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Citations de Pablo Neruda (1111)


Je me souvenais de toi avec l'âme enserrée
de cette tristesse que toi tu me connais.

Où étais- tu alors?
Parmi quelles gens?
Disant quelles paroles?
Pourquoi me vient tout l'amour d'un coup
lorsque je me sens triste, et que je te sens lointaine?
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XIV
. . .

Tu joues tous les jours avec la lumière de l'univers.
. . .
Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
. . .
Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps de nacre ensoleillée.
. . .
Je t'apporterai des fleurs joyeuses des montagnes,
Des copihues,
Des noisettes foncées, et des paniers sylvestres de baisers.
Je veux faire avec toi
Ce que le printemps fait avec les cerisiers.
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Autour de moi je vois ta ceinture de brume
et ton silence harcèle mes heures poursuivies,
et c'est toi avec tes bras de pierre transparente
où mes baisers jettent l'ancre et mon humide désir niche.
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Dans mon ciel au crépuscule tu es un nuage,
et ta couleur et ta forme sont comme je les veux.
Tu es mienne, tu es mienne, ma femme aux lèvres douces
et dans ta vie vivent mes songes infinis.
La lampe de mon âme met du rose à tes pieds
et mon aigre vin est plus doux sur tes lèvres.
Oh ! moissonneuse de ma chanson crépusculaire,
Combien je te sens mienne dans mes songes solitaires
Tu es mienne, tu es mienne, et je le crie dans la brise
du soir, et le vent emporte ma voix en deuil.
Au profond de mes yeux tu chasses.
Ton butin stagne comme les eaux de ton regard nocturne.
Dans le filet de ma musique, tu es prise, mon amour,
et mes filets de musique sont aussi vastes que le ciel.
Mon âme nait sur les bords de tes yeux.
Dans tes yeux commence le pays du songe.
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"Je ne peux pas vivre sans la vie, être l'homme sans l'home et je cours et vois et entends et chante...
Donnez-moi pour ma vie toutes les vies,donnez-moi toute la douleur de tout le monde, je vais la transformer en espoir "
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Livre, quand je te ferme
j'ouvre la vie
J'écoute
des cris entrecoupés
dans les ports.
Les lingots de cuivre
traversent les sables,
descendent vers Tocopilla.
C'est la nuit.
Entre les îles
notre océan
palpite avec ses poissons.
Il touche les pieds, les cuisses,
les côtes calcaires
de ma patrie.
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L'ombre que je sondais ne m'appartient plus.
J'ai la joie du mât, la joie durable.
J'ai le legs des forêts, j'ai le vent du chemin
et j'ai l'ardeur d'un jour sous la clarté terrestre.

Je n'écris pas pour être emprisonné par d'autres livres
ni pour des apprentis avides d'être lys
mais pour de simples habitants, ceux qui demandent la lune et l'eau, les éléments de l'ordre immuable, écoles, pain et vin, guitares et outils.

J'écris pour le peuple et bien qu'il ne puisse
encore
lire ma poésie avec ses yeux ruraux.
L'instant viendra où une ligne, vent
qui agita ma vie, arrivera à ses oreilles :
alors le paysan lèvera les yeux sur la glèbe,
le mineur sourira en détachant la pierre,
le garde-frein en sueur épongera son front,
le pêcheur verra mieux scintiller le poisson
qui brûlera ses mains en sa palpitation,
et le mécanicien, lavé de frais et fleurant bon
le savon, aimera regarder mes poèmes.
Peut-être diront-ils : « C'était un camarade.»
Il ne m'en faut pas plus. C'est la couronne
que je veux.


(extrait de "La grande joie" in "Je suis" - pp. 509-510).

.
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XV

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente,
et tu m'entends de loin, et ma voix point ne te touche.
On dirait que tes yeux se seraient envolés
et on dirait qu'un baiser t'aurait scellé la bouche.

Comme toutes les choses sont emplies de mon âme
tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
et tu ressembles au mot mélancolie.

Tu me plais quand tu te tais et sembles distante.
Et tu sembles gémir, papillon dans la berceuse.
Et tu m'entends de loin, et ma voix ne t'atteint pas :
laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, muette et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et simple.

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente.
Distante et endolorie comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et la joie que ce ne soit pas vrai, la joie m'emporte.

.
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Pablo Neruda
" je t'aime "

https://youtu.be/MIdEs82iVuY?si=70Nlu8PCyrT84xce
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L'avenir est espace

L'avenir est espace,
un espace couleur de terre,
couleur de nuage,
couleur d'eau, couleur d'air,
un espace noir pour de nombreux rêves,
un espace blanc pour toute la neige,
toute la musique.
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les lettres de ton nom sont l’eau d’une rivière
qui viendrait se jeter en mon cœur calciné.
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je parcours de baisers la forme de ton feu,
ma petite planète, géographie, colombe.
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mon amour, j’aime en toi le clair avec l’obscur.
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Petite
rose,
rose menue,
parfois,
minuscule et nue,
on dirait
que tu tiens
dans une seule de mes mains,
que je vais t’y emprisonner
et à ma bouche te porter,
mais
soudain,
mes pieds touchent tes pieds et ma bouche tes lèvres,
tu as grandi,
tes épaules s’élèvent comme deux collines
et voici que tes seins se promènent sur ma poitrine,
mon bras parvient à peine à entourer la mince ligne,
le croissant de nouvelle lune de ta taille :
dans l’amour tu t’es déchaînée comme l’eau de la mer :
je mesure à peine les yeux les plus vastes du ciel
et je me penche sur ta bouche pour embrasser la terre.
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Petite brune et agile, le soleil qui fait les fruits,
celui qui charge les blés, celui qui tord les algues,
il a fait ton corps joyeux, tes yeux lumineux,
et ta bouche qui a le sourire de l’eau.
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Je veux faire avec toi
ce que le printemps fait avec les cerisiers.
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C’est le matin plein de tempête
au cœur de l’été.

Les nuages voyagent tels de blancs mouchoirs d’adieu,
le vent les agite de ses mains voyageuses.

Innombrable cœur du vent
battant sur notre silence amoureux.

Bourdonnant entre les arbres, orchestral et divin,
comme une langue pleine de guerres et de chants.

Vent qui dérobe en vol rapide les feuilles mortes
et dévie les flèches palpitantes des oiseaux.

Vent qui la détrône en vague sans écume
et substance sans poids, et feux inclinés.

Se brise et se submerge son volume de baisers
combattu à la porte du vent de l’été.
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Pablo Neruda
Soneta 17 (1959)

No te amo como si fueras rosa de sal, topacio
o flecha de claveles que propagan el fuego:
te amo como se aman ciertas cosas oscuras,
secretamente, entre la sombra y el alma.

Te amo como la planta que no florece y lleva
dentro de sí, escondida, la luz de aquellas flores,
y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo
el apretado aroma que ascendió de la tierra.

Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde,
te amo directamente sin problemas ni orgullo:
así te amo porque no sé amar de otra manera,

sino así de este modo en que no soy ni eres,
tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía,
tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño.

I do not love you as if you were a salt rose, or topaz
or the arrow of carnations the fire shoots off.
I love you as certain dark things are to be loved,
in secret, between the shadow and the soul.

I love you as the plant that never blooms
but carries in itself the light of hidden flowers;
thanks to your love a certain solid fragrance,
risen from the earth, lives darkly in my body.

I love you without knowing how, or when, or from where.
I love you straightforwardly, without complexities or pride;
So I love you because I know no other way

than this: where I does not exist, nor you,
so close that your hand on my chest is my hand,
so close that your eyes close as I fall asleep.
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ART MAGNÉTIQUE

De tant aimer de tant marcher naissent les livres.
Mais s'ils n'ont de baisers ou de régions .
mais s'ils n'ont d'hommes à pleines mains,
s'ils n'ont de femmes en chaque goutte,
s'ils n'ont faim, désir, colère , chemins,
pour l'emblème ou le carillon ils restent vains :
s'ils n'ont point d'yeux et ne pourrons pas les ouvrir,
ils n'auront que la bouche morte du précepte.

J'ai aimé les murmures génitales
et dans le sang et l'amour j'ai creusé mes vers,
dans la terre durcie j'ai fondé une rose
disputée au feu et à la rosée.

Et j'ai pu marcher en chantant.
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LA MER

J'ai besoin de la mer car elle est ma leçon:
je ne sais si elle m'enseigne la musique ou la conscience :
je ne sais si elle vague seule ou être profond
ou seulement voix rauque ou bien encore conjecture
éblouissante de navires ou de poissons .
Le fait est que même endormi
par tel ou tel art magnétique circule
dans l'univers des vagues.
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