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Critiques de René Maran (44)
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Batouala

Bien écrit, travaillé pendant six ans, ce texte, parfois poétique et ode à la nature est, finalement, plus politique que littéraire. Et le prix Goncourt qui lui fut attribué en 1921 l'est tout autant. Charge contre les colonisateurs, il embellit les croyances et traditions des Noirs.
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Batouala

Réédité par Albin Michel en 2021 avec une préface d'Amin Maalouf, 100 ans après l'obtention du prix Goncourt par René Maran, auteur antillais, Batouala est une belle surprise. Bataoula est suivi d'une nouvelle "Youma, la mangouste". Roman et nouvelle sont d'une grande modernité, les mots et la langue employés sont ceux du lieu de l'action et de sa population, au coeur du pays n'gapou au sud de Bangui en Centreafrique. Batouala est un chef villageois, dont la femme préférée est attirée par les charmes d'un jeune Bissibi'ngui. Dans ce trio, on se surveille, on se jalouse, on se séduit, on se menace, Les sons, les odeurs de la forêt sont omniprésents dans un quotidien perturbé par la présence de l'homme blanc. Que ce soit l'arrivée de la pluie (p. 86-88), l'évocation des bruits de la nuit (p. 210 Youmba, la mangouste), pour celui ou celle qui a eu la chance de l'expérimenter, René Maran permet de revivre ses sensations avec force.

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Batouala

BOF, BIEN QUE OU PARCE QUE JE CONNAIS LE COIN

J'ai lu le livre il y a au moins cinquante ans. Je l'ai relu recemment. Mon impression, mon appréciation, n'ont pas changé.



Le roman est court, le style, l'histoire, l'élan aussi. Si ce n'était l'origine de l'auteur et le contexte de l'epoque :

* On est dans le developpement economique, sa decouverte/conquete achevee, de l'Afrique.

* On se prepare de chaque cote de la Manche à de gigantesques expos coloniales,

* On s'appropie par cubistes interposés l'art genial africain,

Ce conte n'aurait jamais été primé. D'ailleurs Marans ne fit pas de suite, les concours n'eurent rien d'autre a primer dans le genre pendant longtemps ...



Il n'en reste pas moins que ce bouquin respire la fraicheur malgré le drame de l'histoire et qu'il se parcoure comme une merveilleuse nouvelle.



NOTA

J'evite et ne commente pas les remarques precedentes de ceusses qui n'y sont jamais allé ayant critique (a)visée et definitive sur l'époque.







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Batouala

Un roman précurseur de la négritude, il ne m’en faut parfois pas beaucoup plus pour me lancer dans la lecture d’un livre « que personne ne lit » (dixit P’tit Raton : « Non, mais toi, tu lis qu’des trucs que personne ne lit », à dire avec l’accent ado de base…). Et c’est bien parfois de lire ces livres, car on apprend souvent des choses. Ici, la lecture n’a pas vraiment été une partie de plaisir. Je n’ai pas aimé cette peinture de l’homme noir paresseux, sans projet (vous savez, l’Africain qui n’est pas encore rentré dans l’histoire, ça aussi c’est une citation connue) et porté sur le sexe (d’ailleurs, je plains le prof de français qui doit étudier ça avec ses élèves de lycée ou lycée pro. Les lectures à haute voix et les séances d’explicitation de vocabulaire doivent être scabreuses...). Mais c’est intéressant de lire ce livre qui a fait tant de bruit à l’époque, plus pour sa préface d’ailleurs que pour le livre lui-même. Car si la préface est ouvertement anti-colonialiste (et c’est embêtant quand c’est un fonctionnaire colonial qui l’écrit), mais le livre ne fait que décrire et la plupart des personnages (blancs ou noirs) ne sont pas particulièrement des personnages positifs.

Pas agréable à lire, mais intéressant. Intéressant de voir comment un Noir (René Maran est de parents guyanais et a vécu ses premières années dans les Antilles avant de faire sa scolarité dans l’hexagone, puis de débuter une carrière dans l’administration coloniale en Afrique de l’Ouest) décrit le colonialisme dans les années 20. Un Noir qui est des deux côtés : il est et se sent noir, mais il représente aussi le colon. Et ce que j’ai vu dans ce livre, c’est surtout cela, une personne tiraillée entre deux cultures, deux origines peut-être même, qui se bat intérieurement pour les réconcilier et qui n’y arrive pas. Cela rend la lecture intéressante, mais aussi d’une certaine façon poignante.

Un livre à lire pour ce qu’il dit de son auteur, donc, pour le contexte dans lequel il a été écrit, et pour la réaction qu’il a suscité. D’un côté un prix Goncourt, le premier attribué à un Noir (peut-être un signe de ce que les milieux intellectuels pensaient de la question noire et de la question coloniale à cette époque) et de l’autre une administration qui le pousse à la démission, qui sera suivie d’un relatif silence littéraire. Un témoignage historique, un livre qui fait réfléchir. Sur le chemin parcouru, sur le chemin qu’il reste à parcourir, et sur où j’en suis moi-même.
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Batouala

L'émission "Autant en Emporte l'Histoire" du 19 décembre dernier sur René Maran m'a permis de connaître son histoire et donné l'envie de lire son roman, prix Goncourt 1921 : "Batouala, livre pionnier, premier roman d'un auteur noir critiquant la colonisation" (Tirthankar Chanda, RFI, juillet 2020).



Plus que le roman lui-même ce serait le texte de la préface rédigée par l'auteur qui aurait soulevé en France un vent de scandale : "dix sept ans ont passé depuis que j'ai écrit cette préface. Elle m'a valu bien des injures. Je ne les regrette point. Je leur doit d'avoir appris qu'il faut avoir un singulier courage pour dire simplement ce qui est."



L'histoire est celle du grand chef Batouala dont la vie a été bousculée par l'arrivée des hommes blancs de peau "qu'étaient-ils donc venus chercher si loin de chez eux, en pays noir ?



Un jeune homme, Bissibi'ngui, jette le trouble chez les huit femmes de Batouala, et particulièrement chez sa première épouse, Yassigui'ndj.



Lors de la grande fête de Ga'nzas Batouala s'enfièvre contre les "boundjous" " je ne me lasserai jamais de dire contre la méchanceté des boundjours. Jusqu'à mon dernier souffle, je leur reprocherai leur cruauté, leur duplicité, leur rapacité".

Au cours de cette fête sont réalisées la circoncision des jeunes hommes et l'excision des jeunes filles. Passage difficile.

Au cours d'une chasse, Jaloux, Batouala veut tuer le jeune homme qui intéresse Yassigui'ndj....



Roman assez court à l'écriture foisonnante, imagée, sonore, avec des mots à la signification parfois inconnue, des animaux, de la nature, des cours d'eau, de la végétation, et des contes.



René Maran est considéré comme le précurseur du mouvement de la négritude.
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Batouala

LA RÉALITÉ COLONIALE.

René Maran est un noir guyanais qui a fait ses humanités à Bordeaux puis envoyé en Afrique par l’administration coloniale dans les années 1910. Il était donc le fonctionnaire noir d’une autorité blanche pour gouverner un pays noir.

Ce roman m’a d’autant plus intéressé qu’il se déroule en Centrafrique dans la préfecture où j’ai moi même fait ma coopération civile : bien qu’écrit au début du XXème siècle, j’y ai retrouvé le même peuple confiant et accueillant, la même joie de vivre, les mêmes mœurs avec un animisme toujours teinté de sorcellerie.

En fait, il s’agit d’un violent réquisitoire contre un colonialisme présenté en France comme une mission civilisatrice : « Civilisation, orgueil des Européens et charnier d’innocents, tu battis ton royaume sur des cadavres». À travers ce roman, il stigmatise l’inhumanité des colons, le travail imposé, la collecte de l’impôt, l’alcoolisation au Pernod ; alors qu’avant l’arrivée des blancs, les indigènes travaillaient peu, pour eux-mêmes, uniquement pour boire manger et dormir. Dès lors, Ils vont devoir se soumettre à l’autorité blanche : « quand le lion a rugi, il n’y a plus rien à faire, sauf se résigner comme l’antilope qui n’ose pas bramer ».

La réaction à ce livre, qui apporte un vibrant témoignage et hurle sa rage, a bien sûr été violente. On accuse l’auteur « de mordre la main qui l’a nourri ». André Gide, alerté par le livre, voulut se rendre sur place et a effectué un voyage en Afrique centrale dont il reviendra convaincu que le tableau brossé par Maran était un fidèle reflet de la réalité coloniale. Le livre obtiendra finalement contre vents et marées le prix Goncourt en 1921. L’auteur s’éteint en 1960, en même temps que le colonialisme dont il voulait sauver l’âme.
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Batouala

Prix Goncourt de 1921, René Marian est le premier écrivain noir a avoir reçu en France un prix littéraire et signe la naissance de la littérature négro-africaine. Ce Prix Goncourt déclencha à l'époque une tempête politique à la Chambre des Députés par le réquisitoire qu'il dresse contre la colonisation. Fonctionnaire noir de l'administration de l'Afrique Equatoriale française, l'auteur pousse un cri d'alarme contre les méfaits du comportement des colons sans pour autant s'attacher à une identité ethnique ou raciale, l'auteur étant déchiré entre la culture européenne et ses racines. Visionnaire, Maran ne fut malheureusement pas écouté hormis des écrivains dont André Gide et Hemingway. le style poétique et naturaliste peut dérouter un peu au départ mais on finit vite par l'apprécier. A travers le principal personnage, Batouala ,chef de tribu, sont dépeintes les arcanes de la société africaine qui se trouvent bousculé par la colonisation. C'est un roman un peu oublié à redécouvrir.

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Batouala

Magnifique, les débuts de la négritude, la préface vaut elle aussi son pesant d'or....
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Batouala

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Batouala

Le livre batouala est très expliqué dans l'ensemble, des mots bizarres sont tous traduit. Le début est un peu long mais une fois passer la 60 éme pages on rentre dans la journée du chef Batouala est cela commence à être plus intéressant.

Batouala est tirée d'une vrais histoire d'un nègre, on explique comment faisait t'il pour vivre et il on d'écrit tous les journées passer.
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Batouala

René Maran a une magnifique écriture. Les mots sont bien choisis (j'ai appris beaucoup de vocabulaire nouveau), et les digressions poétiques ajoutent du charme à ce roman. Cette histoire se déroule dans un pays d'Afrique colonisé par la France dans les années 20. Le héros est un villageois nommé Batouala. Nous suivons le déroulement d'une partie de sa vie et nous découvrons une culture et un art de vivre enrichissants.
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Batouala

Le premier auteur noir à recevoir le prix Goncourt en 1921. La colonisation d'un pays par un autre est le résultat d'un déséquilibre des forces au profit du colonisateur et au détriment du colonisé. Les facteurs politiques, militaires, démographiques, économiques, commerciaux interviennent et se combinent de manière très variable pour produire cette inégalité préalable à toute action colonisatrice. Mais la colonisation suppose aussi une différence quelconque d'ordre racial, ethnique, religieux ou culturel entre deux populations qu'elle met en rapport; car quelles que soient les circonstances particulières, elle est un choc entre deux civilisations, l'une dominante, l'autre dominée.
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Batouala

Conte africain dont le personnage principal, un chef de tribu centrafricain respecté est en proie à des doutes sur sa place dans le monde et dans sa société. Pris en tenaille entre l'administration coloniale française qui réquisitionne des hommes pour la première guerre mondiale (les tirailleurs) et la jeune et vigoureuse génération de guerriers de sa tribu qui commence à remettre en cause sa légitimité, notamment en convoitant ses femmes.



Ce prix Goncourt de 1921 a provoqué un tollé comme rarement vu, et peut être considéré comme l'entrée tonitruante de la littérature africaine et de la négritude en France. Un livre sur l'Afrique, par un Africain. Cependant les traits sont grossiers et tirent parfois vers la caricature. Alors que le livre est présenté dans la remarquable préface (à lire ! ) comme une correction de la vision occidentale de l'Afrique, on y retrouve tous les clichés sans nuance et sans oubli...

Une pièce d'histoire quelque peu décevante...
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Batouala

"Batouala", de René MARAN est considéré comme le premier roman nègre écrit par un nègre. Point de départ de la "Négritude", mouvement littéraire et artistique qui nourrira l'émergence d'une culture noire et de sa conscience, il a été écrit en 1921. Primé par le Goncourt, son auteur, obligé de démissionner de son poste au Ministère des Colonies, sera vilipendé par tous ceux qui n'étaient pas prêts à imaginer qu'un noir puisse penser et écrire sur sa vie, celle de sa tribu, ses traditions et la sagesse qui était parfois bien plus du côté des "sauvages" que du côté des "Blancs" !



L'histoire est celle de Batouala, patriarche respecté de sa tribu. Pour lui, la vie est simple. Tous les jours, faire de son mieux pour vivre dans le respect des Anciens et des présents. Entre la pipe matinale, la chasse, les honneurs à rendre à son épouse et à ses autres femmes, rivales, Batouala nous conte la vie, son quotidien, les fêtes oniriques de la tribu, les moeurs de passage de l'enfance à l'âge adulte. Il nous conte aussi son interrogation sur ces traditions qui se perdent, les anciens qu'on n'écoute plus de la même façon, leurs expériences et connaissances que les jeunes délaissent et la convoitise de ces derniers. Bref, il nous conte un monde qui change, qui se perd. Il nous entraîne vers sa fin, sa mort.



René MARAN développe une écriture qui est celle des conteurs africains (que l'on connaît maintenant). Mais au-delà de leurs descriptions émerveillées de la nature, de la force et la beauté des êtres, bêtes, hommes et femmes qui y vivent, il nous faut entendre le fond. MARAN nous parle d'un monde en mutation, d'un monde qui disparaît, d'un autre qui doit advenir.



Intéressant de lire ce livre plus de 90 ans après sa première parution et de refléter son histoire dans le miroir de notre temps présent, lui aussi, toujours en mutation.
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Batouala

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Batouala

Dans ce roman de l’antillais René Maran, prix Goncourt de 1921, nous suivons des évènements autour du chef de tribu Batouala. L’histoire se passe en Afrique équatoriale française, en Oubangui-Chari, aujourd’hui république centrafricaine.

Nous sommes donc dans la brousse, dans la maison du chef, dormant contre l’une de ses 9 femmes, autour d’un foyer éteint. Le roman commence doucement, comme tous les matins au fond de la brousse. Les gens n’ont ici pas à se presser, loin de ce capitalisme européen qui les rend pauvres (très légers contacts avec l’administration dans ce roman). René Maran décrit très bien le réveil des hommes, des femmes et du chien, cet animal sur lequel on tape toute la journée (c’est encore le cas aujourd’hui). On ressent pleinement cette douceur de la nuit, se réveille tranquille, puis le commencement des activités féminines autour des cuisines, ainsi que les longues parties de chasse des hommes. Ici, pas de tabou, le sexe est décrit sans problème et les débordements liés à l’alcool et au sexe lors des cérémonies de circoncision et d’excision non plus. Aucun tabou.

Mais le fait de coucher avec n’importe qui lors de ces cérémonies peut avoir aussi quelques problèmes. C’est ainsi que Batouala va mener la chasse à un jeune guerrier, dont toutes les femmes raffolent, dont l’une des siennes qu’il vient visiter dès qu’il a le dos tourné.

C’est donc un roman qui retransmet bien la réalité de la brousse et de ces petits villages où l’on fuit l’européen et ses mœurs étranges. La terreur et l’incompréhension de celui-ci sont bien retransmis. On suit bien le cours des journées tranquille et des fêtes, alors que ce roman ne fait même pas 200 pages. L’auteur fait donc passer énormément de sentiments en très peu de page, rendant le roman très intense et plaisant. A absolument lire.

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Batouala

"les bienfaits de la colonisation", quelle drôle d'idée.

Quels bienfaits y-a t'il à voir sa culture disparaitre,

son peuple exploité et sa terre confisquée ?

ha, si le progrès !

"construire un pont quand on peut traverser à gué, c'est bien une idée de blanc".

je découvre René Maran et je me transporte avec lui dans cette Afrique qui nous dépasse,

belle, envoutante, irrationnelle, cruelle parfois.

Oui, l'Afrique nous dépasse,

" .. des plantations de toutes sortes couvraient son étendue, elle regorgeait de poules et de cabris.

Sept ans on suffit pour la ruiner .."

"Batoula" nous invite dans son monde où tout est symbiose entre la terre, les hommes, les bêtes.

Mais ce monde change, la société des blancs bouscule les fonctions rituelles;

et puis il y les femmes, la polygamie, la vie tribale et la rivalité des hommes.

"Batoula" ne dort plus, son monde lui échappe.

Ce roman est un symbole, témoin d'une époque, révélateur d'un genre littéraire, découvrez-le.

la préface d'Amin Maalouf est magnifique, et cette ode à la vie s'achève avec la parabole de

"Youmba la mangouste", qui résume à elle seule toute la poésie de la littérature africaine.

"la faiblesse est le pire des crimes" .

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Batouala

Ce roman, premier texte de la « négritude » et premier Goncourt attribué à un noir, a fait scandale et a obligé son auteur, fonctionnaire antillais, à démissionner. Le scandale de l’époque concernait principalement le caractère anticolonialiste du « constat » (puisque René Maran dit se borner à décrire ce qui est).

En effet, il s’agit de la vie d’un grand chef de l’actuelle Centrafrique et de sa première femme qui se détourne peu à peu de lui sur fond de durcissement de l’exploitation coloniale du caoutchouc et de rivalités diverses.

Le deuxième scandale vient avec la prise de conscience que ce n’est pas un africain qui décrit la rudesse et la « sauvagerie » de certaines coutumes mais un pur produit de l’éducation des élites antillaises qui prend le monde blanc comme modèle.

Enfin, la lecture actuelle est parfois insoutenable quand à ces descriptions brutes notamment excision, polygamie, violences sexistes et autres.

Il reste un récit haletant et historiquement très instructif, mais il est important de le contextualiser notamment à notre époque de remontée des traditionalismes divers.
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Batouala

Phoenix faseyant de mille feux, affaissées pourtant, flétries un temps par une pompe trop fastueuse, mes envies de lecture franchissent de nouveaux fronts et festoient au firmament. Ocytocine ! s’écriaient-elles tandis que je résolus d’entamer le Prix Goncourt 1921, Batouala, de René Maran.

Hier néanmoins, faisant face à l’effervescence scripturale de mes amis Babelio qui fourbissent plus de billets et commentaires que ne peuvent les frelons feulant dans un seul quart d’heure, j’égarais concomitamment à mes lectures une oreille sur France culture tandis que Pierre Bayard, au sommet de sa verve, vantait brillamment l’existence non seulement d’univers parallèles mais encore des œuvres que nos artistes chéris n’ont pas eu le temps d’écrire mais qui n’en existent pas moins (Et si les Beatles n’étaient pas nés, 2022).

On ne peut pas dire que je sois sortie de tout cela indemne. Cette prétention à l’allitération en exergue n’en est qu’un des symptômes les plus légers, et espérons-le, passager.

Là où j’envisageais ce long week-end comme une jolie promenade de santé, à sauts et à gambades forcément primesautières, je me suis en outre peu à peu retrouvée ensevelie sous un tombereau de syntagmes aux usages interlopes qu’il semblait pourtant de la première nécessité de devoir caser.

Caser, voilà qui me ramène non pas à mes moutons, il n’y en a pas en Afrique centrale, il faudrait tout de même me faire l’aumône de votre attention la plus ténue sinon on ne va pas s’en sortir, non pas à mes moutons donc mais aux « m’balas, éléphants aux entrailles toujours pleines de flatulences », béngués, vounbas, antilopes et gogouas qui peuplent Batouala de leurs meuglements, chevrotements et autres ricanements. C’est la brousse qui exsude la vie gouailleuse, la brousse qui fermente brumeuse. Et dans la brousse, Batouala, héros éponyme, homme puissant, respecté, ses huit femmes et son rival, le trop beau, trop désirable Bissibi’ngui.

Comme le rappelle Amin Maalouf dans sa préface, Batouala a fait scandale et l’adoubement que constituait l’octroi du prix Goncourt de 1921 n’a pas suffi à éteindre le feu des critiques quant à son anticolonialisme. Nous sommes dix ans avant la parution de Tintin au Congo, dix ans aussi avant que n’émergent les premières voix d’élites africaines demandant l’autodétermination. Bien avant les écrits de Fanon, la négritude de Césaire et Senghor.

L’an dernier, voyant tout ce que ce centenaire anniversaire pouvait avoir d’intéressant pour éclairer notre 21e siècle, Albin Michel a publié à nouveau Batouala. Et c’est là que se rassemblent les voies éparses de ce week-end épique et que Pierre Bayard trouve son usage. Car lire Batouala en 2022 comme un brulot anticolonialiste, c’est s’exposer à une amère déception. Certes, la préface est peu amène pour les colonisateurs, elle décrit leur alcoolisme, leur incurie, leur cruauté. Certes Batouala ne ménage pas ses insultes contre les blancs et les maudit jusqu’aux derniers moments de son agonie. Mais c’est bien là la moindre des choses trouvera le lecteur de 2022.

Aussi ce n’est pas dans cette attaque contre les colons que réside, à mon sens, le sel de ce roman. Et ce serait faire un bien mauvais Goncourt que de le résumer à une charge « à lire d’urgence en 2021 » comme le fait, racoleur, le bandeau d’Albin Michel.

Ce qui rend agréable la lecture de ce roman n’est pas non plus son rythme endiablé, le flot incessant de ses péripéties. A vrai dire, il se passe assez peu de choses du point de vue des humains et les journées s’écoulent sans justement que les blancs soient complètement parvenus à les remplir d’inutiles et trépidantes actions.

Mais Batouala est plein des rumeurs de la brousse, plein des cosmogonies qui éclairent le monde d’un jour ironique, plein d’une langue riche et flamboyante qui m’a rappelée celle de Michaux. Peut-être n’est-ce pas tant un bon roman qu’un immense poème au charme envoutant.



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Batouala

Avant Elimane, le héros de Sarr, il y avait déjà eu un nègre qui écrivait et qui avait même reçu le prix Goncourt mais lui aussi est si contesté qu'il va démissionner. Les jurés du Goncourt ont sans doute été charmés par la langue mais l'administration coloniale ne peut accepter la mise à jour des traitements indignes infligés aux colonisés dont la langue, les croyances et les traditions sont niées; ils sont considérés comme des sous-hommes.

Dès 1912, l'auteur, né en Martinique, de parents français et noir, qui a fait ses études en France, est bouleversé par le sort des noirs. Noir lui-même est dans un situation perturbante: il est le représentant de la puissance coloniale auprès des noirs! Difficile condition du noir "apprivoisé".(acculturé aurait dit Bourdieu).

L'auteur dénonce les sept années de colonialisme qui ont détruit l'Oubangui-Chari: famine, destruction de la faune et de la flore...Il incite les écrivains français à s'emparer de cette situation..Il s'agit-là de la préface car le contenu du livre se passe entre africains: désirs, jalousie, mort, traditions (dont la circoncision et l'excision). Mais il y a tout de même un commandant et l'envoi des "tirailleurs sénégalais", chair à canon d'une guerre entre les blancs frandjés et les blancs zalémans





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