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Citations de Rainer Maria Rilke (1484)


Dans toute situation réelle, on est plus proche de l'art, plus voisin de lui que dans les irréelles professions semi-artistiques qui, en faisant croire qu'elles touchent à l'art de près, en nient pratiquement l'existence et l'agrément, comme fait par exemple le journalisme tout entier et presque toute la critique et les trois quart de ce que l'on nomme littérature et qui veut être nommé ainsi. Je me réjouis, en un mot, de voir que vous avez évité de tomber dans ces pièges et que vous restez vaillant et solitaire au milieu d'une dure réalité.
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Nouveaux poèmes, I

HORTENSIA BLEU


Comme un reste de vert dans un pot de couleur,
sèches, rêches, ces feuilles semblent engourdies
derrière les fleurs en ombelles, qui reflètent
un bleu venu de loin et qui n'est pas en elles.

Elles livrent un reflet pâle et dilué,
comme si à nouveau elles voulaient le perdre
et comme dans de vieux papiers à lettres bleus,
violet jaune et gris en elles se mélangent ;

Les couleurs délavées d’un tablier d’enfant,
vêtement délaissé et qui n'a plus d'histoire :
on revit le temps bref d’une petite vie.

Mais le bleu d'un seul coup semble se rajeunir
dans une ombelle, et l’on s'émeut de percevoir
un bleu pur qui exulte au spectacle d'un vert.

p.390
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Être artiste, c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l’été puisse ne pas venir. L’été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils avaient l’éternité devant eux.
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Comme un verre de Venise
sait en naissant ce gris
et la clarté incléclse
dont il sera épris,

ainsi tes tendres mains
avaient rêvé d'avance
d'être la lente balance
de nos 1noments trop pleins
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Corne d'abondance

O belle d'où penchée
vers notre attente?
Qui n'êtes qu'une pente
en calice, déversez-vous !

Des fleurs, des fleurs, des fleurs
qui, en tombant font un lit
aux bondissantes rondeurs
de tant de fruits accomplis l

Et tout cela sans fin
nous attaque et s'élance
pour punir l'insuffisance
de notre cœur déjà plein.

Ô corne trop vaste, quel
miracle par vous se donne l
O cor de chasse qui sonne
des choses au souffle du ciel !
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...il est important d'être solitaire et attentif quand on est triste.
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Recherchez la profondeur des choses ; l'ironie n'y descend jamais.
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Arbre de vie, à quand votre hiver ?
Nous ne sommes pas accordés.
Ni avertis comme les oiseaux migrateurs.
Dépassés et tard, nous nous levons soudains dans le vent
pour retomber plus loin dans l'étang indifférent.
Conscients de fleurir et de flétrir en même temps.
Et quelque part marchent encore des lions,
ignorant toute faiblesse dans leur magnificence.

Mais pour nous, aussitôt que nous pensons entièrement
l'Un,
déjà le faste de l'autre est sensible. (quatrième élégie, p. 34)
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Les comparaisons choisies par Rilke renvoient à une temporalité dans laquelle le passé n’est pas le connu opposable à l’inconnu du présent. Au contraire, le nouveau apparaît comme l’émergence ou la résurgence de ce qui était déjà là mais insoupçonné, comme certaines œuvres du passé.

-Notes-
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Il est arrivé à certains prisonniers de puiser durant les jours d’extrême détresse au plus profond de leur être une conscience nouvelle d’eux-mêmes et la liberté la plus inépuisable. Si nous pouvions y parvenir !
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" Et toi, le souvenir d'une autre fois revient
où déjà, ici même, il t'apparut parfait "

P267, sonnet VI
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" Souffrir n'est pas simple à connaître
Aimer n'est pas matière apprise,
Ce qui dans la mort nous éloigne
n'est pas dévoilé "
Sonnets à Orphée, Gallimard poésie, Sonnet XIX 1ère section.
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Aimer est aussi une bonne chose, car l'amour est difficile. Que deux êtres humains s'aiment, c'est sans doute la chose la plus difficile qui nous incombe, c'est une limite, c'est le critère et l'épreuve ultimes, la tâche en vue de laquelle toutes les autres ne sont que préparation. C'est pourquoi les jeunes, débutants en toutes choses ne savent pas encore pratiquer l'amour ! il faut qu'ils l'apprennent.
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Ce qui s'offre à nous avec la lumière des étoiles,
ce qui s'offre à nous,
capte-le tel un monde sur ton visage,
ne le prends pas à la légère.

Montre à la nuit que tu as reçu silencieusement
ce qu'elle a apporté.
Ce n'est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.
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Vous allez connaître le grand bonheur de lire ce livre pour la première fois. Vous irez, comme dans un rêve, d’étonnement en étonnement. Et je puis vous dire que, dans la suite, vous serez toujours à travers ces pages le même marcheur émerveillé, car elles ne sauraient jamais rien perdre du charme féerique, de la puissance miraculeuse de leur première rencontre.
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Dites vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous viennent, votre foi en une beauté. Dites tout cela avec une sincérité intime, tranquille et humble.
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De même que quelqu’un qui cherche longtemps un objet devient de plus en plus perplexe, distrait et pressé, et produit autour de soi un massacre, un entassement de choses qu’il tire de leur ordonnance habituelle, comme s’il voulait les contraindre à chercher avec lui, de même les gestes de l’Humanité qui ne peut trouver sa signification sont devenus de plus en plus impatients, nerveux, précipités et hâtifs. Et toutes les questions de l’existence, remuées et fouillées, gisent autour d’elle. Mais, en même temps, ses mouvements se sont aussi faits plus hésitants. Ils n’ont plus cette rectitude physique et résolue avec laquelle les hommes d’autrefois ont tout empoigné. Ils ne ressemblent plus à ces mouvements qui sont conservés dans les statues anciennes, aux gestes dont le point de départ et le point final importaient seuls. Entre ces deux moments simples, d’innombrables transitions se sont insérées et il apparut que, justement dans ces états intermédiaires, se passait la vie de l’homme d’aujourd’hui, son action et son impuissance à agir. Les manières de saisir étaient devenues différentes, les manières de faire signe, de lâcher et de tenir. En tout il y avait beaucoup plus d’expérience, et en même temps de nouveau, plus d’ignorance ; plus de découragement et plus d’achoppement contre des résistances ; beaucoup plus de deuil de ce qui a été perdu, beaucoup plus de jugement, de sens des mesures, de réflexion, et moins d’arbitraire. Rodin créa ces gestes.
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(A propos des artistes)

- Ces gens-là devraient plutôt être fiers de notre peuple. Mais croyez m’en ils ne savent rien les uns des autres, ni le peuple d’eux, ni eux du peuple. Je vous le demande, que sont-ils donc ? Sont-ce des Tchèques ? Regardez n’importe lequel d’entre eux. Karas écrit dans des journaux allemands sur notre art. Et notre art, qu’est-ce ? Des chansons peut-être, comme les pourrait chanter ce peuple tout jeune, sain et à peine éveillé ? Des récits sur sa force son courage et sa liberté ? Des images de son pays ? Jamais de la vie.
De cela ces messieurs ne savent absolument rien.
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Ma vie est une forme particulière d'amour.
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Le roi Bohusch


― Oui bâilla-t-il (Norinski) avec nonchalance, puis d'une
voix condescendante : Et que fait votre pièce,
Machal ?
Un instant le poète, en silence, regarda au fond
de son verre d'absinthe, puis il répondit d'une voix
douce et dolente :
― C'est le printemps.
Tous attendaient une explication plus complète,
mais le poète était déjà reparti pour le pâle jardin
de ses rêves.
Il regarda grandir son verre d'absinthe, jusqu'à
ce que lui-même se sentît, au milieu de cette
lumière opaline, tout léger et dissous dans cette
atmosphère étrange.

p.14
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