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Critiques de Philippe Vasset (87)
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La conjuration

Livre assez déconcertant, il est vrai, mais qui pourtant, fait un peu rêver. Il est très utopiste, cela va sans dire, puisque le désir du narrateur est, au départ, de trouver un endroit dans Paris, qui ne serait pas couvert par les lignes téléphoniques, où l'on ne capterait pas de réseau avec son téléphone portable...bref un lieu à l'écart de tout. Mais cela est-il non seulement envisageable, et qui plus est, dans une ville telle que Paris.



Notre narrateur, dont on ignore quasiment tout, si ce n'est qu'il a environ la quarantaine et qu'il a été écrivain (enfin plutôt nègre puisqu'il écrivait des livres pour les autres) à ses heures perdues, est désormais sans emploi, et bientôt, sans logement. Sa rencontre avec André, lui aussi, ancien écrivain, va pour lui, tout bouleverser car, ce dernier, contrairement à notre protagoniste, a un projet : un Projet d'envergure puisqu'il s'agit ni plus ni moins de fonder une sorte de secte, sans pour autant que celle-ci soit qualifiée comme telle. Son projet n'est pas encore bien défini et en l'absence de celui qui aurait l'aura suffisante pour qualifier les foules, il décide d'engager notre héros afin qu'il devienne son collaborateur. A eux deux, ils vont s'engager dans de nombreuses recherches pour déterminer quelle sera la cause de leur "clan", où se réuniront-ils, la question de savoir si il y aura un leader (un gourou en quelque sorte) ou non et bien d'autres choses encore.



Mais l'intrigue est loin de s'arrêter là et je ne compte pas vous en dévoiler plus afin de ne pas gâcher le suspense. Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est que l'on passe, au fur et à mesure des chapitres, du "je", au "nous" pour se confondre enfin dans un "on". Mais qui est ce "On" ? Dans des lieux que l'auteur nous décrivait avec moult détails au début du roman, ce fameux "on" se retrouve dans des lieux, bien que décrits, sont semblables à tant d'autres...

En ce sens-là, il s'agit, çà mon avis, d'une véritable prouesse de la part de l'auteur puisque notre narrateur à réussi à devenir invisible...Vous y croyez, vous ? Je parie que non ! Alors je vous invite vivement à venir découvrir cet ouvrage !
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La Légende

Avec certaines personnes, il suffit d’un bref échange de regard pour comprendre que vous serez amis pour la vie. C’est ce qui m’est arrivé avec le héros de ce roman ; pourtant, un ecclésiastique qui œuvre dans la haute bureaucratie du Vatican, ça ne m’attirait pas des masses à la base. Surtout quelqu’un qui s’occupe d’étudier la vie des candidats à la sainteté pour donner son approbation : rester 30 ans à prier à genoux dans les orties, ça ne doit pas être très passionnant à lire.



Mais voilà, notre prêtre aime les saints excentriques ; et j’adore les personnages de légende hors du commun. Il est captivé par dessus tout par les fins tragiques et sanglantes ; et rien ne m’attire plus que les histoires aux dénouements violents qui vous remuent les tripes. Et tous les deux, nous nous enthousiasmons quand nous pouvons dénicher des récits originaux qui tranchent avec le déprimant rationalisme moderne.



J’ai littéralement raffolé de l’ambiance de ce roman : je suis sous le charme de ses saints anciens, et de ses récits de « saints » modernes parmi les tagueurs et les sans-abris. Si un jour de tels personnages reviennent sur le devant de la scène, je me fais re-baptiser immédiatement ! Seul point de regret, le dénouement final, pas assez original à mon goût, et qui n’est pas digne de ses personnages.
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Une vie en l'air

Ce livre est classé comme étant un récit, pas un récit autobiographique, un simple récit, je suppose donc qu’il n’est pas entièrement autobiographique et qu’il comporte des aspects fictionnels malgré la tonalité personnelle de son propos ... En dehors de l’auteur-narrateur, le sujet principal de ce texte, est la rampe en béton de l’Aérotrain, construction bien connue des habitants de l’agglomération orléanaise (dont je suis). Cette « ruine du futur » obsède et habite l’auteur depuis son enfance. Cette utopie au sens propre du terme ; ce non-lieu (car inutile) dont le futur n’a pas existé, il nous le décrit de façon contemplative et poétique, et en même temps (comme dirait Manu 1er), il enquête sur le réel et l’histoire de ce trait d’union de 18 km entre l’urbanisme pavillonnaire, commercial ou industriel de l’Orléanais et le paysage agricole de la Beauce. Il bavarde autour du temps qui passe depuis quarante ans sur cet objet architectural étrange et il émane de ces mots une sorte de métaphore de la nostalgie, le lien singulier entre un individu et une géographie. Plus loin, l’auteur émet quelques considérations sur l’art contemporain dont l’objet de son obsession pourrait bien faire partie (il aimerait même le posséder), il nous dit aussi d’autres lieux visibles mais oubliés. Puis il s’approprie définitivement la rampe, sa rampe, en écrivant ce livre ; car la littérature sert aussi à ça ; « à s’approprier ». C’est donc une lecture intéressante et qui brise les codes (iconoclaste ?), où affleure une dérision intimiste. 4*, allez salut.
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Un livre blanc : Récit avec cartes

Si vous avez une âme d’explorateur, les temps sont rudes : tous les continents, toutes les îles, toutes les forêts sont aujourd’hui parfaitement cartographiés et à seulement quelques heures d’avion, et les voyages spatiaux ne sont pas encore à l’ordre du jour. Il ne vous reste plus qu’à ronger votre frein en songeant à tout ce qui vous auriez pu faire en naissant à la bonne époque.



Et pourtant ! Des terres vierges il en reste plein, au cœur même de nos plus grandes villes. L’auteur a parcouru pendant une année ces grandes zones blanches présentes sur les cartes IGN de grandes villes françaises, pour découvrir quelles histoires elles peuvent bien nous raconter.



On aurait pu s’attendre à des bâtiments improbables, à des situations tellement particulières qu’aucun géographe n’a pu se résoudre à leur assigner un symbole cartographique bien précis. Ce qu’on trouve plutôt, c’est toute une population qui essaie de survivre dans les rares espaces desquels on ne les chasse pas, en s’amassant dans des abris de fortune. Inconnus des administrations, absents des statistiques officielles, ombres errantes autour des métros ou des poubelles de supermarchés, c’est avec une douloureuse cohérence qu’on les retrouve habitant des zones qui, quelque part, n’existent pas.



Habitant Bruxelles depuis plusieurs années maintenant, ce livre a réveillé pas mal de souvenirs et de scènes que j’avais bien vite oubliés. D’autant que pendant longtemps, j’aurais été le premier à réclamer qu’on sorte un SDF de la banque ou de l’abri de bus dans lequel il s’était réfugié pour la nuit et auprès duquel je devais passer. À cause d’un mélange de peur d’être plus facilement agressé par quelqu’un qui n’a pas grand-chose à perdre, et de gêne à voir quelqu’un évoluer dans un espace où il n’a « pas sa place ». Cette place, j’ai fini par reconnaître qu’il y avait autant droit que moi, et question agression, une méfiance mutuelle nous mène plutôt à nous éviter.



Il est très curieux de se dire qu’une ville possède plusieurs populations « parallèles », qui vivent au même endroit mais ne se fréquentent jamais. Quant à suivre l’exemple de l’auteur, ça reste une autre paire de manches, d’autant qu’entre vigiles, chiens de garde, et vagabonds bien décidé à défendre leurs maigres possessions, il ne semble pas avoir été particulièrement bien accueilli…
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Une vie en l'air

Dans mon village natal, il y a encore quelques carrières abandonnées qui traînent. Enfant, j’étais toujours impressionné par les bâtiments en ruine que l’on croisait pendant les balades en forêt, qui avaient été le centre d’activités intenses il y a quelques dizaines d’années à peine, mais qui sont désormais recouverts par les ronces et le lierre. Preuve que si on peut dominer la Nature, il suffit de détourner le regard un instant pour qu’elle récupère tous ses territoires perdus en un clin d’œil.



Cette attraction ne m’a pas quitté adulte, et je ne suis visiblement pas le seul à l’éprouver ; le phénomène Urbex (exploration urbaine) prend de l’ampleur. Même si le côté « chasse aux fantômes » qui l’accompagne parfois me laisse de marbre.



Mais si quelques vieilles bicoques délabrées peuvent déjà provoquer une certaine fascination, que dire d’une rampe en béton de 18 kilomètres, tentative avortée d’un hyperloop franco-français, découpant tout un territoire en deux ? Je ne connais pas la région, et j’ai bien du mal à imaginer à quoi ça pourrait bien ressembler, mais je reconnais sans peine que ça doit laisser quelques traces.



Au travers de la présence obsédante de cet aérotrain, on s’interroge surtout sur l’urbanisme, et sur la reconquête de ces espaces utiles à personne et perdus pour tous. Il y a quelques années, on a détruit un bâtiment près de la gare du Midi à Bruxelles. Les fondations de son remplaçant ont à peine été posées que les travaux ont été arrêté, et ils semblent toujours au point mort. Depuis, le chantier a été inondé, dans l’indifférence générale. Maintenant, c’est devenu un genre de petit lac, en plein cœur de la ville, où les oiseaux barbotent, ou prennent un repos bien mérité sur un pylône en béton. La nature ne laisse pas les espaces vides bien longtemps. Il serait peut-être temps qu’on en prenne de la graine.
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Une vie en l'air

L'auteur nous parle du génie d'un homme Jean Bertin qui créa l'aérotrain et obtint les autorisations pour construire une structure, afin d'en faire un site expérimental au-dessus et à travers la Beauce.



Cela dura de la fin des années 1960 à 1976 où le projet fût abandonné, projet qui consistait à tester un prototype de matrice sur coussin d'air (aérotrain).



Il fût abandonné au profit du TGV.



186 pages d'une confession, d'un engouement, d'un amour immodéré et inexplicable pour une ligne de béton qui traverse la Beauce, au-dessus d'un paysage où l'auteur, du haut de son perchoir, à passer des heures, voir des jours entiers à observer la vie alentour.



Il y a dormi, il y a dansé, il a même pensé à y faire des "rave-parties", à se l'approprier, à en déclarer l'indépendance.



Finalement ce quai de béton oublié de tous et n'appartenant à personne, restera (pour moi en tous cas), un mémorial à la gloire de cet écrivain Philippe Vasset, qui a réussi le tour de force d'en faire un livre très intéressant, qui restera dans ma mémoire et dans celles, de ceux, qui comme moi auront été happé par son histoire.
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Une vie en l'air

Une vie en l'air de Philippe Vasset est un roman de la rentrée littéraire découvert grâce aux éditions Fayard et net galley.

L'auteur nous présente la rampe de l'aérotrain qui double la voie ferrée entre Orléans et Paris. J'avoue que je ne connaissais pas du tout, mais il est vrai que je n'habite pas dans ce coin même si j'y suis allée plusieurs fois.

La voie d'essai de l'aérotrain d'Orléans est une ligne expérimentale de transport guidé de type monorail, construite en 1968. Prévue pour s'inscrire dans un futur axe Paris-Orléans, elle est désaffectée depuis 1977. (source : wikipédia).

L'auteur a toujours connu cette ligne de béton, et il nous en parle. C'est un récit, en partie imaginaire, en partie autobiographique surement aussi.

J'ai trouvé Une vie en l'air intéressant mais comme je ne suis pas concerné par sa vie, par ses pensées, et que je ne connais pas cette ligne je dois avouer en toute honnêteté que j'ai parfois décroché.

C'est une lecture intéressante mais je ne suis pas totalement convaincue. Par moment c'est un peu long, trop à mon goût.

Je ne regrette pas de ma lecture toutefois mon avis est mitigé, d'où le trois étoiles.
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Une vie en l'air

Vers la Noël 1977 Guy Béart, désireux, j'imagine, de se donner une image plus « moderne », sortit un album à base de synthétiseurs au titre incertain, mais à la thématique résolument sci-fi. La pochette du 33 tours était signée Moebius, qui y avait dessiné chacun des titres de l'album. En grand, juste au-dessus du guerrier des étoiles japonisant qui était au centre, figurait le mot « L'avenir » et juste au-dessous, en plus petit « c'était plus beau hier ».

Le premier couplet disait :

L'avenir c'était plus beau hier

L'avenir, aujourd'hui je m'y perds

Sur la machine du temps

Je vais remonter souvent

Dans ce troublant « Une vie en l'air » Philippe Vasset illustre l'idée qu'on peut en effet avoir la nostalgie de ce qui a failli être, des ambitions parfois mégalomaniaques des Trente Glorieuses. Arpentant périodiquement depuis son enfance les dix-huit kilomètres de ce rail d'aérotrain, qui domine la plaine de la Beauce à dix mètres de hauteur, le narrateur ne cesse de vouloir redonner vie à cette ruine en devenir, matériellement car cette ligne de béton est là pour durer, mais aussi symboliquement à travers les mots qu'il pose dessus. Ce projet d'aérotrain, pour lequel cette rampe servait de zone d'essais, a été abandonné en 1976, époque des toutes premières années d'enfance du narrateur. Ce viaduc de béton a été le support de beaucoup de rêveries, de méditations solitaires et de tentatives littéraires restées à l'état de ruminations mentales.

Dans ce texte intrigant mais très réussi Philippe Vasset joue en virtuose de tous ces éléments, de l'espace et du temps, des mots qu'on peut habiter comme une cabane à ciel ouvert !

Bref il s'agit ici d'un ouvrage très original, au style clair, qui est un vrai bonheur de lecture.

#UneVieEnLair #NetGalleyFrance

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La conjuration

Dans «Un livre blanc» (paru en 2007), recherchant des failles poétiques dans la ville contemporaine, le narrateur partait explorer les zones blanches sur la carte d’Ile-de-France, ces parcelles d’inattendu, échappatoires potentielles à des vies de plus en plus normées.

Il retourne ici arpenter ces lieux blancs, et découvre leur disparition, comblés par le trop-plein d’un monde de plus en plus vide : centres commerciaux, sièges sociaux, data-centers et nouvelles églises. Avec eux disparaissent ses fantasmes et une grande partie de ce qui remplissait sa vie.



Désocialisé, sans logement, sans argent, il croise dans ses déambulations, André, un auteur de thrillers à la renommée ternie, qui cherche un nouveau souffle. L’auteur devenu ringard se rêve entrepreneur : avec un manuel de chevet, "Le business plan en clair", André voudrait créer une secte, avec méthode et sans idées. Devenu homme de main de cet apprenti entrepreneur, le narrateur recherche pour lui des lieux et une dramaturgie pour les célébrations futures de cette religion sans croyance, cherchant l’inspiration dans les failles de la ville. Il réalise une analyse du marché des nouvelles religions, étude objective d’un objet détestable, aussi délectable que les précédents livres de Philippe Vasset, le "Journal intime d’un marchand de canons" ou celui "d’une prédatrice".



Arpenteur de la ville en manque d’espaces vierges, le narrateur dérive du projet initial ; il apprend comment crocheter les portes, se fondre dans les groupes, devenir fantomatique pour pénétrer partout. Il occupe des bureaux sans être repéré, fasciné lui-même par sa nouvelle puissance, ce quasi-don d’invisibilité.



«Progressant avec effort sur les structures métalliques qui longeaient les immeubles, je me faisais l'effet d'un avatar pataud de mes héros d'enfance, les Fantômas, Arsène Lupin et autres Rocambole dont les aventures avaient constitué mes premières émotions de lecteur et qui, trente ans après, étaient toujours une sorte d’idéal littéraire tant le mouvement de cette littérature désuète était de dévoiler la ville, chacun de ces personnages manipulant monuments et immeubles comme de vulgaires boîtes, y cachant trésors ou otages et reluquant sans vergogne l’intérieur des appartements.»



Un livre étonnamment poétique et beau, sur l’horreur du marchand, les tentations de la marge, et une forme étrange de réenchantement.



«Écrire avait, pour moi, quelque chose à voir avec l’invisibilité : c’était disparaître pour n’être plus qu’une parole qui suinte des murs, un bourdonnement mêlé aux bruits de la ville, un gout de fumée affleurant soudain sur les lèvres.»
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Un livre blanc : Récit avec cartes

«Pendant un an, j’ai donc entrepris d’explorer la cinquantaine de zones blanches figurant sur la carte n. 2314 OT de l’Institut Géographique National, qui couvre Paris et sa banlieue. Au cours de cette quête, j’espérais comme les héros de mes livres d’enfant, mettre au jour le double fond qui manquait à mon monde.»



Dans un monde où déserts et jungles sont tous déjà connus, où toutes les grandes villes finissent par se ressembler sous l’effet de la mondialisation, Philippe Vasset part explorer les interstices, ces zones blanches sur la carte d’Ile-de-France, où l’espace «apparaît irrégulièrement perforé de trous bien nets, comme une boite de chocolats vidée de ses meilleures pièces».



La recherche du merveilleux caché se heurte très vite à la réalité, la misère et les bidonvilles, omniprésents en lieu et place du trésor escompté. «Paris se retournait comme un gant : le dénuement d’ordinaire relégué à la périphérie ou aux profondeurs de la ville affleurait à la surface et s’affichait en pleine lumière.»



Et raconter cette dérive devient problématique : comment rendre compte de cette expérience, de cette apnée urbaine ? Interviewer ceux qui campent dans la boue en pleine ville, matérialiser les traces des zones blanches par un trait de peinture, créer une communauté d’activistes de ces zones blanches… ?



«Un livre blanc» est un, caractérisé par cet article indéfini, mais aurait pu être autre. L’écriture prend la forme de ces errances, de ce flottement ; «pendant des mois, je n’ai rien écrit au propre. » La langue elle-même s’appauvrit pour rendre compte des zones floues, devient informe au contact de ces paysages troués, friables. Et de fait le livre, témoignage précieux, ne forme pas un ensemble, mais plutôt des parcelles, des miettes de désordre urbain, en phase avec ce désir de Philippe Vasset d’inventer une forme.

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Journal intime d’une prédatrice

«Elle» (ce sera son nom), elle est blonde («hâlée, d'une blondeur trop éclatante pour être naturelle»), toute de blanc vêtue et croqueuse de glaçons du Grand Nord. Femme d’affaires impitoyable, cyclique manipulatrice et charmeuse. Le pôle Nord peut rapporter gros : réserves de gaz, de pétrole ou de diamants. C’est ici, au pays des Inuits, que la Reine des Glaces va poser ses griffes acérées joliment peintes au vernis. «Elle» va tout anéantir sur son passage jusqu’à se

(s’auto)détruire. Pour l’appât, sans partage, d’un bon gain, bon teint.

Le narrateur, «Il» (ce sera son nom) travaille dans l’ombre fascinée de «Elle».

«Il» la suit partour comme l’ombre de son ombre, comme l’ombre de son chien. Amoureux ? Agent secret ? Valet ? A vous de voir...

Cruel et cocasse, clinique et cynique ce roman glacial devrait figurer dans chaque trousseau offert aux juvéniles traders bourgeonneux et sans reproche qui partent, sabre au clair, au front des dégradantes agences de notation !

(Et au pédantesque pontifiant Jacques Attali tant que j’y suis !)

Petites parenthèses qui me brûlaient les doigts !

Ce roman efficace écrit avec éloquence est une démonstration sans tain et sans pitié de notre monde au frigide coeur économique.

Au temps cannibale de «notre» crise boursicoteuse, le salvateur Philippe Vasset veut nous «décrire les effloraisons incontrôlées de l'économie mondialisée.»

Philippe Vasset nous avait déjà imergés dans le monde sinistre des marchands d’armes avec son «Journal intime d’un marchand de canons», après la descente aux enfers dans le monde financier avec ce «Journal intime d’une prédatrice», que nous prépare t-il ?

Peut-être un «Journal intime d’un marchand de sable» ?

En attendant le troisième opus avec impatience, interrogeons-nous : mais dans quel monde vivons-nous ?

Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Diplômé en géographie, en philosophie ainsi qu'en relations internationales, il a travaillé un temps dans un cabinet d’investigation américain, tiens, tiens ! Il est aujourd’hui rédacteur en chef d’Intelligence on line, publication spécialisée dans le renseignement industriel et politique, tiens, tiens !
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Une vie en l'air

Dès l'enfance Philippe Vasset a eu une obsession : ce rail de béton qui longe la voie ferrée au nord d'Orléans, vestige du projet abandonné d'aérotrain de l'ingénieur Jean Bertin. Il l'arpente, il y séjourne des heures, il y revient, il y observe le monde de plus haut, il voudrait faire revivre le projet, ou faire un objet d'art de ce qu'il en reste, ou y organiser des rave parties. J'en passe.

C'est bien écrit, souvent agréable. Un peu vain cependant. On se demande à quoi cela rime.

Mais l'auteur l'avoue honnêtement : «J'étais, indubitablement, l'un de ces songe-creux ».
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Exemplaire de démonstration

Le narrateur est géographe-géologue travaillant en pleine jungle africaine pour une multinationale minière. Fouillant dans des monticules de terres rouges, poussières de la mine retombées par les pluies, il découvre quelques pages d'un document de présentation d'un nouveau logiciel permettant de créer à volonté des récits. Intrigué et convaincu des énormes opportunités de cette découverte, il décide de se mettre à la recherche de l'homme à qui appartenait ce document. S'engage alors un roman d'espionnage, thriller scientifico-politico-économique. Le narrateur va parcourir le monde en passant par toutes les zones du globe où la finance spécule sur les matières premières, sur les biens. Au fil de l'histoire, le narrateur trouve des pages complémentaires du document et l'on découvre petit à petit l'ambition des inventeurs de ce logiciel de création de récit.



Le roman est structuré par une alternance de court chapitre dans lesquels le narrateur nous raconte son enquête et des chapitres présentant les pages de présentation du logiciel de création de récit.



Ce court roman permet à l'auteur de décrire et dénoncer, par petites touches précises, les conséquences de la spéculation par la finance sur tout ce qui peut être marchander, échanger, les matières premières mais également les biens manufacturés et culturels.



En parallèle, l'auteur par cette idée d'un logiciel de création de récit pouvant être adapté à tous biens culturels, nous livre une réflexion sur la création, la consommation et la mercantilisation de la culture.



Enfin, l'auteur crée un texte auto-référent puisque la partie romancée qui raconte la découverte du logicilel n'est qu'un exemple de création littéraire par le logiciel : d'où le titre du roman "exemplaire de démonstration". Cette dernière astuce a finit par fortement me pertuber dans ma lecture et l'appréciation notamment du style des parties romancées. En effet, le style est très imagé et au fur et à mesure des chapitres il devient parfois assez ampoulé, excessif et on ne sait plus si c'est le style de l'auteur ou si cet exès est voulu pour quelque part dénoncer en creux ce que peut devenir un style créé par une machine (voir les différentes citations présentées).



Un roman extrêmement intelligent, dense, captivant et qui en 138 pages propose beaucoup de réflexion sur notre monde et notre société de consommation.
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La Légende

Philippe Vasset ouvre la porte d'un univers que j'ignorais complètement, le métier des gens de religion qui racontent la vie des saints. Il ne fallait cependant pas beaucoup s'attendre, avec un écrivain qui aime explorer les marges, à une évocation orthodoxe des bienheureux que la religion catholique perpétue en statues, médaillons et nouvelles consécrations.



Le soliloque du narrateur, sous une plume maîtrisée (fruit d'un séjour à la Villa Médicis en 2014-15) qui m'a entièrement séduit, relate ses revers de prêtre, fonctionnaire à Rome dans la Congrégation vaticane où il instruisait les requêtes en béatification, validait des miracles et authentifiait des reliques. Tout cela est fini, il n'a plus l'habit et ressasse son "histoire inaudible" dans un cahier qui "n'accompagne désormais qu'une solitude sans appel".



"Mal dans ces pantalons qui me serrent, je regrette la caresse de la soutane", l'Église a été toute sa vie mais la prière est devenue amère, bien que la foi ne semble pas en cause : "Revenir dans l'Église n'est jamais simple quand on s'est déporté aussi loin que je l'ai fait". La Congrégation où il travaillait est une institution judiciaire qui instruit et arbitre depuis quatre siècles, lorsque l'Église catholique a eu honte de ses martyrs flamboyants et des railleries de leurs miracles par les protestants. Les faits seuls, non les fables, devaient inspirer les fidèles.

Mais les temps ont changé et cet ecclésiastique juge que la puissance d'une histoire compte plus que le sérieux des enquêtes: "à trop priver les fidèles de légende, l'Église court le risque de fabriquer des héros qui n'intéressent plus personne". Afin de reprendre l'initiative sur les mouvements évangéliques qui grignotent les positions du catholicisme, le prêtre appelle des saints spectaculaires, criblés de tentations et rachetés, des saint scabreux et outranciers mais qui ne laissent personne indifférent. "Comme les sculpteurs d'extases, les doreurs de voûtes et les maîtres de chapelle, mon but était moins d'édifier que d'étourdir : le reste, pensais-je, viendrait tout seul."



Puis advint Laure, fantasque, férue d'hagiographies spectaculaires et licencieuses, passion de l'imposture, avec laquelle il précipite ses projets et sa perte. Une brèche s'ouvre avec la communion dans les excès du récit, puis la liaison amoureuse.



Exclu de "sa fabrique d'auréoles", comme disent les mauvaises langues, le défroqué nous gratifie de la sienne, une collection marginale d'hagiographies contemporaines, de martyrs pas officiels, des êtres emportés par une vocation qui n'entre pas dans les cases de l'Eglise. Philippe Vasset sort ces anonymes de la nuit – Azyle tagueur du métro, Pie gay en quête de rencontres avec des inconnus dans des lieux insolites, Darie recluse d'aujourd'hui, Gen chanteur de rock, icône et prêtre,... –, pour les relier au cortège des saints et archanges, car ils ont en commun une vocation : «cet élan, cet excès qui vous fait aller au bout de ce qui vous appelle, sans savoir ce qui vous appelle ni savoir nécessairement mettre les mots dessus» (présentation publique du livre, librairie Mollat).



Ce roman non canonique, empreint d'autodérision, ne tombe pas dans le scandale bon marché. L'auteur joint une postface intitulée "Sources et méthode" qui témoigne du sérieux de sa documentation ainsi que des difficultés d'accès à La Réserve des Archives papale, afin de consulter des documents sulfureux. Il reconnaît en outre son utilisation "éminemment personnelle" des connaissances acquises auprès de spécialistes renommés de la sainteté et de la littérature religieuse.



Le compte-rendu serait incomplet sans s'arrêter au personnage de Laure "libérée de la permanence de l'identité", un être en métamorphose permanente, "s'abandonnant sans frein à l'urgence" et qui "à l'identité préfère le flux". J'y reviens demain en extraits pour compléter l'évocation de ce roman talentueux, confession sans regrets et à la parole libérée.


Lien : http://christianwery.blogspo..
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La Légende

Cet homme ère aux alentours du Vatican, jouant les guides pour des congrégations étrangères qui ne le connaissent pas. Il joue sur ses connaissances et les partage avec qui voudra l'entendre. Mais il n'est plus prêtre : l'habit lui a été retiré, et reprendre son identité laïque est pour lui plus difficile à supporter : il perd son identité d'homme d'église, ce qu'il a été une bonne partie de sa vie.

Il partage ses errements avec ses souvenirs : ces journées entières où il tentait d'auréoler une personne de sainteté : faisant partie de la Congrégation pour la cause des Saints, il élaborait des dossiers entiers, mettant en avant les miracles, les opposant à la rationalité. Un jour, il rencontre Laure, qui comme lui partage cette découverte de la vie des Saints, et qui devient un point de non-retour pour notre narrateur.



Je suis rapidement entré dans les pages du livre, dans cette histoire. Peut-être parce que j'avais l'impression que l'auteur se confiait à moi. J'ai été surtout portée par ma curiosité : Est-ce une histoire vraie ? Je me suis défendu de faire des recherches, car cette question m'obsédait et se liait à ma lecture. Le plaisir n'en était que décupler.



La religion est un sujet qui est souvent utilisé pour les livres. Mais ici, loin de décoder des énigmes, l'auteur s'attarde sur un homme : un prêtre déchu de son titre, un homme qui se questionne, qui bouillonne d'envie. Le narrateur prend d'ailleurs beaucoup de plaisir à parler des Saints et partager leurs histoires avec le lecteur.



Le style de Philippe Vasset est très agréable et se prête à une lecture curieuse. Il prend le temps de décrire les sensations et sentiments du narrateur. Ainsi, on le suit de sa rencontre avec Laure à cette course pour créer leur propre autel dédié aux Saints. Leur relation est d'ailleurs très bien amenée. Sans donner trop d'informations, je dirais qu'il s'est perdu en elle, mais il s'est peut-être aussi bien trouvé.



Les événements qui ont conduit à lui retirer son habit de prêtre sont amenés sans précipitation, le narrateur montrant qu'il a aussi besoin de revenir sur cet enchaînement pour les comprendre. Cela donne au personnage une belle complexité. Quant à savoir s'il s'agit d'une histoire vraie ? A découvrir le 21 août prochain.


Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Journal intime d'un marchand de canons

Après trente ans de carrière, se sentant menacé par la justice, un cadre de l’armement brûle des papiers sensibles et revient sur les épisodes les plus «flamboyants» de sa carrière de vente de sous-marins et autres canons ou missiles.

Ceci est une fiction mais tous les épisodes de vente d’armement à Bagdad, Tbilissi, Caracas ou encore à Tripoli sont eux des faits d’armes bien réels, avec tous leurs protagonistes, rassemblés par Philippe Vasset à partir de documentation et surtout d’entretiens dans ce milieu opaque.



«J’avais pour adjoints deux jeunes officiers impatients d’en découdre : comme souvent chez les militaires reconvertis, le privé était pour eux un univers sans règles ni sanctions, une mission commando perpétuelle ou, contrairement à l’armée, tout était permis. Il a fallu leur expliquer que, s’ils avaient sur le fond, globalement raison, il était essentiel de maintenir une apparence de modération dans nos activités : nous n’avions pas, comme ils se l’imaginaient, toute licence pour aller cambrioler nos concurrents, payer des commissions à droite et à gauche et violer les embargos comme bon nous semblait. Ce genre d’activités ne nous était évidemment pas inconnu, mais elles avaient lieu dans la plus grande discrétion et ne constituaient en aucun cas, j’étais désolé de les décevoir, l’essentiel de notre activité (comme eux, j’avais autrefois rêvé que l’intrigue était la norme dans les ventes d’armes, mais, en vingt ans de métier, j’avais plus souvent été déçu que comblé…).»



C’est l’histoire d’un homme qui rêvait que sa vie ressemble à une fiction, à ces romans d’espionnage et ces films qu’il dévore, l’histoire d’un homme impatient de se salir les mains, de faire des «exploits», de côtoyer l’opaque. Déçu par l’ascension plutôt lente de sa carrière réelle, par son véritable rôle de super VRP, par une vie passée en salle de réunion, par l’ennui des salles d’attente, par une vie dénuée de filles superbes à ses pieds et de brutalité, il peaufine les détails du roman de sa vie, continuant de se rêver comme un personnage hors normes.



Cadres d’entreprise avides d’aventure, et qui évoluez dans les eaux profondes de l’économie mondialisée, dévorez ce roman captivant, qui pourrait se transposer dans n’importe quel secteur … et la perte de contact avec la réalité, et la sauvagerie qui peut en résulter, y sont-elles toujours moindres ?

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Une vie en l'air

Si on m'avait dit qu'un jour je lirais un bouquin consacré à un rail de béton, je ne l'aurais évidemment pas cru. Si en plus on m'avait dit que j'aimerai beaucoup ledit bouquin, là, j'aurais éclaté de rire. Comme quoi un aérotrain peut en cacher un autre. Ce livre est un OVNI mais dans lequel on est rassuré, presque en terrain conquis. Une espèce de (bonne) littérature "upperground" (du coup) qui nous entraîne dans une réflexion profonde sur le bâti, qu'il soit existentiel ou architectural. Cette ruine moderne prend aujourd'hui une dimension vertigineuse quand on pense à l'effondrement qui nous pend au nez. Comme si l'air comprimé de l'aérotrain allait - enfin ! - nous péter à la figure. Un livre hors-sol qui vole très haut.
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Carte muette

Diabolique tentative poétique de cartographie du Réseau, par les armoires électriques et les relations électroniques.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/17/note-de-lecture-carte-muette-philippe-vasset/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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La conjuration

J'ai beaucoup aimé ce roman qui s'inscrit dans une longue tradition des narrateurs de la marge, des piétons solitaires et paranoïaques observateurs du monde dit "normal". A travers son exploration des interstices parisiens, l'écrivain réinvente et ré-enchante les lieux inhabités.

Un personnage, dont on ne saura jamais le nom, raconte ses explorations urbaines d'arpenteur des villes qui s'intéresse aux zones blanches de Paris et de sa proche banlieue. Il retrouve une ville qui a changé, d'anciens lieux de squat ont disparu, ses anciens fiefs sont envahis par les grues. La ville s'est bouchée pour le marcheur qui avait des cachettes secrètes dans tout Paris, une collection de portes dérobées, des issues de secours disséminées en ville. Le narrateur préfère être un rôdeur de la marge ayant une préférence pour l'inutile, le caché et le transitoire plutôt que de mener une vie où il faut voter, aimer et travailler.

Face au risque de clochardisation, le narrateur accepte la proposition d'André, une ancienne relation en rupture de ban, de l'aider à créer une secte. Il va enquêter sur les meilleurs lieux pour les cérémonies secrète, et inventer le meilleur story-telling.

Le point de bascule est la rencontre de Jeanne, l'amazone, ex du service opération du renseignement extérieur. Elle l'initie aux infiltrations dans les espaces privés. C'est une belle séquence aventure du roman, courte et mystérieuse, comme son initiatrice.

Et nous avons un final atmosphérique avec cette conjuration muette d'êtres déclassés bannis "des espaces normés du travail rémunéré" devenant peu à peu des figures transparentes. Comme des pions en trop sur un jeu d'échec et obligés d'être en perpétuel mouvement pour ne pas être repérés, sautant de cases blanches en cases blanches.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Exemplaire de démonstration

Roman puissant, enjoué et glaçant, sur la mort industriellement inéluctable de la création.



Publié en 2003, le premier roman de Philippe Vasset, à l'époque connu uniquement au sein de l'univers feutré des journalistes spécialisés en intelligence économique, frappait d'emblée par sa cohérence minutieuse, son ambition fondamentale fort habilement enveloppée dans une belle apparence de dilettantisme, et sa qualité d'écriture légèrement vertigineuse.



Preuve présentée en abyme, indiquée clairement dès le titre, cet "Exemplaire de démonstration" est le roman d'une quête archétypale, mettant en scène un "héros", ingénieur spécialisé dans l'industrie minière et l'Afrique, apprenant par hasard l'existence d'un sublime McGuffin ("objet de la quête"), le ScriptGenerator©®™, produit absolument secret destiné à industrialiser définitivement les activités de création, en s'affranchissant du caractère financièrement bien peu productif des "artistes", et des "péripéties" nombreuses, même si elles sont condensées avec subtilité en 140 pages, des trafics incessants d'un port africain aux officines de trading londoniennes, des diamantaires d'Anvers aux halls zenifiés des hôtels montagnards suisses.



Évoquant déjà avec bonheur des développements littéraires ultérieurs, que ce soient les arcanes lucides et glacés du Hugues Jallon de "La base" (2004) ou du "Début de quelque chose" (2011), l'élégante et rude vérité au sein des clichés mondialisés du Paolo Bacigalupi de "La fille automate" (2009), ou encore le calme sibyllin de ceux qui vont gagner quoiqu'il arrive du NIck Barlay de "La femme d'un homme qui" (2011), impressionnant de maîtrise logicielle de bout en bout, Philippe Vasset déroule avec brio et intelligence son terrifiant argumentaire commercial.

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