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Critiques de Pedro Mairal (34)
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L'intempérie

C’est le deuxième roman de Pedro Mairal, publié en 2005 et réédité en 2023.

C’est un roman total, une fable dystopique allégorique, un voyage vers le futur d’une force incroyable. Vingt années sont passées et cette dystopie est presque crédible avec le réchauffement de la planète Terre, une pandémie récente et d’autres malheurs qui nous donnent un avant goût d’apocalypse.



C’est un livre intéressant et bien conçu. La temporalité du récit se fait sur un an de la vie de Maria Valdés, l’héroïne, et dans cet espace de temps l’auteur fait défiler 2 siècles de l’Histoire argentine. Ce livre a aussi une structure circulaire car il débute et finit au même endroit : la Tour Garay au coeur de Buenos Aires. Nous sommes en 2001 quand l’Argentine entame une nouvelle crise politico-économique.



Le coupable de la crise dans cette dystopie est un phénomène que l’écrivain appelle l’intempérie, sans donner d’autres détails. Un phénomène qui commence dans la pampa et se propage vers la capitale, détruisant tout sur son passage. Ceci provoque des flux de populations vers Buenos Aires avec désordres, du chaos, des agressions et des vols à la chaîne. Commence alors une guerre civile avec des gens qui vont se retrancher dans une capitale totalement assiégée et coupée du reste.



Maria Valdés travaille dans une financière haut de gamme au moment où l’Argentine vit un néolibéralisme sans frein.

Mais peu à peu le monde de Maria va basculer et elle perdra tout : l’emploi, son fiancé, la maison familiale, les amis, même son corps et son langage.

Afin de survivre au chaos, elle devra s’adapter à une nouvelle forme de vie : d’hôtesse bien payée d’une filiale internationale elle deviendra tour à tour lavandière, fabricante de cierges, éboueuse, infirmière, employée de maison, prostituée, chanteuse, assassine, fermière, professeur rural, esclave sexuelle et femme d’indien.



Il y a beaucoup de références dans le livre : géographiques, historiques, sur Buenos Aires, littéraires, etc. Et Maria pourrait correspondre au prototype de la femme argentine de classe moyenne ou basse, toujours courageuse pour se battre. Il y a aussi profusion de clins d’oeil culturels argentins.

Au bout de un an d’intempérie, la Tour Garay tient toujours débout, mais les quelques rescapés que s’y terrent sont devenus cannibales afin de survivre et cette grande ville qui est Buenos Aires sera transformée en ville d émigrants alors qu‘elle est connue comme une ville d’immigration.



Un livre qui narre de façon allégorique l’Histoire d’un pays qui va à la dérive.




Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Salvatierra

Mon 4eme Mairal (merci à Bookycooky) et j’apprécie définitivement cet auteur argentin.



Il a une écriture simple mais très belle et qui arrive à véhiculer une certaine poésie. Poésie argentine j’imagine, je n’ai jamais encore foulé le sol argentin:)



La fin aurait mérité d’être peut être plus longue avec un atterrissage plus doux… mais je n’en tiendrai pas rigueur à Pedro Mairal. Si vous ne le connaissez pas encore, n’hésitez pas et plongez vous dans ses romans!
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L'intempérie

Je continue ma découverte de Pedro Mairal, après avoir lu Sabrina, l'uruguayenne et son recueil de nouvelles.



L'intempérie est certainement son roman le plus difficile d'accès, pas tellement par son écriture, mais plutôt par son style narratif. Mairal réussit la gageure de décrire une situation post-apocalyptique (l'intempérie détruit tout sur son passage, mais on ne saura jamais ce que c'est). Je dois bien avouer que je n'avais pas saisi que Maria recule dans l'histoire de l'Argentine, mais le remarquable billet d'Anjali84 en 2014 m'a ouvert les yeux.



J'ai également retrouvé du Kakfa dans ce livre.



Ce roman est à part dans l'oeuvre de Mairal mais vaut largement la peine que l'on s'y attarde.



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L'Uruguayenne

Sur conseil de Bookycooky, je continue mon aventure argentine, et une nouvelle fois, ce fut un conseil avisé!



J'aime énormément cet auteur contemporain qui nous relate l'aventure extraconjugale banale d'un quadra entrecoupée d'une expédition d'une journée à Montevideo moins banale...



Pedro Mairal arrive à dépeindre le quotidien de Mr et Mde tout le monde avec un réalisme saisissant. Sa description du déclin de la vie sexuelle d'un couple est terrible mais tellement réaliste. Ce livre n'est probablement pas à mettre dans les mains de jeunes gens en âge de se marier, ou alors ils seront tellement fleur bleue qu'ils affirmeront que cela ne leur arrivera pas, pas à eux:)



Foncez sans tarder sur l'Uruguayenne...

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Tôt ce matin

J'ai découvert Pedro Mairal grâce à Bookycooky et je l'en remercie.



Si j'ai adoré 'une nuit avec Sabrina Love', j'ai un peu moins accroché avec ce recueil de nouvelles. Douze nouvelles assez courtes (livre de 150 pages). On retrouve le style très agréable de l'auteur et son côté décalé. Maintenant, comme souvent dans cet exercice, le niveau est un peu inégal.



Sans tomber dans la psychologie de bazar, et après avoir seulement lu 2 livres de Mairal, il me semble qu'il a été marqué par les accidents de voitures, ainsi que par le porno. Si le 1er thème, fort récurrent, est peut être tributaire des routes argentines, le 2ème est sans aucun doute l'affirmation de son identité masculine au 21ème siècle!
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Une nuit avec Sabrina Love

Merci à Bookycooky qui m’a fait découvrir Pedro Mairal.



Ce court roman se lit rapidement d’une traite. Très beau roman sur l’initiation d’un jeune homme aux premières joies charnelles. Très bien écrit, avec une poésie que je qualifierai d’argentine en filigrane.



Je vais me plonger avec hâte dans ´tôt ce matin’, commandé en même temps que ´une nuit avec Sabrina Love ´.
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Une nuit avec Sabrina Love

Una noche con Sabrina Love. Lu en v.o.



Ah! La premiere fois! Qui ne s'en rappelle! Je pensais me suicider. Ca lui a pris longtemps, de tres nombreux jours pour me convaincre qu'il y a des evenements plus graves dans la vie, que les echecs sont faits pour etre surmontes. Mal lui en a pris: elle a du me supporter jusqu'a aujourd'hui.





Daniel Montero, le jeune heros de ce livre, pourra, lui, se rappeler tres agreablement son “debut", comme l'auteur nomme cela. Il pourra sourire, parce que pour y arriver il aura fait un long periple, long et pas ordinaire. Il aura ete etonne, deconcerte, desoriente. Par une metropole, Buenos Aires, dont il ne pouvait soupconner la grandeur depuis son patelin natal. Par des modes de vie et des comportements qu'il n'aurait ose imaginer. Il aura ete nombre de fois en danger mais en sera sorti par chance et avec pas mal d'audace. Il aura ete saisi de craintes, d'une petite panique, avant de rejoindre la femme dont il avait longuement reve, Sabrina Love, la grande star porno. Mais il aura su s'elever au dessus de son trouble, de ses apprehensions, et faire de ce rendez-vous une aventure inoubliable, ou la gene et la gaucherie s'effaceront devant une sorte d'hesitante tendresse, aboutissant en un dechainement sensuel. Pour couronner ce succes, il rencontrera une jeune fille avec qui il aura plaisir a parler, a deambuler, avec qui il fera de nouveau l'amour, en un echange deja plus assure, et qui voudra le revoir. Le premier vrai amour de jeunesse. Qui saura jamais? Peut-etre l'amour de sa vie.



Une nuit avec Sabrina Love est donc un roman d'apprentissage, d'initiation. Plus que cela, c'est une odysee moderne. Le voyage d'un adolescent qui devra passer par toutes sortes de situations plus ou moins perilleuses pour reussir en fin de compte a joindre une ame soeur. C'est une replique, ou plutot une parodie, des poemes epiques du moyen age, ou les futurs chevaliers devaient s'affronter a divers monstres, geants ou dragons lanceurs de feu avec un objectif tres clair: etre un heros, etre un homme, ou ce qui revient au meme, integrer le systeme de valeurs de l'epoque. C'est ce que reussira Daniel Montero, apres avoir ete vole par des soldats, failli etre pietine par un troupeau de boeufs, adopte par des ouvriers de maintenance routiere, dormi avec des vagabonds, pris en stop par des fous du volant, apres s’etre enivre dans un bal masque de gays, apres avoir ete battu et blesse par le producteur-proxenete de Sabrina. Comme les heros moyennageux il aura droit a sa recompense: l'amour d’une pure jeune fille scellera sa randonnee. Daniel Montero est desormais un heros.



Daniel Montero reussit a nous toucher, surement parce que Pedro Mairal reussit a ecrire juste. Simplement, deroulant linearement l'intrigue, avec des dialogues qui sonnent vrai dans les bouches des differents personnages. Ce n'est que quand le jeune heros est sur la route du retour a son bourg provincial, repu et content, que l'auteur se permet quelques flash-backs, comme une cerise sur le gateau.



Mairal ecrit bien. J’avais deja aime de lui L'Uruguayenne, et je suis content d'avoir suivi le conseil de BookyCooky et d'avoir ouvert ce livre aussi. A mon tour, je le conseille.

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L'Uruguayenne

Voici un roman facile à lire, il fait à peine 166 pages et il sonne si vrai...

L'auteur nous sert une histoire hyperréaliste, celle d'un écrivain argentin (homodiégèse?) vers la cinquantaine, marié avec un enfant, qui s'ennuie et déprime.

Il part en Uruguay chercher de l'argent pour des travaux, un argent qu'on lui paye en avance et qu'il pense doubler en utilisant le marché noir du dollar...(Ah, la combinazione argentine...).

Cet écrivain avait autrefois vécu en Uruguay une liaison torride avec une jeune femme de 20 ans qu'il va surnommer Guerre. C'était à l'occasion d'un Festival du Livre. Il est tombé éperdument amoureux de Guerre, de sa jeunesse.

Il fantasme à mort avec l'idée de revivre une aventure pareille en abandonnant femme et enfant si nécessaire.



Un film sera tourné en 2021par Hernan Casciari.
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Tôt ce matin

Tôt ce matin est un recueil de nouvelles de l'auteur argentin Pedro Mairal paru en 2001. Ces nouvelles sont majoritairement réalistes même si un fantastique discret rappelant celui de Borges et de Cortázar vient parfois se glisser opportunément dans certains textes.





Sur la douzaine de nouvelles qui composent le recueil on retrouve les thèmes de la mort, de la folie (très présents dans le fantastique argentin) qui se mêlent à celui de la banalité la plus grise. Le livre dévoile également une vision désabusée (mais hélas souvent réaliste) de notre monde contemporain désenchanté. Dans l'ensemble j'ai trouvé le recueil très bien avec des textes qui vont du bon à l'excellent en révélant même une ou deux pépites (« Amazonie », « Tableaux »).





Tôt ce matin, démarre dans une Peugeot 404 avec l'excellent texte qui donne son nom au recueil et qui sous la métaphore du voyage de vacances nous parle avec beaucoup de justesse et un brin de mélancolie du temps qui passe et de la finitude de la vie. Il se poursuit avec « Week end d'amour à Colonia » qui reprend et adapte avec soin dans une ville touristique uruguayenne un grand classique de la littérature fantastique avec le thème du double. Ensuite, c'est pour moi, la meilleure nouvelle de recueil avec la nouvelle « Amazonie » : une belle pépite avec un dialogue surréaliste, un texte intriguant et superbement amené qui nous place dans l’enfer vert que doivent affronter les conquistadors à la conquête du nouveau monde. Le reste du recueil se poursuit ensuite, avec des textes plus ou moins marquants mais toujours aussi justes dans le traitement de leurs sujets respectifs : la mort, la culpabilité, le travail, l’amour, les médias et l’émergence d’internet (avec pour conclusion du recueil une histoire fictive de vente de virginité sur internet qui, comme c’était sans doute prévisible, ne tarda pas à être rattrapée par la réalité).





Le style est également un bon point pour ce livre qui m’a semblé bien écrit et bien traduit. SI une ou deux chutes sont un peu téléphonées et attendues par le lecteur, elles sont, pour la plupart, bien trouvées et beaucoup de textes invitent à la réflexion.





SI le début du recueil m’a paru exceptionnel et la fin plus convenue, je peux dire globalement que les nouvelles sont de très bonne facture et que j’ai grandement apprécié ce livre de Pedro Mairal. Une belle découverte.

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L'Uruguayenne

Elles sont deux, qui me traitent en ami pour mieux m'enbobiner. Elles me lancent un hamecon en forme de critique, et moi con que je suis je mords tout de suite dedans (hame hame, con). Et derriere leur sourire a peine esqisse elles suivent de pres mon entortillement autour de ce texte qui enregistre les etapes de ma degringolade, du suicide de mon ego, le deboulement de mon effigie conquerante du piedestal qui l'avait toujours soutenue, pour me retrouver la tete et le coeur dans un ruisseau boueux, pleurnichant, quemandant une pitie que je ne fais meme pas, essayant de me relever a grand-peine, pour marcher tordu a jamais, le regard baisse, la bite molle. Elles jubilent.





Mais elles se trompent. Parce que ma crise de la quarantaine, je ne m'en rappelle plus. Si j'ai laisse au bahut mes habits de conquete, j'ai endosse ceux de l'association. Et je crane avec. N'ayant jamais reussi un look de jeune premier, j'arbore fierement celui de vieux dernier. Sans grands tourments, sans grand talent, devenu vieux sans etre adulte. Et elles feraient mieux de se mefier, car c'est toujours la tendre guerre, de l'aube grise jusqu'a la fin des tours, trois petits tours d'approche, trois petits tours de valse, trois petits tours indecis et le piege peut se fermer, les laissant s'empetrer dans mon reseau virtuel. J'ai mis a la consigne mon surplus de machisme arrogant mais, n'ayant jamais eu de drapeau, je ne leve pas le blanc. Je chancele, je titube, mais je continue ma marche hesitante. Pas seul mais entre d'autres, avec d'autres. Un peu courbe, oui, un peu courbature, mais encore fier en fait, et le temps me fait cortege, encore une fois sans grands tourments.





J'ai emprunte des mots a Brel, en l'ecorchant, pour pouvoir dire: je vous aime encore, vous savez, mes amies, je vous aime, malgre les lectures que vous m’imposez, grace aux lectures que vous me proposez, comme celle de ce livre, qui est un peu douloureux et plein d'espoir, qui est tendre et serieux et drole, le roman d'une crise existentielle, le roman d'un voyage au centre du moi, un voyage geographiquement court, de Buenos Aires a Montevideo, mais qui colporte le lecteur a mille lieues sous les apparences, qui le projette en mille lieux, tous loin de son ancien ego (c'est bon aussi pour la lectrice) tout en le faisant sourire. Un beau voyage.





P.S. Je me demande: mes amies ont elles apprecie autant que moi les references (les citations) au football uruguayien?



N. B. Ce P.S. sent le bon parfum des residus de mon machisme. Comme disait un voisin gitan: Pero que pehte mah guena! Quelle bonne puanteur!

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L'Uruguayenne

un exercice de style? une métaphore? ou simplement un court roman? agréable mais laisse un peu sur sa faim.
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L'Uruguayenne

Le narrateur, argentin comme l'auteur, vit à Buenos Aires. Il rêve d'être reconnu comme écrivain mais son emploi de professeur, et le maigre salaire qu'il en tire, ne lui permet ni de soutenir le train de vie bourgeois hérité de ses parents ni de se consacrer pleinement à l'écriture. C'est sa femme qui fait bouillir la marmite et cette situation le désole. Ayant sollicité diverses maisons d'édition étrangères, il avait entrevu une issue quand il avait reçu des promesses d'à-valoir de la part de deux d'entre elles pour des livres ou des articles à venir. Encaisser en Argentine même les chèques annoncés revenait à abandonner à l'État un gros pourcentage de ce revenu en raison du taux de change ; il avait donc ouvert un compte dans une banque de Montevideo, en Uruguay, sur l'autre rive du Río de la Plata.

Quelques mois plus tard, il se rend à Montevideo pour empocher, en liquide, les à-valoir et pour retrouver une jolie Uruguayenne rencontrée lors d'un festival littéraire. Avec elle, il avait longuement conversé, s'était promené et avait failli "conclure", d'autant plus innocemment que son couple bat de l'aile : il soupçonne sa femme de le tromper avec plus conquérant que lui, ce qu'il comprendrait tout à fait. Mais rien dans cette escapade d'un jour ne se passe comme prévu.

Rédigé sous la forme d'une longue lettre à sa femme, le roman ne se borne pas à relater avec un grand luxe de détails ce petit voyage à la fois sentimental et pécuniaire : il analyse finement, mais non sans humour, les hauts et les bas par lesquels peut passer un homme plutôt dépressif et cependant conscient de son état, comme un écrivain ferait d'un de ses personnages. Sans oublier le destin ou le hasard, qui quelquefois vous terrasse, et d'autres fois vous remet en selle.
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L'Uruguayenne

Histoire assez chaotique d'un homme, mal dans sa vie, looser, avec des dettes, écrivain sans succès, marié avec un enfant vivant en Argentine. Il décide de partir une journée en Uruguay retirer deux acomptes versés par des éditeurs en prévision de la sortie de 2 livres. Pourquoi l'Uruguay car le taux de change y est meilleur.

Plus qu'un voyage synonyme de danger, il va tenter de se sentir libre et vivre..... quelques rebondissements à prévoir.

Écriture agréable, riche mais l’histoire ne m’a pas accroché.
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L'Uruguayenne

Le déclin du mâle latino-américain avait déjà eu les honneurs du Mexicain Enrique Serna dans Coup de sang. Avec L'Uruguayenne, l'Argentin Pedro Mairal lui bâtit un mausolée.

Lucas est un écrivain fauché homme au foyer et père inquiet. Sa femme maintient le ménage à flot grâce à son boulot dans une clinique. Miné par le syndrome de la page blanche, lassé d'être pauvre et dépendant, il constate chaque jour davantage l'échec de son couple, la fin de la passion, la routine qui mine un quotidien déjà bien morose. Il suppose que sa femme a une liaison et se raccroche au délicieux souvenir de la belle Guerra, une Uruguayenne excentrique qui fut une maîtresse, passionnée, sensuelle, disponible, bref, tout le contraire de sa distante épouse, et qui savait lui parler: « Quelle belle queue! Je vais être un peu basique, mais je suis presque sûr que rien ne plaît davantage à un homme que d'entendre cette phrase. Davantage que tu es un génie, je t'aime, ou n'importe quoi. »

Un jour, le destin lui sourit. L'argent d'un éditeur espagnol se présente et pour bénéficier d'un meilleur taux de change, Lucas décide de l'encaisser non pas en Argentine, mais dans le pays voisin l'Uruguay, et de renouer par la même occasion les liens avec la belle Guerra. Mais il faut se méfier de la « Suisse de l'Amérique »:

"Faut faire gaffe avec l'Uruguay, surtout si tu débarques persuadé que c'est comme une province argentine mais en mieux, genre il n'y a pas de corruption, ni de péronisme, on peut fumer de l'herbe dans la rue, c'est le petit pays où tout le monde est gentil et aimable et toutes ces conneries. Tu lâches prise et l'Uruguay te baise par-derrière. (…)

Ils aiment mordre…

Enzo se mit à énumérer, en comptant sur ses doigts:

-Les rugbymen qui ont mangé leurs amis après l'accident d'avion dans les Andes, les Indiens qui ont mangé Solís le conquistador, le requin Suárez quand il a mordu le joueur italien, elle, là… a-t-il dit en montrant la cuisine. C'est pas des coïncidences. Ils sont sauvages. »



L'uruguayenne est un roman court et drôle, rempli des mesquineries du quotidien, des frustrations, des rêves envolés. Lucas le narrateur quadragénaire constate jour après jour les dégâts causés par son déclassement sur sa famille, et sur sa vie. Il a l'humour des désespérés, autant dire le meilleur, et le lecteur voyeur n'a qu'une envie, voir de quelle manière ce type désabusé qui se raccroche au souvenir d'une partie de jambe en l'air avec une femme plus jeune va se sortir du désastre vers lequel il fonce bille en tête en étant persuadé d'être le plus malin. On savait déjà avec Une nuit avec Sabrina Love et El Gran surubi que Pedro Mairal avait le sens de la mise en scène et la plume qui fait mouche. L'Uruguayenne ne déçoit pas, on adore ces 143 pages qui font rire et grincer les dents.
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L'Uruguayenne

Belle découverte que cet auteur. Une écriture riche qui porte bien l'émotion.

Je vais lire d'autres de ses livres pour voir si le plaisir se renouvellera.

À lire sans hésitation
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L'Uruguayenne

Etrange livre que celui de ce loser magnifique qui a des problèmes métaphysiques tant avec sa femme qu’avec son fils ou sa maîtresse.

Il quitte son train-train suffocant argentin pour une journée à Montevideo dans la quiétude uruguayenne. Il va rejoindre sa pseudo-maîtresse et retirer son argent loin des impôts. Celui-ci lui permettra de sauver son couple et sa carrière d’écrivain.

In fine il passera sa journée rocambolesque à soliloquer, philosopher, tenter d’oublier en se remémorant, combattre ses démons, fantasmer, tenter de se prendre en main, se perdre.

Un auteur et une écriture à découvrir.

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L'Uruguayenne

Lucas, écrivain, habite à Bueno Aires. Il est en route pour L’Uruguay où il se rend pour toucher ses droits d’auteurs sur ses livres qui vont être publiés à l’étranger, sur un compte ouvert à Montevideo, pour causes fiscales. Sur la navette, il entame un long monologue mental, s’adressant à sa femme Catalina. Le manque d’argent, ses jobs précaires qui le cloîtrent à la maison et l’obligent à s’occuper de son petit garçon , l’empêchant aussi d’écrire, alors que sa femme s’acharne au travail ( et autre part ?) ont miné leur vie de couple jusqu’au plumard. Il mise tout sur cet argent et sur sa rencontre avec la sulfureuse Guerra, une jeune uruguayenne, fantasmée et entrevue deux fois, pour redresser la barre de sa vie. Cette odyssée d’une journée va à jamais changer le cours de son existence et le forcer à prendre son destin en main.

Une parodie du mariage et une ode à la liberté, qui va nous faire tomber de haut, Lucas compris, “Je suppose que l’idée de famille s’est transformée. C’est un peu comme des blocs modulaires. Chacun l’organise comme il peut.”

C’es le dernier livre de Pedro Mairal , un de mes auteurs argentins préférés, (Tôt le matin, Une nuit avec Sabrina Love, L’intempérie, Sauveterre, tout est à lire chez lui). Rien de mieux pour se détendre et rire que l’humour et l’écriture rocambolesque de Pedro, dont je salue encore une fois ici, le talent et le style particulier .



« Lucas, on se fait un Pelicano ? »😃

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Tôt ce matin

Pedro Mairal est un auteur argentin que j'apprécie car sa prose est claire et ses histoires bien balancées.

Ici nous avons 12 récits très différents, très réussis. Les histoires se tiennent très bien.

J'ai beaucoup ri avec l'histoire du couple adultère qui se rend à Colonia pour un WE romantique...mais rien ne sera comme rêvé...Ou l'histoire Amazonie où les pauvres soldats en pleine Conquête crèvent sous les armures chauffées à blanc, les bestioles petites et grosses et sont gagnés peu à peu par le délire le plus total...ou le conte sur la virginité de Karina Duran, une histoire angoissante qui montre très bien l'irruption dans la vie privée des gens des réseaux sociaux et de l'usage que l'on peut en faire...
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Une nuit avec Sabrina Love

Pour grandir, il faut tracer sa route. Elle peut être longue, ennuyeuse voire effrayante. Mais elle est aussi souvent pleine de rencontres incroyables, faite de têtes qui savent se relever, fières d'avoir réussi ce passage entre l'adolescence et le monde adulte avec panache, ravies d'avoir suivi leurs envies, réalisé un rêve d'enfant pour devenir cet homme empli d'une expérience inoubliable et structurante. J'ai beaucoup aimé ce parcours suivi par ce jeune garçon, Daniel, qui devient un beau jeune homme. Tout jeune, il a perdu ses deux parents dans un accident de la route et sans le savoir il va croiser sur ce même chemin qui le mène vers la blonde sulfureuse Sabrina Love (pas besoin de détailler plus avant cette dame, avec un pseudo comme ça, on imagine aisément sur quelle chaîne câblée et dans quelle tenue Daniel a découvert les joies émoustillantes sur petit écran) il croisera donc sur cette route menée à pied, en stop, en bus et même en radeau des personnages et des histoires qui lui apprendront beaucoup sur la vie. 500 kilomètres pour rejoindre Buenos Aires, quitter un monde pour découvrir ce qu'il aime, ce qu'il veut, qui il veut être et revenir grandit à Curuguazu. Un roman que je recommande vivement. Encore une fois, un grand merci à Bookycooky pour cette découverte :)
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Tôt ce matin

Je dois d'abord remercier Bookycooky, membre babelio, pour sa liste Petits-Bijoux-littéraires, qui m'a fait découvrir l'univers de l'écrivain argentin Pedro Mairal.



Tôt ce matin, est un recueil de nouvelles étonnant. Les premières lignes de chaque nouvelle nous amènent à chaque fois sur des pistes différentes. Personnages, lieux, style, narration se succèdent laissant place à un recueil hétéroclite. Il y a du comique, du surnaturel et parfois on s'approche de la fable. Au cours des premiers paragraphes, on peut même avoir le sentiment d'un exercice littéraire et on ne peut s'empêcher de chercher à le comparer aux grands écrivains de nouvelles, Raymond Carver, mais pas seulement, il y a aussi du Bolaño, du Fante.



Mais dès les premiers paragraphes passés, l'univers de Mairal apparait progressivement, avec fermement. Cet univers est étonnant, car peu importe le sujet traité, il laisse transparaitre une douceur, une fraicheur et peut-être plus que tout, une candeur. Chacun des personnages des douze nouvelles abordent la vie avec une innocence rassurante, comme s'ils vivaient à côté d'eux même, se laissant couler selon les événements du quotidiens, ordinaires ou inattendus.



Que ce soit le correcteur remplaçant, la femme qui n'arrive pas à avoir d'enfant ou encore le petit garçon qui assis à l'arrière de la voiture regarde défiler les années, chacun se réconforte dans le siège du passager, regardant la vie défiler par la fenêtre, acceptant ce qui arrive, avec désillusion, mais sans amertume.
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