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Critiques de Rhéa Galanaki (16)
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Éléni, ou personne

"Ces leçons durèrent un bon nombre d'années. le maître, qui connaissait l'anatomie, enseigna à Eleni la dimension humaine de la statuaire. En fin connaisseur de l'art antique, il apprit à son élève le caractère sacré du nu. Eléni se mit à concevoir le tableau comme un organisme, un réseau de relations et de sentiments dans lequel l'âme humaine se trouvait engagée. "(p. 39)



Lecture février 2019 [ Emprunté ]----Des grands remerciements aux éditions Cambourakis, qui font un travail exceptionnel pour mettre à l'honneur la littérature grecque, et ici, en plus, les Arts, à travers une artiste-femme , peintre du 19e... avec qui on fait connaissance et apprécions les combats...pour réaliser son art, dans une société où les femmes n'ont pas abondance de droits !!



l'auteure, historienne , possédant une formation archéologique nous arrive grâce aux éditions Cambourakis... avec près de 20 ans de retard !! Nous ne pouvons qu'en savoir gré à ce petit éditeur indépendant et courageux !!



Une "biographie romancée" lue trop rapidement, que je relirai avec plus de disponibilité et d'attention, très vite. Elle le mérite grandement- Mes excuses pour cette chronique trop rapide !!



"Des années plus tard, chaque fois que la mélancolie allait précipiter la première peintre grecque sur les récifs escarpés d'un monde troublé, peu d'images produiraient des lignes et des couleurs. Tournant le dos à ses inquiétudes précoces, Eléni ne se demanderait pas alors comment la peinture surgit, mais comment elle se tarit.Sa tentative pour le comprendre la transportait aussitôt sur la nef des fous." (p.27)
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L'ultime humiliation

Magnifique roman pour un sujet difficile. Après l'Occupation nazie et la dictature des colonels, voici venu le temps de la crise grecque, une tragédie européenne qui aurait du nous servir d'exemple pour repartir du bon pied, pour ne pas voir revenir certains "spectres"... L'auteure nous dépeint la société grecque contemporaine sous toutes ses facettes, et dans toutes ses réactions (retraités, jeunes, sans-abris, immigrés, politiciens...). Dans une écriture originale, avec ce "tu" qui offre un dialogue permanent avec les personnages. Pour note : ce livre a été écrit avant l'arrivée au pouvoir de Syriza, et cette lecture arrive pour moi, par hasard, juste après avoir vu le film Adults in the room... Encore une "ultime" humiliation.
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L'ultime humiliation

Le cœur de ce roman est Athènes, berceau de la démocratie, malmenée par les crises successives qui ébranlent ses fondations. Le 12 février 2012, une manifestation pacifique contre la réductions des salaires et des retraites finit en bataille rangée entre forces de l’ordre et manifestants d’extrême-gauche sur la place centrale, face au parlement. Des bâtiments sont incendiés et les pompiers immobilisés dans une volonté de détruire tous les symboles d’un capitalisme débridé.

Prises dans l’engrenage de cette violence urbaine, Tirésia et Nymphe, deux vieilles femmes fantaisistes, habillées comme pour un carnaval, se retrouvent seules, confuses, dans une ville qu’elles ne reconnaissent plus, incapables de retrouver le chemin du foyer où elles vivent depuis plusieurs années.

Manipulées par un personnage douteux du nom de Thanassis qui les force à mendier, elles se résignent à vivre dans la rue où elles côtoient les laissés-pour compte de la crise.

Véritable tragédie du monde moderne, ce magnifique roman, complexe, à la fois dur et lumineux, se penche sur les racines de la crise actuelle et redonne au peuple grec sa dignité. Mêlant symboles et mythes, à travers des personnages emblématiques plus vrais que nature, l’auteur fait revivre Athènes, ville où passé et présent sont intimement et violemment intriqués.



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La vie d'Ismail Férik Pacha

Ce roman relate l'histoire d'un jeune crétois, capturé et emmené en Egypte par les Ottomans à l'époque où ce pays est une province de l'Empire du même nom.

Eduqué et converti à l'Islam, le héros devient un brillant officier, conseiller du vice-roi et ami du fils de celui-ci.

Devenu Ministre de la guerre il part en Crète réprimer l'insurrection contre l'occupant turc, alors que son frère qui a connu un tout autre destin, finance à partir d'Athènes, la révolte crétoise. Roman sur l'identité, la double appartenance, à mi-chemin entre le rêve et la réalité ce roman, écrit avec délicatesse et sensibilité, peut déconcerter par son côté onirique, bien qu'il s'inspire d'un histoire vraie. La finesse de l'écriture et l'acuité psychologique de l'auteur en sont les principaux atouts.
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L'ultime humiliation

Je partais pleine d'enthousiasme pour cette histoire de deux vieilles femmes vivant les manifestations au moment de la crise en Grèce. En tous les cas le résumé m'avait mis l'eau à la bouche et j'étais prête à passer un bon moment de lecture.

Mais lorsque finalement le résumé et les notes du traducteur m'eclairent mieux sur l'histoire que le roman en lui-même, alors finalement c'est mauvais signe.

J'ai été perdue par le style d'écriture, par les détails qui manquent de liens entre eux. Et surtout en cette période, je préfère que la lecture soit un moment de plaisir et non une nouvelle obligation ou contrainte.

J'ai donc abandonné au bout de 150 pages. Dommage.



#challenge globetrotter
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Éléni, ou personne

La biographie de la peintre grecque Eleni Boukoura, ayant vécu au 19ème , percute notre époque par les thématiques qu’elle aborde. La place faite aux femmes, les identités nationales et « corporelles ». Nos organisations patriarcales imbibées de traditions archaïques et de préjugés contraignent cette femme passionnée, peintre clandestine, à se perdre, à devenir « personne », pour vivre sa passion pour l’art dans une Europe bouleversée de multiple manières. Peut-on revendiquer une absolue liberté sans sacrifier une part de soi même, sans affecter son être ? La réponse de la société est sans ambiguïté : non!



C’est par le travestissement qu’elle pourra exercer son art, c’est par l’abandon de son art qu’elle pourra redevenir femme.



Le personnage d’Eleni est complexe et captivant. Le prix qu’elle paiera pour avoir oser défier l’ordre des choses sera exorbitant.



Rhéa Galanaki nous offre une tragédie philosophique, juste et rigoureuse, une poésie subtile et dense.



L’Histoire et l’art se mêlent au fil des pages, bouleversant le destin de cette femme exceptionnelle, pleine de volonté et de passion.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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L'ultime humiliation

Un roman féministe?



Tiresias, le devin aveugle de Thèbes qui apparut à Ulysse était hermaphrodite, Tiresia, l'une des héroïnes de l'Ultime Humiliation est femme et devineresse...Rhéa Galanaki choisit aussi de féminiser le Minotaure. Dans l'appartement athénien, ne vivent que des femmes : Tiresia et Nymphe, deux professeures retraitées, Danaé l'assistante sociale, Catherine leur sert de chaperon et Yasmine vient faire le ménage.Les fils feront une apparition tardive : Oreste et Takis et le petit Ismaël. Un lointain patriarche exerce une influence occulte....



Un roman historique?



Athènes, 12 février 2012



Le Monde 13 février 2012 raconte :



"Pendant que les députés débattaient et votaient des nouvelles mesures d'austérité, dimanche 12 février, Athènes brûlait. Près d'une vingtaine d'immeubles ont été incendiés après la dispersion d'une grande manifestation hostile au nouveau "mémorandum" que la Grèce s'engage à appliquer auprès de ses partenaires européens. Dans la nuit de dimanche à lundi, l'Attikon – un magnifique cinéma à l'ancienne du centre de la capitale – était encore ravagé par les flammes, tout comme un immeuble désaffecté à quelques dizaines de mètres. Les pompiers continuaient leur intervention au siège d'Alphabank, d'où les flammes avaient cessé de sortir......"



C'est autour de ce fait précis, autour de cette manifestation que s'organise le récit. Tiresia et Nymphe, ulcérées par les coupes dans les retraites, menacées d'être expulsées de leur appartement, décident de se joindre aux manifestants.



Rhéa Galanaki raconte cet épisode dans le style de la tragédie antique :



"Athènes est au sens propre une tragédie : voilà ce qu'avaient écrit sur les banderoles les gens défilant par vagues interminables. Il ne semblait pas y avoir de cas isolés ou de rôles à part dans cette tragédie moderne : c'était au sens propre; l'âme d'une ville qui expirait devant elles; Seul le chœur de cette tragédie contemporaine conservait quelques éléments de son origine antique. En effet les deux femmes ne cessaient d'entendre le choryphée[....] et le chœur des temps modernes les (les slogans) répétaient adoptant une voix rythmée et une démarche cadencée....".



La place (Syntagma) "elle était devenue une double place, mais aussi une place à double sens".



A la manifestation pacifique succède l'émeute, où les deux femmes sont piégées. Parmi les hommes-en-noir, les émeutiers casqués, elles croient reconnaître Takis et Oreste. Après les affrontements, après l'incendie du cinéma elles s'écroulent et sont incapable de retrouver le chemin de l'appartement.



Un roman politique



"Tragédie et démocratie sont les enfants d'une même mère...."



Rhéa Galanaki décrit les partis qui s'affrontent : Aube dorée qu'a choisi Takis, le fils de Catherine, la Crétoise et d'un policier défunt, les groupes anarchistes ou gauchistes où milite Oreste. Elle compare ces affrontements à la révolte des étudiants de l'Ecole Polytechnique en novembre 1973, Nymphe et le père d'Oreste en étaient les héros. Les deux générations s'opposent, les héros, sont ils devenus corrompus? La crise que traverse la Grèce leur est-elle imputable? J'ai déjà lu des allusions à ces politiciens dans les livres de Petros Markaris. Rhéa Galanaki et Markaris ont travaillé ensemble, entre autres au scénario d'un film de Theo Angelopoulos.



Catherine, elle aussi s'interroge :



"c'est ainsi qu'elle eut pour la première fois la possibilité de s'interroger sur les différents types des gens de gauche, et l'opportunité de se demander si les membres de la gauche actuelle étaient différents ou non, de la génération d'autrefois."



Venant d'un village martyr des nazis pendant la seconde guerre mondiale, elle ne peut accepter les analogies entre Aube Dorée, le parti fasciste où milite son fils, et les agissements des Allemands. Une très belle scène, par la suite raconte comment les vieux Crétois ont chassé Aube Dorée du village.



Une fresque antique



Après la représentation des événements du février 2012, dans le style de la tragédie antique, l'errance de Nymphe et de Tiresia, incapables de retourner chez elle,vivant dans la rue avec les SDF, est une véritable Odyssée.



L'Ultime Humiliation est-elle la déchéance de tous ces Athéniens paupérisés par la Crise et réduits à la condition de clochards sans droits, sans identité, mendiants dans la jungle urbaine?



"A leur manière les sans-abri d'Athènes sont aussi les révoltés de notre temps."



Rien n'est moins sûr! L'Ultime Humiliation est aussi le nom donné à une icône appelée aussi "le Christ de pitié". C'est d'ailleurs par une allusion à cette icône que s'ouvre le roman. On peut lire le livre à la lumière d'Homère et de l'Odyssée mais il ne faut pas oublier la composante orthodoxe de la culture grecque.



Un roman d'une grande richesse



On peut s'attarder à l'analyse politique de la Grèce en crise en 2012, on peut s'attacher à la mythologie. Mais ce n'est pas tout.J'ai remarqué une allusion àCavafy, des vers du Facteur chanté par Moustaki, qui est un poème de Manos Chadjidakis (ce que j'ignorais),un chapitre entier dédié à Théo Angelopoulos à l’occasion de l'incendie du cinéma Atikon... et bien d'autres pépites...




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La vie d'Ismail Férik Pacha

Jolie découverte que ce roman qui s'empare de la vie du mystérieux personnage Ismail Férik Pacha, jeune Crétois fait prisonnier lors des révoltes de la guerre d'indépendance grecque, incorporé dans l'armée ottomane et qui devient ensuite un proche d'Ibrahim Pacha, le fils du vice-roi d'Egypte Méhémet Ali, jusqu'à s'élever au grade de général de l'armée égyptienne.



En plus de nous faire revivre l'époque qui annonce le dernier siècle de l'Empire ottoman, Rhéa Galanaki prête sa voix à un jeune homme traumatisé par son rapt, et qui, au fur et à mesure qu'il vieillit, semble revivre et rouvrir peu à peu les portes d'un passé qu'il avait enseveli sous une nouvelle identité, une nouvelle langue, une nouvelle religion. Cette question de l'identité sous-tend l'ensemble du roman et traite subtilement des paradoxes qui font d'un jeune esclave un des plus puissants chefs de l'armée de ceux-même qui lui ont arraché la liberté, et qui lui demandent à la fin de sa vie, faisant fi de son identité antérieure, de combattre les rebelles crétois, ses propres compatriotes.

Mais que pèse une dizaine d'années crétoises et orthodoxes face à trente ans d'islam, d'arabe et de conquêtes militaires, de débats politiques et de voyages en Europe pour moderniser l'Empire ottoman ?



Porté par un style lyrique et subtil, La Vie d'Ismail Férik Pacha mélange réalité et souvenirs, question de l'identité et de l'usage de la langue maternelle, ou encore sentiments fraternels face aux sentiments amicaux d'une vie de campagne commune.



Une lecture plus complexe qu'il n'y parait au premier abord!
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Éléni, ou personne

J'ai été intriguée par la thématique du roman. Le souhait de découvrir cette personne, ce combat de femme pour réaliser ses rêves. A l'image du personnage d'Eleni, la lecture de cet ouvrage a été complexe pour moi. J'ai eu quelques difficultés à adhérer à l'écriture même de cet ouvrage. Une deuxième lecture sera nécessaire...
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L'ultime humiliation

Bien plus qu'un roman social, L'Ultime humiliation est une épopée et une tragédie. Epopée de ces deux vieilles folles athéniennes qui s'échappent de leur foyer social pour aller manifester contre les mesures d'austérité et qui, comme Ulysse, seront incapables de rentrer chez elles. Tragédie de ce peuple grec contemporain condamné à l'occupation nazie puis à la guerre civile puis à la dictature et, aujourd'hui condamné à être dévoré par le néo-minotaure "Europe". Les références à l'antiquité foisonnent et la plume et belle. Je découvre Rhéa Galanaki avec plaisir.
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Éléni, ou personne

Le sujet m'a paru intéressant, l'époque et les lieux évoqués également. Le récit tombe vide dans un certain flou et s'allonge sans tenir l'attention, c'est dommage, comme s'il n'y avait pas d'évènements et cela sans que l'interiorite ne convainque vraiment.
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L'ultime humiliation

L’ultime humiliation/Rhea Galanaki

Dans ce beau roman, l’auteur nous fait découvrir l’histoire d’une société grecque en pleine tourmente lors des événements consécutifs à la crise économique de ces dernières années. C’est plus précisément l’âme de la capitale qui est au cœur de ce récit initiatique mettant en avant les racines du mal et plus avant la destinée de la Grèce d’aujourd’hui. Le premier chapitre évoque la situation à Athènes.

« L’injustice triomphait ; les droits constitutionnels étaient piétinés ; les acquis étaient reniés ; les couches sociales les plus pauvres et les plus respectueuses des lois couraient droit à la catastrophe. On entendait dans le même temps une farouche et légitime colère sourdre de partout… »

Puis Tiresia et Nymphe, deux femmes un peu folles à la retraite entrent en scène.

Tiresia a la qualité d’être devineresse en plus d’avoir été professeur de littérature.

Nymphe était professeur d’art et son caractère rebelle et violent ne l’empêche pas de faire montre d’une grande tendresse notamment à l’égard de son fils Oreste qui se livre à des activités peu orthodoxes. Oreste a tenté de renier cette mère mais il semble que les liens du sang soient les plus forts.

« Elles puisaient dans l’éclat de la jeunesse les rayons pâles d’un temps qui leur restait à vivre. Un avenir qui ne cessait de s’amenuiser quand, dans le même temps, leur jeunesse ne cessait de s’agrandir en leur mémoire dans un éblouissement d’outre-monde, dans une temporalité céleste, en vertu de la charge immatérielle qu’acquiert pour chacun le temps qu’il a perdu. »

Et rapidement elles veulent voir les choses de plus près, être confrontées à la réalité, ne plus se contenter du télévisuel, et s’évadent du foyer où elles sont en colocation sous la surveillance de Catherine, une parente de Nymphe originaire de Crète, qui assure l’intendance, Danae l’assistante sociale qui leur rend visite quotidiennement, Yasmine qui fait le ménage, et le Patriarche, un médecin qui veille à leur petite santé.

« Elles n’appartenaient plus à leur passé mais à ce présent commun aux Athéniens, qui tambourinait de manière assourdissante autour d’elles et qui exorcisait le démon de la solitude, de la vieillesse, de la maladie et de la servitude. »

Nos deux héroïnes vont participer aux manifestations et finir mendiantes avant plus tard de regagner leur foyer. Une expérience unique au cœur de l’action.





Le style de Rhéa Galanaki est poétique et flamboyant, lyrique et précis pour évoquer l’actualité brûlante de son pays, une Grèce frappée par une crise économique, sociale et humanitaire, où évoluent deux retraitées abîmées par la vie et qui faisant table rase du passé en changeant leur prénom, rêvent de liberté.

Des rappels historiques éclairent le lecteur sur les causes profondes de ces crises et ces tragédies dont la Grèce est victime depuis la guerre civile du début du XX é siècle.

L’auteur aime aussi faire référence à la mythologie, les deux femmes héroïnes de ce roman étant l’incarnation pour l’une de Tiresias et l’autre du Minotaure. L’auteur compare aussi la foule à un chœur tragique avec un coryphée haranguant la foule. Et bien d’autre références que le lecteur saura percevoir, notamment à l’Odyssée d’Homère.

¨Pour mémoire, rappelons que le titre fait référence à l’iconographie orthodoxe du « Christ de pitié », le Christ attendant après la Passion la Résurrection.

Bien sûr, ce roman intéressera au premier chef les Grecs eux-mêmes, et nombre de lecteurs ont fait ressortir que cette histoire n’allait pas forcément passionner les Français, d’autant plus qu’une bonne culture classique aidera évidemment à bien saisir et apprécier toute la symbolique de cette aventure.

Des notes du traducteur et un commentaire concernant l’œuvre de Rhéa Galanaki viennent aider le lecteur et complètent ce beau livre.

Un grand roman d’une grande richesse quoi qu’il en soit, de la grande littérature pour une tragédie grecque moderne.

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Éléni, ou personne

Très belle plume et intéressante découverte d'un personnage que je ne connaissais pas. Eléni Boukoura mérite de sortir de l'ombre pour le combat qu'elle a mené pour atteindre son objectif : vivre sa passion pour la peinture à une époque où la formation et la carrière artistiques étaient interdites aux femmes.

Les ruses qu'elle déploie, les attitudes adoptées par ses parents, qui s'opposent l'un à l'autre au sujet des choix des leur fille, les traditions grecques, les difficultés rencontrées par une enfant "différente", tout cela est très bien rendu, et dans une langue très belle et évocatrice.

Les quelques points qui m'ont moins plu sont le fait que certains éléments sont survolés et que les chapitres de la vieillesse d'Eleni sont confus et répétitifs.

Cette confusion est logique, chez une femme âgée, solitaire, recluse, rejetée, au cerveau vieillissant, et les répétitions sont l'image du radotage (voire d'une rumination amère) qui vient bien souvent quand les années s'accumulent ; mais je n'ai pas été réceptif à la manière dont Rhéa Galanaki a choisi de dépeindre cette déliquescence de l'esprit (même si j'ai trouvé judicieuse l'idée de ces "fantômes" auprès de qui Eléni s'épanche).

Les points que j'ai trouvés insuffisamment approfondis sont des éléments qui, pourtant, joue un rôle central dans sa vie : la peinture, l'homme qu'elle a aimé, ses enfants. Ces trois pierres angulaires ont façonné son destin, mais elles sont présentées selon un point de vue trop distant, détaché et presque indifférent. Cet n'est pas, à mon sens très cohérent avec l'importance réelle que ces personnes et cette activité ont eu pour Eléni. Cela crée aussi un déséquilibre par rapport à l'enfance d'Eleni, période pendant laquelle l'auteure décrit en détail et avec beaucoup de vie et d'élégance le lien entre Eléni et son père et l'attraction irrésistible qu'elle ressent pour le dessin.

C'est donc un sentiment ambigu qui me reste après cette lecture, même s'il je suis content d'avoir découvert cette figure féminine unique et quelques fragments de l'histoire grecque.
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Éléni, ou personne

-Femme d'exception-

Parce qu'elle est tout à la fois, Eleni s'appelle elle-même Personne. Il y a tant d'Eleni en elle que cet éventail identitaire cache qui elle est réellement, dans son intimité.

Une fille soutenue par son père, un garçon en Italie pour se soustraire aux interdits, peintre profondément, épouse abandonnée, mère illégitime, mère orpheline de son enfant, la recluse dans une vieillesse solitaire, une sorcière aux yeux des autres…



La vie d'Eleni Altamura Boukoura, première femme peintre en Grèce au XIXe siècle est une vie plurielle, un voyage au long cours, où le lecteur cherche, comme elle, à comprendre qui elle est, "une énigme" comme le résumera une journaliste.

Sa vie est une véritable odyssée comme les grecs savent les raconter. Une Odyssée comme celle d'Ulysse, pour se retrouver, se reconnaître et faire renaître son identité. Alors après une vie d'errance en dehors de son pays, à la recherche du savoir et d'une formation de peintre en Italie, Eleni, blessée profondément dans sa vie de femme choisira finalement une vie d'ascète pour se raconter, dire les siens et ce qu'elle est. Comme planant au-dessus de son existence, elle reçoit dans une brise douce et lointaine les âmes de ceux qui ont peuplé sa vie- les hommes de sa vie- elle qui en tant que femme dut se résigner à tromper le monde des hommes en cachant sa féminité sous des habits masculins pour accéder coûte que coûte à la connaissance de l'art et être reconnue comme peintre, activité alors considérée comme immorale et hors la loi pour une femme.



Un récit fort et poétique sur l'identité et les origines à travers les voyages, les départs, l'errance physique et rêvée; un récit également sur la transmission malgré la distance, les ruptures et le sentiment d'être infidèle à sa patrie et ses enfants. Les figures masculines fortes et déterminantes sur la vie d'Eleni permettent une réflexion plus large et plus universelle sur la place des hommes dans la vie des femmes: des hommes à l'origine de douleurs incurables, des hommes qui quittent sans cesse les femmes mais aussi des hommes soutenant leur accès à la liberté.

L'écriture de Rhéa Galanaki est emprunte d'une profonde nostalgie, posant un regard amoureux sur son pays, mêlant Histoire et onirisme. Un portrait de femme par une femme, dans une écriture qui pousse à une lecture lente pour en apprécier tous les mouvements et toute la beauté.



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Éléni, ou personne

J’ai choisi ce livre parce que le résumé était très prometteur. J’attendais beaucoup de cette lecture. J’avais soif de lire un destin hors du commun, mais aussi d’en apprendre plus sur la Grèce moderne que je connais mal.



Éléni, ou Personne a largement dépassé mes attentes.

L’Histoire et l’Art ressortent grands gagnants de ce livre magnifique. L’écriture est emplie de douceur. Sa lecture est musicale, harmonieuse, et nous enveloppe dans une bulle de brouillard lumineux. La mélancolie, le « vague-à-l’âme » traversent cette œuvre forte, au service d’une personnalité hors du commun.



Nous découvrons le destin de cette femme vouée dès le plus jeune âge à la peinture. Sa passion la pousse toujours plus à se rebeller: jeune fille elle brave les interdits du pensionnat et vole des bougies pour peindre en cachette la nuit. Désapprouvée par sa mère, soutenue par son père, un Capitaine respecté, elle part en Italie pour parachever son rêve: entrer dans une école d’Art. Seulement, à cette époque, l’art est une affaire d’hommes et elle doit ruser pour s’inscrire. Une seule solution s’offre à elle: se travestir. C’est ainsi qu’elle devient Personne.

Mais réprimer le passé, la personnalité et les sentiments d’Éléni se révèle vite bien trop compliqué.

Passionnée en art comme en amour, elle s’amourachera du peintre Francesco Saverio Altamura. De cette idylle naitront trois enfants…

Naitront également la nostalgie des terres natales, le sensation d’une vie gâchée et injuste. Le spleen est partout. La tristesse d’être une femme dans un monde fait par les hommes.



Le texte nous présente une Éléni captivante, mystérieuse et complexe. On ne peut espérer qu’en percevoir son essence car nous savons bien que personne n’arrivera jamais vraiment à la comprendre.



En bref, c’est une rencontre mémorable.
Lien : https://vouslisezquoicesoir...
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Éléni, ou personne

Eleni ou Personne est un livre à l'écriture complexe qui nous parle de la destinée exceptionnelle d'une femme artiste née au 19ème siècle en Grèce. La vie de ce peintre nous est racontée en trois temps. Les voies et les époques se mêlent pour évoquer le douloureux parcours d'une "pêcheresse" qui ne cherchera pas la reconnaissance de son talent, hantée par le personnage qu'elle a dû endosser depuis le jour où elle a rejoint la société des hommes pour être autorisée à peindre. Sur le ton de la confidence, sont retracées les épreuves de cette vie inscrite dans les secousses de l'Histoire. Très poétique et envoutant.
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