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Citations de Régis Jauffret (633)


Régis Jauffret
A chaque fois qu'un nouveau lecteur s'empare d'un roman, il le récrit, il en fait un remake, il le met en scène tel qu'il ne l'a encore jamais été . Le père Goriot a des centaines de millions de têtes différentes, Madame Bovary autant de voix, et si vous lisez demain "la Recherche du temps perdu ", vous entendrez une Sonate de Vinteuil dont vous inventerez chaque note . Vous l'entendrez tout aussi distinctement que ce Swann qui sous votre crâne l'entendra aussi pour la première fois . Car le Swann que vous aurez forgé n'aura jamais existé avant que vous ne le fassiez apparaître . Imaginez la foule immense des Swann recrées par les lecteurs de "la Recherche" depuis que Proust l'a tiré du néant . Une foule immense comme la population d'une mégalopole . Des gens dont aucun n'a la même tête, dont les vêtements se ressemblent à peine, et chacun de murmurer dans la cacophonie générale sa "petite phrase de Vinteuil" dont les autres n'ont pas la moindre idée . Lire, c'est inventer en silence un univers . C'est le contraire de la servitude . Lire,c'est un acte d'indépendance . Il faut aller chercher le texte au fond d'une librairie, d'une bibliothèque, d'un grenier où il nous attend depuis trois générations et suivre patiemment ses phrases comme des filons . Lire, c'est claquer la porte aux images et à la bande-son que l'environnement nous impose . C'est ne plus rien laisser entrer en soi que le cerveau ne filtre, ne réfléchisse, ne recrée . Recréer, c'est créer .Soyez Dieu,bordel, lisez !
[ in "Marianne n° 1097 ]
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Je ne peux me passer de la perspective d’aimer. Plutôt circuler de main en main, jouer les mistigris, les évaporées, que soliloquer dans le vestibule et regretter en sortant de ma douche que seul le grand miroir du lavabo puisse se vanter de m’avoir vue nue depuis l’avant-veille.
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(...) l’amour est une bonne douleur que les hommes supplient les femmes de leur infliger depuis la nuit des temps.
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Plus tard, contrairement à Madeleine qui nourrissait pour moi une ambition démesurée, il aurait accepté sans états d’âme que je devienne un citoyen ordinaire dont personne n’entendrait jamais parler. Par la suite il fut malgré tout content de me voir publier des romans, se révélant à cette occasion un esthète que malgré sa relative pruderie les scènes sexuelles ne scandalisaient jamais car il les jugeait à l’instar d’une statue dont le cul déployé ne choque que les incultes.
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On imagine toujours la vie de ses parents plus fade qu'elle n'était.
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Après cette folie de l’or était venue celle du café. Les esclaves étaient passés de la mine au champ.
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Une maison de famille c'est comme un corps supplémentaire toujours malade qu'il faut soigner. Elle fuit, prend l'eau, ses murs pèlent, ses tuiles s'envolent et malgré ses cent ans sa façade a de l'acné.
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En réalité, je n’avais guère eu de père, presque pas. J’avais dû me contenter dans mon enfance d’un petit bout de papa comme un gosse à qui on jetterait le huitième d’un carré de chocolat pour accompagner le pain de son goûter.
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- Damien a eu raison de vous débarquer.
- Vous êtes un petit animal, vous lui avez tenu compagnie quelque temps. Mais on ne fait pas sa vie avec un perroquet ou une guenon.


- Les Duperrier ont un fils, la cinquantaine, célibataire, puceau peut-être, ils vous écouteront divaguer, vous offriront des boucles d'oreilles, des bagages siglés, dans l'espoir de vous le fourguer.
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A force de croire en nous, en notre destinée, d’être contaminés par des publicités qui vantent l’acheteur, lui disent qu’il existe à peine mais que pour une somme modique il deviendra, nous devenons une croyance, une superstition. Quel fantasme, l’humanité.
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Une lanterne scellée dans la pierre achevait de donner à la bâtisse des airs de demeure cossue. Elle était occupée avant-guerre par une famille avant de devenir le siège de la Gestapo. Régnait ici le nazi Ernst Dunker qui travaillait main dans la main avec une partie de la pègre marseillaise rapidement surnommée par la population Brigade des caves.
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Il est bon de reconnaître ses erreurs. Trop de vivants se trompent et après avoir découvert la vérité rechignent à reconnaître leurs bévues qui deviennent alors des mensonges.
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Il ne faut pas abuser des photos quand on cherche à se souvenir. Elles sont trop sûres d'elles et même si elles ne sont qu'un atome de ce qu'elles représentent, elles vous imposent leur point de vue comme si elles avaient capté l'entièreté du réel. Elles sont despotiques, elles castrent l'imagination qui est le seul instrument capable de restituer la totalité d'un instant passé. On ne peut déduire les humains de leur image ni la vie d'une captation vidéo de la vie. [...]
A chaque fois qu'on se souvient le souvenir se modifie alors que la photo est une imbécile qui ne change jamais d'avis. Comme si le passé était du présent gelé, alors que notre passé est vivant tant que nous le sommes encore nous aussi (p. 79).
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Vivre lentement sans bâfrer les journées, prendre chaque heure délicatement dans sa main comme un moineau en la caressant pour qu'elle ne s'envole pas trop vite, laisser fondre les minutes sur sa langue en évitant de les croquer, savourer le goût de chaque seconde sans oublier un instant qu'on est en vie.
J'étirerai les années qui me restent comme du sucre filé et j'en ferai des siècles.
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- Un travail n'est pas un dû.
C'est une faveur qu'il faut mériter comme une gourde d'eau quand on est perdu au milieu d'un désert.
Bientôt, il faudra sans doute payer cher pour obtenir un poste et un salaire. Sans emploi,vous perdez à l'instant votre dignité d'humain, et vous devenez comparable à un de ces chats des rues que de vieilles folles nourrissent au risque de se faire griffer.
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Pauvre Alfred comme à certains moments la haine à ton endroit serait de bon aloi. Mais je veux de toi tout le bonheur que tu ne m’as pas donné alors. Pour toi, c’est l’obscurité, la nuit, le néant. Moi, il me reste de la lumière.
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la sexualité de ses parents est taboue.
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-Je n’ai pas envie de t’aimer, pas ce soir.
J’ai besoin de t’oublier l’espace d’une nuit. Demain peut-être, je recommencerai à te regarder, à te regarder, à te reconnaître, à te préférer au reste du monde. Tu n’es pas devenue une étrangère, tu as gardé la même apparence, la même voix, tu as toujours le même sourire qui ressemble à un petit rire étouffé, naïf, frais, comme si tu l’avais emporté en quittant précipitamment ton enfance. Mais j’ai envie d’être seul, de me replier, de trouver un espace où je pourrais survivre sans toi.
- Tu peux rester ici. Si tu t’en allais, ça ne changerait rien.Je suis trop imprégné de toi, même les heures d’avion ne parviennent pas à t’éloigner. Je te transpire, je te jouis, je te pleure, et dans le froid je te souffle avec la buée qui s’échappe de ma bouche. Tu peux partir, je t’habiterai toujours, je te vivrai comme une aventure, une randonnée vers un pôle que nous ne rattraperons jamais, tant il dérive, s’enfuit, tant il quitte parfois la terre et nous nargue dans les airs comme une lune basse.
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Les médias de ces années-là étaient monopolisés par un gang de dix à douze artistes dont on savait par cœur les œuvres complètes à force de les entendre de gré ou de force sortir de tous les haut-parleurs de la patrie.
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Les pleurs abondants des hommes sont beaucoup plus troublants que leur pauvre semence.
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