Citations de René Bazin (116)
... dont les pages, encore marquées de petites bandes de papier jaunies par le temps, attestaient qu'une âme inconnue avait rencontré un jour une larme, un sourire dont elle voulait noter l'endroit.
Cinquante années de misère l'avaient émacié, mais les traits étaient demeurés droits et fins.
deux demandes de secours…
— Mais, ce n'est pas ça !
Le poing d'Hellmuth s'abattit sur la table.
— Vous vous moquez de moi, Baltus ! Belles nouvelles, en effet ! Parlez donc de l'autre, de celle qui tourne les têtes…
— Les cœurs aussi…
— Ah ! enfin, vous y venez ! Je n'aime pas beaucoup ces manières-là. Vous avez assisté à une réunion d'instituteurs, à Saint-Nabor, où les plus graves indications vous ont été données…
— Professionnelles, monsieur le maire.
— Et politiques ! Tout un régime changé ! Osez-vous dire que cela ne concerne que la profession ? Les journaux nous ont appris les intentions du ministère, mais j'ai besoin que vous me fournissiez des renseignements plus particuliers.
— Je n'en ai pas, monsieur le maire, et, si j'en avais, je ne vous les communiquerais pas, parce que les avis donnés aux instituteurs regardent les instituteurs…
Ne craignez rien, le père ;
je ne tirerai jamais un coup de fusil contre les Français ; je fais le geste d’épauler, quand il le faut :
je ne tire pas ;
le feldwebel me complimente de la propreté de mon arme,
eh ! je crois bien ! pas une balle n’a passé par le canon ;
je sème mes cartouches dans les tranchées, ou quand je vais en reconnaissance…
[Joseph Oberlé à son fils Jean] :
(...) Il faut que nous nous entendions bien, n'est-ce pas ? Je ne pense pas que tu aies, pour toi-même, une ambition politique; tu n'as pas l'âge, ni peut-être l'étoffe. Et ce n'est pas cela que je t'interdis. Je t'interdis de faire du chauvinisme alsacien ; de t'en aller en répétant, comme d'autres, à tout propos : "La France ! La France !", de porter sous ton gilet une ceinture tricolore ; d'imiter les étudiants alsaciens, qui, pour se reconnaître et pour se rallier, sifflent, aux oreilles de la police, les six notes de la Marseillaise : "Formez vos bataillons !" Je ne veux pas de ces petits procédés, de ces petites bravades et de ces grands périls, mon cher ! Ce sont des manifestations qui nous sont défendues, à nous autres industriels, qui travaillons en pays allemand. Elles sont en contradiction avec notre effort et notre intérêt, car ce n'est pas la France qui achète. Elle est très loin, la France, mon cher ; elle est à plus de deux cents lieues d'ici, tout au moins on le dirait, au peu de bruit, de mouvement et d'argent qui nous en vient. N'oublie pas cela ! Tu es, par ta volonté, industriel allemand : si tu tournes le dos aux Allemands, tu es perdu. Pense ce que tu voudras de l'histoire de ton pays, de son passé et de son présent. J'ignore là-dessus tes opinions. Je ne veux pas essayer de deviner ce qu'elles seront ! dans un milieu aussi arriéré que le nôtre, à Alsheim, mais, quoi que tu penses, sache te taire, ou bien fais ton avenir ailleurs !
"On a trois ou quatre fois dans sa vie l'occasion d'être brave, et tous les jours celle de ne pas être lâche."
- Je serai bientôt débarrassée de ma jeunesse... Je suis contente. Il faut que je ne compte plus...
N'ayez pas peur des échecs. Le premier est nécessaire, car il exerce la volonté.
Le second peut être utile.
Si vous vous relevez du troisième, vous êtes un homme.
Il faut faire le sacrifice de ses préférences mais pas celui de ses convictions.
Je serais libre, je refuserais votre race, votre religion, votre armée, qui ne sont pas les miennes… Vous voyez que je vous parle franchement… Je tiens à vous dire que vous ne me devez rien,… mais aussi que je n’ai contre vous aucune animosité injuste.
Je suis un promeneur, un forestier, je suis un errant ; toi, tu es, au contraire, le moins voyageur des hommes. Moi, je visite, tu cultives : ce sont, au fond, deux genres de fidélité…
Le nœud noir des filles d’Alsace – a noué mon cœur avec de la peine, – a noué mon cœur avec de la joie ; – c’est un nœud d’amour.
Nous boirons la bière à la santé de qui nous plaît ; – nous n’aurons pas de mots sur les lèvres, – mais nous aurons des mots dans le cœur, – où personne ne peut rien effacer.
Il y a beaucoup de vertus supérieures ou de qualités éminentes, la générosité, le désintéressement, l’amour de la justice, le goût, la délicatesse et une certaine fleur d’héroïsme, qui se rencontrent, plus abondamment qu’ailleurs, dans le passé et aussi dans le présent de cette nation-là.
Il n’est pas permis à un esprit éclairé de juger les pays simplement sur leur commerce, leur marine ou leur armée.
Les enfants seront de bons Allemands. Ces sortes d’unions sont rares, on peut même dire rarissimes, et je le regrette car elles aideraient puissamment à la germanisation de ce pays entêté.
La pensée de la nation vaincue avait été évoquée, et cette pensée continua de s’agiter confusément dans les esprits, tandis que le vin de Champagne, marque allemande, moussait dans les coupes.
Je me suis promis de n’épouser qu’un homme très riche. Je ne veux pas avoir peur pour mon lendemain. Je veux être sûre, et dominer…
Je trouve que l’homme est fait pour courir dans les larges espaces, pour affirmer sa force et sa domination sur les bêtes, quand il n’a pas l’occasion de le faire sur ses semblables.
Mon Dieu, nous avons souffert dans nos corps, dans nos biens ; nous souffrons encore dans nos souvenirs. Faites durer nos souvenirs cependant, et que la France non plus n’oublie pas ! Faites qu’elle soit la plus digne de conduire les nations. Rendez-lui la sœur perdue, qui peut revenir aussi…