AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Riad Sattouf (2031)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Arabe du futur, tome 2 :  Une jeunesse au..

Enchanté par les débuts dans la vie du petit Riad, je me suis jeté avec délectation et impatience dans ce second tome qui nous narre un an de l'existence de la famille Sattouf. Et le plaisir fut le même , la surprise en moins.



Riad est retourné en Syrie et va débuter à l'école , ce lieu où l'on apprend le coran et l'hymne national. Dans la cour, c'est la haine d'Israël qui retient toutes les attentions.Coincé entre deux civilisations, il ne demande qu'à apprendre et à se faire des amis.

Son père essaie de se faire une place dans la société locale tout en tentant de s'occuper de sa famille. Quand à sa mère, elle se désespère dans un pays où il manque de tout et où elle n'a rien à faire.



Deuxième tome aussi achevé que le premier. Tout est bien , les couleurs, les petites notes qui nous plongent dans la tête de Riad, la vision d'un enfant d'un monde cruel , l'évolution du père , la détresse de la mère, le contraste avec le retour en France pour les vacances.

Il y a de l’humanité, de l'amour entre les parents qui font de leur mieux avec leurs cultures pour vivre ensemble.

Je retiendrai particulièrement l'image des femmes qui est renvoyée.

Réduites à rien dans le village , finissant les restes du repas des hommes qu'elles servent à longueur de journée, et tuées pour enfanter hors mariage , on les retrouve "occidentalisées" dès qu'elles sont bien mariées, parlant anglais et mangeant à la tables des hommes.



Que du bonheur de lecture, du rire, des larmes , des interrogations , une stigmatisation du régime syrien et ces dessins si évocateurs, sublimés par les couleurs.

Et le peuple syrien qui tente de survivre comme il le peut dans des maisons fissurées , prenant l'eau où tout semble compliqué !

Vivement le tome 3.
Commenter  J’apprécie          600
L'Arabe du futur, tome 4 : Une jeunesse au ..

Tome 4. Notre petit bonhomme partage toujours sa vie entre la Bretagne et la Syrie. Cela semble toujours la même chose et pourtant c’est toujours aussi frais et de plus en plus prenant. Les cheveux foncent, tandis que l’amour de ses parents ne tient plus qu’à un cheveu. Toujours gênée par son père, qui a pourtant fait de hautes études, et qui a des réflexions d’idiot. Riad grandit et commence sérieusement à s’intéresser à la chose, poussé par un grand-père truculent. Le drame de la fin donne envie de vite savoir la suite. De mieux en mieux au fil des tomes.
Commenter  J’apprécie          580
L'Arabe du futur, tome 4 : Une jeunesse au ..

Comme dans les trois précédents, Riad Sattouf raconte, il ne juge pas.

À la différence dans celui-ci qu'il a grandi, voit donc plus de choses, et les voit mieux. Il prend aussi conscience de ce qui lui convient et de ce qui lui convient moins.

Mais voilà, je le redis : Riad Sattouf raconte, il ne juge pas. Et il le fait avec beaucoup de talent, d'honnêteté et... de courage.

Car il en faut du courage pour aborder ce sujet. Nous savons tous les insultes et menaces qui se sont abattues sur celles et ceux qui osent et ont osé le faire dès lors qu'ils ne dégoulinent pas de louanges.

Et vous remarquerez que, très prudemment, je n'ai pas employé le nom de la chose dont il ne faut que l'on parle...
Commenter  J’apprécie          581
L'Arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au ..

Nous sommes en 1994 : Riad a maintenant seize ans et est en classe de Première. Il ne fiche pas grand-chose au lycée et ses résultats s’en ressentent. Il vit toujours à Rennes avec sa mère et son frère Yahya. Fadi est en Syrie avec son père qui l’a enlevé. Riad cherche sa voie et sent qu’il doit se diriger vers le dessin, mais ne sait pas encore vraiment dans quel domaine précis : animation, bande dessinée… Il entre aux Beaux-Arts de Rennes où il obtient d’excellents résultats, puis à l’école des Gobelins à Paris, où il fait de l’animation et a beaucoup plus de mal. Pendant ce temps, ses grands-parents maternels, qui vivent toujours au Cap Fréhel, vieillissent. Sa mère est toujours obsédée par son fils Fadi et tente toutes les démarches possibles pour le retrouver. ● J’avais beaucoup aimé les précédents albums de la série mais je trouve que celui-ci est de loin le plus réussi. Je l’ai adoré. Il en est la résolution, il les éclaire rétrospectivement. Il est admirable que Riad Sattouf ait réussi à ainsi scénariser sa vie. ● A cet égard, ce volume est beaucoup plus dynamique, ne serait-ce que parce qu’il raconte dix-huit années de la vie de l’auteur là où il en fallu cinq pour relater ses quinze premières années. Ce tome va beaucoup plus vite et les débuts professionnels difficiles tout comme la psychothérapie déterminante sont passionnants. ● De nombreuses scènes sont extrêmement émouvantes. Même si l’humour est toujours bien présent, je trouve que cette fois l’émotion prédomine. ● On retrouve le regard sans concession que l’auteur porte sur lui-même, notamment sur son apparence physique. ● L’image et la voix du père, en rouge, sont très suggestives : Riad est hanté par son père absent. Il a sans doute plus d’influence sur lui, en se manifestant ainsi par une voix intérieure, que s’il avait été présent. ● Certaines rencontres sont déterminantes dans le parcours de Riad, comme celle de Guy Vidal, légendaire éditeur de bande dessinée, qui lui donne un coup de pouce décisif seulement quatre mois avant de décéder, ou encore celles d’autres auteurs de bd, et non des moindres – Joann Sfar, Christophe Blain et Mathieu Sapin – avec qui il travaille en atelier et qui le font profiter de leurs conseils. ● Finalement, ces six volumes racontent la naissance et l’épanouissement d’une vocation artistique, la recherche et la découverte illuminatrice d’un style à soi seul, et en cela rappelle mon œuvre préférée, A la recherche du temps perdu…
Commenter  J’apprécie          579
L'Arabe du futur, tome 2 :  Une jeunesse au..

Quand Ryad Sattouf raconte ses souvenirs d'enfance en Lybie et en Syrie, ses mots s'imprègnent d'une vérité si pure qu'elle en devient presque dérangeante.



Ne dit-on pas communément que "la vérité sort de la bouche des enfants" ? Rien de plus avéré dans cet excellent roman graphique où s'entremêlent tendresse et autodérision.

Toute vérité, certes, n'est pas toujours belle à entendre. Mais Ryad Sattouf a su retrouver toute la candeur et la verdeur d'un gosse de 6 ans et nous livrer des souvenirs authentiques sans jamais se poser en donneur de leçons.

L'Histoire est là, les hommes aussi.

Le jeune Ryad,né d'un père syrien et d'une mère bretonne, pose sur le monde musulman de Khadafi et d'Hafez al-Assad un regard innocent mais tout aussi clairvoyant, plein d'interrogations, ne comprenant pas toujours les faits et gestes des adultes et encore moins la violence gratuite de certains de ses petits camarades, qui à la vue de ses belles boucles blondes, le rejettent parce qu'ils le croient juif.



On peut rire de "L'Arabe du Futur" parce que les situations décrites sont parfois désopilantes mais il reste au plus profond de nous ce sentiment embarrassant d'une humanité qui se laisse porter par ses vieilles traditions débiles, par ses angoisses, par ses replis et qui oublie depuis trop longtemps de s'ouvrir à l'Autre, de l'accepter et de se faire accepter par lui.
Commenter  J’apprécie          570
L'Arabe du futur, tome 3 : Une jeunesse au ..

Dans le troisième tome qui couvre la période 1985-1987, l'auteur Riad Sattouf met plutôt l'accent sur les différences culturelles qui existent entre l'Orient et l'Occident. Les différences sont ancrées en chaque individu dès le plus jeune âge par l'éducation et l'environnement familial et il est très difficile de s'en débarrasser.



L'auteur vit en effet dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes qui ont beaucoup de mal à dialoguer. Cela pose une vraie question sur la double identité.



Il sera également question d’événement religieux comme Noël ou le Ramadan. Et puis, il y aura la circoncision rituelle qui se pratique depuis l'Antiquité pour des motifs culturels et religieux. Il faut savoir que dans le judaïsme la circoncision est l'un des 613 commandements de la Torah.



La mère de Riad, qui était assez effacée au début, devient de plus en plus présente au fil des tomes. Elle se rebelle contre son mari et manifeste le désir de retourner vivre en France avec les enfants.



Il est vrai que la figure du père est de plus en plus énervante. L'épisode le plus marquant est sans doute celui de cette bouteille de vin rouge provenant de France qui est bouchonnée et qu'il continue à boire en raison de son prix en déniant encore une fois la réalité. C'est tout à son image.



Visiblement, plus le temps avance, plus les promesses ne sont pas tenues. Certes, il y aura bien l'achat d'appareils électro-ménagers mais cela ne fait pas le poids face aux conditions de vues entre une eau brunâtre et de multiples coupures l'électricité sans compter sur les étagères des magasins qui restent désespérément vides. Les incursions en vacances en France sont autant de bonheur pour tout le reste de la famille.



L'épisode le plus choquant est sans conteste celui de la belle-fille qui est enceinte avant le mariage. Il est normal dans ces contrées de la tuer pour laver l'honneur de la famille. Le pire est encore l'impunité des assassins. Là encore, la réaction du père laisse franchement à désirer.



J'ai bien aimé l'analyse de la religion que fait l'auteur car je la partage bien volontiers. Tout cela est quand même d'une grande hypocrisie et ce sont surtout les femmes qui en payent le prix. Je suis tellement choqué qu'elles préparent le repas pour ces messieurs qu'elles doivent regarder manger en silence avant de recevoir les restes en remerciant dieu de ce jour de grâce. C'est sans commentaire !



J'ai éprouvé beaucoup de peine à voir toute cette classe de petits écoliers qui n'ont rien dans le ventre et qui ne peuvent pas boire afin de respecter le ramadan. On voit également que le professeur est avachi sur sa chaise en train de dormir. C'est l'épuisement total pour tout le monde. Mais bon, cela purifie le corps.



J'ai été également dégoutté par cette corruption manifeste jusque dans les notes d'examen pour réussir son diplôme à l'université de Damas, la soi-disante meilleure du monde. Comment peut-on en arriver à de telles extrémités ? C'est hautement immoral. Dès qu'il y a un petit peu de pouvoir, cette corruption s'exerce. On doit éviter le châtiment corporel d'un élève qui a quitté la classe parce qu'un professeur a plus de deux heures de retard, on le paye allègrement. L'arabe du futur me fait très peur...



A noter que le dessin est toujours aussi expressif et drôle. La sobriété reste de mise avec peu de décors afin que l'attention soit portée par les personnages. La qualité du papier est aussi à prendre en compte avec un papier épais et un joli grain.



C'est souvent triste et pourtant l'humour est toujours présent. La bande dessinée est un excellent moyen de raconter les cultures. Avec l'humour de Riad Sattouf, le lecteur passe des moments très agréables pour comprendre un monde qui n'est pas le sien, mais qui aujourd'hui, interroge tout le monde.



J'apprécie le fait que l'auteur n'est absolument pas dans la posture moralisatrice. C'est juste le constat qui prédomine sans porter de jugement. L'auteur maîtrise complètement le sens de son récit entre le respect et la tolérance.



Amusant, instructif, divertissant, un vrai plaisir de la première à la dernière page. A lire absolument ! Une très belle réussite !
Commenter  J’apprécie          566
L'Arabe du futur, tome 2 :  Une jeunesse au..

Voici notre jeune héros, Riad, alors âgé de 6 ans en 1984 de retour en Syrie et qui plus est, sur les pas de l'école. Après avoir sympathisé avec ses cousins voisins de palier dans le premier tome, Riad va-t-il parvenir à se faire de nouveaux camarades de jeux, lui qui est si différent des autres avec sa belle chevelure blonde et ne comprenant pas l'arabe ? Mais telle est la décision de son père alors Riad ira à l'école, apprendra à se fondre dans la foule, à ressemble à n'importe quel petit enfant syrien, apprendra à parler et à écrire l'arabe mais aussi, un peu plus tard, le français que lui enseignera sa mère. Riad se familiarisera de plus en plus avec les coutumes syriennes et si il a des choses que son père ou sa maîtresse d'école peuvent lui enseigner, ce sont les autres enfants qui lui indiqueront surtout comment se comporter : quelles sont les insultes que l'on peut proférer, quelle sont celles à éviter à moins que l'on veuille se faire taper dessus et quelles sont celles qu'un bon musulman ne doit jamais prononcer. Lui qui a pour père un homme qui ne pratique pas et une mère européenne donc non voilée, apprend les us et coutumes de ce pays qui est de nouveau le sien et qui a été celui de son père bien avant lui.



Il est également question de politique dans cet ouvrage et où le lecteur continue à découvrir la haine que se vouent le peuple syrien et israélien même si il n'en comprend pas les raisons. J'avoue que je me suis moi-même retrouvé dans le même état que Riad enfant : oui, certes, ces deux peuples se haïssent depuis la nuit des temps mais pourquoi au juste. Pourquoi y aurait-il d'un côté les gentils Syriens et de l'autre les méchants Juifs ? Si il y a une chose que je voudrais que l'auteur développe plus dans les prochains tomes, ce sont toutes ces raisons-là justement et j'espère vraiment qu'il le fera ! Un ouvrage vulgarisé il est vrai mais qui n'en reste pas moins passionnant (justement parce qu'il est écrit et dessiné comme tel) que je ne peux que vous encourager à découvrir
Commenter  J’apprécie          560
L'Arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au ..

« La bédé, c’est avant tout une écriture ! C’est une langue ! Concentre toi sur l’histoire avant de vouloir faire de beaux dessins… »

Riad Sattouf a suivi l’excellent conseil d’Emile Bravo dans cette série qui retrace avec talent son enfance en Syrie et sa vie en France. Ce tome 6, qui clôt le cycle, voit Riad devenir adulte et s’épanouir dans le dessin. Ses relations familiales sont toujours compliquées, entre un père absent, une mère désespérée et des grands parents vieillissants. Dans un tel contexte, le récit pourrait être tragique mais c’est sans compter sur l’humour, la tendresse et la sensibilité de Riad Sattouf.

C’est au contraire un concentré d’espoir et d’émotions.

J’ai adoré (comme les 5 autres volumes)

Un indispensable de la BD
Commenter  J’apprécie          550
L'Arabe du futur, tome 1 : Une jeunesse au ..

Un véritable coup de coeur pour cette BD, qui est une véritable perle.



Les graphismes sont un peu enfantins mais c'est ce qui fait tout le charme de cette BD au sujet fort.



Je ne suis certainement pas très objective avec ce livre. Car j'ai retrouvé beaucoup de similitude avec mon histoire. Européenne, mariée avec un homme d'origine maghrébine et 3 enfants issus de cette union. Vivant dans un quartier difficile a majorité maghrébine et ou la mixité est toujours mal vue. En tant qu'adulte on peut passer outre, mais c'est toujours difficile de voir son enfant souffrir parce que meme si il parle arabe, il reste trop blanc de peau.. etc. Enfin je ne vais pas m'étendre sur ma vie privée.

Néanmoins, si certains passages peuvent sembler être des clichés ils n'en sont pas moins véritables.



Enormement de thèmes sont traités par l'auteur, qu'il en est difficile d'e faire le tour.. le plus simple est tout simplement de lire cette BD



Commenter  J’apprécie          553
Le jeune acteur, tome 1 : Aventures de Vinc..

A la suite de ses premiers succès en tant qu'auteur de bandes dessinées, Riad Sattouf est contacté par Anne-Dominique Toussaint, une productrice qui lui propose d'écrire le scénario d'un film sur les jeunes. Riad n'a rien d'un grand cinéphile, mais il adore les films de François Truffaut, et rêve de trouver son Antoine Doinel et de faire sa version des Quatre Cents Coups. Il a l'audace de répondre à la proposition en disant qu'il est prêt à réaliser entièrement un film. La productrice est d'accord. Il lui faut maintenant trouver les acteurs, et surtout, l'équivalent de Jean-Pierre Léaud. Aucun des acteurs que lui proposent les agents ne trouve grâce à ses yeux car ils sont tous « trop beaux » ! Ce qu'il veut c'est trouver un acteur « aussi moche que lui » ! Ce sera Vincent Lacoste. le film Les Beaux Gosses est lancé. ● Je fais partie des millions de lecteurs qui se sont délectés à la lecture des six volumes de l'Arabe du futur. J'ai retrouvé dans cet album l'humour de Riad Sattouf, que j'adore, fait d'autodérision et d'observation très fine de la société dans toutes ses composantes. ● L'album se décompose en trois parties de longueurs inégales avec pour chacune un narrateur différent : c'est d'abord Riad qui parle pour une sorte d'introduction, puis Vincent Lacoste pour le corps du récit, et enfin de nouveau Riad pour la conclusion. On retrouve des codes couleur comme dans l'Arabe du futur : bleu pour Riad, jaune pour Vincent et le cinéma en général (Truffaut et ses films sont aussi en jaune ; Riad Sattouf a expliqué dans une interview qu'il voulait une couleur vive pour le cinéma) et rouge pour les vives émotions. ● J'ai beaucoup apprécié de voir comment un film se fait, dans ses détails les plus pratiques et triviaux, comme les bouts de scotch qu'on place pour que l'acteur sache où regarder, ou les implications concrètes des raccords entre deux plans. ● On voit que Riad Sattouf a tout de suite été très protecteur vis-à-vis de ses très jeunes acteurs ; il ne voulait notamment pas qu'ils négligent leurs études ni surtout qu'ils « prennent le melon ». Il y a une scène où il apprend à Vincent Lacoste à dire bonjour à toutes les personnes qui se trouvent sur le plateau quand il arrive, pour qu'il ne devienne pas « un de ces connards du cinéma français ». ● C'est aussi une merveilleuse histoire, presque un conte de fées, que ce garçon sorti de l'anonymat pour devenir un des plus grands acteurs français alors qu'il n'avait jamais pensé à devenir acteur ! ● Vivement le deuxième tome !
Commenter  J’apprécie          540
L'Arabe du futur, tome 5 : Une jeunesse au ..

Dernière année de collège pour Riad et découverte du lycée.

Il s'intègre plutôt bien parmi ses congénères grâce à son talent pour le dessin, même s'il se mélange peu aux 'dominants', se contentant de les observer d'en bas. Comme beaucoup d'entre nous à cet âge, sa grande crainte est de rester 'puceau à vie'.

Les trois grands-parents maternels sont très présents, et la maman s'étiole (entre dépression, coups de gueule et espoirs), en attendant de retrouver, un jour peut-être, Fadi.



Je n'ai pas relu les précédents tomes avant de me jeter sur ce 5e opus hier soir. Je n'ai pas relu mes billets non plus.

Comme ça, de loin, je dirais que ce dernier album est moins géo-politique, plus familial, et centré sur l'adolescence. On retrouve des thématiques présentes dans la série 'Esther' du même auteur : souci de l'apparence, loi du collège et hiérarchie entre gamins généralement liée à l'origine sociale.



La personnalité de Riad se dessine, il découvre Lovecraft et des grands de la BD (Bilal, Moebius...). Et tandis que la famille traverse une grosse crise, il s'affirme de plus en plus comme l'aîné qui rassure la maman (quitte à mentir) et fait le mariole pour détendre l'atmosphère.



Les plus : les apparitions du papi rigolo / grande gueule, et pour moi, les allusions à des quartiers rennais que je connais bien.



Très bon moment. Vivement le 6e, hélas annoncé comme le dernier de la série.



♥ merci au clic & cueillette de V. ♥
Commenter  J’apprécie          542
Les Cahiers d'Esther, tome 1 : Histoires de..

La petite fille dont s'inspire Riad Sattouf (une extra-terrestre aux yeux de l'auteur) dit plus de gros mots, que ceux que vous lisez, dans cette BD (merde-con-putain)... Selon l'interview de l'auteur sur "Le Point".



A 10 ans ( J'ai 10 ans, si tu m'crois pas, hey, j'tarte la gueule à la récré !), Esther joue à des jeux, comme " le papa et la maman ".



Ses amies font les parents, elle fait l'ado:

- Vous, les ados, fichez nous la paix, on doit s'occuper des bébés. Voilà pleiiin d'argent! Allez faire du shopping!



Ensuite, Esther et les "ados" défilent devant les "parents". D'autres copines sont, à part, dans la cour de l'école:

- Hey, pourquoi vous ne jouez pas avec nous?

-On ne joue pas, on est enceintes!

Les " mamans" ont entre les bras, les " bébés " qui sucent leur pouce...🐒



Les garçons?

"C'est méchant, ça doit être méchant! C'est normal, c'est la vie"

Par exemple, un jour, les garçons sont arrivés pour un "Enlèvement ". Plein de garçons qui se décident d'amener une fille à un de leurs copains, en la forçant..."

Alerte, Enlèvement !😈



C'était Violette qui avait été bâillonnée, saisie, traînée de force vers Maxime, un garçon frimeur que toutes les filles détestent.

Violette pleurait...

Esther et ses amies ont voulu délivrer Violette, les garçons, "ils nous ont tapées". Alors, elles ont été chercher la maîtresse Morret...



La maîtresse a crié sur les garçons et sur Maxime qui se retenait de pleurer.

- Ça va pas la tête !

Là, Violette s'est mise à crier et... a dit de laisser Maxime tranquille, " vu que maintenant, elle lui appartenait! "😂



Un vrai travail d'entomologiste, ces BD de l'auteur. Ah, Riad et sattouf, pardon sa touche personnelle, sur les confidences d'une petite fille de notre époque.

Dire de notre temps, les filles jouaient à la marelle et à la corde. Pas vous?



Découvrez l'univers d'Esther, ses parents et son frère, très con, car c'est un garçon, selon la petite fille...😀. " Ça fait rire Esther, qu'on s'intéresse à son univers, mais elle n'en voit pas l'intérêt "

Riad Sattouf, Le Point.
Commenter  J’apprécie          544
L'Arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au ..

Ce sixième et dernier tome va couvrir la période 1994 à 2011 où l'on va suivre surtout le parcours de Riad Sattouf dans le milieu artistique, de son parcours d’étudiant à ses débuts dans le cinéma et surtout dans la bande dessinée. Il va également découvrir toutes les difficultés de la vie d'artiste. On se rend compte que ce n'est pas si facile de devenir auteur de bande dessinée.



A noter que la période est beaucoup plus longue que les précédents tomes car elle va s'étaler sur près de 18 ans. Les événements seront d'ailleurs décrits de manière plus synthétique et sans doute plus rapide. La profondeur reste tout de même de mise. Il est vrai que j'aurais aimé, pour une fois, un peu plus de tomes car certaines années sont très vite passés en revue alors que jusqu'ici, l'auteur avait pris son temps.



Au début de ce tome, sa mère est toujours désemparée par l'enlèvement de son plus jeune fils Fadi. A noter que pour la première fois, on voit qu'elle peut être assez exaspérante mais on le met sur le compte de sa douleur.



Alors qu'elle avait obtenu une réponse de Danièle Mitterrand qui a essayé de l'aider mais en vain, elle se tourne vers Jacques Chirac qui est devenu Président de la République et qui ne répondra même pas à leurs multiples courriers. Pire que cela, il recevra en grande pompe le dictateur Hafez-el-Assad à l'Elysée. Pour autant la mère lui accorde quand même sa sympathie tout en maudissant les Mitterrand ce qui peut paraître assez incompréhensible.



Et puis, il y a ce père absent qui continue à le hanter et par conséquent lui empoisonner sa vie après son départ en étant omniprésent dans ses pensées. Riad est devenu un adulte en proie avec beaucoup de questionnement. Ce tome est plutôt un long cheminement assez intime.



Grâce à la psychothérapie, Riad va apprendre que pour s’épanouir, il faut se défaire des histoires d'autrui. Plusieurs thèmes assez difficiles comme la mauvaise image de soi ou encore la culpabilité sans compter sur le temps qui passe. Il n'a jamais été aussi vulnérable mais cela le rend encore plus touchant.



Et puis, il y a cette bouleversante nouvelle qui arrive vers la fin par un simple mail. On a du mal à y croire mais il s'agit pourtant de la réalité. C'est vraiment triste. Par la suite avec la guerre civile en Syrie suite au printemps arabe, Riad va enfin pouvoir revoir son frère Fadi et c'est un réel moment de bonheur pour toute sa famille. Bref, une conclusion en apothéose.



Il faut savoir que les ventes de cette série se situe actuellement à plus de 3 millions d'exemplaires ce qui en fait l'un des plus grands succès de toutes ces dernières années en France. Il est difficile de passer à travers ce phénomène si on s’intéresse un peu à la bande dessinée. C'est devenu le titre incontournable.



C'est à la suite de la sortie de ce sixième et dernier tome que Riad Sattouf a remporté enfin le Grand Prix du Festival de la bande dessinée d’Angoulême, qui récompense l'artiste pour l’ensemble de son œuvre. Sa légitimité artistique ne fait aucun doute en ce qui me concerne.



Au niveau graphique, la magie opère toujours et le dessin colle bien au scénario. Et toujours ce style très expressif mais d'une efficacité exemplaire. Quand on aime, on aime.



Bravo à l'auteur Riad Sattouf pour cette autobiographie remarquable qui m'a vraiment bouleversé entre des moments drôles et d'autres parfois sombres. C'est un vrai happy end avec une prise de recul nécessaire et salutaire. Merci pour ce roman graphique magnifique !

Commenter  J’apprécie          533
L'Arabe du futur, tome 2 :  Une jeunesse au..

Alors que j'avais lu le premier tome en 2015, j'ai effectué une petite pause pour attendre la parution complète de cette collection que j'ai acquise dernièrement. En effet, j'aime bien terminer ce que je commence. J'ai relu bien évidemment le premier tome, histoire de me remettre dans le bain. J'avais une petite appréhension sur le second tome. Est-ce qu'il serait aussi bien que le premier ?



Ce second tome autobiographique marque les années d'enfance 1984 et 1985 pour l'auteur Riad Sattouf. Ce sont les conditions de sa vie d'écolier dans son village rural en Syrie qui sont évoqués. Cela couvre une période plus restreinte de sa vie après un premier tome partant de 1978 à 1984.



On peut être assez sérieusement choqué par la place de la religion ainsi que de l'Etat dans le système scolaire ce qui favorise un peu plus la pression sur les futurs citoyens syriens de la dictature de Bachar Al-Assad qui a succédé à son père Hafez lui-même dictateur. On sait qu'il s'est maintenu au pouvoir grâce à un autre dictateur venu de Russie en ensanglantant son pays à feu et à sang et en utilisant également des armes chimiques sur les populations locales soi-disant rebelles.



Bref, on va découvrir les méthodes pédagogiques très musclées de la part des professeurs syriens. On voit que cela sert l'objectif de conserver l'ignorance du peuple afin de maintenir la dictature au pouvoir. Il est vrai qu'apprendre le Coran avant de maîtriser la lecture est l'objectif prioritaire de cet Etat.



J'ai bien évidemment été choqué par cette maîtresse qui frappe avec un certain sadisme de petits élèves en s'en prenant surtout aux plus démunis d'entre-eux. J'ai été également choqué de voir qu'il y a partout des portraits du dictateur alors que le peuple crève de faim et que les magasins sont désespérément vides. J'ai également été choqué par la haine du juif qu'on inculque aux élèves dès le plus jeune âge. Avec un tel système, on peut comprendre que 40 ans plus tard, c'est la guerre et la misère la plus totale dans ce pays.



Par ailleurs, j'ai trouvé à de nombreuses reprises l'attitude du père de notre petit héros totalement exaspérant. Il promet monts et merveilles à son incrédule et passive épouse qui l'a suivi dans ses délires au détriment du bien-être de sa famille. Certes, il y a des individus qui sont pendus dans les rues de la ville mais c'est comme cela d'après lui, il faut regarder ailleurs. Oui, le déni est bien pratique. Il critique allègrement les français en pensant réellement que c'est mieux la vie en Syrie. Mais pour rien au monde, j'échangerai sa place malgré toutes les imperfections d'une démocratie occidentale.



Il faut savoir qu'en 2016, les deux premiers tomes se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires (700 000 rien qu'en France) et ont été traduits dans dix-sept langues avec une réception critique excellente dans le monde. L'auteur est devenu une véritable valeur sûre.



En 2023, la série complète n’a toujours pas été traduit en arabe de par la volonté de son auteur. Il n'en demeure pas moins que c'est un livre très populaire chez les syriens expatriés car Riad décrit la situation avec réalisme et sans embellissement ce qui attire les faveurs du public.



Un mot sur le trait qui reste toujours très juste et très vivant ce qui facilite la lecture en la rendant assez agréable. Il y a toujours cette bichromie dont la couleur change en fonction des différentes étapes géographiques. En effet, les chapitres changent de couleur au gré de la narration. Ils sont teintés tantôt de bleu, tantôt de rose, tantôt de jaune, avec quelques touches de vert et de rouge.



Cet « Arabe du futur » est passionnant et captivant depuis le début. Cet album a d'ailleurs eu le grand prix à Angoulême en 2015. Pour une fois, c'est une belle récompense amplement mérité. On en redemande. La classe au-dessus !
Commenter  J’apprécie          535
L'Arabe du futur, tome 3 : Une jeunesse au ..

Le petit Riad est enfin de retour ! Bon d'accord, Shattouf nous fait progresser que de trois petites années, mais comme c'est toujours aussi bien foutu, on est plutôt content que le petit arabe du futur ne grandit pas trop vite. Shattouf reprend les thèmes de cette odyssée familiale, la difficulté d'être le fils de parents de deux cultures différentes, les questionnements du petit Riad sur les croyances enfantines ou de religion, les tensions entre le parents dans leurs choix de vie (la Syrie ou la France). Riad Sattouf avec « L’arabe du futur » tome 3, nous conte tout cela avec justesse et tendresse. Un retour en enfance drôlement agréable à lire.

Commenter  J’apprécie          530
Les cahiers d'Esther, tome 8 : Histoires de..

Je suis fan, pas seulement d'Esther mais surtout des ouvrages de Riad Sattouf. D'habitude, c'est une amie qui me les prête (c'est d'ailleurs elle qui m'a fait découvrir ce bédéiste (d'abord avec "L'arabe du futur", série que j'ai littéralement dévorée mais qui est malheureusement terminée puis après avec Les Cahiers d'Esther", bon là, il reste un tome, donc ça va) mais là, je ne sais pas si elle ne l'a pas acheté où si elle a oublié de me le prêter...bref, il a fallu que je me le procure par un autre moyen. Voyant qu'il était sorti, j'ai tout misé sur le réseau des médiathèques auquel la mienne (enfin, la médiathèque dans laquelle je travaille) est rattaché et j'ai eu de la chance car je l'y ai trouvé !



Là, ce n'est plus la jeune Esther des premières bandes-dessinées mais bel et bien une jeune femme qui se pose de nombreuses questions existentielles et qui surtout, est extrêmement sensible à ce qui se passe dans le monde (notamment à ce moment de sa vie, la guerre en Ukraine). Bien qu'elle ne vienne pas d'une famille très aisée, rappelions qu'Esther vit encore chez ses parents avec son plus jeune frère Gaëtan , qu'elle vit dans le 17e arrondissement de Paris et qu'elle fréquente un lycée d'excellente réputation et en général réservé à des enfants dont les parents ont de l'argent !

Avec sa copine Cassandre, elles entrent toutes les deux en classe de Première et donc avec le premier vrai stress des examens : la bac de français ! (enfin, en ce qui me concerne, je me suis mis la pression bien plus tôt avec le brevet des collèges, bien qu'avec mes notes, je l'avais quasiment déjà mais bon, on ne se refait pas, j'étais stressée tout de même).

Ici, bien évidemment, la question des garçons est abordée et Esther désespère d'être toujours "cébib" (pour célibataire) comme elle le dit si bien. La politique y est également abordée (année des élections présidentielles oblige) et Riad Sattouf, sans prendre partie, ne fait que relater les faits de cette adolescente avec ses idées bien à elle, sa vie normale (enfin , la vie d'une ado, quoi) mais tout en la rendant passionnante et j'adore !



Avec un graphisme extrêmement travaillé et son style bien à lui (l'utilisation du noir et blanc essentiellement avec du rouge et du bleu, ou du jaune et vert, voire du orange et marron ou quelques autres associations, Riad Sattouf ne les utilise en général que par paire mais jamais pour faire du coloriage ou pour remplir toutes ses cases, non, il les utilise comme arrière plan (même si cela ne correspond pas à la réalité et cela aussi, j'adore !

Bonne découverte à tous car vous l'aurez compris, c'est bien évidemment une lecture que je vous recommande vivement et il me tarde de lire l'ultime (normalement) tome des Cahiers d'Esther avec les histoires de ses 18 ans !
Commenter  J’apprécie          521
Les cahiers d'Esther, tome 5 : Histoires de..

Ah, l'amie qui m'avais prêtée les quatre premiers tomes de cette série a acheté la suite...en même temps, je ne lui avais pas demandé depuis donc là, je vais avoir de quoi me rattraper !

Dans ce tome, Esther, notre jeune héroïne nous raconte ses déboires d'adolescente sauf qu'effectivement, depuis son entrée en 4ème, le lecteur se rend compte qu'elle a énormément mûri et se préoccupe d'avantage, non seulement des autres, mais aussi des questions écologiques (notamment avec sa mère).

Certes, les soucis du quotidiens normaux pour une ado (les garçons, le nouveau portable à la mode qu'il faut absolument avoir sinon on n'a pas de vie, quoi, lol...) sont également présentes.

Dans ce tome, le lecteur se replonge aussi dans le mouvement des "gilets jaunes" (d'où le fait que cet ouvrage soit bien une biographie mais quelque peu romancée sur des soucis d'une jeune fille ordinaire) dans un contexte un peu extraordinaire. En effet, bien que le collège qu'elle fréquente soit gratuit, ce sont en général des jeunes d'un milieu aisé qui le fréquentent, d'où le fait qu'Esther se sente parfois un peu en décalage même si ses meilleurs amies (pour la vie) ne le lui fassent pas ressentir (au contraire, ces trois-là se sont bien trouvées et s'entendent à merveille).



Un graphisme avec lequel j'adhère toujours autant (oui, j'aime beaucoup le style artistique de Riad Sattouf) en noir et blanc avec uniquement, de temps à autre, quelques apparitions de couleur (fiez-vous à la couverture, cela vous donnera un aperçu de l'ensemble) et des petites chroniques assez fidèles je pense au vécu de cette jeune héroïne à laquelle, je dois l'avouer, je me suis attachée ! A découvrir et à faire découvrir !
Commenter  J’apprécie          521
L'Arabe du futur, tome 5 : Une jeunesse au ..

"Je vais te prêter mes Lovecraft, tu DOIS les lire !" (Sébastien, l'un des rares potes à Riad, 14 ans, dans leur collège de Rennes où "L'air sentait la pluie fraîche et les gaz d'échappement.")... Han, si tout cela ne nous évoque pas de merveilleux ou cuisants souvenirs !!! Et juste avant, le même Sébastien, dents écartées et enthousiaste, lâche à la table de leur cantoche : "Riad Sattouf", c'est syrien ?!! HAN LA CHANCE QUE T'AS !" [...] "C'est génial et mystérieux !".



Et nous voilà à nouveau embarqués entre les pages bichromes de ce qui est devenu, album après album, LE génial Classique moderne d'un XXIème siècle sans autre issue mirobolante...



Rapport à la qualité graphique de ce cinquième tome évidemment extraordinaire, ce bon Guillaume ALLARY, éditeur du travail de Riad SATTOUF, aura peut-être un tout petit peu trop "pressé" son auteur-phare pour terminer rapidement l'ouvrage avant "les fêtes" (sans parler de nous tous, ses lecteurs "addicts", toujours impatients de découvrir la suite de cette Odyssée du quotidien d'un gamin d'ascendance syrio-bretonne) ...



Toujours est-il qu'à force d'être plus "souple", aisé et délié, le trait perd parfois en détails (la plage de l'île d'Oléron est tout de même beaucoup moins bien peaufinée que les terrains vagues de Ter Maaleh à la poésie intense des sacs plastique volant tels des mouettes erratiques dans les premiers Tomes) mais on remarque également que certains des personnages comme Anaïck, la Muse de l'ado, ou Clémentine Sattouf, la maman du héros - nez en pyramide du Caire, le même que celui de la chère grand-mère du Cap Fréhel, sont trop rapidement esquissés (à force sans doute de les dessiner, album après album, un peu trop à l'identique... ).



Bon, mais dans "L'Arabe du futur", c'est comme dans "l-halouf "! (l' côchon), tout est bon ! Comme d'hab...



Et ça fourmille de personnages balzaciens, à nouveau !



Tels Gregory la bientôt-star du collège (devenant copie-carbone de Kurt Cobain du groupe "Nirvana" en moins "destroy"), Nicolas et Sébastien (les "dominés" mais fans de "L'Appel de Cthulhu" issu de l'imaginaire du Maître de Providence, clairs initiateurs des lectures de Riad), les "gros bourges" et autres "dominants" au cou de taureau et super-basketteurs "rouleurs de pelle" à doudoune Chevignon, Anaïck la rebelle au père dessinateur" (en fait, non, "typographe" donc "roi des lettres et des pubs") dont Riad devient amoureux (un peu pour son anticonformisme total marié à son odeur de sueur et de lavande), Titouan Juvert (le gogol de service, apprenti-tourmenteur de Riad, puis se calmant...), Abdul Al-Azred "l'Arabe dément" du père Lovecraft, les Grands Anciens (figures d'un damné polythéisme impie...), Azathoth, Yog-Sothott, Nyarlathotep le Chaos rampant, Hastur, Shub-Niggurat, Cthulhu se prélassant dans sa Cité sous-marine de R'Lieh, Yahia Sattouf (cadet de Riad, semblant se débrouiller mieux pour se faire des copains), Fadi Sattouf (le petit frère absent-"kidnappé-resté au Pays" dans la famille du paternel), Clémentine Sattouf la mère en pleine dépression (Comme on comprend...), le couple des grands-parents recomposés (Charles le tendre est admirateur de Mermoz), le grand-père maternel nudiste à Oléron, anti-flics ("Des feignasses !") et breton-chauvin-fin limier-découvreur d'avocats efficaces dans l'Annuaire des Postes ("AH ! LE QUEMENER : ça j'aime. Le Quemener, très bien."), "Le Livre des Esprits" d'Allan KARDEC, une voyante barrée vivant sous une ligne à haute tension, les services de l'Ambassade recommandés par Danièle Mitterrand (un vieux qui se permet de faire la morale à Clémentine et de la décourager...), les trois bas-de-plafonds violents (deux sbires "de souche" et celui qui semble leur chef ,"rebeu") qui f...tent la zone dans les bus et hantent les trottoirs de Rennes...



Evidemment, on peut être presque gênés ("intrusifs" sans nous sentir coupables de voyeurisme) mais il y a ici une telle mise à distance humoristique de ces multiples "grands malheurs", grosses frayeurs et petits-bonheurs vécus en notre adolescence... qu'on se régale ici sans vergogne !



Son art du récit (une saga autobiographique), qui aurait pu être banalement anecdotique et bientôt daté, devient un objet captivant, immédiatement magique et universel...



Et il y a, contenue dans ces pages palpitantes, la genèse lente d'un dessinateur (vite fasciné par le travail de Druillet, Moebius, Bilal - albums de bédés empruntés au père d'Anaïck), sorti d'une argile fragile tel un Golem incertain : Riad SATTOUF... Curieux qu'après Hergé, Edgar P. Jacobs, Jacques Martin et autres grands créateurs-pionniers, Riad SATTOUF ait su inventer une autre "Ligne claire" désormais reconnaissable à 100.000 lieues à la ronde...



L'apparition du père Sattouf, à l'image d'un "pauvre type" suivant de loin sa petite famille sur les trottoirs lugubres de Rennes dans les dernières pages de l'ouvrage : le "kidnappeur d'enfant [le sien]" est de passage, revenu de Syrie sans Fadi, dans l'espoir idiot de ramener en Syrie ses deux autres fils (et Clémentine, "des fois qu'elle accepterait")... Pathétique, détestable et toujours si émouvante silhouette paternelle !



Une comédie humaine fourmillante de talent, de péripéties, de personnages "vrais" échappés du défunt XXème siècle... Bref, "THE" Classique à l'immense succès critique et populaire (à l'international) inattendu et bien mérité !



Encore cette parenthèse, à savoir que noues restons un peu moins convaincu par l'autre série-phare de l'auteur, "Les Cahiers d'Esther", tout à fait charmants et respectueux de la personnalité de leur héroïne mais... (et qu'on veuille nous pardonner bien vite pareil jugement de valeur !) travail nous semblant un rien vide de contenu, plutôt répétitif et convenu, surtout beaucoup moins inspiré (Certes, "Faut ben rester à l'écoute des Djeun's...") et pour nous assez ennuyeux... Mais bon, puisque "ça plaît"... :-)



Mais Riad l'inventif (bourré d'humour fin) est un Génie pour lampe à huile d'Aladin : on a confiance...



Commenter  J’apprécie          526
L'Arabe du futur, tome 1 : Une jeunesse au ..



Il me tardait de rencontrer l’arabe du futur, voilà un moment qu’il me faisait de grands signes derrière ses bulles et ses planches.

Face mon ensevelissement sous mes différentes lectures en cette rentrée littéraire, un cruel dilemme s’offrait à moi, puisque je devrais rendre impérativement cette BD aujourd’hui réservée par une autre personne de bon gout à la bibliothèque. J’avais le choix entre soit lui accorder une bonne heure pour la lire, soit la rendre sans l’avoir lue et retourner à fond la tête dans ma rentrée littéraire.

Comme je l’avais moi-même attendue un certain temps avant de pouvoir l’avoir entre les mains, j’ai décidé de la lire sur le champ. Le verdict est finalement mitigé, j’en attendais monts et merveilles après sa note stratosphérique sur Babélio : 4,24 pour 4661 notes.

Je ne vais donc pas faire partie des fans suite à la lecture de ce premier tome, qui raconte l’enfance de Riad Sattouf de 1978 à 1984.

Le petit Riad est le fils de la bretonne Clémentine et du syrien Abdel-Razak. Si le couple se rencontre à Paris lors de ses études, le brillant étudiant syrien se retrouve frustré, après avoir soutenu sa thèse, de sa mention « honorable » qu’il estime injuste et considère comme une insulte raciste.

Il décide de démarrer sa carrière universitaire loin de la France, en partant à Tripoli dans la Lybie du tout fringuant (à l’époque) colonel Kadhafi, puis rejoint sa Syrie natale sous le joug d’Hazed Al-Assad, près de la tristement célèbre Homs.

Si cette tranche de vie est racontée avec fluidité, c’est avec son regard adulte que Riad Sattouf la considère. Une sacrée école de vie faite de chocs culturels, de violence. Le petit Riad, blond comme les blés, se sent étranger dans tous les pays, en France, comme en Lybie ou en Syrie, il ne réussit à se faire de copains nulle part, trouve les autres au mieux bizarres au pire cruels et barbares. J’ai été triste pour ce petit garçon. Si le lecteur le perçoit enfant plein d’admiration pour son père, seuls quelques maigres bonheurs partagés remontent à la surface. J’ai ressenti avec beaucoup de violence la rancœur de l’adulte face à ce père pas toujours courageux, qui ne se bat pas pour ses idées, et abandonne bien vite ses illusions d’un monde plus juste pour se transformer en commentateur désabusé et cynique. La mère est une figure assez pâlotte, soumise, pas spécialement réconfortante pour l’enfant. Aussi bien avec les enfants de sa famille, son entourage, Riad est en permanence seul, incompris. Les adultes, éblouis par sa blondeur et sa petite bouille attendrissante ne lui accordent pas beaucoup plus de considération qu’à un objet.

La description de ces pays est saisissante par la violence, la misère matérielle et affective tant entre adultes qu’entre enfants. Il m’a manqué de la tendresse, de l’émotion, de l’amour, de douces madeleines de Proust, seules les toutes (fruits que son père lui donne lors de promenades) semblent un souvenir réconfortant de cette enfance sans joie.

J’ai déjà le tome 2, je le lirai pour voir si ma première impression est confirmée et si je poursuis ou non ma route sur le chemin de l’enfance grise de Riad Sattouf.

Commenter  J’apprécie          518
L'Arabe du futur, tome 1 : Une jeunesse au ..

Né d'un père syrien, professeur d'université, et d'une mère bretonne, Riad Sattouf raconte son enfance entre Moyen Orient et France, sous forme de 5 albums de bandes dessinées.

Le regard d'enfant donne beaucoup de vérité au récit de la vie quotidienne. le style graphique de Riad Sattouf est très particulier, minimaliste, presque enfantin, aussi le lecteur comprend les situations vécues avec l'acuité d'un regard d'enfant.



Le tome 1 raconte l'enfance d'un petit garçon tout blond entre la France, la Libye et la Syrie. Il est à la fois drôle et plein de candeur et de lucidité, le narrateur n'a que deux à six ans. L'histoire dépeint chronologiquement les événements quotidiens dans une ambiance parfois sombre et brutale mais toujours avec humour. Riad Sattouf est un fin observateur du monde qui l'entoure et joue avec les stéréotypes, mais on devine une volonté de pédagogie pour décrire le contraste entre deux cultures opposées, dans ce récit autobiographique volontiers caustique.



La BD se partage en trois couleurs dominantes qui permettent de se repérer facilement : le bleu pour la France, le jaune pour la Libye et le rose-rouge pour la Syrie. Selon Sattouf, elles « se sont imposées assez facilement » à lui car ce sont « les codes couleurs de l'émotion ». En effet, le jaune évoque la tromperie du gouvernement de Kadhafi, le bleu dénote un climat de sûreté en France et le rose-rouge symbolise la dangerosité du régime syrien.

Un bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          511




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Riad Sattouf Voir plus


{* *}