AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Richard Ford (420)


Buck évoque une grosse bûche de chauffage qui ne connaîtrait pas l'étincelle ; il a passé les soixante dix ans, porte des pantalons vagues à ceinture permanente, avec des sweat-shirts beiges comme on en vend chez Kmart, de grosses galoches en imitation daim et des mi-bas diaphanes couleur pastel. Je ne sais qui, je ne sais où, l'a convaincu qu'une coupe de cheveux à la Jules César et des lunettes à monture noire de chez Dave Garroway ennobliraient sa physionomie de pain de viande polonais et qu'alors les gens le prendraient plus facilement au sérieux.
Commenter  J’apprécie          60
Mme Pines était de taille moyenne, mais bien en chair, avec un joli visage réjoui et poupin, et un teint éclatant et lustré qui offrait toute la gamme des bruns, des noirs et des violets - de quoi donner à tout individu, homme ou femme, l'envie d'être noir, ne serait-ce qu'à temps partiel.
Commenter  J’apprécie          60
Le Dr Zippe m'a demandé si je voulais qu'il me prescrive une batterie de tests sanguins pour savoir si j'étais candidat à un Alzheimer. (Proposition qui le réjouissait manifestement.) " Non merci, ai-je répondu, planté dans sa cellule verdâtre, à me geler les fesses dans une chemise stérile à fleurettes. Je ne vois pas ce que je ferai de l'info. - Vous l'oublierez sans doute", m'a-t-il dit avec une joie mauvaise.
Commenter  J’apprécie          60
Si j'avais pu pleurer, ces nuits là, je l'aurais fait. Mais je n'avais personne sur l'épaule de qui pleurer, et puis, de toute façon, j'avais horreur de pleurer et je ne voulais pas être un lâche.
Et pourtant, si je parvenais à ne pas couler à pic chaque soir, avec un sentiment d'amertume et d'abandon qui m'empoisonnait toute la journée du lendemain, si je me contentais de rentrer à vélo et de manger mon repas froid vers cinq heures plutôt qu'à la nuit, ça me laissait le temps de me fixer un nouveau centre d'intérêt accessible, en observant ce qui m'entourait à Patreau - c'est-à-dire une fois encore sans rien exclure, comme me l'avait conseillé Mildred - et alors, alors seulement, ma situation m'apparaissait sous un meilleur jour, et je sentais que je pourrai tenir le coup, et la distance.
Car, après tout, je n'avais pas intérêt à me laisser couler. Même si, tous les soirs, j'étais en proie à un sentiment de vide, du fait de ne pas savoir qui j'étais ni où j'étais en ce monde, ni comment les choses se passaient, ni comment elles pourraient se passer pour moi en particulier, j'avais connu pire ! Telles étaient la vérité que Berner avait comprise, et la raison pour laquelle elle s'était sauvée et ne reviendrait sans doute jamais. Elle avait perçu que tout valait mieux que d'être les enfants abandonnés de deux braqueurs de banque. Charley Quarters m'avait dit qu'on traversait des frontières pour échapper aux choses, et peut être pour se cacher. Sous ce rapport, à son avis, le Canada était une bonne planque. (Même si ce passage de la frontière ne m'avait fait aucune impression, on devenait quelqu'un d'autre, au cours de l'opération - c'était en train de m'arriver, il fallait bien que je l'accepte.)
Commenter  J’apprécie          61
J'ai failli lui demander pourquoi il avait emporté son pistolet en voyage d'affaires, mais je ne l'ai pas fait, ne comptant pas qu'il m'en avouerait les vraies raisons. Quand j'y repense, je n'entendais pas une once de vérité dans ses propos. Je comprenais seulement que j'étais censé le croire. Les enfants apprennent à faire semblant comme les adultes.
Commenter  J’apprécie          60
Souvent, l'un d'entre eux déclare : "Je ne vois pas le rapport avec nous", à quoi je réplique : "Est-ce que tout doit tourner autour de votre nombril ? N'êtes-vous pas capable de vous projeter hors de vous-même ? D'endosser la vie d'un autre pour en faire votre profit ?"
Commenter  J’apprécie          61
Vous vous dites peut-être que voir ses parents menottés, traités de braqueurs de banque et conduits en prison tandis qu'on est abandonné à soi-même, il y a de quoi perdre la tête. Qu'on va traverser toutes les pièces de la maison en courant comme un fou, en se lamentant, en s'abandonnant au désespoir puisque rien ne rentrera plus jamais dans l'ordre. Et pour certains, ça se peut. Mais on ne sait pas à l'avance comment on réagira dans une situation pareille. Je vous garantis que presque rien de tout ça ne s'est passé, ce qui n'empêche pas que la vie ait changé à jamais.
Commenter  J’apprécie          60
Le train traversa sans ralentir une petite ville du Montana - deux passages à niveau avec une sonnerie et des lanternes rouges, une rangée de magasins obscurs, un corral de rodéo vide où deux vaches solitaires se tenaient sous la lumière éblouissante d’un projecteur. Une seule voiture attendait de passer, ses codes allumés. Puis tout disparut très vite. Sim entendit un train siffler au loin.
Commenter  J’apprécie          60
Me reste donc le pire de la paternité : être un adulte. Qui ne possède pas le langage adapté, qui n'affronte pas les mêmes terreurs, aléas et ratages; qui en sait long, mais est condamné à rester planté comme un réverbère allumé, dans l'espoir que son fils en distinguera la lueur et se rapprochera pour profiter de la chaude lumière offerte en silence.
Commenter  J’apprécie          50
Aujourd'hui encore, il m'arrive de penser que les deux jours suivants n'ont pas eu lieu, ou que je les ai rêvés, ou que ma mémoire me joue des tours. Mais on aurait tort de vouloir passer à la trappe des événements, même néfastes, car ils sont la seule voie qui nous mène au présent.
Commenter  J’apprécie          50
Ils s'aimaient, ils m'aimeraient. La présence de l'amour suffirait. Nous allions être heureux.
Commenter  J’apprécie          50
Ce que je sais, c'est qu'on a plus de chances dans la vie, plus de chances de survivre, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu'on réussit à ne pas devenir cynique pour autant; quand on parvient à hiérarchiser, à garder la juste mesure des choses, à assembler des éléments disparates pour les intégrer en un tout où le bien ait sa place, même si, avouons-le, le bien ne se laisse pas trouver facilement.
On essaie, comme disait ma soeur. On essaie, tous autant que nous sommes. On essaie.
Commenter  J’apprécie          50
En somme, il dégageait une chaleur sincère qui faisait que ma sœur jumelle et moi, on l’adorait. C’est d’ailleurs sans doute ce qui avait attiré ma mère.
Commenter  J’apprécie          50
Tout à coup, j'ai éprouvé un élan douloureux - être jeune, me réveiller de cette vie qui n'aurait été qu'un rêve, dans le train pour Seattle.
Commenter  J’apprécie          50
Contrairement à ce que j’avais cru tout d’abord, il ne s’agissait pas d’un musée . J’en avais une perception plus positive, à présent. J’en concluais, sans qu’on me l’ai appris, qu’on pouvait s’assimiler à son insu. C’était ce que je faisais, désormais. On faisait ça tout seul et non pas avec les autres ou pour eux. Et ce n’était peut-être pas si difficile, de s’assimiler, pas si risqué, pas nécessairement permanent, d’ailleurs. Cet état d’esprit m’assurait une liberté inédite, c’était comme une nouvelle vie qui commençait, ou comme devenir quelqu’un d’autre, mais pas quelqu’un au point mort, quelqu’un en mouvement – et donc en phase avec les affaires de ce monde. Que ça me plaise ou non, et quoi que j’en pense, le monde autour de moi allait changer.
Commenter  J’apprécie          50
Je ne sais rien de sa foi, s’il en avait une. Il a pu s’en ouvrir après sa crise cardiaque, mais je ne l’ai jamais vu pratiquer une religion. Je sais qu’il n’avait pas plaisir à lire, lui qui aurait peut-être trouvé dans les livres tout ce que les incroyants y puisent,la preuve qu’il existe une autre façon de voir la vie, distincte de nos ressources naturelles. S’évader dans un ailleurs n’entrait pas dans ses habitudes.
Commenter  J’apprécie          50
Il était à contresens du monde qu'il avait retrouvé en rentrant chez lui, un contresens qui était devenu sa vie.
Commenter  J’apprécie          50
D'ici-là, je tâcherai de faire la part des choses parmi les bons conseils reçus : pratiquez la générosité, savoir durer, savoir accepter, se défausser, laisser le monde venir à soi - de tout ce bois, le feu d'une vie.
Commenter  J’apprécie          50
Notre désir le plus fort, c'est de réussir à ce que le passé n'explique plus rien de nous, et à pouvoir vivre ainsi. Quelle biographie est vraiment révélatrice? (...) Rares sont les vies qui présentent le moindre intérêt dramatique, il faut bien le dire; quant aux autres, elles sont assez banales pour qu'on vous en fasse grâce le plus vite possible (mais c'est vrai qu'à cet instant nous éprouvons souvent une peur bleue, nous nous sentons nus comme un ver et restons muets de terreur).
Commenter  J’apprécie          50
Le mémorialiste ne se contente jamais de raconter l’histoire des autres, il y joue son personnage. Alors parler de mes parents, longtemps après qu’ils sont partis, révèle inévitablement chez moi des lacunes, des ratés, des fragilités, des fêlures et des absences que ce texte, qui a sans doute voulu les suturer ou les solder, n’a peut-être fait que rouvrir ou laisser en suspens, des absences que ni le vécu ni son récit, pour fidèle qu’il soit, ne sauraient tout à fait combler ni masquer.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Richard Ford Voir plus

Quiz Voir plus

l'étrange cas du docteur jeckyll et de m. hyde

Qui est le narrateur?

M. Hyde
Docteur Jeckyll
M. Utterson
M. Enfield

10 questions
259 lecteurs ont répondu
Thème : L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}