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Critiques de René Maran (44)
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Le Cœur serré

Chaque chapitre justifie, d'une certaine façon, le titre de ce roman, et les deux derniers chapitres sont poignants, mais à mes yeux l'émotion reste assez passagère, beaucoup de pages ne paraissent pas vraiment indispensables…



L'auteur a sans doute écrit une autobiographie romancée, comme le précise A. Rivière-Corre dans sa préface, mais l'enjeu reste mince, d'autant que, comme il arrive pour d'autres romans (tels plusieurs de ceux de Mauriac) le passage du temps rend hélas moins sensibles, moins compréhensibles les déchirements d'un jeune homme du début du siècle.



Bref, un sentiment mêlé, mais je crains vraiment d'être injuste à l'encontre de l'auteur et de son double de papier.
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Un homme pareil aux autres

René Maran a ses détracteurs sur le plan littéraire, je n'en suis pas. La langue est belle, très classique. C'est Veneuse lui-même qui est censé rédiger la majeure partie du roman sous forme de journal intime, d'où une dimension pastiche indéniable : ça sent la khâgne et l'école coloniale. La dernière phrase est un pur joyau.

"Veneuse" décrit à merveille l'hypocrisie et les micro-agressions de la petite société qui se crée à bord du paquebot, puisque beaucoup de passagers supportent difficilement de devoir traiter un homme noir comme leur égal. Certaines situations et réflexions ont une pertinence toujours actuelle. Cela ne l'empêche pas d'avoir lui-même des réflexes racistes et de se conduire en cliché du fonctionnaire colonial.

Ce roman peut être une lecture éprouvante à cause de la misogynie du personnage (il y a pire, certes, mais on ne va pas le féliciter d'enjamber une barre au sol) et surtout de son misogynoir : épouser une femme noire n'est pas une option pour Veneuse, aucune ne peut l'égaler socialement et intellectuellement.



Si Maran s'est beaucoup inspiré de sa propre vie, ce serait une erreur de confondre roman et biographie comme le rappelle M. Mbougar Sarr dans la préface (qu'il ne faut surtout pas lire avant d'avoir terminé le roman, il divulgache presque tout). Je vois désormais encore plus de liens entre cette œuvre et La plus secrète Mémoire des hommes.

Mais on comprend bien pourquoi Maran est passé à côté du mouvement de la négritude.



TW : mot en N évidemment, c'est d'époque.
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Batouala

Certains critiques voient "Batouala" comme un roman africaniste typique de son époque, mettant en lumière les stéréotypes coloniaux sur l'Afrique et ses habitants, tout en offrant également une critique subtile de la colonisation. Le roman présente un regard sur la culture africaine à travers le personnage principal Batouala, chef africain confronté à la domination coloniale. René Maran utilise une écriture poétique et symbolique pour dépeindre la lutte entre deux mondes et pour dénoncer l'exploitation coloniale des peuples africains.



L'ouvrage "Batouala" a été salué pour sa représentation réaliste de la vie en Afrique ainsi que pour sa contribution à la reconnaissance de la littérature africaine. Cependant, il a également été critiqué pour perpétuer certains préjugés coloniaux et pour son regard paternaliste sur les Africains.



En fin de compte, "Batouala" de René Maran reste un ouvrage clé de la littérature coloniale et post-coloniale, offrant une perspective complexe sur les relations entre les cultures européennes et africaines.
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Batouala

Prix Goncourt de 1921, René Marian est le premier écrivain noir a avoir reçu en France un prix littéraire et signe la naissance de la littérature négro-africaine. Ce Prix Goncourt déclencha à l'époque une tempête politique à la Chambre des Députés par le réquisitoire qu'il dresse contre la colonisation. Fonctionnaire noir de l'administration de l'Afrique Equatoriale française, l'auteur pousse un cri d'alarme contre les méfaits du comportement des colons sans pour autant s'attacher à une identité ethnique ou raciale, l'auteur étant déchiré entre la culture européenne et ses racines. Visionnaire, Maran ne fut malheureusement pas écouté hormis des écrivains dont André Gide et Hemingway. le style poétique et naturaliste peut dérouter un peu au départ mais on finit vite par l'apprécier. A travers le principal personnage, Batouala ,chef de tribu, sont dépeintes les arcanes de la société africaine qui se trouvent bousculé par la colonisation. C'est un roman un peu oublié à redécouvrir.

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Un homme pareil aux autres

Voyage au bout de l’amour.



On m’avait bien dit qu’Un homme pareil aux autres de René Maran était un de ces voyages littéraires qui marquent son lecteur. Et on m’avait dit vrai, tellement ce roman de 1947 est fluide et beau, au style à la fois poétique dans ce qu’il décrit et clinique dans ce qu’il dénonce.



Ce voyage, c’est celui de Jean Veneuse, brillant administrateur colonial envoyé de métropole au Tchad pour y faire régner la doxa républicaine et contrôler les populations locales. Mais aussi un « nègre » parmi les siens aux yeux de la société raciste des années 20.



Ce voyage, c’est celui de l’Afrique que Veneuse rejoint et traverse, en paquebot depuis Bordeaux puis en Vapeur via le Sénégal jusqu’à Kokaga puis Moussananga. L’occasion de pages sublimes comme autant de cris d’amour à une terre qui n’est pourtant pas la sienne, lui le natif des Antilles.



Ce voyage, c’est celui du plafond de verre racial que la société impose aux Noirs de l’époque, tout en exonérant Veneuse avec gène (« Je ne parle pas de vous, bien entendu, mon cher Veneuse »). Mais aussi son poids insupportable qui enclenche chez Veneuse une forme de sentiment d’usurpateur.



Ce voyage, c’est surtout celui de l’amour, de Veneuse pour Andrée, l’aimée blanche qu’il préfère fuir par crainte de l’aimer, sans pouvoir jamais la détacher de ses pensées. Omniprésente et culpabilisante jusque dans les bras de son amante de voyage ou dans la solitude de sa case.



Ce voyage c’est enfin celui de l’émotion, celle ressentie par Veneuse devant l’hommage touchant de ces villageois africains qu’il quitte, et celle du lecteur qui ne cesse de monter au fil des pages. Sans oublier celle de la littérature, qui élève et qui sauve.



« Lire a toujours été mon vice. Je puise dans les enseignements qu’il me donne une satisfaction d’autant plus vive qu’elle est secrète (…) Quel malheur qu’on ne puisse aimer les hommes comme on aime les livres (…) Mais lire, hélas ! n’est pas toute la vie… »



Si ça n’est pas déjà fait, embarquez pour ce voyage !

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Batouala

Ce roman, premier texte de la « négritude » et premier Goncourt attribué à un noir, a fait scandale et a obligé son auteur, fonctionnaire antillais, à démissionner. Le scandale de l’époque concernait principalement le caractère anticolonialiste du « constat » (puisque René Maran dit se borner à décrire ce qui est).

En effet, il s’agit de la vie d’un grand chef de l’actuelle Centrafrique et de sa première femme qui se détourne peu à peu de lui sur fond de durcissement de l’exploitation coloniale du caoutchouc et de rivalités diverses.

Le deuxième scandale vient avec la prise de conscience que ce n’est pas un africain qui décrit la rudesse et la « sauvagerie » de certaines coutumes mais un pur produit de l’éducation des élites antillaises qui prend le monde blanc comme modèle.

Enfin, la lecture actuelle est parfois insoutenable quand à ces descriptions brutes notamment excision, polygamie, violences sexistes et autres.

Il reste un récit haletant et historiquement très instructif, mais il est important de le contextualiser notamment à notre époque de remontée des traditionalismes divers.
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Un homme pareil aux autres

« Il a suffi que je prenne de l'âge, et que j'aille servir ma patrie adoptive au pays de mes ancêtres, pour que j'en arrive à me demander si je n'étais pas trahi par tout ce qui m'entourait, le peuple blanc ne me reconnaissant pas pour sien, le noir me reniant presque. Telle est mon exacte situation. »

Telle était l’exacte situation et la pensée de Jean Veneuse, début XXe, antillais qui a passé l’essentiel de sa vie à Paris et à Bordeaux puis qui a rejoint les côtes africaines pour servir sous les drapeaux.

Amertume d’autant plus importante que Jean a dû renoncer à l’amour. Andrée Marielle. Blanche et notable. Jean se convainc que leur amour est rendu impossible du fait de leur différence de couleur de peau.



De ce récit, j’ai surtout aimé le dépaysement. Le départ, l’ambiance sur le paquebot, la description des côtes et des villes escales, de l’Afrique. Le rythme est soutenu et contraste bien avec l’immobilisme du navire. Une lecture-voyage comme je les aime !



Il n’en reste pas moins que l’autre enjeu de ce texte réside dans l’introspection de Jean Veneuse, l’exploration qu’il fait de ses sentiments amoureux. Avec son esprit poétique et doté d’une belle culture littéraire, Jean ne se fait aucun cadeau.

Son amour pour Andrée est réciproque et profond mais la peur de ne pas être à la hauteur et la crainte de ne pas être un couple accepté du fait de leur mixité le tétanisent.

Cela étant, les remarques faites par ses compagnons de voyage qui se défendent d’être racistes ne risquaient pas de l’aider à surmonter cela !

« C'est parce que, reprend Moynac dépité, si le Bon Dieu a fait le café et le lait, il n'a pas fait le café au lait. »

« C'est curieux, énonce-t-il sur un ton sentencieux, comme les nègres sont bien vus, en France, depuis la guerre ! Surtout de nos femmes. Elles raffolent littéralement de nos frères noirs. Je ne dis pas ça, Veneuse, pour vous désobliger. D'ailleurs, vous n'êtes pas un vrai noir, vous. Ni par la peau, ni par l'intelligence, ni par la culture. Somme toute, vous êtes des nôtres. »

J’ai été moins emportée par cette dimension que par celle du voyage et avoue n’avoir su éprouver assez d’empathie pour cet homme « pareil aux autres ».

Pour autant, ce texte en dit long sur les barrières que l’homme est capable de mettre, parfois à lui-même.

En résumé, la très belle préface de Mbougar Sarr vous dit globalement la même chose que moi mais en infiniment mieux !!
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Batouala

Bien écrit, travaillé pendant six ans, ce texte, parfois poétique et ode à la nature est, finalement, plus politique que littéraire. Et le prix Goncourt qui lui fut attribué en 1921 l'est tout autant. Charge contre les colonisateurs, il embellit les croyances et traditions des Noirs.
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Batouala

Phoenix faseyant de mille feux, affaissées pourtant, flétries un temps par une pompe trop fastueuse, mes envies de lecture franchissent de nouveaux fronts et festoient au firmament. Ocytocine ! s’écriaient-elles tandis que je résolus d’entamer le Prix Goncourt 1921, Batouala, de René Maran.

Hier néanmoins, faisant face à l’effervescence scripturale de mes amis Babelio qui fourbissent plus de billets et commentaires que ne peuvent les frelons feulant dans un seul quart d’heure, j’égarais concomitamment à mes lectures une oreille sur France culture tandis que Pierre Bayard, au sommet de sa verve, vantait brillamment l’existence non seulement d’univers parallèles mais encore des œuvres que nos artistes chéris n’ont pas eu le temps d’écrire mais qui n’en existent pas moins (Et si les Beatles n’étaient pas nés, 2022).

On ne peut pas dire que je sois sortie de tout cela indemne. Cette prétention à l’allitération en exergue n’en est qu’un des symptômes les plus légers, et espérons-le, passager.

Là où j’envisageais ce long week-end comme une jolie promenade de santé, à sauts et à gambades forcément primesautières, je me suis en outre peu à peu retrouvée ensevelie sous un tombereau de syntagmes aux usages interlopes qu’il semblait pourtant de la première nécessité de devoir caser.

Caser, voilà qui me ramène non pas à mes moutons, il n’y en a pas en Afrique centrale, il faudrait tout de même me faire l’aumône de votre attention la plus ténue sinon on ne va pas s’en sortir, non pas à mes moutons donc mais aux « m’balas, éléphants aux entrailles toujours pleines de flatulences », béngués, vounbas, antilopes et gogouas qui peuplent Batouala de leurs meuglements, chevrotements et autres ricanements. C’est la brousse qui exsude la vie gouailleuse, la brousse qui fermente brumeuse. Et dans la brousse, Batouala, héros éponyme, homme puissant, respecté, ses huit femmes et son rival, le trop beau, trop désirable Bissibi’ngui.

Comme le rappelle Amin Maalouf dans sa préface, Batouala a fait scandale et l’adoubement que constituait l’octroi du prix Goncourt de 1921 n’a pas suffi à éteindre le feu des critiques quant à son anticolonialisme. Nous sommes dix ans avant la parution de Tintin au Congo, dix ans aussi avant que n’émergent les premières voix d’élites africaines demandant l’autodétermination. Bien avant les écrits de Fanon, la négritude de Césaire et Senghor.

L’an dernier, voyant tout ce que ce centenaire anniversaire pouvait avoir d’intéressant pour éclairer notre 21e siècle, Albin Michel a publié à nouveau Batouala. Et c’est là que se rassemblent les voies éparses de ce week-end épique et que Pierre Bayard trouve son usage. Car lire Batouala en 2022 comme un brulot anticolonialiste, c’est s’exposer à une amère déception. Certes, la préface est peu amène pour les colonisateurs, elle décrit leur alcoolisme, leur incurie, leur cruauté. Certes Batouala ne ménage pas ses insultes contre les blancs et les maudit jusqu’aux derniers moments de son agonie. Mais c’est bien là la moindre des choses trouvera le lecteur de 2022.

Aussi ce n’est pas dans cette attaque contre les colons que réside, à mon sens, le sel de ce roman. Et ce serait faire un bien mauvais Goncourt que de le résumer à une charge « à lire d’urgence en 2021 » comme le fait, racoleur, le bandeau d’Albin Michel.

Ce qui rend agréable la lecture de ce roman n’est pas non plus son rythme endiablé, le flot incessant de ses péripéties. A vrai dire, il se passe assez peu de choses du point de vue des humains et les journées s’écoulent sans justement que les blancs soient complètement parvenus à les remplir d’inutiles et trépidantes actions.

Mais Batouala est plein des rumeurs de la brousse, plein des cosmogonies qui éclairent le monde d’un jour ironique, plein d’une langue riche et flamboyante qui m’a rappelée celle de Michaux. Peut-être n’est-ce pas tant un bon roman qu’un immense poème au charme envoutant.



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Batouala

Réédité par Albin Michel en 2021 avec une préface d'Amin Maalouf, 100 ans après l'obtention du prix Goncourt par René Maran, auteur antillais, Batouala est une belle surprise. Bataoula est suivi d'une nouvelle "Youma, la mangouste". Roman et nouvelle sont d'une grande modernité, les mots et la langue employés sont ceux du lieu de l'action et de sa population, au coeur du pays n'gapou au sud de Bangui en Centreafrique. Batouala est un chef villageois, dont la femme préférée est attirée par les charmes d'un jeune Bissibi'ngui. Dans ce trio, on se surveille, on se jalouse, on se séduit, on se menace, Les sons, les odeurs de la forêt sont omniprésents dans un quotidien perturbé par la présence de l'homme blanc. Que ce soit l'arrivée de la pluie (p. 86-88), l'évocation des bruits de la nuit (p. 210 Youmba, la mangouste), pour celui ou celle qui a eu la chance de l'expérimenter, René Maran permet de revivre ses sensations avec force.

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Un homme pareil aux autres

Un très beau livre, une autofiction semble-t-il, qui aborde avec profondeur la condition noire, dans les relations sociales, et particulièrement dans la relation amoureuse.



René Maran, au travers du personnage de Jean Veneuse, s'interroge sur la légitimité d'un homme noir à se marier avec une femme blanche européenne, au temps des colonies. Leur amour semble clair et partagé, puissant mais pudique, et pourtant sa condition d'homme noir l'empêche. Se peut-il qu'un "nègre", quand bien même sa culture et son intelligence, son éducation et sa sensibilité, n'ayant rien à envier à ceux d'un "blanc", se marie avec une "blanche" européenne?

Il n'est qu'un nègre au regard des autres, les rapports sociaux du quotidien le ramènent en permanence à cette condition. Le récit interroge justement avec subtilité cette condition de l'homme noir à cette époque, et explore également le racisme "introjecté". L'auteur est imprégné par sa condition, sa position sociale et bien sûr par l'histoire tragique du peuple noir. Au point qu'il lui semble impossible voire illégitime de dépasser la frontière qui le sépare d'Andrée Marielle, sa promise et bien-aimée.



Enormément de poésie dans le style, une grande sensibilité dans l'écriture, notamment dans les descriptions sublimes des côtes africaines ou encore de l'océan et des couchers de soleil.



C'est à la fois un roman profond de réflexion sur la condition noire, et une ode puissante à l'amour et au désir.

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Batouala

"les bienfaits de la colonisation", quelle drôle d'idée.

Quels bienfaits y-a t'il à voir sa culture disparaitre,

son peuple exploité et sa terre confisquée ?

ha, si le progrès !

"construire un pont quand on peut traverser à gué, c'est bien une idée de blanc".

je découvre René Maran et je me transporte avec lui dans cette Afrique qui nous dépasse,

belle, envoutante, irrationnelle, cruelle parfois.

Oui, l'Afrique nous dépasse,

" .. des plantations de toutes sortes couvraient son étendue, elle regorgeait de poules et de cabris.

Sept ans on suffit pour la ruiner .."

"Batoula" nous invite dans son monde où tout est symbiose entre la terre, les hommes, les bêtes.

Mais ce monde change, la société des blancs bouscule les fonctions rituelles;

et puis il y les femmes, la polygamie, la vie tribale et la rivalité des hommes.

"Batoula" ne dort plus, son monde lui échappe.

Ce roman est un symbole, témoin d'une époque, révélateur d'un genre littéraire, découvrez-le.

la préface d'Amin Maalouf est magnifique, et cette ode à la vie s'achève avec la parabole de

"Youmba la mangouste", qui résume à elle seule toute la poésie de la littérature africaine.

"la faiblesse est le pire des crimes" .

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Batouala

BOF, BIEN QUE OU PARCE QUE JE CONNAIS LE COIN

J'ai lu le livre il y a au moins cinquante ans. Je l'ai relu recemment. Mon impression, mon appréciation, n'ont pas changé.



Le roman est court, le style, l'histoire, l'élan aussi. Si ce n'était l'origine de l'auteur et le contexte de l'epoque :

* On est dans le developpement economique, sa decouverte/conquete achevee, de l'Afrique.

* On se prepare de chaque cote de la Manche à de gigantesques expos coloniales,

* On s'appropie par cubistes interposés l'art genial africain,

Ce conte n'aurait jamais été primé. D'ailleurs Marans ne fit pas de suite, les concours n'eurent rien d'autre a primer dans le genre pendant longtemps ...



Il n'en reste pas moins que ce bouquin respire la fraicheur malgré le drame de l'histoire et qu'il se parcoure comme une merveilleuse nouvelle.



NOTA

J'evite et ne commente pas les remarques precedentes de ceusses qui n'y sont jamais allé ayant critique (a)visée et definitive sur l'époque.







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Batouala

L'émission "Autant en Emporte l'Histoire" du 19 décembre dernier sur René Maran m'a permis de connaître son histoire et donné l'envie de lire son roman, prix Goncourt 1921 : "Batouala, livre pionnier, premier roman d'un auteur noir critiquant la colonisation" (Tirthankar Chanda, RFI, juillet 2020).



Plus que le roman lui-même ce serait le texte de la préface rédigée par l'auteur qui aurait soulevé en France un vent de scandale : "dix sept ans ont passé depuis que j'ai écrit cette préface. Elle m'a valu bien des injures. Je ne les regrette point. Je leur doit d'avoir appris qu'il faut avoir un singulier courage pour dire simplement ce qui est."



L'histoire est celle du grand chef Batouala dont la vie a été bousculée par l'arrivée des hommes blancs de peau "qu'étaient-ils donc venus chercher si loin de chez eux, en pays noir ?



Un jeune homme, Bissibi'ngui, jette le trouble chez les huit femmes de Batouala, et particulièrement chez sa première épouse, Yassigui'ndj.



Lors de la grande fête de Ga'nzas Batouala s'enfièvre contre les "boundjous" " je ne me lasserai jamais de dire contre la méchanceté des boundjours. Jusqu'à mon dernier souffle, je leur reprocherai leur cruauté, leur duplicité, leur rapacité".

Au cours de cette fête sont réalisées la circoncision des jeunes hommes et l'excision des jeunes filles. Passage difficile.

Au cours d'une chasse, Jaloux, Batouala veut tuer le jeune homme qui intéresse Yassigui'ndj....



Roman assez court à l'écriture foisonnante, imagée, sonore, avec des mots à la signification parfois inconnue, des animaux, de la nature, des cours d'eau, de la végétation, et des contes.



René Maran est considéré comme le précurseur du mouvement de la négritude.
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Un homme pareil aux autres

C’est le deuxième livre de René Maran que je lis, après [Batouala], le prix Goncourt d’il y a tout juste cent ans revenu à la mode cette année. Batouala, un livre peu agréable mais qui révèle en creux le mal-être de l’auteur lui-même, ce nègre éduqué tiraillé entre ses deux cultures, qu’il traduit en deux allégeances irréconciliables, celle à la société à laquelle je veux intellectuellement appartenir et celle à la société à laquelle le revoit son reflet dans le miroir. Quand j’ai découvert l’existence de cet autre livre de l’auteur, présenté comme plus intime, republié cette année par les éditions du Typhon (après sa première publication en 1947) et préfacé par Mohamed Mbougar Sarr (qui n’était alors pas encore le prix Goncourt 2021, un autre noir, à cent ans de distance, et pas avec beaucoup d’autres entre les deux, étrange coïncidence, façon de se donner bonne conscience tous les cent ans ?), il ne m’a pas fallu longtemps pour l’acquérir et me plonger dedans.

Encore une fois, ce n’est pas vraiment un livre agréable à lire. Si, les descriptions le sont. René Maran écrit dans un style précis, où chaque mot est choisi (et ma liste de nouveaux mots s’est considérablement allongée !), les phrases polies longuement et avec précision, mais sans que jamais le style ne deviennent pédant ou précieux. René Maran montre toute sa culture et l’étendue de sa maîtrise du français, comme un signe qu’il éprouve les mêmes déchirements que son personnage, mais il arrive à faire cela avec une immense délicatesse, mettant dans chacun de ses mots son regard émerveillé sur la lumière, les odeurs, les mouvements de la mer.

L’histoire n’a pas cette même « contemplativité » douloureuse. Jean Veneuse aime, mais il aime une blanche (une Européenne, c’est intéressant, il n’oppose pas blanc et noir, mais Européen et nègre). Alors il s’interdit cet amour et s’éloigne, s’enferme dans sa solitude de nègre éduqué maudit. Le personnage de Jean Veneuse n’est pas particulièrement aimable (et son opinion sur les femmes est assez désagréable, mais bon, on va dire que c’est l’époque qui veut cela…), mais René Maran rend bien sa torture, son tiraillement. D’un côté sa couleur de peau et le racisme dont il est victime, pas un racisme ouvert, un « racisme ordinaire » comme on dit aujourd’hui, celui qui fait dire à un de ses amis parlant de lui : « Vous pouvez vous fier à lui. Vous verrez. C’est un nègre comme on voudrait qu’il y eût beaucoup de blancs. » (p.36, chapitre 2, partie 1). De l’autre, son éducation et sa culture, ses idéaux et ses aspirations. En cela il ressemble beaucoup à son auteur, qui a cru aux vertus civilisatrices de la colonisation et qui a déchanté dès ses premières affectations dans l’administration coloniale. Qui a cru aussi à l’élévation par la culture, mais a surtout trouvé dans les livres un refuge contre la solitude, et un aiguillon pour alimenter son ressentiment.



Il est difficile de faire la part des choses entre l’auteur et le personnage, même si René Maran a toujours nié le caractère autobiographique de ce texte. Comme dit sur la quatrième couverture, ce livre est celui du « racisme introjecté ». « Introjecter », un terme qui signifie « fantasmer qu’on possède une caractéristique qu’on a vue quelque part) ». Jean Veneuse fait preuve de racisme envers lui-même, se dévalorise pour la simple raison de sa couleur de peau, s’interdit de vivre et d’espérer parce qu’il est noir, et uniquement parce qu’il est noir.

Dans le même temps, il crée aussi une autre distinction, entre les cultivés et les primitifs. Il se sent différent, supérieur à ces Africains auxquels il voudrait apporter la culture. Ce n’est pas vraiment la colonisation en tant que tel qu’il critique, mais la colonisation telle qu’elle est pratiquée. Il croit à la supériorité de la culture européenne et n’en démord pas. Jusqu’à la dernière page du livre, il veut se conformer à l’image qu’il se fait du Blanc cultivé.

Un livre qui dérange. Un peu comme Batouala, mais avec plus d’intérêt. Plus intime, plus personnel. Agréable dans ses moments de description des paysages, désagréable lorsqu’il évoque des situations sociales, mais très utile pour réaliser ce que fait le racisme dans l’intime de la construction personnelle. Tout cela ce sont des questions très actuelles aujourd’hui, où tout est à la déconstruction des archétypes, et c’est pourquoi même si certaines parties du livre ont vieilli (les femmes, ah les femmes…), c’est une lecture utile, très utile. Je connais très mal le mouvement de la Négritude, dont René Maran est cité comme un précurseur même s’il n’a jamais voulu y être associé. Un mouvement de noirs intellectuels, comme l’était René Maran, un mouvement qui a tenté de se construire en agrégeant ses différentes composantes. René Maran m’apparaît comme quelqu’un de torturé, j’espère qu’il a su s’apaiser, qu’il a trouvé une paix. Une paix qui n’est pas dans ce livre, malgré les dernières pages, et qui je l’espère est possible.
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Batouala

Avant Elimane, le héros de Sarr, il y avait déjà eu un nègre qui écrivait et qui avait même reçu le prix Goncourt mais lui aussi est si contesté qu'il va démissionner. Les jurés du Goncourt ont sans doute été charmés par la langue mais l'administration coloniale ne peut accepter la mise à jour des traitements indignes infligés aux colonisés dont la langue, les croyances et les traditions sont niées; ils sont considérés comme des sous-hommes.

Dès 1912, l'auteur, né en Martinique, de parents français et noir, qui a fait ses études en France, est bouleversé par le sort des noirs. Noir lui-même est dans un situation perturbante: il est le représentant de la puissance coloniale auprès des noirs! Difficile condition du noir "apprivoisé".(acculturé aurait dit Bourdieu).

L'auteur dénonce les sept années de colonialisme qui ont détruit l'Oubangui-Chari: famine, destruction de la faune et de la flore...Il incite les écrivains français à s'emparer de cette situation..Il s'agit-là de la préface car le contenu du livre se passe entre africains: désirs, jalousie, mort, traditions (dont la circoncision et l'excision). Mais il y a tout de même un commandant et l'envoi des "tirailleurs sénégalais", chair à canon d'une guerre entre les blancs frandjés et les blancs zalémans





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Un homme pareil aux autres

Contrairement à ce que peut faire penser le titre « un homme pareil aux autres » , René Maran, longtemps après son Batouala, fait parler Jean Veneuse, Martiniquais d'origine, élevé en France, d'une éducation classique raffinée, nommé au Tchad comme administrateur, Noir comme lui.

Et ce Veneuse reprend à son compte tous les clichés racistes : « Ne blâmez pas ma réserve ! Vous ne savez pas – et ne pouvez savoir- que ma couleur m'interdit jusqu'à l'expression des sentiments les plus normaux. » Il est amoureux d'une Blanche, amour partagé, cependant il part en sachant d'un savoir sûr qu'il ne peut entrer dans la norme, qu'il ne pourra jamais être accepté par la société, que le mariage mixte est juste impensable.

Car, dit-il, « je ne suis qu'un nègre, moi. Et un nègre n'a pas le droit de s'évader de sa race. ».

Comme il est administrateur « aux colonies », il affirme être non seulement rejeté par les blancs, mais aussi par les noirs. Et, dit-il, c'est pire aux colonies.

Bien sûr, un de ses amis lui dit qu'il est « un nègre comme on voudrait qu'il y eut beaucoup de blancs », et même : « vous n'êtes pas un vrai noir, vous. Ni par la peau, ni par l'intelligence, ni par la culture. Somme toute, vous êtes des nôtres ».

Compliment vénéneux qui recouvre un racisme évident.

Et puis la conquête qu'il fait ( qu'il subit) d'une femme qui veut à tout prix qu'il ne soit pas différent, qu'il n'y ait pas de dissension entre les races, lui jette à la figure « sale nègre » quand il ne veut pas s'installer avec elle.

Il oscille, et affirme parfois que « le nègre est un homme pareil aux autres ».

Il aime cette femme restée à Paris qu'il juge inaccessible, mais ne nous faisons pas trop de souci : il s'aère avec une petite négresse comme il dit, et quand il part, il imagine qu'elle se refera avec son successeur.

Frantz Fanon, dans son « Peaux noires, masques blancs », cartonne : « chez le nègre, il y a une exacerbation affective, une rage de se sentir petit, une incapacité à toute communion humaine qui le confinent dans une insularité intolérable »insularité qui le conduit à vouloir être blanc, seule issue possible, avant de pointer l'abandon du petit Veneuse, qui donc reproduit ce qu'il connaît : la solitude, l'impossibilité d'être aimé. « C'est un névrosé qui a besoin d'être délivré de ses fantasmes infantiles. »



A l'opposé , Mohamed Mbougar Sarr , dans sa préface, note que Veneuse n'est pas Maran, et que peut être la fiction inventée par ce dernier couvrait non pas le désir d'être aimé malgré sa couleur de peau, son désir d'être blanc, d'être pareil, comme tout le monde, blanc mais par la volonté de se faire reconnaître comme écrivain, d'être légitimé par l'écriture.

Il me semble ( et j'accepte toute autre analyse, bien entendu) que René Maran a poussé si loin l'impossibilité pour un noir d'aimer une blanche, lorsque l'on sait qu'il a vécu toute sa vie un amour mixte partagé ( comme Fanon, d'ailleurs) , que Sarr nous donne une autre vision beaucoup plus intéressante que celle de Fanon.

Oui, René Maran a voulu pousser à l'extrême les dissensions réelles entre blancs et noirs en faisant parler Veneuse, mais il a surtout, aussi, écrit des pages magnifiques par leur lyrisme.



Lorsque, il y a cent ans, son livre Batouala est consacré par le Goncourt, il souffre que son prix soit catalogué celui du« premier Noir à recevoir le prix Goncourt ». Comme si la couleur de peau comptait plus que l'écriture. Je pense aux aquarelles dont on a dit ( passé révolu, il y a beaucoup d'hommes aquarellistes)

qu'elles étaient « si féminines ».



La peinture n'a rien à voir avec le sexe.

L'écriture n'a rien à voir avec la couleur.

Et dans « un homme pareil aux autres », nous avons la thèse de l'étrangeté, de la différence sans aborder encore l'antithèse de la réciprocité, et non plus la conclusion synthétique de l'amour possible…. Sauf si, il faut lire le livre jusqu'à la fin pour comprendre.

Et surtout, une écriture pas pareille aux autres.

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Batouala

LA RÉALITÉ COLONIALE.

René Maran est un noir guyanais qui a fait ses humanités à Bordeaux puis envoyé en Afrique par l’administration coloniale dans les années 1910. Il était donc le fonctionnaire noir d’une autorité blanche pour gouverner un pays noir.

Ce roman m’a d’autant plus intéressé qu’il se déroule en Centrafrique dans la préfecture où j’ai moi même fait ma coopération civile : bien qu’écrit au début du XXème siècle, j’y ai retrouvé le même peuple confiant et accueillant, la même joie de vivre, les mêmes mœurs avec un animisme toujours teinté de sorcellerie.

En fait, il s’agit d’un violent réquisitoire contre un colonialisme présenté en France comme une mission civilisatrice : « Civilisation, orgueil des Européens et charnier d’innocents, tu battis ton royaume sur des cadavres». À travers ce roman, il stigmatise l’inhumanité des colons, le travail imposé, la collecte de l’impôt, l’alcoolisation au Pernod ; alors qu’avant l’arrivée des blancs, les indigènes travaillaient peu, pour eux-mêmes, uniquement pour boire manger et dormir. Dès lors, Ils vont devoir se soumettre à l’autorité blanche : « quand le lion a rugi, il n’y a plus rien à faire, sauf se résigner comme l’antilope qui n’ose pas bramer ».

La réaction à ce livre, qui apporte un vibrant témoignage et hurle sa rage, a bien sûr été violente. On accuse l’auteur « de mordre la main qui l’a nourri ». André Gide, alerté par le livre, voulut se rendre sur place et a effectué un voyage en Afrique centrale dont il reviendra convaincu que le tableau brossé par Maran était un fidèle reflet de la réalité coloniale. Le livre obtiendra finalement contre vents et marées le prix Goncourt en 1921. L’auteur s’éteint en 1960, en même temps que le colonialisme dont il voulait sauver l’âme.
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Batouala

« Que votre voix s’élève !

Vous, les écrivains de France, il faut que vous aidiez « ceux qui disent les choses comme elles sont, non pas telles qu’on voudrait qu’elles fussent.» clame dans la préface de son livre René Maran.

Batouala, « Véritable roman nègre » a reçu le prix Goncourt il y a juste 100 ans. Ce fut un tollé, d’abord parce que l’auteur n’était pas connu, aussi parce que sa description, par delà la poésie et le lyrisme indéniable, s’attache aux coutumes d’un village d’Oubangui Chari( actuelle Centrafrique)et qu’il y fait, surtout dans sa préface de la première édition (1921) le constat de l’ exploitation des « nègres », leur embrigadement dans la guerre de 1914, parce que les « frandjés étaient en palabre avec les zalémans et qu’ils les battaient comme on ne bat pas son chien. ».

Et puis le cours du caoutchouc est tombé, plus de travail.



Goncourt, donc, pour cet auteur antillais, fonctionnaire de préfecture, nommé Administrateur du Ministère des Colonies en Oubangui-Chari, Goncourt qui soulève des vagues : celles de l’Administration française, qui veut bien entendu former une élite « indigène » sachant lire et écrire, mais qui n’admet pas que de l’intérieur, on dénonce les pratiques coloniales ; celles aussi d’écrivains africains, pas très contents que leurs coutumes soient mises à jour comme par un anthropologue les jugeant tels qu’ils sont.

C’est dans son introduction, remaniée en 1937, que René Maran , qui, entre temps, a été doucement poussé à démissionner de l ‘administration, a subi critiques et pamphlets, dénonce les pratiques coloniales, en particulier cet impôt « de capitation », qui pousse souvent les africains à la plus grande pauvreté, jusqu’ à vendre même leur femme.

Ce roman est tout objectif, nous dit l’auteur. Il ne tâche même pas d’expliquer. Il constate. Il ne s’indigne pas : il enregistre…. C’est un roman d’observation impersonnelle.

Ses coutumes, le fait qu’une femme doit allaiter 2 ou 3 ans, pendant lesquels elle ne peut faire l’amour, les fluides ne devant pas se mélanger amènent à l’obligation pour l’homme de prendre d’autres femmes.

Les fêtes, pendant lesquelles ont lieu la circoncision et l’excision ( mon professeur d’ethnologie disait que ces pratiques avaient pour but d’éliminer dans chaque sexe ce qui ressemble le plus à l’autre sexe : les membranes chez l’homme, et le clitoris érectile chez la femme.) sont décrites telles qu’elles.

René Maran parle du désir fou, malgré les tabous comme par exemple celui des règles « impures » donc l’impossibilité de faire l’amour ces jours-là.

Il parle aussi des rites funéraires, et de la pensée que la mort ne pouvant être naturelle, il s’agit de chercher et trouver le responsable…. Parfois, cette recherche recoupe une vengeance privée…. Mais bon.



Que votre voix s’élève, vous les écrivains de France!

Dans la reprise de sa préface en 1937, il reconnaît que la prise de conscience de personnes bien placées qui pourtant étaient au courant des horreurs commises : «Après tout, s’ils meurent de faim par milliers, comme des mouches, c’est que l’on met en valeur leur pays »s’est accomplie grâce à André Gide avec son Voyage au Congo en 1927, et Denise Moran qui a écrit Tchad peu après.

Et bien sûr, il en a été le précurseur.

Pour le centenaire du prix Goncourt, la Bibliothèque Nationale de France organisera avec l’académie Goncourt, le 1 · décembre 2021, un événement commémoratif dans son auditorium.

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Bertrand du Guesclin : L'épée du roi

De René Maran, écrivain martiniquais redécouvert récemment et qui reçut en 1921 le Prix Goncourt pour son roman Batouala, on publia l'année de sa mort en 1960 cet ouvrage intitulé Bertrand du Guesclin, l'épée du roi. Ce n'était certes pas une grande biographie (pour cela, nous avons les livres de Micheline Dupuy, de Georges Minois et de Thierry Lassabatère), mais bien un honnête travail, préparé de longue date et bien documenté, correctement positionné quant à l'argumentaire et savoureusement écrit, encore que René Maran ait plus ou moins succombé au charme de La chanson de Bertrand du Guesclin écrite par un certain Cuvelier, qu'il ait cédé à la légende des destinées entrevues par des devineresses et qu'il ait été influencé par la chronique de Pedro Lopez de Ayala à propos de la période "castillane" du meneur des Grandes Compagnies en Espagne pour débarrasser le royaume de France des routiers qui commettaient ravages sur ravages sur notre sol après la signature du traité de Brétigny avec les Anglais. Il est aussi un peu court sur la période finale de la vie active du guerrier breton (1370-1380) et notamment sur le froid jeté entre le roi et son connétable par la critique portée par le chambellan et ami de Charles V le Sage, Bureau de La Rivière, pour le refus de Bertrand de donner sa caution à la confiscation du duché de Bretagne par Charles V en 1378-1379 quand Jeanne de Penthièvre préféra rappeler sur le trône ducal son ennemi Jean de Montfort plutôt que d'approuver l'annexion pure et simple condamnée par beaucoup de Bretons.

Un bon livre sur Du Guesclin pour l'époque où il fut écrit.



François Sarindar, auteur de : Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (1338-1358)
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