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Critiques de Philippe Hauret (77)
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Je suis un guépard

Je suis un guépard – Philippe HAURET aux Editions Jigal polar

ISBN 978-2-37722-099-1





4ème de couverture :

Le jour, Lino, employé anonyme d’une grosse boîte, trime sans passion au 37e étage d’une tour parisienne. La nuit, dans son studio miteux, il cogite, désespère, noircit des pages blanches et se rêve écrivain…



Un peu plus loin, Jessica arpente les rues, fait la manche et lutte chaque jour pour survivre.



Deux âmes perdues qui ne vont pas tarder à se télescoper et tenter de s’apprivoiser, entre désir, scrupule, débrouille et désillusion…



Jusqu’au jour où Jessica fait la connaissance de Melvin, un jeune et riche businessman qui s’ennuie ferme au bras de la somptueuse Charlène.



Deux univers vont alors s’entremêler pour le meilleur et surtout pour le pire…





L’histoire :

Le service militaire à une époque où il existait encore. Lino et son pote Tony. Deux jeunes plein de rêves et de projets. L’un veut être écrivain, l’autre pâtissier. Des manœuvres à la con pendant les classes, un accident, et des rêves qui tournent court.

Lino sera alors classifié P4 et rendu à la vie civile.

Changé à tout jamais.



Nous le retrouvons dans un job banal, enfermé pour la journée dans une des tours de La Défense.

Son exutoire à cette vie monotone, lui qui a été avalé par ce système qu’il exècre, comme des milliers d’autres, ce système déshumanisé, c’est l’écriture (puis il y a l’alcool aussi).

Le soir, lorsqu’il retrouve son studio, via son traitement de texte, il offre à ses héros la vengeance à son quotidien étouffant, celle à laquelle il aspire et leur permet de briller, faute de briller lui-même.

Un soir, devant son palier il trouve une SDF, et alors son quotidien va être chamboulé. Irrémédiablement.



Extrait page 35 :

« Ce fût l’odeur du café qui le réveilla.

Elle était assise dans la cuisine, habillée, coiffée, maquillée, ses joues avaient légèrement dégonflé. A la découvrir ainsi débarrassée des stigmates de la rue, Lino avait l’impression d’avoir affaire à une autre personne. La belle derrière la bête, un truc dans le genre. »



La cohabitation « charitable » va prendre une tournure plus charnelle. Elle lui fait du bien cette fille. Lui donne envie de s’ouvrir aux autres. De croire à quelque chose.

Mais elle fait partie de ce peuple de délaissés, abandonné par la société. Elle n’est que colère contre ce système qui l’a laissé de côté. Elle gronde, mord et bouillonne.

Il faut dire que cette colère a des raisons d’exister : une famille en miettes, un père violent. La mère partie depuis longtemps. Le père lui en veut, à elle. Un soir, la raclée de trop. Tel un guépard elle va fuir pour survivre. Finalement son père termine au gnouf et elle en famille d’accueil. Une gentille famille. Mais elle n’est plus capable de vivre « normalement ». A 18 ans elle taille la route. Tente le boulot, mais les contraintes, non sans façon. Et c’est comme ça qu’elle se retrouve à faire la manche. Et finalement devant la porte de Lino.



Extrait page 44 :

« - Dis-moi, Lino, c’est quoi ton rêve ? Gratter toute la journée et t’offrir un restau chinois en fin de mois ? Voir la mer une semaine par an, être en règle avec les impôts ? On t’a pas dit que la vie est courte, imprévisible et dangereuse ? Moi, je veux pas de ce type de contrat en bois. Tu saisis ? Je rentrerai jamais dans leur système. Je les emmerde. Je préfère la rue plutôt que de bosser pour une misère. »



Une envie de weekend et de voir la mer exprimée par Jessica, voilà lino qui « emprunte » de l’argent à sa Sté. Il veut faire plaisir à son impatiente. Apaiser cette colère en elle.

Cet « Emprunt » coûtera sa place à la jeune mère célibataire responsable du coffre. Lino sentira le poids de la culpabilité peser.



Un jour un portefeuille tombe d’une poche devant Jessica. Elle le ramasse et garde la somme importante qu’il contient. Sans état d’âme elle va ensuite le restituer à son propriétaire. Le jeune homme possède des boutiques de fringues de créateurs et lui offre un job. Il s’agit de Melvin, qui s’ennuie dans sa vie. Le charme sauvage de Jessica l’a mordu au cœur. Il a pourtant à ses côté une femme sublime.



Jessica doit composer pour rentrer dans le moule d’un milieu qui n’est pas le sien. Et faire face aux contraintes liées à un emploi. Puis toutes ces belles choses… Que de tentations.



Melvin va inviter le couple Jessica – Lino à un dîner. Lino ne se sent pas à sa place. Jessica et sa franchise s’y font remarquer. C’est que les amis de Melvin n’ont pas la même vision du monde qu’elle. Ce côté sans-filtre plait de plus en plus à Melvin qui les convie à une partie de chasse dans sa résidence secondaire. Il faut dire que Jessica lui laisse à penser qu’il a ses chances…



Mais l’on n’apprivoise pas un animal sauvage. Surtout lorsqu’il a été irrémédiablement blessé.

Lino comme Melvin en feront les frais.



Un roman noir et dense. Des êtres écorchés vifs. Une peinture sociale sans concession. Bravo Philippe ! Un très bon moment de lecture.





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Que dieu me pardonne

Ca n'engage que moi : J'aime beaucoup les romans de l'auteur. Je trouve sa façon de raconter les histoires uniques. Entre humour, amour, violences, meurtres, désolation et bienveillance, il trouve toujours une forme d'optimisme à ses récits. Et celui-ci ne déroge pas.

Alors, certes, les thèmes abordés sont récurrents - violence, psychopathie, mensonges - mais sous la plume de Philippe HAURET c'est différent.... je reste fan inconditionnelle.

Je vous conseille vivement de vous lancer dans la lecture des livres de cet auteur, vous ne serez pas déçu.

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Ange

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Jigal polar pour l'envoi de ce livre.

Nous suivons dans ce roman, Ange et son accolyte à travers de nombreuses péripéties. Aux premiers chapitres, j'ai quand même eu peur de ne pas arriver au bout... Le portrait dressé d'ange, veut laisser paraître (je suppose), l'image d'une femme forte, indépendante et courageuse, malheureusement j'ai plutôt ressenti l'effet d'une femme sans amour-propre, dénuée de jugeote et orgueilleuse. C'est dommage car j'imaginais un discours presque féministe en lisant le résumé et finalement les premières pages ont une plume à la limite de la misogynie. Malgré tout, j'ai réussi à prendre de la hauteur au fil des chapitres, il y a une bonne dynamique tout au long du roman, on découvre des personnages qui sont amenés comme si nous les connaissions depuis le début et intègrent subtilement la vie des protagonistes principaux malgré que la subtilité ne soit pas le maître mot du livre (Cyril Hanana et Laurent Lutier ...). J'ai bien apprécié aussi l'humour amené par l'absurdité de l'histoire, ces anti-héros avaient tout pour plaire ou déplaire !!

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En moi le venin

Toujours un plaisir de retrouver Mattis qui au fil des livres enchaîne les événements de vie dramatiques et que l’auteur nous retranscrit la noirceur avec une plume qui frôle le poétique.



Il joue parfaitement avec les émotions du lecteur. On alterne entre la puissance et les faiblesses.



Mattis a laissé derrière lui son métier de flic, et va pourtant se retrouver face à des personnes qui appartiennent à sa jeunesse et qui vont l’entraîner dans les profondeurs de la nuit.



Et oui cet environnement mêlant, ambiance de club, la drogue et la prostitution non choisie.



Des thèmes qui mettent en lumière le désastre d’une certaine spirale infernale qui peut mener en prison ou à la mort.



Mais aussi, sont également mis en avant, l’amour, la famille, les faiblesses et le deuil. Mattis a ses blessures qui peuvent se rouvrir à tout moment. Il surfe entre la noirceur et la lumière de l’âme humaine.



Des personnages qui ont pour point commun d’avoir un parcours de vie soit borderline soit en marge et qui pourtant vivent au sein d’une société qui paraît sans envergure. La vie ou l’amour peut faire ressortir le meilleur ou le pire d’entre nous.



Le tout saupoudré très habilement de politique à travers une campagne d’un candidat très concentré sur sa personne. Vous mélangez l’ensemble et vous obtenez un roman très noir, sociétal.



J’ai été triste et émue par la fin, un livre qui me marquera un moment. Une puissance se dégage des romans de l’auteur. J’ai savouré ma lecture malgré l’avoir lu très rapidement.



A chaque livre une histoire, une sensibilité face à une âme et derrière, un passé et une histoire.



J’apprécie toujours autant les différents axes choisis par l’auteur afin de nous embarquer aux côtés de ses personnages hauts en noirceur, et pourtant l’espoir de la vie perdure avec le rayon de soleil qui pointe toujours…
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Je suis un guépard

La richesse et la pauvreté se méprisent.



L’une craint que la seconde soit contagieuse. L’autre ne pense qu’à prendre la place de la première. A trop être différent, on en perd l’acceptation et la tolérance et à travers ce roman, Philippe Hauret donne une exacte définition de cette incompréhension de classes.



Les individus de « Je suis un guépard » semblent ne pas être à leur place, quelle qu’elle soit. Argent, réussite ou amour paraissent ne pas apporter suffisamment de bonheur. Aucun d’entre eux n’accepte sa destinée.



Il faut dire que Philippe Hauret a fait le choix de faire s’entrechoquer deux mondes radicalement opposés et qu’inéluctablement, l’abîme entre ces deux univers se creuse davantage après avoir tenté de se rapprocher. Les hommes, paraît-il, naissent égaux…



Une bonne part de ce roman fait se poser des questions sur son objectif et son ambition. Les individus n’y sont pas très séduisants, je les accuse même d’un défaut d’épaisseur, d’une certaine mollesse qui à la fois agace et repose.



Rien n’y transparaît si ce n’est un inéluctable choc des cultures et la presque lenteur du texte rend une partie du récit légèrement monotone.



Mais une partie seulement car soudain, tout s’accélère. Presque trop vite. Sans avoir préparé le lecteur à ce sursaut qui pourtant, était inévitable.



La machine lancée, plus rien ne peut l’arrêter et tout prend son sens.



Le titre fait entrevoir le beau et le tragique dans le commun. Il n’existe plus ni banalité ni monotonie car Philippe Hauret donne enfin chair à ses personnages. Il écrit leurs destins, il les fait vivre intensément, brise leurs espoirs ou réalise leurs rêves. Il fait d’eux des égoïstes ou des opportunistes. Des gagnants et des perdants.



« Je suis un guépard » n’est pas un roman fait de violence mais un conte sociétal noir sur la place de chacun. Un échiquier où la reine se fait prendre par son cavalier avant de chuter du haut de sa tour.



Des fragments de vies comme il en existe tant mais racontés avec talent.




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Je suis un guépard



" Je suis un guépard" de Philippe Hauret est un roman court mais assez dense. Lino, Jessica ou Melvin ne sont pas satisfaits de ce qu'ils vivent à juste titre ou pas. L'auteur, par petites touches, suit ces personnages qui se rejoignent pour quelquefois mieux se détacher.



J'ai beaucoup apprécié l'approche sociale que l'on retrouve souvent chez Jigal. Philippe Hauret sait plonger le lecteur dans l'ambiance de ses personnages, traçant leur quotidien et leur état d'esprit.



"... Ils avaient pleinement conscience de la médiocrité de leur vie, se doutaient qu'ils pourraient disparaître du jour au lendemain sans que personne ne s'en émeuve, mais pas le choix, il fallait continuer, car au moindre écart, la bête risquait de les avaler. Une absence prolongée, un retard de paiement et le frigo se vidait, la lumière se coupait, le logement sautait."



L'histoire est pleine de surprise car je ne savais jamais ce que les protagonistes allaient décider de faire. Leurs réactions sont vives et inattendues. Cela donne un rythme original à ce roman.



Par contre, j'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour un des héros que je ne citerais pas pour ne pas divulguer l'intrigue. Ainsi la fin est très particulière et j'aurais aimé en savoir davantage sur les motivations et les conséquences des actes de chacun des personnages.



J'ai été séduite par l'écriture, alerte et directe. L'auteur est habile dans le choix du mot juste pour désigner une situation ou une réaction. Cela contribue d'ailleurs à rendre ce livre attachant. Les dialogues sont bien maîtrisés voire même savoureux.



De plus Philippe Hauret fait réfléchir sur les fragilités de l'existence et sur les effets de l'indifférence de notre société. L'absurdité de la vie est parfois décrite simplement mais de manière efficace.



" Lino sortit du métro, s'étonnant que les gens fassent comme si de rien n'était. Pourtant un homme venait de mourir sous leurs pieds. C'était donc ça la règle, on pouvait crever sans que cela ne trouble personne. Quelle vie absurde..."



" Je suis un guépard" m'a fait passer un moment agréable mais je déplore quand même une fin trop brusque car j'attendais d'en savoir plus sur l'ensemble des personnages. Dans une suite peut-être?
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Que dieu me pardonne

L’écurie, on la connaît, les éditions Jigal, du polar rien que du polar. Philippe Hauret, on le connaît aussi avec son premier roman Je vis, je meurs. On s’était d’ailleurs noté avec les trois petits points qui sont fait pour A suivre… Ce n’est pas le à suivre de au suivant, on passe à autre chose non c’est le à suivre de à repérer la sortie du prochain. Il est là.



Si l’on adopte un ton alerte c’est essentiellement pour éviter de trop assombrir notre propos. Pour tout vous dire on a dû faire fausse route. Comment est-ce arrivé ? Une intersection ratée dans cette banlieue entre la cité et le quartier résidentiel. Est-ce le manichéisme introduit par l’auteur qui a détraqué notre intêret pour cette histoire ? Pourtant les récits contrastés mettant en opposition le nanti au pauvre, le gentil flic à son collègue patibulaire sont légion. Sont-ce les réactions et les actes surprenants de certains personnages qui font perdre sa crédibilité au récit ? Pourtant l’auteur semble baigner dans un univers qu’il affectionne et dont il a les clés. Alors ? Un court résumé s’impose : le flic Mattis est de ceux - au contraire de Dan - qui préfère la prévention à la repression. Ainsi il propose à Kader de bosser chez Rayan - une façon pour les deux de racheter leurs écarts. Vont entrer en scène la belle Melissa et Dan le facho. Quand l’épouse de Rayan est retrouvée morte dans sa piscine rien ne va plus.



Bien sûr nous avons apprécié l’aspect sociétal, le rejet des préjugés - le mauvais gars est-il vraiment celui que l’on pense ?-, la magnanimité de l’un, le désir de trouver sa voie, de se faire une place des autres, autant de fils que l’auteur démèle aisément avec son style direct et tendu. Sans être préparés on est prêt à accepter la posture de Kader qui du statut de kaïra passe à celui de victime quasi exemplaire. Oui Kader est un personnage intéressant - on ne dira pas attachant - tout comme l’est Mattis qui tisse des liens tout à fait inédits avec ses clients. Mais que dire de Mélissa, la douce rêveuse qui cherche plus la fuite par tous les moyens possibles que l’affection dont elle manque. Dans le rayon des êtres épouvantables nous avons Rayan et Dan. Psychopathe mystique, le premier puise sa folie dans un passé douloureux, l’autre se satisfait de sa xénophobie débordante. C’est dans les interactions entre certains personnages que nous avons remarqué des interférences ainsi que dans certaines situations incongrues - un problème de connexion. A ce stade de notre chronique nous conseillons au lecteur qui souhaite éviter le spoil d’en rester là. Pour les autres, c’est un peu plus bas*.



Alors que ce roman semble avoir enthousiasmé de nombreux lecteurs, chroniqueurs, nous ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain mais émettons des réserves sur certains éléments (ce ne sont pas que des détails) de cette fiction noire. Peut-être n’avons-nous pas su nous laisser porter par son rythme et son ambiance qui, avouons-le, est l’un de ses points forts mais qui auraient peut-être engourdis notre attention. Ceci explique-t-il cela ? Lorsqu’une lecture est interrompue par des questionnements intempestifs, il est fort à parier que le ressenti final ne soit pas franchement positif. Désormais nous invoquons le ciel pour qu’il ne nous tombe pas sur la tête puisque Dieu est de la partie. Dans Que Dieu me pardonne nous retrouvons Mattis le flic désenchanté de Je vis je meurs. Cette fois-ci nous n’avons pas pu le suivre et, entre la barre d’immeuble et la villa de luxe, avons fini dans une impasse. Fatale. Nous vous souhaitons de trouver la bonne voie…



Mention : Le titre choisi était-il prémonitoire ?

*Penny est mon assistante et amie. Elle intervient en introduction de mes chroniques.



« Que Dieu me pardonne », Philippe Hauret, éditions Jigal, parution : mai 2017, 208 pages.



* Il nous est très difficile d’accepter que Mélissa sombre dans les bras de Rayan après les événements précédents. Tout comme nous avons du mal à admettre que cette jeune fille qui rêve de fuir l’univers qui l’entoure se laisse attirer par Kader le délinquant - même s’il montre son désir de changement. Il est vrai que nous ne nous chauffons pas du même bois.

De plus, comment peut-on accepter que Rayan organise un raout d’enfer dans son parc en invitant ses amis - et que ceux-ci y participent - alors que son épouse vient de mourir.

Peu d’enquête, le récit s’intéresse aux personnages. Mais il y a une morte, on l’oublie presque.

Dan représente l’anti Mattis… et c’est tout. Qu’apporte-t-il de plus ? Ici le dualisme nous a semblé trop lourd, superflu.

Par contre Mattis et Kader, les personnages centraux, assument un rôle irréprochable du début à la fin du récit. C’est sur eux que repose l’équilibre du roman.
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Je vis je meurs

Je vais commencer par cette phrase, désormais culte et enseignée dans les universités, « Bon, on va pas se mentir, les policiers, ça me gonfle… »

Ceci posé, je te raconte ce que j’ai pensé de ce roman.

Court.

Le roman, je veux dire. T’en prends pour 218 pages, et il fayote un peu à la fin, genre merci à M’sieur Maravélias qui a fait pour moi beaucoup plus que d’autres qui n’ont rien fait du tout.

C’est beau.

J’ai presque eu la larme à l’œil.

Au moment où il sort chez Jigal, il est nouveau. Pas connu encore des réseaux sociaux. Jigal, il semblerait qu’il ait le nez pour trouver des auteurs qui envoient du lourd.

Le pitch, vite fait.

Franck. Il est flic. Déjà, ça m’énerve un peu, mais bon, c’est le début du roman, alors je fais abstraction de mon énervement. On est pile poil dans ces bouquins que j’achetais avant de prendre le train dans les années 80. Ça me rappelle des souvenirs, et c’est bien.

Franck, il doit chopper le mec qui vend de la drogue dans toute la cité. Alors Franck il planque (c’est comme ça qu’on dit) dans sa bagnole avec son collègue. Et il se fait chier.

Grave.

Alors il va jouer un peu aux cartes (pas à la bataille, au poker), et il perd. C’est ballot. En plus, il a pas de thune pour payer ses dettes. Ça aussi c’est ballot.

Serge. Il est à la retraite. Il est un peu amoureux de la serveuse du bar où il va boire des coups, et comme elle lui sourit, il tombe. Ça arrive tout le temps. Quand elles sourient, on tombe.

José et Carlos. Deux frères. Ils vendent de la drogue. C’est pas bien.

Un jour, ou un soir, je sais plus, Serge aperçoit une marque sur le visage de Janis. Janis, c’est la fille. La serveuse. Suis un peu. Alors Serge il décide qu’il va la protéger.

Voilà.

J’ai pas trop dit.

Des polars, j’en ai lu plusieurs. Comme je t’ai dit, c’était mon truc quand je prenais le train. Ça se lit vite, ça s’oublie vite, mais tu passes un bon moment.

C’est le but.

Le mec, il te raconte une histoire, et toi tu tournes les pages.

Philippe Hauret, il a rien inventé. En revanche, il s’est fait plaisir, et ça se sent, parce que ça m’a fait plaisir aussi. Oublie pas un truc. C’est son premier roman. Et franchement, tout est plutôt bien mené. L’intrigue se tient, et on est vraiment dans ces bouquins noirs et jaunes que je collectionne nerveusement. Tu te souviens ? Avec ces titres tirés du réel, genre « La môme vert-de-gris » ou « Cet homme est dangereux »…

Je dis pas que Philippe Hauret est le nouveau Peter Cheyney, c’est parce que ce sont les deux premiers parus à « La série noire ».

J’ai bien aimé ces destins qui se croisent. Ces petits destins de gens tout petits que tu as sûrement croisés au petit bistrot hier matin, quand t’as pas fait gaffe que la serveuse elle avait plus de fond de teint que d’habitude.

Le style…

J’aurais aimé qu’il se lâche un peu plus, mais, encore une fois, c’est son premier roman. Et puis récupérer un vers de Louise Labé pour en faire une histoire, c’est bien. Arriver à tirer le portrait de ces existences perdues, pour te les rendre presque sympathiques, c’est bien aussi.

Comme tu vois, pas de twist hallucinant, pas de vocabulaire dictionnariant, juste tu lis et tu te fais plaize.

La vie pour de vrai, en quelque sorte, et ça change de ces romans compliqués où tu dois relire les phrases pour ne pas te perdre.

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;

J’ai chaud extrême en endurant froidure :

La vie m’est trop molle et trop dure.

J’ai grands ennuis entremêlés de joie. »

Certains ont dit qu’elle n’avait pas existé.

Philippe Hauret, il existe.

J’ai vu sa photo.


Lien : http://leslivresdelie.org
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Que dieu me pardonne

Une histoire de rédemption, pourquoi pas si l’on s’en tient au titre. Au départ, c’est très manichéen, avec un duo de flics que tout oppose (Good cop / Bad cop), des riches et des pauvres, de belles villas et une cité, des bons et des moins bons… Tout ce petit monde se côtoie et se supporte tant bien que mal avant de s’affronter. Les méchants et les innocents en feront les frais et seuls survivront ceux dont les capacités d’adaptation étaient les plus fortes. Ce n’est pas mal fait et cela se lit jusqu’à la fin, mais c’est malheureusement un peu facile et téléphoné. Pour ma part, je ne suis pas vraiment parvenu à entrer ni dans l’intrigue ni dans les personnages, très stéréotypés. La quatrième de couverture fait référence à Daeninckx, Manchette et Thomson… n’exagérons rien !
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Que dieu me pardonne

Retour de Franck Mattis après Je vis je meurs, en meilleure forme. Un bon flic, sympa qui tente de faire son boulot au mieux, en respectant collègues et usagers, même les gens qu'il interroge. Toujours en questionnement sur sa vie privée, sa compagne Carole voulant un enfant, lui hésitant.



Philippe Hauret écrit un polar atypique, puisqu'il n'y a pas vraiment d'enquête, juste des gens qui vivent les uns à côté des autres, se croisent. Ils auraient pu se contenter de cela s'il n'y avait eu un petit coup de pouce du destin qui va les faire se fréquenter pour diverses raisons, pas toujours les bonnes. Un roman noir pas que noir. Il y a en lui des parcelles d'espoir, de l'optimisme, même si parfois icelui peut-être mis à mal. Des personnages crédibles, assez réalistes dans une histoire qui peut le paraître moins mais qui pour autant est très bien de bout en bout. Le flic facho est par exemple un type de personnage qu'on ne trouve pas beaucoup dans le polar alors que l'on sait que beaucoup de policiers votent FN : "Il ne pouvait plus supporter la xénophobie qui contaminait petit à petit les rangs de la police. [...] Les conditions de travail se durcissaient, la délinquance explosait, et la paie ne suivait pas. Ce qui rendait ses collègues toujours plus désabusés et nerveux." (p.27).



Philippe Hauret, sans être angélique, se place dans la position de l'écrivain défenseur des faibles, ses "méchants" sont les nantis, les riches et arrogants qui croient que tout s'obtient avec le pouvoir et l'argent, ses héros sympas sont les petits. Par exemple, lorsque Franck arrête un jeune Rom cambrioleur : "Trimballé depuis l'enfance d'un camp de fortune boueux à un autre, des planches en guise de murs, avec pour seul chauffage un poêle bricolé qui diminuait votre espérance de vie à chaque respiration. Un matelas humide, la saleté, les rats parfois, souvent même. La manche à la place de l'école, mais toujours sans un rond, tellement les sommes ramassées se révèlent dérisoires. Et les années passent, l'enfant grandit, sevré de tout, la tête vide de culture, d'éducation, d'hygiène et d'estime de soi-même." (p.25) C'est sans doute ce parti pris qui donne le ton positif au bouquin, on sent que dans les mots du romancier, il y a de l'espoir pour peu que l'on regarde le monde différemment, non plus comme on veut bien nous le montrer, mais avec nos yeux à nous, dépollués.



Une lecture qui fait du bien, même si tout n'est pas rose, un point de vue original dans une histoire qui ne l'est pas moins.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Que dieu me pardonne

Voilà, j'ai terminé Dieu me pardonne de Philippe avec la même impression qu'avec Je vis, je meurs. Des destins qui s'entrecroisent, des milieux sociaux qui se toisent et parfois se rencontrent, des personnages ni tout blancs, ni tout noirs, des réflexions très fines sur les temps actuels, une bonne intrigue mais surtout, la plume sensible de Philippe, je dirais à certains moments, féminine. Un seul bémol: que l'auteur nous fasse des bouquins plus gros. En effet, on s'attache aux personnages et on ressent un manque sitôt la dernière page tournée.

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Que dieu me pardonne

Le lieutenant Franck Mattis, qui veut toujours venir au secours de son prochain, décide d'aider Kader, un petit délinquant de cité. Pour cela, il impose à Rayan Martel, un riche rentier, qui se croit au dessus des lois, de prendre Kader, pour faire des petits boulots sur sa propriété pendant un mois. Il espère ainsi que Kader prendra goût au travail et sortira de la spirale de la délinquance.

Sauf que Rayan Martel et tout sauf sain d'esprit et la vie de Kader va prendre une bien mauvaise tournure à cause de ce travail imposé.



Dans ce roman les univers s'opposent : d'un côté des jeunes d'une cité, désœuvrés, désabusés et qui trempent dans le petite délinquance. D'un autre Rayan Martel, qui est tellement riche qu'il s'ennuie également parce qu'il a tout ce qu'il veut. Au milieu le policier Franck Mattis, qui croit en la rédemption, et qui veut que tout le monde est une chance de s'en sortir. Il doit aussi gérer sa compagne qui veut un enfant à tout prix, et un équipier raciste et extrémiste.

On se rend compte que Franck malgré ses bonnes intentions va être à l'origine de toute l'intrigue du roman, c'est à cause de sa décision que la situation pourtant simple bascule complètement.

Tous les personnages de ce roman vacillent entre colère, frustration et désillusion.



L'auteur mène une intrigue brillante, qui a beaucoup de rebondissements. Il exploite la personnalité de ses personnages en les rendant particulièrement odieux ou touchants.

Le roman, assez court se lit très rapidement.



Je ne peux que le recommande
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Je suis un guépard

Lino est dans sa routine parisienne. Une forme de métro boulot dodo. Un quotidien morne et triste. Il écrit de temps en temps mais sans parvenir à sortir de sa léthargie. Non loin de là dans Paris, Jessica se retrouve à la rue et doit trouver un endroit rapidement pour dormir en sécurité. Ces deux-là vont finir par se croiser et l’intrigue va pouvoir décoller.

Philippe Hauret campe un roman bien noir. Un roman dans la veine des polars où les personnages s’opposent au fonctionnement de la société mais ne peuvent en réalité que subirent les affres de cette dernière. Les inégalités, la violence sociale, le sens donné au travail. Autant de questionnements que l’on retrouve dans les dialogues sans tomber dans le cliché. L’écriture est concise tout comme les chapitres et le livre est prenant. Un très bon bouquin.
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Ange

Ce récit m'a laissée quelque peu perplexe. Notre héroïne, qui est décrite comme une femme indépendante et forte, m'a parue plutôt matérialiste et stupide. Les événements s'enchainent et on se demande où elle a laissé son cerveau. Ca se laisse lire, c'est divertissant mais complètement invraisemblable. Surtout la fin du récit, sans la dévoiler, elle est aussi absurde que l'entièreté du récit. Je pense qu'il y a mieux à lire, mais pire aussi. C'est plutôt sans intérêt, creux, dans l'ensemble.
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En moi le venin



Dernier tome de la trilogie avec le personnage Franck Mattis (Je vis, je meurs ; Que Dieu me pardonne), En moi le venin est un roman très noir.



Premier roman que je lis de cet auteur, je n'ai pas ressenti de manque particulier à ne pas avoir lu les tomes précédents. Certes, on sent qu'il y a eu une évolution dans le personnage de Franck Mattis, mais l'intrigue du roman est totalement autonome comme les personnages secondaires.



L'auteur dépeint des personnalités très charismatiques malgré la noirceur et la violence dans lesquelles ils évoluent.

De la violence, des personnes avides de pouvoir, de la dépression, des mensonges, de la corruption, des oppresseurs et des oppressés, des arrivistes : le monde dépeint par Philippe Hauret est une lente et douloureuse descente aux enfers où le prix du sang peut faire très mal.



J'ai beaucoup apprécié la plume de cet auteur que je découvre ici, sans fioriture, l'acteur nous narre un univers empoisonné où de nombreuses personnes aux antipodes vont se rencontrer et faire couler le sang.



Amateur de polars et de romans noirs, cet auteur et ce roman sont faits pour vous pour un moment hors du temps, angoissant et anxiogène dans une intrigue qui ne s'embarrasse pas de happy-end.


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Je suis un guépard

Ce roman est la parfaite réalité de notre société et à la lecture de "Je suis un guépard" on se rend encore plus compte de son malaise. Les horaires de travail et le temps de travail pour un salaire de misère, le nombre plus grand chaque jour de sdf, la résignation de cette population comme si tout était irrémédiable.



Vous me direz mais quel est l'intérêt de lire ce livre si c'est la parfaite copie de ce que l'on vit tous les jours ? Pourtant l'auteur avec ses mots simples et son style d'écriture ne laisse rien au hasard, il nous ouvre aussi les yeux et nous prouve que l'espoir existe toujours, il est au bout du chemin parfois un long chemin semé d'embûches avec au bout une éclaircie, une embellie dans ce monde si noir.
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Je vis je meurs

Vous connaissez: Je vis, je meurs, le premier polar de Philippe Philippe Hauret – Editions JIGAL POLAR.

Non et bein il faut y remédier^^.

Titre énigmatique et poétique faisant référence à un poème de Louise Labé pour un polar vif, intelligent et grinçant.



Le pitch en deux mots :

Trois hommes, trois trajectoires qui s’entrechoquent…

Franck, la quarantaine, traînant sa carcasse d’inspecteur négligé, un peu drogué, un peu alcoolo depuis que sa femme l’a plaqué et que son ado ne lui parle plus. Il boit, se défonce un peu de temps en temps et n’arrive plus à boucler une enquête depuis bien longtemps, préfèrant accumuler des dettes de jeux au poker et des petits coups furtifs avec Carole, sa sex- friend, qui rêve d’autre chose…

Serge, la soixantaine bedonnante ayant passé sa vie à la subir. Veuf, retraité et désabusé, il s’amourache de la belle Janis, 22 ans, « son miracle », serveuse de son état et maquée à une petite frappe qui la castagne régulièrement.

Carlos, la petite trentaine, dealer de stups et boss violent de son quartier parisien, ayant la particularité d’avoir la gâchette facile et la rancune tenace quand on touche à sa famille.

Trois hommes au parcours de vie déglingué, sans lien apparent entre eux et qui vont se télescoper, se confronter et se clasher pour rendre une intrigue noire, percutante et jubilatoire.

Voilà un bon polar à l’ancienne!!!

Pourquoi ?

Vivre et mourir, tout un programme pour un homme ou une femme...

D’abord, l’engrenage entre les personnages qui se met en place est implacable et efficace. Le tout est servi par une écriture tendue, sans fioriture et bourrée d’un humour grinçant mettant en scène des hommes en quête de sens existentiel ou de rédemption. Il n’y a aucun développement inutile, les actions sont en accéléré, le rythme est tendu et réaliste comme il faut.

Ensuite, les personnages m’ont d’emblée plu et je me suis prise d’affection pour Franck et Serge, ces deux gars perdus et dépassés notamment par les injonctions sociales de bonheur, de beauté et de jeunesse imposées par notre belle société moderne.

Enfin, cerise sur le gâteau noir^^, la plume est concise et ironique. Les phrases sont percutantes et essentielles, bourrées d’humour noir: je me suis surprise à me marrer toute seule en lisant. Cela faisait trop longtemps que ce n’était plus le cas. Merci Philippe Hauret, cela fait du bien de rire de nos faiblesses^^.

Bref, un excellent polar que je vous recommande chaudement pour un bon moment. L’auteur en est à son 3ème polar Je suis un Guépard, fraîchement sorti et a déjà été primé pour son 2ème polar Que Dieu me pardonne.Je ne suis pas étonnée après avoir lu ce premier opus^^. Je ne suis pas étonnée après avoir lu ce premier opus^^.
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