Citations de Paul Watzlawick (154)
Prenons la phrase suivante d'une lettre de Rousseau ã
Mme d'Houdetot:
"Si vous êtes à moi, je perds en vous possédant celle que j”honore".
Ce que semble dire Rousseau est assez dur à avaler :
"Si tu me cèdes, toi ma bien-aimée, tu cesseras, du fait même, d'être digne
de personnifier mon amour."
p90
La Dialogique (p.83)
Lorsque je parle du langage, je veux parler du langage comme danse. Tout à fait comme on dit: "il faut être deux pour danser le tango", je dis: "il faut être deux pour danser le langage".
Si nous sommes contraints, à chaque heure, de regarder ou d'écouter d'horribles évènements,
ce flux constant d'impressions affreuses privera même le plus délicat d'entre nous de tout respect pour l'humanité.
Ciceron 80 ans av JC .
p72
La contribution de Rosenhan à ce livre (...) met en lumière l'effroyable possibilité qu'au moins certaines maladies mentales ne soient que des constructions, et que les institutions psychiatriques, supposées les traiter, contribuent en fait à la construction de ces réalités.
"Un sadique est une personne qui refuse de faire souffrir un masochiste"
Tout thérapeute est un détective. Toute thérapie réussie est une enquête menée à une conclusion féconde.
Être heureux, mais quel bien cela te fera-t-il ?
P10
Il n’est pas besoin d’un esprit créatif pour déceler une mauvaise solution ; mais il en faut un pour déceler une mauvaise question (Anthony Jay)
Quelques exemples de désinformation produite expérimentalement :
[...]
Plus c’est compliqué, mieux c’est : […] une fois notre esprit emporté par une explication séduisante, une information la contredisant, loin d’engendre une correction, provoquera une élaboration de l’explication. Ce qui signifie que l’explication devient « autovalidante » : une hypothèse ne pouvant être réfutée. Mais, comme l’a montré Popper, la réfutabilité est la condition sine qua non de l’explication scientifique. Les conjectures de la sorte que nous considérons sont donc pseudo-scientifiques, superstitieuses, et en fin de compte psychotiques au sens strict. Si nous regardons l’histoire mondiale, nous voyons que des conjectures pareillement « irréfutables » ont été responsables des pires atrocités. L’Inquisition, l’idée d’une supériorité raciale, la prétention des idéologies totalitaires à avoir trouvé la réponse, sont des exemples qui viennent immédiatement à l’esprit.
Il faut un haut degré de maturité et de tolérance envers les autres pour vivre avec une vérité relative, avec des questions auxquelles il n'est pas de réponse, la certitude qu'on ne sait rien et les incertitudes résultant des paradoxes.
Nous n'aimons guère nous entendre rappeler le caractère fallacieux de notre monde personnel. Notre monde est censé être le vrai ; c'est l'autre monde, ou plutôt les divers mondes des autres qui sont démentiels, trompeurs, illusoires et étranges.
De tous les arts, c'est au théâtre que la thérapie ressemble le plus, et les stratégies de la thérapie ressemblent beaucoup aux techniques de la construction dramatique. Tout comme le travail du dramaturge est de maintenir le public en éveil, d'accrocher, retenir et intensifier son intérêt - de même, il faut au thérapeute retenir l'attention de son client, sinon la thérapie échouera.
(...) D'une part, il doit y avoir un point culminant, si possible combiné avec avec un retournement de situation, peut-être un recadrage ou un paradoxe où l'action se renverse. En thérapie comme au théâtre, ce n'est pas l'action physique, mais l'action émotionnelle et mentale qui compte. (p.270)
Si tu m'aimais vraiment tu aimerais l'ail.
p69
Chaque jour et dans chacun de leurs aspects, les choses ne cessent de s'améliorer.
Émile Coué
P37
Être malheureux est certes à la porté du premier venu. Mais se rendre malheureux, faire soi-même son propre malheur sont des techniques qu'il faut apprendre : à cet apprentissage-là, quelques coups du destin ne suffisent pas.
Une des erreurs les plus courantes concernant le changement est de conclure que, si quelque chose est mauvais, son contraire est nécessairement bon. Une femme qui divorce d'avec un mari "faible" pour en épouser un "fort" découvre souvent, pour son malheur, que son deuxième mariage, qui devrait être exactement le contraire du premier, est en fait plutôt semblable. L'invocation du contraste puissant a toujours constitué un instrument de prédilection pour la propagande des politiciens et des dictateurs. "Le national-socialisme ou le chaos bolchévique ?" demandait avec arrogance une affiche nazie, faisant croire par là que seule existait cette alternative et que, pour tous les hommes de bonne volonté, le choix était évident. "Erdäpfel oder Kartoffel ?" (Patates ou pommes de terre ?) répondait une petite bande de papier qu'un groupe clandestin colla sur des centaines de ces grandes affiches, déclenchant ainsi une enquête massive de la Gestapo.
L'étrange interdépendance des contraire était déjà bien connue par Héraclite, le grand philosophe du changement, qui l'appelait enantiodromia.
La plupart d’entre nous sont engagés dans une interminable quête du sens et tendent à imaginer l’action d’un expérimentateur secret derrière les vicissitudes plus ou moins banales de notre vie quotidienne. Peu d’entre nous sont capables de l’égalité d’esprit du Roi de Cœur dans Alice au pays des merveilles, qui parvient à assimiler le poème absurde du Lapin Blanc par cette remarque de philosophe : « S’il n’a pas de sens, cela nous débarrasse de bien des soucis, vous savez. De cette façon, nous ne nous fatiguerons pas à chercher à comprendre. »
Lorsqu’un élève zélé, cherchant avec ferveur le satori, demanda à son maître Zen ce qui signifiait être éclairé, ce dernier répondit : « Rentrer chez soi et se reposer confortablement.
En nous efforçant d'atteindre l'inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable.
La maturité est la capacité de faire quelque chose malgré le fait que vos parents vous l’ont recommandé.