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Critiques de Patrick Chamoiseau (215)
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Texaco

C’est dans la belle et difficile aventure de la création d’un quartier et de l'histoire de l'île, que Patrick Chamoiseau nous emmène sous le soleil de la Martinique, sur les pas de Marie-Sophie Laborieux accompagnée de la mémoire de son père Esternome.

Le début peut paraître un peu ardu avec une langue qui est belle, teintée de créole (« des phrases emmêlées où je m’emprisonnais ») mais que l’on apprivoise au fur et à mesure des pages, jusqu’à se laisser envoûter et emporter. Une histoire pleine d’émotion avec des personnages épiques.





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Une enfance créole, tome 1 : Antan d'enfance

Antan d’enfance » est paru en octobre 1990 chez Hatier, Tome I de la série « Une enfance créole ». A mon avis, c'est bien de lire dans la foulée le tome II, « Chemin-d’école », paru en 1996. D'ailleurs, dans cette chronique, j'évoquerai ce tome II tellement il est difficile à dissocier du premier.

*****

Nous avons tous des souvenirs de cette période tellement importante de l'enfance, fantastique d'expériences nouvelles. Ici elle est désignée comme « créole ». Ces récits d'un autre nous-même, si lointain et si proche en même temps, est de ceux que je conseille vivement. Avec Chamoiseau, c'est la magie d'un environnement à découvrir – dans une créolité vivante, poétique et philosophique – c'est le rapport au monde qui est questionné et, à travers la langue, la mise en présence des cultures vécue dans le respect de la diversité – "la mondialité" comme il la nomme afin de bien la distinguer de la mondialisation. Cet "Antan d'enfance" peut être une bonne porte d'entrée à une littérature antillaise, afro-caribénne, passionnante car à la croisée de bien des chemins, toute insulaire qu'elle soit.

En introduction du tome II, intitulé « Chemin-d'école », il donne toute la mesure de son acte d'écrire : « Petites personnes, des Antilles, de la Guyane, de Nouvelle-Calédonie, de l'île Maurice, de Rodrigues et autre Mascareignes, de Corse, de Bretagne, de Normandie, d'Alsace, du Pays basque, de Provence , d'Afrique, des quatre coins de l'Orient, de toutes terreurs nationales, de tous confins étatiques, de toutes périphéries d'empires ou de fédérations, qui avez dû affronter une école coloniale, oui vous qui aujourd'hui en d'autres manières l'affrontez encore, et vous qui demain l'affronterez autrement, cette parole de rire amère contre l'Unique et le Même, riche de son propre centre et contestant tout centre, hors de toutes métropoles, et tranquillement diverselle contre l'universel, est dite en votre nom. »



Souvenirs ? Paroles entendues plus tard ? On ne sait pas trop comment il peut faire ressurgir tout ça avec autant de force. L'écriture est somptueuse, mélange de français, de créole… Un poète, un conteur qui m'a enchanté avec ses histoires et ses personnages hauts en couleur.

On fait la connaissance de sa « manman », Man Ninotte, partout présente dans le premier tome et ses deux parties, SENTIR, SORTIR. L'épisode du marché et des palabres avec les marchandes, ceux des premières tentatives de sorties, de l'envie d'école comme les grands, sont particulièrement savoureux : « - aller en quel côté, han ? J'ai laissé l'âge des paraboles… s'impatientait Man Ninotte (elle redoutait, en fait, de se voir déportée dans ces enfilades de questions dont le négrillon cultivait l'expertise insensée). »

Autre personnage étonnant, et qui occupe une grande place dans "Chemin-d'école" : Gros-Lombric, un garçon de famille pauvre, écolier marron de l'Ecole coloniale, souffre-douleur du Maître : « chacun s'attendait à voir débouler de ses poches une spectrale nichée de bêtes-longues… ». Les bêtes- longues ce sont les serpents dans le langage direct et poétique de l'auteur.

Ou encore la conteuse Jeanne-Yvette qui le menait « au rythme des rafales de sa langue... »

« Elle apprit au négrillon l'étonnante richesse de l'oralité créole. Un univers de résistances débrouillardes, de méchancetés salvatrices, riche de plusieurs génies. Jeanne-Yvette nous venait des mémoire caraïbes, du grouillement de l'Afrique, des diversités de l'Europe, du foisonnement de l'Inde, des tremblements d'Asie..., du vaste toucher des peuples dans le prisme des îles ouvertes, lieux-dits de la Créolité »



La technique du cadavre exquis se révèle excellente pour faire surgir des images improbables et frappantes, ici c'est bien différent, on a des images justes et fulgurantes dans leur expressivité immédiate comme si les mots de l'oralité passaient directement dans nos veines pour répercuter les sensations sans l'artifice des phrases. Ainsi quand il écrit à l'arrivée de l'eau à Fort de France : « L'eau est arrivée ! L'eau est arrivée ! Et tout le monde courait-venir, se bousculait, réglait une vitesse sur l'eau offerte. » Je vois bouger les gens au rythme de l'écoulement d'eau !



J'ai adoré son évocation du chocolat (que j'aime aussi déguster) :

« Chocolat-première-communion

l'écrire c'est saliver

y penser c'est souffrir

communier c'est chocolat »



Et j'aime entendre : « Quelques virgules dont la manman était en retard voltigeaient leur cartable contre le mur de l'école et menaient sarabande sur le trottoir. » Les virgules ce sont les petits, ceux qui ne comptent pas beaucoup ? Les mots seraient alors les parents, les grands ?



Patrick Chamoiseau est martiniquais. C'est un auteur majeur qui a su passer les mots issus de cette culture créole, riche de son oralité, vers une langue de métissage intégrant des expressions créoles au français. Il est pour moi le chef de file de ces nombreux écrivains antillais qui ont marqué ces dernières décennies de leur folle inventivité. Je pense à Edouard Glissant, Raphael Confiant, René Depestre, Gary Victor pour ceux que j'ai lus et appréciés, mais il y en a beaucoup d'autres.

Il a obtenu le Prix Goncourt en 1992 pour l'excellent « Texaco ». Depuis ses débuts dans les années 80, il a construit une oeuvre foisonnante et reconnue avec quantité de romans, de récits, d'essais, de scénarios et même de bandes dessinées. Il s'intéresse au thème de la relation, ce qui est palpable dès cet « Antan d'enfance ». Je retiens notamment, dans une veine plus philosophique revisitant les Robinsons de Defoe et Tournier, « L'empreinte à Crusoé » paru chez Gallimard en 2012 et plus près de nous, dans un engagement que je trouve courageux, « Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants », où il côtoie Jean-Marie le Clézio, Tahar Ben Jelloun, Patrick Boucheron, Laurent Gaudé, Lydie Salvayre, Gary Victor... et bien d'autres « gens de plume » qui comptent actuellement.

Comme le dit Sylvain Bourmeau dans la présentation d'une émission de "La suite dans les idées" sur France culture, consacrée à cet auteur : « Dans le sillage d'Edouard Glissant, son aîné et ami, Patrick Chamoiseau bâtit une oeuvre littéraire ouverte aux grands vents du tout-monde, et qui n'hésite jamais à replacer les interactions locales concrètes dans des représentations globales et conceptuelles. »

Vous avez compris que Patrick Chamoiseau garde une bonne place dans ma bibliothèque et il y aura toujours une petite place pour déguster du chocolat... et aussi un de ses livres de temps à autre ! Par exemple le Tome III de cette enfance créole : « A bout d'enfance » paru en 2005, également chez Gallimard.

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Texaco

En lisant Texaco, j'ai parfois eu l'impression de lire une œuvre de fantasy ! Sans doute parce que la Martinique de Chamoiseau est magique, à la manière d'un Gabriel Garcia Marquez, exubérante, pleine de défauts et de qualités, traînant son Histoire comme un boulet. L'île rêvée enchante grâce à une langue inventive, drôle, violente. On suit les destinées sans cesse bouleversées par les événements extérieurs et intérieurs. Un grand roman de la caraïbe !
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Une enfance créole, tome 1 : Antan d'enfance

C'est un des plus beaux récits d'enfance que j'ai eu a lire. Dans une langue soutenue, poétique, mélange de français et de jeux de lettres créoles, l'auteur nous rend vivantes ses rues de Fort De France. Contes, rêves, cyclones, tout prend un air de découverte mystérieuse dans les yeux de cet enfant . Une mère idéalisée, une maison pleine de bestioles à parcourir, tout est propice à l'émerveillement et à la curiosité. Le quotidien pauvre de cette famille est sublimé par l'amour. A relire
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Frères migrants

Une des modalités du juste-vivre au monde



Hind celle qui filme, Jane celle qui écrit, l’ombre des corps, des silhouettes et les charges des « lendemains endossés sans fatigue, portés sans devenir », les solitudes étranges, les métèques congénitaux, les apatrides divers·es, celles et ceux livré·es au « décret de méduses et de bateaux noyés »…



Les mots et les phrases de Patrick Chamoiseau frappent et résonnent comme comme un longue plainte contre les traitements réservés à certain·es, une rébellion ouverte contre l’ordre du mépris et de la mort, un regard souriant et accueillant envers tous les êtres humains. Des mots rougeoyants et musicaux contre celleux qui pourchassent l’espoir…



Nous sommes ici, contre les lignes imaginaires mais bien meurtrières des frontières, du coté des géographies du vent, des étincelles de sel ou de ciel, du refus du planétaire assombrissement…



L’auteur nous parle, entre autres, de la mort invisible, des frontières, de Lampedusa, de « l’accès au Refuge, de la demande d’Asile et des Droits dits de l’homme », de l’Irak, de la Syrie, de l’Érythrée, de l’Afghanistan, du Soudan, de la Libye, et d’autres artères ouvertes, « je parle de personnes, saigne de nous, saigne vers nous, parmi nous, saigne pour tous », des forces réadmises de l’horreur, de la paix – peu paisible – néo-libérale, (« Ho ! Que les morts massives en Méditerranée nous dessillent le regard ! ») de vies réduites à la consommation et à la consumation, de la barbarie nouvelle, des richesses pourtant surgissant « toujours des industries de tous ! », de ce qui est du à chacun·e dès « son cri de naissance », de l’évidence et de l’enjeu, des résistances, de ceux qui veulent « enchouker à résidence misères terreurs et pauvretés humaines », des démons mercenaires, de celleux arguant d’« identités menacées », de cet Homo sapiens aussi et surtout Homo migrator…



« Là-bas est dans l’ici », l’auteur décline sous différentes formes « le chemin par lequel on frappe l’Autre est le même que ceux-là qui direct touchent à soi ». Il parle de mondialité et de polyrythmie, de présence d’un invisible plus large que notre lieu, de démultiplications de points d’accroche, de « brasillement dans un vrac ténébreux », des autres devenirs, d’accueil, « Kay mwen sé kay-ou tou ! », des forces imaginantes de Droit, des essaims d’images improvisées qui virevoltent comme des lumières en nous, de justice et d’égalité…



Patrick Chamoiseau cite Aimé Césaire : « Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse !… »



Le monde et ses misères sont des régions de nous, l’incertain du possible trouve source dans les différenciations radieuses, l’installation dans l’ardeur d’une promesse. Le poète insiste sur l’invention des passages, l’ouverture de voies, l’idée de relation, « L’altérité ultime devient le tout-possible », la création échappant à la fixité, « Ce cheminement nous dit qu’il n’est tumulte d’écarts qui ne s’apaise et ne goûte le concert d’une différence nouvelle, d’un écart renouvelé, riches de l’âme des anciens, forts du sucre des premiers, dépassant leurs propres sources, les magnifiant ainsi », l’instance des migrations inouïes, « L’identité la plus saine est une confiance qui ouvre et qui appelle, qui va au change aussi », l’élection d’un autre imaginaire, la plénitude intraitable du don, l’accueil comme exigence, les lieux sensibles, le vivre ensemble « multi-trans-culturel », les combinaison utiles à la survie, la cartographie des désirs erratiques…



L’auteur n’oublie pas les inversions possibles, « Quand son accomplissement n’est pas assuré, qu’il ne parvient pas à construire sa personne, l’individu rebrousse chemin dans l’absolu communautaire ou dans l’égoïsme marginal et stérile », le repli en absence du monde, les barbelés et les cerbères, les irruptions de l’impensable…



J’ai largement puisé dans les mots et les images de l’écrivain, « le trésor partagé des ombres et des merveilles », tout en tentant de « démasculiniser » la langue. Je ne saurai cependant rendre la richesse du tissu linguistique, la force de l’énonciation, l’inscription particulière des deux faces du monde… « Voici ce que je balbutie et que j’asserte là : les migrances sont une des forces de la Relation. Elles ne sauraient manquer à la santé relationnelle du monde ».



Reste une question qui détruit partiellement l’engagement du récit, assourdit la parole du poète, grisaille les hautes couleurs de l’écrivain, assombrit l’ode à la liberté, voile ce soleil des rives du monde… l’absence des sœurs migrantes.



Le masculin ne saurait représenter les deux sexes, leurs exigences propres ou communes, les Droits des êtres humains.



Comment ne pas souscrire aux commentaires féministes sur la Déclaration des poètes

(https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/01/26/declaration-des-poetes/).



Nous parlons ici d’êtres humains, de poètes et de poétesses, de femmes et d’hommes, de migrant·es et du traitement infâme qui leur est réservé. « D’ailleurs, nous sommes d’ici ! »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Hypérion victimaire, Martiniquais épouvantable

Une nuit en Martinique : deux truands de bas étage braquent un automobiliste et le forcent à participer à leurs casses. Or ce conducteur s'avère être un tueur.

Face à face en forme de confession entre un tueur et le commandant de police qu’il tient en joue. Il s'agit de l'un des derniers titres de la série "Vendredi 13" qui compte 13 romans écrits par 13 écrivains de renom. Ici c'est Patrick Chamoiseau (prix Goncourt en 1992) qui s'essaie à l'exercice, avec le talent qui le caractérise, dans cette collection de bonne qualité dirigée par Jean-Bernard Pouy.


Lien : https://collectifpolar.com/
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L'Esclave vieil homme et le molosse

EPOUSTOUFLANT! J'avais déjà découvert la beauté du langage de Chamoiseau dans Texaco, mais on trouve dans L'Esclave vieil homme et le molosse une vivacité encore plus saisissante. On y retrouve la puissance du langage poétique de Césaire associée au caractère épique du face-à-face entre le vieil homme et le chien sanguinaire (qui n'est pas sans rappeler le vieil homme et la mer d'Hemingway). Chamoiseau brille encore par la variété des points de vue narratifs. J'ai trouvé la description du maître de la plantation très touchante et empreinte d'humanité. Il est un bourreau mais aussi une victime, rongée dans l'âme, prise au piège dans l'engrenage de l'Histoire. ENFIN que dire de ce passage que j'ai trouvé bouleversant et qui résume assez bien le ton du livre en nous livrant l'horreur de l'esclavage:



"Le vieil homme esclave ne se souvient pas du bateau, mais il est pour ainsi dire resté dans la cale du bateau. Sa tête s'est peuplée de cette haute misère. Il a le goût de la mer sur les lèvres. Il entend même en plein jour le museau dramatique des requins contre la coque. Il a aussi le souvenir des voiles, des barres, des cordages, comme s'il avait été de l'équipage, et cela se mêle à des visions du pays d'Avant, et même plus que des visions: des femmes, des êtres, des choses, des beautés, des laideurs, qui frétillent en lui, qui sont lui, et qui se mêlent aux chaos déclarés. le molosse est semblable, mais il dispose d'une masse d'instincts qui l'illusionne d'un sens à tout cela. Et ce sens s'est mêlé aux charnelles sanglantes que le Maître lui inculque comme principe d'existence. Il est l'âme désemparée du Maître. Il est le double souffrant de l'esclave."



A LIRE ABSOLUMENT!
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Texaco

Un livre envoûtant, extrêmement riche et précis dans sa reconstitution de l'histoire de la Martinique dans ce qu'elle a de plus de vigoureux, sa diversité ethnique et culturelle, son imaginaire débordant et la résilience de ses habitants.



C'était mon premier livre de Chamoiseau, le langage utilisé y est poétique et unique par l'association d'un français magnifique et de nombreuses locutions créoles qui lui confèrent une touche créole locale. (Qui aura forcément interpellé le locuteur de créole que je suis).



Les personnages y sont vraiment profonds et les références à des figures littéraires ou historiques (l'Amiral Robert, De Gaulle, Césaire etc...) sont juste excellentes. Voici un livre qui donne envie de lire. On y décrit le point de vue de l'opprimé et ses "nègres" opprimés prennent une dimension mythique à travers la plume de l'auteur. On y redonne toute sa place aux traditions populaires créoles notamment les pratiques agricoles et architecturales. La réflexion sur les modes de vie à la campagne et En-Ville y est très pertinente parmi tant d'autres richesses que je recommande vivement de découvrir.



Seul bémol, le livre est assez long (500 pages) néanmoins il semble y avoir un tel travail de recherche historique et esthétique de l'auteur que cela peut expliquer cette longueur.



PS: Le personnage d'Esternome est juste inoubliable. J'ai également adoré Ti-Cirique
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Frères migrants

Avec "Frères migrants", Patrick Chamoiseau tente d'analyser un phénomène majeur de notre époque. C'est poétique, fortement esthétisé mais finalement assez vain.

Rien que l'on ne sache déjà sur les motivations de ces personnes qui au péril de leur vie veulent accéder à cet Eldorado européen, rien que l'on ne sache déjà sur la responsabilité du capitalisme et de la mondialisation, rien que l'on ne sache déjà sur la peur réactionnelle qu'engendre ces hordes déferlantes de déshérités.

C'est finalement toujours fortement culpabilisateur pour nous européens qui devront, générations après générations, nous excuser du colonialisme, de l'ogre capitaliste (ou communiste) qui appauvrit la planète pour son seul profit.



On aimerait aussi de temps en temps entendre parler poétiquement ou pas de ces ordures de dictateurs qui eux aussi, générations après générations ont prostitué leur terre et leur peuple au grand capital, ont bâti des fortunes uniquement personnelle sur la misère de leurs frères. On aimerait entendre parler de ces assassins profiteurs du malheur de leur co-religionnaires et qui les entassent dans des esquifs destinés à couler, de ces politiques qui manipulent ces migrants à des fins politiques, elles-aussi, de



Bref que la culpabilité ne soit pas toujours sur les mêmes rives et la charité essentielle non plus !
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Texaco

Chef d’œuvre absolu. D'abord pour la langue créole si poétique et musicale, marquée par l'histoire de la Martinique qui sert de trame à ce récit édifiant de la résistance d'une petite fille d'esclave qui vivra amours, abandons, violence et magie pour finalement devenir l’icône de la résistance d'un bidonville contre la dépossession de son milieu.
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Martinique vue du ciel

La Martinique est une merveilleuse île que j’ai eu l’occasion de découvrir. J’étais donc ravie de recevoir cet ouvrage de la part des éditions HC et de Babelio que je remercie. J’ai adoré redécouvrir l’île vue du ciel : ses paysages à couper le souffle, sa végétation, ses reliefs montagneux, ses eaux turquoises et ses plages volcaniques… Les photographies présentent la Martinique sous un autre jour et nous alertent : il faut absolument préserver cette île ! Que vous ayez déjà visité ou non la Martinique, je vous recommande cet ouvrage pour sa beauté.
Lien : http://romansurcanape.fr/les..
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Martinique vue du ciel

Ce qu'il y a d'intéressant avec un livre de photographies vues du ciel, c'est qu'elles offrent un autre regard, un regard plus grand , plus vaste, plus infini...

Aussi ce très beau livre sur la Martinique donne à voir ce que l'on ne peut pas voir , nous autres pauvres humains, pauvres habitants , pauvres touristes...

Un regard plus acéré, plus dénonciateur, plus surprenant. Car Anne Chopin ( la photographe) ne se contente pas de "cartes postales", elle donne à voir ( avec beaucoup de hauteur...) de belles choses , puis des choses moins belles , comme un immense rond point ( celui de la Galléria - le Lamentin ), comme des barres d'immeubles, parce qu'il faut bien se loger et circuler, même au paradis...

Elle donne à voir des briqueteries, des champs de cannes à sucre et le côté mécanique de la distillerie.

Et puis des plages, une Mangrove, de l'eau, des bateaux.

Et puis deux horribles immeubles à l'entrée de Fort de France , et puis un bateau de croisière , trop immense ...

Du bleu et du vert à perte de vue viennent séduire nos yeux fatigués par le gris...

Un livre qui appelle au voyage.

Un jour...

Bientôt...

Un joli cadeau dans ce mois de décembre pluvieux et tristounet, pour lequel je remercie chaleureusement les éditions Hervé Chopin et la Masse Critique de Babelio.

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Martinique vue du ciel

Il est beau et il fait rêver !

Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel, est un livre grand format, avec de nombreuses photos.

Avec ses textes de Patrick Chamoiseau, et les photographies d'Anne Chopin, voilà un cadeau idéal, à offrir ou à s'offrir en ces fêtes de fin d'année. Si vous y êtes déjà allé, si vous projetez d'y partir bientôt, ce beau livre va vous plaire.



En le lisant, j'ai passé à nouveau d'excellent moments dans ces paysages fantastiques de la Martinique, bord de mer, montagnes, mornes, villes, bateaux de pêcheurs, tout y est. Mais ici j'ai surtout aimé le regard émouvant, vivant et vibrant porté sur les paysages incontournables de cette belle île. Regard de ceux qui veulent préserver la beauté et l'équilibre écologique de cette ile, et nous ouvrir les yeux pour que chacun participe à cette sauvegarde bienveillante.
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Texaco

Le quartier de Texaco à Fort de France est sur le point d’être rasé par les autorités. C’est alors que survient la visite du “Christ”, un urbaniste ainsi surnommé pour le rôle qu’il jouera. Il va à la rencontre de Marie-Sophie Laborieux, une vieille négresse à l’origine du quartier. Elle va lui raconter son histoire qui commence avec celle de ses parents, Esternome un nègre esclave qui va devoir s’inventer un mode d’existence au moment de la “libération” lorsqu’il a quitté la plantation et sa “manman”. “La misère le suivra partout de Saint-Pierre à Fort de France où il voudrait bien pénétrer l’En-ville mais où il se tiendra toujours confiné aux abords dans des cases qu’il rafistolera patiemment. Dans sa jeunesse, il sera lui-même à l’origine d’un quartier de Saint-Pierre élevé sur les pentes de la ville, le Noutéka des mornes où il vivra avec Ninon son amour. Une sorte de paradis retrouvé. La société martiniquaise évolue mais l’exploitation ne disparaît pas. Finalement, Ninon part en ville avec un donneur de sérénades juste avant l’éruption de la Montagne Pelée : “Soufrière a pété…!”. Esternome meurtri quittera finalement Saint-Pierre pour Fort de France où il rencontrera Idoménée, l’aveugle, soeur de l’Adrienne Carmélite Lapidaille, et mère de Marie-Sophie.

Da la parole emmêlée des personnages, Chamoiseau tisse le fil de l’histoire de la Martinique Le roman Texaco chante la parole créole et sa "force", la porte pour le lecteur. La langue est imagée, poétique, crue, émotion. Elle dit tout avec une puissance d’évocation phénoménale et modeste. La vie, le sexe et la mort. La littérature avec le personnage de Ti-Cirique. La littérature et l’espoir avec l’arrivée de Césaire. (en parlant de Jacques Stephen Alexis, “mort récemment sous la griffe des tontons-macoutes. (…) c’était un Gouverneur de la rosée, madame, comme notre compatriote Jacques Roumain utilisa ce terme dans un très beau roman, nous voulûmes déchouker Duvalier” )Avec Marie-Sophie Laborieux, on découvre les nègres-Force et les Majors, les misères des femmes qui doivent résister, violées, obligées d’utiliser l’herbe grasse pour ne pas avoir charge d’enfants. Tout un monde coloré et métissé, des nègres-marron aux mulâtres, des békés des bitations à ceux de l’En-ville. Fabuleux.

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Le papillon et la lumière

Ce livre est l'un des livres que je préfère, un vrai chef d'oeuvre !
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L'Esclave vieil homme et le molosse

La Pierre est des peuples. Des peuples dont il ne reste qu’elle



« Du temps de l’esclavage dans les isles-à-sucre, il y eut un vieux-nègre sans histoires ni gros-saut, ni manières à spectacle. Il était amateur de silence, goûteur de solitude. C’était un minéral de patiences immobiles. Un inépuisable bambou ».



Chacun e par la fenêtre ouverte ainsi sur le passé, pourrait composer une histoire à partir de ces quelques mots. Les phrases du conteur ravivent la mémoire du poids des « terres amères des sucres ». Patrick Chamoiseau prévient « Au démarrage de cette histoire, chacun sait que cet esclave vieil homme va bientôt mourir ». Pourtant en l’écrivant si sobrement, il instille un doute sur cette mort probable, il souffle le possible chant de la révolte.



Mais laissons cela pour l’instant et faisons connaissance avec le Maître-béké dont « le patrimoine vibre d’une particule », sa propriété l’Habitation et ses esclaves, le molosse « destiné à traquer les fourbins qui fuient les servitudes », l’histoire de cette terre, « Les Amérindiens des premiers temps se sont transformés en liane de douleurs qui étranglent les arbres et ruissellent sur les falaises, tel le sang inapaisé de leur propre génocide », les bateaux négriers, les « lentes processions de chairs défaites, maquillées d’huile et de vinaigre », le « déshumain grandiose », la confusion d’« existants dévastés, indistincts dans l’informe »…



Le molosse hurle à la mort, ce hurlement « défolmante la matière » du monde du Maître-béké, l’esclave vieil homme a maronné…



Je n’en dirait pas plus du vivant, des eaux, du lunaire, du solaire, de la Pierre, des os… et de l’auteur, « La parole du Papa-conteur l’emporte vers des confins étranges ».



En touchant aux os, l’écrivain fait « l’immense détour qui va jusqu’aux extrêmes pour revenir aux combat de mon âge, chargé des tables insues d’une poésie nouvelle ». La prolifération des mémoires, des lieux, des mots et des couleurs… de la révolte même dans le sommeil apparent…




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L'Esclave vieil homme et le molosse

Une œuvre aussi courte que poignante. Un esclave en fuite est poursuivi par un molosse.

Une course effrénée pour échapper à l'injustice, à l'inhumanité et à la cruauté la plus abjecte.

Le vieil homme n'en sort pas indemne et il n'est pas le seul...
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Solibo magnifique

Lorsque Solibo meurt d'une "égorgette de la parole", c'est l'oralité, c'est le conte et sa tradition orale qui meurent, et toute la culture martiniquaise qui se trouve amputée.

Deux policiers mènent l'enquête afin de comprendre qui est coupable de la mort de Solibo. Patrick Chamoiseau, lui-même, figure parmi les suspects.

Cette enquête est aussi et surtout le prétexte idéal pour aborder l'histoire de l'oralité, la place qu'elle occupe aux Antilles et sa disparition. C'est l'identité de tout un peuple qui est mise en danger quand l'un de ses piliers s'effondre.

Je recommande ce livre à tous les amoureux des mots et à tous ceux qui en captent la musique enivrante et singulière.
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Frères migrants

Ce livre indispensable se situe dans la lignée d'Edouard Glissant, d'Aimé Césaire et de tous les autre poètes que l'auteur cite à la fin de son recueil.

Philosophie et poésie s'entremêlent pour évoquer le dur chemin et l'arrivée tout aussi difficile des migrants sur une terre qu'ils imaginent bien différente de ce qu'elle est vraiment (exit le pays des droits de l'humain).

C'est un hommage aux accueillant.e.s et un hymne à l'acceptation de l'altérité.

Patrick Chamoiseau préconise l'emploi du terme "mondialité" plutôt que celui de "mondialisation", souligne l'aberration du "délit de solidarité" et met en lumière l'utilité de la relation à l'autre humain, sans le juger.

Tout cela est écrit dans une prose hautement poétique, avec clarté et intelligence.
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Texaco

Sacré livre ! J'aime les livres qui réinventent le français. ça a été des livres de personnes d'autres cultures que celles de notre métropole (Kateb Yacine..) mais pas que : Claude Simon, Lautréamont, Pierre Guyotat.. et celui-là sera pour moi, jusqu'à ce que j'en lise un autre, LE livre du créole ! (j'ai entendu un peu de Césaire et je sais que c'est l'un des plus grands..). Je comprends que certain(e)s aient eu du mal à lire jusqu'au bout : moi-même j'ai renoncé à "tout" comprendre (mais ça va quand même, même si je ne connais rien de la Martinique)jusqu'à la page 120 environ (un lexique créole ne serait pas superflu) mais il faut lire ce livre en entier car la seconde partie - celle censée être écrite par la fille du personnage du père, Esternome" - est beaucoup plus facile à comprendre que les 100 premières pages, ce sont même souvent des alexandrins, à la Hugo, en prose. A la page 248 (édition d'origine) Chamoiseau commence à expliquer sa démarche et complètement dans la dernière partie ("Résurrection"), aussi, si vous êtes au bord d'abandonner, lisez cette partie qui explique comment il a procédé.

L'écrivain évoque Rabelais (il y en a ), Joyce (les pensées intimes des personnes, le rapport à une ville..), Lautréamont.. Tiens justement, tous auteurs que j'apprécie !

Sur le fond : c'est le récit parfait, de l'intime des pensées vagabondes, de ce qu'ont vécu ceux qui étaient esclaves à la Martinique, puis "libres" mais matériellement si pauvres. Des personnes inoubliables - Esternome le père, Marie-Sophie la fille et tant d'autres personnes - que Chamoiseau fait revivre par l'écriture et à qui il rend un puissant et bel hommage.

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Couleur: Jaune

Ce peintre a réussi à peindre jaune sur jaune . Les Tournesols est une oeuvre signée:

Paul Gauguin
Pablo Picasso
Vincent Van Gogh

8 questions
213 lecteurs ont répondu
Thèmes : jaune , couleur , culture générale , peinture , cinema , littérature , art , histoireCréer un quiz sur cet auteur

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