AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Bernadette Dubois (Éditeur scientifique)
EAN : 9782874950339
95 pages
André Versaille éditeur (19/03/2009)
4.27/5   11 notes
Résumé :

Les sculptures, révolutionnaires à leur époque, du géant Auguste Rodin font partie de mon univers familier. Je préfère accéder au musée en passant par le parc, prendre le temps de regarder La Porte de l'Enfer et Les Bourgeois de Calais. J'aime revoir Le Baiser, et ce merveilleux torse de jeune fille qui se courbe de manière à ce que sa chevelure prolonge son élan. C'est avec ce dernier chef-d'œuv... >Voir plus
Que lire après Sur RodinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit livre contient, outre un essai de Rilke sur la création d'après Rodin, quelques lettres envoyées par le poète à sa femme Clara ou à Lou Andréa Salomé.
J'ai éprouvé beaucoup d'intérêt à parcourir les pages de ce livre qui tient dans une poche... Ayant visité il y a quelques années le musée Rodin, j'ai retrouvé ce regard particulier que l'on ne peut s'empêcher de porter sur les oeuvres du sculpteur, cette fascination, ce trouble, cette force de la beauté des corps. Rilke note plus spécialement la démarche du maître, sa manière de partir des points de contact pour créer un ensemble, la technique qu'il a utilisé pour faire de la statue De Balzac, par exemple, l'oeuvre magistrale qu'elle est. J'ai aimé, également, retrouver la voix du poète, rencontrée ici et ici, reconnaissable par sa douceur, son enthousiasme et sa fragilité manifeste. Il m'a manqué, peut-être, de pouvoir contempler en même temps, au fil de ma lecture, les oeuvres citées...celles que je ne connais pas, mais c'est un livre que j'emporterai sans conteste si je retourne visiter le musée Rodin, juste pour sentir au mieux la présence de Rilke dans ses murs...

Un peu plus sur mon blog...
Lien : http://antigonehc.canalblog...
Commenter  J’apprécie          120
Rilke a été le secrétaire de Rodin pendant quelques mois. Probablement une riche idée de Rodin pour lui-même, pour sa postérité, mais un côtoiement qui ne s'est pas passé sans douleur pour Rilke. C'est particulièrement perceptible dans sa correspondance avec Lou Andreas-Salomé où l'angoisse vis-à-vis de sa propre créativité est palpable et presque omniprésente. Rodin, lui, au contraire, était un monstre de travail, « il faut toujours travailler – toujours », avait-il dit à Rilke. le sculpteur a certainement été un peu écrasant pour le poète, ce qui n'a pourtant pas empêché ce dernier d'écrire de magnifiques lignes sur son employeur.
Ce livre d'une centaine de pages est composé d'un petit essai, ainsi que de quatre ou cinq lettres ayant pour sujet Rodin. Rilke décrit quelques-unes des oeuvres les plus célèbres du sculpteur, son évolution. Sa découverte progressive des corps, des mouvements, des surfaces, des gestes, des contacts puis des groupes qui ne forment plus qu'une seule figure. Son travail sur les visages, aussi. Il fait beaucoup de comparaisons avec la statuaire des cathédrales, tout en insistant sur la créativité de Rodin, sa capacité à reproduire l'essence de son époque.
Rilke a mis dans ses descriptions toute son âme. Et ce n'est pas une formule que de dire ça. Autant Rodin, c'est Rilke et sa voix si douce que l'on retrouve dans cet essai intelligent et extrêmement sensible.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ainsi il y a dans l'oeuvre de Rodin des mains, des mains indépendantes et petites qui, sans appartenir à quiconque, sont vivantes. Des mains qui se dressent irritées et méchantes. Des mains, les cinq doigts levés, semblant aboyer comme les cinq cous d'un cerbère. Des mains qui marchent, des mains endormies et des mains qui se réveillent. Des mains criminelles, chargées d'hérédité et des mains fatiguées qui ne veulent rien, couchées par terre dans un coin quelconque, comme des bêtes malades qui savent que nul ne viendra les aider. [cf. " Autour de Rilke" - Collection Quadrangle, 1999 ]
Commenter  J’apprécie          140
Cela était. A côté de toute l’histoire de l’Humanité se déroulait cette autre histoire, qui ignorait les déguisements, les conventions, les différences et les classes, qui ne connaissait que la lutte. Elle aussi avait eu son développement. D’un instinct elle était devenue une nostalgie, d’un désir de mâle à femelle, un élan d’homme à homme. Et ainsi apparaissait-elle dans l’œuvre de Rodin. C’est toujours encore l’éternelle bataille des sexes, mais la femme n’est déjà plus l’animal dompté ou docile. Elle est pleine de désirs et éveillée comme l’homme, et l’on dirait qu’ils se sont mis ensemble, pour chercher tous deux leur âme. L’homme qui se lève, la nuit, et, à pas étouffés, va vers un autre, est pareil à un chercheur de trésors qui veut creuser et trouver le grand bonheur dont il a tant besoin, au carrefour du sexe. Et dans tous les vices, et dans tous les plaisirs contraire à la nature, dans toutes les tentatives désespérées et perdues de donner à la vie un sens infini, il y a quelque chose de cette nostalgie qui fait les grands poètes. Ici l’Humanité à faim au-delà d’elle-même. Ici des mains s’allongent vers l’éternité. Ici des yeux s’ouvrent, voient la Mort et ne la craignent pas ; ici se déploie une vie héroïque, sans espoir, dont la gloire va et vient comme un sourire, fleurit et se brise ainsi qu’une rose. Ici sont les tempêtes du désir et les calmes plats de l’attente ; ici sont les songes qui devinrent des actes et les actes qui se perdirent en songes. Ici, comme à une gigantesque banque de jeux, une fortune de force était gagnée ou perdue. Tout cela est écrit dans l’œuvre de Rodin.
Commenter  J’apprécie          30
De même que quelqu’un qui cherche longtemps un objet devient de plus en plus perplexe, distrait et pressé, et produit autour de soi un massacre, un entassement de choses qu’il tire de leur ordonnance habituelle, comme s’il voulait les contraindre à chercher avec lui, de même les gestes de l’Humanité qui ne peut trouver sa signification sont devenus de plus en plus impatients, nerveux, précipités et hâtifs. Et toutes les questions de l’existence, remuées et fouillées, gisent autour d’elle. Mais, en même temps, ses mouvements se sont aussi faits plus hésitants. Ils n’ont plus cette rectitude physique et résolue avec laquelle les hommes d’autrefois ont tout empoigné. Ils ne ressemblent plus à ces mouvements qui sont conservés dans les statues anciennes, aux gestes dont le point de départ et le point final importaient seuls. Entre ces deux moments simples, d’innombrables transitions se sont insérées et il apparut que, justement dans ces états intermédiaires, se passait la vie de l’homme d’aujourd’hui, son action et son impuissance à agir. Les manières de saisir étaient devenues différentes, les manières de faire signe, de lâcher et de tenir. En tout il y avait beaucoup plus d’expérience, et en même temps de nouveau, plus d’ignorance ; plus de découragement et plus d’achoppement contre des résistances ; beaucoup plus de deuil de ce qui a été perdu, beaucoup plus de jugement, de sens des mesures, de réflexion, et moins d’arbitraire. Rodin créa ces gestes.
Commenter  J’apprécie          20
Et il créa le geste vague de cet homme qui "traverse seulement la vie". "Le passant", l'a nommé Gustave Geffroy. Il s’en va déjà, mais il se retourne encore une fois en arrière, non pas vers la ville, non pas vers ceux qui pleurent, ni vers ceux qui l’accompagnent. Il se retourne en arrière, vers soi-même. Son bras droit se lève, se ploie, vacille ; sa main s’ouvre en l’air et lâche quelque chose, ainsi que l’on donne la liberté à un oiseau. C’est un départ de tout l’incertain, d’un bonheur qui n’était pas encore, d’une souffrance qui maintenant attendra en vain, d’hommes qui vivent n’importe où et que l’on eût peut-être rencontrés quelque jour ; de toutes les possibilités de demain et d’après-demain, et aussi de cette mort que l’on imaginait lointaine, douce et calme, et au bout d’un long, d’un très long temps.
Cette figure, érigée seule dans un vieux jardin ombragé, pourrait être un monument pour tous ceux qui sont morts trop tôt.
Commenter  J’apprécie          30

Lire un extrait
Videos de Rainer Maria Rilke (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rainer Maria Rilke
"L"heure grave" Poème de Rainer Maria Rilke, chanté par Colette Magny
Dans la catégorie : SculpteursVoir plus
>Arts plastiques. Sculpture>Sculpteurs et sculpture par pays>Sculpteurs (33)
autres livres classés : le baiserVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}