Qu'est ce que le nihilisme ? Rozanov répond parfaitement à la question quand il écrit : "La représentation est terminée. Le public se lève. Il est temps d'enfiler son manteau et de rentrer à la maison. On se retourne : Plus de manteau ni de maison."
Ceux qui parlent de révolution et de lutte de classes sans se référer explicitement à la vie quotidienne, sans comprendre ce qu'il y a de subversif dans l'amour et de positif dans le refus des contraintes, ceux-là ont dans la bouche un cadavre.
L'amour du travail bien fait et le goût de la promotion dans le travail sont aujourd'hui la marque indélébile de la veulerie et de la soumission la plus stupide. [ Première partie, V ]
le concept lutte des classes à constitué le premier regroupement des heurts et des dérèglements vécus individuellement par les hommes; il est né du tourbillon de souffrances que la réduction des rapports humains à des mécanismes d'exploitation suscitait partout dans la sociétés industrielles. Il est issu d'une volonté de transformer le monde et de changer la vie.
Le désespoir rend partout la situation explosive. L’action judiciaire justifie, réprouve, absout, condamne en graduant l’emprise des circonstances atténuantes ou aggravantes. Elle ne désamorce pas la violence qu’exacerbent l’absence de solidarité sociale et l’apologie ordinaire du prédateur portraituré en self-made man. Elle rechigne à mettre l’arsenal de la légalité à la disposition de quiconque est lésé dans ses droits de citoyen et plus encore dans son droit imprescriptible d’être humain.
Si estimables que soient les progrès de la médecine, les aménagements du confort, les droits sociaux et la démocratie, ce ne sont que des formes de survie.
Travailler pour transformer le monde ? Allons donc ! Le monde se transforme dans le sens où il existe un travail forcé : et c'est pourquoi il se transforme si mal.
Le bon sens de la société de consommation a porté la vieille expression "voir les choses en face" à son aboutissement logique : ne plus voir en face de soi que des choses.
Rien de plus suspect que la formule "à chacun selon son travail" dans un monde où le travail est le chantage à la survie; sans parler de la formule " à chacun selon ses besoins" dans un monde où les besoins sont déterminés par le pouvoir.
Rien ne me consolait de n'être pas instruit dans l'art de déjouer le malheur quotidien, de multiplier les moments heureux, de m'épargner la morgue ou la condescendance d'adultes enrobant d'un absurde sirop les amères nécessités qui me brimaient.