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Citations de Pietro Citati (99)


Le divin résidait dans sa vie passée et pas ailleurs. Aussi, pouvait-il dire , avec une sorte d'ironie, que le nom d'un pâtissier de son enfance contenait pour lui plus de substance divine qu'une relique qui renfermerait le sang du Christ ; et que les artistes, les philosophes auraient été bien incapables de reproduire celle-ci.
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Voyage à Fontainebleau - besoin impératif de joindre sa mère au téléphone, denrée rare à cette époque.

Quoique Proust raconte ce qui lui était arrivé quelques minutes plus tôt, il n'a pas composé une page de journal, comme l'eût fait chacun de nous. Avec l'invraisemblable ambiguïté des grands écrivains, il détacha de lui ces expériences : il procéda à une élaboration artistique de la réalité, devint Jean Santeuil, changea Fontainebleau en Trouville, les demoiselles du téléphone en garçons, renversa l'ordre des évènements, afin d'atteindre à un effet de tension déchirante. Je crois que peu de circonstances nous mènent plus près du mystère de la création artistique.

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La nuit, il dormit bien, sans prendre de somnifères et sans sa rituelle crise d'asthme : car la littérature, si elle nous livre sans défense aux assauts de la névrose, nous protège parfois, ironiquement, de ses tortures.


page 69
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Peu d'être humains ont désiré le bonheur avec la véhémence, la douceur, l'ivresse fiévreuse de Marcel Proust adolescent. Seul peut-être le jeune Tolstoï, auquel le liaient de singulières affinités et ressemblances, rechercha le bonheur avec la même ferveur douloureuse et irrépressible : il voulait que la vie demeurât elle-même, rien de plus qu'un fragment de temps - et cependant franchît d'un bond une limite, devenant un mystérieux au-delà, une épiphanie de l'invisible et de l'outre-temps.
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- Madame Jeanne Proust née Weil

Comme son père, elle aurait voulu lui imposer un mode de vie draconien, capable de vaincre sa neurasthénie. Un jour, une dispute éclata devant les domestiques. Le fils, furieux, claqua la porte vitrée de la salle à manger qui vola en éclats ; et, de retour dans sa chambre, volontairement ou par hasard, il brisa un vase de verre vénitien que sa mère lui avait offert. Jamais ils n'étaient allés aussi loin. Proust écrivit à sa mère une lettre d'excuses. Elle lui répondit par un billet : "Ne repensons plus et ne reparlons plus de cela. Le verre cassé ne sera plus que ce qu'il est au temple - le symbole de l'indissoluble union." Jeanne Weil faisait allusion à la cérémonie du mariage israélite où les nouveaux époux, après avoir bu du vin dans le même verre, brisent celui-ci ; et c'est la seule fois, à notre connaissance, où la mère rappelle un rite de sa foi abandonnée, oubliée et enfermée à jamais dans un recoin de sa mémoire. Ce souvenir est un sceau, le sceau de l'union indissoluble, de "l'unio mystica," qui liait la mère et le fils.

page 63
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Reynaldo Hahn et Marcel Proust

Il y eut toujours dans cet amour, dès le début, quelque chose de "violent, mélancolique et doux", comme dans la voix calme de Reynaldo Hahn. Mais jamais Proust ne connut de période plus heureuse : joie de l'âme, du corps, des pensées, des mouvements, qui se reflète dans les pages de "Jean Santeuil" écrites du temps de leur amour. Avec quelle bonne humeur ils bavardaient, s'écrivaient, échangeaient des potins, traversaient rapidement Paris en calèche! Pour la première fois de sa vie, Proust se sentit libre. Si, au cours des années précédentes, il s'était senti dominé par le destin, la nécessité du temps et du caractère, voilà que le 1er janvier 1895, il commençait l'année, constatait-il "avec un sentiment plus vif de la grâce divine et de la liberté humaine, avec la confiance dans une Providence au moins intérieure". Il devait assurément cette liberté à Reynaldo Hahn.
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La révolte contre Ruskin fut une révolte contre lui-même que Proust mena à fond, avec une sorte de nihilisme féroce. Il avait cru dans la beauté du monde extérieur, aussi bien dans les natures mortes de Chardin que dans le charme des lilas, des aubépines et des roses, ou dans les grandes cathédrales-livres. Il se disait maintenant, comme Emerson, que les choses ne sont belles que de cette part de "beauté infinie" que notre esprit amasse autour d'elles. Il avait cru dans la littérature, pensant comme Descartes qu'elle était "une conversation" avec les grands écrivains des siècles passés, et en avait éprouvé sur lui-même toutes les vertus curatives, imaginant que les livres répondaient à toutes nos questions. Il découvrait maintenant que la lecture "est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire ; elle ne la constitue pas". Il n'est rien de pire que la passivité à laquelle elle nous invite, que cette vie en surface, dans un total oubli de notre moi profond : l'on imagine la vérité comme une chose matérielle, "déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres".
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Mais il était plein de doutes à l'égard de la réalité. Il aurait voulu savoir comment elle était avant de se montrer à lui, avant que son regard fragile et dissolvant ne se fût posé sur elle ; et il croyait qu'aux autres, elle s'offrait entière, compacte, ronde et dense, englobant toutes choses. Pour eux, un simple petit verre à liqueur posé sur une table avait la solidité d'un monument. Quant à lui, il n'était pas même sûr que le réel fût consistant. La qualité première de la réalité était d'être irréelle. Tout était si fragile, incertain, fissuré, menacé d'effritement. " Pourquoi donc faites-vous comme si vous étiez réels , Voulez-vous me faire croire que c'est moi qui suis irréel, grotesque sur le pavé verdi ? Pourtant, bien du temps a passé depuis l'époque où toi, ciel, tu étais réel ; et toi, place, tu n'as jamais été réelle. "
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Au cours des mêmes mois, Proust s'était demandé, en rêve, si sa mère "comprendrait son livre". Quelle que pût être la réponse, il lui édifia un ardent monument funèbre : il fit d'elle le cœur et l'interlocutrice de son livre, l'enveloppa de lumière ; il l'évoqua avec une douceur, un déchirement inépuisables ; cette douceur qui ruisselle de la fontaine incessante de l'amour, laquelle "jaillit vers la vie éternelle", comme le dit Saint-Jean. Il l'évoqua dans toutes ses attitudes : avec sa parole embarrassée, sa voix altérée par l'aphasie, ou quand elle risquait timidement un air du chœur d'Esther, comme l'une des jeunes filles de Saint-Cyr, et semblait Esther elle-même, ou quand, d'un air distrait et indifférent, elle posait sur son lit un exemplaire du Figaro , ou encore dans sa chambre, assise à sa toilette, dans un grand peignoir blanc, ses cheveux noirs épars sur ses épaules ; ou lisant Georges Sans au chevet de son fils, de sa belle voix pleine de distinction, de générosité, de noblesse d'âme ; ou surtout - comble de la douceur - tandis qu'elle lui souriait de la fenêtre de l'hôtel de Venise et lui envoyait, du fond du cœur, tout son amour. Dans le Souvenir d'une matinée, il lui érigea pour la dernière fois ce monument funèbre. Plus tard dans La Recherche, la mort ne le séparerait plus d'elle, car il la rendrait immortelle.
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Devant Moctezuma, par-delà les côtes et les montagnes inconnues du Mexique, se tenait Hernán Cortés, l'élégant et ironique gentilhomme vêtu de noir, fils de la très vieille et toute jeune Europe. Bien qu'il fot pauvre, il s'était sans attendre coulé dans le personnage théâtral du grand guerrier. Il s'était fait prêter quatre mille pesos pour acheter un uniforme de « capitaine » — un panache de plumes, un collier à chaîne d'or avec sa médaille, un habit de velours brodé d'or — et des bannières et des oriflammes ornées des armes royales et d'une croix.
Nul ne possédait autant que lui le talent d'Ulysse. Il avait l'oeil rapide, l'esprit sinueux, la capacité de s'adapter à n'importe quelle situation, l'art de se sentir à son aise dans un monde totalement étranger : il parvenait à improviser à chaque fois la décision voulue, alors que les Aztèques étaient, eux, paralysés par la conscience de lutter avec les dieux. Excellent causeur et fin diplomate, il connaissait l'art du mensonge, de la parole masquée, évasive et trompeuse, et vainquit d'abord par ses paroles ce seigneur de la parole qu'aurait dû être l'empereur aztèque.
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La fascination qui avait enveloppé les viracochas venus d'orient se dissipa comme une nuée. Le halo sacré, la révérence, la vénération s'évanouirent dans l'esprit des Incas, qui ne virent plus dans les Espagnols que des hommes comme eux — pires qu'eux. Alors qu'eux-mêmes avaient tant cherché à exorciser la violence, les Espagnols étaient l'incarnation de la violence déchaînée, qui triomphe et s'enivre d'elle-même. IIs étaient la force pure, inexorable: celle que le feu du soleil ne peut brûler, que le froid ne transperce pas, que la montagne n'écrase pas sous ses éboulis, que les abimes des océans n'engloutissent pas; la force sauvage et chaotique de l'Histoire, qui était parvenue à bouleverser les géométries délicates des esprits indiens, les connexions entre les choses innombrables et les extases du temps sacré. Si leurs artisans décoraient d'or les façades et les murs des temples, les Espagnols voulaient posséder cet or que personne, en réalité, ne peut posséder car il n'est qu'une étincelle pétrifiée du soleil.
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Pietro Citati
Je pense que les livres traversent le temps. Ils ne sont pas toujours les mêmes, ils ont des aspects différents selon les siècles. Nous devons essayer de comprendre le mouvement des livres.
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Quand les voyageurs du XVe et du XVIIe siècle traversaient, au printemps, l'immense steppe qui d'Ukraine menait jusqu'en Sibérie, ils apercevaient près de la route des tumulus, tantôt isolés tantôt par groupes, parfois petits ou hauts de plus de vingt mètres. Leur voyage s'interrompait pour quelques minutes ou quelques heures. Autour d'eux s'étendait un tapis de fleurs: tulipes sauvages, iris jaunes et violets, coquelicots, renoncules, jacinthes de couleur pourpre, noyés dans une herbe blanche et duveteuse comme une mer d'ar gent ; tandis qu'au fond, dans l'air transparent et bleuté, passaient les rapides silhouettes des cerfs, des loups gris et bleus, des aigles et des outardes. Les voyageurs ignoraient que sous ces tumulus gisaient les corps de ces princes scythes dont ils avaient lu avec passion, chez Hérodote, les coutumes et les entreprises.

Quelle ne fut la surprise des premiers explorateurs qui franchirent les portes des grands tumulus ! Là, au fond des chambres funéraires souvent bâties d'énormes blocs de pierre et tapissées de feutre, gisaient ces Scythes dont ils avaient tant rêvé à travers les livres. ll y avait là les princes, leurs épouses, leurs cuisiniers, leurs palefreniers, leurs serviteurs, leurs courriers ; dix ou douze chevaux, le mufle couvert d'un masque ; des vases d'or, des boucles d'oreilles et des bagues en or des bracelets d'or et de perles, des ceintures décorées de plaques d'or, des amphores, des colliers de bronze des carquois pleins de pointes de flèches, des miroirs de bronze, des épées, des tapis persans, des coupes grecques, des soies chinoises, des chars de combat, des fourrures; et les jouets des enfants. Certains avaient disposé, au fond, des amas de terre noire, humide et grasse, apportée de loin : car chaque tombe était, symboliquement, un pâturage céleste, où le mort menait ses troupeaux, ainsi que ses chevaux et les êtres qu'il aimait. Quelle surprise, surtout, quand un explorateur découvrit une tombe emplie de glace !
Pendant quelques minutes, il contempla les princes et les chevaux, comme en vie, préservés par la glace; tout semblait vivant, immobile, fixé à jamais : les tapis persans, les soieries chinoises, les cygnes de feutre étaient miraculeusement conservés ; puis la glace fondit, les choses se défirent et ce bref instant d'immortalité s'évanouit comme un songe.

(INCIPIT)
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Flannery O'Connor et le récit

(...)" J'ai assez d'énergie pour écrire, et comme c'est là tout ce que je dois faire ici-bas, je peux me déclarer satisfaite."
Comme tout catholique, elle connaissait l'art chrétien du bon usage des maladies. " Je n'ai jamais visité d'autres pays, sinon celui de la maladie et,en un certain sens, c'est une expédition qui vous nourrit plus qu'un long voyage en Europe.Mais c'est le seul endroit où personne ne puisse vous accompagner.

(p.231)
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Flannery O'Connor et le récit


Flannery O'Connor passa la plus grande partie de sa vie en Géorgie, dans la vieille demeure familiale qui appartenait déjà aux siens avant la guerre de Sécession. Là, tout lui parlait du temps : les commodes, les rideaux , le divan et la chaise avaient connu ses arrière-grands-parents, ses grands-parents, son oncle, et elle construisit là son monde, parmi les parfums et les saveurs de sa famille.
Elle avait été une petite fille pieuse et rebelle.Chaque jour, elle se retirait dans une pièce fermée à clé, où elle faisait de féroces grimaces, tournoyant sur elle-même , les poings fermés, pour mettre son ange gardien hors de combat.Elle écrivait et illustrait des livres sur les oiseaux de la basse-cour.Elle fabriquait des bandes dessinées. Plus tard, elle raconta qu'elle avait dans ces années accumulé tout le trésor de ses expériences (...)

( p.228)
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Avant la naissance d'Apollon, Délos était une petite ile rocheuse, qui errait sur les mers comme une herbe abandonnée dans le courant. Poulpes et phoques s'y multipliaient. Quand Léto arriva, quatre colonnes d'or surgies soudain des racines de la terre arrimèrent l'îlot aux cavités de la mer Egée. Tournant sept fois autour de Delphes, les cygnes —«les plus harmonieux des oiseaux » — chantèrent sept fois pour la parturiente ; enfin, après neuf jours et neuf nuits de douleurs, Léto entoura de ses bras un palmier, pressant la prairie de ses genoux. Au-dessous d'elle, la terre sourit. Dans la splendeur du jour, Apollon bondit à la lumière, tandis que Rhéa, Dioné, Thémis et Amphitrite poussaient un ce moment, la petite ile des phoques et des poulpes se couvrit d'or — cette lumière solidifiée que Pindare aimait. La terre se fit or, le petit lac rond contempla ses mouvants flots d'or, le palmier se couvrit de frondaisons et de dattes d'or, les eaux transparentes du fleuve Inopos resplendirent d'or.
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Lorsqu'il franchissait la porte des Lions, le voyageur découvrait à nouveau, avec les yeux de l'imagination, le tapis de pourpre sur lequel Agamemnon s'avança, à son retour de Troie, et entendait le cri de la sentinelle, allongée comme un chien pour guetter les flambeaux allumés dans la nuit. Une sorte de rêve ou de cauchemar, dont il ne parvenait pas à se défaire, l'entraînait dans ses volutes. Appelés par toutes sortes de ressemblances et d'affinités, les vers d'Eschyle se pressaient dans sa mémoire; et il comprenait pourquoi l'imagination des hommes avait situé en ces lieux, comme en leur berceau naturel, les grands mythes et les héros de la tragédie.
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La guerre ne connaît ni limite, ni répit, ni frein, ni rivaux. Quand Grecs et Troyens s’affrontent, leur clameur domine le tumulte de la mer, qui soulève ses flots très haut sur le rivage, sous le souffle de Borée ; elle domine le grondement du feu qui brûle dans les gorges d’une montagne ; et le hurlement du vent dans le feuillage luxuriant des chênes. La guerre triomphe des phénomènes naturels : mais dans la nature – dans la mer, dans le feu, dans le vent, dans la rosée même – réside la même force destructrice, la même nécessité qui se déchaîne dans la plaine de Troie. Cette force blesse les êtres plus délicats : le coquelicot alourdi de rosée penche la tête d’un côté ; le peuplier, la cime chargée d’une frondaison touffue, tombe à terre dans la poussière et se dessèche près de la rive du fleuve ; l’olivier, constellé de fleurs blanches, est arraché par le soudain tourbillon des vents. Les jeunes guerriers qui tombent devant la mer sont eux aussi des coquelicots et des peupliers abattus par le vent ; et leurs vies antérieures, leurs parents, leurs femmes et leurs enfants s’effacent aussi. Ainsi, il n’y a pas de différence entre la nature et l’homme : tous deux sont fragiles et peuvent être blessés ou anéantis par la guerre et la violence des choses.
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Ménélas se souvient d’Ulysse. Tous pleurent. Télémaque pleure son père, qu’il cherche vainement ; Pisistrate pleure son frère, Antiloque, mort à Troie et qu’il n’a pas connu ; Ménélas pleure son rêve impossible de passer la fin de sa vie aux côtés d’Ulysse, à évoquer le passé ; et Hélène elle-même, qui pourtant ne devrait pas pleurer, parce qu’elle est au-dessus de toute faute et de toute destinée, pleure parce que, peut-être, elle connaît la souffrance comme ses victimes. Pisistrate déclare qu’il faut pleurer nos morts : c’est notre privilège, notre don d’honneur, notre mission, notre devoir. L’espace d’un instant, la civilisation grecque semble atteindre là son point culminant, dans le culte des morts et la déploration.
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La vie du mélancolique est faite de contrastes : abattement et exaltation, dépression et excitation, désolation ou extase et entre ces extrêmes passe une affinité secrète.
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Dans l’Iliade, Hélène habite la demeure que Pâris avait construite au sommet de la citadelle de Troie. Elle se tient dans le mégaron, entourée de ses esclaves, et tisse une tapisserie de couleur pourpre. Elle ne brode pas la terre, le ciel et la mer, le soleil et la pleine lune, les signes célestes ; ni non plus les noces et les festins, les fleurs, les travaux des champs, les vignes chargées de grappes, les danses et les courses des jeunes gens ; ou la gloire des dieux et des héros du passé. Sur sa toile, Hélène tisse les combats et les souffrances qu’endurent les Grecs et les Troyens, ou qu’ils ont naguère endurés à cause d’elle : des événements dont elle est le centre. Elle sait très bien qu’elle en est le centre. Elle n’en tire aucune vanité, aucune arrogance – rien n’est plus terrible que d’habiter dans ce centre – mais plutôt la conscience tragique d’occuper le lieu immobile que les dieux lui ont attribué.
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