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Critiques de Nathalie Dau (189)
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Livre de l'énigme, tome 1 : Source des tempêtes

Le Seigneur Cerdric est né sous le signe de la malchance. C'est un pauvre gus rejeté de tous, et d'abord de sa bellissime et odieuse mère. C'est un pingouin sans don particulier, ce qui est un comble dans un livre de Fantasy. Même pas un petit peu de magie à se mettre sous la dent… Rien ! Il est réfractaire à tout, notre pauvre Cerdric… C'est un zigoto sur lequel de puissants princes fondaient de grands espoirs et qui n'a rien à offrir en retour sinon sa propre nullité, ce qui les rend d'humeur chafouine comme vous pouvez vous en douter… Parce qu'il aurait dû jouer un rôle de premier plan dans la tempête destructrice qui s'annonce… Mais que peut faire un humain dans un monde asservi par la magie, dans un monde où les fées règnent en maître dans la forêt bleue. Et humain, Cerdric l'est désespérément ! Courageux mais pas trop ; fidèle jusqu'à un certain point ; entêté, hâbleur, bouffon un peu trop souvent ; impulsif, roublard, fou ; aimant et généreux aussi, beaucoup trop. A défaut de pouvoir écrire l'histoire avec un grand H, il suivra comme un vrai cabochard la destinée de Ceredawn. Un surdoué de la magie celui-là ! Il peut tout faire ! Lancer des éclairs, papoter avec les animaux et la nature, utiliser des dons de télépathe, avoir des rêves prémonitoires, et j'en passe… Un vrai couteau suisse des super-pouvoirs !

L'avenir de ce monde si contrasté, plein de poésie et de violence, de pureté comme de dépravation dépend du combat que vont se livrer Ceredawn et Arvrylith, autre surdoué de la magie, mais plutôt du côté obscur, et personnage aussi complexe et torturé que son nom.

Je vais lire le tome deux ! Pas pour connaître le résultat du combat homérique que vont se livrer les deux magiciens, mais pour découvrir les nombreuses facéties auxquelles va devoir se livrer notre petit d'homme pour exister entre ces deux monstres sacrés...

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Lancelot

Lancelot du Lac est un de ces personnages de légende dont on connaît tous aujourd'hui et le nom et l'histoire. Fils du roi Ban élevé par la Dame du lac et appelé à devenir le meilleur chevalier de la Table ronde, proche compagnon d'Arthur qui échouera à s'emparer du Graal et s'éprendra de la reine, participant ainsi à la chute de Camelot, Lancelot est un personnage atypique, bourré de contradictions, sur lequel la littérature ne se lasse pas depuis des siècles de s'interroger. C'est à l'occasion du festival Zone Franche qui se déroule à Bagneux depuis maintenant cinq ans que les éditions ActuSF ont décidé de rendre hommage à ce personnage phare de la légende arthurienne par le biais d'une anthologie réunissant les textes d'auteurs français réputés dans le domaine des littératures de l'imaginaire, qu'il s'agisse de Fabien Clavel, Anne Fakhouri, Lionel Davoust ou encore Jeanne A. Debats. Des valeurs sûres, donc, qui nous font sans surprise don de nouvelles toutes plutôt sympathiques et qui feront passer aux lecteurs amateurs des littératures de l'imaginaire (et aux fans de la légende arthurienne en particulier) un bon moment de lecture.



Avant de m’attarder plus en détail sur quelques unes des nouvelles présentes au sommaire, je me permettais cela dit de soulever un léger bémol, notamment en ce qui concerne le contexte choisi par les différents auteurs qui, pour la plupart, situent l'action dans un royaume sur le déclin, pourrissant, voire déjà au-delà de toute salvation. Un choix compréhensible, même s'il aurait, à mon humble avis, pu être intéressant d'également découvrir le personnage à l'apogée de sa gloire, et non pas seulement au plus bas, rejeté et haï de tous. De même, j'ai souvent eu l'impression de toujours avoir plus ou moins à faire au même Lancelot : droit, voire parfois un peu trop rigide, preux, pieux, désespéré d'avoir échoué et trahi... Même si ce portrait est bien évidemment le reflet des nombreux écrits consacrés à la légende des chevaliers de la Table ronde de part les siècles, il aurait cela dit une fois encore été intéressant que certains des auteurs se détachent un peu plus du mythe d'origine pour donner vie à un Lancelot plus original, plus surprenant (je pense à titre d'exemple au Lancelot de « La saga du roi Arthur » de Bernard Cornwell qui dépeint le chevalier comme un véritable lâche, habile à tromper son monde et bien éloigné de la légende).



Parmi les nouvelles les plus réussies, quatre se distinguent particulièrement à mon goût : les deux premières mettent en scène Lancelot aux prises avec la légende et l'inéluctabilité de son destin, les deux suivantes prennent place dans un cadre plus contemporain et sont écrites dans un style beaucoup plus incisif et sur un ton volontiers humoristique. Avec « Le meilleur d'entre eux », Lionel Davoust amorce avec succès une véritable réflexion sur l'importance du personnage de Lancelot dans la légende. Légende dont il questionnait déjà l'essence même dans une autre nouvelle, « L'île close », dans laquelle les personnages du mythe ne cessaient de reproduire encore et encore les mêmes actes, sans pouvoir échapper au rôle que leur avait attribuée l'histoire. La nouvelle nous offre également un bel aperçu de l'amour unissant Lancelot et Guenièvre, tout en réussissant à ne pas laisser Arthur de côté. Pari tout aussi réussi pour Armand Cabasson et sa nouvelle « Le vœu d'oubli » dans laquelle on découvre un Lancelot amnésique car ayant fait le choix d'effacer sa mémoire afin de ne pas commettre l'irréparable et trahir son roi. L'auteur insiste là encore sur l'impossibilité pour le chevalier, et au-delà de tous les autres figures de la légende, d'échapper à son destin.



Les deux textes qui clôturent l'anthologie baignent dans une ambiance radicalement différente du reste de l'ouvrage et figurent à mon sens parmi les plus abouties. C'est notamment le cas du « Lance » de Jeanne A. Debats qui reprend ici le héros de son précédent roman « Métaphysique du vampire ». On retrouve donc Navarre, vampire au service du Vatican dans les années 1930, à qui on confie cette fois la mission d'aller tirer Lancelot de son sommeil éternel sur l'île d'Avalon afin de lui faire affronter une menace redoutable réveillée par un certain Hitler. Un texte bourré d'humour qui déconstruit le mythe du chevalier parfait et met en scène un protagoniste particulièrement attachant (je vous conseille d'ailleurs les autres nouvelles de l'auteur consacrée à Navarre et parue dans diverses autres anthologies, le personnage vaut le détours...). Toute aussi déjantée, la nouvelle de Karim Berrouka (« Pourquoi dans les grands bois, aimé-je à m'égarer ? ») met cette fois en cette une équipe de quatre policiers à qui l'on confie une enquête pour meurtre et qui vont finalement se retrouver en pleine forêt à assister à la lutte sans merci que se livrent depuis des siècles les chevaliers Lancelot et Gauvain.



Une anthologie divertissante rendant un bel hommage à ce personnage ambiguë de la légende arthurienne par le biais de certains des auteurs les plus en vogue au sein des littératures de l'imaginaire. A ceux qui seraient passionnés par le sujet je conseillerais également les excellents « De Brocéliande en Avalon » et d'« Avalon à Camelot », deux autres anthologies dirigées par Lucie Chenu a qui on doit d'ailleurs la postface de ce sympathique « Lancelot ».
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Livre de l'énigme, tome 1 : Source des tempêtes

Dernier roman en date de Nathalie Dau, « Source des tempêtes » n'est pas à proprement parlé un inédit puisqu'une première version de l'ouvrage avait déjà été publiée il y a quatre ans chez Asgard. Retouché entre temps par l'auteur, le roman reparaît donc aujourd'hui sous une autre forme et marque le coup d'envoi d'un nouveau cycle de fantasy intitulé « Le livre de l'énigme ». L'auteur met en scène un univers dans lequel une certaine catégorie de mages (les mages bleus) ont été impitoyablement éradiquées par leurs confrères à l'exception d'un seul qui parvient à échapper au massacre grâce à ses accointances avec le seigneur local. Bien que privé de sa magie comme de sa semence, il deviendra pourtant celui qu'une ancienne prophétie a désigné comme le géniteur d'un enfant si exceptionnel qu'il changera à jamais le cours de l'histoire. On pourrait à première vue s'inquiéter du caractère trop classique du roman qui réunit quelques uns des poncifs les plus fréquents de la fantasy (un élu, une quête, des mages, une prophétie...). Nathalie Dau réussit néanmoins à nous surprendre, notamment en faisant le choix de ne pas se focaliser sur le personnage de ce fils prodige mais plutôt sur celui de son demi-frère. Or le destin de ce dernier promet d'être beaucoup moins glorieux... Abandonné par son père, méprisé par sa mère, isolé dans son domaine de Cassegrume... : la vie du jeune Cerdric ne démarre pas franchement sous les meilleurs auspices et c'est justement ce qui rend le personnage attachant.



C'est donc la voix de ce jeune homme un peu maladroit et en manque d'affection qui nous guide pendant la majeure partie de ce premier tome qui suit son cours paisiblement. Le nombre de scènes d'action est en effet plutôt limité, l'auteur cherchant avant tout à poser les bases de son univers plutôt qu'à faire évoluer son intrigue, ce qui n'empêche pas le lecteur de s'absorber facilement dans cette histoire mêlant magie, complot et amour fraternel. Le style y est évidemment pour beaucoup, la plume de Nathalie Dau se révélant très agréable et donnant parfois lieu à des moments presque enchanteurs, notamment dès qu'il est question de la Forêt bleue et de ses habitants. Tout juste pourrait-on regretter l'insistance un peu trop marquée de l'auteur concernant l'intensité des sentiments qu'entretiennent certains de ses personnages. On peine par exemple à bien saisir d'où vient au narrateur cet amour inconditionnel et presque frénétique pour son frère qu'il ne connaît que depuis quelques jours... L'univers, lui, est pour le moment trop peu développé pour qu'on puisse véritablement s'en faire une idée précise mais semble néanmoins prometteur. L'auteur introduit ainsi un certain nombre d'éléments concernant l'existence de différents ordres de mystiques, la présence dans des régions reculées de races surnaturelles dotées de pouvoirs bien spécifiques, ou encore quelques légendes impliquant des créatures plus classiques comme les fées ou les dragons.



« Source des tempêtes » marque le début d'un nouveau cycle qui ne révolutionnera certainement pas la fantasy mais qui dispose de suffisamment d'atouts pour séduire les amateurs du genre. Inutile de vous dire que j'attends maintenant avant impatience de lire la suite.
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Lancelot

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Livre de l'énigme, tome 1 : Source des tempêtes

Ce roman avait été l'un des coups de coeur 2016 de mon libraire. Je l'avais donc gardé en tête, le temps de trouver un moment pour le lire. Puis, quand j'ai su que l'auteure serait présente lors d'une nouvelle Soirée Imaginaire, le 9 Mars prochain, dans ma librairie habituelle, je n'ai plus hésité. Je n'ai pas toujours le temps de le faire mais je préfère lire le roman avant de rencontrer son auteur, je trouve que cela facilite la discussion avec lui.



Difficile de résumer l'univers de Source des Tempêtes tant il est dense. Il est vrai que la couverture (sublime encore une fois! Les moutons électriques font des merveilles!) laisse entendre la présence de dragons mais la part laissée à ces créatures imaginaires n'est pas aussi importante que cela dans le récit. Sur le continent Cestre, les Mages Bleus ont été massacrés. Seul Keral Asulen a survécu mais à quel prix! Il a non seulement perdu son drac qui lui permet d'user de sa magie et il ne pourra plus avoir d'enfant. Son premier fils Cerdric est un Réfractaire, c'est-à-dire que la magie n'agit pas sur lui. Mais, pire que cela, ce dernier ne pourra pas accomplir la fameuse proprétie de l'Enigme. Or, la vie trouve toujours son chemin et Keral Asulen, contre toute attente, engendre un second fils Ceredawn avec une Rive, une créature féérique issue de la Forêt bleue. Ceredawn, dès son plus jeune âge, montre des aptitudes très développées et semble posséder un drac extrêmement puissant. Ne serait-il donc pas l'enfant de la prophétie?



Le tome 1 de Source des Tempêtes est loin du coup de coeur auquel je m'attendais. Si les deux premières parties étaient très efficaces et bien amenées, en revanche, le récit perd de sa puissance dans la troisième (environ les 150 dernières pages) à cause de trop nombreuses longueurs. Ce premier tome est dense (445 pages avec une petite police) et je pense que quelques coupes auraient été nécessaires pour rendre le récit plus sémillant.

Passé cet écueil, ce roman est indubitablement d'une grande qualité. Certes, les différents éléments qui composent l'univers sont relativement classiques dans la Littérature SFFF d'aujourd'hui comme la présence de magiciens, de dragons ou de fées mais Nathalie Dau parvient à se les approprier en lui apportant des éléments personnels. Je citerai ainsi un nouveau vocabulaire pour les repères temporels tels que la malune (pour les mois) ou l'organisation sociale comme le Bréon (sorte de comte) ou de nouveaux repères géographiques avec la présence d'une carte en début de tome. Je dois bien reconnaître également que l'immersion n'est pas évidente au début car il faut un petit temps d'adaptation mais c'est également ce qui rend l'univers aussi riche et complexe.

L'écriture est également très agréable bien qu'elle manque de fluidité, du moins, au début, le temps d'assimiler le nouveau vocabulaire.

En ce qui concerne les personnages principaux, Cerdric, malgré tous ses malheurs, ne m'a pas vraiment paru sympathique. Il est toujours en train de geindre ce qui m'a quelque peu lassé. Quant à son frère Ceredawn avec son petit côté parfait, intelligent et mature malgré son jeune âge, n'a pas attiré non plus mon empathie. Les personnages secondaires m'ont davantage plu et j'ai beaucoup apprécié la mère de Cerdric, Nerasia, sorte de Cersei Lannister machiavélique ainsi que la mentor de Ceredawn, Yspaddadora qui ne manque pas de caractère.



En conclusion, le tome 1 de Source des Tempêtes est introductif et joue son rôle, le temps d'assimiler un nouvel univers complexe mais riche. S'il comprend quelques longueurs, notamment dans la troisième partie, ce qui est un peu dommageable pour le rythme du récit, ce tome n'en reste pas moins de qualité. Son écriture est foisonnante, son intrigue pleine de ressources, les nombreux personnages notamment les secondaires ne manquent pas d'intérêt et l'on sent que l'on se situe aux prémices d'une saga qui n'a pas encore révélé tous ses secrets. J'ai donc hâte de découvrir le tome 2 qui sortira début mars et de rencontrer l'auteure.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Reines et Dragons

Après trois éditions des Imaginales d’Épinal où l’anthologie était dirigée par l’organisatrice du festival, Stéphanie Nicot, celle-ci laisse la main à d’autres auteurs et charge, en 2012, le prolifique duo créateur Sylvie Miller – Lionel Davoust (et très bons nouvellistes) de faire perdurer le regroupement thématique de nouvelles qui paraît chaque année en mai. Là où Stéphanie Nicot dirigeait des anthologies titrées par des associations logiques comme « Rois et Capitaines », Sylvie Miller et Lionel Davoust ouvrent un arc d’anthologies qui vont associer une figure forte de la fantasy avec une créature fantastique. Ainsi, Reines et Dragons se place d’emblée dans cette optique très intéressante à lire comme à écrire.



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Comme ces douze nouvelles ont été lues au cours d’un Challenge courant sur une année entière, chacune d’elles a son propre petit paragraphe d’analyse.



Parmi les auteurs conviés à l’anthologie Reines et Dragons, il y en a peu que je ne connaissais pas d’avance ; Chantal Robillard fait partie du lot. Ecrivain, conservateur en bibliothèque et poète, elle semble avoir de multiples facettes qu’il est forcément difficile de cerner en peu de pages. Dans Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie, elle livre une très courte nouvelle particulièrement parlée et phrasée. Ce n’est pas pour rien que la préface de Sylvie Miller et Lionel Davoust, les deux anthologistes, on nous conseille de la lire à haute voix. Ils l’ont sûrement choisi comme ouverture de leur ouvrage parce qu’elle est accrocheuse justement par cet aspect-ci et par le fait d’être très court.

Avec l’incessante complainte « Drégonjon, Drégonjon, viens nous secourir ! », Chantal Robillard prend le risque de lasser le lecteur dès le départ en ressassant cette réplique. Cela prend heureusement place dans un contexte simple à saisir : de jeunes elfes invoquent Drégonjon pour qu’elles soient sauvées de leur situation délétère. Je vous laisserai juger de la thématique choisie qui, bien que désormais convenue, a toujours besoin d’être remise en avant au vu d’un certain patriarcat latent et traditionnel. Pour autant, même si l’orientation de l’anthologie est totalement respectée avec le dragon protecteur et la reine qui s’élève, je ne cesse de me questionner sur l’intérêt de quitter un joug pour un autre, de rejeter un enfermement pour une relation peut-être trop peu définie en fin de nouvelle...



Thomas Geha, alias Xavier Dollo, est déjà un auteur que je connais davantage. La saga Alone, le diptyque du Sabre de Sang ou bien American Fays en collaboration avec Anne Fakhouri sont autant d’ouvrages très appréciés à chaque critique, le tout étant parfaitement complété par de nombreuses nouvelles dans tous les genres de l’imaginaire.

Celle qu’il a proposée à Sylvie Miller et Lionel Davoust, « Chuchoteurs du Dragon », se déroule dans un monde médiéval de fantasy, le Royaume de l’Esflamme du Dragon, où les castes sont bien segmentées et les secrets bien gardés. Nous découvrons rapidement Hiodes, reine et héroïne, dans les bras de son amant Malwenn, guerrier d’élite. Leur amour va se retrouver confronté aux rêves par lesquels le fameux Dragon se lie aux monarques qu'il a choisis.

C’est un texte relativement classique que nous livre Thomas Geha, dans le microcosme de la fantasy médiévale sur le thème « Reines et Dragons », mais efficace. Il est toujours compliqué de faire ressentir l’onirisme de certaines situations et la façon dont il le fait rapproche plutôt cette œuvre de l’univers du Sabre de sang, avant tout, avec une magie induite par les forces même qui anime son monde, qu’elles soient encore vivaces ou déliquescentes. C’est donc la trame de fond qui va surtout rester dans l’esprit du lecteur, après avoir terminé « Chuchoteurs du Dragon » : le choix des souverains par une créature fantastique au statut compliqué, le passage du titre de Chuchoteur à celui de Lié, etc.



Au tour d’Adrien Tomas, avec « Ophëa », de nous donner l’envie de découvrir sa vision des Reines et des Dragons. Il y dévoile une vision classique certes, sûrement à l’image de ses premiers romans (La Geste du Sixième Royaume ; La Maison des Mages), mais particulièrement divertissante et qui révèle, à la toute fin, un sel bien placé.

Ophëa est la jeune reine d’un royaume ayant récemment perdu son souverain, le chevaleresque Naïel, mort au combat face à la « Bête » qui terrorise les alentours. Forcée de concéder du pouvoir, Ophëa doit se résoudre, telle Pénélope dans l’Odyssée, à épouser, pour le bien du royaume, celui qui réussira à vaincre le Dragon (car c’en est un, et de belle taille) et à lui rapporter sa tête. Pour venger le souverain précédent, pour acquérir encore plus de pouvoir, pour la gloire, pour l’honneur, pour l’amour même, les seigneurs du plus puissant au plus humble défilent devant la créature pour l’affronter plus ou moins courageusement. Outre un classicisme encouragé par le thème de départ, certains pourraient tiquer sur un léger abus des comparaisons au premier abord, mais finalement le récit prend le pas sur le reste et on chevauche l’intrigue comme ces chevaliers leur monture.

La nouvelle d’Adrien Tomas suit raisonnablement une structure en trois parties cohérentes : l’exposition (une situation mal barrée qui pose un objectif clair, net et précis), le déroulement de l’action (si son état d’esprit était morne, le lecteur reprend du baume au cœur, tandis que si le début avait été déjà très apprécié, ces moments de bravoure ou de lâcheté n’en sont que meilleurs), et enfin le dénouement (que je ne dévoilerais pas ici, évidemment). L’auteur prend totalement au mot le titre de l’anthologie et son intention est tout à fait louable, car elle pourrait servir, en ce début d’anthologie, de maître étalon aux nouvelles qui suivent.



Anne Fakhouri, auteur du Clairvoyage, de Narcogenèse et d’American Fays, a l’habitude du récit initiatique et de la mise en place du sentiment amoureux ; elle utilise cela dans sa nouvelle « Au cœur du dragon ».

Jil et Œuf de Dragon font partie d’un peuple vivant au pied de montagnes habitées par des dragons plus ou moins mystérieux (il en existe plusieurs espèces ce qui complexifie l’affaire). Ceux-ci sont à la fois dangereux et pourvoyeurs de matières premières bien utiles pour le fonctionnement de la société qui les côtoient, c’est pourquoi ils constituent un défi pour les « grimpeurs », caste de casse-cous dont le rite d’initiation, d’entrée, est bien sûr de grimper dans un des repères draconiques pour en ramener un trophée. L’amitié tendancieuse nouée dès le départ entre Jil et Œuf du Dragon sera évidemment l’enjeu de cette quête.

Clairement, c’est davantage la figure du dragon dans toute sa complexité qui est développée que celle de la reine, mais ce n’est pas un constat qui pose franchement problème ici, puisque la nouvelle se fonde davantage sur la compréhension (ou non, pour le coup) de l’essence même des dragons, et de ce qui les relie à ces « grimpeurs ». Dans le style, j’ai été moins convaincu, car de ce que j’ai déjà lu d’elle, Anne Fakhouri m’a habitué à plus de répondant, humoristique par exemple ; bien sûr, il y a quelques lignes de dialogue croustillantes, mais je me demande si c’est une nouvelle à conseiller pour découvrir cette auteur, au moins pour la construction des sentiments entre les personnages, là oui.



Justine Niogret nous offre, elle, une bouffée d’air frais à respirer avec attention. Sa nouvelle « Achab était amoureux » nous étonne dès le départ avec non pas un, mais deux titres mystérieux. En effet, « Achab était amoureux » figure au sommaire, ainsi que dans la mise en page ; toutefois, le titre au début de la nouvelle est en fait « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde » ! Apparemment, c’est la seule nouvelle de Justine Niogret à avoir vu son titre accepter par les anthologistes… et puis finalement non, voilà tout ! c’est plutôt « Achab était amoureux » qui fut retenu. Mystère de l’édition d’une anthologie...

L’auteur de Chien du Heaume et de Mordre le Bouclier, comme à son habitude, réussit dès les premières lignes à tourner le thème imposé (des reines et des dragons) dans une direction toute personnelle. Le climat est rude, la vie dure et les rencontres pas toujours heureuses. Justine Niogret cultive là le dilemme entre le confort de la proximité et l’aventure vers l’inconnu, entre l’assurance et la tentation. Le décor mis en scène autour de ce duo improbable (la jeune Reine et le sage dragon retiré du monde) est clairement beau. Et, après lecture, on comprend bien tout l’épais mystère entourant le titre de cette courte nouvelle : « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde » expose une justification sous forme de métaphore au fait que, bel et bien, « Achab était amoureux ». Il y aura donc au moins une référence que je cerne pleinement, celle du destin liant un chasseur et sa proie, une personne et son destin, un amour et son objet.



Comme très souvent, Pierre Bordage, qu’on ne présente plus, fait une petite incursion dans la fantasy relativement classique pour offrir sa contribution à l’anthologie officielle des Imaginales. Pour le thème des reines et des dragons, c’est sa nouvelle « Morflam » qui nous narre la rencontre de l’une et de l’autre.

Aux confins du royaume de Mandraor, surgit à nouveau le dragon Morflam ; à Saordor, la capitale, la toute jeune reine Hoguilde, déjà particulièrement catégorique dans ses premiers choix politiques, doit affronter cette nouvelle menace pour son royaume avec fermeté malgré son jeune âge et surtout en s’affirmant en tant que reine. La fine fleur des chevaliers partie au combat, Hoguilde finit par fuir sa capitale et ses rencontres en chemin vont décider de sa destinée royale.

Pierre Bordage nous emmène ainsi dans un monde médiéval-fantastique assez classique avec une héroïne forte mais très peu expérimentée et ses rencontres se révèlent cousues de fil blanc. Malgré tout, il est toujours aussi fluide de lire des écrits de Pierre Bordage ; les personnalités s’installent vite et l’intrigue suit tranquillement son cours. Si tout le monde n’adhérera pas à la réflexion qui sous-tend toute la fin du récit, cette nouvelle se laissera lire sans complexe.



Charlotte Bousquet, auteur notamment de la trilogie de l’Archipel des Numinées, propose pour l’anthologie Reines et Dragons une variation déjà beaucoup moins classique et évidente que certains de ses collègues. Avec « Azr’Khila », nous plongeons dans d’antiques déserts arides et mortels.

Pour la pauvre Yaaza, femme âgée du désert, la vie n’est pas simple, c’est un euphémisme. Suite au massacre de sa tribu lors d’une razzia des cavaliers teshites avec force pillages et viols, elle se retrouve seule avec sa vieille chèvre Buruyi. Divagations et envies de vengeance se mêlent pour nous mener vers une magie vaudou autour de la déesse-reine Maysa Khila et son représentant-vautour. Le mystère emplit bien vite les pages de cette nouvelle, d'autant plus que le lecteur peut légitimement chercher assez loin la relation reine-dragon, mais au moins, grâce à Charlotte Bousquet, nous sortons largement de l'épisode classiquement classique choisi par certains de ses collègues, pour plutôt filer vers une variation atypique.

Le style de Charlotte Bousquet, dans cette nouvelle en tout cas, n’est pas fluide du tout, et ce pour une bonne raison, puisqu’elle est, semble-t-il, dans une recherche constante du mot juste ; et, de fait, l’ensemble apparaît un peu moins évident qu’à l’accoutumée dans une nouvelle normalement rapidement lue. Avec ses non-dits et ses choix scénaristiques, l’auteur donne, au fond, l’impression d’offrir deux histoires en une, avec ce choix final relevant de deux hypothèses possibles. Au lecteur d’opter pour sa préférée...



Vincent Gessler, auteur suisse de Cygnis (Prix Julia-Verlanger et Prix Utopiales européen 2012), est déjà quelqu'un de plus récent, de plus discret aussi que certains de ses camarades de cette anthologie. Plus spécialisé dans la science-fiction au départ, il tente avec « Où vont les reines » une plongée dans la fantasy bien épurée.

Alors donc « Où vont les reines » ? « Dans ton cul », dirait l’autre. Pourtant, ce n’est pas là où va être envoyée Ae par sa mère. Alors qu’elle découvre sa maternité, sa mère, la reine d’Akhit, la dépêche dans l’endroit secret où vont les souveraines chaque année à partir de leur premier enfantement. Car, en fait, les reines d’Akhit sont des tueuses de dragon et le fait de partir en étant enceinte leur accorde le droit d’atteindre un sanctuaire de dragonnes.

Sans dévoiler le dénouement, on peut regretter un petit manque d’évolution et d’enjeux que les mots choisis ne gomment pas vraiment : Ae a le mérite de découvrir de quoi nous tenir en haleine pendant une nouvelle, mais nous n’allons pas non plus énormément loin dans la réflexion autour de la situation. Heureusement, nous sommes totalement dans le thème de l’anthologie : de vraies reines, majestueuses et fortes, face à de vrais dragons, puissants et reptiliens.



Érik Wietzel est un auteur déjà bien rompu à la fantasy pure (La Porte des Limbes, Cycle d’Elamia, Les Dragons de la Cité rouge) et sa nouvelle « Le Monstre de Westerham » ne dépareille pas de ses habitudes d’écriture (en matière de fantasy, car il est aussi largement passé à l’écriture de thriller depuis).

Encore une fois, nous tombons sur une étrangeté dans le titre : « Le Monstre de Westerham » s’affiche en tête de la nouvelle et dans la table des matières, pourtant nous trouvons « Le Prix de la trahison » en haut de la mise en page. Étrange donc, sachant que les deux titres sont suffisamment mystérieux sur le ton de la nouvelle ; peut-être est-ce là un problème semblable à celui rencontré par Justine Niogret pour « Achab était amoureux / « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde ».

D’abord, nous suivons le duo Askelle et Klarion : la première, malgré les conseils et envies de son frère, part dans la quête d’un Crâne de Valeur. D’un autre côté, nous rencontrons Ayline, souveraine d’Arnilton mais reine réfugiée à Straton, qui cherche à reconquérir sa capitale. Les deux quêtes vont inévitablement se croiser en un dénouement bien trouvé.

Érik Wietzel a suffisamment bien tourné ses descriptions pour éviter toute conclusion trop rapide et finalement, n’est-ce pas dire qu’une nouvelle est bonne quand on ne peut pas décemment en dévoiler davantage ? Il réussit quand même en quelques pages à mettre dans son récit à la fois une petite mythologie, quelques fausses pistes et une conclusion abrupte.



S'il y a bien un auteur qui sait créer des mondes imaginaires en quelques lignes, c'est bien Mathieu Gaborit. Alors découvrir une de ses nouvelles, ici « Under a Lilac Tree », est toujours intrigant.

Eveilleuse est la reine d’un monde étrange. Elle évolue entre un monde tangible et un monde intangible. Son parcours dans cette nouvelle interroge la place du lecteur et, par un onirisme trouble, fait se briser la réalité mais aussi, parfois, se flouter la compréhension. La mise en abîme de la maladie, du pouvoir des livres et de l’imaginaire rend cette nouvelle encore plus englobante et provoque la nécessité de la relire avec un œil renouvelé.

C'est donc un petit récit finalement assez compliqué dans sa structure et son style que nous livre Mathieu Gaborit (en même temps, nous ne sommes pas là que pour lire du facile et du jetable), mais un récit qui tente de nous parler de l’intérêt d’accepter le statut de Muse au nom des rêves qui en découlent, de la vie que cela promet. Ambitieux.



C’est au tour de Nathalie Dau de nous faire connaître sa vision du lien entre dragon et reine, à l’aide de son écriture d’un fantastique sensible et émouvant.

Dans « Cet œil brillant qui la fixait », c’est un peu « quand Gwendolyn rencontre Tiainrug ». Le souci, dans ce royaume médiéval-fantastique, c’est que l’une fait partie du peuple du lac et que l’autre appartient au peuple de la montagne. Tous deux sont les Créatures représentant et menant leur camp au combat, du moins normalement, car quand les sentiments s’en mêlent, peut-être que l’origine de cette guerre inepte sera enfin dévoilée.

Nathalie Dau met à profit son science du sentiment en fantasy pour distiller une nouvelle où tous les côtés habituellement niais de ce genre de romance sont parfaitement en adéquation avec la situation. Les enjeux sont clairs : que reste-t-il de nous quand les amours et les transformations ont fait leur œuvre ? Ces deux Créatures, aux mutations reptiliennes, déjouent les pronostics lancés par chacun de leurs camps.



L’anthologie met Mélanie Fazi en valeur en lui laissant l’honneur de conclure. Cette auteure aux multiples récompenses pour ses recueils fantastiques nous glisse une nouvelle fraîche et, mine de rien, contemporaine.

Dans « Les Sœurs de la Tarasque », nous suivons l’itinéraire contrarié de Rachel, l’une des sept élèves du pensionnat destiné à désigner la future femme de l’Avatar, représentant du Dragon. Le monde peut bien tourner (la technologie semble bien proche de la nôtre), il n’empêche que l’Avatar a besoin d’une mère pour ses futurs enfants et toutes les familles rêvent de placer leur fille à ses côtés. La société des Sœurs de la Tarasque sont là pour éduquer et préparer ces jeunes filles désignées. Toutefois, Rachel ne semble pas à fond pour suivre ce chemin tout tracé et ne voit pas d’un bon œil sa meilleure amie, Lénaïc, être autant sous le charme du puissant personnage masculin.

Mélanie Fazi nous livre une nouvelle au ton très jeunesse, mais elle fait passer ce ton d’une manière si fraîche qu’il paraît tout naturel. Nous sommes dans un pensionnat pour jeunes filles, alors ces petites remarques, ces petites habitudes pour des demoiselles en pleine puberté sont tout bonnement parfaites. La justesse du ton rencontre également une intrigue parfaitement calibrée pour une nouvelle. Il n’y aura donc bien que la multiplication des prénoms et l’origine du Dragon qui pourraient gêner le lecteur.



Pour reprendre quelques considérations de manière plus générale, l'avantage de ce thème, de cette nouvelle association entre une créature fantastique (Dragons) et un personnage humain (Reines), est de faire proposer, de fait, nombre de femmes fortes, ce qui change en bien de la production littéraire majoritaire, même la tendance s'équilibre. Un certain nombre de nouvelles ont mis en scène beaucoup de mensonges et de faux-semblants, à voir s'il y a derrière ce choix des volontés éditoriales au départ. Enfin, on a vu que l’octroi des titres de nouvelles a pu quelque peu bloquer, mais la construction anthologique réalisée par Sylvie Miller et Lionel Davoust a permis d’attaquer avec un texte très court (pas très immersif pour ma part, mais pas trop bloquant au moins), puis d’enchaîner avec la fantasy la plus classique, pour finir avec, à mon humble avis, les textes les plus ambitieux.

Dans tous les cas, l’ensemble de cette anthologie est plutôt de la solide fantasy, le plus souvent bien pratique pour découvrir tel ou telle auteure...

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Fragments d'une Fantasy antique

Anthologie élaborée à l'occasion du colloque « Antiquité gréco-romaine, source de l'imaginaire contemporain », « Fragments d'une fantasy antique » regroupe les nouvelles de huit grands auteurs de fantasy français. Le sujet ne pourra évidemment que ravir les amateurs du genre et les amoureux d'Histoire et de Lettres classiques qui prendront beaucoup de plaisir à la lecture de cette anthologie. Il faut dire que la période antique, de part la richesse de ses civilisations (grecques, romaines, égyptiennes...) et la multitude de mythes auxquels elles ont donné le jour, à de quoi faire naître l'inspiration. Certains optent ainsi pour la réécriture de mythes anciens comme J-A. Debats et son « Miroir d'Electre » qui adapte dans un milieu contemporain la tragique histoire des Atrides ; d'autres se consacrent pour leur part aux créatures mythologiques qui peuplent les récits de la Grèce antique comme le Minotaure ou le Sphinx ; d'autres encore s'inspirent des écrits d'auteurs anciens comme Pétrone et son Satyricon, ici revisité par F. Clavel...



Comme dans toute anthologie certains textes sortent évidemment du lot. L. Davoust nous offre ainsi une nouvelle très courte mais au combien jouissive, tant par l'originalité de son sujet que l'ironie de son ton (« Faisabilité et intérêts zootechniques de la métamorphose de masse », rien que le titre en dit long). N. Dau réussit également son coup avec « A couteau », un texte tout aussi bref mais très intense mettant en scène le dieu (pas si solaire que ça) Apollon et l'un de ses nombreux amants. Saluons également N. Aspe qui reprend avec talent dans « Le Labyrinthe » l'histoire du célèbre duo Dédale et Icare ou encore S. Miller et P. Ward qui signent avec « Voir Pompéï et mourir » une nouvelle inventive impliquant le détective privé du XXe siècle favori des dieux. De l'Histoire, du fantastique, du mystère, de l'humour, du tragique... il y en a donc pour tout les goûts dans cette très bonne anthologie. A découvrir.
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Légendes Abyssales

Les profondeurs des océans ont depuis toujours fasciné les hommes. Tour à tour inaccessibles, accueillantes, terrifiantes ou merveilleuses, quel meilleur décor que ces abysses pour un récit de fantasy ou de science-fiction ? Les approches choisies par les treize auteurs inscrits au sommaire de cette anthologie sont assez diverses, la plupart faisant malgré tout la part belle aux créatures peuplant les fonds océaniques, qu'il s'agisse de personnages mythiques à l'image des envoûtantes sirènes (« Je t'appartiens » de Céline Guillaume ; « Une robe couleur d'océan » d'Estelle Faye ; « Délivrance » de Jean-Luc Marcastel...), ou bien d'animaux marins ayant subi une évolution naturelle ou technique (« Notre règne » d'Anthony Boulanger). D'autres s'attachent moins à la faune sous-marine qu'aux secrets tapis dans les profondeurs des océans qui abriteraient soit l'entrée des Enfers (« Les naufragés de Calypso » de Barbara Cordier), soit une cité engloutie (« Selanka » de Patrick Mc Spare), voire même un autre monde à part entière (« Un radeau sur le Styx » de Régis Goddyn). Certains optent aussi pour le post-apo, nous dépeignant un monde dans lequel le seul espoir de survie pour l'humanité résiderait dans les profondeurs (« Quitter Charydbe » de Fabien Clavel ; « Arche » de David Bry). Enfin, quelques uns choisissent de s'éloigner de la mer pour se focaliser sur d'autres abysses ou civilisations : c'est le cas de Sébastien Péguin et Patrick Eris qui se consacrent respectivement aux légendes amérindiennes et orientales (« Le Whi N'gho Waa » ; « Quelques grammes de chair »), ainsi que dans une certaine mesure de Nathalie Dau qui opte pour sa part pour les profondeurs de l'âme humaine.



Comme dans toute anthologie, la qualité varie d'une nouvelle à l'autre et j'avoue être pour ma part passée à côté de certains textes souvent trop brefs pour que le lecteur ait le temps de vraiment s'y immerger. On pourrait également regretter le placement les unes à la suite des autres des nouvelles traitant d'une même thématique car la répétition a pour fâcheuse conséquence d'en désavantager certaines. Parmi les textes les plus réussis, il faut d'abord mentionner celui de Jean-Luc Marcastel qui signe avec « Délivrance » un récit court mais effrayant dans lequel la belle et douce sirène laisse la place au monstre avide de chair fraîche. Récompensé cette année du Prix des Imaginales de la meilleure nouvelle, le texte d'Estelle Faye mérite lui aussi le détour. Dans « Une robe couleur d'océan », l'auteur propose une réinterprétation surprenante du célèbre conte d'Andersen tout en abordant un certain nombre de thèmes qu'elle avait déjà pu exploiter dans ses précédents romans. Avec « L'étreinte de la médulaire » Benedict Taffin nous entraîne pour sa part aux côtés d'une équipe de plongeurs confrontés à une effrayante créature des abysses. Un texte là encore assez bref mais dont l'ambiance travaillée et l'écriture gouailleuse parvient à capter sans mal l'attention du lecteur. Les deux nouvelles post-apo signées respectivement Fabien Clavel (« Quitter Charybde ») et David Bry (« Arche ») ne manquent pas non plus d'attraits, notamment dans leur construction. La contribution de Nathalie Dau, chargée de clore l'anthologie (« La plongée »), est également réussie, l'auteur misant comme souvent sur le registre de l'émotion.



Anthologie officielle du Salon fantastique, « Légendes abyssales » nous entraîne avec plus ou moins de succès selon les nouvelles des profondeurs de la mer à celles de la terre, de l'espace ou encore de notre propre esprit. A découvrir notamment pour les textes de Jean-Luc Marcastel, Estelle Faye ou encore Fabien Clavel.
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Fragments de l'âge ancien

Pour nous faire patienter jusqu'à la sortie du troisième tome du « Livre de l'énigme », Nathalie Dau nous propose d'explorer plus en détail son univers à l'aide de ces « Fragments de l'âge ancien ». Le recueil est composé de huit nouvelles auxquelles s'ajoutent deux textes déjà présents dans les romans mais relevant d'une importance capitale pour l'intrigue : « Le cantique de Kernann » et « L'énigme de Namuh ». Si tous les textes se déroulent bien avant les faits relatés dans la série, ils ne nous en permettent pas moins d'en apprendre davantage sur les circonstances qui ont façonné le monde tel qu'il nous apparaît dans « Source des tempêtes » et « Bois d'ombre ». Ce n'est pas la première fois que Les Moutons électriques proposent aux lecteurs de prolonger leur immersion dans un univers en publiant des textes « intermédiaires » entre plusieurs tomes de série (« Fleurs au creux des ruines » pour Chloé Chevalier, « Dévoreur » pour Stefan Platteau) et l'initiative est d'autant plus appréciable que ces petits ouvrages sont tous de bonne facture. « Fragments de l'âge ancien » ne fait pas exception à la règle, et on retrouve sans mal ici la patte de Nathalie Dau qui met avant tout l'accent sur les émotions de ses personnages, tous confrontés à des drames ou des choix difficiles. Les deux premiers textes du recueil sont ceux que j'ai le moins apprécié : ils relatent la création du monde et celle des différentes races qui le peuplent. « Cosmogonie » porte ainsi bien son nom mais s'est révélé trop abstrait, trop métaphysique pour moi (je n'ai rien à reprocher au texte en lui-même, seulement ce n'est pas ma tasse de thé). La nouvelle suivante, « Berceau d'écailles », est un texte à tiroir, une histoire en entraînant une seconde puis celle-ci une troisième... L'une relate ainsi la création de la race humaine, l'autre celle d'un couple de dragons et de leur querelle, l'autre enfin la rencontre entre un jeune clairvoyant et un curieux vieil homme. Le procédé n'est pas inintéressant, et on apprend effectivement énormément de chose sur l'univers de l'auteur, mais l'ensemble est un peu trop confus.



« L'épée sorcière » se place dans la continuité de la précédente nouvelle et met en scène un scénario de fantasy de prime abord assez classique (un homme part à la chasse au dragon) mais qui bifurque de manière moins convenue et qui, paradoxalement, n'a rien d'un récit guerrier. Le texte est court, bien écrit, et nous permet de connaître le sort réservé à l'un des personnages centraux de la précédente nouvelle, des années après les événements relatés dans celle-ci. La nouvelle suivante, « Ton visage et mon cœur » avait déjà fait l'objet d'une parution dans l'anthologie des Imaginales 2011, « Victimes et bourreaux ». Très réussi, le texte met en scène un certain Néras Tirbald (une famille que l'on connaît bien), tout juste promu par le margrave d'Havra suite à sa défaite contre l'empire de Sadar, et donc en quête d'une épouse à même de le rattacher personnellement aux terres dont il a nouvellement pris possession. La belle et jeune Cerdre semble parfaite pour ce rôle, mais ce qui aurait pu se transformer en belle histoire d'amour va virer au cauchemar lorsqu'un sculpteur de renom va être embauché à la demande du bréon et futur mari pour immortaliser la belle. Ma lecture de cette nouvelle remonte à quelques années, et pourtant j'en gardais un bon souvenir qui ne s'est pas démenti : le texte est sensible et la chute bien conçue. Il en va de même du suivant, « Vicier l'azur », qui constitue la nouvelle la plus longue du recueil et décrit les destins croisés de deux personnages : Pior et Galie. Le premier ne se remet pas de la disparition soudaine de sa femme et de son enfant à naître, morts des suites d'une fausse couche, dont il estime responsable une mage bleue. La seconde est une fille de vannier promise à un mariage avantageux avec un riche marchand, jusqu'à ce qu'une grossesse non désirée vienne risquer de gâcher son avenir. Difficile dans un premier temps de ne pas être sensible à la détresse de ces deux personnages qui évoluent cependant d'une manière inattendue au point de devenir plus effrayants qu'attachants dans le dernier tiers du récit.



« Viciez l'azur » marque incontestablement un tournant, à la fois dans le recueil mais aussi dans l'histoire du monde de l'auteur. C'est le temps de l’Éradication, une période à laquelle il sera souvent fait référence dans la série, et qui désigne la phase de persécutions dont ont été victimes les mages bleus, ceux vénérant l’Équilibre en lieu et place du Chaos ou de la Loi. C'est cette époque troublée que « Shéradye » met en lumière en mettant en scène une mère prête à tout pour empêcher son fils de suivre le chemin de son père, exécuté pour avoir répondu à l'appel de la lune bleue et revêtu les robes de l’Équilibre. En dépit de toutes les précautions prises, les pouvoirs du fils finissent cependant par se développer à l'insu de la mère dont on se rend bien compte qu'elle ne fait que retarder l'inévitable. La nouvelle est à mon sens la plus réussie du recueil, bien construite et émouvante, en dépit d'une fin attendue. Nathalie Dau revient ensuite avec « Un éveil » sur la situation politique déjà évoquée précédemment entre Havra et l'empire de Sadar. On y fait la connaissance d'Ardégyl, héritier du margrave, qui tente par tous les moyens de préserver l'indépendance toute relative de ses terres face à l'empereur Edar Ier. Le texte est là encore assez court et son intérêt réside surtout dans ce qu'il nous dévoile des rapports entre les margraves et l'empereur. Le principal reproche que l'on pourrait apporter concerne la présence de l'une des fameuses maîtres-chats aurait pu être davantage exploitée mais n'est ici qu'anecdotique. « La mémoire du dorsal » clôt le recueil de belle manière et adopte la forme d'un vieux récit donné par un individu que l'on connaît bien pour l'édification d'un autre personnage du « Livre de l'énigme ». On y retrouve la même sensibilité et la même noirceur que dans les précédents textes, quant à la chute, elle est remarquablement bien amenée et parvient à nous prendre de cours.



Si vous avez apprécié les deux premiers tomes du « Livre de l'énigme », nul doute que vous vous laisserez également séduire par ces « Fragments de l'âge ancien » qui nous en apprennent un peu plus sur l'univers de l'auteur et les événements qui ont façonné le monde tel qu'on le voit dans la série. Une petite friandise à déguster avant l'arrivée du plat suivant.
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Victimes et bourreaux

Troisième anthologie ayant vu le jour suite au festival des Imaginales d’Épinal après « Rois et capitaines » en 2009 et « Magiciennes et sorciers » en 2010, « Victimes et bourreaux » nous propose à nouveau de découvrir les textes de certains des plus grands noms de la fantasy française de ces dernières années. Douze nouvelles ont été retenues pour cet ouvrage (dont Stéphanie Nicot assume encore une fois la publication), et si la qualité n'est évidemment pas toujours la même d'un texte à l'autre, il n'en reste pas moins que nous avons ici affaire à une excellente anthologie, presque à la hauteur de la toute première. Si le thème peut, au premier abord, paraître surprenant, il semble en tout cas avoir beaucoup inspiré les auteurs présents au sommaire de l'ouvrage qui ont choisi d'aborder le sujet sous des angles très différents. Certains mettent ainsi en scène des victimes et leur calvaire, comme Charlotte Bousquet et sa « Stratégie de l'araignée » dans laquelle elle reprend le personnage de son dernier roman (« Matricia »), ou encore Sam Nell qui nous fait vivre une scène de torture particulièrement atroce dans « Le deuxième œil ». D'autres, en revanche, s'interrogent sur la frontière ténue qui sépare parfois la victime du bourreau comme Lionel Davoust et son ambiguë personnage d'« Au-delà des murs », ou encore Pierre Bordage et sa nouvelle au titre évocateur « Qui sera le bourreau ? ».



Comme dans toute anthologie, certains textes se révèlent évidemment plus marquants que d'autres, et c'est notamment le cas ici de ceux qui ouvrent l'ouvrage. Parmi les douze, cinq m'ont ainsi particulièrement séduite, à commencer par deux textes parmi les plus courts : « Porter dans mes veines l'artefact et l'antidote » de Justine Niogret qui signe encore une fois une nouvelle follement originale, pleine de poésie et de mélancolie, et « Ton visage et mon cœur » de Nathalie Dau, nouvelle dans laquelle un homme victime d'un trop grand amour en vient à se changer en son propre bourreau. Michel Robert réussit également son coup avec « Qjörll l'assassin » où l'on fait connaissance avec une troupe de mercenaires en mission pour livrer un malfrat de la pire espèce à la justice, de même que Maïa Mazaurette et son « Que justice soit faite » qui nous plonge dans l'horreur de la grande peste du Moyen Age et la folie dévastatrice d'un homme d'église. J-P. Jaworski, enfin, se distingue quelque peu de ses confrères et nous offre avec « Désolation » un texte atypique mettant en scène une troupe de nains en expédition dans une cité oubliée, et dans lequel on reconnaît sans mal le talent et la maîtrise de l'auteur qui répond ici au sujet tout en rendant un bel hommage à une fantasy que l'on pourrait qualifier de plus « classique ».



Des auteurs talentueux, des textes tour à tour originaux, dépaysants, dérangeants ou captivants, voilà ce que vous trouverez en vous plongeant dans cette excellente anthologie dédiée aux amoureux de l'Imaginaire. A noter qu'à « Victimes et bourreaux » a succédé en 2012 « Reines et dragons » (cette fois sous la direction de Sylvie Miller et Lionel Davoust) et qu'en 2013 un « Elfes et assassins » devrait voir le jour.
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Le chaudron brisé

Kerridwen et Kernunnos arpentent la Terre depuis des temps immémoriaux, répondant à l'appel des hommes et des femmes priant pour leur venue. C'est au Pays-de-Galles que la déesse sortira de son chaudron magique de quoi établir un royaume dans lequel humains et créatures merveilleuses vivent en harmonie, sous la protection du roi cornu et de sa dame. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et la menace qui plane sur les descendants des deux divinités risque fort de mettre un terme définitif à la lignée. Si le troisième tome du « Livre de l’énigme » risque de se faire attendre encore un moment, Nathalie Dau fait patienter son lectorat avec ce court roman non inédit. Le texte a en effet déjà été publié il y a dix ans sous la forme d'une nouvelle dans l'anthologie « Royaumes » dirigée par Stéphane Marsan (sous le titre « Les débris du chaudrons »). Après quelques retouches, il a ensuite été réédité sous la forme d'un court roman par Argemmios (maison d'édition qui a disparu depuis), avant de subir de nouvelles modifications et d'être publié une troisième fois par les Moutons Électriques. L'auteur y reprend une célèbre légende galloise et pioche allègrement dans la mythologie et le folklore celtique. Outre Kerridwenn et Kernunnos, la déesse-mère et le dieu cornu, on retrouve ainsi un certain nombre de figures ou créatures célèbres : banshee, géant, magicien, le barde Taliesin ou encore des personnages des légendes arthuriennes. L'auteur a effectué un bon travail de recherches pour s’imprégner pleinement des mythes et de leur signification (le glossaire très complet présent à la fin de l'ouvrage en est la preuve). Le parcours des deux divinités dans le roman est ainsi à l'image des pouvoirs qu'on leur prête ou des concepts qu'ils représentent : l'alternance entre la vie et la mort, la renaissance, le cycle de la nature... On trouve également quelques références à émergence du christianisme, ce qui permet de mieux comprendre comment les Chrétiens ont récupéré et détourné à leur profit certains mythes ou dieux païens (Kerridwenn devient l'archétype de la sorcière, Kernunnos celui du diable...).



En parallèle de ces chapitres se déroulant « durant les temps hors de l'histoire », on trouve également quelques chapitres plus brefs dont l'action se situe cette fois tout long au XXe siècle (1933, 1955, et 1996). On y découvre les descendants du couple divin sur lesquels plane une menace terrible : un démon des eaux bien décidé à détruire pour de bon la lignée de Kerridwenn et Kernunnos. En dépit des circonstances tragiques qui virent l'effondrement de leur royaume, les descendants des dieux sont en effet parvenus à survivre et à prospérer en deux branches ignorant leur véritable parenté, mais toutes deux atteintes par la malédiction du démon : dans l'une, ce sont les filles qui subissent régulièrement les assauts du monstre, dans l'autre les garçons. Le résultat est le même à chaque fois : des morts prématurées et des familles en deuil. Mais, à force de voir le même schéma se répéter, certains finissent par comprendre d'où vient le problème, et entament alors une quête pour sauver leur famille et mettre définitivement fin au massacre. La construction est bien pensée, les deux récits finissant évidemment par se croiser, même si la résolution finale arrive de manière un peu trop abrupte. On peut également regretter la brièveté des chapitres se déroulant au XXe ainsi que le recours trop fréquent aux ellipses : l'auteur passe en effet très vite sur la quête menée par certains des membres de la famille sur lesquels on en sait finalement que très peu. C'est notamment le cas des protagonistes mis en scène à la toute fin du roman et qui sont chargés du combat final : tous ont du potentiel, mais étant donné qu'on ne les suit que depuis quelques pages seulement, on ne se souci guère de leur sort. On s'attache ainsi davantage aux personnages de l'époque antique qu'à ceux d'aujourd'hui, même si les émotions de chacun sont dépeintes avec toujours autant de soin (quoique avec plus de pondération que dans les précédents textes de l'auteur).



Réédité pour la troisième fois, ce court texte de Nathalie Dau nous propose une plongée agréable au cœur d'un grand mythe celtique. Construction, ambiance, personnages : le récit ne manque pas d'atouts pour séduire le lecteur mais souffre parfois de sa brièveté. Une sympathique découverte, donc, idéal pour se familiariser avec le style et les thématiques de l'auteur. A noter aussi que l'ouvrage a été très joliment illustré par Melchior Ascaride qui signe à nouveau une belle couverture ainsi que quelques graphismes à l'intérieur du roman.
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Reines et Dragons

Comme l'année dernière, je suis reparti cette année avec l'anthologie des dernières Imaginales. Il faut dire que le sommaire des auteurs est vraiment intéressant et en plus, cette année, l'anthologie a été dirigée par Sylvie Miller et surtout Lionel Davoust. J'avais donc hâte de voir ce qu'allaient nous proposer les différents auteurs sur le thème de cette année : Reines & Dragons. Tout comme l'année dernière cette anthologie a été lue en mini LC avec Snow que je remercie et avec qui j'ai eu de bonnes discussions argumentées sur chacun des textes. Une LC vraiment agréable et vous pouvez d'ailleurs retrouver son avis ici.







Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie de Chantal Robillard. Une nouvelle assez courte en forme de poème qui nous conte la souffrance de certaines Elfries maltraités par leurs peuples. Il m'a fallu quelques lignes pour rentrer dans ce texte, mais uns fois dedans il s'est révélé vraiment intéressant par sa profondeur et sa critique, mais aussi par son ton ironique et acerbe des plus captivants. Ajouter à cela un côté stylistique poussé avec un texte composé sans la lettre "a" et la répétition du refrain de façon mathématique selon la suite de Fibonacci et vous obtenez un texte, sous forme de poème, vraiment surprenant et agréable.







Chuchoteurs du Dragon de Thomas Geha. Une nouvelle qui nous raconte la vie d'une reine, choisie par le Dragon, mais qui va tomber amoureuse, ce qui va bouleverser sa vie et lui dévoiler certains secrets. Je dois bien avouer que j'ai trouvé ce texte un peu convenu, il traite de reine et de dragon de façon classique et donne l'impression d'avoir du mal de sortir des codes. Attention il n'est pas mauvais, il se lit bien, mais je ne sais pas, j'attendais peut être plus. Par contre, la fin est vraiment surprenante et mélancolique et l'idée des chuchoteurs et des demidames vraiment originale, de plus la plume de Thoma Geha est toujours aussi agréable à suivre. Le texte manque peut être un peu plus de surprises.







Ophéa de Adrien Tomas. Je ne connaissais pas cette auteur mais vu que je suis reparti du festival avec son roman j'ai pris cette nouvelle comme une découverte de son style et je dois dire que je ne suis pas déçu, un texte vraiment réussi, plein de surprises et de rebondissements. La trame reste aussi plutôt classique, avec la traque du dragon pour obtenir les faveurs de la reine, mais il est traité de façon décalé et pleine d'ironie et la fin se révèle vraiment surprenante et efficace. Les personnages ne manquent pas de prestance à leurs façons et se révèlent attachants. Un peu plus d'originalité aurait encore rendu le texte meilleur, mais bon je chipote.







Au Coeur du Dragon de Anne Fakhouri. Un texte ou les dragons sont des animaux sauvages comme les autres et ou les hommes et les femmes doivent nettoyer leurs déjections et y trouver aussi des pierres précieuses et y gagne leurs noms lors de l'épreuve finale. Un texte troublant qui pose des personnages vraiment soignés et humains, l'histoire est vraiment bien construite, originale et efficace. L'univers est vraiment bien amené et surprenant. La rencontre entre l'héroïne et le marchand permet pleinement de découvrir deux mondes différents entre ceux qui rêvent et les réalistes de la vie. L'histoire d'amour et le triangle amoureux qui se dessine est loin d'être mièvre et se révèle surprenant surtout que des questions restent sans réponse sur un personnage.







Achab Etait Amoureux (ou La Grande Déesse de Fer de la Miséricorde) de Justine Niogret. Alors là je me suis posé une question la nouvelle a deux titres, est-ce une erreur de l'éditeur ou est-ce fait exprès? En tout cas moi qui cherchait de l'originalité je dois dire que j'ai été gâté par ce texte vraiment surprenant avec une jeune fille s'appelant Reine, qui chasse la baleine au lance-tartine et qui philosophe sur la vie avec un personnage nommé dragon qui dirige un café. Des personnages soignés avec une héroïne bourrue et caractérielle et un dragon amical et compréhensif, mais surtout ce qui marque le lecteur c'est ce côté drôle, poignant et surprenant différent de ce que je connaissais de l'auteur. Après, j'ai fais mes propres hypothèses pour moi la chasse à la baleine c'est un peu comme chasser un rêve et surtout j'ai trouvé que l'histoire pouvait se lire en boucle. Une fois ce texte fini relisait le début et tenez-moi au courant. En tout cas un texte vraiment original et surprenant, mais voilà, je dois bien l'avouer je ne crois pas avoir tout compris.







Morflam de Pierre Bordage. Une reine est obligée de partir à la rencontre d'un dragon pour éviter la fin de son royaume. Je n'ai pas vraiment accroché à ce texte, déjà le personnage principal est antipathique au possible, fermée et égoïste, de plus j'ai trouvé que l'intrigue en elle-même offrait une impression de déjà vue et manquait clairement d'originalité et de souffle. L'écriture de l'auteur se révèle toujours aussi simple et efficace, mais voilà comme je l'ai dit une héroïne pas attachante et un univers qui manque de profondeur font que je suis resté de marbre devant cette nouvelle.







Azr'Khila de Charlotte Bousquet. Yaaza est la dernière survivante de son peuple, ce qui en donc la reine, et elle décide d'aller se venger. Un texte nerveux dès le départ et qui monte page après page en tension et souffrance avec un style efficace et très imagé, nous dévoilant ce que doit endurer notre héroïne pour arriver à mener à bien cette vengeance. Un univers sombre dominé par la violence et l'esclavage qui colle parfaitement à l'univers. Mais je trouve dommage la conclusion finale, qui vient chercher le rebondissement de trop, jouant sur l'onirisme, ce qui, selon moi, gâche un peu cette nouvelle.







Où Vont les Reines de Vincent Gessler. Ae est une princesse et elle vient de tomber enceinte et va devoir, comme punition, affronter les dragons. Un texte vraiment intéressant et intrigant qui se concentre sur le personnage et la découverte de sa vision des dragons qui ne sont pas obligatoirement ce que l'on croit. Une épreuve qui va faire évoluer l'héroïne et la faire devenir mère et reine, deux lourds fardeaux. Ce texte repose entièrement sur l'évolution de l'héroïne qui, au fil des pages, va découvrir la vérité et se l'approprier. La conclusion va se révéler vraiment surprenante et efficace qui nous fait réfléchir. D'ailleurs après la lecture de ce texte je me demande si toutes les mères ne sont pas des reines finalement. Un excellent texte poétique et prenant du début à la fin.







Le Monstre de Westerham de Erik Wietzel. Un texte qui va se révéler vraiment intéressant malgré un début, voulu selon moi, qui cherche à perdre le lecteur. L'auteur va jouer sur les faux semblants et les tromperies de façon bien amenés et efficaces pour nous amener à une conclusion mélancolique et qui nous dévoile le véritable visage du monstre. Les personnages sont vraiment efficaces entre une reine avide de pouvoir, le dragon Klarion curieux et sa soeur Akselle qui est une vraie peste. Mon seul regret avec cette nouvelle c'est qu'au final elle se révèle sans surprises.







Under a Lilac Tree de Mathieu Gaborit. Une jeune fille, une reine, part à la chasse au dragon qu'elle doit dompter pour sauver un homme. On se retrouve ici dans de la fantasy urbaine avec un mélange de monde tangible et un monde onirique. Je n'ai pas accroché à ce texte et je ne saurai dire pourquoi, il s'agit d'un texte poétique, mystérieux, vraiment original avec pleins d'idées intéressantes, mais voilà ça n'a pas marché sur moi. Je suis sorti de ce texte j'avais l'impression d'être complètement passé à côté de quelque chose.







Cet Oeil Brillant qui la Fixait de Nathalie Dau. Nathalie Dau nous offre, comme à son habitude, un conte qui va se révéler vraiment intéressant. Les personnages sont vraiment charismatiques et l'univers guerrier entre deux peuples qui se battent depuis des années est vraiment intéressant et colle parfaitement à l'univers. Un conte qui oscille entre souffrance et amour ou va se mélanger magie, divinité et humanité. Un texte porté par la magnifique plume de l'auteur qui se révèle toujours aussi poétique et entrainante. Mon seul reproche une certaine facilité comme par exemple dans l'évasion de la princesse.







Les Soeurs de la Tarasque de Mélanie Fazi. Voilà l'un des textes, voir le texte, selon moi, le plus abouti de ce recueil. Une nouvelle très intimiste et pleine de sentiments se situant dans une sorte de couvent où se trouve une dizaine de jeunes filles et dont l'une d'elle sera choisie par le dragon pour devenir son épouse. Un texte fantastique ou l'Humain est vraiment mis en avant, on ressent pleinement les émotions à travers ce texte que ce soit la souffrance, les manipulations des jeunes filles par le dragon ou encore les premiers émois. Un texte qui a vraiment réussi à m'emporter et qui se révèle vraiment poétique et plein de mélancolie du début à la fin, rien n'est facile pour notre héroïne qui vit une sorte d'amour impossible, perdue, mais dont elle ne peut se passer. La plume de l'auteur est toujours aussi fluide, poétique et magique qui captive dès la première page et qui nous offre aussi pas mal de réflexions sur la religion, la sexualité, l'amour et l'amitié.











J'ai passé un agréable moment avec cette anthologie qui nous offre douze textes sur le thème de Reines et Dragons. Alors bien sûre toutes les nouvelles ne sont pas aux mêmes niveaux, certaines m'ont complètement emporté tandis que d'autres n'ont pas réussi à m'accrocher, mais dans la globalité j'ai passé un bon moment et je trouve même cette anthologie plus soignée que celle de l'année dernière.



Par contre, et j'ai déjà fais le reproche l'année dernière, les éditions Mnémos doivent vraiment faire attention certaines coquilles se sont glissés dans les textes, rien de dérangeant mais ça surprend toujours. Je me pose aussi la question de savoir quel est le véritable titre de la nouvelle de Justine Niogret.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Le Livre de l'Enigme, tome 1 : La somme des..

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec le premier tome de ce cycle de Nathalie Dau. L’histoire nous offre vraiment une intrigue pleine de mensonges et de trahisons, détournant de façon efficace les codes de la Fantasy et nous offrant un tout autre point de vue sur les prophéties. Le démarrage est peut-être un peu déroutant, mais très vite on se retrouve happé dans ce roman et on tourne les pages avec envie. L’univers développé par l’auteur est vraiment travaillé, captivant et on sent bien que l’auteur travaille dessus depuis un moment. Les personnages se révèlent complexes, remplis d’émotions et de sentiments et loin de tout manichéisme. La plume de l’auteur se révèle vraiment soignée, efficace et poétique et ajoute clairement un plus dans l’attrait que j’ai eu pour ce livre. Je lirai la suite avec grand plaisir.



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De Brocéliande en Avalon

Parue en 2008 aux éditions Terre de brume, « De Brocéliande en Avalon » est une anthologie qui, comme son nom l'indique, regroupe une succession de textes consacrés aux légendes arthuriennes. Arthur, Merlin, Lancelot, Guenièvre, la Dame du lac, Excalibur... autant de noms prompts à enflammer notre imagination et à raviver de vieux souvenirs de contes ou récits dont ils sont les héros et que nous connaissons tous aujourd'hui. Sous la direction de Lucie Chenu, neuf auteurs de l'imaginaire se sont essayés au difficile exercice d'exploiter à leur tour la matière des mythes celtiques tournant autour de ce roi légendaire et d'en proposer une nouvelle interprétation. Une contrainte, toutefois, celle de confronter d'une façon ou d'une autre ces dames et chevaliers d'un autre temps avec notre monde et notre époque. Rien de plus efficace pour dépoussiérer les vieux mythes que de se figurer la fée Morgane astrologue à Paris, Merlin écrivain en pleine crise existentielle ou Galahad chanteur rebelle et cynique.



Que ce soit par le biais de l'humour, de la tragédie ou d'un souffle épique, chaque auteur possède une façon très particulière de revisiter ces légendes arthuriennes. Si, dans l'ensemble, les textes se révèlent tous plutôt divertissants, je dois toutefois avouer que peu d'entre eux sortent véritablement du lot et me laisseront un souvenir impérissable. La meilleure nouvelle reste à mon sens « Près du mur » de Deirdre Laurin, une universitaire relativement peu connue parmi les auteurs de l'imaginaire francophone et qui nous livre ici un texte remarquable et bouleversant consacré à l'histoire d'amour d'Arthur et Morgane. « Owein » de N. Dau m'a également beaucoup séduite, que ce soit par son style ou par le choix plus audacieux des protagonistes. R. Hobb, enfin, présente dans cette anthologie sous le pseudonyme Megan Lindholm, nous offre avec « Le Quadragénaire et la Dame d'argent » une nouvelle plaisante et bourrée de cet humour qui lui est propre.



Un mot, pour finir, sur les petits plus de cette anthologie qui, outre une très bonne préface signée Lucie Chenu et une présentation sobre mais néanmoins complète et concise des auteurs, comprend surtout une excellente bibliographie recensant la plupart des romans écrits ces dernières années, avec des précisions quant aux points de vue adoptés et aux thématiques privilégiées par chaque auteur (de M. Zimmer Bradley à J-L. Fetjaine en passant par B. Cornwell, S. Lawhead...). Si la qualité des nouvelles reste assez variable, il n'empêche que l'initiative est louable et que le charme ne manque jamais d'opérer, du moins en ce qui me concerne, dès qu'il est fait mention d'Arthur et de ses chevaliers. A noter qu'une seconde anthologie consacrée au même sujet et toujours sous la direction de Lucie Chenu a également vu le jour en 2012 (« Et d'Avalon à Camelot »).
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Fragments d'une Fantasy antique

Fragments d’une Fantasy antique, c’est l’assemblage anthologique de huit nouvelles d’inégale importance écrites dans le cadre du colloque « L’Antiquité gréco-latine aux sources de l’imaginaire contemporain » du 7 au 9 juin 2012, afin de démontrer la « vivacité de l’héritage gréco-latin dans les fictions contemporaines de Fantastique, Fantasy et Science-fiction » (sic).



Et en effet, il est évident que notre imaginaire est grandement emprunté à celui gréco-latin. Ces huit nouvelles, œuvres de neuf auteurs contemporains, en sont la preuve. Faisons un détail rapide de celles-ci.

Avec "Sur un fragment perdu du Satyricon", Fabien Clavel met en profit son immense connaissance de la langue et de la civilisation latine (professeur de lettres classiques oblige !) pour nous procurer un texte véritablement innovant tout en conservant les caractéristiques relevant de l’œuvre originale. Avec "Le Miroir d'Electre", Jeanne-A Debats emploie son humour et son franc parler habituel pour peindre une héroïne et une situation plus que cocasses. Romain Aspe émerveille son monde avec "Le Labyrinthe", quand Rachel Tanner ne se foule pas trop, mais livre malgré tout un texte percutant avec "Le Sphinx". Lionel Davoust prend des risques, mais signe un des textes les plus réussis : "Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse" fourmille de références antiques, mais démontre surtout de l'immense érudition de son auteur et de son incroyable sens de l’humour. Nicolas Delong, un des rares à le faire, nous renvoie directement au temps de l'Antiquité avec "Les Dieux veulent, les dieux prennent" quand Sylvie Miller et Philippe Ward font l'inverse : avec "Voir Pompéi et mourir", ils amènent les complexités antiques directement dans le quotidien d'une enquête saugrenue. Enfin, Nathalie Dau conclut cette anthologie par "À couteau", un court récit aussi sanglant que dérangeant.



Finalement, chaque contributeur a bien suivi la trame voulue par David Nouvel : réutiliser un ou plusieurs mythes gréco-latins pour imprégner notre imaginaire contemporain en constant renouvellement. Je retiens surtout en tant que simple lecteur qui découvre tous ces fameux auteurs : l’ingéniosité de Lionel Davoust, qui m’apparaît comme un auteur très particulier et enrichissant à découvrir, la précision de Jeanne-A Debats, Rachel Tanner et Romain Aspe pour retranscrire fidèlement (quoique pour certains trop rapidement) les mythes antiques dans toute leur complexité, et enfin la vision de Fabien Clavel qui me semble être un auteur qui me correspond tout à fait tant dans son intérêt pour l’Histoire et les Lettres classiques que dans son style et son humour.

Une très belle anthologie en somme avec les défauts de sa nature (une grande variété de textes, mais aussi des hauts et des bas), mais qui symbolisent parfaitement, je crois, le colloque duquel il est issu. Une réussite à mon goût !

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Le Livre de l'Enigme, tome 2 : Bois d'Ombre

Les mages bleus ne sont plus, éradiqués jusqu'aux derniers par leurs rivaux vénérant d'autres dieux et servant d'autres principes que celui de l’Équilibre. Des années après leur disparition, certains continuent pourtant à s'inquiéter : était-il bien sage de laisser la vie aux descendants de leur dernier représentant ? Ils sont deux à porter ce lourd héritage paternel, deux garçons dotés d'un caractère, d'un passé et d'un destin complètement différents : l'un appartient à la noblesse par sa mère et est réfractaire à toute forme de magie ; l'autre est doté de puissants pouvoirs et a été désigné par une obscure prophétie comme l'élu destiné à renverser le cours de l'histoire. De manière plutôt originale, Nathalie Dau avait dans un premier temps choisi de se focaliser non pas sur le frère prodige mais sur l'aîné, Cerdric, dont la maladresse et le manque de confiance s'étaient vite révélés touchants. Sans pour autant totalement disparaître, le jeune homme abandonne ici le rôle principal à son cadet, Ceredawn, qui parvient avec une rapidité déconcertante à détrôner son frère dans le cœur du lecteur. Tout l'enjeu de ce second tome va tourner autour de la formation du garçon au séminaire d'Atilda, la seule école à même de lui apprendre à développer et maîtriser ses pouvoirs en vue de la périlleuse épreuve qui confirmera ou non son statut de mage. Que la jeunesse du héros et l'idée d'une école de magie façon « Harry Potter » ne vous induisent pas en erreur : l'apprentissage dépeint ici n'a rien de plaisant, bien au contraire. L'une des particularités de ce second tome tient ainsi à sa poignante noirceur qui imposera aux personnages (et au lecteur !) de terribles épreuves.



Cet assombrissement du récit, l'auteur le met à profit pour aborder un certain nombre de thématiques sensibles, de la discrimination raciale à l'homophobie en passant par le viol. Sans jamais tomber dans le pathos ou la surenchère, Nathalie Dau traite de ces sujets douloureux avec une finesse admirable et donne ainsi vie à des scènes absolument bouleversantes. Si tous les chapitres ne se valent évidemment pas en terme d'intensité (et heureusement!), ce second tome ne souffre en tout cas d'aucun véritable temps mort et adopte le rythme régulier du séminaire, alternant période d'études et moments de liberté passés dans la ville d'Atilda (cet aspect du roman peut d'ailleurs faire penser à l'excellent « Nom du vent » de Patrick Rothfuss, ce qui ne gâche rien...). Contrairement au précédent tome qui multipliait les paysages, l'ouvrage se cantonne ici à un seul lieu qui nous devient, au fil des déambulations des deux frères, de plus en plus familier. Aménagement des quartiers, établissements atypiques à fréquenter, coutumes locales à honorer... : tous les éléments sont là pour favoriser l'immersion du lecteur et donner davantage de corps à l'univers imaginé par Nathalie Dau. Restait à peupler ce décor avec des personnages à la hauteur et, là encore, le défi est relevé haut la main. Le seul reproche que l'on pourrait faire ici est sensiblement le même que celui observé dans le premier tome (quoique dans une moindre mesure) et concerne la sensibilité parfois excessive manifestée par les personnages (Cerdric, notamment, semble constamment à fleur peau ce qui peut parfois le rendre agaçant).



Avec ce second tome du « Livre de l'énigme », Nathalie Dau signe un très beau roman qui charme aussi bien par la qualité de ses personnages que la sensibilité de sa plume. La suite ne sera vraisemblablement pas pour tout de suite mais si le résultat est à la hauteur de « Bois d'ombre », l'attente vaudra certainement le coup. Un gros coup de cœur !
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Livre de l'énigme, tome 1 : Source des tempêtes

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une histoire qui certes, aux premiers abords peut paraitre classique avec cette idée de prophétie, mais dont l’auteur arrive à s’en servir et s’en affranchir en grande partie pour nous happer et nous le faire oublier. Une histoire touchante, humaine avec des héros complexes, travaillés, profonds dont, qu’on les apprécie ou pas, on comprend les motivations, les besoins et les envies. Je regretterai peut-être que Cedric donne parfois envie de le secouer tant une ou deux fois il se morfond de trop ou fait le mauvais choix de façon tellement impulsive, mais rien de bloquant tant le héros se révèle à fleur de peau et captive le lecteur. L’univers n’est pas non plus en reste, mélange de loi, de magie et de féérie qui donne clairement envie de le découvrir, d’en apprendre plus, bien porté par des descriptions magnifiques. Un univers sombre, « adulte », qui nous offre aussi quelques réflexions intéressantes. La plume de l’auteur se révèle poétique, soignée, travaillée et nous happe facilement dans son récit. Alors après si vous cherchez un début de cycle énergique et bourré d’action passez votre chemin, cette Fantasy se révèle plus intimiste et humaine, au tempo lent et attirant. J’attends maintenant la suite avec impatience.





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De Brocéliande en Avalon

Superbe anthologie en 9 nouvelles. Plusieurs auteurs font revivre les héros arthuriens dans notre époque. 9 nouvelles différentes tantôt héroïque, tantôt tragique, tantôt comique. Une anthologie qui rappelle qu'en chacun de nous à peu de légende subsiste. A lire absolument pour tout ceux qui s'intéresse à la matière de Bretagne. quant à moi, je cours me procurer le 2e tome ^^.
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Reines et Dragons

Quatrième anthologie parue suite au festival des Imaginales d'Épinal, « Reines et dragons » est cette fois dirigée non plus par Stéphanie Nicot mais par L. Davoust et S. Miller. L'initiative est toujours aussi louable mais cette fois l'ouvrage se place nettement en dessous de ses prédécesseurs. Là où les thématiques de « Rois et capitaines », « Magiciennes et sorciers » et « Victimes et bourreaux » nous offraient une large palette de récits très variés, force est de constater que la plupart des nouvelles de « Reines et dragons » proposent peu de renouveau et d'originalité. Autre déception, la brièveté de l'ouvrage lui-même et surtout des nouvelles qui excèdent rarement les vingt pages. Si la longueur des textes ne me pose habituellement pas de problème, enchainer huit petites nouvelles d'affilée rend assez difficile l'immersion dans les histoires et les univers des auteurs qui auraient mérité pour la plupart d'être un peu plus étoffés pour vraiment captiver le lecteur.



Quelques textes sortent malgré tout du lot, notamment les quatre derniers, ce qui permet de refermer cette anthologie sur une note plus positive. Avec « Under a lilac tree » Mathieu Gaborit nous offre ainsi une nouvelle pleine de poésie et de mélancolie qui vous fera voir Paris autrement, de même que Justine Niogret avec « La grande déesse de fer de la miséricorde », texte très original dans lequel on reconnaît sans mal la patte et le style très cru de l'auteur de « Chien du heaume ». Mention spéciale également à Nathalie Dau qui signe avec « Cet œil brillant qui la fixait » un très beau texte mettant en scène un univers certes classique mais très immersif et des personnages attachants. Idem pour Mélanie Fazi et son prenant « Les Sœurs de la Tarasque » où l'on découvre une école de jeunes filles élevées dans l'attente du Dragon. Sans doute les deux meilleures nouvelles de cette anthologie.



« Reines et dragons » m'a donc laissé un avis plutôt mitigé bien que le concept demeure toujours aussi intéressant et que les grands auteurs français de fantasy continuent de répondre présent. Espérons toutefois un peu plus de diversité dans « Elfes et assassins » pour 2013.
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Les Héritiers d'Homère

« Les héritiers d'Homère », ouvrage sous la direction de Nathalie Dau (auteur bien connue dans le monde de la littérature de l'imaginaire), est une anthologie composée d'une vingtaine de nouvelles faisant intervenir aussi bien des auteurs confirmés que de jeunes écrivains « amateurs » qui tour à tour s'attaquent aux plus grandes figures de la mythologie grecque, d'Orphée et Eurydice en passant par Héraclès, Oreste ou encore Dionysos. Chaque auteur privilégie évidemment une approche différente, et celles-ci se révèlent assez variées. Certains textes optent ainsi pour une réinterprétation de ces mythes au moyen d'une transposition dans un cadre contemporain : Eurydice est présentée comme une camée acro au « Snake Bite » (morsure du serpent), Midas un as de la spéculation boursière, Persée un baroudeur chevauchant une moto appelée P-Gas...



On retrouve toutefois dans d'autres nouvelles l'époque antique, avec ses divinités, ses héros et ses pratiques cultuelles : on en apprend plus sur l'histoire d'amour d'Hadès et Perséphone, sur le caractère ombrageux d'Athéna ou encore sur les rituels liés à la déesse chasseresse Artémis. Si le thème abordé est, certes, intéressant, le tout est cependant un peu inégal, certains textes m'ayant laissé plutôt indifférente tandis que d'autres interpellent franchement. Je pense notamment au dérangeant mais efficace « Mayday » de J. A. Debats, nouvelle d'à peine quatre pages inspirée de l'histoire de Jason et Médée qui m'est longtemps resté à l'esprit, ou encore « Prisonnier de son image » de T. K. Ladlani consacré au personnage de Narcisse. En bonus à la fin de l'ouvrage : un dictionnaire des auteurs proposant une description succincte, pleine d'humour et d'auto dérision des participants.
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