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Citations de Olivia Rosenthal (213)


...une petite boule de poils que vous pourriez caresser, nourrir, cajoler, embrasser, avec qui vous pourriez jouer et parler sans relâche et dont vous vous occuperiez. Mais comme le père Noël n'a pas l'air de vous écouter, vous décidez, sitôt la fête consommée, de partir avec ses rennes pour vous venger.
Les poulets arrivent congelés et entiers, on les leur envoie par-dessus la grille, quelquefois on leur bourre le croupion de viande hachée et on met des médicaments dedans, pas des antibiotiques mais des vitamines pour que leur poil reste brillant. Le confort du loup assure la sécurité de l'homme.
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Le réapprovisionnement de la nature en bêtes sauvages nécessiteraient qu'on les élève avant leur prochaine extinction mais l'élevage transforme considérablement les spécimens et rend parfois la reproduction, l'apprentissage et la transmission extrêmement difficiles. Nous sommes donc condamnés, soit à la disparition progressive des espèces, soit à la mise en circulation d'ours, de panthères et d'éléphants d'élevage destinés à rappeler à nos descendants quelques-uns des aspects perdus de la vie sauvage. Les animaux vivants seront bientôt pièces de musées.

Une fois, alors que tout se passe magnifiquement et que vos parents vous considèrent déjà comme une adolescente modèle, vous vous révoltez. Vous apprenez à cette occasion qu'il est beaucoup plus efficace d'imposer sa volonté par une discrète mais profonde résistance que par les éclats de voix et la colère. Vous vous imprégnez.

Une femelle orang-outan vit avec sa mère jusqu'à l'âge de cinq ans et reste dans son entourage proche jusqu'à six ou sept ans, âge qui correspond à sa première portée. Elle ne quittera définitivement sa mère qu'après avoir appris auprès d'elle comment mettre bas et comment allaiter. Si la chaîne de l'apprentissage et de l'imitation est rompue, la femelle orang-outan ne saura pas élever son petit. Elle expulsera le nourrisson sans comprendre et ne s'intéressera pas à lui et, sans intervention humaine, le petit orang-outan mourra de faim en poussant des cris déchirants. On lui donnera le biberon sous l'oeil de sa mère, en espérant que ce geste réitéré derrière une vitre de protection servira de leçon, de trace de mémoire à une femelle qui a été privée de la sienne et qui renouvelle cette privation en gardant son nouveau-né à bonne distance d'elle.

Vous espérez qu'il ne faudra pas rester avec votre mère jusqu'à la naissance de votre premier enfant. En même temps, vous ne faites rien pour que les choses changent. Vous ne quittez votre chambre qu'à l'heure des repas. Vous ne fermez toujours pas votre porte, vous vous arrangez pour que tous vos gestes soient parfaitement contrôlés et qu'on ne puisse rien vous reprocher. Vous ne recevez aucune visite. Seuls les membres de votre famille entrent sur votre territoire. Vous vous imprégnez.
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Il faudrait que quelqu'un me prête ses mots pour que je parle, il faudrait que quelqu'un me souffle à l oreille les mots dont je ne dispose plus mais pour que quelqu'un me souffle à l oreille il faudrait qu il devine ce que je ressens et voudrais exprimer. Or, il ne peut deviner ce qu est une vie sans mots et sans signes, c est une expérience qui contredit trop violemment son humanité, son envie de dire, sa volonté de donner sens. L expérience du non sens est absolument muette, c est une expérience sans mots.
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– Je veux dire.
– Quoi ?
– Rien.
– Comment ça ?
– Je ne sais pas. Je veux dire rien.
– C’est tout ?
– Oui. Pas possible dire autre chose. Pas de mots pour.
Pas de voix.
– Ça manque ?
– Quoi ?
– La voix pour.
– Oui, ça manque. La voix. Et la langue. La langue manque.
Suis autour mais pas dedans. Et dedans ça manque.
– Je peux parler pour toi si tu veux.
– Non.
– Je peux traduire pour toi si tu veux.
– Non. Pas de traduction. Je veux dire rien et pour rien pas de traduction.
– Parle-moi dans ta langue ?
Silence.
– Dans ma langue, parle plus. Silence. C’est bizarre mais les mots, les cherchent. Cherche les mots dans toutes les langues. Aucune qui convient.
– Tu veux que je t’aide ?
– Non. Pas possible. Ne veux pas revenir, ne veux pas recommencer, veux aller en avant.
– Dis-moi quelque chose dans ta langue, juste pour que j’entende.
Silence...
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 À force de fouiller en vain le passé des autres, j’ai fini par admettre que je ne m’étais pas appliqué à moi-même ce travail d’anamnèse, que j’étais moi aussi floue, vague, que les principales étapes de mon existence s’étaient dissoutes dans le vide et le non-dit.  
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Le monde est un ogre qui dévore ses bâtards
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Si le paradis n'était pas menacé, on ne saurait même plus comment tuer le temps à tenter de le rétablir.
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Aimer le cinéma, c'est s'offrir le luxe de la toute-puissance.
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En général, les Juifs n'aiment pas qu'on mette en relation l'histoire de leur extermination avec d'autres histoires de génocide. Ils ne savent pas que la majorité de leurs interlocuteurs aimeraient eux aussi que ces évènements soient restés sans suite.
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Olivia Rosenthal
Le cinéma nous rappelle que nous pourrions tous être complices.
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Le cinéma captive ceux qui cherchent des arguments pour ne pas ressembler à leurs parents.
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La parole est une arme plus puissante que la défonce.
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Je hais la dépendance dans laquelle me mettent mes amis. J'ai tellement peur, c'est maladif. J'ai l'impression, chaque fois qu'ils tardent, se défilent, esquivent, s'absentent ou me négligent, qu'ils vont disparaître d'un coup.
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La mort n'est pas immobile. Elle n'est pas une situation stable, ni un état fixe, ni une coupure nette, ni une assurance, ni un fait. C'est une durée, c'est un processus, c'est un changement lent, c'est une altération progressive, c'est une transformation qui prend de longues heures, de sorte qu'il est parfois délicat de déceler à quel moment exactement celui qui agonise passe effectivement de vie à trépas.
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Je leur dis que j’aime les bâtards, que je l’ai compris en les écoutant nuit après nuit. Je leur dis, c’est fou, vous me montrez en quoi consiste l’existence quand elle n’est pas préparée par des liens prévisibles, quand elle est vraiment nue. Je leur dis, vous êtes mes héros.
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On a construit des hamacs géants où les passants pouvaient se balancer à plusieurs avant de s’engouffrer dans les tunnels. (…)
On est entrés par effraction au siège de la Banque mondiale pour distribuer des peluches aux employés.
On a planté des étiquettes permettant d’identifier toutes les herbes folles qui arrivent à percer la dalle. (…)
On a saturé la ville de signes invisibles.
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Je me suis souvenue du travail photographique que Michael Wolf a consacré aux chaises installées en bas de ces immeubles, des chaises blessées, amputées, mais rafistolées et solides, faites de fil, de corde, de bois et de plastique. L’artiste les collectionnait. Un jour qu’il préparait sa prise de vue, un passant lui avait demandé pourquoi il prenait en photo une chaise aussi vieille et laide. Et l’artiste avait répondu qu’il ne voyait pas là une chaise laide mais une chaise au caractère bien trempé, qui malgré ses quatre-vingts ans d’âge n’avait pas abandonné l’idée de vivre même si la vie était dure.
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Tous autant qu’on était, on avait décidé de porter le nom qui nous chantait sans se préoccuper de celui qu’on nous avait donné, on avait décidé de s’affranchir du nom. Moi, par exemple, tout le monde m’appelait Lily mais je savais bien que c’était une couverture, et qu’en vrai je portais beaucoup d’autres noms qui se baladaient autour de ma tête, des noms d’hommes et de femmes que j’avais rencontrés sans les connaître et qui s’étaient invités à l’intérieur de mon crâne. Alors si on me demandait mon nom, je n’entrais pas dans les détails, je disais l’essentiel. Lily.
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Le chat est notre intercesseur, un passager alternativement ici et là, un peu domestique et un peu sauvage, impossible à posséder à et à retenir, et dont il faut accepter, si l'on veut pouvoir le suivre, les manifestations d'indépendance et l'imprévisible liberté. On aime le chat parce que tout en étant un compagnon des hommes, il ne cesse de leur échapper" (p. 60)
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Sur certains site consacrés aux doudous, nounours et poupées que les très petits enfants gardent sur leur bouche ou leur poitrine, on trouve des annonces écrites par des parents désespérés. Ces annonces donnent un aperçu de toutes les circonstances où les Félix sont absolument nécessaires, de tous les déplacements qu'ils font, des toutes les situations dans lesquelles ils se trouvent impliqués. Malgré la disparition des prêtres égyptiens et de leur religion païenne, les fétiches continuent à nous consoler de vivre. (p.45)
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