AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pete Fromm (1260)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mon désir le plus ardent

Peut-être que pour mieux cerner ce livre il suffirait de se plonger dans la couverture. Comme si tout y avait été savamment orchestré, soupesé, au millimètres près.

Il y aurait tout d'abord ce rose omniprésent, enclin dans un premier temps à faire fuir l'allergique aux séries rose bonbon, mais prompt à retenir celui qui y verrait des nuances de rouge et un manque si évident de discrétion que ça en deviendrait louche. Forcément. Pour n'y voir au final non plus du rose pur, mais un rouge désenchanté comme du sang délavé, malade. Une subtile annonce d'une histoire d'amour et de vie, annonçant peut-être le thème d'un amour plus fort que tout, allez savoir.

Il y aurait aussi cette photo noir et blanc en bandeau, proclamant de loin une abstraction, invitant à y regarder de plus près. Non ce n'est pas une chevelure ou une crinière que cette main caresse. Tout simplement de l'eau, aussi pure que peut l'être l'eau. Comme si l'histoire était proche de l'élément naturel.

Il y aurait aussi du mouvement suggéré dans ce bandeau, qui n'en doutons plus nous plonge plus précisément dans le scénario. L'eau est dans deux états, calme et sombre en amont de la main, bouillonnante et troublée en aval. Comme si le mouvement suggérait l'avancée de l'histoire. On pourrait croire à un courant que la main tente de retenir, mais c'est sûrement la main qui administre le mouvement, l'obturateur ayant figé tout cela. Une main peut-être tremblante qui sait, dévoilant derrière elle des tourbillons de matière grise comme écumée de myéline, telle des synapses devenues folles. Comme si tout cela avait été fait exprès, pour évoquer une maladie peut-être bien, allez savoir.

Il y aurait encore autre chose, assez subtil en y regardant à la loupe, qui confirmerait l'ensemble des investigations. Le mouvement de l'eau dessine comme une bague sur l'annulaire de la main féminine, et ce malgré le remous. Comme s'il y avait vraiment une histoire de mariage et de couple à l'intérieur, plus forte que les aléas.

Il y aurait ensuite le besoin d'éloigner la couv', pour une vue d'ensemble. Le tout s'éclairerait alors d'évidence, un parfait équilibre comme un petit miracle qui donnerait envie de se plonger dans la lecture. À commencer par le titre.

Mais peut-être que tout ceci ne serait dû qu'au hasard, comme le suggèrerait insidieusement le titre où les mots désir et ardent résonneraient en allitération sur un coup de «d». Ce que semblerait confirmer d'ailleurs d'autres livres de la maison Gallmeister, habituée des couvertures à dominantes unies surplombées d'un bandeau noir et blanc.

Peut-être même que tout ceci ne serait qu'un délire interprétatif du lecteur lambda comme moi, comme si j'étais resté baba devant la couv' à la fin de ma lecture, regrettant que celle-ci se termine, tentant de prolonger en vain le petit miracle. Un peu comme si j'avais eu du mal à me résoudre au point final.
Commenter  J’apprécie          858
La vie en chantier

Je savais que ce roman n'aurait rien à voir avec Indian Creek et son hiver fabuleux dans les Rocheuses, mais une première de couverture très alléchante, l'envie de passer quelques heures en compagnie de Pete Fromm, disons plutôt de Taz, héros de ce livre, ont vaincu mes dernières réticences pour aborder cette lecture.



Le titre de ce roman synthétise parfaitement son histoire car la vie de Taz qui bascule dès les premières pages avec le décès de sa femme, Marnie, dès la mise au monde de leur fille, Midge, enfant à laquelle ils ont attribué le nom d'une mouche pour pêcher la truite... Quelle belle idée!



C'était celle de Marnie avec qui Taz poursuit un dialogue personnel tout au long du livre, elle le conseille, lui donne, malgré leur séparation brutale et tellement douloureuse, la force de continuer dans cette vie en chantier, chantier de la maison qu'il aménage, chantier de son coeur bouleversé par la séparation mais en besoin d'amour, chantier de la présence d'un nourrisson avec le rythme effréné des premiers mois, les nuits sans sommeil, le tout imprégné du deuil insurmontable.



Pete Fromm parvient à traiter cette situation avec des pointes d'un humour assuré qui n'en fait pas trop mais donne un rythme enjoué à une histoire où la vie, celle de la naissance d'une enfant, est inévitablement plus forte que la mort, fût-elle celle de la mère et de l'épouse.



Trois personnages vont graviter autour de Taz et de Midge, l'ami, Rudy, la belle-mère, Lauren, et la babby-sitter Elmo. Chacun jouera son rôle pour que la vie de Taz reprenne, avec le temps, en respectant son parcours de deuil. Je retiens en particulier la personnalité de Lauren, belle-mère, qui au début aurait pu sembler envahissante voire destructrice et qui s'avère finalement facilitatrice.



Le roman tient dans les 509 premiers jours de la vie de Midge, c'est un beau texte où la poésie a aussi sa place, même si j'aurais personnellement souhaité qu'il y en ait davantage pour les pins ponderosa et les douglas, les courants à truites, la majesté des Rocheuses, et pour ce Montana tellement célébré dans Indian Creek.



Très belle lecture dans laquelle je n'ai pas ressenti la mièvrerie évoquée par de rares critiques mais au contraire une progression des pensées et sentiments servie par une belle écriture et des dialogues bien enlevés.





Commenter  J’apprécie          830
Le lac de nulle part

Certains écrivains « écrivent toujours le même livre » selon la formule consacrée et attribuée à Marcel Proust. Pete Fromm ne fait assurément pas partie de cette longue liste d’auteurs qui creusent inlassablement leur sillon et dont Patrick Modiano est l’une des figures emblématiques.



Les premiers ouvrages de l’auteur, le très beau récit autobiographique « Indian Creek » (qui donnera lieu à une suite, « Le nom des étoiles »), les superbes recueils de nouvelles « Chinook » et « Avant la nuit » explorent une nature sauvage, indomptée et magnétique, perdue dans des contrées oubliées du nord de l’Amérique.



« Lucy in the Sky » et plus encore « Comment tout a commencé » marquent un premier tournant dans l’écriture de Pete Fromm qui dissèque la psyché adolescente d’héroïnes aussi rebelles qu’attachantes, approfondit avec tendresse la complicité qui unit un frère et sa sœur, et interroge les conséquences du surgissement de la folie.



Jusque-là, aucune faute, rien que du presque parfait, l’auteur marche parfois sur un fil mais rafle la mise, et ajoute une émotion indicible à la beauté immuable des paysages du Montana.



La parution de « Mon désir le plus ardent » marque une nouvelle évolution dans l’œuvre de l’auteur en auscultant les tourments terrifiants que la sclérose en plaque fait subir à une jeune femme pleine de vie. Malgré le succès du roman, le trop plein de pathos d’un récit aux interminables accents mélodramatiques m’a absolument désappointé. Le sujet à fort potentiel lacrymal de « La vie en chantier », qui voit une jeune maman mourir en couche, m’a conduit à passer mon tour.



C’est ainsi avec une certaine appréhension que je me suis plongé dans le dernier Pete Fromm, « Le lac de nulle part ».



Trig et Al (diminutifs respectifs de Trigonométrie et Algèbre), frère et sœur jumeaux, ont perdu le contact avec leur père mathématicien qui ré-apparaît dans leur vie pour « une dernière aventure », consacrée à sillonner en canoë les lacs du nord canadien. Dès le début de l’expédition, les deux jumeaux ressentent une inquiétude sourde, leur paternel si méticuleux et expérimenté, n’a pas effectué les préparatifs d’un périple empreint de nostalgie avec sa rigueur d’antan. Les trois adultes s’apprêtent pourtant à passer plusieurs semaines en totale autarcie dans une immensité immaculée de lacs, d’îles désertes et de forêts sauvages, au coeur du mois de novembre, qui voit les dernières frondaisons automnales céder la place à la rigueur menaçante de l’hiver.



Le roman explore une nature âpre, hostile, et belle à en mourir, où s’entremêlent l’immensité d’espaces inviolés, un froid à pierre fendre, la munificence des aurores boréales, la pêche à n’en plus finir, le rituel de la petite goutte de whisky et du joint partagé chaque soir au coin du feu et les ours noirs en maraude. Du nature writing, du vrai !



La plus grande réussite de l’ouvrage est pourtant le mélange de tendresse et d’humour avec lequel l’auteur interroge la gémellité, cette relation aussi émouvante que singulière qui unit deux personnages hantés par les souvenirs de leur enfance. Trig conciliant et sérieux forme avec sa sœur Al aussi rebelle que désinvolte un couple improbable, dont le sort est au fond le véritable enjeu d’un roman aux multiples facettes.



Le romancier aborde également la question de la maladie, et en particulier de la perte de mémoire qui semble toucher le père des deux jumeaux, et frôle une forme de pathos insoutenable, .



« La lac de nulle part » est ainsi un ouvrage protéiforme qui réussit le prodige de réunir en un seul roman tous les thèmes chers à Pete Fromm, de la beauté ineffable d’une nature indomptable, au lien indéfectible qui unit Al et Trig, en passant par le surgissement progressif d’une forme de folie. Si Pete Fromm se montre magistral dans sa façon toute particulière d’aborder ses sujets de prédilection, j’ai néanmoins été une nouvelle fois été décontenancé par l’excès de pathos qui accompagne l’irruption inattendue de l’indicible au coeur de ce très beau roman.
Commenter  J’apprécie          8213
Indian Creek

Si on m 'avait dit qu'un jour , je partirai camper par moins trente- cinq degrés, dans l' Idaho, surveiller des oeufs de saumon , chasser, pêcher , blottie sur mon canapé ...

Après deux romans de Pete Fromm, j'ai décidé de récidiver avec un troisième, qui n'était , au départ, pas parti pour m'emballer et pourtant...



En 1978, alors qu'il entame sa troisième année d'université, le jeune Pete Fromm se voit proposer un job , grâce au désistement d'une amie d'amie. Sa mission, (s'il l'accepte ) sera de surveiller des oeufs de saumon. Et pour se faire, il logera dans une tente, au croisement de deux rivières, dans les montagnes. Le job , en lui- même n'est pas astreignant, il suffit de vérifier que la glace ne recouvre pas la totalité de l'eau, cela ne prend qu'une demi- heure par jour ( si j'ai tout compris...).

Non, le défi est ailleurs...

Températures, extrêmes, extrême solitude et dangers extrêmes...

Aucune âme à la ronde, à part quelques visites de chasseurs et celles, rapides et rares du Ranger...

Il y a bien un téléphone, mais il ne capte pas toujours...

Comment ce gamin de vingt ans, sans aucune expérience s' en est sorti sans aucun souci, c'est ça qui m'a épaté ! 6 livres pour 7 mois comme seules distractions, un peu de courrier et des ballades dans la neige avec son chien, et la chasse...

Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde avec ce jeune homme qui vit une sacrée aventure. Quel mental , quelle personnalité ! Il est touchant car il se livre avec une totale sincérité : manque d'expérience, naïveté, erreurs, solitude , moments difficiles .

Mais aussi : énorme débrouillardise, gentillesse, courage, sociabilité, intelligence.

Et quelle expérience aussi, que de se replonger dans ses jeunes années, de retrouver un peu de la fougue de ses vingt ans !

Vertigineux...

Vertigineuse aussi, cette nature , dont il est le seul "locataire" : offerte, immense, sauvage, immaculée , silencieuse, jusqu'au printemps, qui voit revenir les touristes, les visiteurs , les " gâcheurs". Et avec lui, le retour à la "civilisation".

Le retour à sa (vraie) vie.

Indian Creek, comme une parenthèse enchantée...



Challenge Multi défis.

Commenter  J’apprécie          8021
Mon désir le plus ardent

Dalton et Maddy se rencontrent lors d'une soirée. Bien qu'elle soit déjà avec Troy, elle tombe sous le charme de ce jeune passeur. Une petite descente sur la Buffalo Fork, une soirée au clair de lune et cela semble déjà une évidence entre eux. Peu de temps après, le mariage est célébré peu communément. À l'aube, au coeur des Tetons qui brillent d'un éclat rosé, après des échanges de voeux originaux, le couple abandonne ses invités et file sur son raft. De leur passion commune pour le rafting, ils quittent le Wyoming et montent leur propre entreprise dans l'Oregon. Mais Maddy, fatiguée et prise de vertige, doit se reposer. Une simple mononucléose, semble-t-il. Malheureusement, après des examens plus poussé, le couperet tombe : il s'agit de la sclérose en plaque. Une nouvelle d'autant plus frappante que la jeune femme apprend qu'elle est enceinte...



Ils sont jeunes, beaux, pleins d'espoir en la vie et dans ce qu'elle a à offrir de meilleur, pleins d'élan. Et surtout ils sont amoureux. Un amour inébranlable, puissant et intense semble lié Mad et Dalt. Même la maladie, sournoise et dégénérative, ne pourrait altérer cette envie d'aimer, cette soif de vivre. Maddy, la narratrice, est une jeune femme d'une force et d'un courage incroyables. Plus que tout, elle croit en la vie, en l'amour et en son mari. Dalt, lui, fait montre d'une grande patience, de compassion et d'énergie. Amoureux fou, il fera tout pour aider sa femme et la soutenir au quotidien malgré les épreuves qui, immanquablement, ne cesseront de s'enchainer. Narrativement, Pete Fromm nous plonge dans des instantanés de vie en créant des ellipses, parfois de plusieurs années, entre chaque chapitre. Une construction narrative originale et intelligente. Dans ce roman puissant et très émouvant, l'auteur fait montre d'une grande sensibilité, d'une authenticité rare et se glisse avec finesse dans le corps et le coeur de Maddy.

Une magnifique histoire d'amour...
Commenter  J’apprécie          796
Comment tout a commencé

C'est dans une petite ville du Texas, en plein désert, que vivent Abilene, Austin et leurs parents. Un coin paumé, loin de toutes activités, où les deux adolescents passent leur temps à s'entraîner au base-ball. Parce qu'Abilene n'a pas pu intégrer l'équipe du lycée, elle s'est fixé un objectif : faire de son frère le meilleur lanceur de tous les temps. Et celui-ci se plie volontiers aux séances d'entrainement sur la base aérienne désaffectée. Un lien unique et inébranlable unit Abilene et Austin. Aussi, l'adolescent, admirant son aînée, son caractère fantasque et enjoué, ne remarque pas que quelque chose ne va pas. Notamment ses disparitions soudaines pendant plusieurs jours, ses sautes d'humeur...



Que d'émotions, que de sensibilité dans ce roman qui dépeint, avec une incroyable force, le lien indéfectible qui unit une sœur et un frère... Abilene et Austin sont inséparables, sauf lorsque celle-ci fugue sans raison apparente. Le base-ball, trait d'union de leur relation, leur permet de passer des moments inoubliables, rien qu'à eux. Comme seuls au monde. Si Austin est admiratif, presque adoratif, de son aînée, un brin amusé de son exubérance, il n'en va pas de même pour leurs parents qui, eux, s'en inquiètent. À travers un magnifique portrait mémorable d'une fratrie, Pete Fromm aborde, tout en délicatesse et sensibilité, la maladie et ses retombées sur le cercle familial. Deux portraits d'une sœur et d'un frère unis par un lien presque viscéral d'une puissance et d'une profondeur incroyables. Un roman d'une grande justesse, servi par une plume pénétrante.

Bouleversant...
Commenter  J’apprécie          786
Le nom des étoiles

Great Falls, Montana, avril 2004. Alors que Pete Fromm se rêvait d'habiter une cabane isolée, loin de tout, ce sont dans les plaines accolées aux Rocheuses qu'il s'est établi. Tous les jours, il emmène ses deux enfants, Nolan et Aidan, à l'école. Une vie bien établie pour celui qui a vécu Indian Creek. Mais, lorsqu'en avril, Steve, un biologiste des pêches, lui propose un boulot de baby-sitter pour les œufs d'ombre, sur la Sun River, son expérience similaire avec des œufs de saumon, vécue il y a 25 ans, lui revient comme un boomerang. Aussitôt, il pense à ses enfants et se dit que ce serait une magnifique expérience pour eux. Sa femme, Rose, ne partage pas tout à fait son avis même si les deux gamins se réjouissent d'avance de s'essayer à la vie sauvage pendant un mois. Malheureusement, pour des raisons de sécurité et de responsabilité, ils ne seront pas acceptés. C'est donc seul que Pete prendra la direction de la cabane perdue de la Bob Marshall Wilderness, un Parc National du Montana...



Après son expérience de 7 mois à Indian Creek, c'est tout naturellement vers Pete Fromm que l'on demande de surveiller, pendant 1 mois, seul, les œufs d'ombre. Même si sa vie de famille est aujourd'hui sa priorité, l'auteur accepte de partir. Et ce seront de longues journées, sous un temps très capricieux et sous des températures parfois glaçantes, qui l'attendent. Sans compter sur les grizzlys tout proches dont il devra se méfier. Comme pour Indian Creek, Pete Fromm nous raconte son aventure, qu'il regrettera d'avoir vécu seul sans ses enfants, son aventure au grand air. Un carnet de bord vivifiant et captivant entrecoupé de ses souvenirs d'enfance (notamment sa relation avec son père), ses différents métiers (ranger notamment), ses études, sa rencontre avec sa femme, son désir de transmettre à ses deux enfants son amour de la nature, son rôle de père qui l'anime et son envie, toujours là, de pleine nature, de grands espaces et de lieux sauvages.

Un récit empreint d'humanité, de sincérité et de tendresse qui nous fait aimer encore plus l'homme qu'il est...
Commenter  J’apprécie          782
Le lac de nulle part

Deux ans que les jumeaux, Al et Trig, n'ont pas revu leur père. Aussi, lorsque ce dernier les invite pour sillonner les lacs canadiens pendant un mois, ils n'ont guère eu à cœur de refuser, malgré novembre approchant. Une dernière aventure comme il leur a dit. Retrouver pour un temps le parfum de leurs vacances. Mais, dès les retrouvailles à l'aéroport, les jumeaux sont surpris de ne pas voir leur père à bord de l'Aventuremobile, lui qui adore conduire. Étonnés aussi lorsqu'ils s'aperçoivent qu'il a, apparemment, oublié ses bagages. Une fois le paquetage au complet et le parc provincial de Quetico atteint, le trio se lance avec plaisir d'autant que cette première journée est idyllique. Mais, très vite, des tensions apparaissent, Al et Trig se rendant compte que cette expédition n'a pas vraiment été préparée et que les conditions climatiques se dégradent...



Dans ce huis clos à ciel ouvert, l'on navigue aux côtés de Al, Trig et Bill, leur père, pour une expédition dans la région des Grands Lacs. Si les retrouvailles entre les jumeaux sont heureuses, celles avec leur père beaucoup plus froides, juste cordiales. Dès les premières pages, l'on sent poindre des drames, l'on devine que l'aventure familiale, comme il y en a eu tant d'autres avec leur mère, va virer de bord et glisser, petit à petit, vers un cauchemar. Et c'est Trig, le narrateur, qui va nous faire vivre, au plus près de ses émotions, cette expédition. Outre les paysages magnifiquement décrits, peu à peu cristallisés et étouffés par ces flocons inattendus et redoutés, mordus par le froid, Pete Fromm dépeint, tout en finesse et avec des mots pesés, les relations familiales. Touchantes et profondes entre la sœur et le frère, tendues et faites de non-dits et de secrets avec le père. Ces moments partagés seront d'ailleurs l'occasion de lever le voile sur certains et de considérer combien des souvenirs peuvent s'avérer mensongers.

Un roman tout aussi ténébreux qu'étincelant...
Commenter  J’apprécie          774
Mon désir le plus ardent

Un livre poignant ! Mon désir le plus ardent est le roman d’un amour total, la chronique d’un combat à deux contre la fatalité. C’est un texte dont le ton provocateur et l’humour incongru arrachent des larmes tout en impulsant l’envie de rire. Derrière l’agressivité, la fierté d’être. Derrière l’autodérision, le courage de lutter. Et encore derrière tout cela, l’amour, la tendresse, un désir résolu de construire une famille.



Maddy est une jeune étudiante. Le week-end, elle fait office de guide de rafting sur les rivières du Wyoming. Elle adore cela. Conduire des rafts pour touristes sur des eaux tumultueuses, c’est aussi le métier de Dalt. Son métier et sa passion...



Dalt ! Un physique qui aurait pu inspirer le David de Michel-Ange, une force hors du commun… et sur le plan comportemental, la crème des hommes ! Maddy et Dalt ont à peine plus de vingt ans lorsqu’ils se rencontrent. Coup de foudre, septième ciel, amour fusionnel. Ils se marient au sommet d’une petite colline bordée de rivières. À l’officiante qui leur pose la question rituelle, chacun répond : c’est mon désir le plus ardent.



Ils ont plein d’autres désirs ardents. Mais ils devront adapter leurs ambitions et leur mode de vie, sans pour autant renoncer au bonheur. Maddy est fatiguée, souffre de vertiges. Une simple mononucléose, croit-on. Mais des analyses révèlent les indicateurs d’une SP. « Vous voulez parler de la sclérose en plaques ? » demande Maddy. Elle ne peut pas le croire. « Mais je n’ai que vingt ans, merde. Je cours les rivières. Je franchis tous les rapides, même les pires, sans la moindre hésitation. J’ai une santé de fer. Moi dans un fauteuil roulant, secouée de spasmes, tête pendante, mains sur les genoux, agitées de courants invisibles ? »



La SP est une maladie dégénérative qui obère graduellement les aptitudes physiques et certaines fonctions intellectuelles. La maladie n’est pas directement mortelle, mais les handicaps qu’elle induit peuvent provoquer un accident. La simple déglutition d’un sandwich peut devenir une menace.



Maddy et Dalt ne renonceront jamais à leur désir le plus ardent, s’aimer et vivre. Sublimé par le courage et la combativité de sa femme, Dalt palliera tout ce qui deviendra impossible à Maddy. La crème des hommes, on vous dit !



Maddy, elle, c’est un roc ! Elle est la narratrice du roman. Sauf pour le dernier chapitre, où Dalt la … supplée. Maddy est une narratrice qui n’écrit pas. Elle parle, elle crie. Une expression spontanée, simple, directe, un ton léger où l’humour alterne avec la rage – la rage de vivre, la rage de vivre heureux –, des mots jetés sans fard au visage de ceux qui observent son couple et leurs enfants. Qui, face à Maddy, oserait douter de leur bonheur ?



Pete Fromm est un écrivain américain d’une soixantaine d’années. Fasciné par la beauté des grands espaces, il a mené des expériences de vie au grand air, coupé du monde, avant d’entrer en littérature et de se spécialiser dans ce que les Américains appellent le nature writing. Créer le personnage de Maddy et l’interpréter soi-même est une performance littéraire hallucinante. Bravo aussi à la traductrice qui transpose avec brio l’esprit du texte.



Dès les toutes premières lignes du livre, une sorte de magie m’a frappé. Magie du style, magie du sens, jusqu’à la dernière page, et plus. A la fin du roman, je n’ai pu le lâcher et j’ai relu plusieurs chapitres. Heureusement que j’établis mes commentaires par écrit. Je n’aurais pu prononcer trois mots sans être étranglé par l’émotion.



Le prologue est un concentré de chef d’œuvre. Il donne toutes les clés. Ce n’est pas clair ? Relisez-le plus tard, lorsque Maddy vous aura embarqué. Il vous paraîtra limpide.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          773
Indian Creek

Il est des propositions un peu folles que l'on pourrait accepter

sur un coup de tête, comme ça sans réfléchir,

parce qu'elles arrivent à un moment de sa vie

où l'on souhaite devancer son histoire, réinventer l'aventure !



C'est l'histoire de Pete Fromm qui accepte une mission :

Passer un hiver au coeur des montagnes Rocheuses de l'Idaho.

Sept mois en solitaire pour veiller sur des oeufs de saumon. Il va se retrouver seul face à que dalle dans une tente au milieu des bois, à parfois -40° et la neige comme tapis de sol. Ne sachant même pas couper du bois !

Il a vingt ans, est étudiant en biologie, citadin et fauché.

Il se cherche, s'enivre de récits de voyages d'aventuriers et ressent l'envie de vivre une aventure similaire, pouvoir réaliser quelque chose d'incroyable, avoir à le raconter un jour !

Il va écouter cette folie des grands espaces, l'âme des indiens et partir ...

Il m'intrigue, je suis curieuse de le voir relever ce défi. Alors je le suis. Je serai discrète jusqu'à n'être que l'ombre de sa chienne Boone ...

Il va très vite prendre conscience de son inexpérience.

Il ne sait rien, ne connait rien à la vie en forêt : il va tout apprendre, s'adapter à cette vie solitaire rustique.

Apprendre à couper du bois, briser la glace, cuisiner, chasser pour manger, se chauffer, jouer les Davy Crockett, se couvrir ...

Mais il apprend vite car il admet qu'il ne sait pas.

Il nous laisse à voir ses erreurs et ses peurs.

A l'automne, avant que la route ne soit fermée, bloquée par trop de neige, il fait connaissance avec les chasseurs, leurs histoires de chasse et de traques.

Quelques soirées bien arrosées, quelques bonnes tranches de viande et de rigolade, en compagnie de ces hommes soiffards et viandards mais chaleureux !

Et avec l'hiver, revient la mélancolie ...

Puis peu à peu il se sentira moins seul au coeur de cette solitude car émerveillé par cet univers d'une exceptionnelle beauté !

Il fait corps avec la nature. Cette nature hostile, rugueuse, l'hiver qui fige tout ... Mais elle sera sa plus belle découverte !

Il apprend le sens de l'eau en remontant la rivière, écoute son chant.

Au pays de l'hiver, il marche, il marche des miles et une nuit ... Enfoncé dans la neige, le froid aigre qui pique le visage, il observe fasciné la lune illuminant les crêtes, cette lumière spectrale, une éclipse de soleil et les animaux sauvages.



Ce récit est un véritable hymne aux grands espaces sauvages, une prise de conscience de la fragilité de l'homme face à cette environnement mais aussi sa capacité à s'adapter.

Pete Fromm conte avec humilité, autodérision : il ne se considère pas comme un héros mais un novice avec toute sa candeur.

J'ai aimé sa sobriété, sa délicatesse à me laisser m'imprégner, m'émerveiller sans remplir le silence par trop de mots, trop de qualificatifs ....

Il pose son regard sur cette expérience, son état d'esprit d'alors, une distance avec celui qu'il était.

La magie d'un instant est unique

La poésie qui s'en dégage, cette douce musique

Comme une première fois !

Qui ne se vit qu'une fois !

..........

Je perdrais l'eau de ma rivière


Si j'en parlais


Le caillou se refait poussière


Quand il lui plaît


Mais si ton âme s'appareille


À cause de mon peu de bruit


Navigue au coeur et à l'oreille


Arrive avant la fin des fruits

C'est le temps, c'est le temps


D'écouter la rivière


C'est le temps, c'est le temps


D'écouter cet oiseau


Tant qu'il reste de l'air dans l'air


Tant qu'il reste de l'eau dans l'eau

.......

Gilles Vigneault







Commenter  J’apprécie          7643
La vie en chantier

Taz est menuisier dans une petite localité du Montana. Il partage son existence et ses espoirs avec Marnie qui est enceinte. Ils ne roulent pas sur l’or mais croquent la vie avec insatiabilité, parce qu’ils ont l’immortalité de la jeunesse et l’insouciance de croire que rien ne les arrêtera dans leurs projets. Et comme la vie aime souvent jouer avec les destinées, elle rebat le jeu et distribue une nouvelle donne.

Lorsque le chantier d’une vie est anéanti, subsiste « la vie en chantier ».

Impossible de lire l’histoire de Pete Fromm sans avoir la gorge serrée, l’estomac noué et des pensées d’une tristesse inconsolable. Les thèmes de la perte d’un être cher, le long processus de reconstruction et la transformation d’une vie charnelle en souvenirs sont au cœur du roman de Pete Fromm, qui les distille page après page, chapitre après chapitre, en comptabilisant chaque étape sur l’échelle du temps. Chaque progression est une pierre apportée à l’édifice d’une vie qui doit être réinventée.

Le phrasé sobre, dépouillé interdit toute fioriture. Les faits sont présentés crus et sans artifice ce qui renforce l’efficacité du propos de l’auteur et lui évite de tomber dans le piège de la mièvrerie édulcorée. Cette histoire, somme toute banale car elle pourrait être celle de n’importe qui, est magnifiée.

Traduction de Juliane Nivelt.

Un livre remarquable, d’une grande humanité, un conte pour grands enfants que je recommande de découvrir.

Commenter  J’apprécie          7410
Sans carte ni boussole – Attaque

Il est vrai que les nouvelles, ce n'est pas trop mon truc. Parce que les histoires sont bien trop courtes et qu'elles ne me laissent que trop peu de temps pour m'imprégner de l'ambiance et des personnages. Il m'arrive quand même de faire des exceptions, notamment quand elles ont été écrites par l'un de mes auteurs chouchous. De Pete Fromm, j'ai lu tous les livres (hormis "Chinook", un recueil de nouvelles justement, et que je compte bien lire un de ces jours). Il est l'auteur qui m'a fait découvrir le nature-writing, il a une superbe plume qui sait toujours trouver les mots pour décrire la nature et les sentiments humains, toujours pleine de beauté et de sensibilité. Alors quand ce petit recueil de deux nouvelles s'est présenté à moi, je ne me suis pas senti le droit de lui tourner le dos. D'autant que ça fait deux ans que j'attends la parution d'un éventuel nouveau roman et que je commence sérieusement à trouver le temps long...



Nature-writing vous disais-je. C'est le cas pour la première nouvelle, intitulée "Sans carte ni boussole". On y suit un jeune couple de futurs parents partis en escapade sur un coup de tête, quelque part entre la Californie et l'Orégon, au pied d'un volcan, le long d'une rivière. La voix est donnée au futur papa durant une dizaine de pages seulement, mais suffisantes pour nous montrer comme il aime sa compagne, dans sa manière de nous en parler. C'est à ce moment-là qu'il réalise qu'ils forment un couple invulnérable et qu'ils seront à jamais liés à ce lieu...



Sentiments humains vous disais-je également. Et s'ils sont présents dans "Sans carte ni boussole", ils sont encore plus évidents dans la seconde nouvelle, intitulée "Attaque". On y suit un jeune couple et leurs deux enfants, au moment où le fils est attaqué au visage par le chien du voisin. Salement mutilé, et après les soins d'urgence, le petit est transféré par avion dans un hôpital de Seattle pour y consulter les spécialistes adéquats, en espérant qu'ils pourront sauver ses yeux... Là encore, c'est par la voix du père que nous est contée cette terrible histoire, resté seul à la maison avec le bébé pendant que la maman est aux côtés de leur petit garçon...



Beauté de la nature et bonheur d'un côté, drame et amour paternel de l'autre. Dans les deux cas, nous sommes touchés, bien que de manière très différente. Pete Fromm a ce don pour trouver les mots justes et nous transporter en quelques pages. Ça a été un réel plaisir que de retrouver sa plume enchanteresse, même pour un (trop) court moment.



J'ai aimé les deux nouvelles, avec une préférence pour la seconde. Les drames ont ce truc qui émeut plus spontanément que le bonheur simple. Les deux histoires sont très belles, mais la seconde a suscité plus d'empathie, parce que triste et douloureuse également.



Nature, émotions, introspection, relations touchantes, où la vie prend toujours le dessus en toutes circonstances... C'est bien trop court mais c'est beau et saisissant, criant de vie, de sensibilité, de beauté, d'humanité.



Merci Monsieur Fromm, pour ce doux moment.



À quand votre prochain roman ???

Commenter  J’apprécie          7316
Le lac de nulle part

Novembre se rapproche. Le bon moment pour moi pour naviguer jusqu'au Lac de nulle part.

Al et Trig (deux des matières enseignées par leur père, professeur de mathématiques : vous auriez osé, vous ? ) sont contactés par celui-ci pour une ultime escapade en canoë sur les lacs canadiens à l'image de celles qu'ils chérissaient enfants. Mais là on est en Octobre, le froid est déjà là, et ils ne seront que trois, Les parents ont divorcé il y a déjà longtemps.

Qu'importe, ils partent, mais très vite, la situation dégénère, leur père a changé. L'équipement est incomplet, pas de cartes, et puis un comportement parfois bizarre de sa part.

Quel était son but en les emmenant sur ses lacs ?



A travers ce périple, dans une nature belle mais devenant hostile par l'hiver qui débarque plus tôt que prévu, Pete Fromm évoque un certain nombre de thèmes qui nous font réfléchir, la vieillesse, la gémellité, la maladie, la communication au sein d'une famille, et d'autres encore que je ne veux pas nommer ici pour ne pas divulgâcher.



Nous ne saurons jamais ce qui s'est passé réellement dans cette nature sauvage, où ces trois êtres tentent de se retrouver et ne pourront échapper à cette confrontation. Certains souvenirs vont refaire surface,et le résultat en sera terrible.



J'ai cependant regretté de n'avoir que le point de vue d'une seule personne. J'aurai aimé mieux connaitre les deux autres, les voir exprimer leurs sentiments sans que cela soit retranscrit par le troisième et forcement déformé.



Commenter  J’apprécie          7314
Indian Creek

La montagne, ça vous gagne !



Quoi de plus naturel, pour ce fervent admirateur du mode de vie trappeur, que d'accepter, presque sur un coup de tête, de se couper volontairement de toute civilisation durant sept longs mois. Certains chassent le job d'été, Fromm aura eu la démarche inverse. Idéaliser un standard de vie n'induit pas d'en maîtriser tous les codes. De jeune citadin avide de fêtes et d'amitié à ermite rustique n'aspirant finalement à rien moins que de s'immerger corps et âme en cette nature inhospitalière qui lui aura souvent porté préjudice, ce mémorable parcours initiatique est fait de ce bois propre aux grands classiques de la littérature.



C'est l'hiver, rude l'hiver, dans les montagnes Rocheuses et ce boulot de surveillance des œufs de saumons auquel il est affecté ne lui prenant que quelques minutes par jour, inutile de préciser que le temps restant lui laissera tout loisir d'appréhender la beauté sauvage des monts environnants et par là même de se découvrir des aptitudes et des ressources insoupçonnées.

Chasse, pêche, - non, pas tradition – solitude, froid, autant de délicates petites attentions propres à sa nouvelle situation, autant d'inusuels défis à relever en compagnie d'un être à l'amour aussi exclusif que vital, sa fidèle chienne Boone.



Récit grandiose, fondateur et bouleversant, véritable hymne à la liberté et aux immensités indomptées, Indian Creek est un concentré d'émotions, une expérience unique, qui par de nombreux aspects évoque une certaine quête du bonheur forgée dans l'individualisme, l'isolement et libérée de toute contrainte civilisée, à l'instar de l'infortuné Christopher Johnson McCandless dit " Alexander Supertramp ", pour finalement enfanter un être immaculé, une entité physique désormais connectée avec l'essentiel...



4.5/5
Commenter  J’apprécie          7315
Lucy in the sky

Les Américains sont de grands enfants, dit-on souvent, avec cette pointe de supériorité si typiquement française....



 Peut-être..... mais rares sont ceux qui savent parler de l'enfance aux adultes avec le talent des  écrivains américains. Ou parler de l'adolescence, ce qui  est encore plus difficile, tant les clichés sur cet âge qu'on dit ingrat abondent...



Après J.D.Salinger, Howard Buten, Sylvia Platt, Donna Tartt, Harper Lee, ses prédécesseurs illustres, ou plus récemment Gabriel Tallent, Pete Fromm s'attaque au sujet délicat de l'enfance. Ou plus exactement du passage de l'enfance à l'adolescence de Lucy,  de quatorze ans à seize ans.  Pete Fromm a dû etre fille dans une autre vie!



Lucy, c'est un maelstrom sur pattes! Bouleversement sur tous les fronts:  hormonal, sentimental, familial!



Les ennemis de Lucy sont partout,  dehors et dedans, et  ils ne le restent jamais de façon durable tant l'incertitude, la contradiction, la double injonction contradictoire semblent  caractériser la jeune  héroïne. 



Lucy a envie de protection et de liberté, de tendresse et d'indifférence, de confiance et de répression, de régression et de sexe.



Petite silhouette longiligne aux cheveux rasés comme ceux d'un garcon, elle voudrait rester perchée sur la cage à écureuils de ses amours enfantines, loin des garçons entreprenants,  et,  en même temps,  aller chasser sur des terres interdites,  comme la louve qui s'éveille en elle.



Dans ce cas-là,  c'est plutôt réconfortant d'avoir une base, un refuge, un point fixe-  une loi contre laquelle se heurter et à laquelle se référer , le cas échéant.



Bref, d'avoir des parents.



Mais les parents de Lucy sont des enfants qui n' ont jamais vraiment grandi.



Fragile, sexy, Maman l'a été trop tôt, mère,  et se cherche trop elle-même pour pouvoir aider sa fille même si elle la comprend, la devine et l'aime.



Grand nounours adoré , bourré d'humour et de fantaisie, mais  exclusif , irresponsable et parfois brutal,  Papa bûcheronne au loin trop souvent, trop longtemps pour assurer la stabilité nécessaire à sa femme et sa fille.



Alors c 'est à Lucy elle-même de faire ses choix, au gré des essais et des erreurs. Avec un aplomb, un refus de s'attendrir sur elle-même et une lucidité sensible qui font d'elle, à la fin d'un récit,  la plus adulte de l'histoire, au sens étymologique : celle qui a mûri. ..



Un livre attachant, entièrement centré sur Lucy, mais jamais ennuyeux, tant l'analyse est pertinente et l'héroïne impertinente,   les situations  pleines de rebondissements et les dialogues enlevés.  Un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          712
Lucy in the sky

Après tous mes camarades de Babelio, ce WE, c'est moi qui ai la garde alternée de Lucy ... Merci à tous ....

Et c'est pas de la tarte cette gamine !

Plongez dans l' Amérique profonde, de celle dont on ne se relève pas, et faites la connaissance de Lucy Diamond , 14 ans .

Cet été sera "l'été de trop" , celui des " pas assez "...

Pas assez de père - qui s'absente souvent ( tout le temps...) pour aller exercer son métier de bûcheron et qui est avare de coups de téléphone .

Oui, mais quand il est là, c'est la fête ... de quoi faire résonner encore plus l'absence...

Pas assez d'éducation - sa mère est sensée palier aux absences du père mais, à trente trois ans, elle en a tellement marre d'attendre cet homme, d'avoir construit toute sa vie autour de ses retours...

Cet été , sera le passage de l'enfance à l' âge adulte, avec tout ce que ça comporte ... découverte de la sexualité, de son pouvoir sur les garçons.

Mais aussi , extrême lucidité sur le couple de ses parents , lesquels se sont " casés" trop jeunes .

Cette année sera l'année de la révolte, elle en fera baver à toux ceux qui l'aiment , quitte à faire le vide autour d'elle...

Tac Tac Tac, les mots jaillissent comme des balles...

C'est un roman d'apprentissage qui m'a laissé un goût amer, sur ce que Lucy aurait pu, ou pourrait devenir si....

Si ses parents n'étaient pas aussi démissionnaires, si l ' école faisait un peu plus son boulot ' d'encadrant", d'éducateur... Si l 'endroit où elle habitait n'était pas aussi nul...

Lucy , c'est le vide abyssal d' une certaine jeunesse livrée à elle- même . Des jeunes qui ne savent pas quoi faire de leurs journées. Manque d'activités sportives, culturelles, etc... Rien ne lui est proposé , à part, faire la cuisine et le ménage pour sa mère.

L'histoire que nous raconte Pete Fromm n'est pas datée, ( il a fallu que j'attende les 3/4 du roman pour croiser un téléphone portable ). Manque de repères pour mieux rendre cette histoire universelle, celle d'une gamine dont les parents ne font pas leur boulot. Il y en a tellement...

C'est triste, mais Pete Fromm, rend cette histoire drôle par des réparties cinglantes , des jeux de mots poétiques et décalés et une gamine attachiante qu'on aimerait furieusement adopter... Une gamine qui a tellement de ressort, de vitalité qu'elle pourrait bien s'en sortir, et finalement obtenir ce qu'elle veut.

Il est comme ça Pete Fromm : positif...

Alors , c'est triste mais c'est drôle.

C'est triste , parfois, mais qu'est ce que c'est beau , la vie vue par Pete Fromm !

En deux romans, cet auteur s'est imposé comme un de mes auteurs préférés, un de ceux dont je vais suivre les parutions en me pourléchant les babines, j'ai déjà réservé mon vol pour Indian Creek....



Challenge Multi défis 2020.

Commenter  J’apprécie          702
Lucy in the sky

Tout a été dit déjà ...quoique...

Voici un récit d'apprentissage réussi, passionnant et surprenant par sa véracité et sa sensibilité.

Comment l'auteur a t-il fait pour se mettre dans la peau d'une ado tourmentée, si vraie ?

Lucy Diamond , quatorze ans , délurée, amusante, garçon manqué , boule à zéro , crâne rasé par les bons soins de son papa , encombrée par sa maigreur et son corps d'enfant ne s'en laisse pas compter ...

Avec une bonne dose de culot et d'inconscience , de naïveté et de gravité à la fois, en pleine crise , elle jouera avec l'amour , en assumera les conséquences ..ses dangers, ses limites...

Ballotée entre un pére bûcheron , toujours absent et une mére de trente- trois ans, qui se débrouille comme elle le peut avec sa solitude, tentant de la combler....

Elle rêve d'une autre vie , n'ayant pas eu le temps de grandir , elle aussi...tente maladroitement d'assumer ses devoirs de transmission et/ ou d'éducation...

Lucy va s'émanciper , prendre petit à parti conscience de son corps , même si elle se livre à des jeux interdits,, observatrice, elle devine la complexité de la vie des adultes .

Ses changements physiques la bouleversent, déforment sa vision et ses rapports aux autres.

Elle a du mal à grandir , facétieuse, espiègle et insolente, attachante , généreuse , aux réparties bien souvent cinglantes . C'est le livre de la construction d'une ado et son éclosion avec ses curiosités , ses révoltes, ses limites, ses colères , son parcours truculent , la place qu'elle devra défendre fièrement avec panache ....

Un roman initiatique frais , lucide et fin ,intelligent et truffé de dialogues essentiellement..... à la vivacité qui fait son charme .

Merci à Marilyn , mon amie de la Médiathéque.



Commenter  J’apprécie          696
Mon désir le plus ardent

La lune s’élève dans le ciel. De ses rayons bleutés, elle irise le flot de la rivière. Un canoë à l’eau et c’est le début d’une nouvelle vie. La Délivrance, une autre histoire. Celle que je vais te conter aujourd’hui est une grande histoire d’amour entre un trouduc et une femme. Dalt & Maddy. J’aime bien quand dans l’intimité des silences, ces mots affectifs s’affichent, sourire d'une brune, bière blonde décapsulée à la main.



Il est d'abord question de canoë et d'un coureur de rivière, quelques parties de pêches sous un sourire éclatant de la vie. Une promesse, pas du genre pour le meilleur et pour le pire, mais plutôt avec des mots style jusqu'à mon désir le plus ardent. Ils s'aiment et se marient dans la nature du Wyoming, guides de pêches passionnés, avant de fonder leur entreprise de rafting dans les rivières tumultueuses de l'Oregon. Une nouvelle vie commence, prémices des tremblements à venir.



Une main qui tremble, et ce n'est pas le manque de bière qui en serait la cause. Assis dans un rocking-chair à regarder le soleil mourir au-delà de l'horizon, entendre le dernier bruissement des oiseaux s'éteindre, une bière décapsulée à la main, la bonne, celle qui ne tremble pas. Des interrogations, la peur et puis le verdict tel un séisme, tremblement intérieur : sclérose en plaques.



Qu'on m'apporte un paquet de kleenex, même plusieurs. La suite, je pressens, sera triste, incroyablement belle certes, mais d'une profonde tristesse. Moi la tristesse ça m'émeut, ça fait pleurer mes yeux, ça me donne envie d'écouter, l'âme sonné, du violoncelle et ça me plonge au fond de ma cave pour y déterrer quelques bouteilles. Oui, j'ai profondément aimé cette histoire, simple et banale histoire d'amour au début, qui devient plus que ça au fil de l'eau et des pages. Il y est question d'un amour surpuissant et d'énormément de courage, pour affronter la vérité, pour vivre avec cette maladie, ces putains de tremblements, pour garder le sourire devant ses enfants malgré la déchéance de son corps. Putain, j'ai plus de mouchoirs...
Commenter  J’apprécie          687
Mon désir le plus ardent

Dalt et Maggy sont deux jeunes américains épris de liberté, de nature et de sensations fortes. Passionnément amoureux, ils se lancent de concert dans une vie d’aventures hors norme, avec une idée en tête : vivre de leur passion pour le rafting et la pêche en rivière. C’est sans compter sur la sclérose en plaques qui frappe soudain Maggy et va bouleverser tous les plans du couple, transformant leur existence en un combat épuisant et inégal.





Cette histoire qui progresse par bonds successifs de la même manière que la maladie, doit sa force et sa singularité au choix de personnages indomptables, dont la rage à se battre contre l'adversité ne laisse aucune place à la sensiblerie. L’émotion est bien présente, mais tellement maintenue à distance et contenue avec une telle colère, que seules les dernières pages font vraiment venir les larmes.





S'il est parfois difficile de se faire à la causticité et aux jurons de Maggy, ils nous renvoient néanmoins avec réalisme au quotidien d'une femme en colère, qui refuse de se voir peu à peu décliner et n’épargne pas toujours son entourage. Un entourage qui souffre lui aussi, et dont on suit la lucidité, la patience et l’engagement, puisque derrière la maladie se profile avant tout une indéfectible histoire d’amour entre un homme, une femme et leurs enfants.





J’ai beaucoup apprécié ce roman qui parvient à aborder sans fard un sujet difficile, réussissant à la fois à se glisser sans fausse pudeur dans le corps d’une femme détruit par la maladie, à développer sans sentimentalisme une formidable histoire d'amour, et à ouvrir de jolies échappées de nature sauvage. Pete Fromm nous offre un véritable hymne à la vie, à la liberté, et à l'amour.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          670
Indian Creek

L'été approchant, j'avais déjà prévu de boucler mes valises, mon but ultime : lézarder sur une plage de sable fin à l'ombre des palmiers, à regarder quelques culs bien alléchants prenant le soleil, à mater quelques naïades sortant de l'eau au bikini mouillé et transparent. M'enfiler des punchs cocos et m'enfiler des naïades. Et puis, je ne sais pas ce qu'il m'a pris… Un coup de soleil, j'ai lu une petite annonce dans le journal pour un job d'été, son but ultime : surveiller pendant plusieurs mois une rivière afin que les oeufs de saumon puissent survivre jusqu'à leurs éclosions. Passionnant. Enrichissant même. Je me vois déjà dans cette contrée sauvage et hostile, à chasser l'élan, à boire un mauvais whisky autour d'un feu de bois que j'ai allumé en frottant deux bâtons, pendant que les loups hurlent la mort de l'autre côté de la rivière. Je m'imagine déjà dessiner des mandalas sur la neige fraîche avec mon jet d'urine fumant de se tiédeur. Un petit coin de paradis, en somme, et côté boulot, cela consiste juste à casser la glace du bassin à têtards. 15 minutes de taf, 23 heures et quarante cinq minutes de glandouilles. Mais attention, pas n'importe quelle glandouille. du genre glandouille extrême où il n'y a strictement rien à faire, où l'on s'emmerde ferme, seul, absolument seul, terriblement seul, sans même un épisode de ma série préférée à mater, et j'abandonne l'idée de voir le cul des autochtones – là-bas, il n'y a que de vieux trappeurs grincheux ou de vieux chasseurs alcooliques. Tout juste si je peux écouter le vent s'engouffrer dans les pans de ma tente. Ah oui, j'avais oublié cette précision, ni maison, ni mobil-home cinq étoiles, camping sauvage dans une tente, chiotte mixte derrière le grand érable, lumière tamisée à la bougie où il manque juste une gonzesse pour se réchauffer le dard qui a tendance à rapetisser avec les températures s'engouffrant dans les négatifs. La solitude du solitaire.



Dans la vie, il faut faire les choix, genre tirer à pile ou face le sens de sa vie ou le chemin de ses études, ou tirer à la courte paille la serveuse blonde pas très futée mais que ses gros seins lui pardonnent tous ses défauts. Je ne me souviens plus pour quelle raison mes études se sont tournées vers la biologie animale, toujours est-il qu'un concours de circonstance aussi fortuit qu'une belette prise dans un de mes pièges me donne rendez-vous avec cette nature enneigée où le bruit de mes pas dans la neige étoufferait n'importe quel cri de jouissance d'une serveuse blonde aux gros seins. Mais je divague, la solitude ça force les hallucinations - à moins que cela soit le whisky frelaté – et mon esprit s'éparpille dans les cimes enneigées de ce territoire inexploré par l'âme humaine. D'ailleurs, faut-il être saint d'esprit pour aller s'enfermer dans cette immensité blanche alors que ton esprit s'hypnotise devant les seins de cette serveuse du Montana.



Traînasser. Dans les Rocheuses en plus. Putain, si c'est pas prendre son pied ça ! Partager son petit-déjeuner avec des lynx, manger du steak d'élan découpé au silex, décongeler des pancakes sous les aisselles. La vraie nature que je te raconte là. Sauvage en plus. La nuit est froide, elle est sauvage-age… Un hiver au coeur des Rocheuses, c'est long et c'est gelé – et pour les esprits détraqués, je ne me parle pas de mon sexe aussi dur que gelé et qui se réchaufferait bien à tes côtés, que tu sois serveuse ou pas. Faut que j'arrête de faire une fixation sur les serveuses et leur tour de poitrine, sinon tu vas penser que je suis un obsédé – alors que pas du tout.



Mais revenons à la réalité… Bien sûr tu auras deviné mon penchant et mes préférences estivales, alors, pendant qu'une brune épicée m'apporte un verre en s'agenouillant devant moi, j'envoie l'autre, celui avec sa petite bite et son couteau, l'ami Hugo partir au bord de la Selway-Bitterroot dans l'Idaho. Ça lui plait bien cette ambiance solitaire, seul dans le froid et la neige, - le froid ça lui donne moins de complexe - et pendant ce temps, je m'occupe de sa choupette…
Commenter  J’apprécie          646




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pete Fromm Voir plus

Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4887 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur cet auteur

{* *}