Citations de Régis Jauffret (633)
Les religions sont des obsédées sexuelles.
P382: "Un bref compte à rebours.
- Trois, deux, un.
Et l'assistance qui hurle 1992. Des confettis qui tombent du haut des cintres, du champagne qui fuse comme de la mousse d'extincteur. Le nouvel an qui survenait chaque année. On aurait pu diffuser les mêmes images tous les trente et un décembre en bricolant la bande-son pour changer le millésime.
Elle s'est mise à compter. Elle s'est aperçue qu'elle était enfermée depuis sept ans et demi. Plus de deux mille sept cents jours. Elle croyait être sous terre depuis moins de quatre ans."
« Leur histoire devenue bientôt un conte de sorcière, un mythe dont on doutera des origines. Angelika et les ombres sur l’écran de la caverne dont Socrate ne dira jamais rien. Les phrases inhabitées des médias, des causeurs, des fabricants de romans. La cohorte des apprentis Platon, des jongleurs, bateleurs de la syntaxe, la poudre aux yeux du style. » (p. 535)
On peut aussi se demander si après plus d'un siècle et demi, un souvenir inventé ne peut pas prendre le pas sur une réalité vieillotte. Du reste, le Flaubert que vous avez déduit de mes romans, de ma correspondance, des témoignages, des on-dit, des ragots, des essais, des fantaisies et des thèses dont je fus l'objet est une construction si imparfaite, si lacunaire, qu'on la pourrait dire fictive à force d'être éloignée de la vérité de l'être qu'au tréfonds de moi je fus. Je fais cependant le serment de m'en tenir à mon passé officiel en tout point conforme aux documents dont je donnerai en fin de volume la bibliographie et qui font autorité parmi les flaubertiens. Si d'aventure je m'en éloignais, si j'allais même jusqu'à en prendre le contre-pied, je le signalerai au fur et à mesure afin que le lecteur ne répète pas ces mensonges en société au risque de se discréditer auprès des érudits qui refusent encore d'admettre qu'un passé de qualité évolue comme un grand cru.
Un de ses souvenirs de bonheur qui vous donnent raison de n’être jamais entré chez un armurier pour acheter de quoi vous tirer une balle dans la tête. (Page 73)
La vieillesse est une panoplie. Un jour on vous enfile une cagoule toute ridée, une combinaison de peau molle, tavelée et on replace vos jambes par une paire d’échasses qui vous obligent à marcher au pas, à vous traîner, à craindre de tomber et de briser ces frêles accessoires en bois d’allumette.
Ils s'en foutent bien les terroristes du Wyoming, ils croient que c'est une marque de soutifs.
vous ne m'aimerez jamais, ni moi ni quiconque, en vous la place manque pour abriter autrui. La tendresse que vous éprouvez envers votre belle personne vous remplit
Je l'ai rencontré un soir de printemps. Je suis devenue sa maîtresse.Je lui ai offert la combinaison en latex qu'il portait le jour de sa mort.Je lui ai servi de secrétaire sexuelle. Il m'a initiée au maniement des armes.Il m'a fait cadeau d'un revolver. Je lui ai extorqué un million de dollars. Il me l'a repris.Je l'ai abattu d'une balle entre les deux yeux. Il est tombé de la chaise où je l'avais attaché. Il respirait encore. Je l'ai achevé. Je suis allée prendre une douche. J'ai ramassé les douilles. Je les ai mises dans mon sac avec le revolver. J'ai claqué la porte de l'appartement...
Les torturés comprennent vite que les larmes exacerbent la colère des bourreaux.
Il ne la touchait plus que pour la frapper à toute volée, mais pas davantage ni plus souvent que les enfants. Page 213.
« Si comme dans l’Enfer de Dante il y avait des cercles dans la cave, tout le monde a préféré s’abstenir de les visiter tous. » (p. 83)
Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté.
Ils se cherchent dans ma psyché, croient s'y reconnaître trônant comme un pacha dans un salon d'apparat, moi comme une esclave , une levrette afghane aux pieds du shah...
Je suis une femme qui aime le vin des vendanges tardives. Je n'aime pas l'odeur acidulée des jeunes gens, elle m'irrite comme ces sels dont nos aïeules respiraient les vapeurs à chaque bouffée de chaleur. J'étais séduite infiniment par son poil gris et ce ventre qui me servait d'oreiller en voyage.
Toute morale varie, bien fol est qui s'y fie.
P.113
A la suite d'un long épisode dépressif je ne me suis pas présenté aux examens de passage en troisième année de droit et (...) j'ai acheté une droguerie dans le centre de Limoges.
- En tant que femme, je suis sentimentale.
- Oui, comme une carpe.
La joie n'est pas dans l'oubli, l'insouciance, l'ébriété, l'euphorie que procure le mensonge de croire sa vie éternelle, elle est dans la lucidité de penser à tout instant le réel avec la précision de chirurgien qui incise les chairs d'un patient équarri lors d'une opération à coeur ouvert. (Cerveaux en papier recyclé)
[On l'appelait Régissette Jaujau]
on l'a édité par piston.
Des livres dégueulasses, des mayonnaises d'horreurs montées au conditionnel qui leur donnait le goût fadasse de la mozzarella.
(on aura compris que l'auteur indique ici ce que certains pourraient penser de son livre !)