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Critiques de Ray Bradbury (1511)
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Fahrenheit 451

Guy Montag est un pompier. Mais entendons-nous bien, sa mission n'est pas d'éteindre des incendies mais bien d'en allumer. Sa cible : les livres. Montag et ses collègues ont pour devoir de brûler tous les livres, dont la détention est interdite. En plus de la délation, les "hommes à la salamandre", comprendre les pompiers, possèdent un outil de détection infaillible : un limier robot à la mémoire incroyable et à l'odorat surpuissant.

Millie, la femme de Montag, semble vivre complètement déconnectée de la réalité; préférant passer ses journées devant les trois écran-murs de son salon à regarder des émissions avec "sa famille" ou avec ses "coquillages" enfoncés dans les oreilles, plutôt que de parler avec son mari.



La vie de notre héros change radicalement, le jour où il rencontre Clarisse, une voisine, une ado un peu marginale, qui lui fera prendre conscience des plaisirs simples de la vie et de l'absurdité du monde totalitaire dans lequel il vit. Dès lors, Montag veut comprendre les livres et leur pouvoir, et s'engage dans une lutte contre le système aidé de quelques amoureux des livres, qui croient en un avenir meilleur.



Au final si les livres disparaissent, les hommes eux restent, leur mémoire perdure et permettra de transmettre aux générations futures. A travers cette dystopie parue en 1953, Ray Bradbury nous montre ce que pourrait être le monde sans les livres, l'art, la culture, la créativité... Fahrenheit 451 a été écrit précisément pour que l'univers terrifiant qui y est imaginé ne devienne jamais réalité. Raison de plus pour lire ce livre !
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Fahrenheit 451

Le spectacle du feu illumine les yeux du lecteur, comme le soleil. Les maisons ignifugées, les foyers des hommes, sont les proies de la Salamandre. Tout s'embrase, tout s'embrasse, dans l'esprit du pompier qui se consume, Montag. Insidieux, se glisse le souci consciencieux de Montag. Il assiste, spectateur impuissant,aux immolations de ceux qui ne participent pas au monde du spectacle, qui rejettent l'artificieuse existence qui les condamne à la solitude. La famille n'est plus ce qu'elle était et les hommes et les femmes s'isolent. Mildred, la femme de Montag, la capricieuse, l'anxieuse, parce qu'elle s'ennuie, se laisse séduire par les écrans – mais qui ne se laisserait pas séduire par ce déluge de lumière – elle se réfugie dans le monde virtuel alors que Montag, lui, se reconnecte petit à petit au monde réel. Sa mission sacrée, celle de détruire par les flammes la littérature et les idées, les brûlots, lors du rituel de l'autodafé, il la rejette, étant charmé par le chant des livres ; il reste cependant fasciné par la danse des flammes.
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Fahrenheit 451

Si Fahrenheit 451 est avant tout un classique du genre, il est absolument indispensable de le mettre entre toutes les mains.



D’abord pour la plume de Bradbury qui signe un roman élégant et maîtrisé, parfois poétique malgré la désillusion qui transpire du récit.



Ensuite pour les livres, puisque le papier est au cœur de cette dystopie. Objet universel et gage de liberté, il implique le lecteur en lui brisant un petit morceau du cœur à chaque fois qu’une page part en fumée.



Enfin parce que Fahrenheit 451 est avant tout une fresque humaniste qui raconte la déception, le désespoir et puis la résistance. Pas celle qui se voit, bruyante et assumée, mais la résistance silencieuse qui peut aussi changer le monde.

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Le pays d’octobre

Il y a bien longtemps, quand je n’étais encore qu’un lecteur jeune et naïf, je suis tombé par hasard sur ce bouquin, et le fait est qu’il m’a marqué. Je n’avais jamais rien lu d’aussi glauque, et je ne suis pas sûr d’avoir rencontré pire depuis. Même Amélie Nothomb m’a paru presque saine en comparaison.



Les sujets sont assez variables et parfois assez noirs, mais ce qui est fort c’est qu’ils n’y contribuent pas tant… Que l’écriture de Ray Bradbury ! Sa capacité à dresser une ambiance pointue, minutieuse, prenante et avalant le lecteur comme des sables mouvants. On connait le totalitarisme de « Fahrentheit 451 », l’onirisme des « Chroniques martiennes », et ici… On a l’impression de pénétrer dans un brouillard sale et poisseux, qui colle à la peau, étouffe et dont on ne peut s’arracher. On y croise des condensés de misère humaine et de laideur.



Bizarrement, il n’y a que quand elles touchent au monde des vampires que ces nouvelles prennent une certaine douceur. Comme s’ils lui inspiraient une sympathie diffuse et mal assumée. L’une d’elle, où il est question d’un enfant différend de ses frères et sœurs à longs crocs, se termine même sur une note d’une étonnante beauté – émouvante même. La fleur au milieu du marécage putride…



Une expérience littéraire à faire, mais pas un jour de déprime. Et quand à le noter, j'en serais bien en peine...
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Celui qui attend et autres Nouvelles

Lire des nouvelles de science-fiction, ce n’est pas seulement se plonger dans d’autres temps, dans d’autres mœurs, dans d’autres cultures...c’est aussi et surtout réfléchir à notre société, à notre mode de fonctionnement, pour en tirer des leçons de vie.

C’est bien ce que nous suggère Ray Bradbury dans ces nouvelles tirées de ses différents recueils, de 1954 à 1990.



Avec son style bien à lui, merveilleusement imagé et très vivant à la fois, il nous entraine dans un dangereux voyage dans le Temps, puisque les personnages y rencontrent le fameux Tyrannosaurus rex et nous interrogent sur notre propre sens des responsabilités vis-à-vis de la Nature y compris de ses plus infimes occupants (« Un coup de tonnerre »).

Nous nous rendons aussi sur Mars, au fond d’un puits, en compagnie d’un être étrange qui nous possède malgré lui (« Celui qui attend » est la nouvelle la plus mystérieuse, étrangement lancinante).

La naissance et la mort sont traitées sans fioritures car des pensées que beaucoup d’entre nous cachent honteusement sont étalées sans vergogne dans « Le petit assassin », « Le jour de la grande exhumation ».

La Mort encore, mais traitée sous forme de farce dans « La Pierre Tombale ».

« La Fusée » et « Icare Montgolfier Wright » nous parlent des rêves que chacun porte en soi.

Et enfin « Rencontre nocturne » nous interpelle sur notre propension à nous croire les maîtres du monde.



Bref, un petit recueil de la collection Librio facile d’accès par son format, attirant par son style perlé, et profond par ses thèmes latents.

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Fahrenheit 451

Je me souviens avoir vu, il y a très longtemps, l'adaptation cinématographique de ce roman (je crois qu'il s'agissait de celle de François Truffaut) et j'en ai gardé un souvenir teinté de violence et d'oppression, d'une vision d'un monde qui m'horrifiait et qui ressurgissait à chaque fois que l'on me parlait d'autodafé, de livres interdits ou détruits. Pour tout amoureux (se) des livres, de la littérature et de la lecture, c'est un sujet très sensible et il provoque en moi comme une amputation d'une partie essentielle de ma vie.



451° Farenheit est la température à laquelle le papier entre en combustion et dans cette œuvre de science-fiction datant de 1953, l'auteur imagine une société où les livres sont bannis car sources de pensées, de pertes de temps, de connaissances et de réflexion. Les autodafés sont de règle et les pompiers, dont fait partie Montag, sont là pour faire respecter la loi. Mais un jour Montag rencontre Clarisse, sa jeune voisine de 17 ans, tellement différente des autres femmes qu'il côtoie. Elle va lui ouvrir des portes sur un monde, un savoir qui va remettre en question toute sa vie, un monde où les pompiers éteignaient les feux au lieu de les allumer et quand elle va disparaître Montag va commencer à douter.



J'ai été tout d'abord impressionné par la prémonition de l'auteur sur ce que risquait de devenir la vie des humains dans le futur (pour lui à l'époque) : écouteurs, écrans, abrutissement par les médicaments, régimes totalitaires etc....



Mais ce qui est à la fois inquiétant et intéressant c'est l'évocation de l'interdiction des livres de quelque sorte dans les foyers car sources, pour les dirigeants, de révoltes, de questionnements, d'évasion et de rêves, en résumé de savoir et d'incontrôlabilité. Un monde sans livres, où lire est un délit dans cet univers autoritaire, à l'aube d'une guerre et où les vies de chacun sont totalement prises en charge et codifiées. Le personnage de Mildred, la femme de Montag en est le symbole, où l'humain est devenu une machine à recevoir, à diriger, à programmer.



Grâce à des "résistants" tels que Faber, un ancien professeur et des marginaux en fuite, Montag découvre qu'il y a des hommes qui perpétuent le contenu des livres au risque de leurs vies, en les apprenant par cœur, morceaux par morceaux, pour assurer leurs transmissions et que lui-même doit également s'engager dans cette lutte afin que d'autres découvrent, comme lui l'a fait grâce à Clarisse, la richesse des mots, du savoir, des histoires et la liberté qu'apporte la lecture.



Que de symboles dans ce roman que ce soit sur un régime totalitaire qui, en interdisant la lecture, supprime toute pensées, ouvertures d'esprit et imaginaire. Farenheit 451 est le roman d'une certaine forme d'oppression et d'apocalypse où les livres sont les seuls dangers que redoute le pouvoir mais aussi d'espoir grâce à ceux qui perpétuent, qui résistent. Montag prend conscience qu'il existe d'autres possibles et que la liberté, la conscience et la réflexion passent par la littérature et inutile de vous dire que j'en suis très largement convaincue.



Farenheit 451 est important par les idées qu'il développe plus que pour l'écriture. C'est très puissant quant aux messages, au monde que Ray Bradbury imagine (n'oublions pas qu'il a été écrit à la sortie de la deuxième guerre mondiale où le nazisme a usé des autodafés) où les hommes sont gouvernés par des machines, des écrans et où ils n'ont plus leur libre arbitre.



A lire et à relire, pour ne pas oublier le pouvoir des livres (et c'est bien pour cela qu'ils sont parfois une des premières victimes sous certaines dictatures), pour tous ceux qui aiment lire mais aussi pour éveiller ceux qui ne comprennent ou ne savent pas pourquoi nous aimons lire et pourquoi les livres sont essentiels....



Le genre de livre à avoir dans toute bibliothèque et à transmettre.
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Chroniques martiennes

Si j'avais déjà beaucoup aimé "Fahrenheit 451" du même auteur, "Chroniques Martiennes" sera sans doute mon coup de coeur 2019, ou au moins l'un d'entre eux.

Le début est un peu confus à comprendre, et les descriptions de la vie et des décors martiens sont très étranges, mais on est vite pris par la curiosité.

Malgré tous les avis et résumés lus avant ma lecture, je pense qu'il est assez indescriptible car ça n'a finalement rien à voir avec ce à quoi l'on peut s'attendre ou les images que l'on peut s'en faire.



Le livre est composé d'une série de nouvelles sans rapport au premier abord, vraiment très différentes les unes des autres, et pourtant chaque nouvelle est la conséquence des précédentes. Elles peuvent être individuelles ou collectives, en rapport avec le destin des civilisations humaines ou martiennes, ou celui de Mars ou de la Terre.

Les nouvelles étant toutes si différentes, on passe par toutes sortes de sentiments y compris le rire et la tristesse, la compassion et le dégoût.

Il est difficile de ne pas s'arrêter occasionnellement et de se surprendre à réfléchir aux conséquences que chaque situation engendre.



C'est un récit de science-fiction où les sciences expérimentales/dures ne sont ni expliquées, ni crédibles (en gros on est loin de la hard SF). Mais la psychologie, la sociologie, l'étude des comportement sont aussi des sciences, des sciences sociales certes mais des sciences quand même. Et on peut dire qu'à ce niveau-là Bradbury a parfaitement cerné la psychologie humaine, ses contradictions, ce que son espoir et ses convictions permettent de créer ou de détruire.

A recommander sans restrictions pour tout type de lecteur, moi de mon côté j'ai été aussi surprise que bluffée, et je ne vais pas bouder mon plaisir et continuer de découvrir cet auteur.



Challenge multi-défis 2019

Challenge globe-trotteur 2019

Challenge 50 objets 2018-2019

Challenge mauvais genre 2018-2019

Challenge déductions élémentaires
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Chroniques martiennes

Dubitative en empruntant ce livre à la bibliothèque, j'ai dû rapidement me rendre à l'évidence.



Oui, on peut écrire de la sf sans sabres lasers, sans vaisseaux spatiaux et extra-terrestres repoussants.

Oui, la sf peut être poétique, et toucher au plus profond l'âme du lecteur.

Oui, je suis amoureuse de ce chef d'oeuvre.



Et oui, je le conseille à tous ceux qui aiment rêver.
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Fahrenheit 451

Une dystopie passionnante : le personnage principal, Montag, est pompier. Sa mission : brûler les livres. Mais pourquoi me direz-vous? Parce qu'ils poussent les hommes à réfléchir et cela est inutile dans cette société où tout doit être condensé, rapide, et où les divertissements sont à la télé ... Trois écrans chez Montag mais Mildred, sa femme, rêve d'un quatrième afin de pouvoir voir sa "famille". La mémoire est inutile, les discussions sont inutiles, seule la "paix" est à cultiver pour apaiser le pays ... mais et ces avions ennemis menaçants qui ne cessent de passer dans le ciel?

Et Clarisse, cette étudiante qui aime la nature et prend le temps de se poser et de réfléchir?

Et si cet univers n'était pas si parfait?

Montag se met à réfléchir, attention!

Un roman puissant donc, dénonçant les dérives possibles lorsqu'on accepte de s'abêtir, de consommer sans réfléchir ou de courber l'échine face à une autorité absolue.
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Meurtres en douceur : Et autres nouvelles

Pour qui aime à la fois les nouvelles et les littératures de l'imaginaire, Bradbury est un auteur incontournable. Et c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé son talent de nouvelliste au détour des 5 petits récits qui composent ce recueil.



La 1ère nouvelle, "unterderseabeat doktor", m'a un peu décontenancée. Si j'ai aimé l'écriture et le ton assez surréaliste, je ne sais pas trop ce que l'auteur a voulu nous raconter. Du coup, je n'ai pas pleinement apprécié ce récit.

Dans ce même registre du bizarre, j'ai d'avantage aimé "Mademoiselle Vif-argent". Les histoires de doubles sont le terreau idéal pour donner lieu à un vertige, à une angoisse très particulière, ce qui est le cas ici où derrière la situation humoristique absurde pointe une tonalité inquiétante très réussie.

J'ai beaucoup aimé "échange" qui est un très joli hommage aux livres et à ceux qui les font lire. On sent bien que Bradbury a mis de lui dans ce récit et c'est très touchant. Tous les passionnés de lecture se reconnaitront un peu dans cette nouvelle.

Mais pour moi, les 2 bijoux de ce recueil sont "pas vu, pas pris" et "meurtres en douceur". Avec "pas vu, pas pris" Bradbury propose un récit aux allures de conte sombre. J'ai adoré l'ambiance mystérieuse de cette nouvelle. Quant à "meurtres en douceur", c'est une perle d'humour noir. Bien écrite, parfaitement menée, très drôle, cette nouvelle est un modèle d'efficacité. Impossible de rester de marbre en la lisant.



Bradbury est décidément un auteur que j'aime beaucoup même si je le lis rarement. Je suis bien contente d'avoir encore quelques textes de lui dans ma PAL, j'essaierai de ne plus attendre aussi longtemps avant de lire un de ses livres.

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... Mais à part ça tout va très bien

Une grande déception ce recueil de nouvelles. Je me l'étais procuré il y a quelques années alors que j'avais adoré Fahrenheit 451 et beaucoup aimé Chroniques martiennes.

Mais ici, pas une seule histoire ne m'a vraiment conquise.

Les idées sont pourtant bonnes avec une intrigue assez intéressante, mais à chaque nouvelle histoire mon désir de poursuivre retombait à chaque page et je terminais ma lecture sans grande conviction.

Dommage. J'essayerai quand même de lire d'autres nouvelles de cet auteur, mais je ne conseille pas ce recueil qui n'est, selon moi, pas représentatif de son talent.
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Fahrenheit 451

LE meilleur livre que j'ai eu l'occasion de lire et j'ai bien réfléchi avant d'écrire cette ligne.

Clarisse n'est pas l'héroïne de ce livre, on la croise sur à peine quatre ou cinq pages, pourtant son incidence sur l'histoire est immense, elle m'a tout de suite plu avec son côté rêveuse incomprise.

Montag, lui, même si sont métier de pompier l'oblige à brûler livres et maisons, cherche...chercher, c'est déjà beaucoup dans son monde, quelque chose, il ne sait pas exactement quoi, il ne peut le nommer, et c'est cette quête qu'on suivra au fil de la lecture. Il sent bien que quelque cloche, sa rencontre avec Clarisse renforcera ce sentiment, cet inconfort grandissant.



En parlant de sentiment, j'ai toujours eu cette sensation étrange, quand je lis la dernière phrase d'un livre, peu importe si il m'a plu ou non, ce moment ou je m'arrête pour repenser à l'histoire et à ce qu'elle m'a apportée. Ici c'était quasiment à chaque page, il me faisait me questionner sur les livres, sur pourquoi il me tiennent tant à cœur, si demain on interdit les livres, pourquoi sauver celui ci plus que celui là ? Je sais pourquoi je sauverais Farhenheit 451, parce qu'en plus d'avoir une bonne histoire, il me donne matière à réflexion, il m'inspire et m'en apprend sur moi-même.



Le livre entier mériterait une citation mais comme je pense qu'au niveau des droits d'auteur il y aurait quelques soucis, je vous conseil simplement de le lire, peut importe votre âge, les genres littéraires que vous aimez, du moment que vous aimez la lecture vous vous retrouverez dedans. L'auteur est clairement un amoureux des livres et pour nous le faire comprendre, quoi de mieux qu'un livre ?
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Fahrenheit 451

A quoi reconnait-on un chef-d’œuvre ? Probablement quand, à chaque page tournée, on ne peut s’empêcher de couiner convulsivement « Bon sang que c’est bon ! Bon sang que c’est brillant ! Bon sang que c’est VRAI ! » et que cette sensation extatique se renouvelle à chaque fois, quel que soit le nombre de relectures. Il ne paie pourtant pas de mine le chef d’œuvre de Ray Bradbury : deux cents pages à tout casser, une couverture amusément kitch (dans ma fort vieille édition en tout cas), un style simple, clair sans fioriture… Pourtant en quelques dizaines de pages – scribouillées en à peine une semaine si l’on en croit l’auteur – Bradbury parvient à mener une des réflexions les plus pertinentes jamais écrites sur la littérature, la culture en général, la mémoire, l’opposition entre bonheur apprivoisé et liberté, la manipulation des masses en dictature comme dans n’importe quel type de régime… Tant de thématiques fascinantes et intemporelles traitées avec plus d’intelligence et de virtuosité les unes que les autres : pas une ligne qui est vieillie ! Pas un mot qui ne sonne encore aussi clair et juste qu’un son de cloche, même après soixante années écoulées !



L’histoire est archi-connue, mais résumons la tout de même : nous sommes dans un futur indéfini où lire est considéré comme un comportement anti-civique (à l’instars de bien d’autres actions « décadentes » comme se promener à pied, rouler à moins de 110 kilomètres à l’heure ou discuter sur une terrasse). Les réfractaires se voient envoyés à l’asile – toute personne doutant du gouvernement étant forcément démente – et leurs bibliothèques brûlées par la brigade de pompiers 451 spécialisée dans la destruction des ouvrages subversifs. Guy Montag appartient à cette brigade et, à trente-cinq ans, aucun nuage n’a terni son petit bonheur propret, ni sa conscience bien astiquée de défenseur de la société.



Jusqu’au jour où il rencontre Clarisse, une jeune fille étrange qui aime se promener toute seule le soir, rêvasser sur des bancs, ramasser des feuilles mortes, contempler la lune… La jeune femme va réveiller en lui de troublantes impulsions et un doute subtile, insidieux : Montag est-il vraiment heureux ? Et sa femme Mildred, l’est-elle ? Et ses amis ? Ses collègues ? La société toute entière ? Le malaise s’installe, doublé d’une curiosité lancinante pour quelque chose que le pompier incendiaire est incapable de vraiment définir, et, un jour, lors d’une rafle semblable à des centaines qu’il a mené auparavant, Montag ouvre un livre…



Le reste, je vous laisse le plaisir de le découvrir ! Sachez pourtant que « Fahrenheit 451 » est un roman qui ne laissera personne indifférent et vous insufflera au fond du ventre cette angoisse sourde : rien n’est donné, rien est acquis. Les trésors de culture créés par l’humanité peuvent être dissipés en quelques années, soit par la violence, soit – et c’est là le plus pernicieux – par l’apathie et l’indifférence des masses. Face à ce déclin toujours menaçant, « Fahrenheit 451 » s’avère être une sacrée barrière, un cri de ralliement qui continue à résonner dans nos cœurs et résonnera probablement encore dans les décennies à venir – ce qui est également l’apanage des chefs-d’œuvre.
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Fahrenheit 451

Farenheit 451 est un des grands classiques parmi les dystopies.

On se retrouve ici dans un monde idéal d'où les livres et la réflexion sont bannis. On y ignore volontairement la réalité, on refuse de se confronter au monde, on obéit à la seule injonction au bonheur.

Dans ce monde, Guy Montag est pompier. Depuis que les maisons ont été ignifugées, les pompiers n'éteignent plus les incendies, mais au contraire, ils les allument. Ils brûlent ainsi ce qui reste de livres et parfois les maisons qui les abritent, sans compter les propriétaires qui périssent avec leurs biens.

Mais Guy ne veut pas se contenter de ce bonheur prêt à consommer. Il réagit. Brusquement d'abord, puis, avec les conseils d'un vieil homme reclus, avec davantage de réflexion.

L'aveuglement de cette société est tel que la guerre qui arrive passe totalement inaperçue.

A travers cette chasse au livre, et donc au savoir, à la culture et à la mémoire, Ray Bradbury nous donne à réfléchir sur les travers de nos propres sociétés.

Certains passages sont d'ailleurs, et malheureusement, prémonitoires. A lire Farenheit, on entrevoit déjà les réseaux sociaux d'aujourd'hui où toute pensée tient dans les 250 caractères d'un tweet, où toute réflexion et tout recul sont bannis, où la forme prime sur le fond et où l'immédiateté excuse tous les excès et tous les outrages.

Lire une dystopie à travers le prisme de notre époque la rend d'autant plus intéressante et lui confère une profondeur supplémentaire.

Un livre qui se dévore comme le feu qui dévore les pages des ouvrages interdits.
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Fahrenheit 451

Je ne l'avais jamais lu, les "souvenirs" que j'en avais devaient remonter au film de Truffaut. Pourtant si le récit et le style sont souvent poétiques, ce roman se distingue aussi par de longues ratiocinations... Ce qui m'a le plus surpris : l'importance accordée au Limier, sorte de machine qui flaire les lecteurs et les assassine, la noirceur bien plus grande que ce que j'attendais de ce roman qui au final ne s'illusionne pas tant que ça sur la nature humaine et sa propension à tout détruire. Le personnage de Clarisse, jeune fille un peu fantomatique qui fait que Montag commence à se poser des questions, est bien dessiné et sa disparition rapide est une surprise. La fin du roman est assez étonnante aussi avec sa course poursuite entre Montag et les forces de police, sa rencontre avec les hommes-livres mais aussi la destruction complète de la ville... Même si j'ai des réserves, je dois reconnaître que ce roman tient sacrément bien le coup plus de soixante ans après sa parution.
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Fahrenheit 451

Je viens de relire ce beau roman d'anticipation qui fait maintenant partie des livres-cultes du siècle passé. Je n'en ferai pas le résumé mais simplement je dirai que j'avais retenu de ma première lecture que c'était une société futuriste où le livre était l'ennemi à combattre, qu'il disparaissait mais renaissait à la fin sous la forme d'hommes-livres. Très beau comme concept.

Cette fois-ci, j'ai été sous le charme de la narration qui, bien que traduite, est très poétique : en particulier quand Granger évoque devant Guy Montag son grand-père : "Cela fait des années et des années que mon grand-père est mort, mais si vous souleviez mon crâne, nom d'un chien, dans les circonvolutions de mon cerveau vous trouveriez l'empreinte de ses pouces. Il m'a marqué à vie. Comme je le disais tout à l'heure, il était sculpteur."... "Remplis-toi les yeux de merveilles, disait-il. Vis comme si tu devais mourir dans dix secondes. Regarde le monde. Il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n'a jamais existé..."

Une philosophie de vivre qui date des années 50 et qui est bonne à adopter. Il faut lire mais de bons livres, si possible. Advienne que pourra !

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Fahrenheit 451

Fahrenheit 451, bien qu’écrit en 1953 (tandis que les Etats Unis étaient en pleine phobie maccartiste), reste un modèle de dystopie (à l’inverse de l’utopie, la dystopie propose une vision pessimiste de l’avenir) intemporel. Si dans ce futur la littérature est bannie c’est aussi la communication qui fait défaut, pour éviter de se poser trop de questions l’on s’abrutit devant la télévision et la publicité (une vision futuriste malheureusement en passe de devenir bien réelle à l’ère des télé réalité de plus en plus insipides). Le plus inquiétant dans cette vision du futur c’est que le “bannissement” du livre s’est fait quasiment sans heurts, un nivellement culturel par le bas accepté par la masse populaire. Une relecture qui m’a paru plus enrichissante que lors de son premier passage entre mes mains, peut être que la nouvelle traduction y est pour quelque chose mais je préfère songer que c’est le résultat d’un regard plus mature. Une piqûre de rappel nécessaire pour nous rappeler d’aimer et de respecter les livres, parce que franchement si je devais vivre dans cet avenir je crois que je préférerai me foutre en l’air plutôt que subir ce vide neuronal permanent…

Alors que généralement je n’accorde qu’un faible intérêt aux préfaces je dois reconnaître que celle de Jacques Chambon est particulièrement pertinente en guise de mise en bouche. Pas grand chose à ajouter sur le roman à proprement parler, une lecture aisée et une vision bien glauque de l’avenir mais d’où ressortent quelques lueurs d’espoir. Pas de risque que cet avenir devienne réalité même si la sous-culture mass-média est bel et bien réelle, mais ça n’empêche pas de se poser des questions et de réfléchir en refermant le bouquin.
Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Fahrenheit 451

Le Co-Vid et ses librairies ou rayons livres fermés "non-essentiels" m'avaient décidé à enfin m'attaquer à ce classique de SF, genre que je ne lis que trop peu souvent, mais dont le pitch est tant connu... Fahrenheit 451 prend en effet place dans un futur indéterminé où les pompiers brûlent les livres car la lecture est considérée comme une activité fantasque qui sème le trouble et le désordre. le pompier Guy Montag, dans une trajectoire un peu similaire au Winston Smith de 1984, se détachera progressivement de cet univers pour vouloir se rebeller contre lui. Je vais essayer de ne pas entièrement spoiler, mais ça va être dur...



L'on nous présente Montag par étapes : Pompier qui semble jouir du feu qu'il met aux maisons et aux livres, marié à une femme apathique suicidaire, il rencontre la jeune Clarisse, rêveuse dont il paraît tomber sous le charme, et qui incarne tout ce qui a disparu dans l'humanité du roman : L'hésitation, la réflexion, la contemplation, pour laisser place à un vacarme et à une fureur permanents. En effet, comme pendant au symbole des livres brûlés et interdits, la société du roman se défoule, se déverse inlassablement dans des distractions d'une grande violence. Écrans géants envahissent extérieurs et intérieurs avec pubs, conversations plus ou moins artificielles, les gens roulent très vite, s'adonnent à des attractions dangereuses, comme s'ils s'abandonnaient dans un oubli perpétuel de brouhaha pour ne pas voir l'atrocité de leur mode de vie. D'obscures guerres ou annonces de guerres sont relatées aux informations, des avions à réactions survolent le monde... Millie, l'épouse de Montag, est ainsi en perpétuelle conversation avec "la famille", personnages qui s'affichent dans les écrans géants recouvrant trois murs de son appartement et, comme d'autres personnages, est rattrapée par l'angoisse lorsque le silence et la solitude se font. Cette adoration du bruit, de l'agitation, revers de la pièce, est aussi passionnante que les autodafés de Fahrenheit, et l'on peut évidemment reconnaître les dérives qui nous ont rattrapés depuis quelques années.



Montag, donc, au contact de la jeune Clarisse, semble sortir peu à peu de sa torpeur pyromane. Il est fait allusion au contenu caché d'une bouche d'aération, qui sera décisif plus tard. En réalité, la rebellion de Montag est déjà en marche depuis longtemps mais l'on ne s'en rend pas compte de suite. Je ne m'attendais pas à ce que Clarisse soit si vite évacuée du paysage, mais Bradbury introduit Faber (faut-il y voir un clin d'oeil à l'édition?), mentor qui aidera Montag dès la deuxième partie, après son trauma face à une femme préférant s'immoler avec ses livres face aux pompiers. La troisième partie "L'Éclat de la flamme" est véritablement extraordinaire et l'action ne s'arrête plus. L'écriture poétique de Bradbury, avec des comparaisons et métaphores de la nature récurrentes, rare en SF du moins dans mes lectures, prend une toute autre dimension et s'élève véritablement dans un style d'auteur avec une très agréable traduction à la clé (Jacques Chambon et Henri Robillot), alors que jusque-là, on pouvait un peu singer ses tics. La dernière partie réhausse grandement le roman pour moi, même si je le trouvais déjà à la hauteur de sa réputation et intéressant. J'ai beaucoup apprécié la fin que je tairai. Au niveau de l'écriture, je me permets de rajouter une mention spéciale au passage où Montag imagine la mort de Millie dans le bombardement de son motel. La comparaison par Granger entre l'humanité et un phénix est plutôt inspirée...



Je ne peux faire l'impasse sur un passage des plus marquants dans le roman, lorsque le Capitaine Beatty, chef des pompiers et principal antagoniste, dresse un topo historique racontant comment le monde en est arrivé à cette dictature anti-lecture. Ce qui est effrayant et hallucinant est encore une fois que cela a été écrit en 1953 et qu'on en voit des traces aujourd'hui. le politiquement correct, la censure, le désaccord des uns, ne pas gêner, ne pas offenser telle ou telle communauté, jouent leur rôle dans le bûcher généralisé progressif et progressiste. Un, puis deux, trois, puis tout. Il y a aussi les livres résumés en "digests", l'information à quelques phrases, un nivellement par le bas généralisé, une disparition de toutes les valeurs censées générer inégalités et conflits, dont l'éducation, la discipline, pour une uniformisation, un aplatissement de tout censé aboutir à une humanité pacifiée débarrassée de toute préoccupation génératrice de désordre et de controverse, tournée vers le travail manuel, l'activité mais certainement pas la réflexion. le discours de Beatty est plus que jamais pertinent en 2021 et l'oeuvre de Bradbury est à brandir à la face de bien des gens...
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L'arbre d'Halloween

Il était une fois Halloween...

Bradbury nous entraîne dans une folle course fantastique à travers le temps et à travers les cultures, à la découverte des rites, mythes, mystères et symboles entourant naissance et surtout mort, à la suite d'une bande de gamins fort attachants.



Ce qui commence comme une histoire de maison hantée finit en quête d'apprentissage, à la poursuite de l'insaisissable Pipkin, grâce à Montsuaire, ou monsieur La Mort, car, comme Pratchett, Bradbury le préfère au masculin...

Comme toujours avec cet auteur, qui n'a rien oublié de l'enfance et que j'adore pour ça aussi (je m'en suis rendu compte avec le formidable "La foire des ténèbres", qui d'ailleurs se rapproche de l'ambiance de cette novella), c'est à la fois angoissant, réjouissant, instructif et extrêmement poétique.



C'est, d'ailleurs, fort bien traduit, il faut le mentionner.

Bref, c'est une lecture d'Halloween coup de coeur. Je l'ai trouvé trop court, en fait...
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Fahrenheit 451

Il y a pas mal de temps que je voulais découvrir ce célèbre ouvrage de SF. C'est chose faite à présent et je comprends maintenant le prix reçu et l'enthousiasme qu'il a suscité et suscite encore.



Je ne vais pas développer l'histoire, ni même tenter de donner une analyse détaillée du contenu. Vu le nombre de critiques déjà postées sur ce livre, je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus. Je me limiterai donc simplement à ce que j'ai ressenti.



Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit au début. Ce découpage en seulement 3 parties et pas de chapitres m'enquiquinaient dans mon rythme de lecture, m'obligeant à l'interrompre un peu n'importe quand.

Mais ce n'est qu'un détail, car je fus vite prise par cette tension croissante dans l'histoire, cette course éperdue de Montag qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin.



Mes réflexions sur ce roman sont encore chamboulées, je n'ai pas encore eu le temps de bien les digérer, ça part un peu dans tous les sens. Beaucoup de choses sont dites, dénoncées dans ce livre, on ne reste pas indifférent.



Une des choses qui m'a marquée, c'est ce «gavage» d'images sur les grands murs pour empêcher les gens de penser et réfléchir. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la programmation, malheureusement trop souvent «bêtifiante» et incitant au voyeurisme, de certaines chaines de télévision aujourd'hui. Quand la (télé-)réalité rejoint la fiction...



J'ai aimé cette idée de «réceptacle» qu'est le livre, un moyen comme un autre de conserver nos connaissances du monde, de notre Histoire et de la nature humaine. On brûle les livres ?! Qu'à cela ne tienne : on utilisera la mémoire de chaque homme ! «C'est ce que l'homme a de merveilleux ; il ne se laisse jamais gagner par le découragement ou le dégoût au point de renoncer à se remettre au travail...». Une note d'espoir dans un livre si sombre...



En fait, c'est un livre à lire, par les réflexions et le regard qu'il nous impose sur nos sociétés, nos modes de vie, notre rapport avec les autres, ou encore la connaissance de notre Histoire pour agir à notre tour...
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