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Citations de Paul Celan (384)


Figure double

Fais que ton œil dans la chambre soit une bougie,
ton regard une mèche,
fais-moi être assez aveugle
pour l'allumer.

Non.
Fais qu'autre chose soit.
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Peut-être la poésie est –elle une conséquence de l’art –une de ses conséquences ; peut-être l’art est-il le chemin de la poésie, le chemin encore et toujours à mettre derrière elle […].
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Je trouve le lien qui, comme le poème, mène à la rencontre.
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La poésie, […] cette parole qui recueille l’infini là où n’arrivent que du mortel et du pour rien.
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Va plutôt avec l’art dans l’étroit passage qui est le plus proprement tien. Et dégage-toi.
J’ai pris, ici également, en votre présente, ce chemin-là. Ce fut un cercle.
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Et voici que monte une terre, la nôtre,
celle-ci.
Et nous n'expédions
aucun des nôtres vers
ton abîme
Babel.
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Accessible, proche et sauvegardée, au milieu de tant de pertes, ne demeura que ceci : la langue.
Elle, la langue, fut sauvegardée, oui, malgré tout. Mais elle dut alors traverser son propre manque de réponses, dut traverser un mutisme effroyable, traverser les mille ténèbres des discours porteurs de mort. Elle traversa et ne trouva pas de mots pour ce qui se passait, mais elle traversa ce passage et put enfin ressurgir au jour, enrichie de tout cela.
Durant ces années et les années qui suivirent, j'ai tenté d'écrire des poèmes dans cette langue : pour parler, pour m'orienter, pour m'enquérir du lieu où je me trouvais et du lieu vers lequel j'étais entraîné, pour m'esquisser une réalité.
(...)
Il en va pour cette langue, au-delà de l'indépassable diversité de l'expression, avant tout de précision. Cette langue ne transfigure pas, ne "poétise" pas, elle nomme et pose, elle cherche à mesurer le domaine de ce qui est donné et de ce qui est possible. Sans doute, la langue elle-même, la langue en tant que telle n'est -elle jamais à l’œuvre ici, ce qui est à l’œuvre est un Je qui parle à partir de l'angle d'inclinaison spécifique de son existence, et pour lequel il en va de contours et d'orientation. La réalité n'est pas, la réalité veut être cherchée et conquise.
Paul Celan dans Présentation - Paul Celan, de John E. Jackson
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Devenir semblables à ses "haches", - les haches que sont les paroles que le poète, veillant dans la nuit comme dans les années, peut tourner contre ses bourreaux, contre ceux qui ont, eux, abattu les troncs, les cadavres dans l'ombre desquels il a à vivre - définit comme on voit une position douloureuse mais nécessaire, d'autant plus difficile à tenir qu'elle a à s'établir entre le "faste", l'abondance et l'éclat de "ce qui est tu" et la pauvreté des mots. Celan n'emploie et n'emploiera jamais des mots comme la shoah ou l'holocauste. Sans doute pensait-il que l'écart entre (la faiblesse de) ces mots et l'horreur du génocide était trop important. La shoah, chez lui, c'est "was geschah", "ce qui s'est passé". Ici, aussi simplement, "das Verschwiegene", ce qui est tu, ce qui est passé sous silence. Le poème doit dire, mais il ne peut dire. S'il ne parle pas, il laisse les victimes à l'oubli et, par là, fait comme si les forces de mort n'étaient plus à l’œuvre. S'il parle, il trahit ou risque de trahir. "Quelque parole que tu prononces, tu la dois à la perdition" dit un autre poème. On comprend que, dans ces conditions, la poétique du recueil devienne une poétique du paradoxe ou, tout au moins, de la simultanéité des contraires, comme l'exprime, de la manière la plus directe, le vers du poème en forme d'art poétique "Sprich auch du" :
"Parle -
Mais ne sépare pas le Oui et le Non."
Présentation - Paul Celan, de John E. Jackson
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Le poète n'est le porte-parole de personne, il n'est pas le défenseur d'une cause. Il est libre, seul, et ce n'est qu'à partir de cette solitude qu'il peut être.
"la main qui ouvrira mon livre..."
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AVEC LA VOIX DE SOURIS DES CHAMPS,
tu remontes en couinant,

mâchoire
coupante,
tu mords ma peau à travers la chemise et t'accroches,

carré de tissu,
tu me glisses sur la bouche,
au milieu de ma
parole occupée, ombre,
à t'alourdir.

MIT DER STIMME DER FELDMAUS
quiekst du herauf,

eine scharfe
Klammer,
beisst du dich mir durchs Hemd in die Haut,

ein Tuch,
gleitest du mir auf den Mund,
mitten in meiner
dich Schatten beschwerenden
Rede.
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ET AVEC LE LIVRE DE TARUSSA

Tous les poètes sont des youtres
Marina Tsvetaieva

De
la constellation du Chien, de
son étoile plus claire, et de la lampe
naine qui tisse avec elle
des chemins reflétés vers la terre,

de bâtons de pèlerins, là aussi, du Sud, étranger
et proche par fibre de nuit
comme mots sans sépulture,
rôdant
dans le cercle où agit le ban
des buts atteints, stèles et berceaux.

Du
dit-vrai, dit-par-avance, dit-passant-outre, -à-toi,
du
dit-vers-le-haut
qui reste prêt là, pareil
à l'une des propres pierres-cœur, qu'on a crachées
avec leurs in-
destructibles rouages, dehors,
dans du non-pays et non-temps. D'un tel
tic-tac au milieu
des cubes de graviers avec
celle qu'on peut suivre sur une trace d'hyène
en reculant,
montant, l'ancestrale
lignée de Ceux-
du-Nom-et-de-Son
Gouffre-Rond.

p.147-149
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Ne cherche pas sur mes lèvres ta bouche,
ni devant le portail l'étranger,
ni dans l’œil la larme.

Sept nuits plus haut rouge s'en va vers rouge,
sept cœurs plus bas la main cogne au portail,
sept roses plus tard la fontaine bruit.
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nous nous disons des choses sombres,
nous nous aimons comme pavot et mémoire.
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ESQUISSE DE PAYSAGE

Tombes rondes, en bas. Tout autour,
à quatre temps le pas de l'an sur
les marches raides.

Laves, basaltes, roche
rougie au feu de cœur du monde.
Tuf de source
où pour nous la lumière a grandi, avant
le souffle.

Vert d'huile, saupoudrée de mer l'heure
impénétrable. Vers
le milieu, grise,
une croupe de pierre, dessus,
bossué et carbonisé,
le front de bête avec
sa lisse rayonnée.
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LA SYLLABE SCHMERZ

Il s'est donné à Toi dans ta main :
un Tu, sans mort,
à même qui tout Je parvient à soi, Des voix
libres de mots passaient autour, formes vides, tout
entrait en elles, mêlé
et démêlé
et de nouveau
mêlé.
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UN BOOMERANG, sur des chemins de souffle,
ainsi va, puissant
d'ailes, le
vrai.
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Du visible, de l'audible, le
mot-tente
qui se libère :

Ensemble.
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A UN QUI SE TENAIT DEVANT LA PORTE, un
soir :
à lui
j'ouvre ma parole
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La plus blanche des colombes s’est envolée : j’ai le droit de t’aimer!
Dans la fenêtre discrète hésite la porte discrète.
L’arbre silencieux est entré dans la pièce silencieuse.
Tu es proche comme si tu demeurais ici.

Dans ma main tu prends la grande fleur :
elle n’est pas blanche, pas rouge, pas bleue — pourtant, tu la prends.
Où jamais elle ne fut, elle restera toujours.
Nous ne fûmes jamais, nous restons donc chez elle.
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Paul Celan
1 FUGUE DE MORT

Lait noir du petit jour nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et jouez
il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore qu’on y danse

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents

Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne
il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs
et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus
il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne

tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith
------------------------------------------------------------------------------------
OU

Lait noir de l'aube nous le buvons le soir
le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or
écrit ces mots s'avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle ses grands chiens
il siffle il fait sortir ses juifs et creuser dans la terre une tombe
il nous commande allons jouez pour qu'on danse

Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or
Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré
Il crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous chantez jouez
il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
enfoncez plus les bêches vous autres et vous jouez encore pour qu'on danse

Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons à midi et le matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison Margarete tes cheveux d'or
tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les serpents

Il crie jouez plus douce la mort la mort est un maître d'Allemagne
il crie plus sombre les archets et votre fumée montera vers le ciel
vous aurez une tombe alors dans les nuages où l'on n'est pas serré

Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons à midi la mort est un maître d'Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d'Allemagne son oeil est bleu
il vise tire sur toi une balle de plomb il ne te manque pas
un homme habite la maison Margarete tes cheveux d'or
il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans le ciel
il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d'Allemagne

tes cheveux d'or Margarete
tes cheveux cendre Sulamith

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