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Citations de Richard Morgan (201)


En m'habillant devant le miroir cette nuit-là, j'ai été convaincu que quelqu'un d'autre portait mon enveloppe. Que j'en étais réduit au rôle de passager dans la voiture d'observation située derrière mes yeux.
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Des centaines de milliers de jeunes hommes ont trouvé la mort dans des endroits du monde dont ils ne prononçaient même pas le nom correctement. À cause de décisions prises pour des raisons de doctrine politique. Mais ce modèle-là n’existe plus.
Hewitt marqua une nouvelle pause. Le silence qui l’accueillit portait la promesse d’une autre salve d’applaudissements, comme une lourde chaleur porte celle de la tempête à venir. L’associée avait déjà baissé le ton lors des dernières phrases ; elle reprit cette fois d’un air presque songeur :
— Dans le monde entier, hommes et femmes trouvent encore des causes pour lesquelles se battre et mourir. Qui sommes-nous pour nous y opposer ? Avons-nous vécu ce que ces gens ont vécu ? Avons-nous ressenti ce qu’ils ont ressenti ? En aucune façon. Ce n’est pas à nous de décider s’ils ont tort ou raison. Ce n’est pas à nous de les juger ou de nous interposer. Chez Shorn, dans la Gestion des conflits, seuls deux sujets nous intéressent. Qui va gagner ? Combien cela va-t-il rapporter ? Dans tous ses domaines de compétences, Shorn n’investit l’argent qui lui est confié qu’avec la certitude d’un bon retour sur investissement. Nous ne jouons pas les moralisateurs. Nous ne jugeons pas. Nous ne gaspillons pas. Nous évaluons et nous investissons. En vertu de quoi nous prospérons.
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Il devenait possible de contempler le véritable ciel martien : un dôme couleur safran délavé, parsemé en haute altitude de rares nuages de terraformation, et percé à l'est par un petit soleil pâlichon.
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Dans le globe des ténèbres, des étoiles brillaient.
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Quand j'étais enfant, je croyais qu'il y avait une personne essentielle, une sorte de personnalité centrale autour de laquelle les éléments de surface pouvaient évoluer sans modifier l'intégrité de son identité. Plus tard, j'ai commencé à comprendre qu'il s'agissait d'une erreur de perception, causée par les métaphores que nous employons pour nous définir. La personnalité n'est rien de plus que la forme passagère d'une des vagues devant soi... ou, pour ralentir le processus à une vitesse plus humaine, la personnalité est une dune. Une forme passagère qui répond au stimulus du vent, de la gravité, de l'éducation. De la carte des gènes. Tout est sujet à l'érosion et au changement. La seule façon de rester soi est de se mettre en pile pour toujours.
« De la même façon qu'un sextant primitif fonctionne suivant l'illusion que le Soleil et les étoiles tournent autour de notre planète, nos sens nous donnent l'illusion de la stabilité dans l'univers et nous l'acceptons, parce que sans cette illusion, rien ne peut être accompli. »
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Je ne sais pas si tu peux comprendre. Ce qu’on ressent quand chaque recherche qu’on fait, chaque théorie qu’on émet, est ridiculisée et traitée plus bas que terre parce qu’un jour, on a choisi le mauvais camp dans une dispute politique.
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La personnalité n'est rien de plus que la forme passagère d'une des vagues devant soi... ou, pour ralentir le processus à une vitesse plus humaine, la personnalité est une dune. Une forme passagère qui répond au stimulus du vent, de la gravité, de l'éducation. De la carte des gènes. Tout est sujet à l'érosion et au changement.
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Je me suis arrêté devant la porte de la chambre en soupesant les deux armes, comme si j'essayais de savoir laquelle était la plus lourde.
- Un petit quelque chose avec votre substitut phallique m'dame?
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La valeur. La valeur de la vie humaine. [...] Vous êtes encore jeune et stupide. La vie humaine n'a aucune valeur. Vous n'avez pas encore appris cela, Takeshi, après tout ce que vous avez vu ? Elle n'a aucune valeur intrinsèque. Les machines coûtent de l'argent à construire. Les matériaux coûtent de l'argent à extraire. Mais les gens ? [...] Il y en a toujours assez. Ils se reproduisent comme des cellules cancéreuses, qu'on le veuille ou non. Ils sont nombreux, Takeshi. Pourquoi auraient-ils une valeur ? Recruter et utiliser une pute de snuff coûte moins cher que d'installer et de faire tourner l'équivalent virtuel. La chair humaine coûte moins cher qu'une machine. C'est la vérité, de notre temps.
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Une nuit, Sarah, complètement saoule, m'avait dit : "La race humaine, ce sont les femmes, Tak. Cela ne fait pas un pli. Les mâles en sont seulement une mutation avec plus de muscles, et moitié moins de nerfs. Des putains de machines à faire la guerre".
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L’œil humain est un instrument merveilleux. Avec un petit effort, il peut même échouer à voir les pires injustices.
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Il ne savait pas dans quelle mesure cette désorientation était induite par Seethlaw pour le dominer, et quelle partie était la réaction ordinaire des humains après un moment passé dans les marches aldraines. D'une façon ou d'une autre, c'était assez horrible. Les paysages et les intérieurs qu'il croyait réels fondaient soudain sans prévenir, s'écroulant autour de lui comme des murs de cire creusés de lumière qui scintillait froidement comme le clair de bande sur une eau lointaine, et une impression s'être exposé au vide qui lui donnait envie de se recroqueviller dans un coin pour pleurer. Des silhouettes qui ne pouvaient pas être là allaient et venaient, se penchaient sur lui et lui délivraient des conseils aussi fragmentaires que cryptiques, chacun avec l'intimité froide de serpents qui siffleraient à son oreille. Il en connaissait certains, d'autre véhiculaient une impression de semi-familiarité cauchemardesque qui laissait penser qu'il aurait dû les connaître, aurait [i]pu[/i] les connaître, si sa vie avait été même marginalement différente. Eux en tout cas affectaient de le connaître, et c'est la logique onirique de leur certitude qu'il en vint à redouter le plus, car il était à peu près sûr de sentir des aspects de lui-même se détacher ou changer en réaction.
- [i]Si c'est vrai[/i], pontifiait Shalak par un chaud soir de printemps dans le jardin derrière l'échoppe, [i]s'il est avéré que les royaumes aldrains se tiennent en dehors du temps, ou du moins dans les bas-fonds le long de ses rives, alors les contraintes du temps ne doivent pas s'appliquer à ce qui s'y déroule. Réfléchis-y un moment. Ne pense pas à ces conneries des marais, sur les jeunes hommes séduits par les donzelles aldraines, qui passent une nuit avec eux et les renvoient à la maison quarante ans plus tard. Ce n'est pas le plus grave. Une absence de temps présuppose une absence de limites quant à ce qui peut se passer à n'importe quel moment. On vivrait un million de possibilités différentes en même temps. Imagine la volonté qu'il faudrait pour survivre à ça. Le paysan humain de base perdrait la tête aussitôt. Réfléchis-y[/i], répéta-t-il en se penchant assez près pour murmurer. [i]Fais un bisou, Gil.[/i]
Ringil tressaillit. Shalak trembla et disparut. Ainsi qu'une grande partie du jardin derrière lui. Flaradnam arriva par l'espace flou que cela laissa, s'assit en face de Ringil comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
- [i]Oui, Gil, mais si je m'étais comporté comme ça à la passe des Gibets, où cela nous aurait-il menés ? Je ne serais jamais revenu en un seul morceau.
- Comporté comment ? [/i](Ringil secoua la tête, comme engourdi, en regardant les trait anthracite devant lui.) [i] Tu n'es pas revenu, 'Nam. Tu n'es jamais allé à la passe des Gibets. Tu es mort que la table d'opération.[/i]
Flaradam fit la grimace, comme si on venait de lui raconter une plaisanterie de très mauvais goût.
- [i] Arrête ! Alors, qui a mené la charge à la Passe, si ce n'était pas moi ?
- Moi.
- Toi ?
- Oui ! Moi ! [/i](Il criait.)[i] Tu étais mort, 'Nam, bordel ! On a laissé ton cadavre aux lézards.
- Gil, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne vaspas bien.[i]
Et ainsi de suite.
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- Devrais-je vous être reconnaissant ? murmura-t-il.
Kaad soutint son regard.
- Oui je pense que vous le devriez. Il aurait été tout aussi facilement pu se trouver deux cages à la porte Est, au lieu d'une seule.
- Non, pas facilement. Pas pour un lèche-bottes, un petit aspirant social comme vous, Kaad. Pas avec la chance rêvée de se retrouver à téter au sein généreux des Eskiath. (Ringil se fabriqua un sourire - il le ressentit comme une obscénité lorsqu'il rampa sur son visage - comme une blessure.) N'avez-vous pas avalé tout ce que vous pouviez, petit homme ? Que voulez-vous encore ?
Et maintenant, il le tenait. La même rage tempêtait derrière le visage de l'homme, et cette fois elle trouva prise. Le sourire s'évapora, le masque du praticien se durcit à la bouche et aux yeux, et ses joues à la barbe soignée s'assombrirent d'une fureur impossible à dissiper. Les origines de Kaad le ramenaient du côté du port ; les hautes familles n'avaient jamais masqué leur dédain pour lui tandis qu'il s'élevait dans les rangs de la législature. La chevalière et les insignes avaient été difficiles à obtenir, les sourires raides, et les invitations de la bonne société des Clairières avaient été arrachées comme du sang ; un respect prudent, à défaut d'une accpetation - [i]l'acceptation ? jamais ![/i] - soutiré au coeur aristocrate trompeur de Trelayne à la fois par la ruse et par des calculs froidement réfléchis, par des marchés prudents et un jeu de pouvoir masqué. Dans le rictus de Ringil, l'autre homme entendit le grincement de son radeau social accolé aux nobles embarcations aristocrates, sentit sa fragilité et l'eau glacée qui s'ouvrait sous cette progression artificielle. Il sentit combien, à un niveau viscéral, qui n'avait aucun rapport avec la richesse matérielle ou le rang affiché, rien n'avait changé, rien ne changerait jamais. Kaad restait l'invié toléré mais guère apprécié dans la maison, le grossier intrus venu du port qu'il était depuis toujours.
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- Si Urann Le Gris a quelque chose à me dire, annonça-t-il fortement, il peut venir me le dire en personne. Il n'a pas besoin d'un vieux vautour trop usé pour gagner sa pitance en guise d'émissaire. Je suis là, Poltar. (Il écarta les bras.) Appelle-le. Appelle Urann. Si j'ai commis un sacrilège, qu'il ouvre le ciel et me terrasse sur le champ. Et sinon, eh bien, nous saurons que tu n'as pas son attention, n'est-ce-pas ?
On entendit quelques hoquets de respiration retenue, mais c'était le bruit que font les badauds devant un spectacle de rue, et non celui de leur foi outragée. Et le chaman le regarda d'un œil venimeux, mais n'ouvrit pas la bouche. Egar masqua une joie sauvage.
[i]Je te tiens, enculé ![/i]
Poltar était piégé. Il savait autant qu'Egar que les Habitants ne se manifestaient guère ces jours-ci. Certains disaient que c'était parce qu'ils étaient ailleurs, d'autres parce qu'ils avaient cessé d'exister, et d'autres encore parce qu'ils n'avaient jamais été réels. Au final, comme l'aurait dit Ringil, [i]on s'en battait les couilles, des raisons[/i]. Si Poltar appelait Urann, il ne se passerait tien, et il serait ridicule, et surtout paraîtrait impuissant. Et le flirt d'Egar avec le sacrilège pourrait être sans risque imité par d'autres hommes du clan, en tant qu'honneur du guerrier face à ce vieux ahrlatan mangé aux mites.
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"Il y a la pensée et il y a l'action", avait dit une toute jeune Quell. [...] "Ne confondez pas les deux. Quand le moment est venu d'agir, votre pensée doit déjà être achevée. Vous n'aurez plus le temps de le faire quand l'action commencera"
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J'ai porté ma part d'enveloppes synthétiques [...] les circuits du goût ne sont jamais réglés correctement. Tout ce que vous mangez a un goût de curry à la sciure.
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Les humains rêvent au paradis et à l'enfer depuis des millénaires. Le plaisir ou la douleur éternelle, sans les restrictions de la vie et de la mort.
Grâce aux univers virtuels, ces fantasmes sont maintenant réalité. Il suffit d'un générateur industriel. Nous avons vraiment apporté l'enfer, ou le paradis, sur terre.
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Quelqu’un m’a dit que le secret, pour vivre avec ce qu’on fait, est de ne faire que ce qu’on pourra accepter en conscience.
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Si on ne sait rien du passé, on n’a pas d’avenir
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Elle n’aurait jamais pu envisager une conception de l’univers où ce qu’elle voyait était marginal, et encore moins totalement anecdotique.
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