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EAN : 9782366243536
380 pages
Cambourakis (22/08/2018)
3.64/5   22 notes
Résumé :
Un nouveau roman de Rhéa Galanaki, encore inédit en français, certainement l'un de ses plus importants. Elle y suit la trajectoire d’Eléni Altamura-Boukouna, la première femme peintre grecque qui, au XIXe siècle, est allée étudier en Italie. La fréquentation des écoles étant alors interdite aux femmes, Eléni se grimait en homme pendant la journée, afin de pouvoir suivre les cours, dessiner des nus et obtenir un diplôme. Son déguisement l’a aussi contrainte à se crée... >Voir plus
Que lire après Éléni, ou personneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Ces leçons durèrent un bon nombre d'années. le maître, qui connaissait l'anatomie, enseigna à Eleni la dimension humaine de la statuaire. En fin connaisseur de l'art antique, il apprit à son élève le caractère sacré du nu. Eléni se mit à concevoir le tableau comme un organisme, un réseau de relations et de sentiments dans lequel l'âme humaine se trouvait engagée. "(p. 39)

Lecture février 2019 [ Emprunté ]----Des grands remerciements aux éditions Cambourakis, qui font un travail exceptionnel pour mettre à l'honneur la littérature grecque, et ici, en plus, les Arts, à travers une artiste-femme , peintre du 19e... avec qui on fait connaissance et apprécions les combats...pour réaliser son art, dans une société où les femmes n'ont pas abondance de droits !!

l'auteure, historienne , possédant une formation archéologique nous arrive grâce aux éditions Cambourakis... avec près de 20 ans de retard !! Nous ne pouvons qu'en savoir gré à ce petit éditeur indépendant et courageux !!

Une "biographie romancée" lue trop rapidement, que je relirai avec plus de disponibilité et d'attention, très vite. Elle le mérite grandement- Mes excuses pour cette chronique trop rapide !!

"Des années plus tard, chaque fois que la mélancolie allait précipiter la première peintre grecque sur les récifs escarpés d'un monde troublé, peu d'images produiraient des lignes et des couleurs. Tournant le dos à ses inquiétudes précoces, Eléni ne se demanderait pas alors comment la peinture surgit, mais comment elle se tarit.Sa tentative pour le comprendre la transportait aussitôt sur la nef des fous." (p.27)
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-Femme d'exception-
Parce qu'elle est tout à la fois, Eleni s'appelle elle-même Personne. Il y a tant d'Eleni en elle que cet éventail identitaire cache qui elle est réellement, dans son intimité.
Une fille soutenue par son père, un garçon en Italie pour se soustraire aux interdits, peintre profondément, épouse abandonnée, mère illégitime, mère orpheline de son enfant, la recluse dans une vieillesse solitaire, une sorcière aux yeux des autres…

La vie d'Eleni Altamura Boukoura, première femme peintre en Grèce au XIXe siècle est une vie plurielle, un voyage au long cours, où le lecteur cherche, comme elle, à comprendre qui elle est, "une énigme" comme le résumera une journaliste.
Sa vie est une véritable odyssée comme les grecs savent les raconter. Une Odyssée comme celle d'Ulysse, pour se retrouver, se reconnaître et faire renaître son identité. Alors après une vie d'errance en dehors de son pays, à la recherche du savoir et d'une formation de peintre en Italie, Eleni, blessée profondément dans sa vie de femme choisira finalement une vie d'ascète pour se raconter, dire les siens et ce qu'elle est. Comme planant au-dessus de son existence, elle reçoit dans une brise douce et lointaine les âmes de ceux qui ont peuplé sa vie- les hommes de sa vie- elle qui en tant que femme dut se résigner à tromper le monde des hommes en cachant sa féminité sous des habits masculins pour accéder coûte que coûte à la connaissance de l'art et être reconnue comme peintre, activité alors considérée comme immorale et hors la loi pour une femme.

Un récit fort et poétique sur l'identité et les origines à travers les voyages, les départs, l'errance physique et rêvée; un récit également sur la transmission malgré la distance, les ruptures et le sentiment d'être infidèle à sa patrie et ses enfants. Les figures masculines fortes et déterminantes sur la vie d'Eleni permettent une réflexion plus large et plus universelle sur la place des hommes dans la vie des femmes: des hommes à l'origine de douleurs incurables, des hommes qui quittent sans cesse les femmes mais aussi des hommes soutenant leur accès à la liberté.
L'écriture de Rhéa Galanaki est emprunte d'une profonde nostalgie, posant un regard amoureux sur son pays, mêlant Histoire et onirisme. Un portrait de femme par une femme, dans une écriture qui pousse à une lecture lente pour en apprécier tous les mouvements et toute la beauté.

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Très belle plume et intéressante découverte d'un personnage que je ne connaissais pas. Eléni Boukoura mérite de sortir de l'ombre pour le combat qu'elle a mené pour atteindre son objectif : vivre sa passion pour la peinture à une époque où la formation et la carrière artistiques étaient interdites aux femmes.
Les ruses qu'elle déploie, les attitudes adoptées par ses parents, qui s'opposent l'un à l'autre au sujet des choix des leur fille, les traditions grecques, les difficultés rencontrées par une enfant "différente", tout cela est très bien rendu, et dans une langue très belle et évocatrice.
Les quelques points qui m'ont moins plu sont le fait que certains éléments sont survolés et que les chapitres de la vieillesse d'Eleni sont confus et répétitifs.
Cette confusion est logique, chez une femme âgée, solitaire, recluse, rejetée, au cerveau vieillissant, et les répétitions sont l'image du radotage (voire d'une rumination amère) qui vient bien souvent quand les années s'accumulent ; mais je n'ai pas été réceptif à la manière dont Rhéa Galanaki a choisi de dépeindre cette déliquescence de l'esprit (même si j'ai trouvé judicieuse l'idée de ces "fantômes" auprès de qui Eléni s'épanche).
Les points que j'ai trouvés insuffisamment approfondis sont des éléments qui, pourtant, joue un rôle central dans sa vie : la peinture, l'homme qu'elle a aimé, ses enfants. Ces trois pierres angulaires ont façonné son destin, mais elles sont présentées selon un point de vue trop distant, détaché et presque indifférent. Cet n'est pas, à mon sens très cohérent avec l'importance réelle que ces personnes et cette activité ont eu pour Eléni. Cela crée aussi un déséquilibre par rapport à l'enfance d'Eleni, période pendant laquelle l'auteure décrit en détail et avec beaucoup de vie et d'élégance le lien entre Eléni et son père et l'attraction irrésistible qu'elle ressent pour le dessin.
C'est donc un sentiment ambigu qui me reste après cette lecture, même s'il je suis content d'avoir découvert cette figure féminine unique et quelques fragments de l'histoire grecque.
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La biographie de la peintre grecque Eleni Boukoura, ayant vécu au 19ème , percute notre époque par les thématiques qu'elle aborde. La place faite aux femmes, les identités nationales et « corporelles ». Nos organisations patriarcales imbibées de traditions archaïques et de préjugés contraignent cette femme passionnée, peintre clandestine, à se perdre, à devenir « personne », pour vivre sa passion pour l'art dans une Europe bouleversée de multiple manières. Peut-on revendiquer une absolue liberté sans sacrifier une part de soi même, sans affecter son être ? La réponse de la société est sans ambiguïté : non!

C'est par le travestissement qu'elle pourra exercer son art, c'est par l'abandon de son art qu'elle pourra redevenir femme.

Le personnage d'Eleni est complexe et captivant. le prix qu'elle paiera pour avoir oser défier l'ordre des choses sera exorbitant.

Rhéa Galanaki nous offre une tragédie philosophique, juste et rigoureuse, une poésie subtile et dense.

L'Histoire et l'art se mêlent au fil des pages, bouleversant le destin de cette femme exceptionnelle, pleine de volonté et de passion.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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J'ai choisi ce livre parce que le résumé était très prometteur. J'attendais beaucoup de cette lecture. J'avais soif de lire un destin hors du commun, mais aussi d'en apprendre plus sur la Grèce moderne que je connais mal.

Éléni, ou Personne a largement dépassé mes attentes.
L'Histoire et l'Art ressortent grands gagnants de ce livre magnifique. L'écriture est emplie de douceur. Sa lecture est musicale, harmonieuse, et nous enveloppe dans une bulle de brouillard lumineux. La mélancolie, le « vague-à-l'âme » traversent cette oeuvre forte, au service d'une personnalité hors du commun.

Nous découvrons le destin de cette femme vouée dès le plus jeune âge à la peinture. Sa passion la pousse toujours plus à se rebeller: jeune fille elle brave les interdits du pensionnat et vole des bougies pour peindre en cachette la nuit. Désapprouvée par sa mère, soutenue par son père, un Capitaine respecté, elle part en Italie pour parachever son rêve: entrer dans une école d'Art. Seulement, à cette époque, l'art est une affaire d'hommes et elle doit ruser pour s'inscrire. Une seule solution s'offre à elle: se travestir. C'est ainsi qu'elle devient Personne.
Mais réprimer le passé, la personnalité et les sentiments d'Éléni se révèle vite bien trop compliqué.
Passionnée en art comme en amour, elle s'amourachera du peintre Francesco Saverio Altamura. de cette idylle naitront trois enfants…
Naitront également la nostalgie des terres natales, le sensation d'une vie gâchée et injuste. le spleen est partout. La tristesse d'être une femme dans un monde fait par les hommes.

Le texte nous présente une Éléni captivante, mystérieuse et complexe. On ne peut espérer qu'en percevoir son essence car nous savons bien que personne n'arrivera jamais vraiment à la comprendre.

En bref, c'est une rencontre mémorable.
Lien : https://vouslisezquoicesoir...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des années plus tard, chaque fois que la mélancolie allait précipiter la première peintre grecque sur les récifs escarpés d'un monde troublé, peu d'images produiraient des lignes et des couleurs. Tournant le dos à ses inquiétudes précoces, Eléni ne se demanderait pas alors comment la peinture surgit, mais comment elle se tarit.Sa tentative pour le comprendre la transportait aussitôt sur la nef des fous. (p.27)
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Ces leçons durèrent un bon nombre d'années. Le maître, qui connaissait l'anatomie, enseigna à Eleni la dimension humaine de la statuaire. En fin connaisseur de l'art antique, il apprit à son élève le caractère sacré du nu. Eléni se mit à concevoir le tableau comme un organisme, un réseau de relations et de sentiments dans lequel l'âme humaine se trouvait engagée. (p. 39)
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Elle put le constater une fois adulte et peintre, en voyant certains des portraits de la Dame. Mais elle avait alors compris que la peinture peut rendre un même visage de bien des façons, que ce soit en raison de la liberté propre à l'art ou parce qu'un visage en contient beaucoup d'autres. (p. 17)
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Elle était la préférée de son père. Non en vertu d'une aînesse qui n'était que le fruit du hasard - encore que sa conception et sa naissance ne pourraient jamais être détachées de l'année de la révolution - mais en raison de leur ressemblance, qui tenait moins à ses traits qu'à sa fierté et à son audace. Cette fille avait grandi pendant les années troublées de l'insurrection, un fait qui, selon son père, ne pouvait être dissocié de sa passion pour la peinture, si du moins ce n'en était pas la cause. Il avançait comme explication que, d'après son expérience personnelle, ces années terribles avaient tiré de chacun, petit ou grand, quelque chose de plus que ce qu'il semblait être dans des conditions normales. En bien ou en mal, peu importait, mais en tout cas quelque chose qui sortait de l'ordinaire. Et cela se produisait de manière extrêmement simple, comme lorsque, de temps en temps, un miracle s'allume, avant de s'éteindre, en recouvrant tout d'une lumière plus rouge. (page 14)
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Des années plus tard, chaque fois que la mélancolie allait précipiter la première peintre grecque sur les récifs escarpés d'un monde troublé, peu d'images produiraient des lignes et des couleurs.
Tournant le dos à ses inquiétudes précoces, Éléni ne se demanderait pas alors comment la peinture surgit, mais comment elle se tarit.
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Vidéo de Rhéa Galanaki
Rencontre avec Gérard Meudal, traducteur de Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits de Salman Rushdie (anglais. Actes Sud), Loïc Marcou, traducteur de L' ultime humiliation de Rhéa Galanaki (grec. Galaade) et Xavier Luffin, traducteur de le Messie du Darfour d'Abdelaziz Baraka Sakin (arabe. Zulma) animée par Marie-Madeleine Rigopoulos. Captation et montage Frisnel Enkary.
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