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Critiques de Pascale Roze (83)
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Le Chasseur zéro

La jeune Laura n'a pas une vie très amusante. La jeune fille, coincée entre des grands-parents austères et une mère profondément dépressive, ne voit pas le bout du tunnel que constitue son enfance. Timide et renfermée elle n'a personne à qui confier sa tristesse et sa révolte. Pourtant un jour, dans son école, elle fait une rencontre qui va changer sa vie. Poussée par cette nouvelle amie, elle a l'audace de questionner sans relâche sa famille sur les circonstances de la mort du grand absent, son père, un officier de marine américain mort pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais de révélations en découvertes, la vérité se révèle un piège. Obsessionnelle et souvent déconnectée de la réalité, Laura devient incapable de construire sa vie.



Ce premier roman, couronné par le prix Goncourt, est déroutant et singulier. La révolte et l'obsession proche de la folie, exprimées simplement, y sont très fortes et dérangeantes. Malgré tout, on s'interroge sur le sens que Pascale Roze a voulu donner à son récit - le secret et ses conséquences, une page d'Histoire sur les kamikazes japonais, la névrose obsessionnelle, l'adolescence et ses pulsions morbides sont peut-être les trop nombreux sujets qui perdent le lecteur et brouillent le message. Le Chasseur zéro, bien qu'original et puissant, reste, à mon avis à cause de cela, une demi-réussite.

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L'eau rouge

Une vieille dame, Laurence, en proie aux tourments de l'âge, de la déraison qui peut l'accompagner, se souvient de sa jeunesse en Indochine, de ses fantasmes, de son quotidien sur une base militaire.



Tout ce roman rétrospectif porte la marque de l'illusion du souvenir où les fils s'emmêlent, mais il reste les paysages, les odeurs, les sons de l'Asie envoûtante qui va pénétrer le lecteur au long du déroulé d'une jeunesse enfuie où l'aventure prenait le pas sur la sagesse.



Laurence dégage une empathie en même temps qu'une compassion devant son incapacité à reprendre le chemin tortueux de ce passé qui la hante, elle voudrait certainement repartir là-bas et ce dernier voeu ne peut être exaucé.



C'est un roman où les couleurs de l'Asie offrent une dimension originale pour les derniers temps d'une vie qui détient ses souvenirs secrets qu'il est sûrement très bon de se remémorer avant d'entreprendre l'ultime voyage.
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La belle Hélène

Hélène Bourguignon est professeur de lettres à Sciences-po, et ce jour-là, elle a choisi une nouvelle de Brautigan. Elle choisit des nouvelles courtes n’excédant pas cinq pages. Le texte est dans ses mains, elle s’apprête à commencer son cours lorsqu’elle entend quelqu’un jouer de la guitare et chanter :



Quelqu’un chante… If you’re going to San Francisco/Be sure to wear some flowers in your hair… La surprise lui fait monter les larmes aux yeux.



Les souvenirs remontent, les drames de sa vie, la mort des gens qui la chantaient en 1967, notamment Xavier son premier mari qu’elle épousé très jeune, amoureuse de l’amour, puis le deuxième qui a vraiment compté : Laurent…



Elle, si bien organisée, qui arrive toujours en avance, en salle de cours, perd soudain le contrôle de son cours. Elle tente de faire le lien entre 67, et l’année où a été écrite la nouvelle (1939), la date du suicide de Brautigan, et donc cela conduit à une réflexion sur le temps : « La seule chose que tu possèdes c’est le présent » dixit toujours Marc Aurèle…



Elle leur montre ainsi qu’il faut toujours resituer dans le temps, les propos d’un auteur, et à compter en générations pour avoir des repères : trois générations les séparent de 1939…



Quand elle rentre chez elle, les souvenirs des êtres disparus refont surface. Elle regrette de s’être emballée à cause de la chanson, et d’avoir trop insisté sur le suicide de l’auteur…Et fait le bilan de sa vie.



Elle habite Paris, qu’elle arpente à pieds, alors que ses racines sont à la campagne : son frère a pris les rênes de la ferme familiale, et les relations dans cette famille sont loin d’être simples, alors il y va rarement, s’est même débrouillée pour ne pas assister à l’enterrement de son père.



Elle a une fille Lou, enceinte et une petite-fille Juliette, dont elle s’occupe assez. Elle va régulièrement faire des longueurs en piscine avec son amie Laetitia.



On va suivre son cours sur une nouvelle de Dino Buzatti « Esclave » puis, elle enchaîne avec Anton Tchekhov, Yasmina Reza …



Depuis la mort de Laurent, sa vie de femme est entre parenthèse, et elle est devenue une forteresse dire à conquérir pour un éventuel prétendant.



J’aurais adoré l’avoir comme prof ! j’ai envie de découvrir les nouvelles de Richard Brautigan, auteur que je n’ai jamais lu…



Ce livre m’a beaucoup plu, Pascale Roze m’a fait voyager dans Paris, en Bourgogne en Corse, mai surtout dans l’univers des auteurs que sa « belle Hélène » aime tant. L’écriture est belle, tous les thèmes sont bien traités.



J’ai découvert Pascale Roze en 1996 avec « Le chasseur Zéro » (pour lequel elle a reçu le prix Goncourt), un livre envoûtant, que j’ai dévoré littéralement, englouti sans le lâcher une seule seconde avant d’arriver à la fin et donc adoré. Je m’étais promis de lire d’autres romans de l’auteure et le temps asse, hélas, et il y a temps de romans et d’auteurs à découvrir.



J’ai beaucoup aimé « La belle Hélène » que j’ai dévoré avec le même appétit que « Chasseur Zéro » et retrouvé l’auteure avec un immense plaisir…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui ont bien voulu me faire confiance avec ce roman qui n’a qu’un seul inconvénient : il est trop court ! j’aurais aimé qu’il dure encore et encore.



#LabelleHélène #NetGalleyFrance
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Lettre d'été

Au moment où elle corrige un manuscrit qui deviendra "Le Chasseur Zéro", Pascale Roze rencontre brutalement la caresse de la mort : rupture d'anévrisme et c'est la vie qui vacille, la vie qui pourrait prendre fin...



Trois années plus tard, elle entreprend l'écriture de ce texte. Elle, qui a su raconter oralement son expérience de ce mois d'hospitalisation, ne parvient pas à la coucher sur le papier.

Dès qu'elle s'y attelle, les mots s'évadent, les phrases s'évaporent et les idées se brouillent... Alors, elle décide d'écrire une lettre à celui qu'elle admire, qu'elle vénère, qu'elle fait habiter son intime, une parcelle de son être : Léon Tolstoï.



Tout en partageant ses sensations, les rencontres occasionnées par cet "accident", elle dit combien l'humanité bienveillante du personnel hospitalier l'a aidée, au moment où ses échelles de valeurs et de jugements s'écroulaient au bord de l'abîme. Cette part d'humanité rencontrée.

Elle n'invente pas et ce qu'elle dit en mots, elle se souvient l'avoir vécu, elle ne brode pas, elle dit la réalité d'une mise en demeure de regarder sa vie...



Elle invoque le grand écrivain dans sa mort, dans la rencontre que celui-ci en attendait, lui qui la faisait personnage de ses romans, quelle perception ultime a-t-il eu de l'instant ? Un gouffre, le souffle d'un battement d'aile, le frôlement d'une plume, une "joie" comme il se plaisait à l'imaginer ou des ténèbres. Pascale Roze, quant à elle, nomme "joie" ce passage qui n'a été qu'entre-aperçu, qui est devenu ce retour à la vie ainsi lestée d'un éclat autre...



Elle invoque la force de la littérature, le pouvoir de cette nourriture de l'esprit en évoquant ses ateliers auprès de ceux qui sont oubliés et percevant que c'est au moment où elle repense à son cher écrivain qu'elle repousse un peu ce voile noir qui bat devant elle.



Elle dit la réécriture des rapports sociaux et familiaux, la perception de l'amour différent qui bourgeonne au lendemain de l'alerte, la mise en question des certitudes et de la gratitude qui l'habite...



Elle parle aussi des ces coïncidences de l'existence, de ces clins d'oeil, entre mots écrits pour être publiés et ce qu'on nommerait "destinée", entre prémonition et présage, entre fil ténu et violence de la réalité. Léon Tolstoï les avait rencontrés également...







Un texte fort, tout en intimité, en sensibilité. C'est une écriture délicate qui fait rencontrer une femme digne et entière dans ses préférences, transparente dans ses perceptions, attachante dans son regard sur ce soubresaut de la vie-mort, qui lui laisse la possibilité d'écrire différemment l'avenir ou d'en soupeser un peu plus le poids et la valeur. le besoin de dire pour se libérer et vivre tout simplement en compagnie de ce qui écrit la richesse d'une existence.

Une rencontre décrite sans crainte, sans affolement que tout être fait à "son" heure - pour reprendre les mots du chirurgien qui vient de l'opérer - et pour Pascale Roze, l'expérience d'un moment qu'elle a partagé partiellement avec l'écrivain russe, juste une façon de nous faire témoin de cette connivence en nous en faisant confidence.

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Itsik

Itsik est le diminutif d'Ytzhok, Isaac en yiddish. Ce bref récit de la vie d'Itsik se fait l'écho de l'histoire de cette langue. Cette langue qui a cessé d'exister sur le sol européen au milieu des ténèbres du vingtième siècle, cette langue qui a été effacée d'Europe par Hitler.



Itsik est le dernier de la fratrie. C'est un enfant habité de douceur, celui qui se soucie des animaux, de leurs souffrances, de leur vie parfois si dure, c'est l'innocent, celui qui écoute l'oiseau, celui qui contemple les traces annonciatrices du printemps. C'est le silencieux qui préfère se taire parce que "Parler, c'est exagérer."



Il est comme tous, il rêve de partir, loin, loin de la cour commune qui est son horizon, loin de la misère qui l'accompagne lui et les siens, loin de cette terre de Pologne où l'avenir ne s'écrit pas...



Quitter aussi la mère, bien que son rang de naissance ait fait de lui le préféré - "Elle n'a pas eu le temps d'aimer les autres." - parce celui qui naît requiert toute l'attention et que le temps ne se multiplie pas....



Itsik va parvenir à s'envoler. Par petits sauts, gagner la destination de Paris, y faire venir celle qu'il aime par dessus tout, Maryem, et pourtant L Histoire court sur ses talons, l'ayant poussé hors de l'Allemagne, le bousculant sans cesse bien qu'il soit persuadé qu'il est désormais protégé, à l'abri de la fureur, dans ce pays des Droits de l'homme.



Pourtant, la peur l'habite, vrille parfois tout son être, alors il se fait silencieux, il se tait encore davantage, il se replie. Cette peur comme une prémonition, comme une mise en garde qui lui serait adressée. Et pourtant, il en est persuadé : rien ne peut lui arriver dans sur cette terre d'accueil alors il n'écoute pas cette peur...

Pourtant, la vie et la liberté s'effilochent autour de lui, autour de sa famille, autour des siens : les lois raciales, les discriminations. Mais Itsik n'imagine pas qu'il peut être englouti, qu'il peut être nié....



Aussi se rend-il, en toute confiance, à la convocation qu'il reçoit pour ce 14 Mai 1941, celle que l'on désignera comme la première rafle, "ra rafle du Billet vert" et qui fauchera, niera 3710 hommes, Juifs, étrangers, qui pensaient seulement respecter les lois d'un pays qui les avait accueillis, sans imaginer que celui-ci était en train de les trahir.

C'est Pithiviers pour lui, cela aurait pu être Beaune-La-Rolande, c'est le départ de la gare d'Austerlitz parce que Drancy n'existe pas encore, c'est la vie en promiscuité, ce sont les chaussures prêtées par Zoran, chaussures boulets plus que bottes de sept lieues quand elles entravent toute idée de liberté, parce qu'il lui faudra les rendre à Zoran, parce que elles ne peuvent l'emmener là où il pourrait fuir, se cacher, échapper, attendre...



Et puis l'inéluctable parce que L Histoire a pour maitre le Mal...





Dans un texte bouleversant qui contient mille vies, mille récits d'existence, à travers un personnage, Pascale Roze écrit l'anéantissement d'un peuple et d'une langue. Tout au long de ces pages, des mots parsemés, des bribes de phrases comme murmurées suggèrent les temps à venir et le Mal qui observe Itsik ou tous ceux dont il est symbole. Des mots pour dire les regrets pour les décisions prises, d'autres choix pour d'autres conséquences, des mots pour dire le temps qui fuit, qui s'emballe, galope vers le gouffre des ténèbres de ce siècle...

Des mots pour rappeler que la confiance en un pays a été trahie, des mots pour dire que la liberté est fragile en toute terre, des mots pour rappeler toutes ces vies niées, assassinées.

Des mots pour que la vigilance nous habite, toujours...
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Le Chasseur zéro

Laura Carlson n'a jamais connu son père américain. Officier de marine, celui-ci est mort à Okinawa en 1945, abattu par un avion kamikaze, le "chasseur zéro".

Entre une mère dépressive et des grands-parents sinistres, Laura vit le manque de la figure paternelle avec beaucoup de difficultés, dans la confusion, la douleur et l’affliction.

La chape de silence et de secret qui recouvre le drame est d’autant plus accablante qu’elle tourmente et obsède de plus en plus la jeune fille.

Elle entreprend alors des recherches sur la Guerre du Pacifique afin d’appréhender un peu de l’univers de ce père qu’elle a sacralisé. Mais incapable de supporter un climat familial lourd et pernicieux, Laura finit par développer en grandissant de troublants acouphènes.



Déchirant le silence, emplissant le vide d’un grondement menaçant et continu, le vrombissement du bombardier ennemi vient jour après jour rugir à ses oreilles, altérant sa conscience, son comportement, son rapport aux autres.

Sa vie entière est dominée par ce bruit obsédant que rien ne peut apaiser.

Les somnifères l’engourdissent et la minent. Et si les boules Quiès amortissent quelque peu les décibels du moteur, elles ont aussi pour effet de l’enfermer dans la prison ouatée de la surdité en l’isolant du reste du monde.

La passion de la musique et l’amour que lui voue un compositeur de talent n’y changent rien.

Toute fuite est impossible.

Vrombissant à plein régime, le kamikaze revient sans cesse hanter son esprit dans un fracas de turbines et de pales.

Il est l’incarnation du néant, la figure exaltée de la mort, le symbole de l’autodestruction.

Entre elle et lui, c’est une passion qui se joue désormais à la vie à la mort.



Pascale Roze, va au bout de l'obsession de son héroïne dans ce livre tendu, au souffle court, à la détresse rentrée, au souvenir destructeur.

L'auteur, dont le père était officier de marine à l’instar de celui de son personnage, semble avoir mis beaucoup d'elle-même dans ce roman où s'inscrit en continu la souffrance de l'absence et du non-dit. La narration à la première personne renforce encore cette impression de proximité entre auteur et personnage en même temps qu’elle propulse le lecteur dans un récit tourmenté très intime et personnel, le faisant le témoin de la débâcle existentielle de la jeune femme, une déroute relationnelle et amoureuse dont le caractère désespéré et sans issue imprime un sentiment de malaise et de trouble assez éprouvant et dérangeant.



L’on assiste, impuissant, à la progression de la folie de Laura. Une hallucination au départ auditive qui se transforme peu à peu en amour passionnel, fantomatique et morbide pour l’aviateur japonais ; un fantasme de mort dévorant, bouleversant irrémédiablement son existence, et qui l’amène à se séparer des rares êtres encore disposés à la soutenir.

Se fermant totalement aux autres et au monde extérieur, désocialisée, repliée sur elle-même, alimentant son obsession, la cultivant comme un jardinier prendrait soin d’une fleur rare, l’héroïne se laisse totalement submerger par sa hantise suicidaire.

La passion morbide qu’elle entretient avec le kamikaze japonais a la saveur délétère des amours impossibles, de celles qui ne peuvent se nouer et se dénouer que dans un pacte de sang et de mort.

Ce singulier premier roman avec lequel Pascale Roze a obtenu le prix Goncourt 1996 est un livre fort, dur, âpre, étouffant, duquel on ressort opprimé, oppressé, avec - tout au moins pour un temps - l’irrépressible besoin de fuir les lectures « commando-suicide ». Banzaï !

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Le Chasseur zéro

Encore une preuve si besoin, du fossé entre les gouts des critiques et ceux des lecteurs, parce que ce « Chasseur zéro » à tout de même obtenu le Goncourt, rien que ça !! Et ce pour un premier roman. Si l’histoire de Laura, avait sur le papier de quoi intéresser, Pascale Roze parvient rarement à nous émouvoir et encore moins à nous passionner. Le chasseur zéro c’est ce célèbre avion kamikaze qui provoqua d’énormes pertes à la flotte américaine. C’est aussi le bruit de cet avion qu’entend notre héroine, insupportable et qui l’oblige à aller sur les pas de son père disparu (victime dudit chasseur) alors que Laura avait trois mois. Folie ? ( la mère est déjà à l'Ouest), maladie ? Laura tente de percer l'histoire familiale et de rester dans la vie, mais le lecteur s’ennuie profondément et pout tout dire s’en fiche pas mal aussi. Remercions tout de même Pascale Roze d’avoir fait court. Mais franchement le Goncourt, pincez-moi, je rêve.
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La belle Hélène

Hélène Bourguignon (quel nom !), la soixantaine bien entamée, anime un atelier d'écriture à Sciences Po, même si ses cours ont plutôt l'air de consister en des lectures de nouvelles très brèves d'auteurs comme Brautigan, Buzzati, Tchekhov, Musil, Reza. Seule à présent, géographiquement loin de sa mère et apparemment pas très proche de sa fille, Hélène revient sur les différents hommes de sa vie puis fait une rencontre qui permet à l'espoir de renaître. Nourrie de stoïcisme, elle nous fait également partager sa philosophie de la vie et critique la pensée simpliste de notre temps. ● Même si la littérature y occupe une grande place, le roman semble paradoxalement aboutir à un refus d'une trop grande intellectualisation de la vie et trouve son aboutissement dans une morale godardienne de l'exaltation de la simplicité de l'existence (il n'y a rien d'autre à faire que vivre) qui n'est jamais aussi bien célébrée que sur les îles de la Méditerranée : Capri pour Jean-Luc Godard, la Corse pour Pascale Roze : baisser la garde, accepter la vie, ne pas avoir peur de la sensualité. (Ce n’est sans doute pas un hasard si la page de couverture rappelle furieusement le dernier plan du Mépris.) ● C'est un roman plein de qualités qui ne m'a pas donné un grand plaisir de lecture, loin de là. Si la singularité du ton se perçoit dès les premières lignes et intrigue le lecteur, force est de constater que ce dernier ne sera pas accompagné par l'auteure, qui ne se donne jamais la peine d'expliquer qui sont les personnages qu'elle introduit, de séparer les dialogues de la narration, de mettre des guillemets aux citations… Tout cela engendre une perte de repères et un flou qui sont trop évidents pour ne pas avoir été voulus. Mais ces procédés n'ont pas fonctionné avec moi.
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Lonely child

Odile Mourtier a quatre-vingt-dix ans. Odile femme volontaire, qui se consacre désormais la seule gestion d'une fondation musicale.

Elle vient enfin d'arrêter une décision qu'elle ne parvenait pas prendre : nommer l'héritier de ses biens et de sa fortune. Elle a enfin choisi : ils reviendront à Tariq...

Qui est Tariq, celui qui replie la carte du Hoggar avec beaucoup de soins dans les premières phrases du roman au point d'émouvoir Odile qui le regarde, je vous invite à le rencontrer…





La mère d'Odile possédait une industrie dans la région de Millau, spécialisée dans la confection de gants de luxe en chevreau, gants qui s'enorgueillissaient d'habiller les mains les plus célèbres du moment à travers le monde. Hélas, l'industrie, n'ayant su suivre la modernisation des Trente Glorieuses, a périclité et Odile en a reçu le capital en numéraire à défaut d'une entreprise à gérer.



Son père, officier, est mort en Artois en 1915. Elle ne l'a guère connu...



A la même période, son grand-père, lui aussi officier, est rapatrié du Maroc où il était en service.

L'accompagne un petit garçon qui découvre la France : il se nomme Amazouz...



En 1915, également, juste après l'annonce du décès de son père au combat, Odile, celle qui n'est qu'une petite fille secrète et craintive, va passer quelques jours chez ce grand-père qu'elle ne connaît que très peu. Elle rencontre Amazouz...





Une fois dévoilés tous ces détails, je ne vous en dirai pas davantage, vous engageant à découvrir ce roman autant familial qu'historique.

S'il raconte une Histoire de la présence française au Maroc du début du vingtième siècle, il pose tout autant le regard sur cette famille, sur ces militaires habités par leur engagement, dignes, fiers…



Ce grand-père qui regrette son ancienne affectation, la terre du Maroc et les perspectives qu'il y entrevoyait...Ce grand-père, de retour en France et très vite affecté à un poste subalterne pour avoir défendu ses hommes auprès de ses supérieurs au moment de la Bataille d'Argonne en 1915. Ce grand-père si maladroit et peut-être aussi un peu rigide, ne sachant pas toujours composer avec l'innocence des deux enfants qu'il abrite pour un moment sous son toit, Amazouz et Odile toujours complices face à sa sévérité.



Ce père mort au combat, si discret et si silencieux, disparu tout en gardant dans le coeur le choc d'une phrase prononcée, sans ambages, par son propre père, quelques jours avant son retour au front, une sorte de désaveu...



Cette mère hautaine, méprisante, issue d'un milieu aisé, sûre de son bon droit, de ses décisions, qui ne tient compte de personne, mais qui détruit les existences sans remords, ni questionnement...





Les différents personnages sont justes, la vie militaire est restituée dans la singularité de ceux pour qui l'engagement est toute leur vie, souvent au détriment de la vie familiale… Les épouses ne l'acceptaient pas toujours.



Ce qui frappe, c'est la solitude dans laquelle tous sont plongés : aucun ne trouve son alter ego, celui qui apaisera les tourments de l'âme, celui qui épaulera dans les moments plus difficiles, celui qui constituera une raison de continuer à vivre. Ou alors s'il le croise, le caractère éphémère de la relation ne rend que plus douloureuse l'absence qui est désormais le quotidien...





Une histoire familiale tissée dans la trame de l'Histoire de ce début de siècle de la France, à l'étranger.

Un récit sur le devoir de reconnaissance, sur la volonté de réparer, sur les coïncidences qui font resurgir du passé des souvenirs enfouis et obligent à rendre à celui qui en était le bénéficiaire ce que d'autres ont éparpillé ou brisé. Un récit sur l'affection filiale, ou ce qui y ressemble...

Un roman très sensible, tout en suggestion, en demi teintes sur ce qu'est "la transmission", sur ce qui reste des vies...



Pascale Roze possède une écriture fine et précise qui entraîne le lecteur d'un bout à l'autre de ce court récit sobre et juste. Elle a également l'art de faire évoluer les personnages au fil de quelques pages avant de nous dire qui ils sont avec précision, cela bouleversant un peu la lecture car on essaye de retenir des détails à relier entre eux pour la suite et ainsi se construit un récit très original dans sa forme.





Un très émouvant moment de lecture.
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La belle Hélène

"L'étude d'un texte est une chose sérieuse. L'étude d'un texte apprend l'attention à ce que l'on a devant les yeux, que ce soit dans le texte ou dans le monde réel, est à la fois donné et caché. S'exercer à l'attention des indices dans un texte, c'est apprendre à s'exercer au sens caché du monde qui nous entoure." (p. 109)



Toute première lecture que je fais de Pascale Roze avec ce texte d'hommage à l'étude des textes littéraires. La narratrice,la soixantaine... veuve deux fois, vit seule; elle est professeur de littérature à Sciences Po;

elle tente d'intéresser et de sensibiliser ses étudiants à la Littérature : Buzzati, Musil, Reza, Richard Brautigan, etc.

Elle narre sa vie, son quotidien,ses amours, ses métiers d'enseignante et de lectrice de manuscrits à la lumière de la Littérature, des écrivains !



" Le donné et le caché, elle savait les débusquer dans un texte. Elle croyait fermement que s'y exercer dans un texte aidait à le faire dans la vie. " (p. 110)



Une lecture plaisante... où la littérature est en très belle place, un des éléments précieux de culture et d'apprentissage de l'existence...Esprit d'analyse, esprit critique, sens de l'observation, de la compréhension de la valeur du langage et du choix des mots ...plus le plaisir de retrouver

de jolies descriptions d'une ville corse , de caractère... où je me suis promenée longuement : Sartène !!



"Elle fera des recommandations à l'étudiante. L'envie de lire est fragile et s'évapore comme l'arc-en-ciel." (p. 50)



Un moment chaleureux comme une rencontre amicale où on partage l'amour des mots, qui dit aussi très fort, l'Amour de la vie !
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La belle Hélène

Hélène, un portrait en quatre nouvelles



Dans La belle Hélène Pascale Roze raconte un atelier d’écriture à Sciences-Po. L’occasion de nous présenter quatre merveilleuses nouvelles, mais aussi de nous démontrer le pouvoir de la littérature. Mission accomplie!



Hélène Bourguignon a un peu plus de soixante ans, mais n’a rien perdu de son enthousiasme et de son envie de faire partager ses bonheurs de lecture. Toutefois, l’atelier de lecture qu’elle anime au sein de la prestigieuse école parisienne de Sciences Politiques n’a rien d’académique. Foin des cours magistraux et du bourrage de crâne. Elle s’est donnée pour mission de faire aimer les textes, de faire découvrir aux élèves combien ils peuvent accompagner leur vie et même – bonheur suprême – les aider à avancer dans la vie. Il faut dire que sa propre biographie lui donne des armes de persuasion massive: si elle vit désormais seule, elle a été mariée deux fois et est deux fois veuve, mère de Lou et grand-mère de Juliette, sœur de Stéphane qui a lui choisi l’agriculture.

Avec Xavier, un soixante-huitard, elle aura brûlé sa jeunesse avant de le quitter pour un écrivain. Laurent aura été son grand amour, parti trop tôt. À ses côtés, elle aura aussi fait ses premiers pas en littérature, comme nègre puis en publiant un premier roman. Outre son atelier de lecture, elle lit encore des manuscrits pour une maison d’édition. Une passion pour les mots qui l’accompagne désormais au quotidien, nourrie de la philosophie de Sénèque et d’Épictète, de Marc-Aurèle et de Simone Weil.

Pascale Roze a choisi de construire son roman autour de quatre leçons données durant le mois de mai 2018 avec de somptueuses nouvelles – qu’elle nous donne envie de (re)découvrir – signées Robert Musil, Anton Tchékhov, Dino Buzzati, Yasmina Reza et Richard Brautigan. Pour s’approprier ces textes, ses étudiants doivent non seulement les lire, mais les résumer et les commenter. Une façon fort agréable pour le lecteur de se plonger dans ces œuvres, y compris dans le ressenti quelquefois très différent de ces textes. De mieux comprendre et surtout de découvrir de superbes écritures: «Ma vie est tout à fait à plaindre, pire que celle du chien le plus malheureux» (Vanka, Anton Tchékhov ; «Le vent soufflait sur les éteules aussi doucement que s’il avait eu une soupe d’enfant à refroidir» (Trois femmes, Robert Musil) ; les gens ont besoin d'un peu d'amour, et bon dieu que c'est triste, parfois, de voir toute la merde qu'il leur faut traverser pour en trouver. (La vengeance de la pelouse, Richard Brautigan)

Avouons-le, la plupart de ses étudiants appelés à avoir de hautes fonctions administratives et politiques passent à côté de ces trésors. Mais Hélène se satisfait lorsqu’une seule élève démontre une sensibilité toute particulière. Elle la soutient et l’accompagne alors avec un œil pétillant vers une vocation théâtrale.

On imagine du reste que c’est ce même œil qui aura séduit ce juge avec lequel elle fera peut-être un petit bout de route, acceptera une invitation à dîner et découvrira plus tard l’île de beauté.

Hommage à la littérature et plus encore à la lecture et à la relecture, ce roman est aussi une exploration de l’intime, de ces «marqueurs» qui fixent à jamais une émotion, une boîte aux trésors bien précieuse. Cette petite musique qui – petit clin d’œil à La Belle Hélène d’Offenbach –fleure bon la nostalgie joyeuse.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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La belle Hélène

Pascale Roze, lauréate du Prix Goncourt avec "le chasseur zéro" en 1996 pour son tout premier roman revient régulièrement nous donner de ses nouvelles avec des écrits souvent élégants et intelligents.



Ici, avec La belle Hélène, on aime particulièrement la jolie petite musique de ce roman de Pascale Roze , une petite mélodie assez nostalgique mais léger aussi profond .



Hélène Bourguignon est professeur de cours littéraire à Science Po travaille dans le milieu littéraire sans statut très clair.



Hélène enseigne l'art de lire à ses élèves et elle leur parle notamment Robert Musil, Yazmina Reza, MarcAurèle, Simone Weil, Tchekov Dino Buzzati ou Richard Brautigan, avec plus ou moins de réussite.



Si Hélène a tendance à avoir une vision critique de la pensée d'aujourd'hui devenue non audible car trop complexe, ce n'est pas une réactionnaire.



Une femme, entre deux âges, dont le mari est mort, mais qui n'a pas perdu son grain de folie son sens de la dérision et de la délicatesse .



Notre Hélène a certes perdu quelques illusions en route, mais elle conserve pas mal de dérision et de profondeur de vue et cela rend ce personnage profondément attachant.



Ode à la littérature et à la phiilsophie , "La belle hélène", qui navigue allégrement entre présent et souvenirs du passé, possède une grâce et une mélancolie qui touchent vraiment au coeur !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lonely child



Odile Mourtier a traversé presque toute l’épopée du vingtième siècle. À la fin de sa vie, cette riche héritière sans enfant désire risquer sa fortune. Le hasard s’en mêle, qui fait revenir à sa mémoire le petit Amazouz recueilli par son grand-père.

Quelle relation s’est nouée entre l’enfant des montagnes de l’Atlas et l’officier engagé dans la « pacification » du Maroc ? Pour le comprendre, elle part à la recherche des descendants d’Amazouz.

Ce roman lu grâce à Babelio masse critique et les éditions Stock est une enquête qui nous plonge dans un passé très ancien, et nous immerge dans une période du vingtième siècle. un peu révolue, sous toile de fond le colonialisme et les relations étranges qui se lient entre divers protagonistes, et en l'occurence des montagnes de l’Atlas et l’officier engagé dans la « pacification » du Maroc ?

Un roman interessant, à l'intrigue parfois filandreuse, mais rehaussé par la plume élégante et racée de Pascal Roze..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lonely child

Odile Mourtier a bien vécu. Quatre-vingt-dix années derrière elle. Dans un livre de Laure Danielli, elle s'est reconnue ainsi que le jeune Amazouz, garçon recueilli par son grand-père. En partant à la recherche de son grand-père, elle découvre un homme qu'elle ne connaissait pas et une relation particulière entre lui et Amazouz.

Première fois que je lis Pascale Roze, l'écriture m'a un peu déstabilisée au début mais je me suis habituée et j'ai apprécié cette narration tranquille, pas de dialogues, des phrases courtes, l'alternance entre passé et présent. Le présent, il est simple : les concerts, les aides des filles pour se déplacer et l'arrivée de Tariq. J'ai aimé l'évocation des souvenirs, cette distance entre elle et son aïeul et au contraire, la complicité avec Amazouz. Un peu moins accroché à la description de la vie militaire mais la douceur du récit m'a bercé. Y a-t-il une part de réalité dans ce récit ? Vivier a bien composé Lonely child qui colle parfaitement à l'histoire d'Amazouz. Beaucoup de questionnements mais aussi de certitudes pour cette vieille dame.

Merci à Masse Critique et aux éditions Stock pour la découverte de cette auteure.

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Le Chasseur zéro

Prix Goncourt en 1996 pour un premier roman, ce n'est pas fréquent, et celui-ci ne ressemble en rien aux romans traditionnels. Le jury du Goncourt renoue avec sa vocation première qui est de couronner des écrivains en début de carrière, bien que cela soit rarement le cas.



Le personnage principal, Laura Carlson, souffre de ne pas avoir connu son père et part à la recherche de son passé, même avant sa naissance.



Dès les premiers mots, la scène est envahie d'un bruit sourd et répété. Laura Carlson va se trouver confrontée d'une façon obsédante à l'avion japonais qui en 1944 est à l'origine du décès de son père et cette obsession va tourner à l'hallucination auditive.

« Dès le matin, avant même que le soleil se lève, le chasseur se met en route. Tout habillé de noir, sa charge mortelle arrimée au ventre, il démarre. Le moteur vrombit dans le silence de l'aube. L'hélice tourne. L'avion s'ébranle, feux éteints, roule sur la piste, lève le nez, commence son ascension. D'une poussée régulière, il monte jusqu'à cinq mille mètres, se stabilise. le jour est levé. de la mer et du ciel, des quatre bords de l'horizon le chasseur est en vue. Je m'appelle Laura Carlson. »



Laura Carlson grandit à Paris dans un monde de silence entre une mère alcoolique, dépressive, et repliée dans ses souvenirs depuis la mort de son mari, et des grands parents autoritaires et austères. Son père, qu'elle n'a pas connu, est un sujet tabou qu'il est interdit d'évoquer. Laura va devoir découvrir par elle-même la vérité en se livrant à des lectures sur la guerre du Pacifique et le journal intime d'un kamikaze japonais.

L'héroïne, Laura Carlson, est la narratrice de ce récit, le lecteur est donc au coeur de ses pensées et de ses gestes. La narration à la première personne conforte l'impression d'intimité entre l'auteur et le personnage.

Mais c'est également l'histoire d'un kamikaze, responsable de la mort de son père. Laura lit fiévreusement son témoignage qui l'envoute au point d'entrer dans sa vie et de sans cesse la pourchasser jusqu'à installer en elle un bourdonnement quasi permanent, une forme d'acouphène qui symbolise la mort qui rode. Ce bruit lancinant est celui de l'avion suicide plongeant sur le cuirassé. Il envahira les oreilles de Laura au point de l'anéantir et de la plonger dans une sorte de folie.



La recherche d'elle-même, à travers l'identité de son père absent, tourne à l'obsession du chasseur zéro avec qui Laura s'invente malgré elle une relation hallucinatoire passionnelle, envoutante et destructrice. Il est toutefois compliqué pour le lecteur d'adhérer à cette passion amoureuse morbide et malsaine. Nous assistons au naufrage de cette jeune femme, mais il parait difficile d'avoir de la compassion ou un semblant d'affection pour Laura tant il est malaisé de comprendre sa folie. Mais peut-on comprendre et expliquer la folie ?



Ce court roman, aux phrases brèves et au vocabulaire simple, à l'ambiance lourde et jalonnée d'obsessions, est assez sombre et dur ; l'auteur avait rencontré quelques difficultés pour se faire publier.

François Nourissier, qui venait de succéder à Hervé Bazin à la présidence de l'académie Goncourt, avait fait pencher la balance afin que "Le Chasseur Zero" l'emporte. Le style concis rend la lecture facile, souvent fluide et parfois agréable. Est-ce suffisant pour se voir décerner le Goncourt ?

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Le Chasseur zéro

Toujours pour faire baisser ma PAL, je me suis plongée dans : Le Chasseur zéro de Pascale Roze .

Un bruit. Harcelant. Jusqu'à la folie. Le bruit de l'avion kamikaze qui, un jour d'avril 1945, a semé la mort sur le porte-avions Maryland, à Okinawa.

Ce bruit, Laura Carlson en souffre comme elle souffre de ne pas avoir connu son père.

Le vrombissement du chasseur Zéro la poursuit jour et nuit.

Ses études brillantes, l'amour de Bruno, rien ne l'apaise. Le chasseur Zéro ne lâche jamais sa proie...

Orpheline d'un étranger mythique, la jeune Laura ira jusqu'au bout du secret qui a changé sa vie.

Le chasseur zéro a remporté le prix Goncourt 1996. Il est rare que je lise un prix et là, je me suis vraiment demandé comment celui-ci avait pu atterrir dans ma PAL !

En relisant le résumé, je comprend qu'il m’ait intrigué. Malheureusement, il n'a pas été à la hauteur de mes espérances.

Laura n'a pas eu une enfance heureuse, elle souffre de la mort de son père et lutte contre le vrombissement du Chasseur zéro dans se oreilles... Sa mère a vrillé à la mort de son mari. Elle s'est réfugié chez ses parents avec sa fille mais ils ne sont pas chaleureux. L'enfance de Laura est assez dure, elle manque d'amour, de chaleur humaine.

C'est triste mais je n'ai pas réussi à accrocher avec le personnage de Laura. Je n'ai pas ressenti d'empathie à son égard, ce qu'elle a vécu m'a laissé totalement indifférente.

En fait, je me suis ennuyée quasiment du début à la fin de ma lecture, me demandant pourquoi ce roman avait reçu un tel prix ! L'écriture est quelconque, le contenu n'est pas exceptionnel, les personnages sont parfois insipides.

Bref j'ai du m'accrocher pour lire ce roman en entier et ne pas décrocher à la moitié !

Chasseur zéro est une vraie déception, je suis totalement passé à coté de ce roman et j'en suis navrée.

Ma note : un tout petit deux étoiles.
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L'eau rouge

D'une écrivain que je ne connaissais que le nom depuis l'époque, déjà ancienne, lors de laquelle elle reçut le prix Goncourt, je découvre ce court roman situé en gros de 1945 à nos jours entre France et Indochine. Et qui part un hasard assez extraordinaire pour moi se situe en grande partie dans une ville vietnamienne que j'ai beaucoup aimée, Chau Doc. Hasard étonnant pour moi, mais qui a au fond peu à voir avec l'intérêt que j'ai pris à lire ce livre court mais puissant.

Laurence Bertilleux, jeune et belle femme, part après l'obtention de son diplôme dans une Indochine en guerre. Elle y noue des rencontres, y vit un drame. Ce qui se passe là, je vous laisse le découvrir. Et puis il y a sa vie d'après.

Dans un roman court, particulièrement bien écrit (je ne sais pas pourquoi mais cela a pu me faire penser à l'Echenoz de 14 ou pourquoi pas à Marguerite Duras). le livre n'est absolument pas un livre historique convenu et banal, c'est un livre puissant, original. L'héroïne du livre est remarquablement dessinée. Et ce qui est dit de la colonisation est passionnant.

Un livre que je recommande chaudement d'une autrice dont je me demande si elle jouit de la considération qu'elle mérite. Une écriture singulière et forte.
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La belle Hélène

« Mais moi, Hélène Bourguignon, je vous dis que les auteurs cachent les choses dans l’espoir que quelques singuliers lecteurs les découvriront. »



Ce roman, à travers son personnage mi-grave mi-pétillant d’Hélène, nous parle essentiellement du rôle révélateur que peut avoir la littérature sur nos vies. Plusieurs exemples viendront illustrer cet aspect, à travers de courtes nouvelles qu’elle propose comme base de travail à ses élèves de Sciences Po.



Du coup le lecteur du roman, peut, comme moi, avoir envie de lire celles-ci : en ce qui me concerne je me suis précipité sur la première d’entre elle, « Actualités Cotton Mather, 1792 » de Richard Brautigan. Pourtant le récit déplie suffisamment chaque nouvelle pour pouvoir s’en former une idée précise mais j’ai trouvé un peu frustrant de ne pas avoir le texte à disposition !



Notre professeure (sous contrat à l’année) vit également de ses travaux de lecture et de ré-écriture pour des maisons d’édition. Occasionnellement elle a aussi encadré des ateliers d’écriture. Elle vit désormais seule depuis que son compagnon est décédé et se trouve à l’âge charnière du milieu de la soixantaine. Petit à petit nous en saurons beaucoup sur sa vie, ses amours et ses deuils. Elle semble avoir renoncé à partager sa vie avec un autre homme, mais qui sait ?



Le personnage d’Hélène m’a paru attachant et je ne me suis donc pas ennuyé en sa compagnie. Le ton est assez allègre même s’il n’est toutefois pas comparable à l’opéra d’Offenbach auquel son titre peut faire penser.



Je remercie les éditions Stock et NetGalley pour m’avoir donné accès à l’édition numérique de ce bon roman.

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Le Chasseur zéro

Le chasseur zéro, c’est le nom de l’avion kamikaze qui a tué le père de Laura Carlson à Okinawa. Elle avait deux ans.

Depuis elle vit avec sa mère chez ses grands-parents.

Sa mère est maladivement dépressive, ses grands-parents sont sinistres.

Je sais, ce n’est pas un résumé qui donne envie. Et pourtant, c’est un beau roman. Un roman triste voire déprimant, mais très bien écrit et qui se lit d’une traite.

L’ambiance familiale est douloureusement palpable et la descente psychologique de Laura plus que réaliste.

C’est l’histoire de la transmission déformée d’une névrose, de non-dits.

C’est dérangeant et oppressant mais ça vaut la peine d’être lu.

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La belle Hélène

Hélène, une femme d’âge mûr, est professeure de lettres pour des élèves de Sciences-po. Elle va tâcher d’enseigner le pouvoir des mots et à quel point ces derniers peuvent enrichir le quotidien de tout un chacun dans la vie de tous les jours. Au travers des récits de Buzzati, de Tchekhov et de Reza, elle inculquera à ses élèves son amour pour la lecture.



Je ressors totalement conquise de ce court roman mais empli d’une profondeur et d’une sensibilité rare. J’ai suivi avec intérêt les cours de cette femme et constaté l’évolution interne qu’elle subira, sa transformation personnelle et ses accomplissements.



Je suis séduite par le postulat de départ de l’auteure, par cet axiome qu’elle mettra en exergue. La lecture enrichit indubitablement les personnes, et le fait de transposer au quotidien les situations littéraires auxquelles seront confrontés ses élèves est à mon avis une totale réussite. Pascale Roze m’a tout simplement donné envie de redécouvrir ces grands auteurs classiques et de lire leurs nouvelles, mentionnées pendant toute l’année scolaire par Hélène.



Outre le fait que je me suis presque sentie privilégiée de pouvoir assister en tant que spectatrice aux cours qu’elle donne, j’ai également fortement apprécié de voir une évolution dans sa vie personnelle. Au travers des mots, Hélène se raconte, s’affirme, apprend à lâcher prise. Il y a une réelle évolution psychologique de ce personnage remarquablement dépeint. C’est fait avec une sensibilité inouïe et une justesse rare.



Pascale Roze réussit à mélanger littérature et situations du quotidien avec brio. Au travers de son personnage principal, Hélène, l’auteure réussit le tour de force de faire ressortir une morale à chaque texte étudié. C’est vraiment intéressant.



La plume de l’auteure est tout en douceur. On sent que Pascale Roze a cet amour des mots, et cela transparaît tout au fil des pages. Elle les choisit avec justesse, finesse. Le tout est d’une grande fluidité, et malgré le ton intimiste du roman, c’est un récit qui touche son lecteur et qui le fait devenir le confident d’Hélène et de ses doutes, ses peurs.



Un roman où le pouvoir de la littérature qui enrichit a toute sa place. C’est abordé avec une infinie sensibilité et beaucoup de justesse, au travers d’un personnage féminin qui se livre littéralement à son lecteur et qui réussira à se libérer grâce aux mots. À découvrir sans hésiter.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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