Citations de Olivier Gay (483)
— Tu m’as… transformée ? En une espèce d’extraterrestre ?
— Nous préférons le mot « Chevalier ».
— C’est du délire.
— C’est un rituel.
Je mis ma main en visière pour me protéger de l’éclat du soleil.
— Arrivés où ?
— Dans notre temple secret, répondit tranquillement Enmoutef.
— Je ne vois rien.
— Si tu le voyais, il ne serait pas secret, n’est-ce pas ?
La plate-forme perdit de l’altitude alors que je cherchais encore une réplique bien sentie à lui lancer. Foutu esprit d’escalier !
Ci-gît Chloé,
Cramée par une boule de feu
Et c'est pas mieux.
Je détourne les yeux et tends la main à Azur qui vient d’arriver. Il s’assied, puis me dévisage avec attention.
― Putain. Ton père, encore ?
Je hausse les épaules avec fatalisme. Mon ami serre les poings.
― Quand est-ce que tu vas lui expliquer que tu n’es pas un punching-ball ? Tu pourrais pas te défendre, un peu ? Sérieux, si l’un de nous voulait te défoncer comme ça, tu nous ferais pas de cadeaux !
― C’est vrai. Mais t’es pas mon père.
― Et pourtant, j’ai baisé ta mère, ricane Azur avant de reculer devant mon regard mauvais. Oh, ça va, je plaisantais. C’est juste violent de te voir arriver en cours avec cette gueule. T’as beau mettre du fond de teint, tu peux pas tout cacher. T’as jamais eu de problèmes avec les services sociaux ?
Je lui souris, mais l’humour n’atteint pas mes yeux.
― Je fais de la boxe, mec. Tu crois que je peux pas justifier ces coups ? Merci du soutien, c’est mon problème et je le gère à ma manière.
Je tournai au coin du préau et plaquai Thomas contre un mur. Il ne se débattit pas, posa sa main sur ma joue avec son perpétuel sourire narquois.
- Je te pensais plus timide que ça, mais si tu me désires tant que ça, laisse-moi enlever mon jean.
- Hé !
Je reculai d'un pas et il en profita pour se dégager du mur.
- Toujours aussi facile à déstabiliser.
J'aurais voulu mourir de honte mais comme j'étais déjà morte, bah c'était déjà ça de gagné.
Il y a une vraie sécurité dans l’invisibilité.
— Papa, ma vie n’est pas comme une dissert de philo. Thèse, antithèse, synthèse.
— Non, une vie est plutôt comme une démarche scientifique. Observation, analyse et modélisation.
Le capitaine se remit en position. Il avait réussi à protéger sa cape de soie sauvage des rigueurs de la traversée de la jungle et voilà que son ennemi l'avait éclaboussée de sang. Un peu comme s'il avait décidé de se venger au-delà de la mort.
Ce que Mandonius n'aimait pas, dans la guerre, c'était son côté salissant.
Lorsque j’ai connu Manon, j’imaginais tous les trucs géniaux que devait pouvoir faire une magicienne, et à quel point ça changeait des filles classiques. Mais jusqu’ici, ça ne m’a apporté que des ennuis, des Mages aux Trousses, des Ombres, des Traqueurs, des flics… Alors ce baiser, ce baiser échangé à deux cent mètres d’altitude, alors qu’on flotte dans un courant chaud qui nous amène vers la liberté, ce baiser, on le fait durer.
Quand on a vu une chorégraphie on les a toutes vue. Après tout, il ne s'agit que de suivre des mouvements en rythme, en tentant de se montrer le plus sensuel possible. N'importe qui en était capable. Pas moi, mais c'était dû à une déficience naturelle à la naissance qui m'avait laissé avec le sens du tempo d'une épagneul atrophié.
Je ne m' étais jamais senti autant dans un James Bond - et aussi peu COMME James Bond - de toute ma vie.
On ne joue pas avec la pédophilie, on ne plaisante pas. En criant « au loup » comme tu viens de le faire aujourd’hui, tu fragilises toutes les vraies plaintes qui passent par Internet. Tous ceux qui ont partagé ce faux profil aujourd’hui y réfléchiront à deux fois la prochaine fois, alors que ce sera une vraie alerte. Tu es en train de semer le doute dans un truc très grave, et c’est dégueulasse.
Paris la nuit avait une beauté qu'on ne retrouvait pas dans la journée. Sous le manteau de l'obscurité, tous ses défauts étaient gommés. On ne voyait plus les pavés inégaux, les trottoirs mal lavés, les lourds nuages de pollution. C'était une nouvelle naissance à chaque sortie, une redécouverte de mon univers. Carpe Diem, disent les épicuriens. Pour moi, c'était plutôt Carpe Noctem - profite de la nuit.
- "Il est inquiétant, non ? soufflai-je à ma voisine. J'ai l'impression qu'il ne m'a pas lâchée depuis ce matin. [...]
- C'est une question de vocabulaire, expliqua-t-elle d'un ton docte. Un mec moche te suit partout, tu l'appelles "pervers psychopathe" et tu fonces chez les flics. Un beau gosse comme lui te suit partout, tu l'appelles 'aubaine" et tu le violes contre un mur.
Ce n'est pas une fille comme je les aime, et je sens qu'elle va me causer des emmerdes par millier. Ca a déjà commencé d'ailleurs. Pourtant, quelque chose en elle m'attire, me donne envie d'aller plus loin.
Bon, récapitulons. Les Mages Noirs ne sont pas aussi méchants qu'on le croirait, ils sont adorables, ce sont eux les victimes, ils sont pourchassés, blablabla.
Jusqu'ici, d'accord. A la place de Fabrice, je serais plutôt énervé. S'il m'avait demandé mon aide dans sa lutte, peut-être que je la lui aurait donné, tiens.
Mais ils tiennent à me sacrifier dans leur rituel à la con pour révéler les pouvoirs de Manon et là, je suis moins partant.
Seulement je n'ai pas mon mot à dire. Ecartelé sur le pentacle, pieds et poings liés, je ne vois pas comment me sortir de cette situation en un seul morceau. Preuve de ma terreur grandissante, ma pudeur diminue en proportion, et ma nudité ne me dérange plus autant.
Les passants passaient, les mateurs mataient, les badauds badaient.
Je sais ce que je vaux. Depuis quand est-ce qu’il faut se définir par le regard des autres ?
Se séparer dans le manoir d'un démoniste. Qu'est-ce qui peut mal se passer ?