Citations de Raphaël Enthoven (209)
Rien n’est moins clair que la transparence.
Douter. Refuser de savoir. Et, par là même, refuser cette forme d’ignorance qui consiste à croire qu’on sait. L’homme qui doute est un cauchemar pour ses congénères, parce qu’il est seul à vivre sans la béquille d’une certitude.
Nous sommes trop près des choses pour les penser. Et trop loin pour les sentir. Le monde ignore celui qui prétend le connaître. Mais il dévore celui qui prétend le sentir.
La mélancolie permet d'être lucide sans être blessé. Si la pluie incarne la mélancolie, c'est parce que la pluie est inlassable, et non parce qu'elle ressemble à nos larmes. Si l'automne est sa saison, ce n'est pas pour l'idée de la mort, mais pour la saveur des états indécidables. La tristesse déplore que les êtres disparaissent : la mélancolie constate que les choses passent. Elle est le goût d'éprouver, sur le mode de l'amertume, le pur plaisir d'exister.
L'indécision mélancolique est un entre – deux qui adoucit l'absurdité, un peu comme la grisaille ensoleille la noirceur. Si elle est crépusculaire, c'est que le crépuscule ménage la possibilité de regarder le soleil en face.
Ce n'est pas la vanité de toute chose qui donne au mélancolique le sentiment que « le monde entier est une scène de théâtre », mais l'intuition selon laquelle tout se joue avant de se vivre, ou qu'on peut être simultanément acteur et spectateur de son existence.
À force d'oublier ce qui l'engendre, la mélancolie est à elle – même sa propre source.
La mélancolie précède la raison qu'elle se donne, et approuve à force de se feindre.
À l'inverse du regret ou de la déception, la mélancolie ne naît pas du souvenir, mais d'un oubli conscient de lui – même.
La mélancolie ne conserve du suicide que l'art de contempler le monde avec l'indifférence curieuse d'un mort en sursis.
Si la pluie incarne la mélancolie, c'est parce que la pluie est inlassable, et non parce qu'elle ressemble à nos larmes.
Tout philosophe est un innocent de haute lutte, un résistant, un homme du soleil qui persiste à tenir pour énigmatique l’univers qui semble aller de soi.
L’anagramme, avec ses piquantes métamorphoses, se joue de nous, se joue d’un monde rempli d’apparences trompeuses et... prometteuses.
Le savoir nous distingue, mais l'ignorance nous réunit. Moins on en sait de quoi on parle et plus on en pense et on en dit la même chose que tout le monde. Aussi n'y a-t-il d'opinion que générale.
Ce n'est pas la philosophie qui donne des raisons de vivre, c'est la vie qui donne des raisons de penser.
Si on attend que tout change pour changer quelque chose, on ne change rien du tout.
Beaucoup de plaisir à lire ces quelques textes, ces réflexions sur des petits riens du quotidien comme le mode avion, l’e-cigarette, le vintage, le selfie...
Peu importe qu'il soit un malentendu, triste ou joyeux, tomber amoureux est toujours un début de victoire.
"Questionner" ne signifie pas seulement qu'on pose des questions. "Questionner" veut aussi dire "remettre en question" - ce qui est tout à fait différent.
On devient identitaire quand on devient minoritaire, ou quand on passe de la majorité à la fierté.