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Citations de Philip Roth (1711)


Cher Zuckerman,
Dans le passé, tu le sais, les faits ont toujours été des notes jetées dans un carnet, qui m’assuraient un tremplin vers la fiction. Pour moi comme pour la plupart des romanciers, tout événement authentiquement stimulant pour l’imagination commence par là, par les faits, par ce qui relève du spécifique, et non pas du philosophique, de l’idéologique ou de l’abstrait. Et voilà que je me surprends à écrire un livre radicalement à rebours, à partir de l’imaginé, que je me propose de dessécher, en quelque sorte, à dessein de restituer mon expérience de la factualité originelle, avant passage dans la fiction. Pourquoi? Pour prouver qu’il y a un décalage significatif entre l’écrivain autobiographe qu’on voit en moi et celui que je suis vraiment? Pour prouver que l’information extraite de ma vie n’était rendue que partiellement dans ma fiction? Si ce n’était que ça, je ne crois pas que j’aurais pris cette peine, dans la mesure où les lecteurs réfléchis, à supposer que la question les intéresse suffisamment, s’en seraient doutés tout seuls.
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C'était ainsi que Coleman était devenu mon ami, et que j'étais sorti de ma vie spartiate, seul dans ma maison isolée...
C'est ainsi que je perdis la faculté de vivre à l'écart de la turbulence et de l'intensité que j'avais fuies. Il m'avait suffi de trouver un ami, et toute la malfaisance du monde s'était engouffrée par cette brèche.
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Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie. L'histoire de la vie, c'est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement, et après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C'est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe.
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Pour elle, être américaine, c'était haïr l'Amérique. Mais lui, il ne pouvait pas plus cesser d'aimer l'Amérique que cesser d'aimer père et mère, ou abandonner tout code de conduite. Comment pouvait-elle détester un pays alors qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était ? Comment sa propre enfant pouvait-elle s'aveugler au point de vouer aux gémonies le "système pourri" qui avait donné toutes les chances de succès à sa famille ? Comment pouvait-elle traîner dans la boue ses "capitalistes" de parents comme si leur fortune était le produit d'autre chose que de trois générations industrieuses et tenaces ? Trois générations d'hommes, dont lui, qui avaient trimé dans la crasse et la puanteur d'une tannerie. Elle avait débuté dans une tannerie, aux côtés des derniers des derniers, cette famille qu'elle appelait désormais les "chiens capitalistes". Il n'y avait pas grande différence, et elle le savait, entre haïr l'Amérique et les haïr eux-mêmes. Il aimait l'Amérique qu'elle haïssait, tenait pour responsable de toutes les imperfections de la vie, et voulait renverser par la violence; il aimait les prétendues "valeurs bourgeoises" qu'elle abhorrait, ridiculisait et voulait subvertir; il aimait la mère qu'elle détestait, et qu'elle avait failli faire mourir en commettant l'acte qu'elle avait commis. Petite salope ignare !
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Oui, nous sommes seuls, profondément seuls, jamais au bout de nos strates de solitude. Et nous n’y pouvons rien. Non, la solitude ne devrait pas nous surprendre, pour stupéfiante qu’elle soit à vivre. On peut toujours essayer de sortir ses tripes, on sera un solitaire écorché vif au lieu d’un solitaire renfermé. (…) On est seul avec les maisons, seul sans les maisons. On ne peut pas contester la solitude, et tous les attentats du monde n’y ont pas entamé la moindre brèche. Le plus meurtrier de nos explosifs ne l’effleure même pas.
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Seulement le danger, avec la haine, c'est que quand on commence il en monte cent fois plus qu'on en aurait voulu. Je ne connais rien de plus difficile à brider que la haine. Il est plus facile de renoncer à la bouteille que de juguler sa haine, et ça n'est pas peu dire
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People go around killing people in movies all the time, but the reason they make all those movies is that for 99.9 percent of the audience it's impossible to do. And if it's that hard to kill someone else, someone you have every reason to want to destroy, imagine howhard it is to succeed in killing yourself.
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Suicide is the role you write for yourself [...]. You inhabit it and you act it. All carefully staged _ where they will find you and how they will find you. [...] But one performance only.
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Devenir un être neuf. Bifurquer. Le drame qui sous-tend l’histoire de l’Amérique, il suffit de se lever et en route ! avec l’énergie et la cruauté que requiert cette quête enivrante.
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Du temps de mes parents, et encore du mien et du vôtre, les ratages étaient mis sur le compte de l'individu. Maintenant, on remet la matière en cause. C'est trop difficile d'étudier les auteurs de l'Antiquité, donc c'est la faute de ces auteurs. Aujourd'hui, l'étudiant se prévaut de son incompétence comme d'un privilège. Je n'y arrive pas, donc c'est la matière qui pèche. C'est surtout que pèche ce mauvais professeur qui s'obstine à l'enseigner.
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Mais, pour elle, la seule cause en était les extrêmes auxquels les gens sont réduits dans un monde où la majorité de la population n'a pas une once de conscience.
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Ce fut mon frère qui, une fois au lit ce soir-là, m’expliqua pourquoi mon père était sorti de ses gonds au point de dire des gros mots devant ses enfants. Cette joyeuse terrasse à l’ambiance familiale, en plein centre-ville, était une guinguette bavaroise, établissement qui n’était pas sans lien avec le Bund germano-américain, lequel n’était pas sans lien avec Hitler, Hitler qui, inutile de me le dire, avait tous les liens possibles avec les persécutions contre les Juifs. Cette ivresse de l’antisémitisme… voilà donc, me dis-je, ce qu’ils buvaient de si bon cœur sur leur terrasse, ce jour-là, comme les nazis sous toutes les latitudes, des litres et des litres d’antisémitisme, remède à tous les maux.
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[…] 1492. There was Columbus, sure, there was the Niña, the Pinta and the Santa María - and then there was Torquemada. There's always Torquemada. Maybe there always will be… Well, here's what happened right here in Anywhere, USA, under the Stars and Stripes, where all men are created equal, and not in 1492...
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La peur fait de nous des lâches. La peur nous avilit.

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Les sentiments peuvent être le plus grand problème de la vie. Ils peuvent jouer des tours épouvantables.
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Tôt ou tard, le goût de l'aventure m'aurait rattrapé, mais, désillusionné de voir que ma famille m'échappait, à l'instar de mon pays, j'étais prêt à découvrir les libertés que peut prendre un gamin issu d'un foyer exemplaire lorsqu'il renonce à plaire à tout le monde par sa pureté juvénile pour goûter le plaisir coupable de faire ses coups en douce.
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"S'il est pas foutu de percer Monica Lewinsky à jour, avec Saddam Hussein, il va être un peu mal."
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Il faut qu’il convertisse la tragédie en culpabilité. Il lui faut trouver une nécessité à ce qui se passe. Il y a une épidémie, il a besoin de lui trouver une raison. Il faut qu’il se demande pourquoi. Pourquoi ? Pourquoi ? Que cela soit gratuit, contingent, absurde et tragique ne saurait le satisfaire. Que ce soit un virus qui se propage ne saurait le satisfaire. Il cherche désespérément une cause plus profonde, ce martyr, ce maniaque du pourquoi, et il trouve le pourquoi soit en Dieu soit en lui-même, ou encore, de façon mystique, mystérieuse, dans leur coalition redoutable pour former un destructeur unique. Je dois dire que, quelle que soit ma sympathie pour lui face à l’accumulation de catastrophes qui brisèrent sa vie, cette attitude n’est rien d’autre chez lui qu’un orgueil stupide, non pas l’orgueil de la volonté ou du désir, mais l’orgueil d’une interprétation religieuse enfantine, chimérique.
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De temps en temps, il avait le sentiment que tout le monde était parti à la guerre sauf lui. Avoir été soustrait au combat, avoir échappé au massacre, tout ce qu’un autre aurait pu considérer comme une chance, il le voyait comme une calamité. Il avait été élevé par son grand-père dans l’intention d’être un combattant sans peur, il avait appris à être un homme habité par un sens aigu de ses responsabilités, prêt à défendre ce qui était juste, au lieu de quoi, face à la bataille du siècle, un affrontement planétaire du bien et du mal, il ne pouvait pas jouer le moindre rôle.
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Franklin Delano Roosevelt, la plus célèbre des victimes de la polio, avait contracté la maladie quand il était un homme vigoureux de trente-neuf ans, et depuis lors il ne pouvait pas marcher sans soutien.
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