Citations de Philippe Delerm (1434)
On se surprend à marcher sur le bord du trottoir comme on faisait enfant, comme si c'était la marge qui comptait, le bord des choses.
Fumer tue. Oui, fumer tue. Mais vivre aussi tue.
"Qui peut prétendre avoir aimé assez ceux qu'il a choisi d'aimer ?"
Mouiller ses espadrilles c'est connaître l'amère volupté d'un naufrage complet”, “L'odeur des pommes est douloureuse. C'est celle d'une vie plus forte, d'une lenteur qu'on ne mérite plus”...
je me souviens d'un temps où les dimanches oubliaient de finir.
Prendre un grand cahier à carreaux d'écolier. Laisser tomber des mots qui rendent plus légers. Tout dire ligne à ligne, avec de l'encre bleue marine, de la souffrance et du bonheur....
Vraiment, ce n'était pas prévu. On avait encore du travail à faire pour le lendemain. On était juste passé pour un renseignement, et puis voilà:
- Tu dînes avec nous? Mais alors simplement, à la fortune du pot!
Au Luxembourg, au début du mois de juin, les poires ne sont encore que des espoirs de poires.
"Le Tour de France"
Il y a toujours quelqu'un pour dire :
- Moi, ce que j'aime dans le Tour, c'est les paysages !
S’il fait mauvais dehors, c’est qu’il fait bon dedans, mais ça, bien sûr, on ne le dira pas.
Les écrivains sont des gens étranges. Ils attendent toujours le dithyrambe, et font semblant d'en être heureux lorsqu'ils l'obtiennent. Mais une part d'eux-mêmes plus fragile, plus sincère, attend le jugement vrai, l'avis rarissime que n'aurait provoqué aucune compromission de camaraderie, de politique, d'édition. Il y a du masochisme dans le comportement de l'homme de lettres : il fait tout pour que ses succès ne lui apportent pas le bonheur qu'il en avait escompté.
On ne vous voit pas assez souvent!
Le temps d'ouvrir et de refermer la lame,on n'est plus entre deux âges,mais à la fois les deux âges-c'est ça le secret du couteau.
Un bonheur , comme a chaque lecture de Delerm...je l'ai lu un dimanche pluvieux, par hasard, et c'est encore mieux....
L'automne est descendu sur le parc de Cheyne Walk. Les arbres ne sont plus des arbres. Infinis dégradés de tous les ors, de tous les roux, de tous les flamboiements secrets gagnés par l'ombre et le poids du passé. Comme la toile peinte d'un décor de théâtre, ils se confondent avec la fin du jour. Octobre, le mot est doux à boire et triste comme un vin de mort, si riche encore du parfum de la vie. Feuilles d'ambre de Cheyne Walk, rousseur de chevelure immense déployée sur le pavois du souvenir. Femme le parc, femmes les feuilles de papier, femme la terre et l'odeur douce-amère après la pluie, femme la mémoire. Dans la demi-pénombre, un paon au bleu soyeux de Moyen-Age s'éloigne au long de l'allée silencieuse.
Quelques pages arrachées,le vent qui souffle,un air de liberté.
(La désobéissance)
L'écriture est une enfance à regagner.
Hormis le pet, je vous dirai donc tout de mon bonheur. Presque tout. A l'heure des aveux, autant le dire tout de suite. Je ne parlerai qu'assez peu de ma sexualité. Comment ? Mais oui. Mes convictions m'empêchent d'aborder ce sujet trop en détail. Non pas qu'il n'ait sa place décisive, au cœur de mon bonheur. Mais je fais partie des adeptes discrets d'une confrérie secrète - je suis pour la sexualité des souris d'Angleterre. (pp. 20 et 21)
"Un couteau dans la poche" :
Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s'attache à ce symbôle de vie simple.
A l'époque du fax, c'est le luxe rustique.
Mouiller ses espadrilles, c’est connaître l’amère volupté d’un naufrage complet.