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EAN : 9782707151049
112 pages
La Découverte (26/02/2009)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

" Plus jamais ça ! " : tel était l'objectif de la définition du crime contre l'humanité, adoptée en 1945 pour sanctionner les criminels nazis. Pourtant, depuis, massacres et génocides n'ont pas cessé. Et nous vivons dans un monde où le pouvoir réclame toujours plus de désordre pour imposer sa protection mafieuse, plus d'inhumanité pour donner du brillant au mensonge humanitaire. Dans ce monde, que peu... >Voir plus
Que lire après Ni pardon ni talion : La question de l'impunité dans les crimes contre l'humanitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'acquittement posthume récent de Milosevic par le Tribunal pénal international de la Haye m'a poussé à lire cet essai du grand Vaneigem qui a pour sous-titre : « La question de l'impunité dans les crimes contre l'humanité », datant de 2009 (donc sans rapport avec l'actualité mais dont je m'attendais à un discours philosophique de portée générale).
Mais d'abord qu'est-ce qu'un crime contre l'humanité pour le philosophe situationniste selon lequel le sens de l'inhumanité, c'est la prédation de l'homme et de la nature par l'homme ? Que sont la culpabilité, le jugement, le châtiment sinon des notions inhérentes à tout pouvoir nécessairement inique « et [qui] le sait », a fortiori puisqu'elles sont héritées du religieux ? Que s'attendre d'un pouvoir juridictionnel qui ne fait que sauvegarder un système de domination, en essayant tout au plus de jongler avec une impossible « équité » - comme dans l'oxymoron « commerce équitable » (!) - agissant de surcroît par la recherche de responsabilités individuelles et par leur éventuelle sanction ? L'impunité des crimes contre l'humanité n'a-t-elle pas, d'abord et surtout, des causes culturelles outre qu'économiques-systémiques ? le remplacement du principe de la mort (prédation, destruction, épuisement, avilissement, paupérisation, nihilisme, etc.) par le principe de la vie (libre, gratuite, solidaire et désirante) peut-il s'opérer autrement que par une nouvelle instruction de l'enfance, nécessitant la révolution d'une école qui ne soit plus qu'un appendice concentrationnaire destiné à perpétuer les cohortes de travailleurs-consommateurs ? En quoi le dépassement de la punition et de la prédation peut-il consister ?
Quelques citations pour repérer certains points-clés de l'argumentation :

Jugement et culpabilité : « Qu'il soit local ou international, le recours juridique présente un inconvénient que l'on s'est rarement attaché à souligner : il accrédite comme une réalité inéluctable l'omniprésence de la culpabilité. Comment en irait-il autrement ? Dans une société pour laquelle l'essence même de la civilisation consiste à établir une relation contractuelle entre le prédateur et sa victime, il n'y a pas d'innocents. La conception la plus achevée de la justice n'outrepasse pas l'impératif catégorique : pas de liberté sans devoirs. Mais c'est là, comme tout marché, un marché de dupes.
Le principe d'équité est vicié à la base, car il enjoint au plus grand nombre de sacrifier à la libre avidité de quelques-uns les libertés auxquelles la vie autorise. Si bien que nous ne disposons, à des degrés divers, que de la liberté de nous appauvrir. Nous sommes sans cesse coupables, et de ne pas nous approprier suffisamment des biens qui substituent l'avoir à l'être, et de ne pas transformer assez en force de travail cette force de vie qui constitue la vraie richesse de l'existence. » (p. 39)

Châtiment : « le châtiment illustre et entretient l'exemple d'une crainte salutaire, sans laquelle aucun pouvoir, aucune instance autoritaire, aucun supérieur hiérarchique ne sauraient se maintenir. Il établit le caractère incontestable d'un despotisme dont l'ordre a besoin comme il a besoin d'un désordre qui le justifie. La peur légalisée ne garantirait pas la sécurité du pouvoir si elle n'imposait au sujet, au citoyen une paix contractuelle, une paix sous condition : il faut pour en jouir jurer fidélité aux gouvernements en place […] » (p. 52)

Contre des procès ad personam (et à l'encontre de la démarche de dénonciation altermondialiste) : « Plus qu'un procès, c'est un processus que nous voulons engager afin de prendre le contre-pied du cynisme néolibéral. Celui-ci nous met à chaque instant devant un état de fait accompli, passant outre aux recommandations humanistes qui préconisent l'abandon des OGM, du nucléaire, du pétrole, de la déforestation, du pillage de la biosphère, de la pollution climatique, des pratiques de terreur mafieuse banalisées par l'esprit du lucre et les enjeux financiers.
Le constat établi et publié par la critique dite altermondialiste ne fait que conforter l'arrogance de l'ennemi. Pourtant, ces manoeuvriers de la transaction financière, donnez-vous la peine de les observer ! Ils sont moins que vils, ils ne sont rien. […] Ce qui leur prête du pouvoir, c'est la servilité des foules. Pourquoi se priveraient-ils de ricaner devant le bilan apocalyptique que dressent les contestataires en opposant au prétendu gigantisme de leurs moyens de destruction la peur, l'impuissance indignée, l'absence de créativité, l'ignorance de ce ressort vital en l'attente d'une conscience qui le détendra ? » (pp. 76-77)

Dépassement : « Gardons-nous des institutions juridiques : elles perpétuent la coutume de juger au lieu de favoriser le dépassement. Comment éviter de sacrifier à l'esprit procédurier si ce n'est en accordant au vivant la prééminence qu'une éducation propre à humaniser l'enfant confortera sans peine ? Un grand progrès sera accompli lorsque, révoquant la culpabilité et le châtiment, l'idée fera son chemin que tout forfait est une erreur qui exige réparation. Lorsqu'une plaie a endommagé le tissu de la communauté […] celui qui est en cause est tenu de panser, d'apporter ses soins à la blessure.
Se débarrasser d'un criminel par la mort ou la prison, c'est laisser la plaie s'envenimer avec le sang et la souffrance du coupable. » (p. 101)
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La souffrance est celle d’êtres particuliers, elle est existentielle et n’a pas à être délayée dans cette identité ethnique, rituelle ou idéologique sous laquelle se dissimule la seule vérité concrète à laquelle un homme puisse s’identifier : sa part d’humanité. Juifs, Tziganes, Bosniaques ou Tutsis, il n’est pas d’hommes, de femmes, d’enfants, martyrisés au nom de quelque raison que ce soit, qui ne nous concernent universellement en tant qu’êtres de chair, non en tant que groupe, masse ou donnée numérique.
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La haine des esclaves pour les maîtres a toujours consolidé leurs jougs plus efficacement qu’elle ne les brisait. La haine enchaîne à son objet, elle n’en délivre pas. En revanche, la volonté de vivre est pareille à la saxifrage : elle contourne le roc qui s’oppose à sa progression, elle l’entoure, découvre la faille, s’y glisse et lentement le brise. Nous ne viendrons à bout du cynisme néolibéral qu’en rétablissant la valeur de la vie, en la débarrassant du prix de vente que lui assigne le marché.
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Que le maître soit un accompagnateur d’apprentissage, un précepteur prêt à communiquer son savoir en s’imprégnant de la poésie de l’enfance, un être passionné par la compréhension du vivant sous toutes ses formes, quelqu’un qui sait fonder sur son expérience vécue l’art d’apprendre à se connaître et à connaître les autres.Ni compétition ni concurrence, mais émulation, passion de savoir et d’enseigner aux autres.
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Partout où le commerce des choses gère le commerce des êtres, la logique du profit préfère aux pillages, à la barbarie vengeresse, aux guerres inexpiables une politique de subornation, un art du compromis politique et de la palabre diplomatique où les affrontements impitoyables de la concurrence cultivent les vices et les vertus de la courtoisie.
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L’argument selon lequel nous ne pouvons attendre que le monde se réforme pour nous prémunir contre les criminels qu’il engendre, dissimule sous le principe d’urgence la nécessité de changer les mentalités et les conditions, de telle sorte que s’efface peu à peu la propension à nuire à la vie et à l’être humain. Partout l’impératif qui prescrit d’agir vite pour agir efficacement aboutit à des remèdes inopérants, voire pires que le mal.
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Video de Raoul Vaneigem (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raoul Vaneigem
Le 22.05.18, Thibault Henneton recevait Gérard Berréby dans "À voix nue" (France Culture), pour un entretien en cinq parties :
"Gérard Berréby vit de petits boulots et se met en quête : que faisaient les Guy Debord, Raoul Vaneigem et consorts avant 1968 ?
Sa première rencontre, c?est avec le poète et plasticien Gil Joseph Wolman, membre fondateur de l?Internationale lettriste : point de départ d?une généalogie des avant-gardes qui le conduira à rassembler et publier, en 1985, ses Documents relatifs à la fondation de l?Internationale situationniste. Ce qui n?a pas plu à tout le monde."
Photo : Gérard Berréby et Ralph Rumney à Cosio d'Arroscia. © Pauline Langlois.
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