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Le Grand Brame de Nicolas Vanier
- La nature rétablit vite le déséquilibre, toujours. - C'est dommage que ce ne soit pas la même chose avec les hommes. Que les gens qui cherchent un peu trop à briller n'aient pas plus de prédateur … |
Note moyenne 5 (sur 760 notes)
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Le Grand Brame de Nicolas Vanier
- La nature rétablit vite le déséquilibre, toujours. - C'est dommage que ce ne soit pas la même chose avec les hommes. Que les gens qui cherchent un peu trop à briller n'aient pas plus de prédateur … |
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
Quiet Lake. Il porte bien son nom. Niché entre quinze montagnes au beau milieu de no man’s land situé entre Ross River et Johnson Crossing, le lac dort tranquille sous sa carapace de glace et sa couverture de neige, et je l’envie.
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
Nous passerons donc en territoire indien, sur le 55e parallèle, parfois un peu plus haut un peu plus bas, au pays de la neige épaisse, en suivant d’une manière générale la tree-line, cette ligne imaginaire que l’on aperçoit dans les livres de géographie symbolisant le passage entre la taïga et ses forêts et la toundra, la terre sans arbres. Je connais bien cette zone, la plus sauvage, où la vie est concentrée en hiver, où vivent les rares trappeurs encore en activité car les animaux à fourrure y sont nombreux ; perdrix et lièvres pullulent, lynx et renards leur font la chasse, les caribous s’y rassemblent et derrière eux, les loups.
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
la réalité fut plus forte que le rêve et, sur la piste qui menait à « l’eldorado », les espoirs mouraient avec les hommes, et beaucoup n’atteignirent jamais Dawson, cette ville qui n’existait pas encore sur les cartes. C’est là que Jack London commença à accumuler anecdotes, atmosphères et émotions. Sa fièvre de mots étant plus forte que celle de l’or, Jack London écrivit bientôt ses chefs-d’œuvre, assurément la plus grosse pépite que nous ait laissée cette ruée vers l’or.
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
C’est le cadeau de Noël des Rocheuses. A l’heure où ailleurs le champagne coule à flots, où le foie gras et les dindes garnissent les tables pendant que les cadeaux s’ouvrent, je passe l’un des plus hauts cols des Rocheuses avec mes chiens. Le plus beau des cadeaux, qu’aucun champagne, aucun caviar ne saurait remplacer. Alors que le moindre souffle de vent, la brume ou la neige aurait pu transformer ce passage en cap Horn des Rocheuses, le ciel d’une limpidité incroyable semble avoir retenu son souffle. Lorsque j’arrive au sommet, le soleil qui, depuis deux semaines, n’atteint plus le fond des vallées car il ne monte plus assez haut, pointe sa tête dorée derrière une crête pour nous gratifier d’une caresse qui éclaire toutes les cimes alentour. Je ne peux m’empêcher de croire à une intervention divine. Trop de coïncidences, trop de beauté. J’ai envie de dire aux montagnes : - Arrêtez, c’est trop. J’y crois pas ! |
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
- Où est ton camp ? - A 6 kilomètres d'ici. - Quelle direction ? - La tienne. - On y va. J'ai besoin de réfléchir. Son camp - un bien grand mot - est une cabane de quatre mètres sur trois dans laquelle règne un bordel indescriptible. Peaux et pièges cohabitent avec boîtes de conserve vides et revues pornographiques dont les posters tapissent les murs. - Je te présente mes copines. Elles sont nombreuses, belles et pas farouches. Apparemment assez porté sur la chose, le Bill a fait installer une télévision et un magnétoscope reliés à un groupe électrogène qui lui permettent de visionner des cassettes "de charme" pendant les heures creuses. Une façon comme une autre de meubler sa solitude. |
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
Jamais je n’ai été à ce point frappé par un paysage défiant aussi désespérément mes capacités de description. C’est si vaste qu’en tournant sur soi-même, des milliers de combinaisons de paysages s’offrent au regard, d’une si infinie diversité, d’une telle richesse, qu’un amateur de splendeur sauvage trouverait aisément à se satisfaire ici une vie entière.
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
L’ours polaire est à Churchill ce que l’argent est à Las Vegas. Mais l’argent coule à flot toute l’année alors que l’ours polaire ne pointe le bout de son nez qu’une fois par an, de septembre à novembre. C’est l’époque où ils se rassemblent sur les côtes de la baie d’Hudson en attendant que la mer gèle pour y aller chasser. En dehors de cette période, Churchill ressemble à une station de ski sans neige. Les hôtels côte à côte qui accueillent plusieurs avions de touristes chaque jour sont portes closes, comme les magasins de souvenirs avec ours en peluche, posters et porte-clefs. En automne, ce sont jusqu’à deux cents ours qui rôdent autour de la ville protégée par tout un système de pièges. Des cages avec appâts qui se referment sur le gourmand, reliées toutes à un système central qui sonne l’alerte aussitôt qu’un piège se déclenche. L’ours est alors récupéré et placé dans une prison où l’on rassemble jusqu’à une dizaine d’ours avant de les héliporter à une cinquantaine de kilomètres de la ville. Grâce à ce système très efficace de reprise, les fauves, qui autrefois terrorisaient la ville en allant jusqu’à pénétrer dans les maisons à la recherche de nourriture, sont aujourd’hui parfaitement maîtrisés, aimés et respectés car ils rapportent gros. Pour un bon cliché, Japonais, Allemands et Américains déboursent jusqu’à 600 dollars par jour. Des cars surélevés, équipés d’énormes roues, trimballent les touristes, suréquipés de matériel photographique, caméras numériques, et téléobjectifs dernier cri, jusqu’au lieu de concentration où des cars-restaurants-hôtels permettent aux plus accrocs de coucher sur place. Le soir on danse avec les ours sous les aurores boréales. Au petit matin, on sirote son café en admirant le soleil qui se lève sur la banquise en formation, alors que les ours debout viennent gratter la fenêtre derrière laquelle les touristes ravis racontent le spectacle aux amis depuis leur portable.
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L'odyssée blanche de Nicolas Vanier
Cette nuit, mon optimisme est sans limites, ma motivation à l’égal de mon bonheur. Je ne vois qu’une seule raison d’être heureux qui occulte tout, cette piste blanche sur laquelle je vais bientôt m’élancer avec ma meute pour le plus grand et le plus merveilleux des voyages : les Rocheuses, les grands lacs, la taïga et la banquise, toutes ces provinces au nom qui chante : Yukon, Saskatchewan, Ontario, Manitoba, ces peuples indiens et inuit vers lesquels nous glisserons, toutes ces nuits et ces jours à conduire l’attelage dans le froid et les tempêtes comme une aventure sans fin, car elle est si loin, si inaccessible qu’elle en devient intemporelle, irréelle… Comme un rêve.
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Quelle distinction est attribuée à Sergueï ?