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EAN : 9782072686191
1024 pages
Gallimard (11/01/2018)
3.73/5   41 notes
Résumé :
Comme dans le précèdent volume paru en 2007, ce nouveau "Microfictions" est un livre hors normes qui rassemble cinq cents petites histoires. Les textes sont classés par ordre alphabétique, d'"Aglaé" à "Zéro baise". Le livre juxtapose le banal de vies ordinaires tout à la fois touchantes, cruelles, monstrueuses, à travers, par exemple, le drame d'un couple qui élève une enfant autiste, le quotidien d'un enseignant désabusé par ses élèves, les hallucinations d'une fem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une brique de plus de mille pages, divisée en plus de 500 chapitres de 2 pages dont les titres sont classés par ordre alphabétique (de « Aglaé » à « Zéro baise », voilà qui est original.
Originaux également les sujets de ces divers chapitres traitant de choses absolument ignobles, tout y passe : parricide, infanticide, vomissures, viols, pédophilie, inceste, scatologie et j'en passe...
Et pourtant, malgré ces sujets, on revient à ce livre, on en lit quelques chapitres, on abandonne, mais ce roman reste un aimant, il nous attire et on lit encore...
Je me suis souvent demandé pourquoi, je n'éprouve pourtant aucun attrait pour l'abjection ni même pour la lecture des faits divers...
Chaque chapitre raconte une histoire différente, avec des personnages différents, leur seul lien commun est l'horreur des situations.

J'ai lu le livre jusqu'au bout, je l'ai aimé et je n'ai même pas honte de l'avouer !
Pourquoi m'est-il arrivé même d'éprouver de l'empathie pour certains personnages ? Ils commettent des actes odieux, ils nous le racontent sans le moindre état d'âme mais ils sont aussi quelque part des inadaptés, des personnages pour qui on peut ressentir de la pitié.
Et puis, il y a la manière de raconter, sans fioritures, en deux pages tout est dit.
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En 2007, Régis Jauffret publie Microfictions, fort volume qui rassemble 500 récits brefs (pas plus de deux pages chacun). En exergue, cette phrase de l'auteur : "Je est tout le monde et n'importe qui". Je n'est pas un autre, il est tous les autres. Le plus souvent, le personnage commence par se présenter à la première personne. Pas de mise à distance entre l'auteur et ses personnages. Dès la première ligne, le lecteur plonge au coeur d'une vie (atroce la plupart du temps).

Dix ans plus tard, Jauffret récidive avec 500 nouvelles histoires. On retrouve le même univers littéraire où règne la multitude. Multitude des personnages, des voix, des histoires. Forme ultra-brève, la microfiction permet non seulement une plongée soudaine au cœur d'une vie, mais aussi la création d'un univers fourmillant de personnages divers et produisant chez le lecteur une impression de prolifération. Si la vie elle-même est génération incessante, multiplication des vivants, on se demande pourquoi l'écrivain ne pourrait pas lui aussi engendrer une profusion de personnages, au même rythme vertigineux. Le lecteur s'y perd comme dans une foule.

Alors bien sûr, depuis la parution des {Microfictions 2018}, il est surtout question, dans les médias, des personnages et des situations souvent cruelles dans lesquelles ils se mettent souvent eux-mêmes. Ce qui intéresse, c'est le fait divers en soi, et même s'il est fictif on se plaît à en signaler la vraisemblance (notamment tout ce qui concerne l'usage des techniques numériques, du drone au iPhone). Je remarque par ailleurs que le milieu social évoqué dans ces histoires est surtout celui de la (petite ou grande) bourgeoise française du début du XXIème siècle, ce qui relativise un peu la prétention de départ à une espèce d'universalité (« Toutes les vies à la fois »).

On regrette cependant qu'il ne soit que très peu question, dans les critiques littéraires, de la forme, de l'écriture elle-même. Je pense ici à que dit Peter Handke dans un entretien récent : « C'est quand même une joie immense d'écrire sur des livres qui sont bizarres, qui sont spéciaux ... pourquoi on ne raconte pas comment un livre est fait ? On raconte plus du tout comme un film est fait. La critique du cinéma n'existe plus, la critique des livres, de la littérature ça n'existe presque plus. Comment c'est fait ? Comment c'est raconté ? Comment est le rythme ? Comment sont les phrases ? Où est le paragraphe ? »

Concernant la microfiction elle-même, quelques remarques :

- Elle ne fait pas plus de deux pages, la seule caractéristique qui est signalée en général. Le titre est composé à partir d'un élément du texte, par exemple « Comme deux gouttes d'eau » ou « C'est une opportunité inespérée ».

- Si la microfiction forme bien un bloc dense ramassant une vie en une soixantaine de lignes, il y a en son sein des prises de parole isolées signalées par un tiret cadratin. Elles désarçonnent un peu le lecteur car l'histoire étant racontée par son personnage principal (qui est souvent une victime, parfois au contraire l'auteur d'un méfait ou d'un crime), cette voix seconde à l'intérieur du récit redouble celle du narrateur en offrant une espèce de contrechamp, comme s'il observait lui-même la scène à distance (peut-être avec le recul de quelques années). On peut aussi avoir l'impression que l'auteur lui-même intervient dans le récit du narrateur. Quoi qu'il en soit, cette technique permet de rompre l'impression de monotonie qui peut s'emparer du lecteur lisant plusieurs dizaines de ces récits à la suite, malgré la grande diversité des situations.

- L'écriture des microfictions se caractérise par une espèce de tension interne entre des paragraphes composés de phrases brèves (« Il ne la quittait pas. Les décennies passaient. J'avais cinquante ans. Il ne me ferait jamais d'enfant. Puisqu'il n'osait pas divorcer il n'avait qu'à l'empoisonner ») et des phrases plus longues et surtout riches en images poétiques et en métaphores (« Balançant ma tête en arrière, je voyais le ciel bleu roi, sans nuage, rutilant comme une de ces assiettes à dessert que ma mère réservait au déjeuner du dimanche et dont il ne reste plus une seule aujourd'hui »). Jauffret balance ainsi constamment entre un style qui le rapproche des auteurs du dix-huitième siècle (on pense aux moralistes français) et une écriture poétique plus proche des univers de Baudelaire ou de Proust. Et c'est peut-être ce qui fait que ces {Microfictions 2018}, comme les précédentes, malgré leur multitude et la répétition des mêmes thèmes, soient un vrai plaisir de lecture.
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En lecteur admiratif des Microfictions de 2007, je me régalais de ce nouveau pavé. J'ai été satisfait de retrouver tous les codes du premier "tome", mais pourtant je suis déçu. Je crois que l'on peut estimer qu'il est moins réussi que la livraison 2007, en tous cas pour un lecteur qui a précisément lu cette première livraison.
Dans cet opus 2018, sexe, mort et cancer se succèdent une nouvelle fois, au service de la misanthropie et du cynisme. Bien sûr, on jubile à certaines phrases parfaitement outrancières, uniques, et typiques de Jauffret. Mais sinon, on a le sentiment de ne pas progresser. A chaque microfiction, on repart de zéro, et on ne va pas plus loin que la microfiction précédente. D'où un sentiment de patinage. Même si c'est souvent fort agréable, on fait du sur-place.
Sur le style, on a toujours cette utilisation atypique des tirets, qui donne l'impression que les personnages témoignent, donnent une interview. Une manière pour l'auteur de s'éloigner de ces monstres ? Sauf qu'on a aussi beaucoup de je et de nous, qui font disparaître toute distance. le lecteur est donc bien enrôlé dans ce tourbillon de meurtres, de coups bas et d'infamies.

Pour ceux qui ignorent ce qu'est une microfiction sauce Jauffret, on peut prendre l'exemple du texte "Crache, ma fille, crache" (p. 149). Un couple et leur fille. La femme est adultère, et pour un mot du mari, elle se jette sur lui pour lui arracher les yeux. Il la frappe, elle tombe à terre, la fille lui crache dessus pour la réveiller. La mère se jette sur sa fille pour lui faire du mal. le père intervient et finalement le gratin est réchauffé pour terminer la soirée "cahin-caha". Voilà l'ambiance Jauffret, mais c'est tellement bien écrit qu'on éclate de rire et qu'on se convainc que tout le reste de la littérature française n'est que fadeur.

En bref, un livre à conseiller, mais peut-être pas aux lecteurs de la livraison 2007, sous peine d'indigestion.
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Régis Jauffret récidive. "Microfiction"s date de 2007 ; et en 2018 sort un nouvel opus daté cette fois : "Microfictions 2018".

Cinq cents histoires de famille décomposées, recomposées, désespérées, relatées avec un humour grinçant, féroce, cauchemardesque qui fait souffrir le lecteur ou le fait jubiler pour peu qu'il soit un tant soit peu masochiste. En ce qui me concerne, je suis passée par tous les états...

Sur la forme, les micro-récits d'une longueur égale, (1 page 1/2) sont écrits au scalpel, à la virgule étudiée, au tiret dévié de sa fonction de dialogue, avec des mots justes et bien sentis. Les histoires sont titrées et présentées dans l'ordre alphabétique du titre. le narrateur écrit à la première personne ; il est homme, femme, vieillard, enfant, patron, pute, employé.e et j'en passe, rarement animal ou objet.

Sur le fond, les narrateurs de ces micros-récits, parfois des petits bijoux de nouvelles littéraires, croquent des vies bancales et composent une immense saga familiale, avec des portraits de monstre comme ils composeraient une galerie macabre où le lecteur viendrait chercher un modèle, une idée pour pimenter sa vie... enfin, peut-être.

L'outrance, l'énormité du propos, à la fois rabelaisien ou relevant de l'univers de Tim Burton, ou de celui du cinéma italien des années soixante dix ("Affreux sales et méchants" d'Ettore Scola), se banalise au fil des pages et quand soudain, une petite envolée lyrique, agréable, s'immisce entre les lignes, on a du mal à y croire. La banalité de la monstruosité : c'est peut-être ce qu'il faut retenir de ce livre.
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500 histoires ; une foule de destinées ; une myriade de personnages et 1100 pages de plaisir. Voila les ingrédients de ce Monument littéraire : Microfictions. Monument par sa structure ; par sa technique et surtout par sa richesse.
Un livre bruyant ; où les faits divers y défilent à la vitesse de la vie. Une question revient en Boucle : quand on passe à l'acte ; quand on se lasse de l'état d'acceptation paisible ; placide et flegmatique ? quand on délaisse l'état du martyr solide et convaincu pour se muer dans la révolte ; l'ouragan voire même le désastre.
Le passage à l'acte est lui-même intriguant. Serait-il houleux ; mouvementé ou simple et naturel sinon prévisible. Est-ce que la psychologie du crucifié chronique, de la victime abaissé serait la condition de l'acte brutal irréversible et définitif. Quelque part la déflagration est un aboutissement mais est-ce que c'est inéluctable ; est-ce la conclusion invariable ?
La force pure du style de Jauffret se place dans sa capacité à l'intromission de tant d'émotion dans deux pages à chaque histoire.
Jauffret a aussi le don de décrire de manière crue des images impossibles ; réelles ; intenses et insolents. Et puis parfois on arrive à rire de sarcasme ; de banalité et même d'anecdotes et de situations loufoques.
Ce livre est un monstre. On s'en délecte, on le met à côté ; il nous maltraite ; on s'en détourne puis on s'y jette corps et âme ; parfois il nous boude ; d'autres fois nous le boudons. Il s'arrange pour nous gifler ; nous faire rire ; nous affliger des douleurs et des idées tordues ; nous électrocute. Ce livre nous entraine dans la vase de l'existence ; nous expulse de notre torpeur. L'eau stagnante n'est pas nécessairement immuable. La tragédie n'est pas assurément théâtrale. L'amour n'est pas idyllique et surtout la vie n'est nullement simple. C'est des évidences mais dont les manifestations ne sont pas évidentes du tout.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
25 janvier 2018
Régis Jauffret remet le couvert. Dix ans après de premières "Microfictions", voilà le volume 2, sobrement intitulé "Microfictions 2018".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
17 janvier 2018
Régis Jauffret réunit 500 nouvelles dans Microfictions 2018 retraçant le destin ou le drame d'une foule d'anonymes.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
 mes moments perdus, je me demandais si je ne ferais pas mieux de redevenir enfant, retourner dans le ventre de ma mère et en définitive regagner les siècles où je n’existais pas encore. Avec un peu de chance, un événement inattendu surviendrait et la vie me serait épargnée.
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La vieillesse est une panoplie. Un jour on vous enfile une cagoule toute ridée, une combinaison de peau molle, tavelée et on replace vos jambes par une paire d’échasses qui vous obligent à marcher au pas, à vous traîner, à craindre de tomber et de briser ces frêles accessoires en bois d’allumette.
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— il est décédé d’un cancer de la gorge en 1984.
Nous l’avons fait incinérer et après avoir tous les six docilement pissé sur ses cendres, nous avons dû tirer trois fois la chasse de ses toilettes poussives pour, exécutant à la lettre ses dernières volontés, expédier son âme à l’égout.
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Sur votre profil vous avouez quarante ans mais je peux vous certifier qu'on vous aura menti sur votre date de naissance.
— Vous en avez sept de plus.
Il suffit de regarder votre cou.
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Il se plaignait de n'être pas né un peu plus tôt pour avoir pu profiter de la manne de la collaboration. Selon lui, les journalistes de la presse pétainiste avaient continué à occuper les meilleures places jusqu'à leur retraite.
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Videos de Régis Jauffret (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Régis Jauffret
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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