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Critiques de Pierre Jourde (257)
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Pays perdu

Ce texte de Pierre Jourde m'aura montré à quel point notre regard sur une oeuvre peut changer à douze ans d'intervalle. De ma première lecture, j'avais principalement retenu la qualité de l'écriture et l'audace du propos, loin des descriptions convenues de la vie proche de la nature. Ce que je ressens avant tout aujourd'hui, ce sont la haine, le mépris et le dégoût qu'inspirent à l'auteur ces gens de peu dont il se repait à répéter qu'ils vivent dans la merde, l'alcool et la crasse, engendrant çà et là des enfants aux tares diverses et variées et auxquels notre humaniste n'a pas manqué d' ajouter une petite touche de consanguinité, histoire de parfaire le tableau. Figurez-vous que dans ce pays perdu, lorsqu'une femme s'avise de se défaire de son fichu à cause d'une démangeaison devenue difficilement supportable, le pus secrété depuis des semaines lui dégouline sur le visage ! Pierre Jourde a beau être professeur d'université, il semble lui manquer une certaine intelligence de comportement : n'est-il pas allé jusqu'à citer dans ses remerciements les habitants du village qui a servi de décor à sa logorrhée un brin scatologique ?
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Le voyage du canapé-lit

J'ai beaucoup aimé l'insolence dont P. Jourde fait preuve, dans la "Littérature sans estomac" et son "Jourde/Naulleau" à l'égard de pontes de la littérature dont il montre combien leur réputation est totalement injustifiée, tant leur écriture est plate et leur pensée inexistante. Je ne connaissais pas ses romans: j'ai commencé par celui-ci, que j'abandonne après 150p. d'ennui mortel. Il ne s'y passe rien. On balade un canapé familial de Paris en Auvergne... C'est peu pour faire une histoire susceptible d'intéresser. Il convoque Diderot: mais lui raconte des non-histoires en amusant et en enrichissant son lecteur.

Jourde raconte quantité d'anecdotes sur ses voyages au Guatémala, au Népal, comment son frère a perdu un sac contenant du shit... On a l'impression de lire un universitaire qui s'encanaille en révélant qu'il picole, fume des joints, a été un sacré cancre dans l'enfance (comme pour s'excuser d'être prof de fac aujourd'hui), parle de"chiottes" et de chiasse pour bien se démarquer des auteurs bien élevés... Il dit qu'on ne pisse pas, chez Gracq: c'est faux, ce dernier évoque dans les "Lettrines" la compagnie de voltigeurs qu'il dirigeait en 1940, des soldats qui "pissent en marchant", parlent "de leur dernière masturbation ou de la consistance de leurs matières fécales".



Un long et lourd passage décrit sa réception à l'Académie française, pour y recevoir un prix. L'auteur décrit alors avec beaucoup de mépris ces vieillards cacochymes et leurs attitudes pour lui ridicules... Mais une question se pose: pourquoi n'a-t-il pas alors refusé ce prix de l'Académie? Il crache dans la soupe où il s'abreuve! P. Jourde devait savoir qu'il y rencontrerait de tels personnages... C'est mesquin et hypocrite. Mais il n'a pas craché sur les 1500€ du prix!



Jourde nous balance jusqu'à plus soif ses figures de style genre "épanorthose" comme pour s'en moquer, mais ça reste du pédantisme et c'est pas drôle. Rien n'est drôle, d'ailleurs, dans ce récit ennuyeux qui n'aurait sûrement pas été publié s'il l'avait envoyé à Gallimard sous un autre nom... C'est bien de critiquer les autres ,mais faudrait être capable de faire mieux! Bizarre qu'il n'ait pas la lucidité de voir combien ce texte est nul, son écriture plate malgré des affectations de style copain-copain. C'est sans doute Jourde qui a écrit sa p. 4 de couv', où il s'attribue "un récit hilarant", "plein de tendresse bourrue", de "hargne réjouissante", d' "érudition goguenarde"... C'est tout? Je n'ai pas souri une fois en 150p. Il étale sa culture stylistique avec fausse modestie, s'il a honte d'être un ponte, que ne démissionne-t-il pas? Nullissime, à ajouter dans "La littérature sans estomac" ou le "Jourde et Naulleau"...
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Le voyage du canapé-lit

Pierre Jourde nous revient avec cet improbable road trip familial. Suite au décès de son acariâtre grand-mère la mère du narrateur le charge d'emmener le plus hideux canapé qui soit dans leur maison d'Auvergne. Comme si cela ne suffisait pas le dit canapé-lit, tel l'auteur, est affublé de deux compagnons assortis. Car Pierre Jourde embarque frère et belle-soeur dans cette aventure à travers la France et la mémoire. Ce périple vient libérer les brides d'un passé que l'on se plait à évoquer ensemble, comme l'épisode du presse-purée, qui vaut le détour ! Au fil du trajet les trois convoyeurs échangent souvenirs et réflexions, anecdotes cocasses et exploits de vieux briscards, toujours avec humour. Dans ce texte qui se joue de l'autofiction et mêle allégrement réel et imaginaire l'auteur se paie même le luxe de faire son autocritique. Ces 3 jours en compagnie de son frère Bernard, ce "génie du mal", et de Martine, qui taquine bien volontiers notre écrivain, donnent naissance à ce récit de voyage étonnant, truffé de références culturelles. Pierre Jourde livre ici son texte le plus intime, mais aussi peut-être le plus abordable. Entre humains intrusifs et objets rétifs l'auteur se dévoile, les petites légendes fraternelles agrémentant à merveille ce témoignage détonnant.
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Winter is coming

Lors de l'été 2017, en feuilletant un magazine, je découvrais inopinément le synopsis du livre que je m'apprête à chroniquer. Intéressée par les quelques lignes qui m'étaient offertes, je m'empressai de photographier la page (vive les smartphones) dans le secret espoir de l'acquérir un jour prochain.

Dix-huit mois plus tard environ, je vous retrouve pour vous parler du roman en question, « Winter is coming » de Pierre Jourde.

Ce texte déchirant possède une dureté terrible, parfois à la limite du soutenable d'après le Monde. Pierre Jourde signe des pages puissantes, que l'on lit en retenant son souffle selon le quotidien belge La Libre. Sur linternaute.com, Loïc di Stefano écrit : Je prie pour n'avoir jamais à endurer l'épreuve d'écrire un tel livre, quelle qu'en soit sa beauté formelle, sa retenue, sa perfection : adressée à son fils, c'est la lettre d'amour d'un homme que soudain on prive d'amour. Comme vous pouvez le constater en lisant ces commentaires, ce récit autobiographique est tellement auréolé d'une jolie réputation et d'avis extrêmement positifs, voir dithyrambiques que je ne pouvais être que motivée et enthousiaste à l'idée de me plonger dans cette lecture des plus personnelles. Quelques heures difficiles mais paradoxalement belles d'évasion se profilaient.

La dernière page définitivement tournée, je dois admettre que j'en ressors avec un sentiment mitigé. Vu la lourdeur du sujet, j'ai passé un bon mais non pas un irrésistible moment. C'est court (cent soixante pages), rapide et facile à lire. Mais pour le reste, je suis plus circonspecte.

Je vais tenter, à présent, de vous exposer les raisons qui font que j'en suis arrivée à cette conclusion.

Un après-midi de juin 2013, Pierre accompagné de son épouse, Hélène, et de ses enfants s'apprête à passer un week-end de détente chez des amis dans la forêt de Fontainebleau. Un séjour qui ne s'apparente pas comme étant le dernier d'instants d'insouciance, de pur bonheur. Et pourtant, un message, un simple message laissé sur son téléphone portable par le secrétariat d'un éminent chirurgien, spécialiste du rein, va chambouler sa vie et celle de ses proches. Elles ne seront plus jamais les mêmes…

Le lendemain, ils apprennent l'insoutenable vérité : Gabriel, le deuxième de la fratrie de trois, âgé de dix-neuf ans, est atteint d'un cancer rare : le carcinome médullaire du rein. Douze cas seulement dans le monde. Son avenir est désormais fortement compromis. Il ne lui appartient déjà plus. Commence alors une lutte acharnée contre la mort annoncée.

Le parcours fait d'examens multiples et variés, d'interventions chirurgicales, de traitements agressifs, de douleurs, de fatigues, d'affaiblissements, de doutes, d'angoisses, de colères, d'attentes mais aussi de rémission, d'espoir, de joies fugaces durera onze mois. Quasi une année pendant laquelle ses parents ne cesseront de le soutenir, de lui insuffler courage et espoir pour finalement l'accompagner vers sa dernière demeure.

A travers le texte qui nous est proposé, par des mots d'une dureté incroyable quelquefois, l'écrivain entame le récit de cette atroce période. A ses côtés, si j'ose m'exprimer ainsi, nous suivons étape après étape, les cinquante-deux dernières semaines environ de ce rejeton appelé par son entourage Gazou.

Si vous choisissez, à votre tour, de vous plonger dans cette terrible mais néanmoins véridique histoire, vous aurez dans les mains la déclaration d'amour d'un papa omniprésent durant la bataille.

Vous êtes-vous déjà demandé comment vous réagiriez devant pareille situation ? de quelle façon vous tiendrez ? Jusqu'où iriez-vous pour que la personne que vous aimez le plus au monde ne cesse de souffrir ? Vous souhaitez simplement épauler par la lecture Pierre et sa famille ? Alors, lancez-vous…

Si nous rentrons effectivement dans cette histoire et dans l'intime de l'auteur de manière brutale, je n'en étais pas pour autant habitée par du voyeurisme mais plutôt par un profond respect à l'égard du combat et de la peine incommensurable d'un jeune homme et de son père. Un père que je ne peux que remercier de nous ouvrir les yeux sur l'injustice de l'existence ou d'aider éventuellement, à travers ses mots, d'autres familles concernées.

Nous sommes embarqués avec violence dans un monde mal et heureusement peu connu de la majorité des gens. Un univers où se côtoie, au milieu de la maladie, tout aussi bien la froideur de certains pontes que l'empathie d'autres médecins. Nous flirtons avec la souffrance physique, le savoir-faire professionnel, la patiente perdue, les hôpitaux, bref le microcosme médical.

Nous ressentons alors l'affliction, la rage, l'impuissance, le désarroi du romancier totalement désarmé face à cette fin inéluctable. Il se livre avec pudeur sans pour autant se défausser. Il apparaît tel qu'il est : un homme blessé.

Cela dit, il n'omet pas de nous faire partager les tranches de vie plus joyeuses, propices à l'espoir, passées en famille ou avec des amis. Les beaux derniers moments du jeune adulte.

Je pense que la retranscription sur papier d'un deuil exempt de toute logique quant il s'agit de son propre enfant, est sa façon, à lui, d'accepter l'inacceptable.

Il est évident que cet ouvrage transpire d'amour, de générosité, d'émotion mais la prose de P.J. ne m'a pas transportée. J'ai eu du mal à accrocher. Peut-être trop colérique ? Peut-être trop acerbe, pas assez douce ? Peut-être trop lente ? Je ne saurais vous dire encore aujourd'hui. Il est clair néanmoins, que quelque chose m'a manquée.

Gabriel a toute ma considération et ma sympathie. J'ai été charmée par sa résistance, sa volonté, et surtout par sa faculté à cacher qu'il savait. Si je n'avais qu'un seul mot pour le décrire, je dirais : Respect.

Pour terminer, je vous confirme que cet opus est effectivement intéressant à découvrir, poignant, mais il ne m'a pas émue, bouleversée comme a pu le faire celui d'Anna McPartlin « Les derniers jours de Rabbit Hayes. J'avais alors été plus sensible à son histoire, à sa façon de la mettre en scène. Je ne regrette toutefois pas même si je n'en garderai pas un excellent souvenir. Je voulais le lire. Je l'ai lu. La magie n'a pas opéré tout simplement.

Vous avez, néanmoins, ma plus grande considération Monsieur Jourde ! J'ai admiré votre implication, votre capacité à distiller de l'espoir, votre courage. Je ne peux imaginer ce que ça peut-être de perdre son enfant, la chair de sa chair. Tous mes voeux vous accompagnent.

A entreprendre ? Pour une fois, je vous laisse seul juge. Je ne peux me prononcer. Je précise seulement que ce livre-témoignage est destiné à celles ou ceux qui aiment les histoires vraies.

Je vous conseille seulement d'écouter au terme de cette lecture « Des fragments », l'album numérique composé par ce fils (pseudo Kid Atlaas), musicien prometteur, trop tôt disparu. Et plus particulièrement « Winter is coming », titre repris en hommage pour ce bouquin.



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Le Tibet sans peine



"Difficile d'adopter la posture du héros quand le mouvement qui pourrait conduite à la mort est aussi celui de l'auguste titubant dans ses chaussures trop grandes." (72)



Pierre Jourde démarre sa mobylette en pétaradant avant de trouver un rythme de croisière. Au début, je suis tombée sur beaucoup de phrases que je ne savais pas par quel bout prendre, je n'entrais pas dans le livre. J'avais l'impression que l'auteur me bombardait d'images et de situations sur un mode à la fois mental, très écrit et potache. Puis la grâce a pointé sa lumière au bord de certaines routes. Plus qu'un récit de voyage, c'est un acte littéraire. Pierre Jourde tente de tirer la réalité de ce qu'il a vécu dans toutes ses contradictions. Les situations extrêmes côtoient les préoccupations triviales. La grande précarité trace son chemin dans un environnement qui ne semble pas fait pour les humains. On ne comprend pas comment tous ces gens peuvent survivre en savate dans la neige en ne se nourrissant que de peanut butter. Inconscience inspirée, clownerie salvatrice, ivresse de l'aridité, c'est une étrange empoignade avec l'existence réduite à l'essentiel et mue par des dynamismes dérisoires mais entêtés que ce livre.



"La familiarité ajoute encore à l'émotion peut-être, comme lorsque nous sentons que se donne à nous quelque chose qui garde cependant intacte toute sa sauvagerie. Comme l'intimité avec une panthère." (107)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Winter is coming

«Winter si coming » est le récit de l’avant, avant de savoir, avant l’inéluctable, du pendant, la maladie, les silences, les moments de vie intense mais si brefs, de l’après, quand on porte sa douleur comme un bagage que l’on ne pourra plus jamais déposer dans aucune consigne. Difficile, douloureux, rempli d’amour et de souffrance « Winter is coming » est porté par l’écriture incisive, désespérée, optimiste parfois, poignante toujours, de Pierre Jourde.
Lien : https://domiclire.wordpress...
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C'est la culture qu'on assassine

Critique disponible sur mon blog www.marcbordier.com.

En flânant dans une librairie à Chatou la semaine dernière, je suis tombé par hasard sur le dernier ouvrage de Pierre Jourde C'est la culture qu'on assassine. A vrai dire, il ne s'agit pas d'une nouveauté, mais plutôt d'une compilation d'articles publiés entre 2009 et 2010 sur son blog Confitures de culture hébergé sur le site du Nouvel Obs. J'aime beaucoup Pierre Jourde, et pas seulement parce qu'il présente l'originalité d'être comme moi un littéraire qui s'intéresse à la boxe française. J'apprécie avant tout ses critiques car elles ont le mérite de dédaigner le battage autour du nombril des auteurs pour s'intéresser à l'essentiel, c'est-à-dire aux textes eux-mêmes. C'est déjà ce que Pierre Jourde faisait avec brio dans La Littérature sans estomac, un très bel essai paru en 2002 et qui lui a valu quelques solides inimitiés. Il y analysait avec férocité les textes de quelques auteurs médiatiques pour en montrer toute la vacuité, tout en soulignant par ailleurs les authentiques qualités littéraires de quelques auteurs méconnus comme Chevillard, Richard, Novarina, Michon, Louis-Combet, etc. Finalement, il ne faisait qu'appliquer les méthodes de lecture qu'il enseigne en tant que professeur de littérature française (vous souvenez-vous de l'exercice du commentaire composé ?). Il exerçait son métier de critique.

Dans C'est la culture qu'on assassine, il part en guerre contre la bêtise ordinaire véhiculée par les pouvoirs économique, politique et médiatique, en s'en prend pêle-mêle à la réforme de l'université, à TF1, aux émissions de Cauet, aux journalistes serviles, à Sarkozy, à la nouvelle orthographe, etc. Vous l'aurez compris, le champ est vaste, et si la littérature est bien présente (notamment dans les parties V -Vie culturelle et VI - Livres et écrivains), elle ne constitue plus le coeur du sujet. Le style, lui, est toujours aussi jouissif : à la manière d'un Philippe Muray (mais sans doute de l'autre côté de l'échiquier politique), Pierre Jourde envoie ses coups sans retenue, avec une liberté, une intelligence et une ironie qui forcent l'admiration. Je l'avoue, je me suis délecté en lisant ces petits textes, même lorsque j'étais en désaccord avec les idées exprimées (sur la réforme de l'université notamment). Pour ceux d'entre vous qui souhaitent découvrir ces textes, ils sont pour la plupart en ligne à l'adresse http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/. Bonne lecture.
Lien : http://www.marcbordier.com
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

Lagarde et Michard nouvelle version !

Version : on décapite les succès littéraires actuels avec verve et drôlerie !

Implacablement, drôle et jouissif !
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Le Tibet sans peine

Une épopée cocasse écrite avec humour et légèreté!!! Un livre qui vous fera sourire jusqu'au oreilles que vous soyez un grand touriste ou un voyageur chevronné!!!!!



A LIRE!!!!!!
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Le voyage du canapé-lit

Je découvre l'auteur avec ce titre, et pourtant, il a déjà écrit nombres de romans auparavant.

J'ai aimé l'humour du narrateur-auteur, le regard critique qu'il porte sur sa famille.

J'ai aimé les synonymes du verbe répondre, certains m'ont fait sourire.

En refermant ce livre, je me suis demandé si le narrateur-auteur faisait autre chose que voyager....

L'image que je retiendrai :

Celle du parfum chimique de toilettes au jasmin.
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Pays perdu

Je connais Pierre Jourde par son blog sur le site de l'Obs (http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/), et je sais par ailleurs qu'il est (ou fut) associé à Eric Naulleau, qui n'est (ou ne fut) pas que le complice de talk-show d’Éric Zemmour, mais aussi le premier éditeur (à peu de choses près) d'Olivier Maulin, ce qui est plus reluisant. Cet écheveau de circonstances fit que j'avais envie de le lire (Pierre Jourde). Je truffai donc ma liste de souhaits de toutes les références disponibles en français dans le réseau Bookcrossing, et quelqu'un m'envoya fort aimablement ce livre, lu dans la foulée.

Au début ça ne m'a pas plu, pas du tout. De la prose de professionnel urbain de l'intellect essayant de donner un sens à des circonstances de retour dans le village reculé d'origine de son père et de ses vacances d'enfant. Outre cette posture déjà un peu éculée, des phrases aussi longues que vides, du pur cérébral, aucun ressenti, aucune sincérité. J'étais sur le point d'abandonner cette lecture (chose bien rare chez moi), et simultanément, quelque chose bascula, tout doucement mais sans véritable retour en arrière. Comme si le narrateur, comme le voyageur, avait eu besoin d'un temps pour se familiariser à nouveau avec cette terre (ce matériau littéraire) revêche, raidi, dont l'intérêt ne se montre pas en un tournemain. Mais peu à peu, on y arriva, à cette impression que Pierre Jourde avait trouvé le chemin vers ce qu'il voulait dire, et probablement vers ses souvenirs et ses sensations, ce qu'il en conservait, ce que cela pouvait susciter dans son imaginaire volontiers baigné de fantastique. L'intérêt du livre remonte en flèche alors, et s'il reste parfois inégal, ce n'est peut-être qu'au gré du paysage, tant physique que mental, qu'il parcourt avec nous : les reliefs et leurs trous d'ombres plus ou moins ragoûtantes, alcoolisme, mutilations, merde, mort, et dans le meilleur des cas, folie.

Ce livre valut certains ennuis à son auteur : les habitants de sa région d'origine crurent s'y reconnaître un peu trop précisément, et finirent par l'accueillir, un jour qu'il arrivait là en vacances, à coups de pierres jetées vers lui et sa famille. A la lecture du livre, on comprend leur colère (les pierres, par contre, étaient de trop. Une saine discussion aurait mieux fait l'affaire). Pour moi, je ne peux que reconnaître ce que Pierre Jourde peint de cette campagne reculée et familiale : faussement belle, cruelle, possessive, profondément aliénante, et qu'on ne peut pourtant que désirer et retrouver toujours.
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Armistice

A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.

Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.



Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...



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Le Jourde et Naulleau : Entreprise de nuisa..

J'ai bien rigolé avec ce livre ! Les deux auteurs nous montrent les auteurs phares qui incarnent la littérature du XXIe siècle. De nombreux fous rires à venir.



Oui, ils se moquent, oui, leur humour est plutôt noir...mais qu'est ce que c'est bon de prendre un peu de distance face à certains auteurs qui ont l'air sacré. Des clichés, des évidences, des phrases qui ne veulent plus rien dire une fois terminées, des phrases "m'as-tu vu", les extraits des textes qu'ils choisissent pour expliciter leur propos en regorgent.



Les exercices à chaque fin de présentation sont très drôles et permettent de se rendre compte de la bêtise de certains textes qu'on appelle "littérature". Les exercices où l'on doit attribuer des citations aux bons auteurs sont criblants de vérité car pour les auteurs qui sont présentés dans cet ouvrage, il devient très facile de deviner leurs écrits car ils deviennent des clichés à eux tout seul à cause de leur style.
Lien : https://labullederealita.wor..
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Le voyage du canapé-lit

Le transfert par l'auteur d'un canapé-lit de la banlieue parisienne à une vieille ferme cantaloue est le prétexte à un portrait de famille croustillant, à un autoportrait sans complaisance et teinté d'auto-ironie, à des anecdotes savoureuses, parfois burlesques, sinon cruelles, et même trop cruelles, comme celle décrivant les Académiciens arrivant en séance que j'ai jointe en citation.

C'est écrit dans une langue superbe, c'est bourré d'érudition, et cela offre, tous comptes faits, un très grand plaisir de lecture.
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Winter is coming

Il faut lire Winter is coming de Pierre Jourde. On aimerait s'arrêter là, tellement les mots habituels manquent à dire pourquoi le récit de cette mort insoutenable - celle d'un fils de 20 ans victime d'un cancer foudroyant - vous étreint. Je ne peux pas croire à tout ce qui s'est passé écrivait Mallarmé dans un des fragments de son Tombeau d'Anatole ; et il poursuivait : "le recommencer en esprit au-delà - l’ensevelissement etc - " C'est bien à cet exercice impérieux de remémoration de l'enfant merveilleux, de l'adolescent créatif, et de la maladie absurde que s'emploie l'écrivain. Il faut lire Winter is coming.
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Le Jourde et Naulleau : Précis de littérature d..

Version actualisée de la parodie du Lagarde et Michard, avec un choix plus large de têtes de turc, mais toujours aussi drôle. Ils savent appuyer là où ça fait mal ! J'ai particulièrement souri à la lecture des chapitres BHL et Sollers. En ce qui concerne d'autres auteurs, j'ai bien compris qu'il y a peu de chance que j'apprécie un jour les romans d'Alexandre Jardin, Camille Laurens, Madeleine Chapsal, Marc Levy et autres...
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Winter is coming

Récit puissant, élégie magistrale : voilà ce qu'il faut retenir du dernier roman très intime de Pierre Jourde dans lequel il raconte la mort de son fils qui n'avait pas vingt ans.



Ce texte foudroyant – à ne pas mettre entre toutes les mains – est une véritable épreuve dont on sort à la fois touché et ému et en même temps changé, à jamais. Parce que cette douleur aussi intime ne peut être exprimée que par la littérature, par le langage qui se charge de raconter le réel tel qu'il est et non tel qu'on l'imagine, ce texte vous transforme et vous permet de renouveler votre regard sur le monde : c'est ce qui caractérise toute grande littérature.



On vit à travers ce texte somptueux et douloureux, entre des phases d'élégie sublime et pudique et des phases terribles dans le froid univers médical. Même si la fin tragique doit advenir comme dans les grands mythes de l'Antiquité, on ne peut refermer le livre. On a besoin de vivre cette épreuve à deux, l'auteur et nous. On ne peut pas l'abandonner là. Il faut continuer, veiller sur Gazou, compter le temps qu'il reste, trouver quoi dire pour figer un peu d'éternité dans ce que l'on sait inéluctable.



Ce moment, nous le vivons, nous le traversons avec l'auteur qui ne nous épargne pas, qui pénètre le réel avec son écriture, qui se débat dans la prison des idées figées et des représentations toutes faites. Jourde nous offre un texte exutoire qui nous remet en face de notre misérable condition. Sans pathos excessif, sans effet de style ronflant, rien que l'écriture de la vérité, rien que la recherche du mot juste, de la pensée juste pour dire le réel.



Et puis, comme toujours dans l'oeuvre de Jourde, on retrouve ce thème du double et du Mal, présent en chacun de nous, nous échappant et nous retrouvant tout le temps, dans toutes les épreuves de la vie.



A lire, évidemment, en hommage à Kid Atlaas. A lire pour partager un peu de l'humaine condition.
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Winter is coming

Si l'on avait beaucoup parlé de ce récit sur les blogs, je me serais abstenue, car l'exercice de recension de ce type de livre est difficile; mais sans la bibli je n'en aurais rien su, mais il s'agit de Pierre Jourde, que je ne connais pas 'en vrai', et qui m'avait épatée avec Le maréchal absolu, Pays perdu, La première pierre, et d'autres écrits non chroniqués ici. En exergue, une citation de l'Autofictif au petit pois (Chevillard!) du 19 mai 2014.

"Une tombe s'ouvre pour le jeune homme qui avait tant de talents, qui avait un si beau sourire, et dans sa vie accomplie il y a donc son avenir, toutes promesses tenues."



Voilà c'est dit, un jeune homme est mort, à vingt ans. Gabriel, l'un des fils de Pierre Jourde, qui apparaissait rapidement dans La première pierre. Un cancer très très rare (deux cas répertoriés en France, l'autre était dans le même hôpital), sans traitement connu, de quelques mois à deux ans de survie.

Gabriel, alias Kid Atlas, talentueux musicien (Winter is coming est le titre d'un de ses morceaux), doué aussi en dessin, dont le père évoque surtout la dernière année de vie. Se remémorant aussi des souvenirs de son enfance; puis l'annonce du diagnostic, la difficulté à y croire, s'accrocher à la possibilité d'une guérison; les médecins, l'hôpital, les attentes, toujours, partout, pour les examens.

Le lumineux séjour en Martinique, pays de la famille maternelle, lors d'un rémission, hélas vite finie.



Si j'ai lu ce récit, c'est parce que l'auteur, je luis faisais confiance pour rester hors de tout pathos, pour demeurer pudique, quasi factuel, sans jugement. Un très beau livre (et quand même j'ai cédé aux larmes, comment faire autrement?), c'est un père et un écrivain qui s'expriment, impossibles à séparer.


Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Pierre Jourde est un critique littéraire assez sain d'esprit pour savoir qu'on ne peut toujours penser et dire du bien de ce qu'on lit, et pour constater qu'internet et autres médias parallèles ont aujourd'hui remplacé la critique littéraire officielle, confite dans le copinage, le politiquement correct et la dictature de l'argent. Il observe par exemple que le public, parfois, fait un triomphe à un livre comme "Les bienveillantes" au détriment du produit littéraire que les grands journaux patronnaient et que personne n'a lu. Enfin, il signale avec quelque malice que les journalistes n'aiment pas perdre, et qualifient de "fasciste" le livre qu'ils n'ont pas lancé et que le public a préféré. Dans ce grand jeu des qualificatifs insultants, certains artistes contemporains ne sont pas en reste, de Boulez à Jeff Koons, pour qui le public qui les boude est par nature une masse ahurie travaillée par le FN ...



Donc ce recueil de chroniques est un bon livre, qui ne se limite pas à la littérature, mais à bien d'autres domaines de la culture, même les médias. L'auteur, dans chacun de ses articles, assure toujours ses arrières en précisant qu'il fait partie du camp des gentils, ce qui l'autorise d'autant plus à critiquer ces mêmes gentils quand ils deviennent stupides. Venu de l'intérieur du Camp du Bien, cet ouvrage pourra éclairer quelques esprits.
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Pays perdu

Même dans des circonstances très défavorables à ma concentration et à une lecture hachée, je ressens beaucoup de choses pour ce livre. Tant le contenu campagnard, d'exilés du monde, prisonniers d'un autre monde, un monde que j'ai un peu connu par bribes, qui est dur, assez implacable, quelque part.

Tant la forme, une très belle écriture, sans effets, sans procédés, juste juste, juste très juste.

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