Citations de Olivier Gay (483)
Manon ! je hurle, parce qu'il faut bien avoir un cri de guerre dans la vie.
C'était donc le secret pour attirer les hommes ? Quelques kilos en moins, une robe ajustée, des cheveux peignées ? Ça semblait bien superficiel.
- Ben désolé, c'était lui ou moi, je grogne.
- Pour le bien de tous, il aurait mieux valu que ce soit toi, grimace Nicolas.
- Pour le bien de moi, j'ai préféré que ce soit lui.
Elle paraît effrayée et je la comprends. Elle croyait négocier ma liberté, mais elle ne dispose d'aucun atout dans sa manche. Qu'est-ce que le mage a dit ? Ah oui, à quinze ans, on est idéaliste.
Qu'est-ce que j'aurais fait à sa place ? Je serre les dents en réalisant que j'aurais essayé de la sauver. Il faut croire qu'on est pas plus intelligent à seize ans.
Je le détestai à ce moment, je le détestai comme je n’avais jamais détesté personne. Plus que les garçons qui m’appelaient le Tank, plus que mon père lorsqu’il avait quitté la maison, plus que toutes les contrariétés qui avaient émaillé ma vie somme toute protégée. Oh, oui, je le détestai, mais je gardai le silence, parce que je n’étais pas la plus forte, et que je voulais vivre, vivre, même si ce n’était que pour me venger un jour.
Et puis, d’un seul coup, l’air passa de nouveau dans mes poumons. La première inspiration fut tellement douloureuse que je crus mourir de nouveau, douloureuse mais aussi exquise. Je respirai de toutes mes forces, m’émerveillant de cette sensation que nous prenons tous pour acquise. Personne ne se soucie de la magie de notre anatomie, de la manière dont nous respirons sans même nous en rendre compte mais lorsqu’on nous prive de cette capacité, nos priorités changent.
C’est quand même une question de merde. Comment peut-on savoir si on aime quelqu’un ? C’est quoi, l’amour? Un sentiment? Une odeur? Être bien avec une personne ? Rechercher sa présence ? Vouloir la protéger ?
C'était quand même un métier pourri, flic. On devait se précipiter vers le danger au lieu de s'en éloigner sagement.
- Tu es amoureux, prononce-t-elle.
- Hein?
- Tu as beau jouer les machos, tu es amoureux de moi.
What?
- T'as fumé, qu'est-ce que tu racontes?
- Malgré les dangers, tu restes toujours près de moi. j'essaie de te décourager, et tu ne pars pas. C'est une belle définition de l'amour.
- Euh non, c'est une définition de merde.
Elle tourne sur elle-même, me tire la langue, toute fière.
- Tu peux dire ce que tu voudras. Je le sais, maintenant. J'en suis convaincue.
- Et?
- Et ça fait du bien.
Je n'ai pas le temps de lui dire qu'elle est complètement folle, et qu'est-ce que c'est que cette manière de prétendre que je suis amoureux, et elle se prend pour qui, et de toute façon c'est quoi l'amour, et si ça se trouve je vais me barrer demain et elle l'aura cherché, quand elle se glisse dans mes bras pour m'embrasser.
Bon, d'accord, je suis peut-être amoureux.
Seize ans, c'était l'âge bête, l'âge des rébellions (…).
Jusqu'à maintenant, vous connaissiez le palais en tant que petites gens. Maintenant que vous vous êtes fait remarquer, les enjeux sont différents. Vous allez vous rendre compte rapidement que c'est une autre bataille, plus subtile et plus venimeuse que celle qu'on mène l'épée en main, mais parfois tout aussi mortelle. Les gens chercheront à s'en prendre à vous, à en savoir plus sur moi, sur votre voyage, sur vos motivations. Ne faites confiance à personne.
- C’est quand même pratique, d’être tombés sur ces brigands.
- Oui, si c’était un barde qui racontait cette histoire, on le trouverait un peu paresseux.
Nous marchâmes une demi-heure dans les rues et je m’émerveillai de la douceur de cet automne méditerranéen. Certains Romains mangeaient en terrasse fin novembre ! Soit le climat était détraqué, soit ils vivaient dans un pays merveilleux.
- C'est la Rome antique.
Il se contenta de plisser le nez en signe d'incompréhension.
- La romantique ?
- Rome. Pendant l'Antiquité.
Ne jamais montrer ses faiblesses.
Ha.
Des abrutis, oui.
- Quoi, pas de suppliques pour épargner votre vie ?
- Ça changerait quelque chose ?
- Hélas, non.
- Alors, je te crache à la gueule.
Comment réveille-t-on les princesses, d'habitude?
Je la gifle.
Les mages existent, ils sont parmi nous, et personne ne s'en est jamais rendu compte. Pas étonnant, s'ils font profils bas comme ses parents. Sa mère est bibliothécaire ... bibliothécaire ! D'accord elle aime les livres, mais quand même. Si j'avais possédé des pouvoirs, je serais au moins devenu, je ne sais pas, roi du monde ou un truc comme ça.
Elle regarde son frère. Son frère la regarde. Ils regardent mes liens. La machine à laver les regarde.
- En attendant, ne nous la pique pas totalement, reprit Célia en croisant les bras. On a prévu une sortie shopping demain après les cours, Chloé, tu te souviens ?
- Oh merde, soufflai-je.
Merde en effet. J’avais complètement oublié. En même temps, ces derniers jours avaient été vaguement remplis. J’avais vaguement failli me faire tuer par les méchants, puis vaguement failli me faire tuer par les gentils, alors j’avais vaguement zappé cette histoire de shopping.
- Comment ça, merde ? protesta Nour en me fusillant du regard. Tu n’as pas changé d’avis, j’espère ?
Ce n’était pas d’avis que j’avais changé, mais de priorités.