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Critiques de Pierre Jourde (255)
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La première pierre

La Première Pierre est un très beau roman de Pierre Jourde. L'auteur revient sur les événements qui ont défrayé la chronique, en 2005, lors de l'affaire qui a suivie la publication de Pays perdu, roman de le terre, roman des origines qui célèbre, à sa façon, la singularité de ce village d'Auvergne hors du temps.

Dans ce roman, l'auteur s'adresse à lui-même avec le pronom personnel "tu" ce qui permet de donner véritablement un effet d'introspection. De plus, ce "tu" est à la fois une façon d'imaginer comment le père - décédé - peut s'adresser à son fils. La figure du double chez le narrateur est donc ici renouvelée, comme souvent dans les romans de Jourde.

Ce roman, à la fois beau, subtil et intelligent permet de faire vivre au lecteur le processus de réflexion qui amène l'écrivain, au fur et à mesure de l'écriture du roman, à comprendre cette affaire dans toute sa profondeur. Qui a jeté la première pierre ? Ce roman permet de comprendre que la littérature a encore aujourd'hui un grand pouvoir, et que ce pouvoir peut-être nuisible.

Au bout du compte n'est-ce pas le langage littéraire qui est un frein à la compréhension de l'oeuvre par ces paysans ? Ce langage qui n'est pas celui de la communication mais celui de la réinvention de lui-même semble être au coeur du problème, au même titre que son auteur qui a eu la naïveté de croire que ce roman n'aurait pas de conséquences, preuve en est que Jourde connaissait bien mal la mentalité de ces personnes.
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Pays perdu

Que de noirceur dans la description de cette région et de ses habitants. On peut comprendre que certains l'aient mal pris !
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La première pierre

J’ai également lu son dernier livre, qui a fait pas mal de bruit au moment de la rentrée littéraire. C’est d’ailleurs à cause de la sortie de ce roman que mon collègue m’a parlé de Pierre Jourde. J’étais donc assez curieuse de le découvrir.





Avant toute chose, ce livre m’a donné très envie de lire le roman "Pays perdu" dont l’auteur parle tout le temps!





Pierre Jourde revient sur ce qui s’est passé en 2005. Quand lorsqu’un de ces romans Pays perdu est paru, une partie des habitants d’un village d’Auvergne – dont il est question dans le livre – s’est offusquée de voir leurs secrets dans un roman et a décidé de se venger.

Alors qu’il revenait passer ses vacances avec sa famille en Auvergne, ils lui sont tombés dessus, allant d’insultes jusqu’aux coups, obligeant la famille Jourde à partir précipitamment.





Des plaintes, des mensonges face à la loi et la justice, de longues années de tribunal vont suivre cette journée-là. Pierre Jourde va également s’apercevoir, alors qu’il se croyait faisant partie de ce village, qu’on l’a toujours considéré comme un étranger.





J’ai beaucoup aimé la question qui est posée : faut-il ou non raconter des choses réelles dans les romans? Est-ce la peine? N’est-ce pas une intrusion dans la vie privée des gens?





Je peux tout à fait comprendre les gens de ce petit village. J’espère bien ne jamais jamais apparaître dans une œuvre de fiction, que cela soit en bien ou mal, surtout si je ne suis pas prévenue à l’avance. C’est une véritable atteinte à la vie privée, j’en serais très malheureuse. Donc je les comprends tout à fait.

Mais je ne pense pas que j’irais jusqu’à jeter des pierres sur des enfants…





Il faut se poser la question, alors qu’en ce moment, les procès de ce genre contre les auteurs s’additionnent. Peuvent-ils vraiment tout écrire?

Franchement, je serais d’avis que non. Qu’il vaut mieux rester dans la fiction, ou changer les faits et les personnes au point qu’ils ne soient plus reconnaissables par personne.





Il dit que les secrets de ce village étaient des faux secrets, que tous étaient au courant et que donc, cela ne changeait pas grand chose. Mais je trouve qu’il y a tout de même une grande différence entre un secret oral et des pages de papier imprimées et qu’on peut trouver dans toutes les librairies de France.





Ce livre m’a donc mise assez mal à l’aise finalement, même si je l’ai trouvé passionnant…D’ailleurs qu’est-ce que c’est? Un roman? Pas vraiment…une sorte de témoignage?





C’est surtout ça le problème je trouve… je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question : pourquoi est-ce qu’il a écrit ce livre, 10 ans après les faits? A quoi est-ce que cela servait? Alors que "Pays perdu" était pour lui un éloge de son pays natal, qu’est-ce qu’est que "Première pierre"? Cela ressemble tout de même assez à une sorte de règlement de compte…





Je peux tout à fait comprendre qu’il a eu envie de rétablir sa vérité, après tout ce qu’on lui a fait subir durant ces années-là, les mensonges des gens, les inventions des médias qui disaient n’importe quoi…Ce qui lui est arrivé est inadmissible, sans aucun doute. Mais écrire ce livre était absolument nécessaire? Je pense que pour lui, cela ne va que envenimer la situation.



——————————————–



En tout cas, ce livre donne envie de lire "Pays perdu", ne serait-ce que pour se faire sa propre idée de ce qu’il y a dans ce roman : hommage pour une région de la France ou bien offense envers les villageois?

Je vais chercher à le lire en tout cas!
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Paradis noirs

Parler des coups de cœur est un exercice toujours difficile. Particulièrement pour ce livre tant il y a dire. Une lecture riche, intense, profonde et desservie par une écriture qui aiguise l’esprit.

Il aura suffi d'une silhouette aperçue sur le quai d'une gare pour le narrateur replonge dans ses souvenirs d'adolescence puis d'enfance. Lui qui croyait enterré toutes ces images, ces années de collège passées dans internat dirigé par des frères refont surface. Devenu un écrivain reconnu, il rend visite à Boris un de ses amis de l'internat. Boris marié, père de famille, l'image respectable tout comme lui, loin de ce qu'ils faisaient subir à Serge avec François le dernier membre du trio disparu depuis.

Se cachant derrière l'insouciance, la naïveté de l'enfance, les jeux n'en étaient pas pour autant cruels, honteux. L'humiliation était un trophée, Serge la victime qui ne bronchait pas. Le narrateur cherche à donner une nouvelle lumière sur ces années comme pour les laver. Mais un détail ou une situation resurgissent "et la sensation d’écœurement me prend, un dégoût qui ne vient pas de la nature peu glorieuse de cet épisode, mais de ce je ne peux empêcher qu'il serve à me rendre intéressant". On découvre François le chef de la bande élevé par des vieilles femmes, les plans conçus avec exaltation où le simple fait de savoir que Serge serait rabaissé une fois de plus engendrait un plaisir pervers. Pourquoi Serge acceptait-il son sort? Et cette silhouette est-ce vraiment François?



Pierre Jourde nous conduit sur les chemins de la mémoire fidèle et infidèle, ce qu'on embellit avec les années ou que l'on oublie par commodité. Mémoire qui nous trompe, nous leurre, nous permet de nous blanchir mais qui quand elle s'éveille révèle des actes et des pensées qu'on a préféré mettre dans un recoin comme s'ils n'avaient jamais existé. Mais le passé est bien réel et François, Serge le martyr apparaissent différemment.

Juxtaposant réalité et l'imaginatif développé par le poids des souvenirs et de la culpabilité, la question lancinante de l'innocence et des jeux cruels portent ce récit où la noirceur et la tristesse côtoient le sublime. Trois vers de Baudelaire La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs qui martèlent le récit trouvent tout leur sens dans les dernières pages.



Le paradis noirs de l'enfance où le duo souffrance/joie mettent l'âme humaine à nue. Un livré coup de cœur électrochoc par l'histoire et par cette écriture dont je suis tombée amoureuse !

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L'heure et l'ombre

Pierre Jourde est plutôt connu pour ses écrits pamphlétaires et sarcastiques. Il nous offre une toute autre facette de son talent avec « l’heure et l’ombre », un roman que les critiques qualifient de très proustien.



C’est un livre impossible à résumer tant sa construction est complexe. Pourtant, le tout se tient formidablement bien grâce au talent de Pierre Jourde.



En quelques mots, c’est l’histoire d’un homme qui ne parvient pas à oublier son amour d’enfance, Sylvie, qu’il retrouvait chaque année dans le village de ses vacances à Saint-Savin. Il tente de reconquérir la jeune femme à l’age de vingt-six ans mais n’y parvient pas, perdu dans son romantisme et ses rêves d’absolu. Toute sa vie sera hantée par le souvenir de cette jeune femme qui réapparaît parfois dans son imaginaire comme dans la réalité.



Plusieurs histoires se croisent, toutes en lien avec Sylvie et racontées par les personnages du roman : la compagne du moment ou l’ami rencontré à l’adolescence.



L’écriture est très belle, raffinée et poétique. C’est un livre qui se lit lentement. Il faut prendre le temps de savourer les phrases et les mots qui décrivent à merveille les sentiments et la nostalgie de cet éternel romantique...



Pierre Jourde se lâche parfois et adopte un ton ironique pour nous décrire une famille de rappeurs ou le comportement de l'enfant roi d’une famille d’intellectuels. C’est assez bien vu, je dois dire ! Un autre passage savoureux est celui de la rencontre du narrateur avec la grand-mère de Sylvie, une femme de quatre-vingt-dix ans vivant à la campagne comme au début du siècle.



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L'heure et l'ombre

Très difficile de résumer ce roman, dont l'histoire est un peu compliquée, imbriquée dans d'autres histoires, d'autres vies, des souvenirs, des rencontres... Je ne peux que vous conseiller de le lire, et de vous laisser porter par l'écriture fine, délicate et poétique de Pierre Jourde. Je me suis laissée envoûter, et j'ai complètement accroché à cette ronde des personnages, perdus ou retrouvés au gré des souvenirs du narrateur. Une très belle lecture !
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

Décomplexant et rafraîchissant…

Je lis comme vous pas mal de choses diverses et variées… Des récits de voyage, de la littérature technique, des polars, de la science-fiction mais pas assez de littérature avec un grand "L". Ces derniers temps, avec Stanza sur mon iPhone, je télécharge des ouvrages que je n'ai fait qu'entre-apercevoir au cours de mes études, des classiques comme Sainte-Beuve ou des feuilletonistes comme Zévaco…!



Mais en écoutant certaines émissions à la radio d'une oreille distraite, je prends conscience d'être carrément largué par rapport à cette littérature qui fait le fonds de commerce des libraires et le miel des critiques… J'ai bien aimé l'ambiance du hérisson, eu beaucoup plus de mal avec quelques livres que j'ai préféré ne pas évoquer ici-même. Cet été, je suis tombé sur un livre de Marc Lévy, la référence en terme de ventes avec des gens comme Guillaume Musso ou Dan Brown (il suffit de regarder les meilleures ventes sur Livreshebdo.fr pour s'en convaincre, voir en fin de billet) que j'ai eu beaucoup de mal à ne pas reposer immédiatement et parcouru en diagonal pour cause de trame romanesque harlequinesque…




Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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Pays perdu

Pierre Jourde sait écrire, et l'on rencontre ici ou là dans ce livre de magnifiques fulgurances littéraires. Son sujet est ici le hameau du Cantal dont son père est originaire, qu'il revoit à l'occasion, en tant qu'émigré de ces lieux, devenu citadin, comme tant d'autres.

L'occasion est triste et pénible: une petite fille est décédée. Tout le village, le réel et l'exilé, viennent, en ce jour d'hiver, l'honorer, l'enterrer.

L'auteur nous décrit ses souvenirs d'enfance, sous la forme de photographies des lieux, et de descriptions, hachées menues, de ses habitants, de leurs logis, de leurs moeurs. Et tout n'est pas rose. Insiste-t'il trop sur le côté noir de la vie d'antan dans ces campagnes? Probablement, certainement. Mais c'est lui qui écrit: il fait ce qu'il veut.

Les villageois bien réels lui en voulu, énormément, pour avoir insisté jusqu'au dégoût sur les effets délétères de "l'alcool, l'hiver, la merde, la solitude" sur les hommes et les femmes de ces contrées. Ils ont réagi, c'est leur droit. Trop violemment? Certainement. Mais comment répondre autrement à un homme qui a pour lui les éditeurs, la ville, les pouvoirs, quand on se sait loin de tout, humilié, et sans moyens? On attend la réponse.

Dès le début du livre, on note la similitude entre l'approche du sujet par P.Jourde avec celle de M.H.Lafon: même objet, même style, même qualité d'écriture. Mais, pour parler du monde paysan, il a manqué cette chose importante à P.Jourde et qui est - heureusement - constamment présente dans les livres de la dame de la Santoire: la délicatesse.
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Le voyage du canapé-lit

C'est le premier livre de cet auteur que je lis, et j'ai été enchantée par ce récit ébouriffant de transport de canapé. On peut parler d'un road-movie , même si on chemine modestement de Créteil à Lussaud, en Auvergne.



Dans une langue éblouissante (qui va du niveau le plus élaboré à celui de pipi-caca), l'auteur mêle anecdotes familiales et voyages aventureux dans des pays lointains. Parfois dans la même phrase : on passe avec lui, en un instant, des souvenirs rêveurs à la conscience immédiate de la conduite du combi.



Il vogue de l'ironie envers des confrères à l'auto-dérision bien servie, de la critique acerbe des journalistes à la gouaille moqueuse envers son frère. En brisant le quatrième mur, il fera du lecteur un protagoniste du récit.



J'ai beaucoup ri des anecdotes racontées avec un humour imparable, comme celle du panier de nonettes que son frère pille sans vergogne, ou celle du déchargement final du canapé, apothéose apocalyptique du roman.



Mais ce qui m'a finalement le plus frappée dans ce livre, c'est le témoignage d'amour à sa mère, personnage sincère et entier. Sa présence illumine tout le roman et la tendresse de son fils est évidente, malgré les petites piques inévitables. L'épilogue, émouvant, lui est d'ailleurs entièrement consacré.



C'est un livre que j'ai lu d'une traite, que j'ai trouvé très réussi, même si j'ai ressenti un petit côté roboratif dans le style et l'accumulation d'histoires.
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Pays perdu

Un petit parisien venait en vacances dans le Cantal.  Il y a vu des choses, des gens.



Quand, 20 bonnes années plus tard, devenu un magnifique spécimen de parigot, il décide d’écrire ce qui lui reste de souvenirs de cette époque, cela donne ce ramassis d’âneries, diffamatoires pour la plupart, que son grand ami qui ne peut rien lui refuser éditera.

Ces âneries lui vaudront des déboires justifiés sur le fond mais condamnables, d’ailleurs condamnés, sur la forme.



 Si vous voulez lire une description fidèle de la vie dans cette contrée, je vous recommande Les derniers indiens de Marie Hélène-Lafon. En plus, elle, elle écrit très bien.



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Pays perdu

‌J'ai laissé passer quelques jours avant de commenter, car ce livre m'a bouleversée et réveillé de très nombreux souvenirs d'enfance, de vacances passées chez mes grands-parents en Auvergne également, dans un petit village de 230 habitants proche de Volvic donc beaucoup moins isolé.

J'y suis retournée il y a quelques années après quasiment 40 ans d'absence. C'est devenu à la fois un village de résidences secondaires (héritées et retapées) d'habitants de Clermont, dont de nombreux employés ou retraités de chez Michelin, de salariés de Volvic et de maisons abandonnées, il ne reste que très peu de fermes en activité.

Je pensais retrouver la maison facilement, or j'ai tourné pendant un bon moment. Elle était totalement abandonnée.

Je pourrais continuer avec le fameux "Je me souviens" de Pérec".

Je me souviens des "waters" ou des cabinets (on ne disait pas WC, ni toilettes) au fond du jardin et de mon dégoût.

Je me souviens des orages somptueux qui nous faisaient peur et nous fascinaient.

Je me souviens à peine du maréchal-ferrand (surtout du bruit de sa forge et de ses outils), j'étais toute petite quand il est parti.

Je me souviens du tailleur de pierre.

Je me souviens de la Morande qui tenait l'unique épicerie-bar-tabac-restaurant-station service.

Je me souviens de la Bline alors très âgée, on allait acheter le lait dans sa ferme (beurk !) et dont mon père disait en plaisantant qu'elle avait déniaisé presque tous les garçons du village. Je n'ai pas osé lui demander s'il était concerné...

Je me souviens que le repas était fini quand mon grand-père (un homme pas facile) fermait son Opinel. Là, on pouvait vraiment parler de patriarcat...

Je me souviens du lavoir où j'aimais aller avec ma grand-mère et ses voisines (avant la machine à laver qu'elles ont toutes accueillie comme le sauveur. L'hiver, il fallait quasi casser la glace pour rincer le linge, changer les draps attendrait...).

Je me souviens du four banal près du lavoir (je l'avais complètement oublié celui-là)

Je me souviens des foins, moi j'adorais, mon père moins (il se sentait obligé d'aider, pour ne pas passer pour le parisien prétentieux, même s'il travaillait en usine)

Je me souviens du château de Tournoël alors libre terrain de jeu des enfants.

Je me souviens du raccourci à travers champs pour aller à pieds à Volvic. Il a complètement disparu (Ah ! La voiture...)

Je me souviens aussi des bouses de vaches...

Je me souviens du village-Michelin où vivait un cousin, avec ses maisons Michelin (différentes pour les cadres et les ouvriers), ses camps de vacances Michelin, ses magasins Michelin, ses écoles Michelin et les habitants très contents de leur sort (un loyer symbolique, un bout de jardin, un potager, un grand congélateur pour les animaux chassés, ou... braconnés et du travail de père en fils). Mais ça, c'était avant...

Je me souviens aussi de certaines histoires de famille, de la maison de mon grand-père vendue à un cousin et pas à l'autre. Depuis, ils ne se parlent plus...

Je ne me souviens pas qu'on y ait trouvé un quelconque magot...

Bref, pour moi, la nostalgie est toujours ce qu'elle était...

Mais je vois que je me suis prise au jeu et que je n'ai pas vraiment fait une "critique littéraire" de ce livre.

Ce que sa lecture a provoqué en moi est suffisamment parlant !

Merci Monsieur Jourde.
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La Littérature sans estomac

Jours tranquilles à clichés



Peut-être vous-est-il déjà arrivé d'être pris de doutes lors de la lecture de certains romans d'auteurs cotés ?

Peut être même avez vous éprouvé le sentiment qu'une gigantesque supercherie occupait le devant d'une scène décorée de prix prestigieux et de dithyrambes en carton-pâte ?

Si c'est le cas, ce livre est pour vous.



En un peu plus de 300 pages, Pierre Jourde s'en donne à cœur joie en faisant défiler comme à la parade, les plus éminents représentants en vieux poncifs, fausses audaces et vraies stupidités, pour mieux les "aligner".



L'auteur met au jour les ficelles les plus grossières et les processus les plus vulgaires utilisés fréquemment pour la fabrication de l'hypostase du "littéraire". Mais attention, contrairement à ce qu'annonce l'éditeur, "La littérature sans estomac" n'est pas vraiment un pamphlet.



Certes Jourde démonte et déboulonne, mais il ne se contente pas d'affirmer, il s'attache surtout à démontrer, sans aller jusqu'à profondément caricaturer. Et s'il épingle des extraits des romans mis en cause, il ne se contente pas de les "décontextualiser" pour s'en moquer, il se livre à une analyse solide et argumentée.



Ses charges (quand même !) sont savoureuses et à ce jeu de massacre, Philippe Sollers, Frédéric Beigbeder, Christine Angot ou Marie Darrieussecq en prennent pour ce grade qu'ils ont usurpé, attribué complaisamment par le milieu complice de la presse et de l'édition,



Mais il n'y a pas que ces têtes de Turc et d'affiche.

L'éventail retenu est assez large et j'avoue ne pas connaître tous les écrivains bien (mal) "traités" qui bénéficient de cette exposition.



Certes, compte tenu de la re-lecture qu'en fait Jourde, je n'éprouve pas le sentiment d'être passé par mégarde à côté d'un monument de la littérature contemporaine.



Mais d'un autre côté, voir exposées avec autant de drôlerie féroce, toutes leurs ahurissantes fadaises et leurs ridicules recettes de bazar, me donnerait presque envie de me précipiter sur les "oeuvres" de Camille Laurens ("on dirait que c'est une documentaliste de collège qui deviendrait écrivain"), Olivier Rolin (incroyable, cet homme a vraiment écrit "...demeurait associé dans mon esprit à une fugue pour violoncelle de Bach" ou "Les gouttes de sueur qui tombent de mon front allument sur l'encre de délicates flammes bleutées"), ou encore Pascale Roze ("le zéro absolu" ...il faut dire qu'avec une telle anagramme...)...



Et puis, à côté de ces baudruches qu'il s'efforce de dégonfler, Jourde évoque aussi des auteurs qu'il apprécie, comme Valère Novarina, Eric Chevillard ou Jean-Pierre Richard, parfois de manière ambiguë, voire circonspecte, comme dans le cas de Houellebecq dont il analyse l’œuvre, sans se laisser perturber par l'environnement polémique autour de l'écrivain.

Mais il faut reconnaître que si elle n'est pas sans intérêts, la partie "clémente" du livre n'est pas celle qui m'a le plus intéressé. Je me demande si je n'ai pas un fond mauvais.



Encore qu'un reste de clémence m'habite sans doute encore, car j'ai trouvé qu'à un moment, Jourde allait trop loin en écrivant, au chapitre consacré à Pascale Roze, qu' "Il y a certes peu d'honneur à tirer de l'extermination des insectes".

Il me semble que son cas est déjà suffisamment pathétique pour qu'on ne soit pas obligé en plus, de l'achever à coups de blattes.



Un vrai regret quand même : ce livre date de 2003. J'aurais bien aimé en lire une version actualisée incluant par exemple, David Foenkinos, Anne Gavalda, Jerome Ferrari, Amélie Nothombe ou Véronique Ovaldé...



A suivre ?
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Ce sont des chroniques auxquelles je m’intéressais et qui paraissaient dans le nouvel Obs. Elles faisaient parfois l’objet de débats houleux et permettaient ainsi au monde des idées d'avancer. Mais là, je ne vois pas trop l’intérêt de les publier. L’auteur aurait dû prendre soin de les remettre dans leur contexte, en profiter pour développer ou approfondir certaines opinions et soigner le style qui sent un peu le relâchement : répétitions, maladresses : " p 64 affections qui ne sont en rien affectées [...], etc.", expressions familières (une avalanche de « ça ») qui font mauvais ménage avec une certaine condescendance qui prend faussement le visage de l’humilité lorsque l’auteur se désigne lui-même à ses lecteurs comme « votre serviteur »...

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Le voyage du canapé-lit

C’est lorsque nos grands-parents décèdent que nos souvenirs les plus mauvais deviennent les meilleurs, car nous savons que nous ne les reverrons plus. Seule notre mémoire est là pour se souvenir. Particulièrement pour les petits-enfants, l’odeur dans les toilettes, le vieux chien dodelinant la tête, le grand tableau sur la chasse à courre, deviennent les meilleurs souvenirs, malgré que nous les détestions, du temps de leur vivant.

Nous reviennent, aussi, l’égoïsme de nos grands-parents, plus vers la fin de leur vie. Ce petit billet glissé discrètement dans notre main, comme un secret, est aussi un souvenir à jamais gravé dans nos mémoires, sans compter les au revoir les jours de nos visites très espacés, de leur déhanchement sur le balcon, pour nous dire au revoir.



Lorsque sa grand-mère décéda, sa fille ne voulut absolument pas se débarrasser du canapé-lit et de ses deux fauteuils. Peut-être parce que ses grands-parents ne les avaient jamais utilisés. Il fallut, donc, préparer le voyage du salon, car sa fille voulait, en plus, l’installer dans la maison familiale en Auvergne. Le transport coûtait plus cher que d’en acheter un, mais elle en avait décidé ainsi. Ses deux fils , Pierre et Bertrand et sa belle fille, Martine se chargèrent, donc, du voyage.

Pendant le trajet, Pierre se rappela et raconta toutes les péripéties de son petit frère à l’époque. Puis, il continua à raconter leurs voyages à l’étranger, ainsi que leurs escapades de jeunesse. Tout ceci en faisait un méli-mélo peu compréhensif et un peu rasoir. Le trajet était long. Le monologue de Pierre commençait à ennuyer Martine qui conduisait.



J’en étais aux cinquante premières pages seulement, de ce roman, et je commençais franchement à m’ennuyer. J’en ai même apprécié la remarque de Martine, qui semblait de mon avis. J’espérais que le narrateur allait s’arrêter là. Et bien non ! Ne s’occupant pas de son frère, de sa belle sœur et du lecteur, Pierre continuait son monologue, qui devenait franchement épuisant. Il y eut un très court répit, avec un semblant de conversation à trois, qui ne dura pas.

J’essayais, donc, de continuer, la lecture de ce roman, mais la conversation devenait si banale que j’abandonnais.

J’ai lu peu de livre aussi rasoir, banal et ennuyeux. Celui-ci n’est qu’un monologue peu intéressant. Dommage, car le sujet des grands-parents décédés aurait pu être un bon sujet de livre.

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Pays perdu

C'est un pays qu'on situerait volontiers en Asie centrale. Des steppes d'herbe rase dont surgissent, ici et là, des volcans inoffensifs. En guise de yourte, on trouve des maisons basses aux toits de lauze que les hivers recouvrent inlassablement. Trou perdu, diraient les uns, pays perdu corrigerait Pierre Jourde, et dans le léger interstice de cette précision sémantique, l'auteur insérerait ses souvenirs romancés et la topographie d'un lieu que le passage des années rend de plus en plus imaginaire.



Alors qu'ils viennent vider la maison d'un cousin disparu, le narrateur et son frère sont cueillis à froid - c'est le cas de le dire, en plein hiver - par la nouvelle de la disparition de la jeune Lucie, une adolescente malingre au sourire radieux. La veillée funèbre et les obsèques sont l'occasion pour le narrateur de tirer le portrait à ce coin de Cantal, intimement lié à son enfance et à son père, disparu lui aussi. En écrivant tout cela, le narrateur tente de retenir ce qui n'est pas palpable : les souvenirs personnels, la nostalgie d'un temps passé, les mythes et les légendes locales. Comme convoqués par le drame de la disparition de Lucie, d'innombrables figures - vivantes et mortes - affluent dans ce village que les notions géographiques d'exode rural et de diagonale du vide condamnent à une disparition certaine. En cela aussi, c'est un pays perdu, car sans avenir, dont on ne verra bientôt même plus le nom sur une carte routière. Pays perdu, enfin, dans les limbes des mémoires individuelles, pays perdu à mesure que disparaissent ceux qui y ont vécu et pourraient le raconter. En cela, le pays du narrateur se situe à la frontière entre l'espace et le territoire, entre l'absolu naturel et la terre humanisée, bornée, chantée.



Il ne conviendra pas de revenir ici sur l'accueil qui fut fait à ce livre dans le village cantalien où Pierre Jourde passa les vacances de ses jeunes années. Il ne m'appartient pas ici de juger de la violence de cette réception, mais plutôt de la déplorer en tant que preuve d'une incompréhension. Le récit de Pierre Jourde est résolument empreint d'une tendresse rude, à l'image du pays, des hommes et des femmes, qu'il s'attache à décrire aussi fidèlement que possible. Ce livre n'est pas le récit méprisant d'un universitaire sur un village de campagne qu'il a bien connu. Au contraire, Pays perdu est un témoignage qui serait presque ethnographique, s'il n'était pas empreint de sentiments pour les personnages qui le peuplent. Le narrateur a conscience que son témoignage intervient trop tard, que le temps œuvre pour la disparition de ces mœurs qu'on juge aujourd'hui avec sévérité (il n'y a qu'à lire la quatrième de couverture, où l'alcool est érigé au rang de divinité), et pourtant il témoigne pour que survive, même imparfaitement, l'âme de ce pays.



Pour ce passage en revue des hommes, des femmes et de leurs mœurs, Pierre Jourde use d'une langue riche et précise dans son vocabulaire, simple dans sa syntaxe et poétique dans les images qu'elle fait surgir. Le matériau littéraire n'est pourtant parfois pas bien noble : la noirceur des intérieurs, leur saleté récurrente, les excréments omniprésents du bétail et parfois même des hommes, le feu de l'alcool qui ravage les gosiers et fait s'écrouler les buveurs inconscients dans la neige, le sang des lapins qui s'écoule, goutte après goutte. A mesure que tous, hommes et femmes, entrent dans la maison des amis du narrateur, François et Marie-Claude, pour témoigner de leur respect et aller voir la morte avant son retour à la terre, à mesure aussi que la neige s'empare des mains et des corps qui patientent dehors tandis que la cérémonie religieuse célèbre une dernière fois le souvenir de l'enfant disparue, le narrateur évoque les histoires du pays. Histoires rieuses de beuveries incroyables, histoires tragiques d'enfants disparus, de vies solitaires, de vies cloîtrées aussi à cause de l'obésité ou du chagrin. La pudeur, ici, gâcherait tout. Elle gommerait les détails des frontières de ce pays mental dans lequel le narrateur a grandi. Ce principe, il l'applique aussi à lui-même, invoquant le souvenir de son père, fils d'une union illégitime et relégué au rang de chauffeur pour une femme dont il était pourtant le fils. Malgré toutes ces histoires, il y a encore des regrets : ceux de n'avoir pas bien écouté le père lorsqu'un jour, enfin, il se décida à parler ; ceux de n'avoir jamais vraiment écouté la tante pour qui les secrets du pays n'existent pas. Ce qui n'existe pas non plus, dans ce livre, c'est le jugement. Les hommes et les femmes de ce pays ont même de la grandeur, lorsqu'ils se retrouvent hachés par le tracteur ou par la tronçonneuse, lorsqu'ils avalent silencieusement leur déjeuner, lorsqu'ils n'ont que leur silence digne à opposer à la mort. A celle promise à son pays perdu, Pierre Jourde oppose, lui, la littérature.
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Le voyage du canapé-lit

Les 20 premières pages se lisent avec le sourire. Puis on commence à en avoir marre de ce récit de faux exploits de deux frères. Le bandeau du livre marque « HILARANT ». Quel ennui ces répétions de frasques. C’est rédhibitoire. Je n’irais pas au-delà de la page 85. Aucun plaisir. Je n’aime pas ce livre.
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In absentia

Le confinement pousse à une sorte de perfection la tendance de nos sociétés à ne vivre que virtuellement.

Il existe cependant et ce, depuis plusieurs années, un confinement mental : refus que soient traités des sujets qui heurtent les convictions, blesser les sensibilités. Les échanges internationaux n'ont pas brisé l'isolement culturel.

Il faudra retrouver le goût des contacts réels et en finir avec ces enfermements.
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Le voyage du canapé-lit

Il y a de l'humour, répétitif, un peu trop pour moi. Il y a des mots compliqués, trop, plus envie de les chercher, il n'y a pas d'histoire, où elle est confuse, trop. Il y a trop de trop, l'humour c'est pas donné à tout le monde, ça peut devenir rébarbatif. J'avoue, j'ai abandonné, pourtant j'ai envie de rire mais j'ai pas accroché.
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Le voyage du canapé-lit

Cela va finir par se savoir : j'aime beaucoup l'auteur, enfin, heu, ses livres, seule rencontre à l'heure actuelle. Après Le Maréchal absolu Pays perdu La première pierre Winter is coming, ces trois derniers évoquant des épisodes de sa vie, genre que d'ordinaire je fuis, voici une histoire de canapé-lit; mais son talent doit être incontournable puisque même sur la maladie (et le décès) de son fils, j'ai dévoré le texte.



Cette fois, à une époque non précisée, Jourde faisant fi de la chronologie et mélangeant allègrement passé, présent et même futur, ainsi que la géographie, peu importe, sa grand-mère maternelle est décédée, une grand-mère affreuse en particulier à l'égard de sa fille, la mère de l'auteur (vous suivez?), et le voilà, accompagné de son frère Bernard et son épouse Martine, à transbahuter un canapé vieillot jusqu'à la demeure familiale au fin fond de l'Auvergne.



Cette équipée permet de découvrir le trajet en France profonde (respect à la France profonde, hein!), des dialogues fous (inventés, mais psychanalysants parfois, il y a de la névrose familiale dixit la quatrième)(de toute façon, il y a déjà le canapé) et des voyages jourdesques, avec ou sans Bernard, dont ils s'est tiré vivant, mais après moult péripéties.



Avouons-le, parfois les blagues sont scato, Jourde raconte sa vie, mais fichtre je me suis bien amusée. Et j'en avais besoin. Je sais, ce n'est pas franchement un compte-rendu objectif mais tant pis. De toute façon Jourde a déjà désamorcé les critiques qu'on pouvait lui faire, alors...



Intervention d'un lecteur déçu de trouver tels passages sous la couverture blanche de Gallimard (mais où-va-t-on, quoi!)

"-Je revenais faire un tour, mais je vois que ça ne s'est pas arrangé, je vais revendre ce bouquin chez Gibert fissa, fait le lecteur.

-C'était qui? turlute Martine.

-Notre lecteur. Il s'en va.

- C'est le seul?

- J'en sais rien.

- Mais si personne ne nous lit, on va continuer à exister?

- Un livre existe sans lecteur.

- Tu es sûr?"
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Le voyage du canapé-lit

Pierre Jourde, son frère et sa belle-sœur font un voyage de la banlieue parisienne jusqu'en Auvergne pour transporter un canapé-lit de la maison de leur grand-mère maternelle récemment décédée jusqu'à une maison appartenant à leur mère.



Le long des routes nationales l'auteur va aller de digressions sur les lieux traversés à une accumulation de souvenirs familiaux, d'anecdotes sur son frère et sur lui-même qu'il raconte à sa belle sœur Martine en passant par des échanges sur le monde actuel.



J'avoue que je me suis très vite ennuyée dans ce voyage interminable, Pierre Jourde enchaîne anecdotes et digressions à n'en plus finir, les frasques du frère de l'auteur quand il était jeune ne m'ont absolument pas intéressée. Il y a certes de l'humour, des bons mots, une bonne dose d'autodérision, quelques passages savoureux mais tellement de lourdeurs et de longueurs dans ce texte que j'ai peiné à y trouver un quelconque intérêt.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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