Citations de Patrick Senécal (446)
Le crayon me servira peut-être d'ancre pour que je ne dérive pas trop...
- Et toi, jeune homme, tu es impliqué dans cette histoire depuis le début ?
- Dans les environs d'à peu près, oui.
- Je me souviens que tu étudiais à Malphas. Tu as donc fini par obtenir ton DEC ?
- Heu... Pas vraiment tout à fait. Mais dans l'actuel de maintenant, je pratique l'occupation de journaliste.
- Sans blague ? Ça en dit long sur l'avenir de cette profession...
…la disparition de cet énergumène insupportable me bouleverse autant que les complaintes des médecins spécialistes qui exigent un meilleur salaire. (p.129)
L'extraordinaire, par définition, ne peut se prolonger dans le temps. Le quotidien l'érode, à coups de répétitions qui lui arrachent une couche de vernis à chaque passage, jusqu'à faire disparaître ses cinq premières lettres.
L'important, ce sont les traces qu'on laisse.
Dans son appartement, il se prépare à dîner et passe le reste de la journée à regarder la télé, sans vraiment être conscient des émissions qui s’enchaînent. Il pense à Simon. Sans cesse. Tout le temps. Il dresse mentalement une liste de toutes les fois où il a manqué l’occasion d’être un père plus complice, plus présent. Et cette liste s’allonge à l’infini. Daniel voudrait revivre chacun de ces rendez-vous manqués, l’un après l’autre, pour les effacer… ou, mieux encore, les corriger.
Elle est si maigre que logiquement le poids de sa tête devrait la faire plier en deux… et cette voix ! Dieu du ciel, si elle jouit comme elle parle, j’espère que son amant vient avant elle!
Griserie, horreur… Comment peut-il éprouver des sensations si contradictoires ?
Comment ces sentiments opposés peuvent-ils cohabiter dans le même homme ?
(...)
Il vient de goûter au pouvoir, au vrai. Il a avalé chaque bouchée de ce mets, et sur ses lèvres persiste maintenant une saveur d’immondices et de soufre.
Un arrière-goût putride qui, il le sait, ne quittera jamais plus sa langue souillée.
— Assassins, oui. Comme vous tous, comme tout le monde. Et hypocrites. Et lâches. Et envieux, débauchés, frustrés, égocentriques, vils, infâmes, assoiffés de pouvoir, d’argent et de luxure, couverts du vernis de la respectabilité pour mieux camoufler nos désirs qui nous rongent et nous tuent, dégoulinants de bonne conscience avec nos conjoints, nos enfants et notre boulot, et aveugles, volontairement et désespérément aveugles jusqu’à ce que la réalité nous crève les yeux et le coeur
!(p. 354)
[Aujourd'hui, c'est la rentrée... Réunion de prof's au cégep de Malphas : les bonnes solutions ! ...les expressions québécoises en prime]
- Donc, face à cette situation dramatique, le ministère de l'Education propose une série d'actions qui pourraient être mises de l'avant dès la prochaine session. Les voici.
Sur l'écran apparaissent lesdites actions : 1- prescrire des examens moins complexes ; 2- remplacer les livres du programme par des films ; 3- éviter de leur enseigner des événements antérieurs à 1990 ; 4- ignorer une erreur sur deux durant la correction.
[...]
Valaire [une prof] grimpe littéralement sur sa chaise, ses cheveux désordonnés hérissés tels les serpents sur la tête de Méduse :
- Voyons, câlice ! demandez-nous de les faire tous passer toute de suite, ça va être plus clair, ostie ! Tant qu'à y être, voulez-vous qu'on leur donne d'avance les réponses des examens ?
- C'est une solution qui a effectivement été envisagé, mais en dernier recours seulement.
– Ah, la jeunesse… La plus mauvaise joke de Dieu, c’est de nous y faire goûter si brièvement pour nous l’enlever ensuite… (p.336)
Ce n'est pas une adolescente de seize ans que j'ai devant moi, mais une entité noire. Elle a beau s'entourer de rouge dans sa chambre, c'est le noir qui émane d'elle. Pas le noir du Mal, non...Le noir du vide, le noir qui avale tout et que rien ne peut altérer...Le noir que l'Homme, depuis le début des temps, s'efforce de repousser par de vaines lumières et de délimiter par de dérisoires balises, mais qui sera toujours là, quelque part...parce qu'il est fondamental.
Heures de cauchemar, de délire... Et tout à coup, le téléphone... Mon regard fiévreux se tourne vers le réveil sur mon bureau : seize heures vingt ! Déjà ! Le temps passe donc si vite en enfer ?
Pour la première fois de ma vie, je ressens réellement cette obscure, cette incontrôlable émotion...Celle qui cloue votre coeur et arrache des morceaux de votre âme...J'ai peur.
Même le Diable doit s'incliner devant quelqu'un qui réussit à sauver son âme.
(...)
— Y a six ans, t’avais eu une passe difficile du même genre, mais on s’en était sortis ! Tu t’étais botté le derrière, alors tu vas encore te le botter, fie-toi à moi !
— J’suis prêt à botter ben des derrières, si tu veux.
— Contente-toi du tien ! Pis lâche cette revue, criss ! c’est insultant !
Et oui,l'été ,est la saison des vacances , des belles filles et des mendiants.
Pendant qu'on mangeait, mon cousin Jasmin s'est levé et il a dit qu'il était triste que sa grand-maman soit morte parce qu'elle était toujours gentille avec lui et qu'elle l'écoutait beaucoup, et il a dit je vais m'ennuyer beaucoup. Tout le monde trouvait ça beau, ce qu'il a dit. Ça soeur Arianne s'est levée et elle a dit qu'elle aussi était triste parce que grand-maman lui racontait souvent des souvenirs et Arianne aimait ça, et elle aussi elle va s'ennuyer beaucoup. Tout le monde avait encore l'air de trouver ça beau. Là, tout le monde m'a regardé en souriant, je ne comprenais pas pourquoi. Matante Josée m'a dit toi, Florence, tu es triste aussi que grand-maman Laura soit morte ? J'étais un peu gêné parce que tout le monde me regardait. Maman me souriait et elle me faisait signe de me lever alors je me suis levée et j'ai dit moi, je suis triste parce qu'elle me donnait des bonbons-tire. Tout le monde a souri et il y en a qui ont ri un peu. Après, j'ai dit mononcle Hubert m'a dit qu'il m'en donnerai, alors c'est pas grave qu'elle soit morte.
Il considère ma main comme s’il s’agissait d’une ventouse à toilette fraîchement utilisée, puis tourne les talons pour s’enfoncer dans son appartement d’un pas traînant, le dos voûté. Je demeure la main bêtement tendue quelques instants, puis me décide à entrer. Je me retrouve dans un salon mal éclairé qui pourrait être agréable et confortable si un tel désordre n’y régnait pas. Assiettes sales, cartons de pizza, vêtements, bouteilles et tasses vides, journaux et livres par dizaines, tout cela à même le sol. Une télé, dans un coin, diffuse un bulletin de nouvelles. Gracq, dans la cuisine, prépare quelque chose, sans doute un café.
Je lance avec un ricanement faux :
— Tu me diras le nom de ta femme de ménage, pour que je sois sûr de jamais l’engager.
Tout en feuilletant le bouquin, je lui explique ma rencontre avec Alex et notre entente, pour les mardis et vendredis. Quand je relève la tête, je devine à son expression que Louis n'est pas emballée par l'idée.
- Tu devrais faire attention Étienne.
- Bon, le flic qui joue aux protecteurs !
- Je ne te fais pas la morale, je te dis juste d'être prudent. Desfois, les gars de la SQ nous racontent des histoires assez épouvantables sur certains pourceux. Ce ne sont pas tous des anges... En plus, c'est bizarre, ça, qu'il veuille monter avec toi deux fois par semaine...
- Écoute Louis, je l'ai pris deux fois. S'il avait voulu m'attaquer, je serais déjà mort, tu penses pas ?
Il réfléchit une seconde et il admet que j'ai sans doute raison.