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Critiques de Nathacha Appanah (1044)
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Tropique de la violence

Non je ne peux pas faire de critique, non je n'ai pas aimé ce thème trop sociologique pour ma part...

Non, je n'ai eu aucune empathie pour les personnages et non je n'ai pas accroché du tout à cette histoire...je n'ai pas pu rentrer dedans tellement je suis hermétique.

Bref, ce n'est pas un livre pour moi, je n'aime pas les personnages de roman qui ne ressentent que de la colère, qui sont mal dans leur peau et dont l'auteur n'est pas inspiré pour qu'ils s'en sortent malgré la misère qui règne autour d'eux et dont ils dépendent...Trop de négatif m'empêche de m'intéresser à cette histoire...
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La mémoire délavée

"La Mémoire délavée" paraît dans cette collection du Mercure de France, "Traits et portraits" que j'aime beaucoup car elle offre des livres soignés, sur papier glacé, illustrés joliment. Bref, c'est d'abord un très bel objet à offrir.



Quand on l'ouvre, c'est le style qui envoûte, bien timbré, équilibré, apaisant, émaillé de phrases comme des bijoux qu'on ne peut s'empêcher de souligner ou de recopier dans un carnet comme autant de trésors glanés sur la route de la lecture. J'aime cette délicatesse du trait pour parler des traces du passé de sa famille, comme des "empreintes sur le sable". Nathacha Appanah caresse ce qu'elle évoque, et ceci même quand elle parle d'exil, d'asservissement ou d'injustice.



Cette qualité stylistique n'est pas décorative, elle dit le désir qu'en a l'auteure de ne pas abîmer son sujet, de ne pas asservir en l'évoquant sa famille, qui a payé un si lourd tribu à la déshumanisation dont étaient victimes les Indiens immigrés à l'île Maurice. La recherche du mot juste est corrélée à la recherche du bon traitement de son sujet :"Je voudrais que ça coule comme du miel […] mais les mots sont lourds, du béton on dirait. Personne de ma famille ne pourrait lire ça, ça parle d'eux pourtant ça les aliène". Il n'y a pas de beauté de la langue en soi : elle sera ressentie comme belle parce qu'elle n'étouffe pas les gens qu'elle évoque et qu'elle saura aussi être efficace, "comme des clés de biche ou des marteaux" pour ouvrir la mémoire familiale.



J'ai aimé aussi les pistes de réflexion qu'ouvre cet essai : que recouvrent le silence et l'oubli de ceux qui nous ont précédés ? Quand s'arrête la "peine" de nos aïeux ? Se peut-il que celle-ci aille jusqu'à contaminer notre identité actuelle profonde ? de quoi hérite-t-on finalement ? Malgré ses recherches pour mettre au jour les événements vécus par son grand-père, elle bute sur le silence, sur le tabou, sur l'oubli et les intègre à son oeuvre, finalement faite de "présence-absence". La démarche littéraire n'est pas omnipotente, elle est une humble tentative pour fixer ce qui s'enfuit inexorablement, cette "mémoire délavée" - quel magnifique titre, au passage !



Et puis par-delà l'intérêt de la réflexion, cet essai s'impose par son émotion. Quand elle évoque son père, son grand-père, sa grand-mère analphabète auxquels elle était si attachée, quand elle part à la recherche de bribes d'elle-même dans ce passé enfoui, c'est proprement bouleversant. Nathacha Appanah emploie des mots simples, elle écrit avec sincérité et amour, et cela me touche en plein coeur.



Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024

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Tropique de la violence

Mayotte, Gaza, l'Islam, la maternité, l'homicide, la prison, la survie...



Les style dès le départ est chaleureux et poétique, il nous happe. Malheureusement, cela s'estompe assez vite. Cependant j'ai pu savourer le début...



L'auteur est douée pour créer des images mentales.

Allant jusqu'à marier humour et cruauté ; )...



Cela parle énormément de maternité !!

C'est un peu "Un sms vient d'arriver, j'ai X ans..." aha!



On parle pas mal d'Islam aussi!

Les chapitres sont courts et se focus sur un personnage à la fois. A un moment ça en devient trop banal...

Juste Bosco le chien, Gaza et encore Gaza, et ses leaders...



A force de mettre des descriptions de cœur qui bat, cela a déclenché le mien!huhu...

Hélas... Il est difficile pour moi de s'attacher aux personnages.



Un petit sursaut d'intérêt vers la fin; l'oeil du djinn, joli façon de parler de la télé...
Lien : https://fr.ulule.com/charles..
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Tropique de la violence

Tropique de la violence nous fait découvrir l'envers du décors de Mayotte. ce livre traite de la violence, de l'effroi, et des milliers de migrants qui se retrouvent entassés dans ce quartier "gaza". On y retrouve cinq personnages qui sont attachants autant les uns que les autres et au fil des pages, on reste coi, on s'étonne, on souffre aussi de toute cette tragédie qui se joue sur cette île que l'on souhaiterait paradisiaque.

L'auteur nous permet de nous rendre compte de ce qui se passe sur le territoire de ce nouveau département Français avec ses traditions, ses codes... C'est un très beau livre que je recommande !

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Petit éloge des fantômes

Nathacha Appanah revient sur ses fantôme, nos fantômes, le fantôme des autres. Ca peut être une grand-mère décédée, toujours présente avec ses croyances et superstitions mais surtout sa bonté; mais ça peut-être aussi un fantôme qui rôde pendant les quelques jours sans électricité après un cyclone sur l'Ile Maurice, le fantôme d'une soeur emportée par la vague au Sri Lanka; ça peut même être son propre fantôme, celui ou celle qu'on a été un jour et qui s'est endormi quelque part au fond de nous.

De beaux récits, personnels - même si certains sont fictionnels - autour de ces fantômes qui continuent à nous hanter, peut-être parce qu'on ne veut tout simplement pas les lâcher.

J'ai une préférence pour ceux vraiment autobiographiques, comme celles où Nathacha se rappelle la mort de sa grand-mère , le deuil selon la tradition hindouiste (en tant que Mauricienne, Nathacha a du sang indien dans les veines), la traversée de l'âme après la mort, mais aussi ce passé, l'enfance de ces grands-parents imaginent à défaut de la connaître.



Je n'ai qu'une envie, lire d'autres récit de l'autrice (hors Tropiques de la Violence, déjà lu).

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La mémoire délavée

C'est toujours un grand plaisir de retrouver la plume de Nathasha Appanah. Gracieux, précis, élégant, son style est cependant d'un naturel éblouissant alors même que l'on comprend bien le travail qu'il y a derrière chaque mot.

Dans ce récit, qui met à l'honneur ses grands-parents, elle explique combien elle a eu à cœur de trouver les mots justes pour ne pas les dénaturer et leur rendre hommage avec tout l'amour qu'elle leur a porté.

C'est aussi un récit plus universel, celui des coolies émigrés de l'Inde coloniale qui se sont retrouvés esclaves des champs de cannes à sucre, notamment sur l'île Maurice.

C'est très émouvant voire bouleversant.

Merci Nathacha de partager votre talent et vos souvenirs avec nous.

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Le ciel par-dessus le toit

Un livre court et éprouvant, comme souvent avec Nathacha Appanah. J’ai retrouvé sa plume délicate, sa maîtrise des non-dits, de l’ellipse, ses révélations par petites touches au gré de flash-backs, …, mais là, j’ai trouvé l’intention de l’auteur plus brouillonne, on ne sait pas sur quoi elle a voulu mettre l’accent, il faut l’avoir lu en entier pour comprendre que l’essentiel est le poids d’un traumatisme vécu par une enfant sur toute sa vie adulte, et du coup sur les relations avec ses propres enfants. Ce qu’à subit Eliette, même si le mot n’est pas prononcé, s’appelle une agression sexuelle, n’en déplaise à certains lecteurs qui semblent trouver les réactions de l’enfant disproportionnées. Mais personne n’a vraiment cherché à comprendre, bien que son changement de comportement ait été immédiat. Tout le reste en découle, jusqu’à l’arrestation de son fils Loup. Le sujet est intéressant, mais c’est dommage qu’on ne le sente pas avec certitude d’entrée de jeu : dans Tropique de la violence, il est évident que c’est la violence qui est au centre de l’histoire, dans Rien ne t’appartient, tout est dit dans le titre, mais ici, rien : est-ce l’histoire de la famille qui est au centre, l’histoire de Loup et son arrestation, son enfermement en maison d’arrêt pour mineurs (qui pourtant n’occupe pas tant de pages que ça dans l’ensemble) ? En fait, vu le début du roman et le titre, j’ai l’impression que c’est les deux à la fois et du coup, ça fait beaucoup pour un livre si court et si dense. Mais quelle écriture, admirable jusque dans les moments de silence, et d’ailleurs le silence, entre Eliette et ses parents, entre Eliette et ses enfants, entre eux et le reste du monde, n’est-ce pas lui qui enracine les traumatismes ? Je sors de cette lecture un peu déçue et ce n’est pas le livre que je conseillerais pour découvrir cette auteure talentueuse.
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Tropique de la violence

C’est une histoire de l’intérieur. La violence à Mayotte, les bidonvilles, la pression migratoire. On nous présente cinq regards qui s’entremêlent parfaitement pour le récit. Et la quatrième de couverture ne m’avait pas préparé à un contenu si engagé.



Je retiens le coup au cœur quand arrive l’humanitaire qui croit pouvoir porter tout ça à bout de bras. Et ça fait du bien au roman d’avoir aussi le regard de ce jeune gars qui vient faire du bénévolat à Mayotte. Lui, le naïf, le prêt à tout pour aider et se rendre utile. Celui qui débarque sans avoir été prévenu, ce regard neuf et ahuri de découvrir:  « Mais c’est la France ici! » Et oui Mayotte c’est la France et c’est pas souvent qu’on en parle de Mayotte, de la vie à Mayotte, du bordel inhumain qui se vit à Mayotte. Il faut en avoir entendu de près des familles de Mayotte pour y croire. Il en faut des témoignages, pour comprendre ce qui se passe là bas. Parce que c’est loin de nos vies, loin tout court. « Ça ne t’atteint pas là où ça devrait t’atteindre » p144 comment le lire plus clairement?



Lire absolument, lire attentivement ce livre pour ne pas faire semblant de ne pas savoir. C’est un roman poignant qui donne à comprendre le chaos de l’île plus que ses beautés. Quelle impuissance. Quelle désillusion. Quelle violence. La vie à Mayotte est inimaginable.

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Rien ne t'appartient

Deux femmes se superposent dans cette histoire douloureuse.



Un pays qui peut en être plusieurs, une enfance brisée parce qu’un père montrait des idées trop avant-gardistes, un monde figé dans des coutumes ancestrales où la fille n’a aucune place si ce n’est celle attribuée traditionnellement, un tsunami qui tente de raconter l’horreur, un homme aimant, un beau-fils qui ne l’est pas moins.



Le livre s’ouvre sur une femme Tara, veuve depuis peu, en proie aux démons de sa vie précédente, dévorée par les douleurs, renonçant à ce que peut être la vie.



Car vie il y eut, mais massacrée dans l’histoire de l’autre femme Vijaya.

Une vie tout d’abord belle, idyllique, entourée d’amour.

Une vie ensuite bafouée, où comme lui dit une « gardienne » : « Rien ne t’appartient ».

À part ses souvenirs, ses pensées, ses rêves éloignés, tout est laid, humiliant, sans espoir.

Seuls l’amitié, le respect de l’autre adouciront ce semblant d’existence.

On est au-delà de l’humain dans cette histoire qui recense toutes les servitudes d’un pays, d’une mentalité et de la vie octroyée aux filles.



Une descente aux enfers qui se raconte au fur et à mesure dans ce livre à la façon d’un puzzle.

C’est progressivement que l’on reconstruit la vie de cette femme, de ces femmes, de Tara et Vijaya fusionnée dans la vie et la mort.



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Tropique de la violence

J'ai tendance à me méfier des livres avec beaucoup de prix littéraires.. généralement, ils finissent par ne pas me plaire et je ne comprends pas tout l'engouement qu'ils ont créés... Mais là, je dois dire que j'ai plutôt apprécié ma lecture. J'ai découvert une plume qui m'a plu. Sans fioriture, allant droit au but, percutante. J'ai aussi découvert des personnages vrais, avec leurs côtés sombres qui le hantent. J'ai découvert une région du monde, isolé, qui souffre d'une criminalité, mais qui est un jardin d'Éden pour les étrangers qui y viennent pour donner la nationalité française à leurs enfants, des clandestins, des boat people qui y voient la promesse d'un avenir plus clément... J'ai passé un très bon moment de lecture, même si, à quelques moments, j'ai trouvé les mots durs... Je retenterai un livre de cette autrice parce que l'écriture m'a beaucoup plu.
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Tropique de la violence

Mayotte, violence, pauvreté, mort.

Je pense que ces 4 mots racontent ce livre. Plusieurs narrateurs pour raconter une histoire qui commence par les migrants comoriens, l'abandon et qui se termine par la mort violente.

Entre deux, Mayotte et son immense bidonville (surnommé "Gaza" par ses habitants, c'est tout dire), pauvreté, promiscuité, violence..... loin de la France.... très loin....

Un beau texte, un peu trop court à mon goût. Une bonne entrée en matière sur cette petite île si lointaine, territoire français loin de tout et surtout des droits de l'homme les plus basiques.
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Tropique de la violence

Un coup de coeur, un coup de coeur qui remue, qui frappe fort, une lecture douloureuse, une lecture qui titille les consciences et qui va me hanter un moment. Le témoignage bouleversant, intelligent et révoltant de Nathacha Appanah sur Mayotte est dur et éprouvant, elle décrit une réalité difficile à entendre, à concevoir, à admettre, qui touche, saisit, déchire, insupporte. Une vérité crue et violente à laquelle on se doit de ne pas passer à côté.

Le message passe violemment mais ... sûrement, grâce à une écriture tour à tour poétique, sensible, vive et acérée, violente ... :

violence des mots «...ce jour-là, j'ai failli te tomber dessus et t'éclater comme une papaye et tout de toi, ton oeil vert ton sang ta merde ta bave ton foutu sac tes couilles ta bite ton coeur, tout ça je voulais le voir par terre, sur mes mains et sur les murs» ,

violence des images «...j'en ai vu des petits corps baignés d'écume».



Tropique de la violence porte bien son nom et dresse un portrait très réaliste de la sombre et miséreuse situation dans laquelle Mayotte est plongée : "l'île aux parfums" voit aujourd'hui affluer un nombre considérable et constant de migrants à bord des kwassas kwassas, augmenter la violence et la délinquance. De nombreux jeunes sont livrer à eux-mêmes, à l'instar de Moïse (personnage principal de ce roman) ou encore de Bruce.

Moïse, au parcours incroyable, entouré d'amour et de bienveillance enfant, il partira lui comme tant d'autres à la dérive, déboussolé, désorienté, ancré dans la misère, la crasse et la violence, dépossédé de tout, ne jouissant ni de bonheur ni de plaisirs quotidiens ... Comment venir en aide à ces jeunes ? Comment guérir ce pays ? C'est tout un système à revoir, à corriger, à créer ... encore faut-il sans donner les moyens ! Les politiques, absents, sauf au moment des élections sont à vomir !

Il y a bien Stéphane qui travaille pour une ONG, mais connaît-il la réalité de la vie de ces jeunes ? «[...] je l'écoutais mais ses paroles ne rentraient jamais en moi, c'était comme de la pluie sur ma peau, ça coulait, ça coulait et, à mes pieds, il y avait une grosse flaque de mots.»

Beaucoup trop d'inégalités, de souffrances, d'indifférences ... règnent et gangrènent les quartiers difficiles. «[...] il n'y a jamais rien qui change et j'ai parfois l'impression de vivre dans une dimension parallèle où ce qui se passe ici ne traverse jamais l'océan et n'atteint jamais personne. Nous sommes seuls. D'en haut et de loin, c'est vrai que ce n'est qu'une poussière ici mais cette poussière existe, elle est quelque chose. Quelque chose avec son envers et son endroit, son soleil et son ombre, sa vérité et son mensonge. Les vies sur cette terre valent autant que toutes les vies sur les autres terres, n'est-ce pas ?»



Moïse se rattache à ses rêves «C'est une vie magnifique que d'être un baobab sur une plage.», à son livre «L'enfant et la rivière» véritable talisman protecteur, un moyen de se raccrocher à la vie, à la réalité si dure soit-elle, de retrouver Marie, de ne pas sombrer définitivement ... il est nostalgique de son enfance, il regrette certaines de ses pensées, de ses actes ... «Qu'est-ce qu'on sait de nos cœurs et de ces choses de notre enfance qui nous rattrapent par la cheville et nous retournent brusquement ?»

Un garçon extrêmement touchant ...

«J'aurais voulu pouvoir voler, regarder ce foutu monde de haute, de très haut, être inatteignable, inattaquable, invincible, invisible. J'aurais aimé être un homme oiseau, non j'aurais aimé être un oiseau tout court et piailler ici et partout. J'ai imaginé ... mes souvenirs s'envoler en fumée, mes pattes décoller, mes ailes s'ouvrir et alors, je vole ... Je suis léger et puissant à la fois. Je chante. J'allume le soleil, je suis faiseur de pluies, je fais des merveilles.»

On aurait tant aimé un destin plus gai pour lui, plus réjouissant moins difficile. Mais par manque de cadre, de soutien et même solidement armé, il est difficile voire impossible de résister à l'appel de la violence, de la rue ...

«Sa voix est douce et grave, une voix d'adulte qui sait les choses, qui pourrait tout comprendre, tout réparer. [...] Je voudrais lui dire ... que j'ai été un garçon qui lisait des livres, qui écoutait de la musique, qui était un as du Lego...que la peur m'a paralysé pendant des mois.»



J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman, un roman à plusieurs voix, les personnages tour à tour témoignent, donnent leur point de vue, reviennent aussi d'entre les morts pour nous offrir leur ressenti, évoquer les souvenirs ou tout simplement raconter leur mort; ce procédé apporte richesse, profondeur et originalité à ce témoignage.



De l'émotion vive à chaque page, un aller simple en enfer, celui des laissés pour compte, là où le vide et le chaos règnent en maîtres !



Âmes sensibles armez-vous de courage, ceux qui sont à la recherche d'une lecture détente, revenez un peu plus tard ... et quand vous vous sentez d'attaque, faites un détour par Mayotte, ce lieu où l'on ne maîtrise plus grand chose, où tout part à la dérive, un tout petit endroit qui a tant besoin d'aide !



«Mayotte connaît depuis plusieurs années une montée inquiétante de la violence et de la délinquance. Le cent unième département, surnommé l'île aux parfums ou l'île du lagon, fait également face à une pression migratoire constante venue des Comores, de Madagascar et même de quelques pays africains. Presque vingt mille personnes ont été reconduites à la frontière en 2014 mais les kwassas kwassas continuent d'arriver tous les jours sur les côtes mahoraises. Cinq cent quatre-vingt-dix-sept embarcations ont été interceptées en 2014. On estime à trois mille le nombre de mineurs isolés qui vivent durablement dans le cent unième département de France, sans foi ni loi.»
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La mémoire délavée

Acheté en prévision de mon séjour l'ile Maurice ( que je connaissais deja) et lu lors du voyage aller et fini le premier jour ( la tempête forçant à rester cloitré!) . Très beau récit, intime, de cette remarquable écrivaine sur ses parents , grands parents et arrière grands parents...C'est plein d'émotions, de poésies et c'est un regard sur l'histoire de cette ile biensur mais plus généralement sur les émigrés et leurs façons de s'intégrer en gardant puis en laissant leurs racines ....de génération en génération. pas de jugement sur cela et c'est tant mieux!
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La mémoire délavée

De souvenirs et pensées en mémoire familiale.



« Quand revient le temps des étourneaux qui se déploient dans le ciel pour dessiner des figures […]

J’essaie de décrypter le ballet des étourneaux […]

C’est à la tombée du jour qu’ils apparaissent. C’est à la tombée du jour que nous sommes les plus vulnérables.[…]



L’autrice délivre ses confidences sur l’histoire de sa famille, la découverte des non-dits et des silences, des joies et des peines. C’est un récit très intime et personnel, raconté avec pudeur, délicatesse et poésie. Je l’ai beaucoup apprécié.

J’ai trouvé les interprétations avec les étourneaux – dont j’ai livré quelques extraits - d’une très belle puissance évocatrice ; à l’orée, subtile et poétique, du récit.



Il y a dans cette quête comme une investigation sur les traces d’un passé, un besoin de marcher sur des empreintes fragiles pour mieux comprendre son chemin et se réaliser, c’est un vibrant hommage à ses grands-parents, à ses ancêtres, empreint de respect et de tendresse.



J’ai découvert aussi l’histoire des engagés indiens que je ne connaissais pas.

Leur exil… De l’autre côté de « l’Eau noire » sur l’Ile Maurice.



C’est un récit familial poignant de toute beauté sur la puissance de l’héritage de nos ancêtres, sur le pouvoir de la littérature aussi.

La violence côtoie la douceur dans leur histoire. J’ai trouvé beaucoup de dignité aussi.

Une belle déclaration d’amour à ses aïeux.

*

J’ai été ravie de rencontrer Nathacha Appanah lors d’un salon littéraire, elle dégage tellement de douceur et de sérénité, une force tranquille.



J’ai ressenti de belles émotions avec cette lecture grâce à la plume de Nathacha Appanah.

Certaines lectures résonnent en nous, elles touchent des cordes sensibles par rapport à notre vécu, notre histoire familiale. Ce fut le cas ici pour moi grâce aux liens très forts que j’ai entretenus avec mes grands-parents et aux souvenirs d’enfance à la fois très prégnants et nébuleux parfois.



J’ai lu jusqu’à présent quelques romans de l’autrice, et j’imagine que « Les rochers de Poudre d’Or » son premier roman doit être pertinent à lire après ce récit.

De plus, j’ai beaucoup aimé l’objet livre – édition Mercure de France, collection Traits et portraits, contenant des photos archives de l’autrice, et d’autres illustrations.

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En attendant demain

Quelle belle prose, sensible et juste, évocatrice, que celle de Natacha Appanah, que je découvre avec En attendant demain. Dès le début, nous savons qu'un drame s'est produit, il y a quatre ans, cinq mois et treize jours. Je l'ai d'abord lu comme un thriller psychologique, dans la hâte de découvrir ce qui est arrivé à Anita et à Adam, à Laura, à Adèle, pour changer ainsi leurs vies irrémédiablement. Ne pouvant me défaire d'un sentiment persistant d'insatisfaction, et n'arrivant pas à passer à un autre roman, je l'ai repris du début. Je n'avais pas remarqué certains détails, à prime abord, qui font la beauté du texte. Le foisonnement des thèmes qui y sont abordés: les sentiments et les aspirations de la jeunesse, les choix de vie, le deuil des idéaux, la perte, le traumatisme, les préjugés de classe, de race, la création artistique, l'inspiration... La couleur jaune, omniprésente, pour contrebalancer, peut-être, la noirceur. La symétrie, dans la construction romanesque, qui relie les êtres. Je ne l'ai pas regretté.



Look at the stars / Look how they shine for you / And everything you do / Yeah they were all yellow

Coldplay, Yellow
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Le ciel par-dessus le toit

Après avoir été envoûté par l'excellent Tropique de la violence, il me fallait absolument réitérer l'expérience de la poétique écriture de Nathacha Appanah. C'est donc avec joie que j'ai accueilli, grâce à Lecteurs.com, ce livre dans ma bibliothèque. Alors que le livre précédent m'avait totalement bouleversé, laissant une trace indélébile dans mon parcours de lectrice, Le ciel par-dessus le toit ne m'a pas laissé indifférente, mais presque. Pourquoi ? Le fond pourtant intéressant, genèse d'une famille brisée, a peut-être été supplanté par une forme trop lyrique. Malgré la curiosité qu'inspire cette famille dysfonctionnelle amenant à l'incarcération d'un des leur, je ne me suis pas attaché à leur histoire où bien si, mais seulement à celle d'un seul personnage. C'est donc un rendez-vous manqué pour moi, mais peut-être pas pour vous...!



Il était une fois Eliette, jolie petite fille au teint de porcelaine. Eliette, c'est la petite poupée talentueuse de ses parents, celle qui chante pour la famille, les voisins, les amis et collègues. Et puis la petite fille grandie, et à onze ans, on a plus forcément envie de faire ce que les parents attendent de nous. Alors qu'elle s’apprête à monter sur scène pour la représentation annuelle dans l'usine où ses parents travaillent, survient un incident. Jean ou Gérard, elle ne sait plus, cet homme qui la connaît pourtant, l'embrasse et lui intime de se taire. Les digues sont rompues, Eliette n'est plus, Phénix est née.



Désormais adulte et mère de deux enfants, Loup et Paloma, Phénix jouit d'une liberté sans précédent. Maîtresse de sa vie et de ses envies, elle ne fera pas subir à ses enfants les fantasmes refoulés des parents sur leur progéniture. Les démonstrations d'amour, très peu pour elle. Mais comment se construire, quand l'affection d'une mère n'a d'apparence qu'un visage froid et fermé ? Alors que cette famille semble aujourd'hui brisée, l'incarcération de Loup, dix-sept ans, prend la tournure d'un séisme. Qu'a donc fait Loup ? Comment ce garçon pas tout à fait homme, à la sensibilité particulière, peut-il s'adapter au monde brutal de la prison ? Cet événement, éloignera-t-il encore plus les membres de la tribu ou au contraire, les rapprochera-t-il ?



Roman littéraire en tout point, Le ciel par-dessus le toit pose de véritables questions de société. En dressant avec finesse le portrait d'une famille complexe, Nathacha Appanah, interroge les schémas reproductifs du carcan familial. Ne sommes-nous que les projections de nos parents ou au contraire, le poids de leurs fantasmes nous façonnent-ils à devenir l'opposé ? Ainsi, l'auteure rompt le fil de l'enfance pour exposer le visage de la transition, celui du changement et de l'affirmation de soi, qu'il soit d'une volonté propre ou non, comme Eliette/Phénix.



A cette introduction de l'enfance, la romancière y poursuit son raisonnement en abordant, cette fois-ci, une nouvelle forme de rupture, l'incarcération des mineurs. Avec justesse, elle pose la question de l'enfermement comme punition, solution privilégiée d'un système qui ne sait pas, ou ne veut pas faire autrement. Lisez plutôt ces quelques phrases criantes de vérité :







"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu'il n'avait pas trouvé mieux que l'empêchement, l'éloignement, la privation, la restriction, l'enfermement, et un tas de choses qui n'existent qu'entre les murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c'est-à-dire des gens qui filent droit.

Ce pays avait heureusement fermé ces prisons-là, abattu les murs, promis juré qu'il ne construirait plus ces lieux barbares où les enfants ne pouvaient ni rire, ni sangloter. (...)

Plus tard, parce que toujours ont existé les enfants récalcitrants, les enfants malheureux, les enfants étranges, les enfants terribles, les enfants qui font des choses terribles, les enfants tristes, les enfants stupides (...), ce pays a trouvé d'autres moyens pour les guérir, les redresser, les corriger, les observer, afin qu'ils deviennent des adultes à peu près corrects, c'est-à-dire des gens qui pourraient aller se promener dans des jardins, sous un ciel ouvert, bleu et calme.



Mais toujours et encore, il y a les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent, qui protègent et qui ne guérissent pas les cœurs. "



Malgré des thèmes qui m'ont totalement touché, l'écriture poétique et parfois distante ont fait naître en moi un sentiment d'ennui. Peu empathique envers les personnages, je n'ai d'exception que celui d'Eliette/Phénix qui m'a intrigué, touché par le mystère de cette femme froide à la complexité apparente.



Émouvant, certes, ce roman m'a toutefois laissé sur ma faim, dommage ! Merci à Lecteurs.com pour cette expérience littéraire.



Quelle pâtisserie représente-t-elle le mieux ce livre ? Réponse sur le blog !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Le ciel par-dessus le toit

Une sensation d'étrangeté et de plaisir face à l'écriture de Nathacha Appanah. Une écriture qui m'a emportée de pages en pages. Il y de la poésie et du rythme, son écriture touche l'âme. Pour narrer un récit familial triste, elle trouve des mots, des sensations qui en disent suffisamment et pas trop. C'est l'histoire d'Eliette qui devient Phenix après l'incendie qu'elle déclenche et met fin à son enfance abîmée, son enfance-objet. Comment aimer être mère, comment savoir aimer? Paloma et Loup ses enfants sont les héritiers de l'histoire maternelle. Jeune adulte, Paloma s'affranchit d'un héritage lourd alors que loup est encore trop jeune pour partir et elle promet de revenir le chercher. Loup avant sa majorité tentera de la rejoindre en voiture dans cette cité de C., dans le nord (Caen??), ce qui le mènera en prison. Et nous, lecteurs sommes témoins de ces brisures, ces enfermements physiques et psychologiques mais aussi d'un amour filial et maternel qui résiste et semble renaitre avec les évènements.
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La noce d'Anna

Une belle écriture pour ce roman où une femme, le jour du mariage de sa fille, fait le bilan de sa vie. J’ai trouvé excellent le premier baiser avec un homme de la noce sur le texte de la chanson ‘Le tourbillon de la vie’. Finesse, analyse de la vie, déracinement, etc.



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Tropique de la violence

Dès les premières lignes de son sixième roman, Nathacha Appanah suit les pas de Marie qui, à 23 ans, quitte sa vallée, termine ses études d'infirmière un an plus tard et craque pour Cham, infirmier lui aussi, originaire de Mayotte. Elle l'épouse et le suit, à 28 ans, lorsqu'il revient sur cette île française nichée dans le canal du Mozambique, entre Madagascar et le continent africain.

L'auteure écrit simplement, de façon efficace et précise, permettant au lecteur de s'imprégner peu à peu de la vie, là-bas, où les clandestins ne cessent d'arriver sur ces embarcations de fortune, appelées kwassas kwassas. Devant la préfecture, la foule attend un permis de séjour alors qu'en face, c'est devant le dispensaire qu'une autre foule espère obtenir un ticket…

Marie veut avoir un enfant, sans succès. Elle donne à manger, chaque jour à une petite fille de clandestins qu'elle croise sur la plage mais sa vie bascule lorsque Cham la quitte pour une Comorienne et refuse de divorcer. Aussi, elle n'hésite guère lorsqu'une jeune fille lui donne son bébé aux yeux de couleurs différentes, un noir et un vert, l'hétérochromie. Elle le prend, l'appelle Moïse et l'élève sans oublier tous ces enfants qui naissent dans la maternité de Mamoudzou, la plus grande de France !

Moïse a grandi. Il lit et relit toujours L'enfant et la rivière de Henri Bosco mais sa mère qui souffre de maux de tête, rêve de revenir au pays et ses rapports avec son fils se dégradent de plus en plus.

À partir de là, Nathacha Appanah qui est née à Mayotte et y a vécu les premières années de sa vie, nous plonge dans le drame avec une tension grandissante sous « ce soleil de Mayotte qui fait craquer les dalles de béton et éclater le goudron. » Tour à tour, parlent Moïse, Bruce, Olivier, Stéphane puis Marie à nouveau.

Bruce, s'appelle en réalité Ismaël Saïd. Il est le caïd de Gaza, nom donné au quartier déshérité de Kaweni, à la lisière de Mamoudzou : « Gaza c'est un bidonville, c'est un ghetto, un dépotoir, un gouffre, une favela… » Et c'est la France !

Nous partageons la vie de ces clandestins toujours plus nombreux sur cette île de 200 000 habitants mais qui en compte plus du double. Nous suivons les tentatives inutiles pour sociabiliser ces gosses qui sombrent vite dans le vol, la drogue (le chimique), et la délinquance.

Devant un tel constat, que faire ? Tropique de la violence ne propose aucune solution miracle mais ce roman à la fois très réaliste et très poétique suscite émotion et révolte. Il brise le silence qui s'installe aussitôt après l'agitation médiatique sporadique que suscite le passage d'un politique venu de métropole.
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Tropique de la violence

Magnifique histoire sous les tropiques, dans un pays de fleurs, de soleil et de vacances, mais qui est aussi de misère et violence. Pas de misérabilisme, pas de bons sentiments, mais une lumière crue sur nos vies, nos espoirs déçus, nos rêves brisés. Ici le focus est sur les laisser-pour-comptes et sur cette mère déracinée et en mal d’enfant. Puissant et prenant. Et violent.



Roman choral, parfaitement réussi, avec une alternance de style selon les protagonistes parfaitement maitrisée.
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