Je vais commencer par cette phrase, désormais culte et enseignée dans les universités, « Bon, on va pas se mentir, les policiers, ça me gonfle… »
Ceci posé, je te raconte ce que j’ai pensé de ce roman.
Court.
Le roman, je veux dire. T’en prends pour 218 pages, et il fayote un peu à la fin, genre merci à M’sieur Maravélias qui a fait pour moi beaucoup plus que d’autres qui n’ont rien fait du tout.
C’est beau.
J’ai presque eu la larme à l’œil.
Au moment où il sort chez Jigal, il est nouveau. Pas connu encore des réseaux sociaux. Jigal, il semblerait qu’il ait le nez pour trouver des auteurs qui envoient du lourd.
Le pitch, vite fait.
Franck. Il est flic. Déjà, ça m’énerve un peu, mais bon, c’est le début du roman, alors je fais abstraction de mon énervement. On est pile poil dans ces bouquins que j’achetais avant de prendre le train dans les années 80. Ça me rappelle des souvenirs, et c’est bien.
Franck, il doit chopper le mec qui vend de la drogue dans toute la cité. Alors Franck il planque (c’est comme ça qu’on dit) dans sa bagnole avec son collègue. Et il se fait chier.
Grave.
Alors il va jouer un peu aux cartes (pas à la bataille, au poker), et il perd. C’est ballot. En plus, il a pas de thune pour payer ses dettes. Ça aussi c’est ballot.
Serge. Il est à la retraite. Il est un peu amoureux de la serveuse du bar où il va boire des coups, et comme elle lui sourit, il tombe. Ça arrive tout le temps. Quand elles sourient, on tombe.
José et Carlos. Deux frères. Ils vendent de la drogue. C’est pas bien.
Un jour, ou un soir, je sais plus, Serge aperçoit une marque sur le visage de Janis. Janis, c’est la fille. La serveuse. Suis un peu. Alors Serge il décide qu’il va la protéger.
Voilà.
J’ai pas trop dit.
Des polars, j’en ai lu plusieurs. Comme je t’ai dit, c’était mon truc quand je prenais le train. Ça se lit vite, ça s’oublie vite, mais tu passes un bon moment.
C’est le but.
Le mec, il te raconte une histoire, et toi tu tournes les pages.
Philippe Hauret, il a rien inventé. En revanche, il s’est fait plaisir, et ça se sent, parce que ça m’a fait plaisir aussi. Oublie pas un truc. C’est son premier roman. Et franchement, tout est plutôt bien mené. L’intrigue se tient, et on est vraiment dans ces bouquins noirs et jaunes que je collectionne nerveusement. Tu te souviens ? Avec ces titres tirés du réel, genre « La môme vert-de-gris » ou « Cet homme est dangereux »…
Je dis pas que Philippe Hauret est le nouveau Peter Cheyney, c’est parce que ce sont les deux premiers parus à « La série noire ».
J’ai bien aimé ces destins qui se croisent. Ces petits destins de gens tout petits que tu as sûrement croisés au petit bistrot hier matin, quand t’as pas fait gaffe que la serveuse elle avait plus de fond de teint que d’habitude.
Le style…
J’aurais aimé qu’il se lâche un peu plus, mais, encore une fois, c’est son premier roman. Et puis récupérer un vers de Louise Labé pour en faire une histoire, c’est bien. Arriver à tirer le portrait de ces existences perdues, pour te les rendre presque sympathiques, c’est bien aussi.
Comme tu vois, pas de twist hallucinant, pas de vocabulaire dictionnariant, juste tu lis et tu te fais plaize.
La vie pour de vrai, en quelque sorte, et ça change de ces romans compliqués où tu dois relire les phrases pour ne pas te perdre.
« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie. »
Certains ont dit qu’elle n’avait pas existé.
Philippe Hauret, il existe.
J’ai vu sa photo.
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