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Critiques de Paul Veyne (150)
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Palmyre, l'irremplacable trésor

Je dédie ce commentaire à la mémoire Khaled Al Assad l'ancien conservateur du site de Palmyre qui fut assassiné le 18 aout 2015 par des intégristes de Daesh . Que sa mémoire soit fameuse et universelle ,de même que celle de ceux qui participèrent au prix de leur vie ,à ce sauvetage et dont l'histoire n'a malheureusement pas mémorisé les noms .

Ce monsieur parmi quelques autres , a personnellement enterré et fait enterré des vestiges inestimables pour les préserver de la folie meurtrière absolue qui a ravagé ce site extraordinaire et fauché la vie de bien des habitants de cette ville.

Mer Al Assad a néanmoins remporté une grande victoire posthume éclatante car vous pouvez désormais visiter Palmyre à son apogée, virtuellement et de manière vraiment gratifiante.

S'intéresser à Palmyre revient à s'intéresser à un point d'orgue de l'antiquité gréco-romaine et proche orientale.

L'histoire de cette cité et celle de sa culture spécifique renseigne sur l'univers linguistique ,religieux ,social ou politique du monde araméen. Et conséquemment sur l'univers antique sémite nord occidental qui comprend les peuples originellement araméens , hébreux, édomites ,phéniciens ,nabatéens,cananeens,ou ougaritique.

Palmyre démontre que le commerce international était très abouti dans cette antiquité aux marges du désert arabique et reliée au golfe persique (et donc à L'inde) comme à la méditerranée et à l'Égypte.

Comme les Nabatéens du Néguev ,les habitants de Palmyre étaient exposés à un stress hydrique phénoménal et autour de Palmyre se trouvent deux sites clefs qui permirent à cette citée de triompher durablement de la sècheresse chronique.

Un réseaux de collecte d'eau du type nabatéen a été reconstitué a Timna ,près d'Elath dans le Néguev en Israël. Ce réseau efficace, collecte l'eau des pluies saisonnières des pentes et des Nahal b et même il collecte partiellement la rosée .De manières incroyables, ces réseaux fonctionnent sur la base de la gravité comme ceux de Palmyre. Et ils débouchent sur des réservoirs.

L'histoire de Palmyre permet aussi de saisir le fonctionnement et la réalité juridique et sociale du statut de colonie romaine, car ce statut fut conféré à cette citée par l'empire. Il fut pratiqué de manière ambiguë du fait de la préservation exigente de la culture araméenne de cette ville-état qui intégra le grec utilement mais avec une claire marginalisation dans la pratique.

Palmyre a fourni du personnel politique à l'empire d'orient , peu certes , mais incontestablement . La ville a fait la place à de nombreuses cultures parmi celles qui l'environnaient mais sans se diluer dans son environnement. Palmyre fut très peu soluble malgré son apparence architecturale qui est aussi somptueuse que trompeuse.

L'épisode politique de conquête de Zénobie et l'avènement de son état résume bien cette spécificité durable de cette cité qui constitua alors une grande province syrienne et araméenne ,au bord de la sécession avec Rome Cette province débordait sur la Turquie contemporaine et même sur l'Egypte romaine de manière éphémère .Ce fut un épisode fulgurant et assez bref qui nous transporte au milieux du troisième siècle de l'ère commune dans un contexte complexe.

Palmyre, d'hier et d'aujourd'hui, vous l'aurez compris, a décidément beaucoup de choses à nous dire sur le passé et sur le présent.

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Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas : Souv..

J’ai découvert Paul Veyne avec « Mon musée imaginaire » livre qui m’avait ébloui (qui est né de cet amour passionné pour l’Italie qu’il nous fait partager, avec bien d’autres, dans ses souvenirs).


Je sors de cette traversée où il nous convie, avec une envie de lire tous les livres de cet homme dont j’ai aimé l’humour, la sincérité, l’érudition, qui garde son étonnement devant le monde, sa jeunesse malgré son âge, les douleurs, les deuils qui ont fait partie de sa vie et qu’ils dévoilent avec pudeur. J’ai aimé son irrévérence vis à vis des universitaires, de l’ordre établi, son anti conformisme, un homme qui ne se prend pas au sérieux, qui admet ses manquements, ses lâchetés et sait rendre hommage avec lucidité à ses amis et aux trois femmes qui ont partagé sa vie.



« Quand des gamins se moquaient de ma bosse au visage, je pensais à part moi que je n’étais pas et ne serais jamais comme eux ; je ne ferais pas un de leurs métiers. Lorsque mon professeur de sixième m’avait révélé l’idéal d’être homme de culture, j’avais senti que c’était là le genre de métier particulier qu’il me fallait. »


Et il a parfaitement suivi cette intuition.

Un livre dont on sort enrichi.
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Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?

C'est un petit bouquin passionnant mais difficile parce que le sujet examiné réellement peut échapper au lecteur et devenir confus.

Les grecs ont-ils cru à leurs mythes ? C'est le sujet et si on prend la question au sens littéral on considèrera que le titre borne clairement la question.

Le problème c'est que ce questionnement est infiniment plus vaste qu'il en a l'air. le texte de l'essai de Veynes est aussi très ancré dans l'univers hellénique donc toute conclusion sera fortement subordonnée à ce contexte hellénique.

Dans notre univers largement désacralisé on ne se rend pas compte que énormément de portes ouvertes sont en fait pour nous autres fermées, quant on s'essaye à penser aux effets pratiques du numineux sur les individus, les milieux sociaux et sur les sociétés en général.

La Grèce est un univers profondément religieux ,activement ritualiste, et foncièrement pluraliste avec une liberté importante mais bornée par des règles subtiles.

Le mythe y est au centre de la vie individuelle ,sociale et politique et il s'exprime socialement dans des rituels exigeants et nécessaires. Les mythes sont aussi très inspirants au niveau des individus et des mentalités collectives. le mythe est aussi au centre de l'éducation ,de la poétique et de l'allégorique..

Il est un récit sensible conservé dans des sanctuaires qui sont affiliés à une tradition particulière et qui le conserve et le donne .Les versions sont souvent variées et la lecture et la compréhension du mythe grec est naturellement plural. Il est véridique .il a une portée « historielle » et symbolique .Il est donc bizarrement toujours vrai en fonction du contexte psycho-social et à plusieurs échelles (sourires).

Dans un univers religieux le numineux est tangible , autant qu'une pierre ou que le soleil ,car il est un consensus qui un tel un mortier imprègne toute la société et il fonde et exprime véritablement le réel. La croyance est un bonheur, un prétexte ou/et , un ciment.

La vie politique ,la guerre ,la médecine, les relations internationales ,la vie ,la mort des individus et des groupes sont reliés à une religiosité qui est connectée directement aux mythes qui sont inspirants et répétés réactualisé ,dans des rituels très contraignants à l'efficience notable.

On peut aussi à tort s'imaginer que le verbe croire renvoie à une réalité simple. Or non, la croyance est un espace qui par nature se complait dans la contradiction. La source du mythe actif socialement et de la croyance ,est donc contextuelle ,plurielle et multifactorielle. A ce titre le mythe est au-delà du vrai ou du faux et même hors du champs de la vérité mais non de celui du véritable. le mythe est un savoir qui me fait penser à la psychologie différentielle . Il est insaisissable, relatif et il est soluble dans des contextes différents ,concomitants , contradictoires ou non mais toujours vrai (sourire) .Il est aussi dans une temporalité subjective et littéralement dans un espace /temps variable et différent de celui du monde profane et de tout qu'il contient.

L'auteur examine aussi dans ce travail dense une forme d'incroyance particulière au monde grec. Les mythes étaient de manière admises des tautologies à interroger de manières différentielles en fonction de la variabilité et de la relativité de ce qui est réputé vrai et de ce qui est observable ou non .

En histoire les mythes et leurs contextes sont des sources historiques et donc l'auteur questionne cette matière complexe, riche en contradictions et aux ambigüités liées à la langue et aux formulations .

Bref un livre complexe et un cran au-dessus de la vulgarisation je trouve.

Je conclue en faisant référence à un évènement que Veyne n'exploite pas.

N'oubliez pas que Socrate est mort car accusé d'avoir mis en cause l'existence des dieux (Ce dont il semble s'être défendu cf. Platon) .Voilà , à bon entendeur salut !

Ps : Je vous recommande la lecture de : ,Les grecs et l'irrationnel, de E.R. Doddes

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Mon musée imaginaire

Si, comme moi, vous aimez la Renaissance italienne en général, et sa peinture en particulier, sans être pour autant un érudit en la matière, ce livre est pour vous !

Quand Paul Veyne, grand historien de l’Antiquité, ouvre son jardin secret à ses lecteurs, il leur offre une plongée dans 255 chefs d’œuvre et les convie à une inoubliable promenade imaginaire. Comme savent si bien le faire les grands érudits, il sait se mettre à la portée de tous grâce à des commentaires vivants, des interprétations parfois très personnelles de ces tableaux illustres ou plus méconnus, avec érudition, mais aussi humour et même malice !

Grâce à cet ouvrage, j’ai ainsi pu apprécier de façon plus « éclairée » les célèbres fresques de Giotto de la chapelle des Scrovegni à Padoue, mais aussi, par exemple, la plus modeste Vierge d’Annonciation d’Antonello da Messina exposée à la Galerie Nationale de Palerme.

Ce livre d’art au prix très raisonnable (38€) vaut certes plus par ses textes que par la qualité de ses reproductions : une version numérique est parue enrichie de commentaires pour 40 « coups de cœur » de l’auteur avec zoom automatique : je vais me la procurer, facile à mettre dans ses bagages, alors qu’un livre d’art ça pèse des tonnes ! Et si vous voulez mieux connaître Paul Veyne, ce vieux monsieur plein de fougue juvénile, tapez http://www.youtube.com/user/Monmuseeimaginaire : vous y trouverez dans la 2éme vidéo proposée son interview à l’occasion de la sortie de la version numérique du livre et vous serez étonnés …
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Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?

« Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? » La question qui constitue le titre de ce livre ne manque pas d'interpeller. Comment étaient considérés Ulysse et Hercule ? Des allégories, des vérités historiques qu'il ne convient pas de contester ?



Un peu des deux à la fois, en vérité. La fonction d'historien a déjà évolué avec le temps. Au départ, son rôle n'était pas de rechercher l'exacte vérité, mais de proposer un consensus, une version des faits qui satisfasse tout le monde. Des auteurs critiques ont fait leur apparition, et n'étaient pas vraiment dupes de tous les récits qu'ils lisaient : les contradictions, les impossibilités, leur sautaient aux yeux. Pour autant, des légendes qui ont une telle importance pour un peuple doivent, à leurs yeux, avoir un fond de vérité : à eux de séparer le bon grain de l'ivraie. Hercule n'a sans doute pas été divinisé, mais était un roi d'une grande importance qui a enflammé l'imagination populaire.



Le propos de Paul Veyne est que la vérité est largement culturelle, et qu'une même personne peut accepter plusieurs vérités contradictoires. Ainsi, on peut souligner l'impossibilité biologique des centaures quand on agit en tant que médecin, et à la fois en parler naturellement dans la vie de tous les jours, puisque tout le monde dit qu'ils existent et que si on a toujours pensé comme ça, c'est qu'il y a une bonne raison de le faire.



Malgré mon intérêt pour le sujet, j'ai trouvé cette lecture assez confuse. J'ai eu l'impression que Veyne exposait toujours les mêmes notions au fil des chapitres, mais, malheureusement, jamais d'une manière très claire. Je quitte finalement ce livre avec les idées aussi confuses qu'en le commençant, ce qui, pour un essai, n'est pas bon signe.
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Palmyre, l'irremplacable trésor

Palmyre, L’irremplaçable trésor. Paul Veyne, dans ce petit livre remarquable avec un cahier central de photos couleur, replace cette cité détruite par l’organisation terroriste Daech au centre de notre héritage culturel : « Malgré mon âge avancé, c’était de mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible… »



Utilisant un style simple, concis, Paul Veyne rappelle d’abord le supplice, la torture, la décapitation, le 18 août 2015, de l’archéologue palmyrénien, Khalet al-Assaad, resté jusqu’au bout sur place pour tenter de sauver ce patrimoine de l’humanité.

En plein désert, Palmyre est un site gréco-romain aussi somptueux que Pompéi ou Éphèse en Turquie. On y parlait l’araméen, parfois le grec et le temple de Bêl dont l’architecture rappelle la Perse et d’autres cultures, était le plus important de la ville.

Alors, l’auteur nous emmène là-bas, après 4 heures d’avion et 200 km de route goudronnée à travers le désert. « Les Palmyréniens n’étaient pas des barbares et ne voulaient pas l’être. » Cette ville comptait quelques dizaines de milliers d’habitants et la majorité du trafic caravanier venant de l’Inde et de l’Arabie passait par là.

Son origine remonte à plus 4 000 ans mais les monuments connus ont été élevés vers l’an 100 et 200 de notre ère. Dix-sept tribus connues ont vécu là. Ce sont les riches et les notables qui, comme ailleurs, étaient les maîtres de la cité et cherchaient à s’helléniser.



Ce livre se lit avec un immense plaisir mais avec une douleur immense au fond du cœur en pensant à ce qui s’est passé là-bas. Paul Veyne conte l’épopée palmyrénienne et ne manque pas de s’arrêter sur l’histoire de Zénobie qui tenta d’imposer son fils, Wahballat, comme empereur d’Orient. Zénobie a esquissé le partage entre Orient et Occident et si l’empereur Aurélien a mis fin à son aventure, elle est restée légendaire.

Paul Veyne n’oublie pas de détailler les sculptures découvertes sur le site. Il précise : « Dieux araméens, mésopotamiens, arabes et même perses ou égyptiens…Tout est venu à Palmyre qui a emprunté de tous côtés. » Le Louvre conserve deux grandes vitrines avec des bustes palmyréniens.



Palmyre représentait la liberté, le non-conformisme, le multiculturalisme et « …ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir », conclut Paul Veyne.




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)

L’auteur présente ce livre comme l’effort d’un incroyant pour comprendre comment le christianisme, religion très minoritaire (qu’il chiffre au maximum à 10 % de la population) a pu s’imposer en moins d’un siècle comme la religion officielle de l’empire romain. Il n’est pas le premier à se poser cette question, le livre est relativement court, et relève probablement plus de la catégorie de l’essai, dans lequel l’auteur donne davantage ses opinions sur la question (certes construites sur des connaissances très approfondies) avec des partis pris, plus qu’une étude poussée, s’appuyant sur une revue complète des points qui font débat, avec des démonstrations rigoureuses des thèses avancée justifiées par des données minutieusement rassemblées. D’où d’ailleurs le fait qu’il est plutôt facile et agréable à lire.



Paul Veyne accorde une grande importance à la décision d’un homme, pas n’importe lequel, Constantin, qui allait devenir l’empereur tout puissant de l’empire dans son ensemble. Il considère que ce dernier a vraiment adhéré au christianisme par conviction, par foi sincère, et non pas par un désir d’utiliser cette religion d’une façon instrumentalisée. L’auteur considère le fait religieux comme inhérent à l’homme, un besoin de s’identifier à une religion, à une spiritualité, au point d’en trouver des traces même dans notre monde contemporain que l’on qualifie souvent de sécularisé. Il balaie d’un revers de la main l’idée souvent avancée que le christianisme s’est imposé parce qu’il correspondait à une attente, qu’il était dans l’air du temps, mais au contraire parce qu’il offrait quelque chose de différent et de neuf, et que c’est à cette nouvelle vision qu’a adhéré Constantin.



Paul Veyne, même s’il attribue le succès du christianisme essentiellement à la décision de Constantin de s’y convertir, considère que la victoire de la nouvelle religion restait fragile : le changement de cap effectué par Julien dit l’Apostat le montre. S’il avait vécu plus longtemps, si les empereurs à sa suite eussent été païens, tout aurait pu être remis en question. Il ne pense pas que ce que le christianisme apportait de neuf devait obligatoirement s’imposer, dans une sorte d’évidente marche de l’histoire.



Paul Veyne rappelle les moments forts de la victoire du christianisme : 312, la victoire du pont Milvius, où Constantin défait Maxence alors que ses troupes portent « le symbole du Christ » suite à un songe prémonitoire, 313 le fameux rescrit de Milan (appelé souvent à tort « l’edit ») qui accorde à tous, et particulièrement aux chrétiens la liberté religieuse jusqu’à l’interdiction du paganisme en 394 par Théodose. Le christianisme deviendra vraiment la religion de tous sur les territoires de son empire deux à trois siècle après la mort de Constantin. En se transformant, en adaptant ses pratiques.



Constantin a manifesté une sorte de tolérance face aux autres religions, même s’il se montrait très méprisant vis-à-vis du paganisme, et qu’il favorisait, en particulier financièrement l’église chrétienne. Il s’est en revanche fait le garant de l’unité chrétienne, prétendant établir l’exclusivité de la vérité, et réprimant la divergence d’opinion, considérée comme hérésie ou schisme. Il a convoqué le premier concile de Nicée en 325, qui a statué sur un certainement nombre de points du dogme, et qui finira par excommunier Arius suite à une intervention musclée de l’empereur. Mais les souverains qui régneront à sa suite n’auront plus forcément la même capacité à s’ériger en maître : Paul Veyne insiste sur la transformation du rapport entre le politique et la religion avec l’avènement du christianisme : désormais le pouvoir politique (« César ») doit être au service de Dieu.



Le livre ouvre incontestablement de passionnantes perspectives, même si certaines des idées de l’auteur ne sont pas forcément consensuelles ni universellement acceptées.
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Palmyre, l'irremplacable trésor

Lorsque j'étais étudiante, je m'étais faite la promesse de découvrir les sites antiques qui m'avaient tant fait rêver : Rome et Pompéi en Italie, Ephèse en Turquie, Timgad en Algérie, Lepcis Magna en Libye, Baalbek au Liban, Pétra en Jordanie et Palmyre en Syrie. Aujourd'hui, ces cinq derniers pays font partie de la liste des pays à risque, définie par le site du Ministère des Affaires Étrangères. Sur cette liste de sites antiques, quatre sont désormais difficiles d'accès et un a été sérieusement endommagé par les Islamistes, l'année dernière : Palmyre.



Après la destruction de plusieurs monuments représentatifs de la ville (les temples de Baalshamin ou celui de Baal, l'arc triomphal qui introduisait la colonnade ou même le lion d'Athéna) et d'exactions commises (exécution de personnes dans le théâtre antique, décapitation du Directeur générale des Antiquités de Palmyre, Khaled Al-Asaad) Paul Veyne, grand spécialiste d'Histoire Romaine, a écrit cet essai. Il s'agit d'un petit documentaire à destination du grand public dans lequel le fameux historien souhaite démontrer à quel point la perte de ce joyau s'avère irremplaçable pour l'Humanité.



Si cet essai de vulgarisation part d'une excellente intention et est très intéressant, il est néanmoins difficile de savoir à qui il est vraiment adressé. En effet, un étudiant en Histoire n'y trouvera pas vraiment son compte : tout juste lui servira-t'il pour l'introduction de son exposé afin de poser les bases. Il devra ensuite se tourner vers d'autres ouvrages plus spécialisés pour pousser son étude. Beaucoup de personnes ont découvert aussi l'existence de ce site exceptionnel lors des destructions, l'année dernière. Cet essai peut-il donc leur être adressé? Oui, à condition qu'elles aient déjà quelques notions en Histoire Antique. En effet, l'essai ne contient ni carte pour situer le site de Palmyre, en Syrie, ni plan urbanistique de la ville antique. Certes, je l'ai étudié, il y a dix ans mais j'avoue que mes souvenirs étaient un peu rouillés me rappelant vaguement la morphologie urbaine de Palmyre. De plus, l'organisation des chapitres peut paraître un peu brouillon, ne suivant pas spécifiquement un ordre chronologique. Enfin, l'emploi de termes spécialisés ne facilitera pas non plus l'accès à des personnes complètement néophytes.



En conclusion, Palmyre, l'irremplaçable trésor est un essai intéressant qui m'a permis de renouer avec mes vieux souvenirs. Il aura également le mérite de faire prendre conscience au plus grand nombre de la perte de ce joyau antique. Et pour cette raison, j'invite le plus grand nombre à le découvrir surtout que sa parution en livre de poche a permis de faire baisser le coût d'acquisition.



PS : Vous trouverez sur mon blog des photos et un plan en complément.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Sexe et pouvoir à Rome

Ça ne me paraît pas une mauvaise idée d'avoir réuni dans un petit livre des textes issus d'anciens numéros de la revue L'Histoire, alternant entretiens et courts essais. Fallait-il en revanche ne donner la parole qu'à Paul Veyne pour aborder le sujet de la Rome antique ? Je n'en suis pas certaine, puisque ça ne donne accès au lecteur qu'à un seul point de vue sur le sujet - au titre par ailleurs assez racoleur.



Si j'avoue volontiers qu'au tout début de l'ouvrage, je ne voyais pas bien l'intérêt d'un entretien sur la carrière et la vie de Paul Veyne, j'ai vite été accrochée par son ton léger, avec un brin d'humour, mais reposant sur une sérieuse connaissance de la Rome antique. Ses sorties sur l'autoritarisme de l'Église chrétienne font sacrément du bien à une époque où l'on n'ose plus émettre une seule critique sur tout ce qui touche au religieux !



De ces entretiens et des ces articles se dégage une image assez juste de l'antiquité romaine - et d'abord parce que Paul Veyne s'attache à définir ce qu'est un Romain, dans toute sa spécificité. Car Rome est multiple : c'est une cité, un ensemble de cités, un territoire de plus en plus large (puis de plus en plus réduit), un Empire comportant de multiples provinces. Un esclave, une femme, un enfant, un pérégrin peuvent-ils être considérés comme Romains ? De texte en texte, Paul Veyne nous donne à comprendre à quelle société profondément inégalitaire nous avons affaire. Il explique aussi très bien combien la religion dans la société romaine était éloignée de la conception que nous pouvons en avoir aujourd'hui, ou même de la conception chrétienne de l'époque. De même pour la justice. On saisit également assez bien les concepts de clientélisme et d'évergétisme, tellement importants pour cette société. Donc, pour l'essentiel, la civilisation romaine se dévoile à nos yeux de façon plutôt objective.



Reste que les textes en questions datent parfois d'une trentaine d'années et que Paul Veyne m'a l'air parfois plus intéressé par la pure spéculation intellectuelle que par le suivi des découvertes archéologiques en matière d'antiquité romaine. Il se laisse parfois un peu aller et, franchement, les textes sur les gladiateurs m'ont semblé un rien fantaisistes par moments. J'y voyais plus la marque des tableaux - superbes dans leur mise en scène, mais historiquement contestables - de Jean-Léon Gérôme que celle des historiens et archéologues qui travaillent sur le sujet. Non, Paul Veyne, les armures des gladiateurs ne pesaient pas forcément trente tonnes, et celles qu'on trouve exposées dans les musées - comme dans la vitrine des gladiateurs du Louvre - sont des armures d'apparat, et non réservées au combat. Et non, Paul Veyne, les jeux du cirque ne se limitaient pas aux combats de gladiateurs et aux exécutions de condamnés. Ils présentaient aussi des chasses, non pas, comme le dit l'auteur, où le lion mangeait la plupart du temps le chasseur, mais où des dizaines de milliers d'animaux furent massacrés. Et la mortalité des gladiateurs n'est peut-être pas aussi élevée que Paul Veyne nous le laisse entendre, sauf à la fin de l'empire, avant leur interdiction, où les combats étaient devenus, effectivement, de vraies boucheries. D'ailleurs, il y a loin de l'organisation d'un combat de gladiateurs dans une petite cité de Gaule romanisée à celle de la capitale. Or Paul Veyne ne s'intéresse guère, dans ce cas, qu'à Rome elle-même.



Je n'ai pas trouvé un intérêt énorme aux textes sur le mariage la sexualité, et, pour un ouvrage dont le titre est consacré au pouvoir, je suis étonnée que rien ne se rapporte aux sénateurs. Donc, quelques lacunes, quelques approximations fantaisistes qui demandent à rester sur ses gardes durant la lecture, mais une approche générale assez intéressante et juste de la société romaine, dans un style agréable - lire Paul Veyne, c'est plutôt agréable et amusant.







Masse Critique générale
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Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas : Souv..

Quand j´ai refermé cette autobiographie j´ai eu de la gratitude et un regret



La gratitude envers les babeliautes qui ont éveillé mon intérêt pour elle

Le regret de ne pas pouvoir pousser sa porte pour qu´il me raconte plus encore et qu´il me conseille des lectures.



Ce qui caractérise cette autobiographie c´est tout d´abord l´honnêteté intellectuelle de l´auteur qui rend son opinion précieuse parce que l´on n´y discerne pas ce qui pollue beaucoup d´ouvrages du même type, à savoir l´ego envahissant et/ou la peur du qu´en dira-t-on.

Toute chose qui justement peut faire douter de l´objectivité de l´auteur et qui peut faire passer le lecteur à côté du livre.

Ici on se sent en prise directe, la confiance est établie et le doute que l´on peut avoir sur certaines opinions est un doute sain dont on est sûr que l´auteur l´accueillerait avec bienveillance.

La deuxième caractéristique est sans doute l´érudition de l´auteur et les personnes qu´il a côtoyées : Raymond Aron, Michel Foucaud, René Char excusez du peu et d´autres encore.

Enfin les époques qu´il a vécues, qu´il peut analyser avec du recul m´ont permis de changer de points de vue, pas forcément d´opinion, et de ré instiller du doute dans ce que je crois savoir. De la zététique toujours bienvenue.

Et puis je crains que si j´ai autant apprécié ce livre c´est également parce que globalement rien de ce qu´il dit ne m´est complètement étranger ni ne me dérange vraiment.

C´est la part d´inconnu de ce livre : dans quelle mesure un lecteur plus opposé aux idées et analyses de Veyne y trouvera intérêt ?

Je doute que quiconque pense vivre une époque terrible trouvera Paul Veyne aussi sympathique que moi

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Palmyre, l'irremplacable trésor

Aux environs de 200 de notre ère Palmyre vient d'être élevée au rang de colonie d'Empire par les Romains. Elle dresse ses temples, sanctuaires, tours, colonnades et bâtiments publics en limite de désert, au milieu d'un vaste terroir où une agriculture est encore possible. La cité est vivante et active depuis déjà deux mille ans ; propriétaires et nombreuse domesticité, paysans modestes ou miséreux, riches négociants ou magnats de l'import export, boutiquiers, tribus, peuplent ce vaste territoire dont la ville n'occupe qu'une petite partie. Une population qui parle ou écrit l'araméen et une élite urbaine et hellénisée cohabitent (le grec étant la langue internationale de l'époque). Voilà Palmyre que fait revivre Paul Veyne, montrant les vestiges témoins de l'histoire d'hier, pour parler des ruines d'aujourd'hui.



Palmyre, entre Euphrate et méditerranée, oasis de quelques dizaines de milliers d'habitants est une étape obligée sur la route des épices, de l'ivoire, des perles et des étoffes entre la Chine, la Perse et l'occident. Prospérité bâtie sur ce commerce somptuaire qui a fait sa réputation caravanière. Portrait d'une ville antique dont Paul Veyne tente surtout de faire toucher du doigt la culture mixte, au lecteur : « Elle détient un record en matière de richesse du mélange ; on a beau parcourir des yeux la carte de l'Empire, on ne voit pas où auraient pu se rencontrer un plus grand nombre d'influences : la vieille Mésopotamie, l'antique Syrie araméenne, la Phénicie, un peu de Perse, davantage d'Arabie ; brochant sur le tout, la culture grecque et le cadre politique romain. » (p.104) Et de conclure :



« Le chauvinisme culturel, invention du XIXe siècle, écrit Ernest Will, n'avait pas cours dans l'Antiquité ».



Cent quarante pages environ, écrites dans l'urgence, un texte bref et littéraire, citant Baudelaire et Hölderlin, où l'histoire devient intelligible, les réalités économiques, sociales, artistiques, visibles. Diversités des échanges, coexistence des styles, des coutumes, des croyances, des cultes et des dieux – pas moins d'une soixantaine de divinités sont honorées, dont Bêl et Baalshamîn (le temple de Bêl et celui de Baalshamîn ont été détruits le 23 et le 30 août 2015). Un texte où l'épopée d'Odainath et sa veuve, la reine Zénobie, entre 259 et 274, est bien sûr racontée, et prend un relief tout particulier dans le contexte terriblement troublé du troisième siècle rappelle l'historien, mettant en garde contre toute lecture nationaliste de cet épisode (p.69).



C'est en étant hybride que Palmyre, confiante dans sa capacité à absorber des cultures étrangères et quatre fois millénaire, est devenue elle-même, résume Paul Veyne. L'empreinte de cette identité « patchwork » est gravée sur les centaines d'inscriptions et sur les monuments et les vestiges que la vieille cité a légués. Vision multiculturelle insupportable aux yeux de tous ceux qui ne veulent connaître qu'une seule culture. Ni pèlerinage archéologique, ni exposé historique factuel, ce texte, au-delà de sa qualité narrative, loin d'être bâclé, semble apporter une réponse de portée plus universelle au pourquoi des massacres, saccages et destructions commises par Daech à Palmyre. Sous la pression de son âge avancé et dans l'émotion d'une actualité qui fait s'entrechoquer un présent macabre et terrifiant au passé le plus lointain, l'historien avertit ou simplement rappelle à nos mémoires oublieuses qu'assassiner les hommes, premier des scandales, ne suffit jamais aux terroristes de tout poil, qu'il leur faut aussi abolir l'esprit des hommes et faire donc disparaître toutes les traces matérielles de sa très longue existence. Livre dédié à Khaled al-Assaad, assassiné pour "s'être intéressé aux idoles".











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Foucault, sa pensée, sa personne

De Foucault, je ne connais quasiment rien. Un nom dans l’histoire contemporaine des idées. Une réputation exécrable d’homme impossible qui aurait poussé la liberté de sa pensée jusqu’à des confins bien trop dangereux pour le commun des mortels. Une image ? Un fond fumeux, au sens propre du terme, en noir et blanc sur lequel se déploieraient quelques-uns de ceux qui ont pensé la deuxième partie du 20e siècle : Deleuze, Bourdieu, Lacan et Foucault donc. J’ai bien conscience en énumérant seulement ces noms d’ouvrir déjà de picrocholines querelles sur l’ordre dans lequel j’ose les avancer, les relations que suppose leur juxtaposition dans ma phrase, la scandaleuse omission d’illustres autres (Sartre ? Kristeva ? Sollers ?...). Je faisais mes premiers pas quand ces esprits brillants causaient structuralisme, plis, désir et jouissance, j’assume donc de ne rien y connaitre et que mon regard soit déjà empreint du dévoiement de celle qui n’y était pas. Ca vaut bien toutes les autres raisons qui pourront conduire à ne pas dire le vrai de cette époque pourrait-on penser en suivant Foucault. Mais n’anticipons pas.

Au-delà de l’anecdotique réputation de l’homme, de Foucault je ne connais donc rien. Surnageaient à peine dans mon souvenir quelques bribes d’émissions à la radio à son sujet comme autant d’invitations à aller chercher plus loin. J’avais notamment en tête cette proposition que le pouvoir est partout, qu’il jaillit des institutions et que les discours, d’où qu’ils viennent, s’inscrivent dans un cadre injonctif visant à réduire la liberté de chaque sujet. Cette audacieuse vision de la folie comme une construction sociale. Et cette grille de lecture qui enferme le sujet moderne dans la prison d’un regard qui surveille et punit. Autant de fulgurances qui ont laissé leur marque indélébile dans mon esprit.

Aussi, lorsque je suis tombée sur le Foucault de Paul Veyne, son propos (et le confort rassurant de son format léger) m’a tout de suite accrochée. Par un historien, ami proche, « Le portrait inattendu » d’un homme très connu mais très mal compris, voilà qui promettait une introduction peut-être plus aisée que l’écoute des conférences de Foucault au collège de France. Une sorte de Foucault pour les nuls fait avec intelligence et amour.

C’est effectivement ce que j’y ai trouvé. Et bien au-delà. Dans un style toujours abordable, même quand il tutoie des sommets métaphysiques, avec une forme d’allant relevant davantage de la discussion informelle que de l’essai pontifiant, Paul Veyne évoque différents aspects de la pensée de Foucault et pose pour son lecteur quelques jalons.

J’ai eu l’impression de rentrer à la maison. D’être enfin dans le confort stimulant de ce qui doit être, exactement. De ne découvrir, merveilleusement exprimées, que des réflexions que je faisais miennes au point qu’elles me paraissent, malgré leur toute récente irruption sous mes yeux, tout à fait familières. C’est peut-être que, malgré l’absence de contact direct avec la pensée de Foucault, j’ai lu, entendu, des discours qui s’en revendiquaient. C’est peut-être qu’aussi décrié et incompris qu’il ait paru être de son vivant (au-delà d’un indéniable succès médiatique, ses cours au Collège de France accueillant d’assidus auditeurs au point qu’ils débordent dans les allées, rajoutent des sièges, finissent par se glisser dans les marches, de requérir d’autres lieux adjacents avec des écrans déportés, Foucault, cette rock star), il a tellement influencé la réflexion des historiens, philosophes, sociologues qui lui ont succédé que les enjeux majeurs de sa pensée ont été portés à ma connaissance sans que je les aie identifiés clairement comme procédant de lui. Ou peut-être encore existe-t-il des affinités intellectuelles particulières avec tel ou tel qui rendent à leur discours l’évidence d’un écho à notre propre élaboration.

Quoiqu’il en soit, en m’emmenant de l’impossible universel (tout est singulier, toute analogie, catégorisation supra ou comparaison entre deux éléments ne fait que nier leur existence autonome et souligner le biais que représente le cadrage historique de celui qui regard et compare) à la nécessaire historicisation de tout discours, Paul Veyne m’a enchantée. Et m’a fait rire aussi. Pour expliciter le fait qu’une réalité dépende de celui qui l’appréhende, il prend l’exemple de l’herbe et la considère non pas « l’Herbe en soi », ce que nous ne pourrons jamais connaitre et qui n’a donc aucun sens, mais l’herbe du bovin « tiges vertes et élancées qui sortent de terre », l’herbe du promeneur ou l’herbe du botaniste. Et de conclure « le discours des botanistes qui croient « tout savoir » sur l’herbe ne répond pas au discours que tient l’herbivore. » Certes !

C’est drôle et confondant de vérité lorsqu’on ne parle plus seulement « herbe » mais « sexualité », « pouvoir » ou quelque notion que ce soit. On ne peut jamais atteindre ce que serait ces réalités en dehors de la gangue du discours qui les tient. Et ce n’est pas que ces notions existeraient - ou non, là n’est pas la question - dans un monde fantasmé ou inaccessible. C’est que toute appréhension du réel ne peut passer que par la structure d’un discours. Et qu’il faudrait la transcendance d’une existence divine pour appréhender autrement les choses, ce qui ne peut être le propos d’une réflexion humaine. Ca, c’est fait, ai-je eu envie de conclure, satisfaite de ce non-lieu.

A ce compte, aucun concept globalisant, aucune idéologie n’oblige l’homme sans recours. Il lui appartient d’exercer sa liberté de pensée pour mettre au jour les racines idéologiques de ces raisonnements, ramener à des causalités historiques et à des nécessités de maintien de pouvoir bien spécifiques la raison d’advenue de tel événement. Nous sommes seuls et ce pourrait être désolant, aride, si nous n’étions pas soutenus par notre capacité pensante et la formidable liberté que cela nous laisse.

Il ne s’agit pas pour autant de nier l’existence d’idéologies, d’institutions, de récits structurant. La vérité historique de leur existence. Simplement de déconstruire les raisons de leur présence dans nos discours, de contextualiser les nécessités qui les font perdurer, de remonter le fil généalogique en étudiant ce qui a été auparavant et, dans le jeu qu’occasionne cette mise à distance, de laisser s’exercer une liberté réformatrice, quand bien même elle provienne d’un sujet lui aussi conditionné par les éléments saillants de son époque. On retrouve toutes les réflexions des sociologues sur les relations entre individu et société. « Le sujet n’est pas souverain mais fils de son temps. » (p. 154)

Malgré une petite incursion chez Heidegger et dans les débuts du christianisme dont j’ai moins goûté la nécessité, j’ai pris un plaisir formidable à la lecture de ce livre, me suis trouvée requinquée, confortée dans l’aride définition que j’avais d’un homme sans transcendance, fait de seuls discours, ne tenant sa moralité qu’à une exigence toute personnelle. C’est rude mais ça colle suffisamment à l’époque pour me paraître vrai (restons foucaldiens y compris dans notre manière de déconstruire nos enthousiasmes) et à ce titre, ça me semble beaucoup plus rassurant que n’importe quelle billevesée dogmatique.

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Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)

Bill Gates était certes féru d'informatique, mais il a surtout été le grand champion de la commercialisation de ses concepts. Son discernement lui a permis d'en inonder la planète et devenir ainsi le maître incontesté du système d'exploitation de l'ordinateur de monsieur-tout-le-monde.



Si je me risque à un préambule aussi décalé pour aborder le sujet développé par l'ouvrage de Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, c'est d'une part parce que j'y suis encouragé par l'auteur lui-même, lequel fait à plusieurs reprises dans son ouvrage de tels parallèles aussi hasardeux. Comme par exemple entre le christianisme et le communisme, leur impérialisme sur les esprits et les consciences. Ce qui leur a permis d'atteindre la popularité, certes déclinante, qu'on leur connaît aujourd'hui. Évoquant au passage les mêmes travers qui ont pu pervertir l'une et l'autre doctrine, lorsque la pureté originelle des intentions a été confrontée à la corruption inhérente à la nature humaine.



La seconde raison qui fonde la hardiesse de ma comparaison de ces deux thèmes aux antipodes l'un de l'autre, tant par l'époque qui les vu naître que par la finalité qui les motivent, porte sur le parallèle que je fais de leur intention commune de dominer le monde, l'un matérialiste, l'autre spirituel.

Bill Gates a été le propagateur planétaire de concepts dont il n'était pas forcément l'auteur. Constantin, empereur romain au début du quatrième siècle de notre ère, n'a certes pas été l'inventeur du christianisme, il a été celui qui, du fait de sa position dans le monde, a permis au christianisme, qui vivotait alors, de se répandre à la surface de la planète et devenir ce qu'il est aujourd'hui. Sa conversion en l'an 312, l'intelligence avec laquelle il en a fait la promotion jusqu'à la fin de sa vie, ont été déterminantes pour la survie et l'expansion du christianisme.



Il est vain de se livrer à l'exercice de l'histoire alternative. Paul Veyne, dont le socle de connaissances historiques est pour le moins suffisant, peut quant à lui se risquer à échafauder certaines thèses et nous affirmer que sans le rôle déterminant de l'empereur Constantin, le christianisme ne serait certainement pas ce qu'il est aujourd'hui.



Qui mieux qu'un agnostique pour décoder les événements de ce tournant décisif de l'histoire du monde chrétien. Pour nous faire comprendre comment une secte peut devenir une religion. Je n'ai quant à moi pas l'érudition suffisante pour évaluer ses allégations, mais, séduit que je suis par ses thèses et son talent pour les enseigner, je vais poursuivre mon chemin dans la connaissance de cette sommité en me laissant décrypter par elle Comment on écrit l'histoire. C'est le titre d'un autre de ses ouvrages dont j'ai fait l'acquisition.

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Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)

A l'occasion de l'anniversaire de l'édit de Milan en 312, où Constantin abroge toutes les lois interdisant le christianisme, un grand nombre de bons livres sont parus qui scrutaient les motivations de l'empereur, la situation de l'empire, l'état des mentalités, etc ... Le grand historien romaniste Paul Veyne s'est penché lui aussi sur la question, et donne de l'homme et de l'événement des interprétations novatrices, dans la droite ligne de son magnifique "Empire gréco-romain". Paul Veyne est un penseur suffisamment intelligent et nuancé pour savoir dépasser les oppositions simplistes et binaires intérêt matériel / spiritualité, politique / foi, et autres doublets bons pour les journalistes. Il est suffisamment au fait des sciences humaines et de leurs études sur la foi, des sciences sociales et de leurs observations sur les mécanismes sociaux, pour donner du phénomène de changement de religion de l'empire romain aux IV° et V° une interprétation nuancée et convaincante. Ce livre d'un sceptique dégage tous les avantages du christianisme pour un homme de l'Antiquité, mais aussi pour nous.
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Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas : Souv..

L'homme au faciès dissymétrique, spécialiste de l'antiquité gréco-romaine, Paul Veyne, l'homme de société qui se défend, se préserve même, d'être homme public, se confie à coeur ouvert dans ce recueil de souvenirs. Il nous dit tout, ou presque, de sa vie privée.



Il a été "communiste sous protection américaine", anticolonialiste par bon sens, soixante-huitard par sympathie pour une jeunesse utopiste. Il est resté sur la réserve à l'égard des pouvoirs politiques successifs et de l'establishment, y compris et surtout dans son domaine universitaire. Mais toujours bienveillant à l'égard des autres et respectueux des avis divergents.



Outre l'antiquité, dont il s'est fait une spécialité, il nous dit sa passion pour la poésie, René Char en particulier, au point d'en retenir des extraits entiers dès la première lecture. Agnostique sans répulsion pour les dévots, précurseur de l'égalité des sexes, il voue aux femmes de sa vie un amour fidèle, une abnégation sans faille, en particulier envers celle qu'il a connue dans la détresse d'un chagrin muet.



On peut faire référence en son domaine, en être glorifié et connaître une vie privée émaillée de drames. Son mérite aura été de les avoir affrontés sans épanchement geignard, ni trahison des siens, encore moins de soi-même.



Belle leçon de vie de la part de ce personnage atypique, au mental comme au physique. Je l'ai découvert dans un échange avec Emmanuel Carrère au cours d'une émission télévisée bien connue des "accros" de littérature. J'ai aimé son parler franc et direct, aux antipodes de la flatterie de son auditoire. Bien sûr mes connaissances comparées me disqualifient pour juger de ses prises de position historique, mais je n'ai pas été déçu par cet ouvrage à la sa sincérité évidente. Il nous fait comprendre que le temps était venu pour lui de l'écrire. le temps de verser dans la confidence à l'égard de ceux à qui, en professeur émérite, il avait destiné ses doctes ouvrages. Se disait-il qu'il leur devait bien cela, à ses fidèles lecteurs ?



Excellent ouvrage qui me donne le goût de faire connaissance avec ses écrits historiques ceux-là. Peut-être même avec René Char, dont cette citation ne serait sans doute pas pour déplaire à Paul Veyne : "Dès lors que les routes de la mémoire se sont couvertes de la lèpre infaillible des monstres, je trouve refuge dans une innocence où l'homme qui rêve ne peut vieillir."
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Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas : Souv..

Il y a des historiens que j'apprécie particulièrement et Paul Veyne fait partie de ceux-là.

J'ai plusieurs de ses ouvrages qu'il a commis durant sa longue carrière, jamais dénués d'humour, allant même jusqu'à faire la promotion d'un livre dans un autre...

Une belle plume aussi, un historien qu'on lit avec intérêt c'est bien, avec plaisir c'est tellement mieux!

Tout ceci je l'ai retrouvé dans ces mémoires, très touchantes par moments. Il se livre sur sa vie, ses jeunes années de formation, ses amis, ses amours et ses...aussi.

Enfin j'ai appris, et ça me rassure, que désormais qu'il est retraité, il a oublié pas mal de choses de son ancien travail et que lors de séances de mots croisés il peine à retrouver un fameux empereur romain en cinq lettres...
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Palmyre, l'irremplacable trésor

"Ayant eu pour métier l'étude de l'Antiquité gréco-romaine, je n'ai cessé de rencontrer Palmyre sur mon chemin professionnel. Avec la destruction de Palmyre par l'organisation terroriste de Daech, tout un pan de notre culture et mon sujet d'étude viennent brutalement de voler en éclats".



En 4 lignes dans l'introduction de ce beau témoignage de 140 pages, Paul Veyne nous témoigne toute sa tristesse et la raison d'être de ce livre: un témoignage au service de l'Histoire et de la mémoire. Celui-ci est dédié à Khaled Al-Assaad, directeur général des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, assassiné pour s'être intéressé aux idoles.



"Pourquoi un groupe terroriste saccage-t-il les monuments inoffensifs d'un lointin passé ( ou les met-il en vente)? Pourquoi détruire cette Palmyre qui était classée par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité? Et pourquoi tant de massacres, parmi lesquels le supplice, la torture, la décapitation, le 18 août 2015, de l'archéologue palmyrénien Khaled al-Assaad auquel est dédié ce livre?"



Palmyre, l'irremplaçable trésor est un régal de lecture pour tout ceux qui aiment l'Histoire. A l'instar de l'auteur, même si je n'ai ni ces connaissances, ni son talent, et n'ai malheureusement pas eu la joie de visiter Palmyre, on ne peut qu'être excessivement triste de la destruction de ce joyau par l'EI.



"Malgré mon âge avancé, c'était mon devoir d'ancien professeur et d'être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d'esquisser un portait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu'on ne peut plus désormais connaitre qu'as travers les livres".



En une douzaine de chapitres, avec un cahier central de photos afin d'illustrer ses propos, l'auteur nous conte tout ce qui a fait l'intérêt de Palmyre: la richesse dans le désert, une identité hybride, une tribu syrienne et une cité hellénisée, ... Palmyre était à la croisée des cultures, des langues, des religions, en somme un endroit incontournable...



C'est superbement écrit, aussi émouvant, passionnant qu'instructif. J'ai beaucoup apprécié notamment les lignes dédiées à la reine Zénobie. L'auteur cite nombreux autres livres écrits sur Palmyre, ce qui permet au lecteur d'approfondir le sujet s'il le souhaite. Pour lui, Palmyre c'était:



"L'histoire de Palmyre aura été celle d'une petite société qui vivait aux frontières de la grande civilisation dont ses élites étaient plus ou moins largement imprégnées, ce qu’avait abouti à une culture mixte."



Il n'oublie pas pour autant les événements récents... et conclut son livre si justement... je ne peux que partager cette opinion et vous conseiller la lecture de cet opus.



"Oui, décidément, ne connaître, ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir. "



4/5




Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?

J’aime bien ce bouquin pour deux raisons. D’une part, il est intéressant. D’autre part, il s’agit d’un cas rarissime où le résumé te spoile direct la question posée en titre. Du pain béni pour les flemmards, qui peuvent s’épargner la lecture des 170 pages entre la première et la quatrième de couverture.





Dans les grandes lignes, certains Grecs ont cru à leurs mythes, d’autres non… ce qui ne fait pas avancer le schmilblick. Le vrai propos de Veyne interroge la notion de croyance et, surtout, celle de vérité. Pour en arriver à la thèse d’une vérité comme construction culturelle et évolutive dans le temps, avec laquelle les Grecs entretenaient des rapports ambivalents. On pouvait très bien accepter le mythe à travers ce qu’il représentait (la grandeur d’une cité, une forme de mémoire historique, une explication du monde, une justification de l’ordre social…), sans pour autant accorder de crédit à toutes les fantaisies qui sont devenues notre fantasy (magie, créatures monstrueuses, deus ex machina…). Mélange entre adhésion à la valeur du mythe et regard critique envers sa mise en scène, pleine d’éléments WTF qui défient la raison.

Qui dit vérité construite dit vérité utilisée “pour la bonne cause”, quand il s’agit de vendre quelque chose. Les mythes fondateurs permettent de se la péter auprès des cités voisines dans un concours de qui a la plus grosse divinité. Qu’ils soient authentiques ou fictifs, on s’en tamponne, l’important c’est la dimension mythique, du moment que ça claque et que ça en met plein la vue.

Dans la série “j’y crois quand ça m’arrange”, Veyne cite Galien, toubib grec à cheval sur les IIe et IIIe siècles après l’invention du pin’s. Quand il s’agit de médecine pratique, Galien réfute l’existence des centaures, créatures aussi merveilleuses qu’invraisemblables. Pour défendre son art et gagner de nouveaux disciples, ce même Galien évoque le savoir médical de Chiron, se plaçant ainsi sous le patronnage d’un centaure. Pure rhétorique et usage intéressé du mythe : de la langue de bois.





L’ouvrage est parfois redondant, souvent velu (on se situe dans l’universitaire, pas dans la vulgarisation) mais indispensable à lire pour questionner ensuite notre propre rapport à la vérité et à toutes celles qu’on nous sert. Ce qui valait pour les Grecs reste d’actualité. Entre fake news, légendes urbaines, enlèvements extraterrestres, roman national, Terre plate, réalité déformée par les discours politiques ou religieux, on nage en permanence dans les mythes, les inventions, les délires bon enfant ou malsains. Autant de “vérités” qui n’en sont pas et demandent qu’on s’interroge sur nos propres croyances.
Lien : https://unkapart.fr/les-grec..
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Palmyre, l'irremplacable trésor

Paul Veyne a écrit cet essai en réaction à la destruction de Palmyre par l'EI et l'a dédié à Khaled al-Assaad, archéologue directeur général des antiquités de Palmyre, assassiné pour "s'être intéressé aux idoles".

Lire ce livre relevait donc pour moi du devoir de mémoire.



Par contre, je n'y ai pas pris un grand plaisir littéraire, je n'ai pas accroché au style de Paul Veyne, trouvant que certains enchaînements n'allaient pas de soi et qu'il passait parfois du coq à l’âne.

J'ai aussi trouvé que le contenu oscillait entre la vulgarisation et l'ouvrage scientifique, et que le fait de ne pas choisir l'une ou l'autre optique nuisait aux deux.



En revanche, j'ai trouvé très intéressantes les analyses sur la religion à l'époque de Palmyre.



Pour conclure, je reprendrai la magnifique conclusion du livre de Paul Veyne: "Oui, décidément, ne connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir" et je vous conseillerai de lire cet essai.





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Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas : Souv..

Dès les premières pages j’ai pressenti que j’allais « déborder » du livre, et par conséquent j’allais piocher à certains moments dans une vaste base de données qui n’était malheureusement pas mienne.

Il y a certains livres comme celui-ci qui vous ouvrent des portes et aventureux comme nous sommes, nous lecteurs, nous les poussons, les franchissons et… donc ordi allumé, page « Gogolle » à l’écran pour lancer des recherches, je suis prêt à tout, en avant !



« Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas », en sous titre j’accolerais « La vie est une grande école pour qui sait garder les yeux et les oreilles grands ouverts », je vous présente M Paul Veyne.

La majorité d’entre nous souhaiterait avoir un grand-père qui nous lègue ce spécimen d’écrit pour nous aider à nous construire et pour qu’à notre tour nous puissions transmettre.

Le style est à la hauteur de ce que je m’imagine être un membre honoraire du Collège de France ayant suivi un cursus parmi les plus érudits de sa discipline, mais en gardant la volonté de parler à tous.



Facile à lire, bourrer de repères littéraires mais aussi de lieux, merci « Gogolle », chaque chapitre peut être l’amorce d’un livre. Il s’agit d’un réservoir de savoirs, une invitation à s’ouvrir à la culture. Mais nous y découvrons aussi des moments plus intimes, ses rencontres, sa famille et ses réflexions.

C’est surement vrai, comme l’annonce la première page « tout ce que je raconterai sera exacte », levez la main droite dite….mais « On ne nous dit pas tout… », pudeur de bon aloi, retenue, tout le monde à son jardin secret. Il n’empêche que nous prendrons ce que l’on nous donne, « c’est déjà cela de pris ».



L’auteur a côtoyé des hommes d’exception, à une époque où de grandes transformations sociétales se sont opérées, tout en profitant de l’élan des 30 glorieuses. Un terreau riche pour qui sait s’y lancer et Paul Veyne a su, a pu, y tracer son chemin. De l’école de Cavaillon au collège de France, l’ascenseur social Républicain a joué son rôle.

Le livre commence alors qu’il est enfant, deuxième guerre mondiale, un âge où l’on baigne dans les idées de ses parents, une motivation de plus pour devenir instruit et avoir ses propres opinions.

« Ouvrir un livre c’est tomber dans un autre monde », son sort est scellé il deviendra professeur de lettres antiques.



Une phrase qui est d’actualité pour expliquer l’arrivée au pouvoir du nazisme : « L’égoïsme de classe a fait triompher la peste brune… ».

Au sujet de la religion : « Se considérer comme croyant, faisait partie des convenances ».

D’origine modeste, immigration italienne pour une part, il a cette phrase pour son ascension sociale : « Le drame d’être un parvenu dure jusqu’à la mort », terrible cet hermétisme des hautes couches sociales.

A 19 ans, il arrive à Paris, lycée « Henri IV » Prépa École Normale. Son amour vit également à Paris mais étudie en médecine, Simone. Il sera marié trois fois, comme Cicéron, César et Ovide.

Il réussit le concours pour rentrer à l’École Normale. A ce sujet, pour les nombreuses personnes qui n’y ont jamais mis les pieds, nous trouvons moult explications plus intéressantes les unes que les autres.

Il prend sa carte au Parti Communiste sans profonde conviction et fait parti d’un groupe qualifié de joyeux et d’excentrique. Plus tard, il déchirera cette carte lors de l’arrivée des chars soviétiques en Hongrie.

Sorti de Normal, il a une première affectation à l’école française de Rome, son souhait de devenir archéologue professionnel prend forme mais un problème d’orientation lors d’une fouille à proximité d’un mur va refroidir ses ardeurs…



Pour vous laisser le plaisir de la découverte je vous abandonne là ! Vous traverserez encore beaucoup d’aventures, de rencontres en compagnie de Paul Veyne avant de finir ce beau livre (Guerre d’Algérie, mai 68, les amitiés, les maitres à penser …).

Allez un dernier pour la route, mais avec modération alors. J’ai rien entendu… Ouuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Bien, page 108 vous découvrirez la genèse du titre du livre, l’auteur veut croire à l’immortalité de l’âme mais à peine mort dit-il : « je découvrirai que ce.............................................................».



Allez, il faut le lire maintenant.


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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