’en faudrait pas plus pour faire une tragédie.



Une tragédie dans un pays de rêve. Cinq destins croisés : celui de Marie, l’infirmière en mal d’enfant, de Moïse, le petit qu’elle a adopté, de Bruce, le chef du bidonville de la ville principale - surnommé Gaza, de Stéphane, un éducateur au grand cœur venue tout droit de la métropole et qui perd peu à peu ses illusions et d’Olivier, .

Tout cela raconté dans une prose enchanteresse par certains moments et très réaliste par d’autres. Une prose à la limite de la poésie. L’écriture de Madame Appanah est très belle, très sensuelle et roule comme une vague qui se brisera sur le rivage de cette belle île. Un petit coin de paradis mais pas pour tout le monde !

Beaucoup de termes créoles (un petit lexique à la fin permet d’alléger le récit) mais c’est beaucoup plus qu’un roman de terroir dans une île française, Mayotte, qui sent bon les vacances. Encore que ses descriptions de la nature de l’île, de ses mœurs et de ses coutumes apportent une touche raffinée d’exotisme et me donnent envie de m’envoler par le premier vol Corsair en direction de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. Bien sûr, je ne serai qu’une « Muzungu », une étrangère, et donc on ne me montrera pas la misère, la crasse et la violence, tout ce qui fait le quotidien de Gaza et que Nathacha Appanah a su si bien dépeindre.



Ce livre m’a bouleversée et je remercie les Editions Gallimard qui me l’ont envoyé en avant-première sur proposition de Babelio.

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Le ciel par-dessus le toit

Je ne sais pas trop comment ce livre est arrivé dans ma PAL, ni depuis combien de temps il y était. Peu importe : aujourd’hui, il est lu, et c’est déjà ça.

Ce livre est court, sec, sans rien qui ne me fasse dire : « il aurait fallu…. il aurait été bon…. » Non. Le roman est ainsi, et il est très bien ainsi.

Nous croisons trois solitudes : celle de Phénix et celles de ses deux enfants, Paloma et Loup. Oui, elle en a fait exprès de les appeler ainsi. Elle avait de l’espoir en leur donnant ces prénoms. Elle a choisi le sien, elle qui ne supportait pas celui que ses parents lui avaient donné, prénom qu’ils avaient hésité, au dernier moment d’ailleurs, à lui donner, avant de se dire que non, décidément, ils ont gardé celui qu’ils avaient choisi, ils ont regretté que leur petite fille chérie ne soit plus leur petite fille chérie. J’ai beaucoup aimé les pages dans lesquelles le père essaie de se remémorer le passé, essaie de voir ce qu’il n’a pas vu, au moment où il l’avait vécu. Il ne se rend pas compte que la seule personne à laquelle il n’a pas fait attention, finalement, c’était sa propre fille unique. Et si je n’écris pas ce fameux prénom, c’est pour respecter la volonté de Phénix, pour rappeler aussi que si quelqu’un change de prénom, quelle que soit cette raison, il est bon de respecter ce choix, et non de lui seriner qu’on ne peut changer le prénom que ses parents lui ont donné. J’en pose, des questions ?

Phénix, ce jour, ce n’est pas ses parents qu’elle doit contacter, mais sa fille, Paloma. Elles ne se sont pas vus, pas parler depuis dix ans. Ce qui la pousse à renouer avec sa fille ? Son fils, Loup. Il a fait une énorme bêtise, il a voulu revoir sa soeur qui lui manquait trop et il a pris la voiture de sa mère. Sans permis. Arrêté, emprisonné, il ne veut pas voir sa mère, il réclame sa soeur.

Par portrait brossé franchement, le récit nous montre comment on en est arrivé là. J’ai presque l’impression de spoiler un peu en disant que le problème n’est pas que Phénix n’a pas aimé ses enfants, le problème est que sa façon de les aimer n’était pas comprise par eux, parce qu’elle ne pouvait les aimer de manière traditionnelle. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, elle n’était pas maltraitante, elle était différente, elle a voulu les élever comme elle-même ne l’avait pas été, faire tout le contraire de ce que ses parents avaient fait, pour qu’ils n’aient pas à souffrir comme elle. Vaste sujet. Oui. Surtout quand on ne dit pas, parce que Phénix semble incapable de dire réellement ce qu’elle sent et ressent. Conséquence ? Sa fille semble presque effacée, telle un oiseau sur une branche, ou « une stagiaire de sa propre vie » comme elle le dit.

Oeuvre forte, moments de vie souffrante, Le ciel par-dessus les toits est une oeuvre que j’ai aimé découvrir.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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La mémoire délavée

Natacha Appanah maîtrise une écriture légère comme un souffle, qui sait dire la gravité de l’humain à travers la fragilité des choses et des êtres. Elle ne livre pas ici un récit autobiographique mais choisit de solliciter sa mémoire. Elle fait revivre ses grands parents paternels et avec eux l’histoire de ces engagés, migrants du travail au 19ème siècle, alors que la fin de l’esclavage rendait possible d’autres types d’exploitation de l’homme. Ses grands parents portent ainsi avec eux un peu de l’Inde de l’ Andhra Pradesh, la région de Chennai (Madras) que leurs ancêtres ont quitté , pour arriver à l’île Maurice le 1er aout 1872, avec un numéro d’identification pour tout bagage, leurs bras pour travailler et leur culture pour continuer à vivre. Le 19ème siècle avait donc ses routes de migration bien huilées, déjà la promesse d’une vie meilleure réussissait à convaincre, déjà l’arrivée se muait vite en désillusion. Les générations malgré tout se succèdent, fidèle à cette culture familiale à laquelle Natacha Appanah rend hommage, à travers la figure de son grand père et celle de sa grand mère. Elle raconte le travail de la terre sur les grands domaines de plantation, les enfants morts nés qui se succèdent, les brimades et les vexations jusqu’au bannissement de Camp Chevreau. Elle évoque son enfance, dans l’aura bienveillante de ses grand-parents et son propre attachement à la culture ancestrale , en précieux héritage.

Un livre émouvant, dans une écriture fine et poétique;
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La mémoire délavée

Que savons-nous réellement de nos aïeux ? De leurs rêves, des chemins empruntés, des émotions qu'ils portaient au creux du ventre ? Dans un récit très intime, Nathacha Appanah raconte ceux qui, un jour, ont quitté l'Inde pour l'île Maurice, une vie pour une autre, pas moins rude. Des numéros sur une fiche. Pas de photo. Ou si peu. Par le jeu des descendants, on en arrive aux grands-parents, figures tutélaires moins mystérieuses. Même si... Et puis soi. Si ses romans sont toujours des mises à distance, l'autrice ose ici le je. Et c'est une réussite.



C'est un texte court, illustré, mais riche de plusieurs vies. Des vies de rien, de ceux qui font vivre les plantations, ne sont pas esclaves mais gardent les codes. Soumission au propriétaire, acceptation des salaires de misère, l'espoir ténu mais présent d'une vie meilleure que celle qui les attendait en Inde. Une vie meilleure pour les suivants. Une vie dans une époque où la mort fauche si vite, y compris, surtout même, les enfants.



Sans souligner le trait, il y a même un peu de psychogénéalogie. Une scène, qui m'a particulièrement touchée, où Nathacha Appanah révèle aimer la mer, s'y baigner souvent mais est terrifiée à l'idée de ne plus avoir pied. Comme la marque de siècles de terreur face à cette masse noire et profonde et qu'un grand nombre aura bravé pour quitter le pays natal. Il y a évidemment des échos avec l'actualité, les migrations humaines se ressemblent. Mais la force du texte réside dans sa capacité à nous faire pousser la porte d'une famille et se sentir chez soi. Tout ça, porté par une plume élégante que sait si bien manier cette autrice.



Le grand prix des lectrices ELLE s'ouvre de bien belle manière...

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La mémoire délavée

A la recherche des ses origines, l’autrice nous livre avec émotion les souvenirs et les recherches qu’elle a effectués pour retrouver les traces de ses ancêtres. Des vols d’étourneaux aux configurations de vol mystérieuses aux migrations humaines qui ont transporté des coolies indiens venus remplacer les esclaves noirs des plantations de canne à sucre, les générations se succèdent de façon de plus en plus précise aux yeux de Nathacha Appanah qui rend un hommage sensible et délicat à sa famille et en particulier à ses grands parents.
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Tropique de la violence

Un cri, des voix qui hurlent leur colère et leur désespoir !

Tout a déjà été dit, écrit, et fort bien ! je n'ai pas parcouru toutes les critiques mais j'ajouterai que ça m'évoque entre autre la chanson de Le forestier : être né quelque part ...c'est toujours un hasard, on choisit pas ses parents on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher...

L'auteur maîtrise son sujet et nous entraîne dans cet enfer avec force et réalisme dans ce quotidien dramatique.
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Tropique de la violence

Ce livre a sans doute été un de mes plus beaux cadeaux de Noël et une fabuleuse découverte!



Si la construction du roman, qui fait alterner plusieurs voix, n'a rien d'originale, Nathacha Appanah prend le lecteur et ne lâche pas jusqu'à la dernière ligne avec une histoire enracinée dans les problèmes d'immigration à Mayotte, l'île qui a refusé de se joindre aux autres lors de l'indépendance des Comores.



L'auteur écrit un superbe français, mêlé d'expressions locales, et montre une rare empathie et capacité à nous faire ressentir ce que vivent les personnages. Profond et très touchant.



J'ai maintenant envie de découvrir ses autres livres!
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Tropique de la violence

Quand on a, comme moi, passé six ans à Mayotte, ce livre est essentiel. J'y ai retrouvé la violence de tous les instants et la difficulté, quand on vient y travailler, de "comprendre" ce qui se trame dans cette île devenue département français...

Moïse, enfant arrivé sur un kwasa kwasa, est adopté par Marie, une infirmière qui lui donne une culture française. Mais elle ci meurt brutalement et Moïse bascule alors dans la délinquance qui déjà le sollicitait...

Lire Tropique de la violence, c'est entrer dans cet univers à la fois chaotique et merveilleux qu'est l'île aux parfums. Cette île de l'archipel des Comores que la France a fait sienne est présentée comme fracturée dans le magnifique texte de Natacha Appanah. le roman se situe en 2011. La situation a empiré.

Je me souviens combien les Mahorais que je connaissais étaient heureux de ce livre qui témoigne des difficultés rencontrées par ceux qui deviennent délinquants mais aussi par le reste de la population. Bindonvilles de Kaweni, zones de non droit, cambriolages permanents, meurtres gratuits et au milieu de cela, l'odeur du jasmin et de l'ylang ylang, les traditions mahoraises, si belles, l'islam et la dignité...

Au nom de mes collègues et élèves de Chiconi et de Sada, au nom des commerçants mahorais et comoriens que j'ai pu rencontrer, au nom de tous ceux qui sur Petite Terre et Grande Terre espèrent en Mayotte et subissent ce déluge de violence, aux noms de ces gamins descendus des kwassas que j'ai entraperçus en cours et qui n'étaient revendiqués par personne, au nom de ceux qui, comme la librairie de Passaimanty, promeuvent la culture et le mode de vie de l'archipel des Comores, Natacha Appanah, je vous remercie de ce que vous avez su nous dire.









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Rien ne t'appartient

Nathacha Appanah a un don pour mettre en mots des vies d’une violence inouïe, à la limite de l’indicible. Qui plus est, dans des textes courts, ce qui permet de ne pas s’appesantir, de ne pas en dire trop, mais juste assez, juste ce qu’il faut pour que l’on sente l’essentiel, en passant par les sensations, les perceptions de ses personnages. Avec sa plume délicate elle nous fait ressentir les couleurs, les parfums, les goûts perçus par son héroïne Vijaya-Avril-Tara et les émotions qu’elle a éprouvées. Tara a perdu pied, elle vient de perdre son mari et tout reflue, morceau par morceau : son enfance dorée et heureuse, son adolescence atroce, ses débuts dans l’âge adulte, ses changements de prénom, et puis le tsunami, la rencontre avec son mari qui lui permet de se reconstruire, bien au-delà de ce qu’il sait, tout ce qui nous explique pourquoi la folie s’empare d’elle à la mort d’Emmanuel. C’est une lecture très marquante, qui laisse un goût amer. Comment est-il possible qu’une personne puisse être niée à ce point, jusque dans son identité ?
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Tropique de la violence

Tropique de la violence est roman polyphonique bouleversant qui nous raconte ces territoires de France si lointains perdus dans l’océan indien et oubliés de la métropole.

Derrière le décor de carte postale et les paysages paradisiaques se cachent un véritable enfer. La migration clandestine et son lot de misère et de violence. Toute une jeunesse livrée à la délinquance et au désespoir.

La plume de Nathacha APPANAH est très belle, sa langue puissante et son style très maîtrisé.

C’est un véritable coup de poing et mais aussi un coup de cœur.
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Tropique de la violence

Tropique de la violence est un roman choral, représentant les différents visages des habitants de Mayotte. Il y a Marie, une infirmière qui est venue travailler sur l'île; Moïse, l'enfant abandonné qu'elle a adopté; Bruce, le chef du bidonville; Olivier, le policier; Stéphane, un bénévole pour une ONG. Tout comme dans En attendant demain, il y a du jaune dans ce roman, mais un jaune différent, sale comme ces jeunes clandestins, abandonnés sur l'île par leurs parents ayant tenté la traversée, et vivants sans foi ni loi dans un bidonville appelé Gaza, avec comme seul but de survivre à la dure réalité de la rue. Le contraste est saisissant entre le côté paradisiaque de l'île, et la violence de cette bande de jeunes. C'est beau et terrifiant.
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Tropique de la violence

L'envers du décor



Visitez Mayotte, l'ile au lagon, sa végétation luxuriante, sa barrière de corail, ses plages paradisiaques….. et sa misère.

Avec « Tropique de la violence » vous allez déchanter et les clichés vont passer à la trappe.

On découvre ce qui est bien caché derrière les images touristiques : la misère des clandestins venues des iles voisines, la délinquance, la drogue, la jeunesse sans avenir.

Nathacha Appanah nous immerge au coeur des problèmes de l'ile, territoire oublié de notre république.



5 narrateurs, dont 2 fantômes, 5 destins qui s'entrecroisent pour dévoiler le délabrement de l'île, la faillite des institutions, l'abandon de tout une population par un état impuissant, et tout cela sans tomber dans le voyeurisme ou le discours politique.



L'écriture est limpide, sensuelle, chaude, puissante, poisseuse.

Un climat anxiogène s'installe au fur et à mesure dans un texte qui parfois revêt des allures de conte à travers le style poétique de l'auteure.

Un roman polyphonique qui arrive à la fois à déranger et à bouleverser.
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Tropique de la violence

De Tropique de la Violence, j’avais beaucoup entendu parler lors de sa sortie. Comme souvent lorsqu’un livre m’attire, je lis peu les résumés, de crainte d’en apprendre trop. Je l’ai acheté des mois plus tard, sur un coup de tête, puis mis de côté, presque certaine que ce serait terriblement sombre mais que ça me plairait. Et quelle claque ! Je ne m’attendais pas à un roman aussi puissant, aussi destructeur !



Natacha Appanah nous emmène dans l’enfer vert de Mayotte et donne le ton dès le premier chapitre. Les mots sont cinglants, sans fioritures, et Marie, la femme autrefois si souriante, asséchée désormais par son désir d’enfant non assouvi, ne cache plus sa douleur. Dans ce roman polyphonique dans lequel chacun s’exprime sans fard, l’absurdité de la condition humaine saute aux yeux.

Tropique de la violence, c’est l’histoire d’un enfant doublement abandonné, celle d’une cicatrice qui marque à jamais et d’un étonnant regard vairon. C’est aussi le récit d’un chef de gang qui règne avec une violence extrême sur un bidonville renommé Gaza. C’est cette jeunesse livrée à elle-même qui survit grâce à la loi du plus fort et sans la moindre pitié.



Mais Tropique de la violence, c’est surtout l’histoire d’une île, d’un département oublié par la France et qui broie quiconque s’y installe. Dans ce paradis terrestre à la végétation luxuriante, où se côtoient colibris, lagons splendides, parfums d’ylang-ylang, misère sociale et clandestins, l’espoir n’est plus permis. Le récit nous happe et nous hante, et j’en ressors bouleversée. Un roman terriblement d’actualité...
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Tropique de la violence

Tropique de la violence

Roman dont je ne connaissais ni l’auteur, ni le propos – je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté tant il a reçu de prix et de distinctions. Tropique de la violence, tout est dans le titre. Marie, infirmière en métropole, suit son conjoint à Mayotte. Sensible à l’environnement de l’île dans un premier temps et tout à son bonheur de jeune mariée, elle sombre progressivement dans la dépression du fait de sa difficulté à concevoir.

Un jour, une patiente, arrivée clandestinement, lui confie son nourrisson et disparaît. Ce dernier, Moïse, a la particularité d’avoir un œil vert – ce qui lui confère dans la communauté de sa mère un statut de paria.

Marie et Moïse font famille et l’enfant grandit les premières années dans un contexte affectif de qualité. Puis, les premières questions sur ses origines émergent et c’est le début de la fin de l’harmonie..

Dans une Mayotte luxuriante, à l’Océan étincelant, l’auteur déroule une tragédie dans laquelle la violence est omniprésente - violence économique, sociale, où l’immigration non pensée, non accueillie fait surgir bidonvilles et misères épouvantables.

Les différents chapitres donnent la parole à 5 protagonistes : Marie, Moïse mais aussi Bruce – chef d’une bande d’enfants et d’adolescents dans laquelle règne la loi du plus fort – Stéphane, employé par une ONG et Olivier, flic que les fleurs qu’il cultive avec amour dans son jardin ne parviennent plus à apaiser…

C’est d’une intensité telle que j’ai mis plusieurs jours à achever ce roman pourtant peu épais. Dès les premières lignes, le climat anxiogène s’installe et plus on avance, plus on s’enfonce dans la désolation. C’est à la fois très réaliste – le délabrement de l’île, la faillite des instituions, cette forme d’abandon d’un état impuissant à organiser et pacifier l’espace social – et à la fois, cela prend parfois des allures de conte, d’allégorie tant le style de Natacha Appanah est poétique.

L’émotion est au rendez-vous, je suis sortie de cette terrible histoire un peu sonnée et j’ai ressenti l’impérieuse nécessité de m’informer davantage sur le contexte de ce territoire français de l’autre bout du monde, dont finalement je ne savais pas grand-chose.

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Petit éloge des fantômes

Je retrouve avec grand plaisir et délice, la plume de cette auteure, un vrai bonheur à la lire.

Ici, elle nous emporte dans son pays "lîle maurice" avec 7 histoires de fantômes, qui sont un peu les êtres chers perdus, qui ont passé dans notre vie, ou même ce phénomène étrange lors du passage du cyclone "Hollanda", un étrange fantôme avais pris les habitants de psychose.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture emplie de tendresse, de souvenirs d'enfance, la première histoire avec sa grand-mère, et aussi avec le fantôme de sa soeur Elsa, dans sa belle robe bleue.

C'est vraiment touchant comme recueil, et en si peu de mots elle sait nous emporter dans son univers de délicatesse, de simplicité et beaucoup de respect envers les us et coutumes de son pays. On y apprend donc aussi sur ce peuple aux traditions hindous, les rites funéraires par exemple, les mariages arrangés, etc..

Des fantômes particuliers, donc, certains diront que c'est notre esprit qui nous joue des tours, pour d'autres ce sont bien les fantômes des personnes qui nous restent ancrées à jamais dans notre coeur qui revivent malgré nous. C'est assez étrange, et l'auteure nous laisse choisir mine de rien de franchir ou pas cette fragile barrière entre le vrai et l'imaginaire.

Un beau petit recueil à découvrir.



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Le dernier frère

Voici une belle découverte, vu cette auteure dernièrement à la GL j'avais retenu son nom en espérant lire justement son dernier sorti. Hélas à la bibliothèque, ma PAL étant déjà suffisante abondante et mon portemonnaie suffisamment raplati, j'ai opté pour ce titre unique disponible. Et bien je ne suis aucunement déçue, car j'ai fait une belle rencontre. N'en déplaise aux critiques plus en-dessous de la mienne, moi je me suis complètement laissée emporter par la plume, par l'histoire, les personnages. J'ai découvert un pan de notre histoire méconnue de la seconde guerre mondiale. J'ai également découvert une île, et cette fabuleuse histoire ou plutôt tragédie.

Ma lecture m'a prise dans un tourbillon dès la première page , j'ai adoré la façon dont l'auteure a abordé son récit :

"David était appuyé contre le chambranle. il était grand, ça m'a étonné. Il portait une de ces chemises de lin qui, même de loin, font envie par leur douceur et leur légèreté. il avait pris une pose nonchalante, les pieds légèrement croisés, les mains dans les poches. Une sorte de lueur tombait sur une partie de ses cheveux et ses boucles brillaient. JE l'ai senti heureux de me voir, après toutes ces années. Il m'a souri."



L'histoire commence comme un rêve, un vieil homme de 70 ans revoit son jeune compagnon qu'il a connu il y a 60 ans. C'est l'occasion de nous conter cette amitié, cette rencontre d'une jeune juif aux cheveux blonds et bouclés à la peau quasi transparente. Lui l'enfant des îles aux cheveux , yeux et peau sombres. Raj, a vécu une enfance particulière entre l'amour maternel, perte, déchirure, maltraitance et cette incroyable rencontre de David qui portait une étoile autour de son cou du même nom que lui.

Je ne peux vous conter plus, au risque de vous voler cette histoire, je suis entrée emportée par ce rêve, j'en suis ressortie complètement sonnée, émue, bouleversée.

La sensibilité, sans doute trop présente chez moi, a fait que le destin de ces deux enfants m'ont touchée. La façon que Raj a porté cette culpabilité toute sa vie, et comment ce rêve est venu, lui offrant un David tout sourire.

La cruauté de la vie, les injustices, l'amitié, l'amour fraternel et maternel, tout est beau malgré le drame qui se joue.

Raj et David vont espérer fuir l'incroyable, mais hélas vite rattrapés par le destin.

Alors quand la fin s'annonce, on revient à la première page, on relit la venue de David dans le rêve de Raj devenu un vieil homme, on se laisse à espérer que David n'est pas une apparition, peut être un ange, ou simplement un moment de grâce, pour que Raj se libère à l'aube d'une vie qui s'achève, un pardon, un signe qu'un jour ils se retrouvent.

Merveille lecture dans la délicatesse, la poésie, un tempo agréable, des personnages qui resteront marqués dans ma mémoire de lectrice.



Je note et valide cette auteure, que j'avais choisi pour mon challenge ABC découverte. Il me tarde de découvrir ses autres livres.

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La mémoire délavée

Délicatesse.



Grâce.



En ces temps difficiles, me plonger dans ce livre m'a permis une respiration. Je me suis sentie enveloppée de quelque chose de sincère et de doux. Cela m'a fait du bien.



Nathacha Appanah est une autrice franco-mauricienne que je découvre avec ce roman, alors que son premier livre a été publié en 2003. Il était temps, et je réparerai ceci en me plongeant dans ces autres livres.



Ce livre, c'est la mémoire des immigrés, qui pour s'adapter à leur nouveau pays doivent oublier leur histoire, jusqu'à leur langue.



C'est ce qui se transmet de générations en générations.



C'est un pan de l'histoire dont j'ignorais tout: l'engagisme. Des indiens arrivés à l'île Maurice à la fin du 19ième siècle, pour remplacer les esclaves après l'abolition de l'esclavage, mais qui ne seront pas mieux considérés que ceux qu'ils viennent remplacer.



C'est l'exil. Perpétuel. Des ancêtres qui quittent un pays pour espérer vivre dignement. Qui traversent l'eau, élément sacré et redouté. Il en a fallu du courage.



C'est l'impression de vivre l'arrivée des exilés à l'île Maurice, et avoir le coeur serré infiniment en lisant la perte des enfants, une main qui se lâche, et les voila perdus à jamais.



C'est l'Histoire, un pan oublié que l'autrice raconte si bien. Est-ce qu'un jour nous aussi, nous aurons la mémoire délavée au point de nous fourvoyer à nouveau dans notre Histoire? J'ai peur de déjà connaître la réponse.



Ce livre, c'est la mémoire de Nathacha Appanah de ses grands-parents paternels. Son grand-père, le premier a s'être rebellé, et qui l'a payé tout le reste de sa vie par un autre exil.

Sa grand-mère, pétrie de croyances, un peu magicienne aussi.



Ce sont les odeurs, la vie de famille, le sens des traditions.



Les joies des petits aux fêtes, mais aussi le deuil, pudique, d'un oncle qui pleure son enfant mort né derrière une porte.



C'est la dignité aussi. Une force, un courage. Se tenir debout. Droit. Dans le présent, et hériter de cette droiture.



C'est la tendresse. Celle vouée par l'autrice à ses grands-parents. Les regrets aussi, de ne pas avoir pu se rapprocher parfois.



C'est un grand livre, de ceux qui vous font tenir un peu plus droit, et qui vous laisse un je ne sais quoi en tête. Un souvenir à vous aussi, peut-être.



Quel beau livre, que je vous recommande !

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