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Citations de Philippe Djian (948)


Le golfe qui s’étendait derrière nous, de la côte espagnole à l’horizon, figurait un pur écrin illuminé d’améthystes, de saphirs, de turquoises, etc. Ernesto se promenait souvent par ici. Je veux dire Ernest Hemingway se promenait souvent par ici. Il répétait qu’il n’existait aucun meilleur endroit au monde pour un écrivain. Il exagérait à peine. Il venait régulièrement dans ce coin en compagnie d’une de mes tantes, ramasser des cèpes et faire la sieste sous les chênes et les châtaigniers séculaires. Ce fier gaillard.
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Il faisait bon, nous n’avions pas encore allumé le chauffage. Entre parenthèses, mieux valait habiter au sud quand on voyait ce qui arrivait, la note de la facture énergétique – mieux valait passer l’hiver avec une bûche que d’avoir à brûler une montagne de bois. Le Pays basque faisait partie des bonnes solutions. Le pays était beau, l’herbe était verte, les vaches étaient les mêmes qu’en Suisse. Il y avait des coins où l’on pouvait pêcher la truite arc-en-ciel dans l’ombre de magnifiques sous-bois – à condition d’avoir bien préparé ses mouches – tandis qu’au-delà s’étendait l’océan – et son armée de surfeuses nubiles dans leurs maillots Eres. On pouvait préférer la Corse. Ou quelques villages sur la Côte, mais c’était bien tout. A la rigueur les rives du lac de Garde. Les coins n’étaient pas si nombreux.
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Je me demande parfois jusqu'où ira ma curiosité. Dès qu'une porte s'ouvre, je me précipite. Où donc ce tunnel obscur me mène-t-il encore me dis-je, c'est plus fort que moi.
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J'espère qu'il souffre. Comme souffriront tout un tas de gens si jamais il parvient à implanter son parc d'attractions sur les terrains de Gaby. J'espère que chaque pas est une douleur.
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Le sexe se cache toujours quelque part. Je le sais. Il est toujours là, il le restera, c'est lui qui mène la danse. Je le sais. Je le croise à chaque fois dans mon métier, Je le sais et pourtant ça ne m'a pas effleuré.
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Le plus dur, ici, ce n’est pas d’être noir, ou arabe, ou chinois, le plus dur, c’est d’être une femme seule. Soit tu es une proie, soit tu restes chez toi à tourner en rond. C’est pour ça que j’ai couché avec ce type […] Si tu savais l’angoisse que j’avais avant de venir, embraya Marlène. Je n’avais plus rien. Quand je dis qu’il m’a mise à la porte, je veux dire qu’il a pris mes affaires et les a jetées par la fenêtre. […] la jalousie le rendait fou […] J’ai vécu un véritable enfer avec lui.
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Dans le hall d'entrée, il croisa Claudie qui venait ouvrir le cabinet et celle-ci, encore toute choquée, lui expliqua qu'un type sur le trottoir, planté devant la maison, l'avait tout à coup, sans raison, prise à partie et injuriée alors qu'elle lui demandait aimablement si elle pouvait le remercier.
La moitié de la population de cette planète est folle, déclara-t-il.
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Après sa réunion, il ira faire un tour en ville. Son père l'a toujours entretenu dans l'idée qu'il ne fallait pas perdre le contact avec les gens, qu'il fallait cultiver la proximité avec le citoyen, alors il ira faire quelques boîtes, quelques bars avant d'envisager son retour.
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On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif, n'est-ce pas.
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Chacun choisissait ses chaînes, mais elle, sans aucun doute, avait fait le mauvais choix, ses chaînes n'étaient qu'un fardeau, une charge inutile et supplémentaire qu'elle portait à bout de bras. Pas une seconde elle n'avait rêvé d'être dentiste, elle n'en avait jamais eu envie, jamais. Elle y avait pourtant consacré la moitié de son temps, des milliers d'heures, la moitié de sa vie. Une telle aberration demeurait un parfait mystère. Il y avait en elle une partie un peu dure à la détente, qu'elle méprisait de tout son cœur.
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En y repensant, de retour dans l'appartement vide, il resta surpris de la rapidité avec laquelle le feu avait pris et avec quelle intensité. Ils s'étaient fait mal, l'un et l'autre, ils s'étaient dit des choses terribles, des choses blessantes, comme s'ils avaient été aspirés dans un tourbillon de noirceurs, un mot en entraînant un autre.
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Marc trouvait qu'il avait encore de l'allure pour un homme de son âge. Ça ne donnait pas envie de vieillir plus vite, mais ça rendait la chose moins terrifiante.
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J'ai été présomptueux, rien d'autre, et je le paye aujourd'hui J'ai attendu d'avoir soixante ans pour le comprendre, j'ai fait comme si je ne voyais pas le problème.
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Elle sera au courant de rien, dit-il. Bien entendu, non mais attends, bien entendu, quelle idée, je vis avec elle, je vais pas risquer d'empoisonner l'ambiance.
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Je suis resté assis un moment, essayant de refaire connaissance avec la solitude et méditant sur la douleur. Quand je me suis levé, le lune en faisait autant.
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Quand on a le choix entre agir ou subir, il faut pas toujours se précipiter sur la première solution, sinon ça devient vite fatiguant.
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Ça m'arrive de pas céder à mes envies, ça me donne la sensation d'être un peu libre.
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En tant qu'écrivain, j'avais pas encore obtenu la gloire. En tant que vendeur de pianos, je voulais essayer de pas me ramasser. Je misais sur le fait que la vie peut pas briser tous vos élans.
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J'ai jamais oublié le regard qu'elle m'a lancé à ce moment-là, mais j'ai aucun mérite, je suis fait comme ça, j'ai une bonne mémoire des couleurs.
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Si j'y avais pensé, j'aurais été nettoyé sur place, mais le saint qui protège les types en train de rêver a veillé, j'ai pas été dérangé par les idées noires.
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