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Critiques de René Maran (44)
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Batouala

Avant Elimane, le héros de Sarr, il y avait déjà eu un nègre qui écrivait et qui avait même reçu le prix Goncourt mais lui aussi est si contesté qu'il va démissionner. Les jurés du Goncourt ont sans doute été charmés par la langue mais l'administration coloniale ne peut accepter la mise à jour des traitements indignes infligés aux colonisés dont la langue, les croyances et les traditions sont niées; ils sont considérés comme des sous-hommes.

Dès 1912, l'auteur, né en Martinique, de parents français et noir, qui a fait ses études en France, est bouleversé par le sort des noirs. Noir lui-même est dans un situation perturbante: il est le représentant de la puissance coloniale auprès des noirs! Difficile condition du noir "apprivoisé".(acculturé aurait dit Bourdieu).

L'auteur dénonce les sept années de colonialisme qui ont détruit l'Oubangui-Chari: famine, destruction de la faune et de la flore...Il incite les écrivains français à s'emparer de cette situation..Il s'agit-là de la préface car le contenu du livre se passe entre africains: désirs, jalousie, mort, traditions (dont la circoncision et l'excision). Mais il y a tout de même un commandant et l'envoi des "tirailleurs sénégalais", chair à canon d'une guerre entre les blancs frandjés et les blancs zalémans





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Un homme pareil aux autres

Fidèle aux éditions du typhon dont on ne peut qu'apprécier la constance et leur volonté de creuser ce qui abime une époque, j'ai lu Un homme pareil aux autres de René Maran. Première découverte : René Maran est le premier auteur noir à avoir reçu le prix Goncourt en 1921. Seconde découverte de l'ordre de l'affinité élective, les éditions du typhon ont eu la bonne idée de confier à Mohamed Mbougar Sarr la préface.

Quant au roman, c'est le parcours d'une douleur. Un jeune homme se déteste pour sa couleur de peau alors il va se saborder : perdre la femme qu'il aime et dont il est aimé tout en prenant un poste d'administrateur colonial soit vivre de plein pied l'expérience du déchirement. Trop blanc pour les Noirs ; trop noir pour les Blancs, il est sans cesse tiraillé. Mais sur son chemin de croix, deux lueurs : la littérature qui le sauve ; une mutation intérieure qui lui permettra de s'aimer un peu pour recevoir l'amour de l'autre.

Dans une langue précise, érudite, lumineusement mélancolique, René Maran sonde une haine, celle de la différence et l'impact de celle-ci sur le rejeté. Ce que l'on en retient n'est pas une lamentation (au passage justifiée) mais une leçon de courage.

Un homme pareil aux autres est un livre dont on ressort grandi !
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Batouala

Prix Goncourt de 1921, René Marian est le premier écrivain noir a avoir reçu en France un prix littéraire et signe la naissance de la littérature négro-africaine. Ce Prix Goncourt déclencha à l'époque une tempête politique à la Chambre des Députés par le réquisitoire qu'il dresse contre la colonisation. Fonctionnaire noir de l'administration de l'Afrique Equatoriale française, l'auteur pousse un cri d'alarme contre les méfaits du comportement des colons sans pour autant s'attacher à une identité ethnique ou raciale, l'auteur étant déchiré entre la culture européenne et ses racines. Visionnaire, Maran ne fut malheureusement pas écouté hormis des écrivains dont André Gide et Hemingway. le style poétique et naturaliste peut dérouter un peu au départ mais on finit vite par l'apprécier. A travers le principal personnage, Batouala ,chef de tribu, sont dépeintes les arcanes de la société africaine qui se trouvent bousculé par la colonisation. C'est un roman un peu oublié à redécouvrir.

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Un homme pareil aux autres

NOIRE INTIMITE



Années 20.

Il est éduqué et instruit, administrateur colonial pour la France. Il s’appelle Veneuse.

Elle est à Paris et depuis leur rencontre, elle l’aime et attend de ses nouvelles. Elle s’appelle Andrée.

L’un et l’autre s’aiment d’un amour profond, romantique, prêt à s’épanouir.

Pourtant cet amour parait totalement inconcevable à Veneuse, malgré ses sentiments sincères et puissants.

Car lui est noir. Elle est blanche.



Selon Veneuse, face au qu’en dira-t-on et au racisme rampant, la seule solution est de renoncer. A jamais.

Car il est selon la formule convenue alors, « le sale nègre ».

Un poste d’administrateur colonial l’attend au Tchad, l’occasion idéale pour fuir cet amour impossible.

Mais vous connaissez la pensée pascalienne : « le cœur a ses raisons que la raison ignore »…

Rien ne peut lutter contre l’amour éternel. Il hante votre âme, votre cœur et fait vibrer tout votre corps.

Andrée est toujours là, elle est sa fidèle compagne de voyage et emplit malgré son absence ses longues journées sur le bateau.

Quitter la France c’est pour lui comme s’arracher le cœur. Il subit ce départ, en est le spectateur, le corps déjà parti, le cœur auprès d’Andrée.

Mais l’amour ne suffit pas, il en est convaincu. La couleur de peau s’impose et s’interpose. Le racisme ordinaire lui rappelle sans cesse, à lui qui n’aspire qu’à être « un homme pareil aux autres », qui n’aspire qu’à aimer. Andrée est la seule qui compte à ses yeux mais elle est surtout l’inaccessible.



Dès les premières lignes de ce roman de René Maran, premier auteur noir à recevoir le Prix Goncourt en 1921 (autant vous dire que ça a fait du bruit !), je savais que c’était un gros coup de cœur.

L’incipit m’a saisie et ébranlée d’emblée. Comme Veneuse, mon cœur s’est déchiré. Et plus je tournais les pages plus j’aimais ce roman et surtout ses descriptions des paysages traversés, véritables incarnations de toute la solitude incurable du personnage.



René Maran a composé ici un magnifique roman sous forme de road trip colonial et amoureux, portant un personnage souvent sombre, jouant parfois les Cassandre, laissant s’évader sa pensée jusqu’en France et constatant désarmé son incapacité à croire en l’avenir de son amour.



Un roman assez différent il me semble des autres textes que j’ai lus des éditions du Typhon mais qui restera certainement un de mes préférés par les émotions qu’il a suscitées en moi.

Je vous en conseille vivement la lecture pour vivre la douceur mais aussi les douleurs de ce voyage incontournable.

Merci aux toujours excellentes éditions du Typhon d’exhumer de tels textes d’une très grande qualité littéraire.

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Batouala

Le premier auteur noir à recevoir le prix Goncourt en 1921. La colonisation d'un pays par un autre est le résultat d'un déséquilibre des forces au profit du colonisateur et au détriment du colonisé. Les facteurs politiques, militaires, démographiques, économiques, commerciaux interviennent et se combinent de manière très variable pour produire cette inégalité préalable à toute action colonisatrice. Mais la colonisation suppose aussi une différence quelconque d'ordre racial, ethnique, religieux ou culturel entre deux populations qu'elle met en rapport; car quelles que soient les circonstances particulières, elle est un choc entre deux civilisations, l'une dominante, l'autre dominée.
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Batouala

Tout simplement un très beau roman, écrit dans un français élégant et rigoureux. Il donnait à voir, dès cette époque, le vrai visage du colonialisme ; le débat a, depuis, avancé, mais il n'est pas clos.



Pat
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Batouala

Certains critiques voient "Batouala" comme un roman africaniste typique de son époque, mettant en lumière les stéréotypes coloniaux sur l'Afrique et ses habitants, tout en offrant également une critique subtile de la colonisation. Le roman présente un regard sur la culture africaine à travers le personnage principal Batouala, chef africain confronté à la domination coloniale. René Maran utilise une écriture poétique et symbolique pour dépeindre la lutte entre deux mondes et pour dénoncer l'exploitation coloniale des peuples africains.



L'ouvrage "Batouala" a été salué pour sa représentation réaliste de la vie en Afrique ainsi que pour sa contribution à la reconnaissance de la littérature africaine. Cependant, il a également été critiqué pour perpétuer certains préjugés coloniaux et pour son regard paternaliste sur les Africains.



En fin de compte, "Batouala" de René Maran reste un ouvrage clé de la littérature coloniale et post-coloniale, offrant une perspective complexe sur les relations entre les cultures européennes et africaines.
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Batouala

LA RÉALITÉ COLONIALE.

René Maran est un noir guyanais qui a fait ses humanités à Bordeaux puis envoyé en Afrique par l’administration coloniale dans les années 1910. Il était donc le fonctionnaire noir d’une autorité blanche pour gouverner un pays noir.

Ce roman m’a d’autant plus intéressé qu’il se déroule en Centrafrique dans la préfecture où j’ai moi même fait ma coopération civile : bien qu’écrit au début du XXème siècle, j’y ai retrouvé le même peuple confiant et accueillant, la même joie de vivre, les mêmes mœurs avec un animisme toujours teinté de sorcellerie.

En fait, il s’agit d’un violent réquisitoire contre un colonialisme présenté en France comme une mission civilisatrice : « Civilisation, orgueil des Européens et charnier d’innocents, tu battis ton royaume sur des cadavres». À travers ce roman, il stigmatise l’inhumanité des colons, le travail imposé, la collecte de l’impôt, l’alcoolisation au Pernod ; alors qu’avant l’arrivée des blancs, les indigènes travaillaient peu, pour eux-mêmes, uniquement pour boire manger et dormir. Dès lors, Ils vont devoir se soumettre à l’autorité blanche : « quand le lion a rugi, il n’y a plus rien à faire, sauf se résigner comme l’antilope qui n’ose pas bramer ».

La réaction à ce livre, qui apporte un vibrant témoignage et hurle sa rage, a bien sûr été violente. On accuse l’auteur « de mordre la main qui l’a nourri ». André Gide, alerté par le livre, voulut se rendre sur place et a effectué un voyage en Afrique centrale dont il reviendra convaincu que le tableau brossé par Maran était un fidèle reflet de la réalité coloniale. Le livre obtiendra finalement contre vents et marées le prix Goncourt en 1921. L’auteur s’éteint en 1960, en même temps que le colonialisme dont il voulait sauver l’âme.
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Batouala

Un roman précurseur de la négritude, il ne m’en faut parfois pas beaucoup plus pour me lancer dans la lecture d’un livre « que personne ne lit » (dixit P’tit Raton : « Non, mais toi, tu lis qu’des trucs que personne ne lit », à dire avec l’accent ado de base…). Et c’est bien parfois de lire ces livres, car on apprend souvent des choses. Ici, la lecture n’a pas vraiment été une partie de plaisir. Je n’ai pas aimé cette peinture de l’homme noir paresseux, sans projet (vous savez, l’Africain qui n’est pas encore rentré dans l’histoire, ça aussi c’est une citation connue) et porté sur le sexe (d’ailleurs, je plains le prof de français qui doit étudier ça avec ses élèves de lycée ou lycée pro. Les lectures à haute voix et les séances d’explicitation de vocabulaire doivent être scabreuses...). Mais c’est intéressant de lire ce livre qui a fait tant de bruit à l’époque, plus pour sa préface d’ailleurs que pour le livre lui-même. Car si la préface est ouvertement anti-colonialiste (et c’est embêtant quand c’est un fonctionnaire colonial qui l’écrit), mais le livre ne fait que décrire et la plupart des personnages (blancs ou noirs) ne sont pas particulièrement des personnages positifs.

Pas agréable à lire, mais intéressant. Intéressant de voir comment un Noir (René Maran est de parents guyanais et a vécu ses premières années dans les Antilles avant de faire sa scolarité dans l’hexagone, puis de débuter une carrière dans l’administration coloniale en Afrique de l’Ouest) décrit le colonialisme dans les années 20. Un Noir qui est des deux côtés : il est et se sent noir, mais il représente aussi le colon. Et ce que j’ai vu dans ce livre, c’est surtout cela, une personne tiraillée entre deux cultures, deux origines peut-être même, qui se bat intérieurement pour les réconcilier et qui n’y arrive pas. Cela rend la lecture intéressante, mais aussi d’une certaine façon poignante.

Un livre à lire pour ce qu’il dit de son auteur, donc, pour le contexte dans lequel il a été écrit, et pour la réaction qu’il a suscité. D’un côté un prix Goncourt, le premier attribué à un Noir (peut-être un signe de ce que les milieux intellectuels pensaient de la question noire et de la question coloniale à cette époque) et de l’autre une administration qui le pousse à la démission, qui sera suivie d’un relatif silence littéraire. Un témoignage historique, un livre qui fait réfléchir. Sur le chemin parcouru, sur le chemin qu’il reste à parcourir, et sur où j’en suis moi-même.
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Batouala

Tro bien
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Batouala

Un livre de belle qualité et un prix Goncourt mérité. Difficile par contre de se remettre dans le contexte, dans lequel il a été accueilli, qui a obligé l'auteur a démissionner !

Ce fut certainement un "pavé dans la mare", dans cette France "bien pensante", colonialiste avec un lectorat qui ne connaissait pas grand chose de l'Afrique. La télévision n'existait pas encore !
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Batouala

Ce roman, premier texte de la « négritude » et premier Goncourt attribué à un noir, a fait scandale et a obligé son auteur, fonctionnaire antillais, à démissionner. Le scandale de l’époque concernait principalement le caractère anticolonialiste du « constat » (puisque René Maran dit se borner à décrire ce qui est).

En effet, il s’agit de la vie d’un grand chef de l’actuelle Centrafrique et de sa première femme qui se détourne peu à peu de lui sur fond de durcissement de l’exploitation coloniale du caoutchouc et de rivalités diverses.

Le deuxième scandale vient avec la prise de conscience que ce n’est pas un africain qui décrit la rudesse et la « sauvagerie » de certaines coutumes mais un pur produit de l’éducation des élites antillaises qui prend le monde blanc comme modèle.

Enfin, la lecture actuelle est parfois insoutenable quand à ces descriptions brutes notamment excision, polygamie, violences sexistes et autres.

Il reste un récit haletant et historiquement très instructif, mais il est important de le contextualiser notamment à notre époque de remontée des traditionalismes divers.
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Un homme pareil aux autres

« Il a suffi que je prenne de l'âge, et que j'aille servir ma patrie adoptive au pays de mes ancêtres, pour que j'en arrive à me demander si je n'étais pas trahi par tout ce qui m'entourait, le peuple blanc ne me reconnaissant pas pour sien, le noir me reniant presque. Telle est mon exacte situation. »

Telle était l’exacte situation et la pensée de Jean Veneuse, début XXe, antillais qui a passé l’essentiel de sa vie à Paris et à Bordeaux puis qui a rejoint les côtes africaines pour servir sous les drapeaux.

Amertume d’autant plus importante que Jean a dû renoncer à l’amour. Andrée Marielle. Blanche et notable. Jean se convainc que leur amour est rendu impossible du fait de leur différence de couleur de peau.



De ce récit, j’ai surtout aimé le dépaysement. Le départ, l’ambiance sur le paquebot, la description des côtes et des villes escales, de l’Afrique. Le rythme est soutenu et contraste bien avec l’immobilisme du navire. Une lecture-voyage comme je les aime !



Il n’en reste pas moins que l’autre enjeu de ce texte réside dans l’introspection de Jean Veneuse, l’exploration qu’il fait de ses sentiments amoureux. Avec son esprit poétique et doté d’une belle culture littéraire, Jean ne se fait aucun cadeau.

Son amour pour Andrée est réciproque et profond mais la peur de ne pas être à la hauteur et la crainte de ne pas être un couple accepté du fait de leur mixité le tétanisent.

Cela étant, les remarques faites par ses compagnons de voyage qui se défendent d’être racistes ne risquaient pas de l’aider à surmonter cela !

« C'est parce que, reprend Moynac dépité, si le Bon Dieu a fait le café et le lait, il n'a pas fait le café au lait. »

« C'est curieux, énonce-t-il sur un ton sentencieux, comme les nègres sont bien vus, en France, depuis la guerre ! Surtout de nos femmes. Elles raffolent littéralement de nos frères noirs. Je ne dis pas ça, Veneuse, pour vous désobliger. D'ailleurs, vous n'êtes pas un vrai noir, vous. Ni par la peau, ni par l'intelligence, ni par la culture. Somme toute, vous êtes des nôtres. »

J’ai été moins emportée par cette dimension que par celle du voyage et avoue n’avoir su éprouver assez d’empathie pour cet homme « pareil aux autres ».

Pour autant, ce texte en dit long sur les barrières que l’homme est capable de mettre, parfois à lui-même.

En résumé, la très belle préface de Mbougar Sarr vous dit globalement la même chose que moi mais en infiniment mieux !!
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Batouala

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Batouala

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Un homme pareil aux autres

Un très beau livre, une autofiction semble-t-il, qui aborde avec profondeur la condition noire, dans les relations sociales, et particulièrement dans la relation amoureuse.



René Maran, au travers du personnage de Jean Veneuse, s'interroge sur la légitimité d'un homme noir à se marier avec une femme blanche européenne, au temps des colonies. Leur amour semble clair et partagé, puissant mais pudique, et pourtant sa condition d'homme noir l'empêche. Se peut-il qu'un "nègre", quand bien même sa culture et son intelligence, son éducation et sa sensibilité, n'ayant rien à envier à ceux d'un "blanc", se marie avec une "blanche" européenne?

Il n'est qu'un nègre au regard des autres, les rapports sociaux du quotidien le ramènent en permanence à cette condition. Le récit interroge justement avec subtilité cette condition de l'homme noir à cette époque, et explore également le racisme "introjecté". L'auteur est imprégné par sa condition, sa position sociale et bien sûr par l'histoire tragique du peuple noir. Au point qu'il lui semble impossible voire illégitime de dépasser la frontière qui le sépare d'Andrée Marielle, sa promise et bien-aimée.



Enormément de poésie dans le style, une grande sensibilité dans l'écriture, notamment dans les descriptions sublimes des côtes africaines ou encore de l'océan et des couchers de soleil.



C'est à la fois un roman profond de réflexion sur la condition noire, et une ode puissante à l'amour et au désir.

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Batouala

"les bienfaits de la colonisation", quelle drôle d'idée.

Quels bienfaits y-a t'il à voir sa culture disparaitre,

son peuple exploité et sa terre confisquée ?

ha, si le progrès !

"construire un pont quand on peut traverser à gué, c'est bien une idée de blanc".

je découvre René Maran et je me transporte avec lui dans cette Afrique qui nous dépasse,

belle, envoutante, irrationnelle, cruelle parfois.

Oui, l'Afrique nous dépasse,

" .. des plantations de toutes sortes couvraient son étendue, elle regorgeait de poules et de cabris.

Sept ans on suffit pour la ruiner .."

"Batoula" nous invite dans son monde où tout est symbiose entre la terre, les hommes, les bêtes.

Mais ce monde change, la société des blancs bouscule les fonctions rituelles;

et puis il y les femmes, la polygamie, la vie tribale et la rivalité des hommes.

"Batoula" ne dort plus, son monde lui échappe.

Ce roman est un symbole, témoin d'une époque, révélateur d'un genre littéraire, découvrez-le.

la préface d'Amin Maalouf est magnifique, et cette ode à la vie s'achève avec la parabole de

"Youmba la mangouste", qui résume à elle seule toute la poésie de la littérature africaine.

"la faiblesse est le pire des crimes" .

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Un homme pareil aux autres

Réédition de ce très beau roman de René Maran (Prix Goncourt en 1921) paru en 1947.

Très beau texte !



1920, Jean Veneuse embarque sur un bateau direction le Tchad où il est affecté à un poste d’administrateur colonial.

En partant Jean fuit son amour pour Andrée, parce qu’elle est blanche et qu’il est noir et que par conséquence leur amour lui semble impossible…..

Il fuit parce qu’il n’a pas confiance, qu’à force qu’on le fasse se sentir inférieur à cause de sa couleur, malgré son intelligence, sa culture, il finit par se croire inférieur…..

Jean doute, souffre, aime….. un homme pareil aux autres !

Même s’il pense leur relation condamnée à cause de sa couleur de peau, commence une relation épistolaire avec Andrée…..mais pourra t’il accepter cet amour dont il ne se sent pas digne et qu’il pense vouer à l’échec.

Parce que malheureusement le racisme le fait douter de lui au point de gâcher sa vie….



Ce texte est intense, beau et fort…..j’ai aimé l’histoire, l’écriture, les personnages…..

je ne peux que conseiller ce roman qui est malheureusement toujours d’actualité !

Merci aux éditions du Typhon pour cette magnifique découverte, merci de rééditer des textes si forts et importants à notre patrimoine culturel.

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Batouala

Conte africain dont le personnage principal, un chef de tribu centrafricain respecté est en proie à des doutes sur sa place dans le monde et dans sa société. Pris en tenaille entre l'administration coloniale française qui réquisitionne des hommes pour la première guerre mondiale (les tirailleurs) et la jeune et vigoureuse génération de guerriers de sa tribu qui commence à remettre en cause sa légitimité, notamment en convoitant ses femmes.



Ce prix Goncourt de 1921 a provoqué un tollé comme rarement vu, et peut être considéré comme l'entrée tonitruante de la littérature africaine et de la négritude en France. Un livre sur l'Afrique, par un Africain. Cependant les traits sont grossiers et tirent parfois vers la caricature. Alors que le livre est présenté dans la remarquable préface (à lire ! ) comme une correction de la vision occidentale de l'Afrique, on y retrouve tous les clichés sans nuance et sans oubli...

Une pièce d'histoire quelque peu décevante...
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Batouala

Première leture de littérature africaine... je suis convaincue !
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