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EAN : 9782715225473
144 pages
Le Mercure de France (19/01/2006)
3.35/5   34 notes
Résumé :

Léautaud n’est pas un misanthrope par défaut, par échec, rebuffade ou déception. Il est avant tout un amoureux profond et sincère de la solitude.

Léautaud n’a pas besoin de confort, de raffinement technologique. Mais il n’a pas non plus besoin des autres. Ce qu’il est convenu d’appeler gentillesse, dévouement n’est pour lui que faiblesse suspecte. Il n’est pas étonnant que ses derniers mots aient été : Maintenant, foutez-moi la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à vous Monsieur Delerm je découvre Paul Léautaud.

" Autodidacte jusqu'au bout, il se plaît à trouver chez les autres ce qu'il cherche pour lui-même.
Moins il fait de littérature, plus il écrit". (p;69)

Attiré par la mort, qu'il analysera avec des détails cliniques d'une précision fascinante - transmutation qui précède le néant !

Il dit de l'Amour _
"Il me faut le confesser : j'ai plus aimé le vice, dans l'amour, que l'amour."
Il aura plusieurs maîtresses ; celle qu'il nommera "sa maîtresse tardive" en 1914, à l'âge de 42 ans, il l'appellera la Panthère puis le Fléau, les deux termes marquant l'évolution de leur relation.

En politique il se dit "Anarchiste par l'esprit".
Constat formulé au terme de sa vie en 1951, après la traversée de deux guerres qui lui auront inspiré le même dégoût, et n'auront jamais fait vibrer en lui la moindre émotion patriotique . (p.103)

- Léautaud antisémite - pro - allemand
Adepte des pirouettes, il prétend se désintéresser de ce qui l'intéresse le plus.

La sincérité - " Il faut penser tout ce qu'on dit, mais ne pas dire tout ce qu'on pense".

Léautaud un nostalgique - préfère le dénuement à l'opulence.
Il aime le génie de la misère, les pauvres fous , les fous pauvres !

Composante essentielle du caractère de Léautaud : à quelques jours d'écart, il est capable d'écrire tout et son contraire.
Pirouette !!!

Amoureux profond et sincère de la solitude.
Oui, mais avec des animaux.

Au travers des vitupérations de Léautaud on perçoit au-delà de la mauvaise foi, une philosophie de l'existence qu'il a toujours souhaité assurer.
Il veut ne déranger personne et que personne ne le dérange .(p.142)

Un mois avant sa mort il aurait dit :
" Ce qui se passe dans ma tête me suffit".

Puis ces fameux derniers mots, qui donne le titre à ce livre : "Et maintenant, foutez-moi la paix!".

Bel hommage de la part de l'auteur que j'ai agréablement apprécié.
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Philippe Delerm, dans un petit livre sagace et amical, Maintenant, foutez-moi la paix !, dit tout ce qu'il faut dire de Léautaud en évitant le romanesque dont on barbouille le personnage. Et, d'abord, Léautaud n'est pas un personnage, c'est un caractère. Tout chez lui, et même le pittoresque, passe par la tête. Il ne reste plus qu'à lire, au hasard de la fourchette, les six mille pages du Journal littéraire. Chacun, à quelque détour, y trouvera son bonheur.

On ne saurait rencontrer, comme son ami Stendhal, homme plus dénué de préjugés. Rien de plus rafraîchissant que la lecture de Léautaud, on ne sait jamais où il nous mène. Ses vérités, ses paradoxes, ses saillies, et même ses sottises, car nul n'est exempt d'en dire, nous prennent toujours à contre-pied. Rarement écrivain fut moins convenu, moins appliqué, plus attaché à écrire dans l'instant, et quelles qu'en soient les conséquences, tout ce qui lui vient à l'esprit. Il se montre à nu, mieux que Jules Renard qui, tout de même, s'observe. Il va tranquillement, avec le plus parfait naturel, sans la moindre provocation, jusqu'au bout de ses confidences qui ne sont jamais des justifications ou des aveux. C'est un Diogène, léger et railleur, mais qui ne fait pas étalage de son cynisme. Il a, jusque dans la cruauté, des candeurs d'enfant. Lui, qui détestait les enfants, ne goûterait guère ce compliment. Et pourtant, il y a chez lui une ancienne innocence. C'est un vieux gamin. Il s'étonne toujours, et peut écrire qu'«il n'a rencontré de grand dans la vie que la cruauté et la bêtise». La mort le fascine comme un évènement bizarre et incongru. Il a beaucoup d'intérêt pour le cheminement des agonies et les masques mortuaires le fascinent. Il n'y met aucune délectation, mais une curiosité intense. Il met, d'ailleurs, de la curiosité en tout.

Il parle d'un chien ou d'un chat comme personne n'en a parlé. Il ne les travestit pas, il ne leur retire pas leur identité de chien ou de chat. Ils sont comme ils sont. Léautaud est comme il est. Il est vrai, dans son style et dans sa vie, comme on n'ose plus l'être. "Philippe Delerm attrape bien cette vérité, évite la morale, le jugement, la

leçon, et, plus encore, à propos de la mère, la

psychanalyse, ce qui donne à sa biographie portative un charme certain. Après l'avoir lu, on peut entrer chez Léautaud sans frapper à la porte. Il vous recevra, car les solitaires sont souvent accueillants. Et puis, il a la sombre et tonique gaieté des misanthropes. Il faut se dépêcher de les lire", souligne le quotidien Le Figaro. du train où vont les choses, ils finiront en prison pour crime contre l'humanité, et on brûlera leurs livres. On ne se lasse pas des livres de Philippe Delerm

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Un hommage intelligent et sensible à un écrivain atypique, misanthrope, adorant les animaux et surtout les chats....une plume acerbe mais aussi tellement de talent avec un mal être lointain, une sensibilité d'écorché vif...une de ses phrases qui retient mon attention: J'ai toujours aimé les êtres originaux, bizarres, chimériques, singuliers. Ils sont pour moi le sel de la vie, autant qu'en sont l'horreur les gens qui ressemblent à tout le monde. j'aime leur fantaisie, leur folie. je les suis quand je les rencontre dans la rue, je cherche à me renseigner sur eux, je voudrais les connaître et les fréquenter, je n'ai que dégoût pour ceux qui se retournent et rient sur leur passage. Ils ont encore pour me plaire qu'ils sont souvent très bons, bien qu'étant toujours très pauvres. N'est-ce pas curieux, cet assemblage si fréquent de l'originalité et de la bonté, alors que les gens qui se ressemblent par milliers sont, dans leur médiocrité, en général si égoïstes et si malfaisants ?
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Le titre du livre correspond aux dernières paroles que Léautaud aurait prononcé, fidèle à lui même, désagréable pour les uns, génial pour les autres.
Sacré personnage que ce Léautaud ! Philippe Delerm, dans son style toujours aussi agréable à lire, nous éclaire et donne envie de le lire (ou de le relire). Un très bel hommage.
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C'est assez agaçant de lire Philippe Delerm qui met en avant les évidentes admirations que l'on a -en tout cas que j'ai - pour certains auteurs disparus - ici Léautaud – ou pour certains peintres préraphaélites avec Autumn. Il y insuffle une poésie un peu simpliste et passéiste qui touche de prime abord mais, à la réflexion, reste un travail de surface qui lui a permis de regrouper ses propres idées sur cet auteur. Il semble que les gens (qui me permet d'éviter l'insupportable « celles-et-ceux ») qui admirent Léautaud et l'ont lu auraient pu écrire cet ouvrage. Mais c'est le fonds de commerce de M. Delerm et c'est ainsi.
Tout n'est pas à jeter dans ce petit ouvrage, les citations sont bien amenées mais les chapitres, sur l'image qu'on donne de l'auteur, son peu de goût pour le progrès, sa haine de l'armée et des religions, son culte voué aux animaux, son franc-parler, ses critiques acerbes, tout ça, on connaît. C'est certainement intéressant pour ceux qui n'ont pas encore lu un seul ouvrage de Léautaud mais qu'on insiste sur l'homme bourré de contradictions, sur son anarchisme unique -il refusait d'être étiqueté mais que fait-on là ?- et sur le fait qu' 'on' a une vision faussée du personnage, que ce n'était pas un « bohème » mais j'aurais tendance à dire un des premiers décroissants , celui qui a longtemps refusé l'électricité et le chauffage central, qui est rattrapé par le progrès, a fait de sa vie une posture littéraire dans le genre « je-ne-veux-pas-mais-je veux-bien-quand-même » , critiquait le style de certains mais n'était pas irréprochable sur ce plan, témoin ce passage de son journal :
« Je suis resté du reste (sic) le mieux du monde avec Dumur, grâce, je crois, à une constante franchise. »

Bref, comme le petit essai qui nous concerne, j'avais pour Léautaud une certaine affection distante, il me faisait rire quand je le lisais mais Philippe Delerm s'en est emparé et il m'en a presque dégoûté.

Foutez-lui donc la paix !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Les écrivains sont des gens étranges. Ils attendent toujours le dithyrambe, et font semblant d'en être heureux lorsqu'ils l'obtiennent. Mais une part d'eux-mêmes plus fragile, plus sincère, attend le jugement vrai, l'avis rarissime que n'aurait provoqué aucune compromission de camaraderie, de politique, d'édition. Il y a du masochisme dans le comportement de l'homme de lettres : il fait tout pour que ses succès ne lui apportent pas le bonheur qu'il en avait escompté.
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Comme souvent l'excitation est née de la dissimulation. Léautaud a rencontré Mme Cayssac épistolairement, à propos d'animaux. Le mari de la future Panthère est sensiblement plus âgé qu'elle. Pendant dix ans, les deux amants prendront un plaisir tout particulier à faire l'amour parfois dans la pièce voisine de celle ou M. Cayssac lit son journal. Léautaud notera ainsi ses choix en matière de sexualité.
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N'est-ce pas curieux, cet assemblage si fréquent de l'originalité et de la bonté, alors que les gens qui se ressemblent par milliers sont, dans leur médiocrité, en général si égoïstes et si malfaisants ?
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Je ne m'intéresse qu'aux choses de l'esprit, et ces choses on peut en jouir entre quatre murs les plus nus, une table de bois blanc, un escabeau, de quoi écrire et le moindre lumignon y suffisant.
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Reçu ce matin une lettre d'une demoiselle Marie-Gabrielle Court, 39, rue Henri Barbusse, à Moulins.

Moulins, 30 août 1954

Monsieur,

Je voudrais savoir ce que vous pensez de Dieu.

Je lui ai répondu :

Le mercredi 1er septembre 1954

Mademoiselle,
Je ne connais pas ce monsieur.
Salutations.
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Vidéo de Philippe Delerm
Rentrée littéraire 2023 - "Les Instants suspendus" de Philippe Delerm
« Ce n'est pas un éblouissement, pas une surprise. On est tout à coup dans cette lumière-là, comme si on l'avait toujours habitée. On vient de sortir du tunnel. le train n'a pas changé de cadence, il y a juste eu un petit crescendo dans la musique, moins un bruit de moteur qu'une tonalité nouvelle, offerte au vent. Une infime parenthèse entre deux talus, et d'un seul coup : le paysage. Montagne, lac ou forêt, château en ruine ou autoroute, on sait tout absorber, tout devenir. »
Comme on les chérit, ces instants suspendus dans nos vies. Passer le doigt sur une vitre embuée. La mouche de l'été dans la chaleur de la chambre. le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire…
Philippe Delerm n'invente pas ces moments, il les réveille en nous. Il leur donne une dimension d'horizon infini. On ne savait pas qu'on abritait tous ces trésors, Delerm les met en écrin. Entre humour subtil et nostalgie, un recueil dans la droite ligne de ses grands succès, La Première Gorgée de bière, La Sieste assassinée ou Les Eaux troubles du mojito.
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