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Critiques de Nathacha Appanah (1057)
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Le ciel par-dessus le toit

Plus que Tropique de la violence, qui a connu un succès mérité, c'est dans son roman précédent, En attendant demain, que se révélaient vraiment les qualités de Nathacha Appanah à travers les portraits de personnages blessés, joliment dessinés, et un style chatoyant. Le ciel par-dessus le toit n'est pas franchement une déception mais pas loin, frustrant surtout par la minceur de son intrigue et sa brièveté. L'écriture, qui cherche un peu trop à se faire poétique, n'est pas exempte de scories avec des répétitions gênantes (l'abus des n'est-ce pas) dans une langue presque orale, adaptée à son sujet mais dont l'équilibre entre métaphores et réalisme n'est pas globalement satisfaisante. C'est un peu pinailler, peut-être, mais c'est parce que la romancière mauricienne est talentueuse et que l'on attend davantage d'elle que cette chronique du mal-être entre une jeune femme rebelle et deux enfants qu'elle n'a pas su aimer. Le malheur est-il transmissible, d'ailleurs ? Cela peut arriver mais Nathacha Appanah est d'habitude plus attachée à l'aspect social de ses récits qui s'efface ici devant une histoire de famille. En effet, il n'y a qu'assez peu d'indications sur l'endroit où se déroule le roman. Cela pourrait être l'île Maurice ou bien Mayotte. Cela n'a pas plus d'importance que cela, sans doute, mais les livres de Nathacha Appanah avaient jusqu'alors une dimension qui allait au-delà de l'intimité de vies marquées par le manque d'amour. C'est moins le cas de Le ciel par-dessus le toit qui mérite cependant d'être lu et qui prend place dans une oeuvre désormais bien étoffée et originale.
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Le ciel par-dessus le toit

Quand vous lisez Natacha Appanah, vous êtes transformé(e). Quand vous lirez "Le ciel par-dessus le toit", qui sera édité le 21 août, vous serez bouleversé(e)

Comment vous dire la beauté, la profondeur de ses mots ? Natacha Appanah parle directement à votre coeur, à cette part de vous qu'on vous pousse à ignorer, cette part qui sait l'infinie douceur des sentiments. C'est parfois très triste, c'est toujours rempli d'amour.



Ce court roman, 125 pages, est une parenthèse, une bulle. Prenez le temps de la déguster.



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Le quatrième de couverture :



«Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c'est maison d'arrêt mais qu'est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu'entre les murs. Elles imaginent ce que c'est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là.» Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d'éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l'écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d'un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.
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Tropique de la violence

De ce beau roman polyphonique, on retiendra d’abord la voix de Marie, bouleversante. Elle nous retrace une vie que l’on pourrait appeler ordinaire. Celle d’une jeune fille qui choisit d’être infirmière et qui, à 26 ans, croise Chamsidine dans les couloirs de l’hôpital. Il est beau et l’envoûte avec les histoires de son île nichée dans le canal du Mozambique.

Deux ans plus tard, elle est mariée et habite à Mayotte. « Je respire l’odeur de ce pays que j’affectionne, je regarde le fond de l’eau, j’admire les femmes. J’aime observer les enfants qui viennent plonger dans la rade. » Une certaine idée du bonheur qui va se fracasser sur le tropique de la violence. Trompé par un mari qui n’a pu résister au charme des autochtones, Marie demandera le divorce en échange de la reconnaissance d’un bébé qui lui est confié. Moïse, ce nouvel amour va grandir, devenir un beau garçon plein de promesses avant de basculer au moment de l’adolescence, de se révolter. À la recherche de ses racines, c’est un sentiment de colère et de frustration qui domine au moment où il apprend la vérité sur ses origines. Il se sent « un moins que rien, une merde ». Il ne sera pas là le jour où sa mère s’effondre mortellement dans sa maison. Le jeune homme sera devenu un Djinn, un «être malfaisant» avec un œil vert et un œil noir, un assassin.

Avec une belle habileté narrative Nathacha Appanah démonte ce système et nous fait toucher du doigt la «vraie vie» sur ce bout de France à 8000 km de Paris.

Voilà Moïse qui prend la parole et raconte comment il en est arrivé à prendre une arme et tuer Bruce, pourquoi il ne lui reste de sa mère qu’une carte d’identité, son foulard en soie et le livre L’enfant et la rivière. Voici Bruce qui raconte comment on devient le chef de Gaza, ce bidonville qui ne peut être régi que par la force, par la violence et où tous seuls les trafics en tous genres font office d’emploi. Voici encore les voix d’Olivier, le policier qui ne peut que constater son impuissance ou encore celle de Stéphane, parti de France plein de bonne volonté au service d’une ONG prête à apporter son aide humanitaire et qui verra lui aussi s’envoler toutes ses illusions. En accueillant Moïse, il aura peut-être même provoqué sa perte.

Au fil du roman, le lecteur constate avec désarroi combien cet endroit qui aurait pu être paradisiaque respire la violence, l’ignorance et le dégoût. Si, en réalité, tous les enfants qui naissaient là, où arrivaient des îles voisines en quête de France, n’étaient pas foutus d’avance et avec eux, « tous les garçons et les filles nés comme eux, au mauvais endroit, au mauvais moment. »

Poursuivant son œuvre, l’auteur s’affirme. À la famille, un thème déjà très présent dans "En attendant demain" et dont elle nous offre une nouvelle variation ici, vient se greffer la question des origines admirablement traité par les différentes voix qui s’expriment successivement ainsi que celle plus politique du destin de ces petits bouts de France qui ne sont plus depuis bien longtemps la priorité des gouvernements, sinon pour illustrer la chronique des faits divers et alimenter les discours xénophobes.

On ne peut que souhaiter qu’un Prix littéraire mette encore davantage ces questions en lumière.


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La noce d'Anna

un livre magnifique, un véritable coup de coeur pour cette histoire de maman. Je pense que beaucoup de femmes se reconnaîtront en Sonia. La plénitude de ses 42 ans, son attitude un peu loufoque, en font un personnage attachant. Aujourd'hui elle marie sa fille, si différente d'elle, si raisonnable. Elle observera toute cette journée, avec détachement mais avec un amour fort et réel. Elle laisse toute la place à sa fille depuis toujours, pour s'exprimer, et pour afficher sa vie toute conventionnelle, si différente de la sienne. J'ai aimé cette maman, une vraie de vraie, j'ai espéré être comme elle, si aimante et je sais que le grand jour de ma fille, je me verrai comme elle, spectatrice dans l'ombre et la lumière, regardant avec admiration mais avec peur, mon poussin prendre son envol et évoluer dans sa vie.

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La mémoire délavée

J'aime beaucoup les romans de cette autrice et j'ai eu plaisir à la rencontrer; ici, c'est un essai, un peu plus ardu mais on retrouve la délicatesse et la pudeur de Nathacha. La quête identitaire est un thème majeur et l'écrivaine remonte le temps jusqu'en 1872 lorsque ses ancêtres quittent l'Inde en espérant des jours meilleurs à l'île Maurice. Une fois de plus dans l'Histoire des exilés, c'est la désillusion.

un personnage très intéressant est le grand-père: humilié par un reproche non fondé, il se défend et frappe le contremaître.

"Le temps, lui, passe comme un rouleau compresseur et ceux qui savent meurent avec la vérité". Le grand père est arrêté et condamné à quelques mois de prison.

Le geste d'insubordination de mon grand-père ne lui sera jamais pardonné dans sa communauté, dans ce camp, dans cette plantation, même à la fin de sa peine. De plus, il se fait expulser du camp avec sa femme et leurs deux enfants.

C'est cette mémoire qu'il faut redécouvrir : de même le miracle du père de Nathacha: atteint de poliomyélite, on le cache pour éviter l'hôpital et la grand-mère va le guérir avec patience, amour et des remèdes ancestraux.

Ce sont ces faits que l'écrivaine tente d'arracher à l'oubli; la mémoire ne doit pas être délavée même s'il y a des choses manquantes.

J'ai apprécié de mieux connaître cette écrivaine que j'aime beaucoup ainsi que sa famille et ses ancêtres.
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Le dernier frère

C'est à travers les souvenirs d'enfance d'un vieux monsieur que l'autrice nous dévoile une page méconnue de la 2e guerre mondiale.

En 1944, Raj habitait avec ses deux frères et ses parents dans une cabane branlante au creux de la forêt mauricienne. Les conditions de vie sont très dures, la nature l'est tout autant. Lors d'une de ses pérégrinations, Raj entraperçoit un enfant blond de l'autre côté des barbelés qui entourent la prison de Beau-Bassin où travaille son père. le petit garçon blond s'appelle David, il est juif.

Raj ne sait pas qu'il vient d'entrer de plein fouet dans L Histoire.



L'autrice nous propose donc un roman assez court, tout empli d'émotions. On ne peut éprouver que de la tendresse pour ce Raj, grand-père en larmes devant la tombe d'un enfant parti il y a 60 ans. Roman sur la dureté des hommes et de la nature, sur l'enfance qui s'en va, sur la transmission, sur la vie tout simplement.
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Tropique de la violence

Dès la première ligne, le ton est donné « De là où je vous parle, les mensonges et les faux-semblants ne servent à rien ». De là, en quelques pages, Marie nous déroule le fil de sa vie et on comprend qu’il n’y aura pas de Happy end. Les événements sont ensuite décrits à tour de rôle par plusieurs protagonistes, Moïse le fils adoptifs de Marie, Bruce (ou Ismaël) le chef de Gaza, Olivier le policier et Stéphane le bénévole avec en toile de fond l’île de Mayotte, le Lampedusa de l’Océan indien. Un sentiment de profonde tristesse et de découragement m’a accompagné tout au long de ma lecture. Nathacha Appanah a une plume très agréable, son analyse de la situation est fine et elle a une vraie empathie pour ses personnages que l’on sent abandonnés, livrés à eux-mêmes dans une situation inextricable, sur une petite île Française, comme le décrit Olivier : « Pourtant, il n’y a jamais rien qui change et j’ai parfois l’impression de vivre dans une dimension parallèle où ce qui se passe ici ne traverse jamais l’océan et n’atteint jamais personne. Nous sommes seuls. D’en haut et de loin, c’est vrai que ce n’est qu’une poussière ici, mais cette poussière existe, elle est quelque chose. Les vies sur cette terre valent autant que toutes les vies sur les autres terres, n’est-ce pas ? ».
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Rien ne t'appartient

Lorsque commence l'histoire de cette femme, prête à basculer dans la folie, en proie à des hallucinations, on ne sait pas encore qu'elle est une rescapée. Que celui qu'elle vient de perdre lui a sauvé la vie. Qu'il lui a permis de tenir debout. Et que désormais tout s'effondre autour d'elle, au fur et à mesure que les souvenirs remontent du passé.



Natacha Appanah nous raconte l'histoire de Vijaya, une enfant heureuse et insouciante dont les parents von être assassinés et qui va se confronter à la violence du monde. Une violence qui s'exerce plus encore à l'encontre des femmes et qui va la déposséder de son identité. Amoureuse, elle devient "fille gâchée" lorsqu'elle est enceinte. On lui arrache cet enfant à naître, on l'enferme et on la condamne à une vie de recluse.

Après tant d'épreuves, comment se reconstruire et comment oublier le passé ?

Ce roman délicat et sensible sait trouver les mots justes pour accompagner cette histoire de femme.
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Rien ne t'appartient

Depuis des semaines, depuis la mort de son mari, le chagrin accable Tara. Elle ne mange plus, dort mal, voit apparaître dans son salon un garçon dont elle ne sait s'il est un souvenir ou le fruit de son imagination. Lorsque Eli, son beau-fils, vient la voir, il s'inquiète pour elle, mais Tara, comme à son habitude, se dérobe à toutes les questions. Jusqu'à ce que les fantômes de son passé finissent par lui restituer son histoire… À commencer par une danse qui s'impose à elle, lui ramenant des souvenirs fragmentaires de la mystérieuse Vijaya.



Mon premier achat de la rentrée littéraire a pour thème le deuil et la danse, et je ne crois pas que ce soit les raisons qui me l'ont fait choisir. Du moins ces thèmes émergent d'une première partie volontairement confuse, suivant les pensées de Tara en plein trouble.

Ces cinquante premières pages perturbent un peu, puis la deuxième partie transporte dans un pays qui n'est pas identifié, mais que des détails permettent de situer géographiquement, et prend la forme d'un terrible roman de formation. Une petite fille à la vie douce et facile va y voir tout s'écrouler, et être forcée de prendre un chemin des plus difficiles. À partir de ce moment du roman, j'ai aimé retrouver la Nathacha Appanah de Tropique de la violence ou de Petit éloge des fantômes, le livre que j'ai préféré parmi ceux que j'ai lus d'elle, sa sensibilité, sa compassion, son attention aux sons, aux couleurs, aux odeurs. La délicatesse de sa plume ne masque pas les faits, leur brutalité, et rend un bel hommage aux petites filles qui ont la malchance de naître dans un monde où elles sont considérées comme quantités négligeables.
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Tropique de la violence

Quelle intensité dans ce roman! J'ai vraiment aimé le style de l'auteur qui parvient à se glisser dans la peau de ses protagonistes avec réalisme et émotion. J'ai voyagé géographiquement mais aussi dans l'âme de ces personnages et j'ai été troublé par leur destin et le déterminisme cruel de la vie.
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Le dernier frère

Grosse déception à la lecture de ce livre encensé par la critique.

J'en ai trouvé le style détestable avec ses phrases languissantes. Et le sujet trop alambiqué. L'histoire est celle d'un jeune Mauricien d'origine indienne, âgé de 10 ans, qui perd ses deux frères dans un cyclone avant de se trouver un frère de substitution en la personne d'un jeune Juif qui mourra au cours de leur fuite du camp où le père du premier est garde-chiourme et le second prisonnier.

Cette histoire ne m'a jamais touché.
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Tropique de la violence

Mayotte, l’île aux parfums, l’île au lagon, un confetti aux airs de paradis dans l’Ocean Indien.

Mayotte, un bout de France oublié, une île au bord de l’explosion, un enfer pour des milliers de comoriens repoussés dans des bidonvilles répugnants où règne la violence.

Dans ce roman choc, on entend successivement la parole de Marie, une jeune infirmière arrivée pour suivre son mari et qui sera délaissée faute d’avoir pu lui donner un enfant, d’Olivier le policier, dépassé par un trop plein de violence, de Stéphane, un jeune humanitaire idéaliste confronté à une réalité qui l’accable, et de Bruce un jeune chef de gang qui fait régner la terreur à Gaza, le triste bidonville où échouent les clandestins.

Et entre eux Moïse. Un jeune garçon aux yeux verts et noir abandonné par sa mère comorienne arrivée en « kwassa », effrayée par sa particularité physique, redoutant qu’il ne soit un djinn maléfique, un bébé entravé qui sera recueilli par Marie, auprès de qui il recevra amour et éducation. Mais le décès brutal de cette seconde mère peu après l’annonce des circonstances de son adoption le fera glisser dans un enfer de brutalité et un chaos sans retour.

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Ce livre est époustouflant. Il réussit le tour de force de mettre de la lumière dans la noirceur, de la beauté dans la laideur, de la douceur dans la violence. Un livre de contrastes qui nous donne à voir toutes les facettes de cette île, « son envers et son endroit, son soleil et son ombre, sa vérité et son mensonge ». Une île où la beauté la plus intense s’oppose à une colère la plus froide, à la misère la plus insoutenable. Elle est poignante la vie de Moïse, cet enfant sauvé des eaux mais rattrapé par un destin funeste, et après travers lui, Natacha Appanah nous en dit plus que mille reportages sur le sort de ces jeunes oubliés, délaissés, sacrifiés. Un bout de France où un enfant peut se réjouir de trouver dans la rue une veille brosse à dent oubliée…

Déchirant et révoltant, plus encore aujourd’hui où l’eau manque sur cette île. On imagine sans mal la détresse de ceux échoués dans ces taudis et ça déchire le cœur.

Coup de cœur pour ce texte à la puissance évocatrice remarquable et à la plume d’une beauté renversante.

Une lecture indispensable

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Rien ne t'appartient

Tara est perdue dans son appartement. Un tourbillon lui fait perdre pied. Son mari Emmanuel est décédé. Seul Eli, le fils de celui-ci, la rattrape de justesse. Mais il ne connait pas les démons de Tara liés à son ancienne vie. Tara n'a qu'une envie, fuir. Elle est hantée par un homme qui la regarde.



Au moment de se jeter d'un pont, on bascule vers le passé justement. Qui était Tara en réalité ? Une petite file choyée par des parents dissidents, éduqués dans un pays qui n'est pas nommé, peut-être l'Inde...



Ils attirent la haine et finissent par le payer cher. Vijaya (Tara) est recueillie par un homme qui était au service de de sa famille et sa cousine. Maltraitée, sujette à des crises, elle reçoit la visite d'un homme citadin qui la séduit alors qu'elle est une enfant.



Par peur qu'elle ne soit enceinte, ses géôliers la conduisent dans un ancien temple où des filles "gâchées " comme elle sont exploitées.



Vijaya y vivra quelques années jusqu'à un événement tragique qui fera tout basculer vers une autre vie qui s'offre à elle, ailleurs.



Avec poésie et force, Nathacha Appanah donne vie à une vie faite de noirceur et d'espoir. Naître, souffrir, renaître ?



La quête/perte d'identité est ici un sujet fort, la résilience aussi.



Voici un très bon roman où les atmosphères ont autant de poids que des dialogues intérieurs.

































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Le ciel par-dessus le toit

Loup est un jeune homme de dix-sept ans. On entre dans le vif du sujet avec lui. Tout d'abord, on découvre un poème qu'il écrit derrière les barreaux.

On comprend qu’il est particulier, hors-norme et qu’il doit être incarcéré après un acte répréhensible, on ne sait pas encore lequel.



On remonte alors le fil de l’histoire avec sa mère Phénix, qui est en réalité Eliette, mais ça, c’était dans une autre vie qu’elle a fui. Phénix est droite, ne flanche plus, ne montre pas ses sentiments et son affection à ses enfants, car il y a aussi Paloma, l’aînée effacée.



Eliette a souffert enfant d’être belle, d’être une poupée, d’être embrassée de force et a fini par tout détruire. Plus tard, elle est partie, s’est construit une vie, a eu deux enfants, de pères différents. Et le cadet, Loup, a des crises d’angoisse depuis tout petit. Sa sœur a fui le foyer à dix-sept ans devant la froideur de sa mère en promettant à son frère de revenir vite le chercher... Loup a craqué un jour. Il a pris la voiture, sans permis, pour rejoindre Paloma. C’est donc à ce moment-là que l’incident est arrivé ainsi que l’arrestation. Vont-ils enfin pouvoir renouer, extraire leurs démons pour mieux se retrouver ?



Ce roman est lumineux, écrit dans une langue brute qui dit la souffrance et la difficulté de se construire.
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Tropique de la violence

Ce roman polyphonique nous raconte l’histoire de trois personnages à travers cinq voix qui se croisent et s’entrecroisent : celle de Marie, infirmière venue de métropole qui a recueilli et élevé Moïse, le bébé aux yeux vairons, celle de Moïse, maintenant adolescent, celle de Bruce, chef de bande du quartier de Gaza, à mi-chemin entre le bidonville et le camp de clandestins, celle de Stéphane, travailleur dans l’humanitaire, de passage à Mayotte pour une ONG, plein de bonne volonté et d’illusions, et celle d'Olivier, fonctionnaire de police, consciencieux et ayant la connaissance du terrain, qui sait sur quel équilibre fragile repose la paix sociale. Parmi ces personnages, certains font entendre leur voix de l’au-delà. C’est noir, très noir, la situation est inextricable, dure, désespérante, sans issue. L’écriture par contre est fluide, lumineuse, il y a du rythme et une certaine poésie dans ces mots qui se percutent dans tout ce chaos. Nathacha Appanah nous donne à comprendre ces jeunes livrés à eux-même, à comprendre comment la misère leur fait perdre tout espoir, comment la pression migratoire abîme jour après jour, année après année l’île de Mayotte. C’est à mille lieux des poncifs sur des considérations politiques ou sur l’abandon par la métropole (et en fait la pression migratoire n’a vraiment commencé qu’au moment où Mayotte est devenu un département, en 2009). D’ailleurs par moment on entrevoit les côtés paradisiaques de Mayotte, le lagon, la végétation, très présente, y compris dans le regard de Bruce, qui est né dans le quartier de Gaza à une époque où ce n’était pas un bidonville, mais le quartier de Kaweni. Dans les années 2000 les bangas n’étaient que les habitations provisoires des jeunes garçons de plus de seize ans, avant de déménager à leur mariage, c'était une sorte de rite de passage, rien à voir avec les bangas du roman, cabanes de bidonville. Les romans dont l’action se passe à Mayotte sont très rares et celui-là est un vrai coup de poing qui nous sonne.
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Rien ne t'appartient

Tara, récente veuve d’Emmanuel est perturbée au point qu’elle n’effectue plus aucune tâche ménagère dans son appartement qui devient quasi-insalubre. Eli, fils d’Emmanuel intervient en lui proposant un rendez-vous avec un neurologue auquel elle ne se rendra pas. Cette entrée en matière du roman laisse ensuite la place a ce qui s’est passé avant, la rencontre avec Vijaya, cœur de la narration et réminiscences du passé de Tara. Une vie rapidement perturbée par des violences qui tuent les parents de Vilaya, la malmènent durement, la cabossent et la conduisent au « refuge des femmes gâchées ». L’auteure nous offre un récit d’une grande sensibilité s’appuyant sur une écriture sobre et poétique restituant admirablement le drame de Vilaya-Tara.
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Rien ne t'appartient

A la mort de son mari, Tara sombre. Elle se noie dans des torrents de pensées, de souvenirs qui ressurgissent d'un passé enfoui tant bien que mal. Ses protections se fissurent et elle se retrouve submergée. Une seconde, elle est présente, la seconde d'après, son esprit dérive sans jamais parvenir à s'accrocher à l'instant présent. Ce lot de souvenirs incessants l'envahit et fait apparaître un alter ego, une petite fille du nom de Vijaya. Cette petite fille née dans un pays que l'autrice ne nomme jamais mais que nous devinons être le Sri Lanka, a connu des expériences traumatisantes qui ont forgé son elle adulte, Tara. Suite aux conflits politiques et ethniques, sa famille connaîtra un destin cruel, elle sera pris en charge par la famille de son jardinier et connaîtra une vie d'animal en cage et après un ultime acte pour se sentir humaine, aimée, elle finira dans un orphelinat géré par une Soeur des plus strictes et insensibles, qui lui martèle durement cette phrase "Rien ne t'appartient".



Nathacha Appanah nous emporte avec son écriture sensible, poétique. Elle parvient dès les premiers chapitres à nous faire ressentir cette sensation d'être sur le point de tomber dans l'abîme de la folie, d'être submergée, engloutie par les fantômes du passé. Nous ne pouvons qu'être touchés par le destin de Tara que les hommes, les institutions ont condamné dès son enfance. Nous assistons à sa descente aux enfers, à ses ultimes moments de joies, de bonheur qui lui échappent inlassablement jusqu'à la mort de son mari.



Rien ne t'appartient est un roman bouleversant, percutant dont on ne sort pas indemne.
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Tropique de la violence

Ce roman semble écrit avec beaucoup de sensibilité (féminine) et évite les poncifs habituels sur l'abandon par la métropole, les considérations politiques et autre misérabilisme pour nous livrer le visage de l'île de Mayotte tel que le voit l'auteur, à travers des héros adolescents délinquants et aux histoires compliquées. Très agréable à lire même si, compte tenu du thème, il n'est guère tonique.
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Tropique de la violence

Sur la couverture, prix des lycéens 2018/2019, sur la 4· de couverture, prix Femina des lycéens 2016. A l’intérieur, prix du roman métis des lycéens 2017 et 10 autres, j’abrège: mon Dieu, les lycéens n’ont, j’espère, pas lu, au cours de ces quatre dernières années, ce roman.



Bien écrit, mais comment une écriture peut elle être bonne si elle est vide. Aucune psychologie, et la dérive de cet adolescent qui apparemment n’a rien dans la tête n’a aucun sens. Il pleure sur la mort de son chien mais pas sur celle de sa mère qui l’a élevée seule.

La description des bougainvilliers et des baobabs, effectivement une espèce rare et splendide à Mayotte, a peut être séduit les nombreux remetteurs de prix, ou bien, ce qui est dit, même sans aucune analyse, rentre dans le moule des bonnes pensées.

« Le Grand prix du roman métis de Saint de Denis de la réunion est un prix littéraire français soulignant les valeurs du métissage, de la diversité et de l'humanisme. »



Or dans Tropique de la violence, je n’ai lu ni éloge du métissage, car il est bien plus question de la violence de jeunes de Mayotte, les pauvres, ils n’ont rien d’autre à faire que boire, se droguer, baiser les chèvres et répandre la terreur, ni de la diversité, puisque les migrants qui arrivent dans l’ile française sont des sans papiers et sans avenir, ni de l’humanisme, à part peut être la mère, qui pourtant se reproche d’avoir fait trop de mal à son mari qui l’a quittée pour une autre. Quel mal ? pas expliqué non plus. Ou peut être un éducateur dont le travail est de monter une association et qui essaie de donner un but à ces jeunes, des livres, des films, des débats.



Natacha Appanah semble insinuer que tout cela est inutile, que le racisme, le rejet de la culture blanche dans son ensemble est le plus fort et qu’il ne suffit pas d’être noir si tes paroles sont blanches, si tu lis ( horreur), si de plus la mère qui t’a adoptée est blanche. Elle meurt soudain sans que personne ne la frappe, ne lui fasse peur « c’est bien une mort de Blanc, ça, une mort de riches dont les poubelles débordent. »



Son écriture est sèche, elle fait le constat, point.

De la violence.

Pas plus d’issue que d’analyse à part faire parler un caïd. Le pauvre, l’instituteur lui a dit qu’il n’était pas capable d’étudier, alors….



Petit détail qui a selon moi son importance : l’animateur plein de bonne volonté est surpris de voir le sang rouge d’un noir.

S’il avait vu du sang de roi, il aurait été bleu.

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Le ciel par-dessus le toit

Ce roman fut présent dans ma PAL à la rentrée littéraire de septembre 2019. Certes,il est n'est pas parfait, j'aurais voulu plus ,gratter encore sous la surface de cette histoire qui m'a tellement bouleversée ,découvrir jusqu'à l' épuisement les personnages de Loup,Paloma et Phenix.

Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de lui donner 5 étoiles. Parce que...

Il nous parle d'Eliette,alias Phenix qui porte son nom si bien,une mère qui sait pas comment aimer ses enfants,qui sait pas comment les protéger,les garder auprès d'elle.Enfant à l'enfance brisée,trop aimée ,mal aimée ,Phenix noie ses malheurs dans l'alcool .

Loup, a 17 ans et c'est un garçon en manque d'amour.Il est aussi différent , fragile et naïf .Sa sœur,Paloma ,a choisi de quitter le foyer et essaie de se construire ailleurs.Quand elle est partie, elle a promis a Loup de revenir et le chercher,chose qu'elle n'a jamais fait.

Et un jour,un événement perturbant arrive...un événement qui entraînera Loup en prison.

C'est un petit livre qui m'a touche énormément. Un livre sur une société cruelle et marginale,sur des sentiments refoulés,sur des silences qui pèsent trop lourd.

L'auteure nous entraîne dans une histoire intime et déchirante,un triangle qui renferme des liens cassants, des enfances instables,des vies saccagées. Lumineux et sombre a la fois, ce récit nous attrape le coeur des le début ,en le lâchant qu'a la fin.

La plume de Natacha Appanah me plait beaucoup et j'ai hâte de me plonger dans un autre de ses romans . Je l'ai trouvée fluide, délicate et tres poétique .







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