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Citations de Philippe Delerm (1434)


Choisir la religieuse
Oui, au café, sa soeur au chocolat est bien moins courtisée, c'est drôle. Chez le pâtissier chic, l'éclair au chocolat est la vedette, dans un volume sobre suggérant une intensité cacaotique raffinée. Mais chez le boulanger-pâtissier du village, la religieuse est au café. C'est peut-être à cause de sa générosité de hanche. La choisir au chocolat relèverait de la gloutonnerie. Avec l'idée bémolisée du café, avec la sonorité du mot, cette façon de pincer la bouche au moment d'avouer l'ampleur de la gourmandise, ça passe mieux.
Religieuse. L'anthropomorphisme est provocant. Un petit haut de petit chou, coiffé précieusement de volutes crémeuses quel rapport avec l'envol de la cornette ? Et le corps du délit, un corps outrecuidant, fourré d'évidence à l'excès, le tout d'une rondeur peu janséniste.
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Ca peut venir n'importe quand. On se croit fort, serein dans sa tête et son corps, et puis voilà. Un vertige, un malaise sourd, et tout de suite on sent que ça ne passera pas comme ça. Tout devient difficile. Faire la queue chez le boulanger, attendre au guichet de la Poste, échanger quelques phrases debout sur le trottoir. Des moments creux, sans enjeu apparent, mais qui deviennent des montagnes. On se sent vaciller, on croit mourir et c'est idiot.
Très vite, on culpabilise, et ça n'arrange rien. Il y a les handicapés, les cancéreux, les sidéens, tous ceux qui viennent de perdre quelqu'un. De quel droit peut-on se sentir mal, être si mal? Et puis c'est beaucoup plus stupide encore, mais on se sent vexé. On ne meurt pas.
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On passe la paume de la main sur la couverture. Il n’est pas encore tout à fait à moi. Sans le regarder, je touche et je ressens. Déjà c’est lui qui me possède.
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Céline affirmait : "La postérité, c'est un discours aux asticots". Léautaud lui emboîta le pas à de nombreuses reprises.
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"Le mariage fait des cocus et le patriotisme des imbéciles".

(P. Léautaud)
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Arnold s’accoude a son balcon et se concentre sur les gestes du Tai-chi. C’est beau ces gestes lents des bras qui semblent se mouvoir dans l’air comme si c’était de l’eau. Les jambes se déploient sans affectation chorégraphique, sans trembler. Beaucoup de rondeur, aucun exploit, une impression de retenue, tout reste bien en deçà de la tension. …Il ne se verrait pas dire au bureau : « Vous savez je le suis mis au tai-chi . On ne se met pas au tai-chi ». Ce langage est trop fluide pour être disséqué avec une méthode Assimil.
Pourtant c’est peut-être ça que voudrait Monsieur Spitzweg ( Arnold). Une sérénité muette, enclose dans le corps et tutoyant l’espace, apprivoisant les formes et les couleurs. Quand il écrit, quand il essaie de suspendre quelques instants le cours de sa vie, de se détacher des choses en les nommant, en tentant de les pénétrer, de les devenirs, n’accomplit-il pas une sorte de tai-chi -une tentative de tai-chi, car il se sent encore bien loin de la maîtrise ?
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On croit que l'on fait vivre des choses aux enfants, mais c'est l'inverse. Bouleversé par la passion du cirque de Vincent, de Sacha, je me suis senti naître et grandir à trente ans, à soixante. Ébloui. Traversé. Comme par une histoire d'amour qui ne ferait pas mal aux autres.
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Jeudi 28 décembre 1989

[...]
Les grands évènements de la fin du siècle montrent surtout que l'homme est désespérant. Le communisme s'effondre. On ne peut que s'en réjouir, étant donné ce qu'il était devenu. Mais dans l'absolu, comment se réjouir qu'un idéal aussi extraordinaire ait pu dégénérer jusqu'à l'absurde ?
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Où la paresse est expressément reconnue comme la marque première du sérieux de l'écrivain...

La dernière pensée de M. Mouse vaut qu'on s'y arrête. C'est l'écrivain en lui qui a parlé. Mr Mouse ne tergiverse pas quand cette voix se lève au fond de lui ; malgré l'apparente modestie des sujets esquissés, c'est l'écrivain qui commande, désormais.
La voix lui dit à peu près :
- Ce n'est pas tout d'écrire. Il faut, pour nommer les couleurs des jours, apprendre à perdre un peu de temps. L'activité fébrile éloigne du talent.
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Les heures sont ce que nous en faisons. Elles sont magiques. Elles nous inventent, et sont d'autant plus notre propriété qu'elles ne nous appartiennent pas.
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Je sais que je les aime parce que je pense à eux tout le temps. Je sais que je suis heureux parce que je m'inquiète pour eux tout le temps.
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Le malheur, c'est de perdre quelqu'un. Le bonheur, c'est d'avoir quelqu'un à perdre.
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On croit que l'on fait vivre des choses aux enfants, mais c'est l'inverse.
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C'est beau, l'abandon des enfants. Mais elle est belle aussi la crispation extrême des vieillards. Ils vont quitter la vie, tout ce que fut la vie. Et la vie est immense, et ils s'y noient, et ils ont peur.
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C'est le regard qui fait le monde.
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Il y a des jours où l'on pourrait presque.
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Un îlot d'amitié, à l'abri de la pluie, à l'abri de l'attente, à l'abri de l'absence d'attente, à la marge du temps.
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Penser à la mélancolie possible de l'autre. Il n'y a pas de façon plus forte de connaître, d'aimer, mais c'est quelque fois un tel poids.
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Toujours étonnant de voir quelqu'un courir, même s'il n'est pas du tout sportif. Stupéfiant comme chacun a sa foulée. Un équilibre corporel si singulier qu'il semble révélateur d'autre chose, d'une vérité intérieure, accentuée le plus souvent par l'image de la souffrance.
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À soixante ans on a franchi depuis longtemps le solstice d'été.
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